Category Archives: Prisons – Réclusion

[Italie] Furor Manet

reçu 14/08/18
FUROR MANET
  Septembre 2016, l’opération Scripta Manent, dirigée par le procureur de Turin Sparagna, conduit à la détention de 8, entre compagnons anarchistes (hommes et femmes).

L’accusation principale : la constitution d’une association subversive avec la finalité du terrorisme. En outre, les compagnons anarchistes sont accusè-e-s des differentes attaques, toutes portant la signature de la FAI (Fédération Anarchiste Informale) et FAI/FRI (Fédération Anarchiste Informale, Front Révolutionnaire International). Actuellement, les compagnons anarchistes (cinq hommes et une femme)  se trouvent encore en prison, une autre est assignée à résidence.
Au même temps, dans la salle bunker de la prison de Turin, le procés continue à un rythme soutenu. Foules des flics se succédent sur la scène du tribunal avec la prétention de reconstruire l’histoire du mouvement anarchiste contemporain. Le début est placé, comme on a dejà vu plusieurs fois, à l’époque de l’affaire Marini, dans les annèes 90. De ce moment-là, le travail obsédant et incessant des voyeurs de profession, les conduit à énumérer les détails intimes ou insignifiants, volés de nos vies et nos rélations. Une répresentation des nos vies patéthique et qui nous laisse tout à fait indifferent-e-s.
Dans les différences individuelles, dans les confrontations âpres et parfois chargèes des tensions contrastantes, se trouve l’histoire du mouvement anarchiste, celle de chacune et chacun de nous, avec limites et contradictions.

À cette histoire appartient les pratiques révolutionnaires, dont certaines se trouvent aujourd’hui sur le banc des accusés à Turin.
C’est aujourd’hui plus que jamais que soutenir les pratiques révolutionnaire signifie également lutter contre la répression de l’État, qui voudrait enterrer les compagnons anarchistes (hommes et femmes) sous des annèes de prison et anéantir l’histoire du mouvement anarchiste.

Pas de retour, pour l’Anarchie.

Cassa antirep. Alpi Occidentali

[Mexique] Fernando Barcenas sorti de prison !

Fernando est sorti de prison, le 11 juin 2018 vers 21 heures, une fois dehors, il a brûlé son uniforme couleur beige qu’il a dû porter pendant quatre ans et demi.

Arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro, Fer avait été accusé d’avoir mis le feu à l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouvait dans la prison Nord dite le ReNo, dans la ville de Mexico.

En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse. Peu après sa detention Fernando n’a cessé d’élaborer de multiples projets : des ateliers de musique d’écriture, de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral indépendant de combat : « El Canero », qui signifie « celui qui est en taule ». Il s’agit d’un média libre produit par des prisonniers et prisonnières, derrière les barreaux de plusieurs geôles de la capitale mexicaine et d’ailleurs.

Pour Fernando « Le Canero est un projet qui veut expliquer la réalité vécue dans les prisons et la mettre en rapport avec un contexte social plus large, dont nous sommes tous prisonniers à différents niveaux. Ce journal contribue à diffuser la lutte anti-carcérale en tissant un lien de communication entre prisonniers et avec l’extérieur ». Il s’agit pour lui « De démontrer que la lutte se mène quel que soit le lieu et avec les moyens dont on dispose, sans attendre que toutes les conditions soient réunies ».

Ainsi, le premier Canero est sorti en juin 2014, à ce jour, cinq numéros ont été écrits : au fil du temps, le contenu évolue. Ce journal est le produit des nombreuses réunions de prisonnier.e.s, des échanges et des réflexions, des actions conjointes, des grèves de la faim … Dans son cheminement, le Canero voit naître des organisations informelles de prisonnier.e.s en résistance, des actions coordonnées, des communiqués dénonçant la bête pénitentiaire, l’autorité et l’enfermement dans et hors les murs.

Depuis le mois de novembre 2017, Fernando lance une nouvelle idée, mettre en place une bibliothèque autonome gérée par les propres prisonniers et après plusieurs mois de travail et de construction, la bibliothèque est inaugurée le 28 avril 2018 avec le nom de Xosé Tarrío González *, la bibliothèque continue de grandir et à ce jour elle compte avec de nombreux documents, entre livres, revues et brochures… la bibliothèque continue sa route.

