NdT : Une banderole a été posée sur le pont de cours ju à marseille le 18 mars, en solidarité avec Osman Evcan et pour le soutenir dans sa grève de la faim. En dessous vous trouverez une traduction d’un texte publié par l’ABC d’Istanbul présentant la situation d’Osman Evcan.
Publié le 2 mars 2016 :
Osman Evcan est né en 1959 à Samsun et est un prisonnier anarchiste ayant passé ses 23 dernières années en prison. En 1992 il a été condamné à 30ans de prison avec pour charges l’appartenance à un groupe terroriste de gauche et braquage. Il a aussi été emprisonné pour 9 ans entre 1980-1989. Depuis que Osman a adopté des idées anarchistes en 2003, il est aussi devenu vegan et soutient les luttes de libération animale.
Osman Evcan a été emprisonné dans de nombreuses et différentes prisons au long de sa peine à travers tout le pays ; il a construit sa vie sur une lutte contre la violence autoritaire, et spécialement la violence et l’oppression qui fait partie intégrante de la structure hiérarchique de la prison, et il continue sa lutte contre la mentalité oppressive de la prison, sans céder d’un pouce, aspirant à des bases justes pour les individu-e-s anarchistes, vegan et libertaire.
Le premier acte de résistance d’Osman a été sa grève de la faim de 42 jours en 2011 pour que de la nourriture vegan soit disponible en prison. Durant sa grève de la faim, les anarchistes et militant-e-s pour la libération animale du monde entier et en Turquie ont soutenu la lutte d’Osman pour l’accès à de la nourriture vegan en prison. Après 42 jours de grève de la faim le gouvernement a abandonné et a mis en place une régulation pour les prisonnier-e-s vegans et vegetarien-ne-s : « les demandes des prisonnier-e-s vegans ou vegetarien-ne-s seront acceptés aussi longtempts qu’elles se limiteront à permettre la subsistance ». Après cette victoire de tou-te-s les anarchistes, militant-e-s de la libération animale et prisonnier-e-s politiques, Osman a continué à faire partie de la lutte anarchiste durant son temps en prison. Il a soutenu les luttes LGBT, de libération animale, de droits des femmes, et les luttes anti-impérialistes en dehors de la prison, et il a fait des grèves de la faim pour protester contre le massacre d’animaux durant chaque “festin de sacrifice” tous les ans pour 3 ans ; il a écrit des articles pour défendre la nature, des identités ethniques et différentes autres contre les rafles du gouvernement et de la bourgeoisie comprador, et il continue sa lutte politique autant qu’il le peut depuis la prison.
Osman Evcan a été jugé coupable d’être membre d’un groupe terroriste de gauche ; il s’auto-critique en disant qu’autant les formes de système capitaliste que de système socialiste sont des formations étatistes et de colons. Pour citer ses propres mots : « le veganisme ne fait pas seulement contraste avec le capitalisme mais aussi avec le socialisme. Le veganisme fait contraste avec la civilisation. Le veganisme implique une attitude sans compromis contre la destruction technologique, la violence, l’aliénation de la nature et d’elle-même de l’espèce humaine, le pillage écologique, la pollution, le colonialisme, le réchauffement climatique. Les actes de la civilisation ont une histoire commune avec les formes étatistes d’organisation. L’idée d’un état grandissant via un processus débutant par un point ‘primitif’ dans un conitnuum de modernisation continu pour des centaines d’années et se transformant en état-nation est un résultat de la civilisation. Nous ne pouvons séparer ces deux choses se renforçant et se produisant mutuellement. Le veganisme est une attitude radicale contre tout… ».
Après sa grève de la faim de 33 jours en Juin 2015 il a avancé d’un pas en avant en termes d’approvisionnement de nourriture vegan et a obtenu le droit d’obtenir de la nourriture vegan de l’extérieur des prisons. L’administration pénitentiaire a usurpé cette victoire pour des raisons arbitraires.
