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[Grèce] Lettre ouverte de Pola Roupa à propos de la tentative de libérer Nikos Maziotis de la prison de Koridallos

Traduction de la première partie de la lettre de Pola Roupa initialement publiée sur Indymedia Athènes avec la traduction reçu le 15 mars :

Dans d’autres circonstances, ce texte aurait été écrit par Lutte Révolutionnnaire. Toutefois, le résultat de la tentative de faire évader le camarade Nikos Maziotis de la prison de Koridallos m’oblige à parler personnellement.

Le 21 février [2016], j’ai tenté de faire évader le membre de Lutte Révolutionnaire Nikos Maziotis par hélicoptère. L’opération était planifiée de sorte que d’autres prisonniers/prisonnières politiques qui voulaient se frayer un chemin vers la liberté puissent se joindre à nous. Les détails du plan, comment j’ai réussi à esquiver les mesures de sécurité et embarquer dans l’hélicoptère armée, n’ont pas d’intérêt particulier, et je ne les considèrerait pas ; malgré le fait qu’il y a eu beaucoup de désinformation. Juste par souci de clarté, je mentionnerai seulement que le plan n’était pas basé sur une précédente évasion par hélicoptère, qu’il n’est pas associé à des résultats de plans pas encore implémentés, et que je n’ai aucune relation avec une autre personne fugitive, en dépit des représentations médiatiques qui disent le contraire. Aussi, cette tentative n’était pas précédée d’un autre projet d’évasion qui «aurait échoué», comme le disent certains médias.

Au quart du voyage après notre décollage de Thermisia en Argolide, j’ai sorti mon arme et demandé au pilote de changer de cap. Bien sûr, il n’a pas compris qui j’étais, mais il a réalisé que c’était une tentative d’évasion de prison. Il a paniqué. Il m’a attaqué en sortant un pistolet – un fait qu’il a «omis de mentionner». Aussi parce qu’ils vont probablement essayer de réfuter le fait qu’il était armé, je rappelle à tout le monde que des rapports publiquement disponibles parlent de la découverte de deux chargeurs dans l’hélicoptère. L’un était le mien, mais pas le deuxième. Le deuxième chargeur était celui de son propre flingue, qui est tombé de ses mains pendant notre bagarre en vol. Et pour ma part, bien sûr que j’avais un deuxième chargeur. Comment aurais-je pu partir pour une telle opération avec un seul chargeur ?

Il a perdu le contrôle de l’hélicoptère et hurlé, paniqué, «nous allons nous tuer». La description qui a été faite d’un hélicoptère pratiquement incontrôlable est vraie. Mais ça n’était pas une conséquence de mes actes, mais des siens. L’hélicoptère perdait de l’altitude et tourbillonnait dans les airs. Nous volions quelques mètres au-dessus de lignes électriques. Je lui ai crié de remonter l’hélicoptère, de faire ce que je lui disais afin que personne ne soit blessé.

En peu de temps, nous étions au sol. Celleux qui parlent d’une réaction dépassionnée du pilote, apparemment en se basant sur le résultat, ne savent pas de quoi illes parlent.

Au lieu de faire ce que je lui ai dit de faire, il a préféré risquer de s’écraser avec moi dans un accident d’hélicoptère, ce qui par chance n’est pas arrivé. Il va sans dire qu’au moment d’entrer dans l’hélicoptère et d’essayer d’en prendre le contrôle, de le diriger vers les prisons, j’avais pris ma décision. S’il refusait de faire ce que je lui disais, je réagirais évidemment. Celleux qui prétendent que je suis responsable de la descente incontrôlée de l’hélicoptère, de 5000 pieds [~1500m] jusqu’au sol, à quoi s’attendaient-illes ? Que je dise «si vous ne voulez pas aller aux prisons, ça ne fait rien» ? J’ai tiré avec mon arme et nous avons commencé – tou·te·s les deux armé·e·s – une bagarre en vol.

