Mon nom est personne. Contributions anarchistes à un débat autour de l’anonymat et de l’attaque, octobre 2015
L’anonymat élimine le droit de propriété de l’auteur sur ce qu’il a fait, dépersonnalise l’action en la libérant de la particularité humaine qui l’a commise. Ce faisant, il permet que l’action devienne potentiellement un acte pluriel (et tant pis si elle excite la mesquinerie des crypto-vantards). L’action anonyme n’a pas de propriétaires, n’a pas de maîtres, n’appartient à personne. Cela signifie qu’elle appartient à tous ceux qui la partagent.
Obscurs parmi les obscurs, nous sommes tous égaux. Personne n’est devant pour guider, personne n’est derrière pour suivre. Ce que nous faisons dans l’obscurité, nous seuls le savons. Cela suffit. L’obscurité nous protège de nos ennemis, mais nous protège aussi et surtout contre nous-mêmes.
Pas de leaderships, pas de grégarismes, pas de vanité, pas d’admiration passive, pas de compétition, rien à démontrer à qui que ce soit. Les faits, crus et nus, sans médiations. Une banque a brûlé, une caserne a explosé, un pylône a été abattu. Qui l’a fait ? Peu importe, ça n’a aucune importance. Que ce soit Pierre ou Paul, quelle différence y a-t-il ? C’est arrivé, c’est possible de le faire, faisons-le !
L’anonymat,
août 2013
La dynamite ne peut pas remplacer les idées, les idées ne peuvent pas remplacer la dynamite. Ce sont deux aspects intimement liés de l’anarchisme, des aspects qui corrodent la société autoritaire : dans ses idéologies comme dans ses structures, dans ses hommes comme dans ses valeurs, dans ses rapports sociaux comme dans ses flics. Le rapport entre ces deux aspects est la perspective, et le débat devrait de fait porter sur cela. Le problème de la perspective ne peut pas être résolu en envoyant une revendication pompeuse ou en renforçant une identité-organisation-logo, ni en répétant les dix mêmes banalités de base de l’anarchisme ou ce qui ressemble à un credo de l’individualisme.
Annexe à un débat avorté sur l’anonymat et l’attaque,
mars 2014