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Montréal, Canada : Deux statues de la reine Victoria vandalisées

Communiqué anonyme original produit par le Brigade Henri Paul* contre la monarchie, partagé avec sub.media

18 mai 2018, Montréal – Quelques jours avant la Fête datée et insultante commémorant la reine Victoria, deux statues importantes érigées en hommage à la reine Victoria furent vandalisées pendant la nuit du 17 au 18 mai à Montréal.

Le monument Victoria au centre-ville de Montréal (érigé en 1872), ainsi que la statue de bronze sur la rue Sherbrooke (érigée en 1900) à l’Université McGill, ont été arrosées avec de la peinture rouge.

Cette action se base en opposition au colonialisme et à l’impérialisme, et exprime également une aversion envers la monarchie britannique parasitique (ainsi qu’envers toute monarchie). De plus, nous nous inspirons directement du vandalisme récent (avec peinture verte) des mêmes statues de la reine Victoria à l’occasion de la Saint-Patrick ce mars dernier, action revendiquée par la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin.

Pour la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin, ces statues représentent “un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche.”

Les statues de la reine Victoria devraient être ôtées de l’espace public et placées dans un musée en tant qu’objets historiques. Les statues et les monuments publics ne devraient pas représenter l’oppression. La présence de statues commémorant la Reine Victoria à Montréal est, pour citer la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin, “une insulte aux nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.”

Ces statues sont également insultantes pour les gens qui représentent les luttes irlandaises progressistes, ainsi que pour les Québécois.es. Par contre, nous dénonçons les “Québécois.es de souche” racistes et anti-immigrant.es au Québec (les souchebags) qui tentent de s’approprier l’héritage des patriotes pour mieux représenter leurs idées néo-fascistes.

Contexte important: notre action d’hier soir contribue à une nouvelle tradition de ciblage de symboles et monuments coloniaux pour qu’ils soient vandalisés et, éventuellement, enlevés: Cornwallis à Halifax, John A. Macdonald à Kingston et à Montreal, le mouvement Rhodes Must Fall en Afrique du Sud, la résistance aux monuments Confédérés aux États-Unis, et bien d’autres encore.

Pour encore citer la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin: “Notre action est une expression de solidarité anticoloniale et anti-impérialiste, et nous encourageons d’autres gens à entreprendre des actions semblables contre des monuments et symboles racistes qui ont leur place dans des musées, et non dans nos espaces publics partagés.”

— Communiqué par le Brigade Henri Paul* contre la monarchie

* Henri Paul était conducteur du Mercedes de luxe qui transportait la Princesse Diana lors de son accident mortel à Paris en 1997. Chaque membre de la monarchie britannique mérite un conducteur français saoul.

[Montréal] Pour la multiplication des balades : quelques réflexions sur la balade d’Hochelag’ contre la police – 14 avril 2016

Après avoir participé à ce qui a été appelé comme une manifestation contre la police à Hochelaga jeudi le 14 avril, on a eu envie de sortir quelques réflexions hors de nos salons, vers les vôtres peut-être…

Premièrement, on a été fucking content-es de voir circuler un flyer qui appelait à une manifestation de quartier à Hochelag’. On a envie de pouvoir participer à des moments de lutte dans le quartier et pas uniquement au centre-ville et/ou dans des manifestations appelées sur Facebook.

