“Afin de nous libérer de la dette, nous devons détruire l’économie”
Le spectacle politique et financier a désormais perdu toute confiance. Ses actes sont entièrement convulsifs. Le gouvernement “d’urgence” qui a pris en charge le maintien de la cohésion sociale a échoué à préserver le travail, et en même temps le pouvoir d’achat de la population. Les nouvelles mesures, avec lesquelles l’État vise à assurer la survie de la nation grecque dans le monde financier international, conduisent à une suspension complète des paiements dans le monde du travail. L’abaissement du salaire minimum, maintenant aussi fait de papier, vient à point nommé s’ajouter à la suspension totale de toute forme de salaire direct ou social.
Chaque coût de notre reproduction disparaît. Les structures de santé, les espaces d’enseignement, les aides sociales et toutes les choses qui nous rendaient productifs/ves dans le système dominant sont désormais une chose du passé. Après nous avoir entièrement vidés, ils nous jettent maintenant directement dans la faim et la paupérisation.
La sécurisation de l’abolition de toute forme de salaire, sur le plan juridique, s’effectue via la création d’un “compte spécial fermé”. De cette façon, l’État grec assure que le stock monétaire sera utilisé exclusivement pour la survie du capital, au détriment même de nos propres vies. Le poids de la dette (pas de l’Etat, mais de ce qui est inextricablement contenue dans la relation du capital) se balance au dessus de nos têtes, menaçant de nous tomber dessus et de nous éteindre.
Le mythe de la dette. Le discours patriotique dominant promeut l’idée d’une dette grecque, en la posant comme une question transnationale. Il crée l’impression que certains usuriers apatrides ont ciblé l’État grec et que notre “bon gouvernement” fait tout ce qu’il peut pour nous sauver, alors qu’en réalité qu’il vise à nous éteindre, se comprenant lui-même comme partie du capital monétaire international.
Contre cette fausse conception nationaliste, la dette est à la fois le résultat et une partie indissociable de l’économie politique, un fait que les patrons ne connaissent que trop bien. L’économie est basée sur la production de la pénurie, par de la création de nouveaux champs de rareté (c’est à dire la création destructrice, avec toujours, des conséquences négatives à long terme). La dette et la culpabilisation se diffusent et domineront la société aussi longtemps que la propriété, la routine de la consommation, le marché et l’argent existeront.
Quand nous disons que la crise est structurelle et systémique, nous entend par là que les structures de l’économie politique ont atteint une fin, que leur cœur a été attaquée – et que ce coeur est le processus de production de valeur. Il est clair que pour le capital, nous sommes dispensables (voir la montée en flèche des chiffres du chômage) et que, à ce point, la reproduction de la force du travail est simplement un obstacle dans le processus d’accumulation du capital. La crise monétaire de la dette, qui signifie le remplacement des salaires par des prêts, et l’incapacité d’émettre des prêts, dirige le système dans un cercle vicieux de non-durabilité.
Ceci se produit parce que c’est la valeur même du travail qui est remise en cause, et qui est cette même relation à travers laquelle ceux et celles d’en bas pourraient s’insérer dans les rôles du système.
Nous faut-il alors nous diriger vers le socialisme et l’économie “populaire”? Tous les types de professionnels et dirigeants syndicaux pseudo-populaires cultivent leurs propres illusions et leur sortie politique au sein du système et de l’économie politique actuelle. Ils pourraient parler de nationalisation des banques, cela pourrait prendre la forme d’un lifting du libéralisme rationnel. Souvent, cela prend même la forme de la récupération et de l’alternative «d’esprit révolutionnaire». D’autres fois, nous entendons parler de développement durable, de décentralisation écologique, de démocratie directe et le fétichisme des formes politiques.
Alors que le marché lui-même, et les intervention de l’Etat ne parviennent pas à donner quelque perspectives que ce soit, la politique-spectacle continue à promouvoir toutes sortes de produits tels que l’économie populaire et l’autorité des socialismes d’Etat. Les mythologies des différentes dictatures du prolétariat survivent à une époque où les masses de ceux et celles qui sont exclu-e-s de la production, des institutions, les chômeurs/euses, échouent à fournir une clientèle fiable aux partis politiques et aux syndicats. La position politique réactionnaire des capitalismes d’État a été remplacé par un commerce creux de l’idéologie.
La guerre sociale ne connaît pas de frontière. Certains, au milieu de la crise, voient une re-contextualisation, un redécoupage des enceintes nationales. Le corps national et les racistes de toutes sortes semblent y voir une opportunité pour cibler les immigré-e-s, lancer des attaques et des pogroms et promouvoir le racisme institutionnel de l’Etat grec. Pour eux, leur résistance est peinte aux couleurs nationales; ils luttent comme Grecs, et non pas comme ennemis de l’exploitation et de la répression sociale à laquelle ils sont confrontés.
Nous avons sciemment choisi notre camp, croyant que toute présence d’un symbole national ou d’un drapeau national appartiennent au camp de l’ennemi, et nous sommes prêts à le combattre par tous les moyens nécessaires. Parce que les nazis de l’Aube Doré, les nationalistes autonomes et autres fascistes ne cherchent à promouvoir qu’une communauté purement nationale comme solution, les attaques préventives contre eux et la solidarité pour les immigré-e-s sont une condition nécessaire à toute perspective radicale.
La seule solution est la révolution sociale. Contre tout ce qui a précédé, nous proposons une révolution sociale, que nous considérons comme la seule solution pour avoir une vie, et non mettre à nue la survie. Cela signifie se soulever contre toute institution financière et politique. Cela exige, par la voie de la révolte, de prendre des mesures telles que l’abolition de l’Etat, de la propriété et toute sorte de mesurabilité, la famille, la nation, l’échange et les rôles sociaux de sexe. Pour que nous puissions étendre la gratuité et la liberté à travers toute la vie sociale.
C’est ce que signifie la révolution ! Apporter à cette direction toutes luttes centrées sur les revendications salariales; toutes structures auto-organisées et assemblées, en particulier dans une conjoncture telle qu’en l’espèce, lorsque la forme politique-gouvernementale de la crise systémique peut conduire à une explosion sociale.
Manifestation à 18 heures, Propylées.
Assemblée ouverte de la faculté de droit occupée immédiatement après la manifestation.