Quelques mots sur les événements de vendredi 15 mai à Milan :
A Quarto Oggiaro story.
Le comico de Quarto Oggiaro a déclaré la guerre aux anars !
Des poulets qui essaient de nous le faire payer, sacrée nouvelle !
Mais commençons par le début.
Les perquisitions ont commencé juste avant le 1er mai. Avec l’arrogance habituelle de la flicaille : des charges dans le marché, des dizaines de CRS qui s’amusent avec leur jolies matraques, la DIGOS qui filme pour avoir son quota de plaintes. Une camarade arrêtée pour résistance et coups.
Rien de nouveau, en somme.
Le 12 mai la situation devient «étrange» : une patrouille de 8 individus louches rentre dans un des bâtiments déjà fouillés, à un moment où il n’y a personne, pour y effectuer une nouvelle perquisition. Des camarades interviennent rapidement pour comprendre ce qui se passe. Pour toute réponse, des insultes et des phrases très raffinées genre « C’est la police, on fait ce qu’on veut », mais apparemment la simple menace d’un appel à l’avocat a suffi à les faire déguerpir d’un air désorienté. C’était qui ? Les Digos ne sont pas des lumières, mais ils ne sont pas si maladroits non plus.
Le matin du 15 mai plus aucun doute : nouvelle expulsion, clairement pas inattendue, des deux apparts d’une camarade et d’un camarade, appartements gérés par MM. Il s’agit de la deuxième expulsion de ce genre dans l’espace d’un mois, on connait le scénario. Une présence massive de CRS a rendu impossible toute intervention directe des soutiens qui voulaient empêcher l’expulsion. Nous avons décidé de rester pour protéger les camarades menacé-e-s d’expulsion et essayer de défendre leur affaires. Il y a quelque chose qui cloche, beaucoup de nouveaux visages, beaucoup de flics en civil, une quantité disproportionné même, ils sont presque aussi nombreux que les CRS. Pas beaucoup des visages tristement connus, quelques digosini par ci par là, quelques fonctionnaires et une poignée de ces salauds qui ont malheureusement l’habitude de se mettre sur notre route. Moment tendu: on essaye de reprendre quelques cartons d’un camarade qui vient d’être expulsé, et qui avaient entretemps été chargés sur une camionnette de MM. Une petite charge de dispersion nous repousse définitivement, la camionnette s’en va. Le calme revient. La tension redescend. Peu à peu le rassemblement se disperse tandis que l’on attend que l’on charge dans les fourgons les dernières affaires et que ceux qui n’ont désormais plus de domicile se joignent à nous. Loin de nos regards deux solidaires sont arrêtés, un troisième arrive à s’enfuir. Au rassemblement il y a de la nervosité, on ne comprend pas de suite ce qui se passe. Nous essayons de nous libérer de la flicaille. Nous sommes encerclé-e-s, un camarade se fait plaquer à terre et arrêter.
Le jour suivant procédure en réfèré, accusations habituelles : résistance et coups.
Les camarades sortent après une journée exténuante passée au tribunal en attendant une décision à propos des mesures judiciaires qui semble ne jamais tomber.
Tou-te-s dehors, deux sous contrôl judiciaire avec signatures obligatoires, un sans aucune contrainte.
Le procès reprendra un autre jour.
On s’embrasse et ils/elles commencent leurs récits, tout se fait plus clair.
Leur arrestation a été effectuée par des agents en civil du comico de Quarto Oggiaro, particulièrement violents et grossiers. Ils/Elles y ont été amené-e-s et gardé-e-s pendant des heures, entre insultes et méchancetés. Parmi lesquelles ne pouvaient pas manquer les “Vous aimez tabasser les keufs ? Maintenant c’est à nous de nous amuser !”, “Nous vous avons déclaré la guerre !” et autres boutades de ce genre. Il/Elles ont passé la nuit à San Vittore, d’où ils/elles ont pu entendre un salut affectueux.
Apparemment la flicaille n’a pas aimé que le 1er mai leur chef de bande – le préfet adjoint de Quarto Oggiaro – aie été tabassé devant les caméras et les photographes.
Quel échec pour leur machisme de voir leur mâle dominant massacré par une bande de tiques* devant le monde entier.
On voit que ton caractère insurgé grandit trop…
Maintenant, ils cherchent leur revanche et voudraient répandre la terreur.
Ils seront déçus.
MM mérite une dernière note en marge. Nombreux sont ceux qui restent perdu-e-s face à l’augmentation des expulsions, mais comment s’en étonner ? Exemple classique d’une administration de “gauche” en difficulté et qui essaie de se rattraper en copiant la politique des “droites” et se saupoudre avec l’imaginaire sécuritaire aux dépens des misérables. Parmi lesquels on retrouve, naturellement, la catégorie variée des squatteurs. Et il est certain qu’ils essaient d’abord d’éliminer le « cancer » des subversifs des bâtiments qu’ils souhaitent nettoyer. Comment pourraient-ils se permettre de laisser rallumer pendant l’Expo les foyers de révolte représentés par les barricades de Giambellino et Corvetto en novembre ?
Vous pensez peut-être nous avoir fait peur, nous avoir effrayés au point de nous faire nous cacher en attendant des jours meilleurs. Si ça se trouve vous êtes en train de jubiler à l’idée d’avoir réussi à imposer votre paix sociale à coups d’expulsions, arrestations et matraques.
La répression n’arrêtera pas nos luttes.
Et ce ne seront pas des marionnettes en uniforme qui nous feront peur.
Des individualités anarchistes
Note de Contra Info : *zecche, qui était le petit nom que les fascistes donnaient aux “rouges”, aux communistes et aux anarchistes, et que l’on entend encore parfois dans les couloirs des commissariats.