On peut clairement déjà souligner que la manif a plutôt feelé comme une action que comme une manif, parce qu’il n’y a qu’une trentaine de personnes qui ont répondu à l’appel. Est-ce que ça aurait pu être une manif avec la manière dont ça a été appelé? Probablement pas. Ça a l’air difficile de faire circuler des flyers subtilement, moins d’une semaine à l’avance, et d’avoir une centaine de personnes qui se pointent. Mais on n’a pas envie que les gens doivent appeler ça une action non plus, autrement on a l’impression que l’invitation ne pourrait pas être publique (pour des raisons de sécurités) et qu’il y aurait un objectif clair – que les gens doivent suivre. Alors, on tombe dans le cul-de-sac du tryptique typiquement montréalais manif/action/manif-action. On ne feel pas que ce qui s’est passé est une manif, et on a pas envie que ça doive être appelé comme une action. On propose d’employer un autre terme pour ce genre de marche offensive : une “balade”. Ça garde l’idée d’une marche, qui pourrait être errante, et on lui ajouterait la connotation d’offensivité – peu importe la forme que pourrait prendre cette offensivité. Et l’invitation peut être lancée publiquement, et les gens savent qu’ils ont la place dans la balade pour avoir leurs propres initiatives. La balade est ouverte comme la manif, offensive comme l’action.

Poursuivons.

Comme ce moment a été appelé comme une manif dont l’offensivité n’était pas précisée, la situation manquait de transparence pour les gens qui sont venus y participer – ce qui est dangereux pour tout le monde. Le flou du call a fait en sorte qu’une partie des gens qui se sont présenté-es n’étaient pas préparé-es adéquatement pour ce genre de moment. Non seulement il aurait mieux valu mentionner sur le flyer que les gens avaient tout intérêt à venir participer à un black bloc, ou à porter des vêtements qui permettent de dissimuler leur identité. Cela aurait d’ailleurs permis aux gens de s’attendre à participer à une manifestation combative. Si on comprend que les gens ne veulent pas nécessairement révéler les détails de ce qu’illes ont en tête lorsqu’ils lancent une invitation, on pense quand même que les gens devraient avoir un minimum d’informations pour décider de manière éclairée s’illes veulent participer, et si c’est le cas, pour pouvoir se préparer mentalement et physiquement. C’est une question de sécurité, de confiance, et ça reste déterminant dans le long-terme pour nos capacités à tenir ce genre d’offensive.

Aussi, le point de départ de la manifestation était hautement problématique. Une trentaine d’êtres humains masqués dans un parc, ça a de quoi faire freaker les voisins, et voilà comment on se retrouve avec deux chars de flic sur le dos avant même le début de quoi que ce soit. Il faudra à l’avenir trouver des endroits plus subtils où se rassembler sinon le même scénario va se répéter. D’ailleurs, c’est parce que les flics se sont pointé dès le début que les gens qui avaient des informations à donner n’ont pas pu le faire – ou de manière vraiment rushée et même criée alors qu’on tentait de gagner la rue Darling pour monter jusqu’à Ontario. Avoir un meilleur point de départ aurait probablement pu résoudre jusqu’à un certain point le manque de transparence du tract.

Props à la gang, d’ailleurs, puisqu’on a su rester ensemble dès ce moment où les flics sont arrivés sur nous. On a la vive impression que si tout le monde s’était dispersé dès le début, il y aurait eu des arrestations. Le fait qu’on aille décidé de continuer ensemble, de se faire confiance, et de suivre les indications vers le point de sortie aura clairement sauvé bon nombre d’entre nous de se faire arrêter.

Props à tout le monde d’avoir chargé les flics pour désarrêter la personne qui avait été attrapée par la police.

Props à tout le monde pour la férocité et la violente ténacité qui a permis de tenir les chars de flics à distance du groupe pendant que les vendeurs de condos Royal Lepage étaient attaqués et que les gens trouvaient le moyen de se sortir d’un éventuel guet-apens policier.

Props d’avoir attaqué la flicaille de merde qui permet à ce monde-prison de tenir contre nous.

Props à une balade à Hochelag’. En espérant qu’on trouve toutes sortes de stratégies pour continuer l’offensive.

On s’voit dans l’prochain black bloc!

Xox

en anglais

Laval, Québec : Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es

Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es, pour dénoncer les conditions de détention et démontrer la solidarité avec les détenues transférées de Tanguay à Leclerc.