Il a préféré risquer de s’écraser avec moi sur la montagne plutôt qu’obéir. Lorsque nous avons finalement atterri avec de la vitesse, même si je savais que l’opération était ratée, j’ai eu toutes les opportunités d’exécuter le pilote. J’ai consciemment décidé de ne pas le faire. Bien que je savais qu’avec cette décision je mettais en danger ma vie ou ma liberté, je ne l’ai pas exécuté, alors même que j’en avais la possibilité. Il le sait très bien lui-même. La seule chose qui m’a retenue a été ma conscience politique. Et j’ai pris cette décision, en risquant ma propre vie et ma possibilité de m’enfuir.

En ce qui concerne l’opération d’évasion elle-même, il est évident que toutes les mesures de sécurité possibles ont été prises pour protéger notre opération contre les gardes armés qui patrouillent dans le périmètre de la prison, et je transportais même un gilet pare-balles pour le pilote. Dans ce cas-là, le but était que l’évasion se passe d’une façon qui assure le plus faible risque possible pour l’hélicoptère, les camarades, et, bien sûr, le pilote. J’ai agi avec la même idée quand nous avons atterri ; malgré le fait qu’il était armé. J’ai essentiellement placé sa vie au-dessus de la mienne et de ma propre sécurité. Mais je voudrais reconsidérer ce choix en particulier.

S’organiser pour évader Nikos Maziotis était une décision politiques, autant que c’était une décision politique de libérer d’autres prisonniers/prisonnières politiques. Ce n’était pas un choix personnel. Si j’avais voulu libérer seulement mon camarade Nikos Maziotis, je n’aurais pas affrété un gros hélicoptère – un point qui a rendu l’organisation de l’opération plus complexe. Le but de l’opération était aussi la libération d’autres prisonniers et prisonnières ; celleux qui ont effectivement voulu, avec nous, se frayer un chemin vers la liberté.

Cette action, par conséquent, et malgré ses dimensions personnelles qui sont connues, n’était pas un choix personnel, mais politique. C’était un pas sur le chemin de la Révolution. Cela vaut aussi pour toutes les actions que j’ai entreprises et pour toutes les actions que j’entreprendrai à l’avenir. Ce sont des maillons d’une chaîne de planification révolutionnaire visant à créer des conditions politiques et sociales plus favorables, pour élargir et renforcer la lutte révolutionnaire. Plus loin je me réfèrerai aux bases politiques de ce choix ; mais je dois d’abord parler de faits, et de la façon dont j’ai procédé jusqu’à maintenant au regard de certains de ces faits.

Comme je l’ai mentionné précédemment, chaque action que je réalise concerne un acte lié à la planification politique. Dans le même contexte, j’ai exproprié une succursale de la Banque du Pirée, dans les locaux de l’hôpital Sotiria à Athènes en juin dernier [2015]. Avec cet argent, en plus de ma survie en «clandestinité», j’ai assuré l’organisation de mon action et le financement de l’opération de libération de Nikos Maziotis et d’autres prisonnières politiques des prisons des femmes de Koridallos. La raison pour laquelle je me réfère à cette expropriation (je me fiche royalement des conséquences pénales de cet aveu) est que, aujourd’hui, je considère comme absolument nécessaire de révéler comment je procède au regard de la sécurité des civilEs, qui dans certaines circonstances sont présentEs dans les actions révolutionnaires dans lesquelles je suis impliquée, et ma perspective à propos de cette question à l’occasion – toujours mutatis mutandis – de la tentative d’évasion.