Pendant toutes ces années Fer a également encouragé et lancé l’organisation des prisonnier-e-s en résistance, tout d’abord il encourage la formation du C.C.P.R (Coordination Combative de Prisonniers en Résistance) plus tard il participe à la coordination des grèves de la faim avec d’autres prisonniers anarchistes de la ville de Mexico. Par la suite, Fer lance et encourage la formation de la C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) comme forme et espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimé.e.s et torturés par la machinerie pénitentiaire. La CIPRE étant une organisation informelle s’est dissoute et aujourd’hui s’efface non sans laisser toute une expérience organisationnelle derrière elle. Fer lance une nouvelle proposition donnant lieu au collectif des prisonniers CIMARRON, qui fait référence au sens « s’échapper, fuir » s’évader de la propriété d’un maître.

Une forte accolade Fer, un abrazo compañero!
Enfin dans la rue.

Jusqu’à la liberté totale!

Les trois passants

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*NOTE : Xosé Tarrío González est né en 1968 à la Coruña. A onze ans il est enfermé dans un internat, puis en maison de redressement pour se retrouver à 17 ans en prison où il contracte le SIDA. En prison, il met en oeuvre l’anarchisme et la rébellion, menant de nombreuses tentatives d‘évasions, pratiquant la solidarité réelle entre les prisonniers, luttant résolument contre la prison et les gardiens de prisons ; toutes ces attitudes entraînent humiliations, mises à l’isolement et il est de nombreuses fois torturé. En 2004, son état de santé se dégrade une nouvelle fois dû à sa maladie et finalement, le 2 janvier 2005 il meurt victime de l’institution carcérale et de la société qui la soutient. Xosé était un prisonnier du régime spécial FIES (Fichier Interne de Suivi Spécial) et auteur du livre « Huye, hombre, huye »

Besançon,France: Rassemblement solidarité avec Bure

Ce jeudi 22 février à Besançon, une vingtaine de personnes s’est rassemblée devant la préfecture en solidarité avec les Hiboux du Bois Lejuc, qui ont dû faire face à une invasion de gendarmes mobiles le matin-même.

Une banderole a été suspendue en face du bâtiment et quelques affiches collées un peu partout en ville. Des pancartes ont aussi été réalisées, afin de rappeler les conséquences mortelles du nucléaire et d’exprimer notre soutien aux ZAD qui fleurissent un peu partout.

Solidarité indéfectible avec la lutte contre la poubelle nucléaire, mais aussi avec les occupant.e.s de la forêt de Hambach en Rhénanie, qui luttent contre un énième projet d’empoisonnement de la terre, en l’occurrence contre une mine à charbon à ciel ouvert exploitée par RWE.

Force et solidarité avec les 4 personnes encore en prison!

en allemand

[Mexico – prison Nord – ReNo] Le compagnon Fernando Bárcenas sort du quartier d’isolement.

Note :

Selon les dernières informations données par la Croix Noir Anarchiste de Mexico, le mercredi 26 juillet 2017, le compagnon Fer a été transféré à la zone dite de « population générale » et ce grâce à la pression et à la mobilisation exercées par des personnes et des collectivités solidaires.

Lettre de Fernando Bárcenas, 25 juillet 2017 :

Chers-es ami-e-s

Je vous écris pour vous informer un peu sur ma situation actuelle. Après avoir été transféré dans le quartier de haute sécurité, où je suis à présent dans l’attente d’une décision du conseil technique interdisciplinaire concernant mon affectation. Auparavant, ils m’avaient placé dans ce quartier au prétexte d’assurer ma sécurité, en réalité il s’agissait d’assurer celle de l’institution.