Après l’usurpation du droit d’obtention de nourriture vegan de l’extérieur de la prison par l’administration de la prison de Kandira No1, Osman Evcan a commencé de nouveau une grève de la faim le 10 novembre 2015, et après 39 jours l’administration pénitentiaire lui a rendu ses acquis. Mais peu après, tôt dans le matin, Osman Evcan a été exilé de force à la prison Siliviri de type L, et sous l’excuse du manque de place il a été placé dans une unité pour les « courtes durées » ne comprenant pas de cours d’exercice. Après qu’il ait été amené dans cette prison de force, aucune nourriture ne lui a été donné pour 4 jours et après cela, la nourriture qui lui a été donné n’était pas assez bonne pour une alimentation saine. Malgré le fait qu’il ait fait des dizaines de pétitions, aucune réponse n’a été donné.
Osman Evcan est enfermé avec des prisonniers “ordinaires”. Donc cela signifie que les droits que les prisonniers politiques ont gagné au travers de leurs luttes pour des années n’existent pas dans cette prison. Un exemple pour cela est la présence de caméras dans les cellules. Osman Evcan, qui précise qu’il n’acceptera jamais ce genre d’outil de contrôle et de surveillance dans sa cellule, essaye de mettre fin à cette pratique en cassant ou modifiant l’angle de vue des caméras. Mais la réaction de l’administration pénitentiaire face à cet acte a été de renforcer les punitions disciplinaires comme l’interdiction de visite des membres de la famille. Et comme résultat de punitions disciplinaires il fait face à 12 jours en isolement.
Pour ajouter à ça, la limite de livres autorisés par cellule de cette prison n’est que de 10 livres. Donc si vous prenez en compte le fait que dans ces prisons il n’est pas autorisé d’avoir accès à des sources d’information rapides comme l’internet, la plupart de ses livres seront des livres de bases. On peut dire qu’il n’y a pratiquement pas d’opportunité donné aux prisonniers de lire quelque chose de nouveau.
Mais l’état ne décide pas seulement de la quantité de livres que vous pouvez lire, il décide également quel livre vous êtes autorisé à lire. C’est aussi une méthode pour transformer les prisonniers (ceux qu’ils emprisonnent afin de les régénérer ou les re-former) en ce qu’ils veulent qu’ils soient. En les faisant regarder les chaînes de télé, lire les livres et magazines qu’ils veulent, ils pensent pouvoir obtenir tout ce qu’ils veulent de la façon qu’ils veulent, au travers de la tête des prisonniers. Ne pas fournir les publications voulues aux prisonniers, ce n’est pas respecter le droit de recevoir des informations politiques gratuites.
Ils ne donnent aucune d’information aux prisonniers sur l’état de livraison ou de distribution des lettres et faxes. Pour les autorités carcérales, c’est préparer le terrain pour ne pas envoyer de lettres de façon arbitraire. Aussi accompagné de cette interdiction de communication, cette situation d’obscurité devient une oppression permanente et constante. En gardant les corps en un lieu stable, tous les instruments nécessaires pour continuer à exister sont dégagés.
Avec cette grève de la faim, Osman Evcan montre à l’état qu’il n’obéit pas, il ne se rend pas face à leurs oppressions et pratiques en prison. Accepter signifie la destruction de ta propre identité, de ta propre existence. La seule façon de se débarrasser d’identités politiques est le contrôle des comportements. La matérialisation extérieure des identités politiques sont les grèves de la faim. Et l’état répond à ces grèves de la faim en gardant les corps dans un lieu stable et en retirant tout instrument nécessaire afin de continuer à exister. Si ceux qui doivent obéir n’obéissent pas, l’état révèle visuellement une chasse aux sorcières politique. C’est exactement ce qu’ils désirent faire à Osman : une extermination silencieuse de la psyche et du corps.
La lutte d’Osman consiste à ne pas laisser son identité être détruire, et à montrer qu’il ne se rendra pas sous les méthodes de pression de l’état. Sacrifier son corps à la mort signifie ne pas se rendre. Cela signifie vivre sans perdre son identité et laisser ses gains aux successeurs. La lutte d’Osman est bien plus qu’un paquet vegan : c’est une guerre pour exister.