19 mars 2016 (Laval, Québec) – Plus de 50 personnes se sont réunies pour une manifestation de bruit devant la prison Leclerc à Laval pour exprimer leur solidarité avec les détenu.es : En février passé, sans grande couverture médiatique ou indignation de la population générale, les prisonnières du centre de détention Tanguay d’Ahuntsic ont été transférées à la prison Leclerc, une prison pour hommes à Laval, comme conséquence des mesures d’austérité imposées au Québec.

Dénonçant les conditions dans la prison, les participant.es à la manifestation ont lu des textes contre le système carcéral et sa relation avec le colonialisme, le patriarcat, la suprématie blanche et le capitalisme. Utilisant des feux d’artifices, de la musique, du bruit et des discours, Les manifestant.es ont envoyé leur message de solidarité à ces prisonnièr.es qui, enfermé.es loin du reste de la société et de leur famille, sont parmi les plus directement affecté.es par les mesures d’austérité et également les plus restreint.es dans leur possibilité d’exprimer une opposition aux mesures violentes et arbitraires du gouvernement.

Le 31 décembre 2015, les femmes de Tanguay ont publié une liste de demandes et ont récemment dénoncé la violence arbitraire et les abus qu’elles ont subis durant le transfert vers Leclerc. Elles vivent désormais des conditions plus difficiles qu’à Tanguay (leur manifeste est en ligne). Les auteures de ces demandes dénoncent le manque de nourriture adaptée à leurs besoins, de produits nettoyants et d’accès à des produits d’hygiène. Elles demandent également l’accès aux programmes de réinsertion, plus de temps dans la cours et des soins médicaux adaptés pour les personnes souffrant de dépendances.

« Les femmes qui demandaient des meilleures conditions à Tanguay et qui sont maintenant à la prison provinciale de Leclerc, font partie intégrale de la lutte contre l’austérité. Nous devrions connecter leur lutte à l’intérieur des prison avec nos luttes à l’extérieur », a dit Virginie Dubeau, une organisatrice avec le groupe Toute Détention Est Politique. « La vigile de ce soir est tenue en support de leurs demandes, pour la fermeture de toutes les prisons et pour mettre fin à la violence patriarcale. »

« La menace de la prison est utilisée pour confiner les gens dans les systèmes oppressifs du colonialisme, du capitalisme et du patriarcat. Les peuples autochtones, les personnes de couleur et les gens pauvres sont emprisonné.es de façon disproportionnée au Canada. » a expliqué Dubeau. « Dans les cinq dernières années, le nombre total de femmes accusées de crimes punissables par du temps d’incarcération a augmenté de 40%, alors que le nombre de femmes des Premières Nations emprisonnées a augmenté de 85% dans les dix dernières années. Cette réalité n’a rien à voir avec la soi-disant ‘augmentation des crimes’ (qui a en fait diminué); mais est plutôt directement reliée avec le profilage racial et la façon dont certaines populations sont gardées dans une précarité économique constante. »

Après le rassemblement devant Leclerc, les participant.es se sont réuni.es devant la prison Tanguay dans Ahuntsic pour une action symbolique contre toutes les prisons et centres de détention. Des silhouettes ont été attachées sur les clôtures pour commémorer les impacts des prisons sur les individu.es, les familles et les communautés, pour se rappeler la violence et les traumatismes causés par ces institutions et pour honorer la résistance et la résilience des personnes qui sont passé.es au travers du système carcéral.

