Ci-dessous, la traduction en français du premier communiqué de l’Espace Antifasciste-Antiautoritaire Dístomo, qui a récemment ouvert ses portes dans le quartier athénien d’Aghios Panteleimonas, une zone qui ces dernières années était devenue l’un des bastions de fascistes en général et des nazis d’Aube Dorée en particulier, et où on eu lieu plusieurs pogroms racistes contre la population migrante du quartier :
Quelques personnes de l’espace anarchiste et des antifascistes ont pris l’initiative, suite à l’appel du groupe anarchiste Rubicon, d’ouvrir le local antifasciste “Dístomo” sur la place d’Aghios Panteleimonas. Le nom du local a été choisi en mémoire des mort-e-s du village de Dístomo en Béotie, tués par les occupants nazis Allemands le 10 juin 1944. Citons un témoin de cette journée : “A Dístomo, ils ont commencé le massacre. Ils ont tué sans distinction des vieux, des bébés de six mois, des vielles, les gamin-e-s de l’école (tous ceux et toutes celles qui étaient dans l’école) et le curé. On a retrouvé presque toutes les femmes jeunes déchirées à l’épée ou au couteau des organes génitaux jusqu’à la poitrine. On a retrouvé des femmes aux seins coupés, étripées, enlacées à leurs enfants. On a retrouvé des très jeunes enfants assassiné-e-s, étripé-e-s et avec les entrailles autour du cou. Au curé, ils lui ont coupé la tête et l’ont jetée loin de son cadavre. Le résultat de cette démence sadique est le chiffre de 296 morts, sans compter les nombreux blessé-e-s et les quelques survivant-e-s qui ont perdu la raison”.
Ce que nous pouvons affirmer, c’est qu’avec notre présence dans la zone, en plus du prolongement et de l’ouverture d’autres espaces tels que celui-ci dans d’autres zones, nous éliminerons la présence de la progéniture actuelle des nazis Allemands et de leurs collaborateurs Grecs (les membres d’Aube Dorée ne sont rien d’autre que la descendance des bataillons de sécurité, des délateurs cagoulés) qui ont dévasté ces territoires. Nous parlons des nervis néonazis d’Aube Dorée, qui salissent les quartiers pauvres de leur présence à Athènes et au Pirée, cherchant toujours à frapper des personnes sans défense avec la tolérance et l’appui de la police. Ils continuent d’être le bras long du système. Nous faisons donc la promesse que leur lâcheté et leur action fasciste s’achèveront ici.
La majorité d’entre nous étant issu-e-s de la classe ouvrière pauvre, qui s’agrandit toujours un peu plus en Grèce, nous expérimentons directement les conséquences de la crise économique et institutionnelle du système des gérants du Pouvoir, qui exécutent les ordres de l’impérialisme économique allemand, et des dirigeants de l’Union Européenne, du Fond Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne, les porte-paroles et les serviles adeptes des grands États impérialistes qui, parce qu’ils craignent les futures révoltes sociales provoquées par l’appauvrissement du peuple et la disparition de tous les droits du travail et des droits sociaux qui avaient été obtenus par le sang, votent des lois antiterroristes et blindent l’État d’urgence par des mesures répressives.
La Grèce peut bien avoir 60 % de sa société sous le seuil de pauvreté, deux millions de personnes au chômage, une sécurité sociale inexistante, des retraites de misères et compter dans chaque rue des gens qui cherchent à se nourrir dans les poubelles, elle trouve toujours de l’argent pour augmenter le salaire de ses nervis en uniforme et pour continuer d’en recruter d’autres. Parlons un peu de la police grecque, dignes successeurs de la police de Bourantas, commandant de police et fidèle collaborateur des Allemands pendant l’occupation. Ils les payent pour tabasser les travailleuses du nettoyage qui demandent de la nourriture pour leurs enfants, les résident-e-s de Keratea et de Chalcidique qui luttent pour empêcher la destruction des terres où ils et elles habitent, les étudiant-e-s et lycéen-ne-s qui exigent une meilleure éducation. Ils torturent et incarcèrent les combattant-e-s qui se battent pour cette libération sociale tellement désirée. Nous serons toujours dans le camp opposé à celui de la répression d’État, solidaires de celles et ceux qui luttent et avec tous les groupes sociaux traqués et enfermés du fait de leur action et de leur lutte.
Avec nos humbles forces, nous voulons contribuer à ce que nos quartiers changent. A construire nos structures autogérées et solidaires, où les habitant-e-s de chaque quartier puissent reprendre les rênes de leur vie, décider sur leur quotidien à travers des assemblées populaires massives, loin et contre les logiques de délégation. En créant dans chaque zone des structures sociales autogérées qui puissent couvrir tous nos besoins de base en terme d’assistance médicale, d’alimentation et de santé. Par une assemblée populaire qui, avec des groupes de défense du quartier, des grandes milices populaires, chasse toutes les mafias et nervis armés qui ont depuis toujours garanti et protégé les intérêts de la classe dominante locale en terrorisant la société. Ceux qui disent « je fais mon travail » lorsqu’ils coupent l’électricité à une famille pauvre ou la menacent pour qu’elle rembourse les dettes contractées auprès des grands prêts des banques ne sont pas les bienvenus. Les bras armés du régime ne sont pas les bienvenus, les mafieux qui vendent de la came ne sont pas les bienvenus. Les usuriers contemporains qui achètent et revendent de l’or ne sont pas les bienvenus. Et ceux qui volent leur voisin-e qui vit aussi dans la pauvreté ne sont pas non plus les bienvenus. Nous voulons des quartiers solidaires et en lutte, avec des centres sociaux dans lesquels les gens puissent s’organiser et lutter chaque jour.
Dans ce pays, les mort-e-s et les prisonnier-e-s de la guerre de classe qui ont lutté, ont fini en prison et en sont mort-e-s pour les générations suivantes sont des milliers. Nous autres, en tant qu’anarchistes, et ayant vécu des incarcérations et des assassinats de combattant-e-s, ne laisserons pas faire en sorte que le processus historique de la guerre sociale et de classe s’interrompe. Il n’a pas coulé autant de sang pour que la classe dominante locale, ses amis de la Troika et les élites politiques et économiques internationales déterminent et détruisent nos vies. Nous ne laisserons pas nos quartiers devenir des déserts de pauvreté, de terrorisme d’État et des lieux où celles et ceux d’en bas se mettent les uns les autres des bâtons dans les roues.
Lutte permanente, massive et multiforme.
Faisons disparaître la peur, le défaitisme et le fatalisme.
Lorsque le peuple se retrouve face au danger de la tyrannie, il doit choisir les chaînes ou les armes.
Pas un pas en arrière.
Local antifasciste-antiautoritaire Dístomo
Alkiviadou. 81 – Ag. Panteleimonas
Le local est ouvert les mardi et les jeudi de 19 heures à 21 heures.
Cet espace se veut être un point de rencontrer, de communication et d’émulation pour celles et ceux qui souhaitent reprendre le contrôle de leur vie et de l’avenir du quartier, loin et contre les logiques de délégation, des partis et des institutions.