“La révolte de novembre 1973, après être passée par la table de Prokroustis, a reçu de nombreuses opérations chirurgicales et fut présentée comme une célébration anodine, le moment du “triomphe” du régime démocratique.
Une pierre tombale symbolique de la dictature en déclin des Colonels, le soi-disant déclin du conservatisme pur et du totalitarisme étatique : voilà l’image que les dominants ont voulu donner en lieu et place de la mémoire de la révolte qui est toujours vivante même aujourd’hui pour nombre de gens.
Ils voient en cette fabrication historique une pierre tombale de tous les chemins et pratiques qui mènent à la lutte subversive contre le spectre entier du pouvoir institutionnalisé.
Après la révolte de Polytechnique en 1973, le 17 novembre et l’École Polytechnique ont constitué à maintes reprises, avec la contribution inconsciente des anarchistes, un point de référence, dans l’espace et le temps, pour les révoltés de la métropole qui, célébrant la joie libératrice du conflit, à l’occasion de cet anniversaire, ont régulièrement violé et profané – consciemment ou non – cette fête montée de toute pièces par la démocratie ainsi que tout le fatras de valeurs masquées qui l’accompagne.
De cette façon, le cercle de la normalité a été rompu en un moment et un lieu irrévocablement reliés avec le passé ainsi qu’avec la dynamique historique de la société, celle qui fut appelée à sortir de l’oubli, ravivant les mémoires et les slogans et rappelant à la société, que durant toutes ces années, les choses n’ont changé qu’en surface et non en substance…”
Cet extrait vient de la brochure Polytechnique ’95 – Novembre 1973-Novembre 1995 : Le message de la révolte est toujours vivant, créée par le Cercle d’anarchistes pour la subversion sociale et date de 1996.