Nous, ceux et celles qui détestons la presse pour son rôle de serviteur des intérêts du pouvoir, ne sommes pas surpris de son rôle actif dans les campagnes répressives ni de ses agissements de confidents policiers. De fait, voilà une règle basique de “l’échange” : recevoir quelque chose en échange d’une chose qu’on donne. Et obtenir des informations fraîches (de la police) signifie offrir quelque chose en échange (de la part de la presse).
Ça nous prendrait bien trop de temps de faire une analyse minutieuse de comment la presse collabore coude à coude et de façon active avec la répression dans la création d’ennemis à combattre, que ce soit des groupes et des secteurs sociaux entiers ou des personnes en particulier. Et il n’y a pas d’exceptions, vu qu’au-delà de la soi-disant orientation politique des milieux de communication (bien entendu en mettant à part ceux qui sont réellement libres) ceux qui auront toujours le dernier mot seront ceux qui financent.
Nous n’allons pas rentrer dans le lynchage de groupes sociaux pour justifier des modifications pénales ou des exclusions, mais c’est important de se rappeler de comment ils utilisent des contextes concrets de mécontentement social, comme les émeutes lors des grèves étudiantes ou lors des grèves générales, pour justifier le durcissement pénal, détournant en même temps l’attention des motifs réels du mécontentement.
Les exemples que nous voulions montrer ici sont liés à la manière dont la presse (et plus concrètement les journaux) se concentrent sur certaines figures (dans notre contexte pendant longtemps c’étaient les squatteurs, et actuellement ce sont les anti-systèmes, qui sont parfois aussi simplement définis comme “casseurs”) avec l’objectif de préparer le terrain pour un “coup” ou pour quoi que ce soit d’opportun à ce moment-là.
Ça n’est pas un hasard si le 24 avril dernier, un jour avant la manif appelée devant le congrès, un article publié sur Europe Press avait pour titre ” Des anarchistes radicaux italiens viennent à Madrid pour endoctriner des groupes anti-système”. Le titre, honnêtement, promet plus que l’article en lui-même. La question serait, sur quoi se basent-ils pour faire une telle affirmation ? À l’évidence, comme ils le reconnaissent, sur des “sources policières”. Ils ont aussi écrit que “ces visites sont continues dans le temps et ne dépendent pas nécessairement d’un fait concret”. Finalement, le texte n’est rien de plus qu’un copier-coller de divers informations misent bout à bout. Quelques jours plus tard, cette fois-ci en Italie, le titre d’un article nous laisse déjà un peu plus perplexes : “Le terrorisme actuel s’appelle anarchie”, article qui fait un lien entre des anarchistes et ce qui s’est passé à Rome le 28 avril dernier, où Luigi Preiti, un chômeur, a ouvert le feu sur deux policiers, montrant clairement que son objectif était de tirer sur des hommes politiques. Bien que ce fait n’ait rien à voir avec des anarchistes, le journaliste sait faire son travail : il navigue au milieu du fait concret, en passant par l’attaque contre le directeur de Ansaldo Nucleare l’année dernière, informant que l’un des détenus de ce cas, Alfredo Cospito “s’est vanté d’avoir participé aux affrontements du 15 octobre 2011 sur la place San Giovanni à Rome”, parlant aussi des relations avec la Grèce et Barcelone. Après avoir analysé différents évènements, il finit par mettre en garde en disant que malgré le fait que les coups de feu sur la police à Rome (auxquels se réfère l’article) n’ont pas de relation avec des anarchistes, ce qui est une évidence pour n’importe qui, il nous prévient qu’il existe un danger de “terrorisme peut-être moins organisé que les Brigades Rouges, mais généralisé, pénétrant et capable de frapper selon des programmes moins ambitieux que ceux des groupes marxistes-léninistes.”
