Mobilisation massive dans les prisons grecques depuis le 13 septembre – Rébellion dans la prison de Koridallos le 23 septembre

Depuis le 13 Septembre 2012, les détenus dans les prisons grecques mènent une nouvelle mobilisation de masse, qui concerne les règlements juridiques ainsi que les conditions de vie dans ces trous à rats. La résistance comprend des grèves de plateaux de la prison et d’autres formes de protestation. Dans certains établissements, les prisonniers sont en grève totale, en s’abstenant de salaires journaliers, tandis qu’ils mènent une grève partielle dans d’autres. En outre, dans certaines prisons la participation des détenus à la mobilisation est totale, alors qu’elle est partielle dans d’autres.

Le dimanche soir (23/09) – peu de temps après la manifestation de solidarité de membres de la famille, amis et sympathisants, qui avait été appelé à 17h00 devant la prison pour hommes de Koridallos – les détenus rebelles, luttant non seulement pour leur dignité, mais aussi pour les besoins élémentaires de survie. En particulier dans l’aile E, où les prisonniers ont refusé de retourner dans leurs cellules au moins jusqu’à 22h00, les escadrons anti-émeutes du MAT ont pris d’assaut la zone tampon (qui sépare la prison du quartier résidentiel avoisinant) tirant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

Plus tôt dans l’après-midi, environ 50 personnes se sont rassemblées en solidarité et sont restés pendant un certain temps dans le parc de la rue Grigoriou Lambraki, avant de réussir à atteindre un endroit proche de l’aile C de la prison (que l’on ne voit que de loin lors des rassemblements du Nouvel An). Une fois que les prisonniers aient sentis la présence de soutiens, ils ont commencé à scander des slogans, à frapper les barreaux et les portes, et brûler plusieurs objets qu’ils ont jeté par les fenêtres.

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Slogans entendus:
“La solidarité est l’arme du peuple, guerre à la guerre des patrons”,
“Donner à nos enfants leurs droits…”,
“La passion pour la liberté est plus forte que toutes les cellules de prison!”

Plus précisément, les soutiens ont monté une allée à l’autre côté de la prison des femmes, tourné vers la droite et à gauche sur les terrains de football et de l’école derrière, jusqu’à ce qu’ils soient à seulement 50 mètres de la clôture extérieure. Une escouade de police n’a pas empêché la manif, et donc les gens ont protesté depuis une position élevée, ayant quasiment un contact visuel avec les prisonniers se battant. Les détenus ont mis le feu aux vêtements, draps, couvertures, etc, serraient les poings à l’intérieur des cellules, chantaient et sifflaient très fort, les manifestants scandant des slogans pour la liberté. Cinq à six têtes par cellules étaient visibles (on doit se demander comment ils arrivent même à dormir ou se déplacer dans un espace aussi étroit).

La marche est restée au même endroit pendant une demi-heure, et quand les soutiens ont commencé à partir, les prisonniers brûlaient encore des draps et criaient des slogans, et ont soulevé leurs poings en signe de salut. On auraient cru qu’ils allaient démanteler les barreaux de la prison de leurs propres mains.

Vers 19h30, la mutinerie dans la prison de Koridallos s’était étendue, avec de grandes sections des ailes B et C en flammes, et un feu dans la cour de l’aile A. Les premières négociations entre certains détenus et l’administration ont suivi, mais la situation était déjà très tendue. Peu de temps après, une foule de forces de répression sont arrivés sur place (escadrons anti-émeute, des unités de motos, véhicules de patrouille, bus, etc), la police étant en état d’alerte et en attente d’ordres du procureur pour intervenir.

À environ 20h00, les gardiens ont fermé les portes de l’aile D et l’aile A a été également verrouillée à 21h00. Dans ce dernier cas, les prisonniers étaient restés une heure de plus hors de leurs cellules, parce que l’administration avait tenté de verrouiller les portes une heure plus tôt que prévu, et plusieurs détenus ont résisté à ces actes. Au 21h40, les hommes dans les ailes B et C ont aussi été contraints de retourner dans leurs cellules.

Cependant, l’agitation régnait dans l’aile E, avec la grève qui continue. Les prisonniers ont saccagé et détruit presque tout dans ce quartier. Ils ont même glissé dans la zone tampon et ont commencé à lancer une pluie de pierres qui sont tombées sur la rue, à l’extérieur de la clôture de la prison. Des dizaines de matons avec des matraques et des casques ont couru pour réprimer l’émeute. A 21h30 l’alarme avait déjà sonné. Selon des rumeurs non confirmées qui circulaient à ce moment-là, et depuis que de nombreuses arabophones sont incarcérés dans l’aile E, la rage peut avoir été déclenchée par les nouvelles de la répression d’une manifestation peu avant de musulmans, à midi, à Omonia, dans le centre d’Athènes (en fait, une manifestation religieuse contre un film anti-islam tourné aux Etats-Unis qui “offense le Prophète Mohamet”). Bientôt, les premiers gaz lacrymogènes ont été tiré par les flics et résonnaient dans la zone. Des unités anti-émeutes qui étaient déployées dans la zone tampon de la prison ont déclenché de violentes attaques, afin d’étouffer la rébellion des prisonniers dans l’aile E, à partir de laquelle il a également été dit qu’il y a eu des tentatives d’évasion.

De 23h00 jusqu’à 01h00, à la fois le quartier (qui a également été submergé de gaz) et les prisons étaient sous état de siège par les forces de police venues en masse, tandis que plusieurs prisonniers criaient “FOUTONS LE FEU PARTOUT…”. Dans le périmètre extérieur des installations, il y avait toutes sortes de flics qui ont essayé à plusieurs reprises d’infliger la peur aux résidents : à chaque fois que les gens étaient debout sur leurs balcons, les porcs criaient après eux, en disant que si les prisonniers sortaient ils les tueraient, qu’il y aurait des perturbations, que leurs maisons seraient endommagées, et ainsi de suite.

Plusieurs habitants sont restés sur les balcons des immeubles voisins malgré l’intimidation. A 03h00, des gens ont entendu des coups de feu : les gardiens de prison qui patrouillaient à l’extérieur ont tiré environ 10 coups de feu en l’air. Peu de temps après, les émeutes se sont terminées. Mais la lutte des prisonniers continue …

Prochain rassemblement de solidarité devant la prison de Koridallos :
Dimanche 30 Septembre à 17h00

Satisfaction immédiate des revendications des prisonniers

Solidarité avec les otages de l’État dans cette lutte
Liberté pour tous les hommes et femmes emprisonnés dans les geôles

Informations en grecs sur ces faits : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7

Traduit en collaboration avec le Chat Noir Émeutier

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