Je remercie les gestes de solidarité des compagnon-nes qui se sont bougé-es pour mettre fin à cette ségrégation qui m’a été imposée en raison de mon refus à soumettre mes rêves de liberté et de continuer les projets qui jusqu’ici tiennent debout, tels que la bibliothèque alternative que des compagnons continuent à construire dans la salle polyvalente de la population générale, ainsi que le journal anti-carcéral de combat « El Canero » qui a été découvert par les matons lors d’une fouille de mes affaires ; il faut mentionner qu’après avoir été conduit au quartier de haute sécurité (QHS), ils m’ont prévenu qu’ils pourraient bien me tuer en raison de ce que je disais et que je devais cesser l’édition du journal, qui bien sûr, n’a pas vraiment plu au personnel de sécurité. Il est aussi important de signaler que pour réduire ma peine en prison, la demande de remise de peine que j’ai déposée [beneficio de libertad anticipada] à laquelle je peux prétendre,
est toujours en cours. Ceci pourrait me permettre d’accomplir la fin de ma peine en « liberté » conditionnelle (dehors). A ce propos, je tiens à rappeler que je ne reconnais pas les outils légaux de l’État. Cependant, ma situation est devenue dangereuse en prison et mon intégrité est menacée, c’est pour cela que je cherche une voie pour retrouver la tranquillité.

C’est pourquoi je lance un appel à tous et toutes les compagnon-nes d’affinité et solidaires pour faire pression afin que cette solution soit celle recherchée car elle est de la plus haute importance pour ma sécurité.

Je voudrais aussi lancer un appel à ne pas laisser certaines choses de côté, à ne pas agir seulement quand quelque chose de grave se passe, nous ne devons pas baisser la garde, nous devons toujours rester vigilants puisque dans la prison le temps court différemment. La vie d’un-e prisonnier-e ne se compte pas en années, mais en heures, minutes, secondes …

Ceci est un cri ouvert à la réflexion sur la solidarité révolutionnaire qui manque beaucoup de nos jours.

La continuité de cette guerre déclarée contre tou.te.s et chacun.e d’entre nous doit passer par le fait d’assumer que la prison est partout. Nous devons prendre le risque de vivre et de sentir ou bien de perdre en se contentant du déroulement quotidien des jours sans vie, sans liberté et sans sens. C’est pour cela que nous sommes toujours en guerre, jusqu’à ce que tous et toutes soyons libres.

25 juillet 2017
Fernando Bárcenas.

– Traduction Les trois passants

 

 

[Mexico] Le compagnon Abraham Cortés est sorti de prison, enfin dans la rue !

Ce mardi 25 juillet 2017 le compagnon Abraham Cortés Ávila a été relâché après presque 4 ans derrière les barreaux !

Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la
manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, il était le dernier à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013. Abraham était accusé de tentative d’homicide, pour avoir supposément lancé des cocktails Molotov contre les lignes de policiers anti-émeutes. Ceci en plus d’une autre accusation pour atteinte à l’ordre public en réunion. Pour ces accusations, le compagnon avait été condamné à 13 ans et 4 mois de prison ; cependant, grâce à un recours en appel (Amparo) qu’il avait déposé, une nouvelle sentence a été prononcée de 5 ans et 9 mois pour atteinte à l’ordre public en réunion, l’accusation de tentative d’homicide ayant été rejetée. Le compagnon a été relâché suite à une remise de peine (libertad anticipada). Abraham se trouvait dans la Prison Nord de la Ville de Mexico, les derniers mois, dans l’attente de sa sortie de prison, il avait été transféré à la prison de Medio Camino, ville de Mexico (Anexo de preliberaciones).

Abraham avait pris part à la grève de la faim collective qui a eu lieu du 1er octobre au 17 octobre 2014 avec les compagnons anarchistes Jorge Mario González García (à l’époque, enfermé à la prison – hôpital de Tepepan) Carlos López (qui se trouvait derrière les barreaux de la prison d’Oriente) et Fernando Bárcenas Castillo (actuellement à la prison Nord) Ensemble ils avaient déclaré, le 1er octobre 2014 : « Motivés par un sentiment de rébellion et par un clair et véritable rejet de tous les mécanismes de contrôle et, parmi eux, de celui du système carcéral, nous, anarchistes et libertaires, prisonniers séquestrés par l’État mexicain, nous avons décidé d’utiliser l’un des outils de lutte dont nous disposons depuis l’enfermement : la grève de la faim. Et cela à partir d’aujourd’hui, 1er octobre, un an après les arrestations du 2 octobre 2013 (…) Pour nous, la grève n’est pas synonyme de faiblesse.