Dans le cas de l’expropriation de la succursale de la Banque du Pirée, ce que j’ai dit aux employéEs lorsque nous sommes entréEs dans la banque était qu’illes ne devraient pas déclencher l’alarme, parce que cela mettrait en danger leur propre sécurité, puisque je n’étais pas prête à quitter la banque sans l’argent. Je ne les ai ni menacé, ni mis en danger directement. Le danger ne pourrait venir que de la police, si les flics arrivaient et que nous avions un affrontement armé. Et la police n’arriverait que si unE employéE déclenchait l’alarme de la banque. C’était un développement qu’illes voulaient évider. Parce que les personnes qui se trouvent présentes lors de telles actions n’ont pas peur de celleux qui tentent d’exproprier, mais de l’intervention de la police. En outre, il est vraiment stupide pour quiconque de tenter de défendre l’argent qui appartient aux banquiers. Et pour information, lorsqu’une employée m’a dit «nous sommes nous aussi de pauvres gens», je lui ai suggéré de nous déplacer dans un angle mort, où les caméras ne pouvaient pas nous voir, pour lui donner 5000 euros, ce qu’elle n’a pas accepté, apparemment par peur. Si elle avait accepté l’argent, elle peut être sûre que je n’en parlerais pas publiquement. Et un détail : ce que je tenais était un tablier médical pour couvrir mon arme quand j’attendais à l’extérieur de la banque ; ce n’était pas une serviette (!), comme mentionné à plusieurs reprises.

À chaque époque, dans la lutte pour la Révolution – ainsi que c’est le cas dans toutes les guerres -, parfois les révolutionnaires sont obligéEs de solliciter l’aide de civilEs dans leur combat. Les exemples historiques sont trop nombreux – une tentative de les documenter remplirait un livre entier, et ce n’est pas le moment de s’étendre sur la question – à la fois en Grèce et dans les mouvements et organisations armées dans d’autres pays. Dans de tels cas, toutefois, nous leur demandons essentiellement de prendre parti dans une guerre. Lorsque quelqu’unE refuse d’aider, ille ne se positionne pas seulement sur une pratique particulière, mais pose une attitude globale d’hostilité à la lutte. Illes mettent en danger ou empêchent les projets, illes mettent les vies des combattantEs en danger, illes mettent des obstacles en travers de la voie vers un processus révolutionnaire. Illes prennent position contre une guerre sociale de classe.

Ni à la succursale de la Banque du Pirée, ni durant la tentative d’évasion par hélicoptère je n’ai fait connaître mon identité, de sorte qu’aucune personne impliquée dans ces affaires ne savait que c’était des actions politiques. Mais après la tentative d’évasion ratée, et étant donné que – comme je l’ai déjà mentionné – j’ai eu l’opportunité de tuer le pilote mais que je ne l’ai pas fait, en risquant ma propre vie, je dois rendre public ce qui suit : à partir de maintenant, à chaque fois que j’aurais besoin de l’aide de civilEs, et si j’estime cela nécessaire, je ferai connaître mon identité d’emblée. Puisque ma mission dans tous les cas est de promouvoir la lutte pour le renversement de l’establishment criminel, que chacunE sache que tout possible refus de coopérer et tout effort d’obstruction de l’action sera traité en conséquence.

Je suis, bien sûr, au courant des informations personnelles du pilote, mais je n’ai pas menacé sa famille. Je ne menacerai jamais de familles et d’enfants.

Ceci est mon bilan après la tentative d’évasion, que je dois rendre public.

L’OPÉRATION D’ÉVASION ÉTAIT UN CHOIX RÉVOLUTIONNAIRE

[…]

J’AI TENTÉ L’ÉVASION DE LA PRISON POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE
TOUTE MA VIE JE LUTTE POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE
JE CONTINUERAI À LUTTER POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE

Pola Roupa
membre de Lutte Révolutionnaire

anglais | allemand | portugais | italien par Croce Nera Anarchica

La grève révolutionnaire

La grève révolutionnaire est une expression est un moyen de plus de la révolution sociale. C’est une déclaration d’intentions définies et non arbitraires. C’est la fin de l’approbation, de la collaboration, de l’établissement et de la réaffirmation des hostilités et de la guerre cachée que mène l’Etat-Capital.

La grève révolutionnaire est une arme offensive et défensive, réellement effective, de la guerre entre opprimés et oppresseurs, entre les exploités et leurs exploiteurs, entre les détenteurs de la richesse social et les déshérités.