Karine Tremblay, membre du groupe Toutes Détention Est Politique explique :
« Nous souhaitons tout d’abord mentionner que ce n’est pas une victoire, car les personnes qui y étaient détenues sont toujours prisonnières, dans une situation où leur conditions sont encore pires qu’elles l’étaient.
Toutefois, en gardant ça en tête, nous sommes réuni.es ici aujourd’hui afin d’utiliser le symbole d’une prison vide pour réaffirmer notre désir de voir tout le complexe industriel carcéral s’effondrer. Alors que ce système détruit nos communautés et renforce le statu quo d’oppressions, en persécutant tout ce qui n’est pas mentalement apte- blanc- cis-hetero-mâle et riche, nous comprenons qu’aucune demande ne pourrait produire cet effondrement, que seulement une résistance active peut réussir à nous libérer. »

Sous les slogans : ‘Fin aux prisons! Liberté et digité pour tou.te.s’, les organisateur.trice.s de la manifestation ont également invité les participant.es à penser à des alternatives aux prisons.

« Les prisons ne rendent pas nos communautés plus sécuritaires, elles les détruisent. Les prisons amplifient les réalités coloniales, racistes et patriarcales qui sont déjà partie de notre vie quotidienne au Canada, » soutient Tremblay.

Voir les statistiques ici. Pour toute information, contactez: toutedetentionestpolitique[at]riseup.net

Québec, Canada : Feux d’artifice du nouvel an à la prison des femmes de Joliette

Le 31 décembre en soirée, nous nous somme rendu à la prison fédérale des femmes de Joliette (la seule prison pour femme purgeant des sentences de plus de 2 ans au soi-disant Québec), dans la région de Lanaudière. Nous tenions deux banières avec les inscriptions: L'(A)MOUR POUR LA LIBERTÉ NOUS FAIT ENNEMI.ES DE L’AUTORITÉ et LA LIBERTÉ EST NOTRE ARME ABSOLUE. Nous avons lancé quelques feux d’artifice, avons pu communiquer avec les filles détenues et chanter notre solidarité. Plusieurs d’entre-elles sont sorties aux portes de leurs unités (petites maisonettes dans la court de la prison), ou sont allées à leurs fenêtres. C’était une première du genre à cette prison.

Solidarité avec tous les prisonniers en lutte

Jusqu’à ce que nous soyons tous libre

DÉTRUISONS TOUTES LES PRISONS ET CE MONDE QUI EN A BESOIN

en anglais

Lancement d’un nouveau groupe d’auto-média L’Aube épine – Épisode 1 publié

aubepine

Premier numéro de L’aube épine disponible ici : Épisode 1

SOMMAIRE : Lancement de l’Aube épine // Auto-médias
CANADA – ETATS UNIS : Serpents D’acier, Gaz De Schiste Et Genocide: L’explosion du réseau de pipelines en Amérique du Nord
QUEBEC : Plan Nord, Plan Mort? Pas encore!
GLOBAL : …Brèves… “Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend”
ECUADOR : Au Nom du Fioul // La XI Ronda Petrolera, ou comment transformer une forêt primaire en désert insalubre et dépeuplé. Résistances.
GUATEMALA : Crions Victoire A La Gueule Du Monstre Monsanto
GLOBAL : Brèves… Libération Animale!
ETATS UNIS : Neuf points sur pourquoi il est nécessaire de tout bloquer

Bonne lecture!

Lancement de L’Aube épine

Le capitalisme a toujours cherché de nouveaux territoires à piller ou à aménager. Pour assouvir sa soif insatiable de ressources, l’industrie est prête à utiliser tous les moyens. Car il est indispensable pour elle de produire toujours plus, d’augmenter sa capacité énergétique, de développer les flux de marchandises, d’exploiter encore davantage les terres, les mers et les êtres… Son impérialisme nous condamne à un monde pauvre et uniforme, tant à l’échelle des sociétés humaines qu’à celle des milieux naturels. Les dirigeants politiques, complices ou acteurs de cette destruction, menacent ceux qui s’y opposent, enferment et assassinent. Depuis leurs palais, ils cautionnent voire organisent le génocide de nombreux peuples dont l’existence est intimement liée à leur milieu environnemental.

