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Italie : Sur la répression à Turin

Ce texte a été écrit avant les dernières arrestations du 9 décembre 2013.
Place nette ?

« Place nette ». Ainsi pourrait s’appeler, si elle avait un nom, l’opération que depuis avril dernier préfecture et parquet de Turin mènent contre des compagnons qui vivent et luttent principalement dans les quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo. Pourrait parce que, à la différence d’autres opérations judiciaires avenues ailleurs contre des anarchistes aux noms plus ou moins fantaisistes (Ardire, Mangiafuoco, Thor, Ixodidae, Outlaw, etc.) dans ce cas, les juges turinois ont, au moins pour le moment, choisi une autre voie. Plus discrète et anonyme, et qui pourtant ajoute quelques ingrédients à la recette de la répression en Italie.

Pas de « grosse enquête » qui implique un grand nombre de compagnons et les charge d’un délit associatif soutenu, la plupart du temps, par différents délits spécifiques, mais beaucoup d’enquêtes plus petites avec des chefs d’inculpations spécifiques pour lesquelles sont demandées et obtenues des mesures judiciaires de différents types. Non pas que ‘la grosse enquête » ait disparu de la projectualité de la préfecture : celle-ci continue probablement d’être proposée régulièrement et sans vacarme à la magistrature, car d’un côté elle justifie l’infinie prolongation des écoutes téléphoniques et ambiantes contre les compagnons, et de l’autre elle représente une carte à garder toujours prête. Pour donner un exemple turinois : le coup de filet de février 2010 avec lequel on accusait des participants à « l’assemblée antiraciste » de la ville d’association de malfaiteurs a été déclenchée tout juste deux mois après l’échec de frapper certains d’entre eux avec la surveillance spéciale. Les deux procédures avaient été montées parallèlement, une dans l’ombre et l’autre à la lumière du soleil : l’une ayant échoué, l’autre a été relancée. Évidemment nous ne saurions dire avec exactitude quelles cartes ont en main préfecture et tribunal en ce moment, ni plus comment ils les joueront cette fois (si l’une est l’alternative à l’autre, ou si l’une prépare le terrain de l’autre, par exemple). Mais nous pouvons identifier les particularités innovantes de ces dispositifs répressifs quand ils apparaissent.

Dans notre cas, par exemple, un quelconque délit de rébellion – imputé pour avoir tenté d’empêcher la police d’embarquer un ami ou un compagnon – assaisonné d’autres accusations comme blessures, violence ou vol avec violence selon le goût des juges, est repêché après quelques semaines et grâce à l’entente entre préfecture, procureur et juge d’instruction transformé en prison, résidence surveillée, obligation ou interdiction de territoire, signatures, selon le goût des juges. Les épisodes reprochés sont en général assez légers c’est pourquoi les mesures de détention (prison et résidence surveillée) prennent fin assez rapidement, mais pas les autres mesures qui, moins restrictives, sont scellées par des clauses plus flexibles, qui permettent une plus grande « insouciance » aux juges et reste ainsi en vigueur pendant des mois.

Pour qui a eu la « chance » de ne pas avoir été chassé de la ville, mais de s’être vu appliqué l’obligation de rester sur le territoire de Turin ou d’y signer, les juges adoptent actuellement un autre stratagème : au premier nouveau délit constaté la mesure peut être aggravée et transformée en prison ou résidence surveillée. La situation de Marianna et de Simona –incarcérées une première fois pour l’occupation de l’Unep, libérées immédiatement avec une obligation de signature puis ré-incarcérées parce qu’elles ont continué à participer à des initiatives et donc à être accusées de nouveaux délits– est exemplaire. Mais il n’est pas strictement nécessaire que le nouveau délit soit identique, ou même seulement similaire, à celui pour lequel elles étaient obligées à Turin, comme le démontre par ailleurs, plus récemment, la situation de Niccolò, qui, déjà soumis à une obligation de rester sur le territoire pour rébellion, a été arrêté pour vol et donc incarcéré suite à une aggravation de la mesure. Une fois découvert le mécanisme et des opérations similaires se succédant les unes aux autres, la préfecture a réussi à éloigner une quinzaine de compagnons des luttes turinoises aux moyens d’expulsions et d’interdiction de territoire. Continue reading Italie : Sur la répression à Turin

Suisse: Marco Camenish, Silvia et Billy grève de la faim contre la réunion du Forum économique mondial annuel à Davos

Ceci est un tract (en italien) qui a été distribué pendant la manifestation contre le Forum économique mondial (WEF) à Berne le 21 Janvier, 2012.

Les camarades du Squat Villa Vegan à Milan, en Italie, traduisent les communiqués de Marco, Silvia et Billy au sujet de la grève, ils seront donc bientôt disponibles.

Les trois anarchistes verts emprisonnés dans les prisons suisses ont décidé de se joindre à la semaine de mobilisation contre le Forum économique mondial, qui aura lieu en Suisse au cours de ces journées. Marco et Silvia mènent une grève de la faim pendant 10 jours (20-30 Janvier 2012). Billy en s’abstenant de manger la nourriture de la prison et en refusant de travailler (le travail est obligatoire dans les prisons suisses), afin de protester contre le F.E.M, mais aussi comme une réponse à leurs conditions de détention, plus précisément pour la libération de Marco Camenisch en mai 2012 et contre les vitres de séparation durant les visites d’ami-e-s.

Marco Camenisch a été incarcéré en Suisse en 1991. Il a toujours été actif dans les luttes des anarchistes verts. Silvia et Billy ont été arrêtés, avec Costa, en avril 2010 à Zurich pour avoir tenté d’attaquer à l’explosif le centre de recherche nanotechnologique d’IBM nouvellement construit.

Nous ne sommes pas surpris par le fait que cette année dans le calendrier du F.E.M, soient également traitées les nanotechnologies, parce que, comme tous les systèmes technologiques et plus encore les nouvelles technologies (nanotechnologies, biotechnologies et de la cybernétique) ne sont pas neutres, mais soumises à ceux qui gèrent l’économie, et un autre outil dans les mains de ceux qui détiennent le pouvoir.

Alors que les chefs de gouvernement et les patrons des sociétés répondent les uns aux autres pour imposer le nouveau développement économique mondial, à l’intérieur les experts des laboratoires et des chercheurs étudient la création de nouveaux moyens leur permettant d’augmenter le contrôle social, de renforcer leurs soldats, d’essayer de rendre nos vies encore plus artificielles et automatisées, jusqu’au point de manipuler le vivant; des manipulations qui provoquent des effets dévastateurs et irréversibles dans la terre et sur les équilibres humains et pour les animaux non-humains.

Nous lutterons toujours contre ceux qui font tourner la terre dans un monde de plastique et de béton, de marchandises et de technologies, d’industries et de bureaux: un monde dépourvu de vie.

Contre l’État et le capital qui, avec leurs logiques d’exploitation dominantes et réduisant les êtres humains à l’état d’esclaves, les animaux à de la marchandise et de la planète à être une source infinie de choses à saccager.

L’occasion du F.E.M ne peut que renforcer notre rage et le désir de continuer à lutter, dans les prisons à l’intérieur et à l’extérieur.

Solidarité avec les prisonniers en grève de la faim !
SOLIDARITÉ AVEC MARCO, SILVIA, BILLY ET COSTA

– Manif anti-FEM : Berne assiégée, arrestations massives
– Marco Camenish : sortie conditionnelle refusée