La grève révolutionnaire paralyse la réaction anti-progrès, interrompt les viles traditions d’une classe sociale dominante et accélère la fin de vieilles valeurs périmées. La grève révolutionnaire  nourrit et maintient la moral et les aspirations à la liberté et à la justice comme tels, en se déclenchant en colère contre la tyrannie et le despotisme d’une classe ou d’individus égoïstes et insociables. La grève révolutionnaire accélère la révolution sociale.

La grève révolutionnaire doit se réaliser comme méthode efficace de la révolution sociale, en expropriant les richesses que détiennent les riches et les bourgeois pour les mettre à disposition du peuple.

Occupons les terres, nous les paysans, qui sont aujourd’hui aux mains des propriétaires terriens ! Occupons les usines et que les ouvriers les gèrent directement, et ensemble nous les ferons fonctionner ! Occupons les logements, nous les locataires emprisonnés par les abus des propriétaires !

Occupons les établissements universitaires et les centres d’études et d’information, et autogérons ensemble la culture en créant une éducation intégrale et égalitaire !

Boycottons et sabotons les productions nocives, insalubres et toxiques !

Sabotons les transports et les voies du marché capitaliste !

Prenons et approprions-nous les riches étalages des bourgeois en mettant en commun les vivres !

Changeons le régime de propriété, aujourd’hui capitaliste, en expropriant les usines, en rendant les terres de labourage et de culture propriétés collectives…en nous libérant des rentiers, des intermédiaires, des usuriers, des oisifs et parasites, des spéculateurs, de la centralisation et du monopole des marchés….blessons ainsi à mort la propriété privée ! Éliminons le ramassis de fonctionnaires et gérants, en abolissant l’État et en supprimant les fonctions du gouvernement, en balayant les dominateurs, assurons-nous une vie saine et le droit au bien-être sans satisfaire le paiement d’impôts ou de contributions!

La grève révolutionnaire se réalise de manière complète, organisée et avec l’objectif de vaincre. Sans fausses alertes, sans négociations ultérieures.

L’affrontement doit être, pour détruire ce qui nous convertit en esclaves, une rupture avec les rôles qui nous ont été imposés. Il faut assumer la victoire en expérimentant la libre initiative et la spontanéité de l’individu et de la collectivité pour vivre dans un monde libre et solidaire. Avec les moyens, les capacités et les aptitudes sociales et individuelles de résistance et de lutte révolutionnaire.

Nous pouvons la réaliser maintenant, parce que les conditions d’exploitation, d’injustices et de misères sont devenues insupportables pour les individus le peuple. La gouverne et l’exploitation de l’homme par l’homme sont quotidiennes et permanentes. La dictature, la démocratie et les divers systèmes politiques ont gagné du terrain sur la liberté, mais ils échouent  et échoueront de manière fracassante car des abus, des injustices, des oppressions, des mensonges sont systématiquement perpétrés…là où la tyrannie et la répression, couvrant l’esclavage, sont quotidiennes, la lutte révolutionnaire entre en scène sous forme de révolte et insurrection. La domination est totale, la protestation grévistique est donc nécessaire en tant qu’ébauche d’un projet social, et en tant que réponse à la répression.

La révolution sociale est l’arme la plus puissante et dangereuse contre le désordre social établi, et la grève révolutionnaire est le moyen le plus menaçant contre ce désordre social instauré…

Le conflit entre le régime bourgeois est quotidien, car il n’existe pas de paix là où la domination existe. L’occasion de renverser l’ennemi à battre est logique, cohérente, rationnelle… La grève révolutionnaire est une affirmation et une expérience de la liberté et surgit là où elle (la liberté) est muselée.

Parce que les armes et les moyens révolutionnaires de destruction du monde des tyrans, des exploiteurs et des réactionnaires sont bel et bien efficaces.