Mais, partout ou presque, une partie du peuple prend conscience de l’avenir qu’ils nous préparent. Ces dernières années, des révoltes de grande ampleur ont secoué nombre de pays. De France, il paraît difficile d’être optimiste, à l’heure où le fascisme progresse, quand la répression policière et judiciaire s’amplifie… Mais, à l’échelle de la planète, les expériences de lutte et d’autogestion se multiplient, et c’est un phénomène qui va en s’amplifiant . Il nous faut lier entre elles ces expériences, les partager et les diffuser. C’est l’objectif de cette revue. Faire connaître les luttes à travers le monde, exploiter la complémentarité de nos moyens d’action et d’expression et provoquer des explosions de solidarité.

Vous trouverez le numéro fondateur de L’Aube épine dirigé vers les luttes en défense de la Terre. Sciemment, nous avons tourné nos recherches et nos sollicitations vers ces luttes car c’est d’abord ce qui nous semble le plus fédérateur. Bien qu’une majorité n’en ait pas conscience, chacun est concerné au plus profond de lui même par les attaques qui sont menées contre les écosystèmes et la biodiversité. Ce sont donc des luttes qui rassemblent différentes pensées, différents mode d’action, différentes espérances. Et loin de diviser ces luttes, la diversité amplifie la puissance qui les anime. Parce que, par exemple, les luttes environnementales étaient auparavant toujours et presque uniquement teintées de non violence. Nous avons déjà constaté, notamment sur les ZAD, que l’action et la résistance violentes peuvent s’unir à la non violence désobéissante de manière décisive. La complémentarité est une force.

En diffusant les espérances que chaque lutte nous procure, il nous semble également clair que des liens vont se créer. Qu’une solidarité encore plus large peut naître entre ceux qui combattent l’impérialisme. Que des personnes sensibles mais encore hors d’état de nuire au capitalisme pourraient se mettre en mouvement si ils prenaient conscience de leurs possibilités.

Dans ce sens, L’Aube épine a vocation à être traduite en un maximum de langues. Sentez vous libre de la diffuser comme vous l’entendez et de la traduire en quelle langue que ce soit. Pas de copyright, cela va de soi.

De même, ce numéro ne doit pas rester le seul. Nous cherchons des gens pour écrire, dessiner, créer dans un numéro à venir. Nous cherchons également des gens pour témoigner d’une lutte ou d’une bataille qu’ils auraient vécu, ou pour entretenir un lien de correspondance avec un lieu en lutte.

L’Aube épine n’a pas non plus vocation à se limiter à une revue. Dans un avenir plus ou moins proche, nous souhaiterions lancer des initiatives en terme d’auto-media sous des formes écrites, sonores et vidéos. Nous travaillons d’ores et déjà à mettre en place des solidarités concrètes entre les différents pays et continents.

Ecrivez nous, rejoignez nous!! Pour entrer en contact ou nous transmettre ce que vous souhaitez en terme d’infos, d’articles ou de traductions:

laubepine at riseup.net

Embrassades à toutes les personnes qui luttent et qui lutteront dans l’avenir.

Soyons sauvages.

Québec : manif de solidarité avec les sans-papiers au centre de rétention de Laval (nord de Montréal)

Vidéo en anglais (avec sous-titres en espagnol):
http://www.youtube.com/watch?v=2o9O89q3f9E

Le 11 août 2013, environ 100 migrants et leurs soutiens sont descendus dans la rue en direction du centre de rétention pour migrants de Laval juste à l’extérieur de Montréal, pour dénoncer la pratique du gouvernement canadien d’enfermer et d’expulser les personnes sans statut. La manifestation a été organisée en collaboration avec la Journée de la justice pour les prisonniers, qui a lieu chaque année le 10 août pour commémorer les vies de ceux qui luttent et meurent derrière les barreaux, et de réaffirmer l’engagement des personnes pour la suppression des prisons. Des gens sont venus en bus, d’autres à vélo, et quand ils sont arrivés, ils étaient déterminés à faire suffisamment de bruit pour que les migrants à l’intérieur du centre de rétention puissent entendre leur message.