Nous cherchons encore moins à endosser une posture de victime. Au contraire, nous assumons la grève comme une alternative de lutte que nous jugeons adéquate pour protester et proclamer dans les faits notre insoumission face à l’enfermement de nos corps, à l’humiliation, à l’isolement et à la frustration que signifie le fait d’être incarcéré dans ces centres de terreur. Nous avons choisi de passer à l’action au lieu d’accepter la prison comme une situation ‘normale’… »

Voilà, le compa Abraham dans la rue, de nuevo en la calle compa !
Ça donne la pêche pour continuer, pour ne rien lâcher !!
À bas les murs des prisons !
La lutte durera jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !

Traduction Les trois passants

A lire également : Mexique : Journée de lutte en prison ; Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas et Abraham Cortés en grève de la faim + Sa dernière lettre « L’État m’appelle criminel »

[Mexico] : Lettre de Fernando, 20 juillet 2017

Lettre de Fernando, 20 juillet 2017 :

Après avoir été enfermé dans une cellule de la zone 7 C.O.C (Centre d’observation et de Classification), je me suis rendu, ce mercredi 19 juillet 2017, à l’audience du Conseil technique interdisciplinaire, qui a décidé que je ne pouvais pas rejoindre la zone de population générale en raison du conflit qui a eu lieu la semaine dernière, j’ai alors été conduit dans le quartier du Module de Sécurité Maximale (M.M.S.), actuellement je me trouve isolé dans la zone du Panal* par mesure de sécurité.

Dans le même temps, mes affaires ont été contrôlées lors de l’accès au M.M.S. les matons, en fouillant mes affaires, ont trouvé les feuilles avec mes écrits et des lettres personnelles où se trouvait l’esquisse générale du journal « El Canero », qu’ils m’ont confisqué et à partir de là ils ont adopté une attitude violente, en violant mes correspondances personnelles pour conclure par une menace à mon encontre : « Tu peux te faire tuer pour ce que tu dis » et «t’arrête avec ton journal», en me faisant savoir que pour écrire et exprimer mes idées je portais atteinte à la sécurité de l’institution, et que c’était pour cette raison que je devais rester à l’isolement.

Il faut souligner qu’en raison du conflit précédent, je ne peux pas partager de cellule, puisqu’il s’agit soit disant de protéger mon intégrité et ma vie. Malgré cela, après mon transfert au Panal, ils m’ont placé dans une cellule avec 8 personnes qui me sont inconnues et qui ne m’inspirent aucune confiance.

Pour tous ces motifs, je rends responsable le Conseil Technique de ce qui peut m’arriver, puisqu’il s’agit encore une fois d’un prétexte supplémentaire pour continuer à me maintenir dans des conditions d’enfermement et de châtiment.

– Fernando Bárcenas –

Traduction Les trois passants

Notes :

« El Canero », signifie « celui qui est en taule ». Il s’agit d’un média libre produit par des prisonniers et prisonnières, derrière les barreaux de plusieurs geôles de la capitale mexicaine.

* « Le Panal » – Quartier de Haute sécurité. L’Equivalent aux anciens QHS en France.

Le compagnon Fernando exige d’être re-transféré à l’annexe 3 de population où il était auparavant.

Fernando Bárcenas Castillo se trouve actuellement dans la zone du Module de Sécurité Maximale (M.M.S.) Reclusorio Preventivo Varonil Norte : Calle Jaime Nuno no. 155, Colonia Guadalupe Chalma, Cuautepec Barrio Bajo, C.P. 07210, Gustavo A. Madero, Ciudad de México.

 

[Mexico] Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas : Situation actuelle et notification du paiement de l’amende

Cliquer sur l’image pour télécharger le PDF

Depuis la prison nord
Ville de Mexico
Lettre de Fernando Bárcenas
en annexe sa lettre manuscrite

J’écris ces quelques lignes rapidement pour donner des informations sur ma situation actuelle…

Dernièrement il y a eu des tensions dans la zone de ségrégation, conflits internes, bagarres pour tout et en même temps pour rien.

Bien que somme toute il n’y a pas à avoir peur du conflit, puisqu’à la fin nous sommes obligés à vivre ensemble, et à travers les désaccords qui surgissent nous apprenons peu à peu à nous tolérer dans cette île.