Nous qui aspirons à une société d’égaux, à une société libre et solidaire, d’hommes de femmes libres…prenons l’arme de l’émancipation la plus puissante de la révolution sociale, la grève révolutionnaire.

source: muertealestadorevolucionsocial

Texte d’information de la part de trois membres de Lutte Révolutionnaire pour les compagnon-ne-s de l’Europe qui ont répondu à l’appel international de solidarité

Compagnon-ne-s,

Notre procès, celui de Lutte Révolutionnaire qui fut entamé le 5 octobre, est un acte politique afin de défendre notre organisation et son action, un acte politique afin de défendre la lutte armée en tant que partie intégrante de la lutte pour le renversement du capitalisme et de l’État, de la lutte pour la Révolution Sociale.

En ce sens, notre stratégie durant le procès est d’attaquer avec des arguments politiques le régime économique, social et politique existant, de ne pas accepter le rôle de l’accusé, mais en revanche d’être nous dans le rôle des accusateurs contre tout ce que ce tribunal représente et sert.

Le 5 octobre, lorsque nous nous sommes comparus pour la première fois devant le tribunal et alors que nous étions encore des prisonniers, la compagnonne Pola Roupa a fait une déclaration politique aux journalistes hors de la salle du tribunal spécial des prisons de Korydallos de notre part. Elle a déclaré que lors de ce procès ce n’est pas Lutte Révolutionnaire qui sera jugé mais nos persécuteurs ainsi que le régime criminel qui nous a emprisonnés.

Le 24 octobre, après la lecture des chefs d’accusation lors de la deuxième audience du procès, et suite à la demande des juges, nous avons pris position sur les accusations portées contre nous, et nos prises de position furent politiques. Nous avons dit que ce procès est un procès politique et que ce tribunal est un tribunal spécial constitué d’après les lois spéciales «antiterroristes» au nom desquelles les ennemis politiques du régime, du Capital et de l’État sont jugés. Nous avons également dit que ce tribunal est criminel et sert un régime criminel qui exploite et opprime le peuple. Nous avons dit que sur le banc des accusés devraient être assis et se justifier ceux qui font partie du pouvoir politique, les membres du gouvernement, le Premier ministre, les ministres et les députés, les membres du gouvernement précédent, les membres de l’élite économique, les hommes d’affaires, les capitalistes, les cadres des organismes financiers internationaux comme les directeurs du FMI, de la BCE et de la Commission Européenne qui ont imposé au peuple la dictature de l’élite économique supranationale, ainsi que tous ceux qui protègent ce régime criminel, les policiers et les forces répressives de l’État.

Pendant les audiences qui ont suivi, c’est-à-dire le 1 et le 9 novembre, des objections ont été soulevées contre l’imprécision des chefs d’accusation, la diminution du retentissement du procès puisque la loi limite la couverture médiatique du procès, le transfert du procès des prisons de Korydallos à un tribunal normal à la cour d’appel d’Athènes, l’incompétence de ce tribunal spécial pour juger des actes et des actions qui ont des motivations ainsi qu’un sens politiques, car selon la constitution de la Grèce les «délits» politiques doivent être jugés par des cours composées des juges et des jurés.

Malgré le fait que ces objections furent rejetées comme on pouvait s’y attendre, ce fut une occasion pour nous de faire des déclarations politiques, de révéler le caractère politique de notre action et de notre organisation ainsi que les motivations politiques de nos actes. Ce fut l’occasion de démontrer l’hypocrisie de l’État et du régime puisque – et en dépit de l’imprécision des chefs d’accusation – nous sommes accusés sans éléments réels et nous attendons d’être condamnés pour toutes les actes de l’organisation selon la doctrine de la «responsabilité collective» et la conclusion arbitraire qu’il y a une structure hiérarchique au sein de l’organisation. Derrière les efforts pour faire diminuer le retentissement du procès et le fait que nous sommes jugés comme des «criminels» du droit commun se cachent les motivations politiques de l’État qui vise à présenter les combattants révolutionnaires et notamment les membres des organisations révolutionnaires armées comme des criminels, à dépolitiser leur action et les juger dans les prisons dans un environnement sécuritaire étouffant qui sape le caractère public du procès. Continue reading Texte d’information de la part de trois membres de Lutte Révolutionnaire pour les compagnon-ne-s de l’Europe qui ont répondu à l’appel international de solidarité

