Athènes, 12 mai : Un immigré du Bangladesh poignardé à mort très vraisemblablement par des voyous fascistes ; 5000 personnes manifestent contre la répression policière ; les pogroms fascistes envoient toujours plus d’immigrés à l’hôpital

Dans les premières heures de ce jeudi 12 mai, un immigré du Bangladesh a été poignardé à mort dans le quartier de Kato Patissia, à Athènes. La victime a été mortellement poignardée, très probablement par des voyous fascistes, lesquels ont lancé une série d’attaques dans le centre de la ville suite au meurtre d’un homme grec dans la nuit de mardi (10 mai), au carrefour des rues Ipirou & Tritis Septemvriou. Cet incident a été ensuite utilisé par les néonazis pour commencer leurs menaces meurtrières.

Des témoins visuels rapportent que les meurtriers chassèrent cet immigrant de 21 ans  dans le quartier et parlaient grec. Seulement pour la nuit de mercredi (11 mai) les voyous fascistes qui parcoururent les quartiers centraux d’Athènes, ont blessé au moins quinze personnes dont la plupart furent hospitalisées.

Le 12 mai eut lieu une manifestation à la mémoire du père de 44 ans poignardé à mort, durant laquelle beaucoup de fascistes attaquèrent des immigrés. Ces incidents eurent lieu près de la place d’Omonia  avec la tolérance totale de la police. Les blogs parlent de 1000 à 3000 personnes mais le chiffre de 500 est plus probable.

Entre midi et le début de soirée du même jour, les néonazis ont tenté de faire des ratonnades anti-immigrés dans le centre d’Athènes.

Pendant cela, une manifestation appelée dans la ville en réponse aux attaques policières meurtrières du 11 mai contre la manifestation de la grève générale, a rassemblé environ 5000 personnes.

Des affrontements entre les antifascistes et les immigrés d’un côté et de l’autre les fascistes et la police antiémeute eurent lieu en ville alors que la manif était sur le point de partir de Propylées. Vers 18h25 (GMT+2) plusieurs dizaines de fascistes soutenus par des unités antiémeutes ont essayé d’attaquer le squat Villa Amalias près de la place Victoria. De nouveau, les squatters défendirent Villa Amalias avec succès et repoussèrent les néonazis. La police antiémeute répondit par des tirs de lacrymos afin de permettre aux néonazis de s’échapper. Plus tôt, en face de l’Ecole d’Economie d’Athènes, des néonazis furent chassés par des compagnons antifascistes.

Pendant la manifestation anti-répression la foule fut une nouvelle fois attaquée par les forces antiémeutes au même endroit où le manifestant de 30 ans, Yannis K., fut  sauvagement frappé par la police le mercredi. Ce dernier est encore dans le coma artificiel et combat pour survivre. Il est prévu d’avoir un point sur son état de santé dans la journée de vendredi (13 mai).

Des rassemblements contre la répression lors de la manifestation de la grève générale de 11 mai eurent lieu à environ 17 villes en Grèce, l’après-midi du 12 mai.

Selon Indymedia Athènes, dans la ville de Réthymnon, sur l’île de Crète, deux albanais furent brutalement frappés par 5 néonazis. Un parmi eux a été hospitalisé ayant des blessures du crâne viscéral et une fracture du nez tandis que la condition du deuxième immigrant est moins sévère. L’attaque eut lieu dans une zone de parking située au centre de Réthymnon lors que les immigrés essayaient de se rendre à leur voiture.

sources: athens indymedia/ occupied london/ eagainst

« ASSASSINS ! »

Trois putains de jours… ! Je trouve un moment pour vous envoyer quelques nouvelles à chaud complètement crevé et dépassé par les événements. Le premier mot qui me vient c’est δολοφόνος (assassin) comme la banderole sur le bâtiment que nous avons occupé hier. Les assassins ce sont les flics et les fachos.

Ces sales journées ont commencé mardi matin par un tragique fait divers où un mec est mort d’un coup de couteau, agressé pour un vol de caméra, une sale histoire. Le problème c’est que les néo-nazis ont sauté sur l’occasion. Ce même mardi 100 à 150 fachos ont déambulé dans les rues en tirant profit de ce drame. Ils se sont dirigés vers Skaramanga (un des squats les plus actifs d’Athènes) qu’ils ont attaqué — situation qui pourrait paraître surréaliste mais malheureusement fréquente ici — AVEC les flics (les personnes en civil sont des fachos). Suite à ça nous (anarchistes) nous sommes regroupés à Polytechnique histoire de décider quoi faire, les fachos sont toujours dans les rues, mais il est déjà tard et il nous faut des forces le lendemain il y a une grève générale… Des gens ont veillé toute la nuit devant Skaramanka et Villa Amalias (un autre squat anarchiste très actif).

Pour ma part je vais me coucher il me faut des forces pour tenir la journée qui s’annonce chargée. Au réveil les nouvelles ne sont pas bonnes, les fachos ont balancé un cocktail sur un bâtiment où vivent des immigrés et ont agressé trois personnes pendant la nuit, qui ont réussi à s’enfuir…

La manifestation commence, il n’y a pas énormément de monde et pas une énergie folle. Faut dire que la dernière grève générale était il y a deux mois, le 23, et la précédente le 15 décembre, les syndicats maîtres du calendrier de ce genre d’événement doivent avoir peur de faire mal à l’économie du pays si fragile… Une grève tous les deux mois pour sortir la rage accumulée puis retourner courber l’échine au boulot, déprimés un moment mais dans deux mois on remet ça, merde c’est l’été ben à la rentrée ! Une petite piqûre d’anti-dépresseur tous les deux mois c’est pas mal ça calme un peu puis ça fait somnoler…

Pas grand monde donc à cette manif 40’000 personnes pour 100’000 le 23 février c’est peu puis pas énormément d’énergie, mais on fait quand même la marche, la même que d’habitude. On remonte les grand boulevards, jusqu’au parlement puis on retourne vers notre point de départ. Oui sauf que cette fois à peine le parlement passé on se fait attaquer par les flics, sans raison ces gros porcs chargent, avec une violence incroyable, on croit entendre une mitraillette tellement la pluie de lacrymos est forte, énormément explosent à la seconde. Puis les charges, sur la manif compacte, il est presque impossible de se dégager, les malchanceux qui ne peuvent pas se dégager sont roués de coups gratuitement (article et vidéo) (photos).