Étant isolés du reste de la population il est difficile d’avoir des choses et des aliments, la bouffe n’arrive pratiquement pas et nous devons nous mutiner tous les quatre matins pour avoir le droit à la nourriture.

Cela se passe tous les jours, c’est une lutte silencieuse et quotidienne qui se mène sans que personne n’y prête la moindre attention, les surveillants sont d’habiles négociateurs qui étouffent les révoltes en un clin d’œil et une des choses qui contribue le plus à ce cercle vicieux c’est l’addiction aux drogues de la majorité des sanctionnés. C’est ce qui permet aux matons de faire du chantage aux prisonniers avec des punitions et récompenses : – si tu te comportes bien, je t’ouvre ta grille et tu pourras te procurer de l’argent et des drogues. – Si tu te comportes mal, je t’enferme et tu n’auras pas de drogues pas plus compliqué que ça, le système disciplinaire.

Et comme on abandonne l’idée d’agresser et de lutter contre l’autorité, le stress se décharge quotidiennement d’un prisonnier à l’autre, de tous contre tous. Même comme ça j’apprends des expériences qui se présentent.

Si je n’ai pas écrit dernièrement vers « l’extérieur » de ces murs c’est parce que je me suis fixé comme exercice d’apprentissage pratique, l’analyse et la tentative de chambouler mes relations quotidiennes et maintenant que j’ai l’impression d’avoir réfléchi suffisamment sur mes comportements sociaux je voudrais partager avec vous mes apprentissages. C’est d’ailleurs pour cela que j’en profite pour vous informer que le cinquième numéro du journal « El Canero » est presque prêt. Et c’est grâce à ce moyen que je pourrai mieux vous expliquer mes idées et propositions pour continuer l’offensive dans la lutte pour nous réapproprier nos vies.

Voilà à grands traits l’état dans lequel je me sens, plein de courage et d’envie de continuer à fomenter et inventer de nouvelles formes de rupture avec mes propres dogmes, peurs et préjugés.

Maintenant en ce qui concerne l’aspect juridique. J’ai reçu la notification du paiement de l’amende à laquelle j’ai été condamné lors de la sentence qui m’avise que le total à percevoir est de 35,550 pesos dans un délai de deux semaines, l’échéance fixée pour le paiement.

Cette amende doit être malheureusement payée sinon je devrai la payer en jours de prison c’est à dire 550 jours supplémentaires qui viendraient s’ajouter aux 6 ans de ma condamnation indépendamment de celle-ci.

Voilà pour l’instant ce qui s’est passé, de toutes manières, d’une façon ou d’une autre j’écrirai à nouveau ces jours-ci en espérant qu’il y ait des esprits rebelles.

Fernando Bárcenas
(4 juin, 2017)

Pour toute information complémentaire, virement bancaire et transfert international en soutien à Fernando Bárcenas contacter La Croix Noire Anarchiste de Mexico : cna.mex@gmail.com

Pour les virements bancaires au niveau national ( au Mexique ) envoyer votre soutien : compte bancaire 89641305400980 de Banco Azteca au nom de Ana Castillo (Mère de Fernando).

Traduction Amparo et les trois passants

[Oaxaca] Deux ans de réclusion – Lettre de Miguel Betanzos

Le 30 avril, cela fera deux ans depuis mon arrestation et le début de ma réclusion. Deux longues années que je pourrais vous raconter : secondes, heures, minutes et nuits volées, jours d’angoisse et d’impuissance, de haine de l’État et de ses institutions. Le quotidien qui m’use. L’individualisme qu’on nous oblige à reproduire, et que j’abhorre. Les nécessités et les maladies que nous inoculent les murs de la prison. Est-ce du temps perdu ? Non, car ce furent aussi deux ans d’accompagnement par les compas, de solidarité, de résistance quotidienne, d’apprentissage en commun, d’appui de gens dont tu ne vois pas bien qui ils sont, et même aujourd’hui on ne se connaît pas personnellement, mais maintenant on sait qu’on est ensemble. Deux ans de rire, et deux ans où l’on ne cesse pas de regarder le nouveau soleil et de rêver, tandis qu’on s’oppose au contrôle de tous les faits et gestes.

