En fait, ce n’était PAS totalement imprévisible, mais d’une certaine façon nous ne pouvions pas voir que ça venait. Qu’ont fait les gens en Turquie jusqu’à ce que cette révolte éclate ? Les étudiant-e-s ont battu leurs enseignants qui leurs avaient donnés des notes inférieurs à ce qu’ils/elles méritaient. Les gens ont poignardés les médecins qui avaient négligés leurs proches. Ils ont tiré sur les sergents pour s’enfuir, et le service militaire obligatoire a été déserté. Ils ont détruit les commissariats de police et battus les officiers de police violents. Après que les tribunaux aient rendus leurs verdicts, les gens ont laissé un avant-goût de leur propre verdict dans les halls des tribunaux. Les femmes se sont faites justice elles-mêmes contre leurs violeurs. Ils et elles se sont suicidé-e-s sous la pression des grands examens, et des dettes de leur carte de crédit …
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L’insurrection des individus et des groupes révolutionnaires a finalement touchée les un-e-s les autres et s’est connectée à la Résistance du Parc de Gezi (à partir du 29 mai à ce jour). Nous avons donc voulu partager certaines de nos observations depuis les barricades avec vous:
• Les routes ont été bloquées, les coffres et les sièges arrières des voitures ont été fouillées pour voir si elles cachaient clandestinement des bombes lacrymos pour la police. Parce que la police a utilisé des ambulances pour cacher les bombes, les gens les ont traquées soigneusement, et ils ont caillassés les camions de pompiers parce qu’ils ont vu qu’ils servaient à transporter l’eau pour les canons à eau qui éteignaient les barricades enflammées.
• Des contrôles ont été pratiqués contre celles et ceux qui étaient soupçonnés d’être des flics en civil.
• Le réseau de vidéo-surveillance et ses caméras ont été démantelés et détruits.
• Plus de 40 barricades hautes ont été faites. Pavés, panneaux publicitaires, panneaux de signalisation, poubelles, tout ce qui nous tombait sous la main et qui traînait a été utilisé.
• Les banques, les guichets automatiques, les panneaux d’affichage et les publicités des arrêts d’autobus ont été détruits.
• Les cars et les voitures des flics ont été incendiés, ou utilisés pour le bien commun.
• Les machines et camions de construction ont été renversées, cassés et incendiés.
• Les aliments et fournitures nécessaires ont été volés dans les gros supermarchés des environs.
• Les véhicules des médias (vans de CNN) ont été retournés et détruits.
• Un bulldozer a été capturé et utilisé en contre-attaque aux véhicules antiémeutes de la police, et les canons à eau ont été chassés des rues.
• Les gamins qui ont été maltraité-e-s et humilié-e-s par les flics tous les jours, remettent les pendules à l’heure en les caillassant et en les frappant au visage. Ils et elles ont retrouvé-e-s leur intégrité.
• Les camions et des bulldozers ont été capturés et utilisés pour construire des barricades.
• Des jeunes non organisé-e-s et très largement apolitiques ont rencontré, discuté et appris mutuellement des tactiques et des stratégies avec des groupes radicaux plus organisés.
• Des milliers de jeunes ont fait leur baptême du feu dans les affrontements avec les forces de police.
• Un vaste réseau de solidarité a été spontanément organisé pour la nourriture, la boisson, les soins contre le gaz lacrymogène et les cigarettes.
• Des points boisson et nourriture ont été mis en place pour distribuer des trucs gratuits à quiconque en avait besoin.
• Les gens ont commencé à tout partager frénétiquement, leurs barres de chocolat, les cigarettes, leurs plats faits maison, la nourriture qui leurs avait été donnés par d’autres.
• Les ordures et le compost ont été recueillis collectivement, même les mégots de cigarettes.
• Tout le monde s’est mis à aider tout le monde avec des solutions anti-acide contre des gaz lacrymogènes sur les barricades.
• Les gens ont ouvert les portes de leurs maisons, ainsi que des petits cafés et des boutiques, accueillant des manifestants parfaitement aléatoires, qui avaient été acculés par les forces de police.
• Les femmes au foyer et d’autres personnes dans les quartiers se sont joints aux protestations en faisant du bruit avec des casseroles, etc…
• Des kits de solutions alimentaires et anti-acide ont été placés dans un grand nombre de points.
• Des points de premiers secours ont été mis en place.
• Des médecins ont couru de barricades en barricades lors d’affrontements très violents.
• Les vendeurs à la sauvette se sont multipliés, heureusement en l’absence de la police, qui habituellement les chassent et leurs confisquent leurs objets.
• Les travailleurEUSEs du sexe, y compris les transsexuel-le-s, ont pu aller travailler, se promener, et se mêler avec d’autres librement sans être maltraité-e-s.
• Un espace vacant fermé a été libéré pour les gens et transformé en un petit parc.
• D’autres maisons vacantes, qui étaient fermées pour prêts hypothécaires, ont été occupés et habitées.
• Un petit jardin urbain a été créé.
• Une bibliothèque libre a été mise en place.
• Les gens lisent des bulletins et des brochures comme ils et elles ne l’avaient jamais fait avant, et ont pensé des choses qu’ils et elles n’avaient jamais pensé avant.
• Les gens se sont emparés des rues et les ont faites leurs avec des graffitis, des pochoirs et différents drapeaux et banderoles, et des couleurs à la place de panneaux d’affichage et des publicités.
• Au lieu d’aller au travail ou de rentrer à la maison avec les transports publics ou en taxi , les gens marchaient lentement sous les nuages de gaz lacrymogènes scandant des slogans et des insultes. Ils et elles n’avaient plus peur, et ont continué à marcher.
• Les gens ont décidé de leur propre ordre du jour, sans les partis, le pouvoir ou les dirigeants.
• Pas une seule femme n’a été abusée. Elles ont marché librement, se promenaient autour et sont restées dans le parc.
• Les gens passaient leur temps ensembles au lieu de se tuer à petit feu face à leurs téléviseurs ou leurs écrans d’ordinateur.
• Les masses se sont désillusionnées et ont commencé à critiquer ouvertement les “médias de masse”.
• Les Kurdes ont librement agité leurs drapeaux de la guérilla (PKK), ont brandi des portraits de leur chef de guérilla emprisonné (Apo) et se sont aussi amusés avec leurs danses traditionnelles collectives. Les nationalistes, bon gré mal gré, se sont fait une raison. Même certains d’entre eux n’ont pu résister et se sont joint aux danses.
• Les activistes de classe-moyenne, avec leurs normes d’hygiène de bourgeois immaculés, ont mangé la même nourriture, chié dans les mêmes toilettes portables et sont restés de longues périodes sans se doucher avec les sans-abris et les animaux de la rue.
Les gens ont réalisé qu’une vie sans flics, c’est la JOIE, en effet.
« La vie est si ennuyeuse qu’il n’y a rien d’autre à faire que de dépenser tout notre salaire dans la dernière robe ou la dernière chemise.
Frères et sœurs, quels sont vos désirs ?
Être assis dans un centre commercial , le regard distant, vide, mort d’ennui, en buvant un café sans saveur ?
Ou peut-être plutôt LE FAIRE SAUTER OU LE BRULER.”
The Angry Brigade.
en collaboration avec Le Cri Du Dodo