Sur une journée donnée, de 400 à 500 migrants sont enfermés derrière les murs des centres de rétention à travers le pays. La dernière décennie a vu une augmentation significative du nombre de migrants détenus, avec 82.000 détenus sur 2004-2011 et un nombre supplémentaire de 13.000 détenus depuis 2011. Suite à la mise en œuvre des politiques de détention obligatoire par le projet de loi C-31, tous ce.lles.ux qui entrent par de soi-disant «moyens irrégulier» peuvent faire face à un an de détention.

Des silhouettes représentant des proches qui ont été raflés et des banderoles lumineuses ont été accrochés à la clôture. Des messages de solidarité en arabe, hongrois, espagnol, ourdou, anglais et français ont été lus à haute voix, tandis que des restes de vêtements ont été suspendus le long du mur, symbolisant la violence subie aux postes-frontières du monde entier.

Pendant le pique-nique, quelqu’un de l’intérieur a informé les organisateurs que, en raison de la manifestation, les heures de visite avait été annulées toute la journée, les prisonniers étant punis par l’annulation du temps de prière, tout en étant interdit de fumer et d’être confinés dans leurs chambres.

Exaspéré par ces nouvelles, les gens se sont précipités vers la clôture extérieure du centre de rétention et ont commencé à taper sur ses portes en métal. Peu après, la porte a été démolie et un groupe de manifestants a violé le périmètre et a réussi à exprimer leur rage directement à l’extérieur des bâtiments où les migrants sont en cage.

En fin de compte, aucune arrestation n’a été faite. Alors que l’acte d’abattre le mur était symbolique, c’était encore un pas en avant pour la destruction de tous les murs de prison et les frontières qui séparent les gens à travers le monde.

Source: Coop Média de Montréal, via Sabotagemedia

Collaboration du Chat Noir Émeutier

Québec : la grève générale continue !

Le plus gros mouvement de grève étudiante jamais vu au Canada bat son plein depuis maintenant 10 semaines consécutives. Présentement, ce sont plus de 170 000 étudiantes et étudiants qui sont en grève, dont plus de 85 000 en grève illimitée jusqu’à la victoire. Initialement opposé à la hausse de 75 % des frais de scolarité décrétée par le gouvernement (néo)libéral du Québec – la 2e hausse en 5 ans après plus d’une décennie de gel des frais – ce mouvement mené par les étudiant-e-s des niveaux universitaire et collégial, mais également par des anarchistes et autres militants radicaux non étudiants, est devenu le fer de lance de la résistance à l’agenda néolibéral canadien. Professeurs, syndicalistes, travailleurs et travailleuses de différents secteurs ont manifesté de façon active leur appui à ce mouvement massif et énergique qui, en retour, a su montrer sa solidarité avec différentes luttes, particulièrement contre l’imposition de tarifs supplémentaires dans la santé et contre le Plan Nord du gouvernement Charest, projet néocolonial qui vise à « développer » brutalement le Nord québécois, terre autochtone, à coup de mines et de barrages hydroélectriques.

Au plus fort du mouvement, plus de 300 000 personnes étaient en grève et, le 22 mars dernier,  une manifestation gigantesque a rassemblé environ 200 000 personnes dans les rues de Montréal, probablement la plus grosse manifestation de toute l’histoire (coloniale) canadienne. En plus des manifestations dans toutes les plus grandes villes du Québec, diverses actions directes,  des blocages, ainsi que des occupations ont été menées presque quotidiennement, souvent plusieurs fois dans la même journée. Ont notamment été visés le port de Montréal (4 fois plutôt qu’une !), plusieurs ponts et autoroutes, la tour de la Bourse, le casino de Montréal, ainsi que de nombreux bureaux ministériels. Sans compter les centaines d’actions quotidiennes, symboliques, théâtrales, musicales, graphiques, qui ont notamment permis de littéralement tapisser la ville de Montréal du symbole du mouvement : le carré rouge.