Il est de notoriété publique que le système judiciaire officiel n’a pas été conçu pour les gens du peuple. La classe politique despotique veut nous faire croire qu’elle administre la justice grâce aux réformes élaborées selon son bon plaisir, alors qu’elle nous traite comme des délinquants, des terroristes ou des ennemis, faisant de nous un numéro de plus dans ses statistiques, tentant d’anesthésier nos consciences, décorant les archives et les dossiers couverts de poussière avec de nouveaux concepts. (De toute façon, à la fin t’es foutu si tu rentres pas dans leurs réformes.) Ça ne leur suffit pas de vérifier ton innocence, en plus ils prétendent te réadapter à leur manière de vivre, à toujours nous soumettre face à eux. Et pourtant, nous avons en nous cette petite goutte qui nous fait lutter et que nous essayons de répandre, ce que nous appelons liberté et qui jamais ne deviendra une loi ni ne pourra se réformer.

Tant que l’impunité continuera de régner, comme à Eloxochitlán de Flores Magón, nous chercherons les moyens de résister. Nous trouverons comment nous organiser pour détrôner ceux qui se croient intouchables et qui utilisent pour leurs fins propres les discours de défense de leur communauté, qui maîtrisent grâce à de l’argent volé, les publications et les médias de désinformation, tandis que dans leur village, tout ce qu’ils font est de flatter leur propre ego, s’en mettre plein les poches et renforcer leurs moyens de répression, en terrorisant à coups de menaces et de bâtons ceux qu’ils sont censés « défendre et représenter »…

Pour l’heure, dans le cadre de cette résistance quotidienne, nous appelons les individus, les collectifs et quiconque voudrait participer, à se réunir le 30 avril pour une journée de dénonciation afin d’exiger, avec les moyens dont ils disposent, notre libération. Nous proposons de fabriquer des pancartes, de peindre, de passer des appels téléphoniques au tribunal de Huautla (012363780324), d’organiser des manifestations politiques en tout genre. Enfin quoique ce soit qui puisse nous rendre visibles et faire entendre nos voix de ras-le-bol, l’exigence de la libération des prisonniers politiques de Oaxaca et du monde entier, ainsi que le retour dans leurs foyers de ceux qui continuent d’être persécutés et déplacés.

Je profite enfin de cette lettre pour saluer tous ceux qui ont été présent.e.s au cours de ces deux longues années. Je tiens à remercier spécialement le collectif Los otros abogados, qui a dû supporter les moqueries et le cynisme de la soi-disant justice. Solidarité avec la grève de la faim des prisonniers et prisonnières de Palestine en Israël, et avec les communautés nahuas et purépechas du Michoacán.

Liberté pour Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca.
Liberté pour Roque Coca et Alvaro Sebastián.
Liberté pour les prisonniers de Tlanixco et de l’Amate.
Liberté pour Fernando Bárcenas, Luis Fernando Sotelo, Abraham Cortés.
Liberté pour tous ceux faits prisonniers pour avoir lutté.
Prisonniers dans la rue.

Miguel Peralta
Cuicatlán, Oaxaca

Miguel Peralta Betanzos est un membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca et militant anarchiste. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée Communautaire a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été exécutée sans identification et sans mandat d’arrêt, avec une grande violence. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui sont perpétrées depuis 5 ans par l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions. Miguel se trouve dans la prison de Cuicatlan, Oaxaca.

Traduction par Les trois passants

[Mexico] : Lettre de Fernando Barcenas

« Je ne reconnais pas la prison et je ne veux pas qu’elle soit améliorée »

Le 9 février 2017 Fernando Bárcenas Castillo a été transféré depuis le Pénitencier Préventif Nord pour hommes au Centre d’Exécution des Sanctions Pénales, c’est de cette prison que le compagnon n’a cessé d’exprimer son rejet du régime pénitentiaire ainsi que son clair refus de participer à ce que cette juridiction nomme “réinsertion sociale”.

Après quelques jours de révolte, Fernando a été de nouveau conduit au pénitencier Préventif Nord.


