Le 9 décembre à 5 heures, la DIGOS (police politique italienne) a perquisitionné l’Asilo Occupato et l’occupation de Via Lanino à Turin, ainsi que l’appartement d’un compagnon à Milan. Ils recherchaient trois personnes accusées d’avoir participé à une attaque contre le chantier du TAV en Val Susa dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. Les trois personnes ont été incarcérées à la prison des Vallette à Turin, où se trouvait déjà Niccolò, quatrième personne mise en cause dans cette histoire. Tous les quatre sont accusés selon la presse « d’activité à visée terroriste ». Des nouvelles bientôt.
Leur écrire :
Chiara Zenobi, Niccolò Blasi, Claudio Alberto, Mattia Zanotti
Casa Circondariale/Casa di Reclusione “Lorusso e Cutugno”
via Maria Adelaide Aglietta 35, ΙΤ-10151, Torino Le Vallette (TO), Italia/Italie
LIBERTÉ POUR TOU-TE-S
Que souffle encore le vent de la délivrance
Solidarité avec Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio
Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, une trentaine d’anonymes no tav a attaqué le chantier de la Grande Vitesse en Val Susa, endommageant des équipements. Une action rapide et précise qui avait démontré, une fois de plus, que le camp retranché de la Clarea n’est pas inviolable, en faisant flotter de nouveau le doux vent de la délivrance. L’action a été défendue publiquement, dans une assemblée populaire à Bussoleno, par le mouvement no tav.
Aujourd’hui, 9 décembre, la police politique, sur ordre des parquets de Turin et Milan, a incarcéré quatre compagnons (il y aurait trois autres inculpés) pour « attentat à finalité de terrorisme », accusés d’avoir pris part à l’action de mai. Tout cela huit ans après l’invasion et les dégradations de masse du chantier de Venaus.
Comme c’est arrivé tant d’autres fois (y compris en Val Susa il y a quelques mois), l’État accuse de « terrorisme » ceux qui résistent à ses projets dévastateurs, à ses chantiers militarisés, à ses gaz, à son fil barbelé, à ses « zones rouges », à ces matraques. Nous nous fichons de savoir si Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio ont participé ou non à l’action contre le chantier de Chiomonte.
Ce que nous savons c’est qu’à l’annonce de l’attaque nous avons exulté comme tant d’autres, dans la Vallée et pas seulement.
Ce que nous savons c’est que les châtaigniers centenaires abattu par les bulldozers à la Clarea sont une blessure ouverte, qui brûle.
Ce que nous savons c’est que le terroriste est celui qui affame, exploite, dévaste et bombarde et certainement pas celui qui s’oppose au massacre environnemental, qui se bat pour un monde sans profit et sans pouvoir. Ce que nous savons c’est que Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio sont nos amis et compagnons, généreux et combatifs toujours en première ligne dans les luttes, à Turin, à Milan, en Val Susa et partout où leur tête et leur cœur les appellent.
Ce que nous savons c’est que nous les voulons libre tout de suite, dans les rues et sur les sentiers avec nous.
Ce que nous savons c’est que ces arrestations n’arrêteront pas la lutte contre la grande vitesse et le système qu’elle incorpore et défend. Dans et autour du mouvement no tav est née et s’est diffusée une solidarité qui a toujours su répondre aux manœuvres répressives (chaque fois préparées par la machine de guerre médiatique), généralisant ses propres raisons et ses propres pratiques. Ni innocents, ni coupables. Qu’aucun chantier de l’injustice – avec ses mille excroissances – ne se sente à l’abri. « Nous préférer vous fâchés ».
Troupes d’occupations, politiciens et journalistes : les terroristes c’est vous ! Liberté pour Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio !
Anarchistes de Rovereto et de Trento.
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Lundi 9 décembre, sur mandat des procureurs Padalino et Rinaudo du parquet de Turin, des perquisitions ont été effectuées et quatre compagnons ont été incarcérés à Turin et à Milan. Les faits qui leur sont reprochés concernent l’attaque du chantier du TAV de Chiomonte qui s’est déroulée la nuit du 13 au 14 mai 2013. Les chefs d’accusations sont lourds : articles 280 et 280bis (« attentat à finalité terroriste, acte de terrorisme avec engins mortels et explosifs, détention d’armes de guerre, dégradations »).
Beaucoup se rappelleront de cet épisode, quand des anonymes étaient apparus dans la nuit, avaient causé des dommages significatifs au chantier puis disparu comme ils étaient arrivés.
C’est bien en relation avec cet épisode qu’une assemblée publique, appelée par le mouvement No Tav à Bussoleno revendiqua le sabotage comme possibilité pratique, utile et nécessaire à la lutte No Tav. On rappela alors les classiques de la non-violence active (Capitini, Gandhi, Mandela) en faveur du sabotage, d’autres auront rappelé les différents scénari de lutte, de celle des différents peuples sous occupation militaire aux actions contre le nucléaire, de la lutte partisane à l’immense bagage de la tradition ouvrière.
Malgré le terrorisme médiatique mis alors en scène, les sabotages ne s’arrêtèrent pas, recueillant une sympathie diffuse dans toute l’Italie. Les derniers remontent à quelques jours au détriment de plusieurs entreprises collabos à Turin. […] À suivre : l’ouverture de dossiers d’enquêtes pour terrorisme à l’encontre de militants No Tav de la Vallée ( avec les perquisitions qui s’ensuivent ) des rencontres bien publicisées entre les « équipes antiterroristes » des parquets des différentes villes et aujourd’hui les menottes. […] Dans la ligne de mire il n’y a pas seulement quatre compagnons généreux que nous connaissont bien et que nous aimons, il y a une vallée entière qui se bat. Développer les potentialités de cette lutte est notre réponse.
A sarà düra.
Compagnonnes et compagnons de Milan.