Dès les débuts du mouvement, la répression a été féroce. La police de Montréal s’est encore une fois illustrée par sa brutalité et sa haine des mouvements sociaux, frappant, gazant, emprisonnant, intimidant et blessant sérieusement un grand nombre de manifestants et manifestantes, mais aussi des professeurs solidaires, des journalistes et des passants. Du côté des administrations d’universités et de collèges, après une campagne de peur et d’intimidation au tout début du mouvement, refusant dans certains cas de reconnaître l’effectivité des mandats de grève des associations étudiantes locales et employant plutôt l’expression ridicule « boycottage des cours », ils essaient maintenant par tous les moyens de briser la grève, particulièrement dans les établissement qui participent au mouvement depuis le début, faisant planer le spectre d’une annulation pure et simple du trimestre d’hiver 2012. En désespoir de cause, ces deux dernières semaines, des recteurs d’université, des directeurs de collège et même des étudiant-e-s anti-grève ont eu recours aux tribunaux pour obtenir des injonctions empêchant le blocage physique des lieux par les grévistes, sous peine d’amendes extrêmement lourdes et même une possibilité d’un an d’emprisonnement. Face à une tentative évidente de judiciarisation du conflit, des centaines de personnes ont bravé ces injonctions, réussissant à faire respecter les mandats de grève par la force du nombre dans deux collèges. À l’Université du Québec en Outaouais (UQO) par contre, après un blocage réussi d’une journée lors de laquelle 200 personnes se sont barricadées dans l’un des pavillons, le surlendemain la police a arrêté plus de 160 personnes qui tentaient de bloquer l’entrée, dont des professeurs solidaires.

À l’Université de Montréal, une manifestation spontanée d’environ 600 personnes visant à défier l’injonction obtenue par le recteur s’est transformée en petite émeute lorsque les gens survoltés, aidés par des camarades encapuchonnés, ont brisé des portes vitrées pour s’introduire dans le bâtiment du rectorat, en ont chassé les gardes de sécurité, ont répandu de la peinture sur les murs et ont tenté de défoncer la porte en bois massif du bureau du recteur avec un bélier improvisé ! En quittant les lieux, la manifestation a fait un détour par le bureau du ministre des finances, le mettant à sac. Face à ce sursaut répressif et à la judiciarisation du conflit, il y a eu cette semaine une multiplication des actions directes anonymes : quatre bureaux de ministres ont été complètement saccagés, des sacs de briques ont été lancés sur les rails de 5 stations de métro, paralysant trois des quatre lignes du métro montréalais durant plus d’une demi-heure, des bombes fumigènes ont été lancées à l’intérieur d’une autre station centrale et des centaines de grillons ont même été lâchés dans les murs de l’UQO !

La lutte continue et entre dans une phase cruciale. Il est encore trop tôt pour faire un bilan de ce mouvement massif et multiforme, mais, au-delà des revendications à saveur (amère) sociale-démocrate, le regain de combativité qu’il a su impulser dans le climat politique morose de l’Amérique du Nord laisse entrevoir le début d’un nouveau cycle de luttes plus larges contre le néolibéralisme. Certain-e-s commencent même à parler d’un « printemps québécois » en référence aux révoltes arabes… De plus, ce mouvement a eu le mérite de soulever certains débats intéressants, notamment la question des moyens (critique de la non-violence dogmatique) et la pertinence d’une implication radicale dans les mouvements sociaux. En témoignent ce manifeste publié par des camarades anarchistes en lutte, ainsi que cette perle d’humour grinçant réalisée par le groupe radical Mise en demeure, en référence au pacifisme mou d’une certaine frange du mouvement étudiant, ainsi qu’à la violence policière qui a failli coûter un œil à un manifestant, le 7 mars  dernier :

Lien vidéo (chanson “Violence légitime, mon oeil !”) :