Depuis la prison Nord de la ville de Mexico – ReNo

Une fois de plus l’institution carcérale a cherché à me dissuader et à affaiblir mes convictions rebelles en ordonnant mon transfert au Centre d’Exécution des Sanctions Pénales. Cela s’est fait avec l’approbation du Tribunal pénal 43, qui a fait parvenir le jugement déterminant signifiant que je ne pouvais plus rester dans le Pénitencier Nord puisque ma condamnation était devenue définitive. Sous la direction de Rafael Oñate Farfán, l’administration précédente a eu de nombreux motifs de voir ses intérêts menacés par les troubles répétés ainsi que les protestations à l’intérieur de la prison ; il savaient parfaitement que quel que soit l’endroit où ils m’enverraient, ils rencontreraient le même conflit et la même remise en question permanente des normes quotidiennes, sachant que peu importait l’endroit, il y aurait toujours des tentatives d’insurrection.

Ils ont pu s’en rendre compte dans la zone 3 du module d’entrée et dans la zone 7 et 5 de « mise à l’écart et de sécurité institutionnelle » du module du C.O.C (Centre d’observation et de sélection).

Chaque fois que je me suis révolté ils ont essayé de jouer avec moi, essayant de me faire croire qu’ils étaient mes amis, jusqu’à ce que je sois parfaitement ferme et que je leur fasse clairement connaître ma position face aux circonstances auxquelles j’étais confronté ; l’agression contre les surveillants s’est avérée alors une obligation pour ma survie ici à l’intérieur, faire que la révolte consciente à l’intérieur de ces murs devienne une nécessité constante.

C’est ainsi qu’après deux ans de mise à l’écart dans les zones de « Sécurité Institutionnelle », ils m’ont servi un nouveau châtiment déguisé en « privilège » : mon transfert au Centre d’Exécution des Sanctions ou Annexe Nord, zone dans laquelle les prisonniers sont soumis au chantage avec la promesse de leur liberté en échange d’une parfaite obéissance au régime carcéral, qui inclut de façon obligatoire l’esclavage et les travaux forcés, car il est impossible de protester vu que le travail de domestication inclut aussi le lavage de cerveau, nous faisant croire de la sorte que c’est une chance qui nous est offerte. Mais pour cela, il est indispensable que nous nous sentions coupables et que nous nous repentions tout le temps, tout en remerciant la miséricorde du système pénal. Par contre, si tu refuses d’accepter la domestication alors tu es menacé d’être transféré aux Tours de Haute Sécurité (équivalent des Q.H.S.) ou au pénitencier.

Pour toutes ces raison en arrivant et après avoir été présenté à l’administration, j’ai refusé le « traitement », en refusant de signer le contrat des droits et obligations, et en refusant également de recevoir un matelas, des vêtements et tout autre type de choses qui auraient pu me compromettre à respecter cette institution. Je ne reconnais pas la prison et je ne veux pas qu’elle soit améliorée.

Ces comportements ont provoqué mon nouveau transfert très tôt à l’aube pour être de nouveau conduit au pénitencier Nord, et à ma surprise on ne m’a pas conduit au module d’entrée comme c’est normalement le cas lors d’un retour avant d’être ensuite conduit vers la zone des dortoirs. J’ai en fait été directement conduit à la zone 7 de Sécurité Institutionnelle, où j’avais été jusqu’à présent mis à l’écart.

Tout cela me redonne envie d’écrire et donc de réfléchir sur la prison qui représente de fait nos relations quotidiennes et dont chaque conflit ouvre une infinité de possibilités pour la détruire.

Fernando Bárcenas
13 février, 2017

Lire également : [Mexico] Fernando Barcenas a été transféré au Centre Nord d’Exécution des Sanctions Pénales + Lettre

Traductions Les trois passants

 

Fléury-Mérogis, France : Lettre de Damien depuis la prison de Fléury

Je vous remercie tou(te)s pour vos lettres et vos gestes de complicité. Chaque étoile de verre brisé accompagne mes nuits et chaque flamme de voiture brûlée réchauffe l’hiver et colore la griseur des murs.

Si je n’ai pas répondu à toutes vos lettres directement c’est que l’ambiance actuelle qu’il y a en cellule ne me le permet pas. De plus, je n’ai que 10 mois à faire, pas 10 ans, je serai donc bientôt dehors et il serait stupide que je leur donne déjà les bases des futures complicités que j’imagine possibles.