Texte de trois membres emprisonnés de la Lutte Révolutionnaire: Aucune prolongation de la vie du système

La restructuration imminente de la dette grecque, entamée par l’élite économique et politique en collaboration avec le gouvernement du PASOK, sera le premier aveu de l’incapacité à gérer la dette et à freiner sa dynamique toujours grandissante. Elle fait partie d’un plan ambitieux de faillite contrôlée de la Grèce afin d’éviter l’éclatement de la bulle de la dette. Cet éclatement aura des conséquences -économiques, politiques et sociales- incalculables, à l’intérieur du pays, et provoquera  des réactions en chaine dans les autres pays européens; parmi ces impacts, l’amorce d’une nouvelle crise financière incontrôlable, à dimension internationale, qui révélera une fois de plus la pourriture du système capitaliste et provoquera une grande agitation sociale et politique.

Nous avons vécu, il y a un an, le premier acte de ce plan de faillite contrôlée –un plan vain en raison de la dynamique de la crise structurelle du système: la soumission de la Grèce à l’élite supranationale et ses mécanismes économico-politiques (FMI, BCE et UE) et la signature du mémorandum. En fait, en vertu de cet accord, l’état grec a effectué l’opération de titrisation d’une vieille dette, pas officialisée jusqu’à ce moment, rendant ainsi impossible le défaut de paiement; en même temps il a hypothéqué les biens et richesses du pays.

Le mémorandum montre que le gouvernement grec et l’élite économique voient très loin; cet accord garantit qu’en cas de révolte sociale –très probable dans un futur proche- il n’y aura pas la possibilité de défaut unilatéral sur la dette (de la part du débiteur); une telle révolte pourrait conduire à la formation d’un gouvernement d’unité nationale comme «dernier recours» pour rétablir la normalité dans le pays et éviter une vraie révolution sociale. Nous pourrions caractériser cet accord comme un acte de trahison du peuple grec, pour lequel Papandreou et son gouvernement seront jugés par la société grecque. Le défaut sur la dette conduirait à un conflit frontal avec l’élite: en tant que créancière elle exigerait par tout moyen la protection de ses droits (des droits pour lesquels le gouvernement s’est engagé en signant le mémorandum avec le sang du peuple grec et la sortie du pays hors de l’économie du marché).

Le prochain objectif du mémorandum et du prêt de 110 milliards d’euros accordé par la troïka est le remboursement des détenteurs des anciennes obligations grecques et le transfert de la dette à des organisations internationales (UE, BCE, FMI). D’assurer, à travers la prolongation du délai pour la faillite grecque, que les détenteurs d’obligations réussiront à s’en débarrasser avec la moindre perte. (A noter que ces obligations sont considérées comme des bouts de papier sans valeur dans le monde des investissements et seront bientôt appelées des «produits toxiques»). Cela est atteint aujourd’hui; la BCE est devenue la principale détentrice des obligations «toxiques» de l’état grec puisqu’elle garde 30% de ces obligations; les créanciers précédents de la Grèce –notamment les banques allemandes et françaises- gardent une… distance de sécurité vis-à-vis de bulle de la dette qui est prête d’éclater.

Le processus du défaut de paiement «contrôlé» comprendra dans un premier temps l’allongement de la durée de remboursement et le remplacement de l’ancienne dette par la nouvelle. Cet allongement donne un soi-disant second souffle à l’état grec afin de payer ses dettes (le prêt de 110 milliards inclus). En réalité, il apportera une nouvelle charge à la dette en raison de l’intérêt supplémentaire puisque le taux d’intérêt restera inchangé ou sera légèrement réduit. Le remplacement de l’ancienne dette par la nouvelle est un geste qui favorise clairement les détenteurs d’obligations vu que l’Etat grec achètera les obligations dégradées à un prix certainement surévalué par rapport à leur vraie valeur et vendra des nouvelles obligations garanties par le Fonds Européen de Stabilité Financière (le FESF sera remplacé en 2013 par le Mécanisme Européen de Stabilité, MES). La mission de ces nouveaux mécanismes est d’achever le processus de faillite contrôlée des pays surendettés, couvrant les mauvaises créances des créanciers qui ont investi dans la dette publique, afin de protéger le système financier de l’Europe face à la crise. En même temps, les banques européennes continueront de puiser dans les liquidités de la BCE profitant de ses garanties pour l’investissement dans la dette grecque.