En affirmant que “auparavant ils avaient la torture, maintenant ils ont la presse” Oscar Wilde ne pouvait pas savoir que, pire encore, toutes les deux sont contemporaines et complices, et que la brutalité la plus répressive s’est unit avec la plus persuasive. On peut dire que la presse et les journalistes ont rarement tenu le rôle de servilité qu’ils tiennent aujourd’hui. Dans son essai de 1890 où il fait cette affirmation il rajoute : “Ils ont immédiatement cherché le journaliste, l’ont trouvé, l’ont développé et ont fait de lui un serviteur industrieux et bien payé. C’est regrettable, des deux côtés. Derrière la barricade il peut y avoir beaucoup de noblesse et d’héroïsme. Mais, qu’est-ce qu’il y au fond derrière l’article [journalistique] si ce n’est des préjugés, de la stupidité, de l’hypocrisie et du non-sens ? Et lorsque ces quatre facteurs sont réunis ils constituent une force terrible et se transforment en la nouvelle autorité.”
Post scriptum
Après avoir écrit ces quelques lignes nous sommes tombés sur un article qui confirme encore plus notre vision sur l’instrumentalisation journalistique. L’article apparue sur Cadena Ser ” Des groupes anarchistes espagnols préparent des stratégies avec des italiens et des grecs” qui ne fait pas que suivre la même ligne que ce que nous avons cité précédemment mais qui “approfondi” encore plus la création de l’ennemi intérieur. Selon la journaliste la police met en garde contre “l’infiltration” de groupes anarchistes dans les “mouvement sociaux comme le 15-M, la grève des mineurs ou encore les plateformes sociales crées contre la réforme du travail”. Apparemment “la police a des preuves qui démontrent que des activistes italiens et grecs mettent en place des stratégies avec des activistes espagnols” en essayant d’organiser leurs activités. Le Triangle Méditerranéen est constitué de groupes anarchistes de Grèce, d’Italie et d’Espagne, des pays dirigés par la troïka. Selon la police ils entretiennent des relations “pas seulement au niveau idéologique mais aussi comme soutien stratégique”. Les activistes s’organisent en petits groupes dans lesquels chaque membre, dit la police, “jouit d’une autonomie individuelle totale”. Ensuite l’article analyse quelques attentats récents revendiqués par des anarchistes (ou non) et elle finit par nommer -par leurs noms et prénoms- quelques compagnons italiens qui ont participé aux journées contre le TAV à Barcelone (en décembre 2011). Utiliser des noms et prénoms de personnes qui ne sont sous le coup d’aucunes poursuites judiciaires est quelque-chose de nouveau ici, même si ça n’est pas le cas en Italie. C’est très courant là-bas qu’avant un coup répressif la presse prépare le terrain en parlant de personnes ou en les décrivant, pratique qui s’est vu aussi au Chili ou en Grèce.
Ça ne sert à rien de tomber dans la paranoïa au sujet de possible coups répressifs, ça n’est pas notre intention dans ces lignes. Nous voulons juste souligner, une fois de plus, que le rôle des médias de communication et de la presse est de créer un terrain propice à la répression, anticipant celle-ci, et lorsqu’elle commence à se concrétiser, pour la justifier.
Non mais vraiment, vos tranductions sont vraiment pas terribles. On comprend jamais rien sur contrainfo france…
Si vous ne savez pas ecrire le francais, je ne sais pas, faites vous relire au lieu d’etre pressés!!
ca fait chier tous ces textes interessants auxquels on ne comprend rien!
Faites un effort camarades!
Tu n’as qu’à participer au projet pour faire le relecteur .. parce que oui, dans certaines occasions il n’y a personne pour relire les traductions, faute de participant-e-s, parce qu’un projet comme celui-ci ça demande une constance et un investissement personnel en terme de temps que beaucoup ne sont pas prêts à faire visiblement, et que nous ne sommes pas des professionnels, ni des robots.
Et rassures-toi, nous avons conscience du niveau de nos traductions. Alors au lieu de faire le consommateur et de te contenter de lire nos traductions de merde, viens mettre les mains dans le camboui, on serait super content-e-s d’avoir un fou de plus avec nous dans cette aventure.
Et ça n’est pas “Contrainfo France” … les langues n’appartiennent pas aux États.