On se barre, on va se réfugier à Exarchia la rage en nous pourquoi cette attaque, la rage monte, des émeutes se déclenchent dans le quartier, des barricades aussi se montent. Les flics déployés en surnombre arrivent rapidement dans le quartier. Une centaine de fachos aussi. La situation est étrange, insupportable, les fachos sont concentrés dans une rue, les flics bloquent toutes les autres. Je me sens dans une ville occupée, par des porcs avec ou sans uniforme. Si les fachos en infériorité numérique n’osent pas attaquer, les flics lancent charge après charge, interpellent quelques personnes, mais préfèrent défoncer. À quoi bon interpeller les gens, les possibilités de poursuites sont incertaines, et puis exploser la tête de quelqu’un c’est plus rigolo ! La situation dure plusieurs heures, avant de se calmer. Bilan une centaine de personnes hospitalisées dont trois qui durent se faire opérer et une dans état toujours critique. Une trentaine d’interpellations, mais seulement douze personnes ont des charges contre elles toutes les autres sont relâchées dans les heures qui suivent. Bilan, bilan mais à 18h l’heure n’est pas encore au bilan si à tous les coins de rues il y a 100 flics les fachos n’ont pas dit leur dernier mot. Nouvelles attaque de squat cette fois c’est Villa Amalias qui est visé, la charge est une nouvelle fois repoussée, une seule personne est blessée dans nos rangs (pas de nouvelles mais après la charge le mec ne voyait plus d’un œil).

Le soir à l’assemblée des anarchistes la décision est prise d’organiser une manif antirep le lendemain et surtout d’occuper un bâtiment (photo de la manif et de l’occupation où le drapeau grec a été changé par un drapeau rouge et noir ! sur la banderole est écrit « assassins » dolofonoi) (texte de l’occupation).

La journée se termine pour moi, je suis au bout, crevé, assez dépité et je veux reprendre des forces pour aller le lendemain. Une nouvelle fois au réveil les nouvelles de la nuit ne sont pas bonnes, un immigré s’est fait tuer ! Nous occupons donc le bâtiment toute la journée, nous préparons les banderoles, tracts, etc. pour la manif et compagnie. Les fascistes se rassemblent dans l’après-midi, soutenus par un flippant nombre de personnes ils sont environ mille sur la place Omonia ! Peu avant que la manif ne commence Villa Amalia est à nouveau attaqué, l’assaut se fait repousser, des combats contre des fafs ont lieu de ci et là dans la rue, un faf se fait désarmer de la HACHE qu’il portait, puis humilier après être défoncé, il se fait non seulement prendre sa hache mais aussi son pantalon !

La manif commence, nous sommes environ 5 à 6000, avec la rage, les flics font profil bas, le scandale de la veille les muselle un peu, ils ne tireront qu’une dizaine de lacrymos et ne chargeront qu’une fois sans trop de dégâts. Cette manif est beaucoup plus puissante que la veille, l’ambiance est déterminée, pas mal de banques reçoivent des coups…

Puis la manif se termine sur notre lieu d’occupation (où nous bénéficions de l’asylum : interdiction aux flics d’intervenir) quelques combats avec les keufs se poursuivent.

Une nouvelle assemblée commence pendant qu’à l’extérieur il y a toujours quelques fights. Et puis la nouvelle tombe, beaucoup de nouvelles personnes — immigrées — ont été attaquées par les fafs ! L’ambiance s’électrise dans l’assemblée, que faire ? La situation est de plus en plus tendue, puis une autre nouvelle : une nana qui participe à un squat s’est faite agresser à coup de couteau devant chez elle. Nous apprenons plus tard que des livres l’ont sauvé des fascistes, que les coups qui lui ont été mis dans le dos ont été amortis par les bouquins qu’elle avait dans son sac ! Une nouvelle fois à bout de fatigue et d’usure morale je rentre me coucher avant la fin de l’assemblée qui décidera d’arrêter le squat du bâtiment.

Voilà la situation ce matin je ne suis pas en mesure de vous en dire plus pour le moment, si ce n’est que cette nuit deux autres immigrés ont été attaqués par les fafs, qu’ils sont à l’hosto et qu’un d’eux a le nez cassé et un traumatisme cérébral/viscéral ?!

Putain de climat ! La situation est folle et dégénère complètement, je vous écris ces quelques lignes en avouant être complètement dépassé par la situation jamais vue, dramatique le bilan est d’un mort et de plus d’une centaine de blessés, que la ville est occupée par des milliers de porcs avec des couteaux ou des matraques. Qu’on évite de se déplacer seul, qu’avant de traverser la route on regarde à gauche si il n’y a pas de flic et à droite si il n’y a pas de fachos ! (à suivre…)

D’autres photos. Vidéo. 13 mai 2011 – 11h14.

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