Les avantages de la restructuration pour les banques ne s’arrêtent pas là, même si elle comprend non seulement un remplacement de l’ancienne dette par la nouvelle mais aussi une légère réduction de la dette. Une grande partie du paquet de soutien de 78 milliards euros –fourni aux banques grecques par les gouvernements de la Nouvelle Démocratie [Nea Dimocratia] et du PASOK-  ce sont des garanties qui se transforment, suite à la restructuration, en obligations et finalement en nouvelle dette. D’ailleurs, le processus de la restructuration lui-même apportera des profits supplémentaires aux banques responsables pour la restructuration.

Ainsi, alors que le gouvernement parle d’un allègement de la dette, il impose de nouvelles mesures d’austérité et d’ajustement néolibéral, beaucoup plus dures que ce que nous avons vécu jusqu’à aujourd’hui. En pratique, c’est la société grecque qui va porter le fardeau de la charge (tant l’ancienne que la nouvelle), et les banques, grecques et européennes, seront ceux qui sortiront une fois de plus gagnants.

Et avant même l’annonce de la restructuration, le gouvernement a commencé de racheter des obligations d’état au 97% à 99% de leur valeur nominale et a donné 2,3 milliards d’euros, tandis que leur prix sur le marché varie de 50% à 60% de leur valeur nominale. Tout cela, apparemment pour empêcher la soi-disant coupe de la dette et assurer que les banques auront le moins de perte possible de leur «investissement» dans les obligations d’Etat.

Finalement, le plan d’une forme contrôlée de défaut sur la dette aidera l’élite économique non seulement à préserver les fonds investis en obligations grecques mais aussi à continuer de tirer des profits et déplacer les fardeaux sur les épaules des prolétaires de ce pays.

Il y a un an, Papandreou et son état-major disaient sans cesse des mensonges organisés. Ils prétendaient que la soumission du pays à la troïka et la dette de 110 milliards euros, qui «améliorerait la situation économique de la Grèce», étaient la seule façon d’éviter la faillite, de continuer de donner de l’argent pour les salaires et les pensions, financer les secteurs comme la santé et prévenir une déclaration de cessation de paiement envers la société. Ils persistent jusqu’aujourd’hui dans le même mensonge et continueront à terroriser la société grecque avec le dilemme «faillite ou troïka», jusqu’au moment où il sera impossible de maintenir la bulle de la dette grecque, jusqu’à proclamer l’effondrement du pays.

Aujourd’hui, un an après la signature du mémorandum et tandis que tout le pays agonise sous l’occupation du FMI, de l’UE, de la BCE et des politiques néolibérales imposées, les secteurs publics, comme la santé, sont abandonnés, des écoles et des universités ferment, une grande partie du financement des soins est coupée, pensions, salaires et prestations sont réduits ou supprimés et la cessation de paiement de la part de l’État envers la société est déjà une réalité. Alors que les banques auront la moindre perte –voir même des profits-  de leur implication dans la dette grecque, les caisses d’assurance (assurance maladie et retraite) se trouvent juste avant l’effondrement et seront certainement les grands perdants de la faillite de l’Etat; ainsi il est sûr qu’une cessation de paiement envers les assurés aura lieu. En même temps, le gouvernement vend pour une somme dérisoire les entreprises publiques, ainsi que toute la richesse du pays, à l’élite économique, alors que les milliardaires de la planète accourent comme des «hyènes». Continue reading Texte de trois membres emprisonnés de la Lutte Révolutionnaire: Aucune prolongation de la vie du système