Si je suis resté libre pendant 8 mois et tant que je ne suis pas sorti de la clandestinité c’est bien qu’ils ne savaient pas où chercher. A ce propos, le procès étant passé je vais avoir accès au dossier d’instruction et il sera rendu public dés que possible.

A l’intérieur, tout va bien, il y a ici des compagnons de placard que je connais depuis des nombreuses années, j’ai donc été bien accueilli dés mon arrivée.

Quelques journaux anarchistes circulent discrètement dans tout le bâtiment et les nouvelles rentrent et sortent de différentes façons.

En ce qui concerne les relations avec l’AP, tous les parloirs et les contacts téléphoniques ont été refusés. J’ai subi 4 fouilles de cellule en un mois dont 3 consécutives les 3 derniers jours. Je n’ai droit à aucune activité, je reste donc 22h/24 en cellule.

Cependant, le rapport de force instauré par les attaques à l’extérieur me permet d’être “entendu” lorsque je prend à part certains matons afin d’exiger d’eux un service.

Un salut fraternel à la cellule Rémi Fraisse de la F.A.I. ainsi qu’à tous les individus qui agissent sur le réel par les moyens qui leur semblent nécessaires.

Solidarité avec Pola Rupa, arrêtée il y a peu pour des actes qui parlent à tout le monde. Complicité avec les anarchistes de Koridallos ainsi qu’avec tou(te)s celleux incarcérés, en fuite, agissant à travers le monde.

Pas un millimètre en arrière, 9 millimètres dans la tête des juges

Damien,

prison de Fléury-Mérogis, le 07/02/2017

[Mexique – Marseille] : Textes de Fernando Barcenas Castillo et de Miguel Peralta Betanzos

fermigTexte de Fernando Barcenas envoyé pour le Festival de l’ABC (Anarchist Black Cross Festival 2016) Marseille

Depuis la prison Nord de la ville de Mexico
1er Décembre 2016

Dans les prisons de la ville de Mexico l’isolement est utilisé comme mesure disciplinaire massive afin d’extorquer et d’extirper aux âmes prisonnières jusqu’à leurs derniers centimes.

« À l’intérieur » de ces villes où vivent mal plus de 50.000 prisonnier-e-s, le capitalisme est tel qu’il est, il ne se déguise pas, ni porte de masques démocratiques. Et de nos jours il annonce clairement sa loi élémentaire : nous, les marginaux, nous serons exterminés. Mais pas avant d’avoir offert jusqu’à la dernière goutte de notre travail d’esclave, de notre sueur mal payée au goût amer, amer parce que nous savons que c’est contraire à notre propre volonté.

Cependant ils dictent les conditions de la participation à leur commerce : « Monte dans le fourgon, sinon il va te renverser ». Ils demandent cyniquement à ce que nombre de lâches rejoignent les rangs de la mafia, car ils savent qu’ils n’auront pas le courage d’abandonner leur confort.

Et pourtant la prison n’a pas toujours été comme ça…

Le déluge de drogues qui s’y abat en a fait une immense maison de fous, où les besoins des prisonnier-e-s sont attisés afin de mieux les escroquer, les poussant vers une vie d’automates aux ordres du commerce…

C’est pour cela qu’il est si important de ne pas cesser d’imaginer et d’être sensible. En effet ils essaient de nous convertir en machines de guerre.

Maintenant il ne reste que l’action et la solidarité, sachant que la prison n’est rien d’autre que la société dans laquelle nous vivons.

En guerre jusqu’à la liberté totale.

– Fernando Barcenas –

***

Lettre de Miguel Ángel Peralta Betanzos envoyée pour le Festival de l’ABC Marseille

Depuis la Maison d’Arrêt de Cuicatlán, Oaxaca.

Inadapté-e-s (Inadaptadxs)

Montagnes, plantations de café, sources qui jaillissent de la terre,
animaux sauvages de la forêt, arbres innombrables, masques, maisonnettes que berce le vent, chemins, fleurs : tous enveloppés dans l’épais brouillard de la nostalgie.

Je m’éveille, la pluie s’intensifie, mes ailes mouillées pèsent mais elles continuent à voler.

Mon ombre lance des coups de pied contre les portes de la machine, passe au travers des mailles, escalade les tours de contrôle, brouille les radios de communication, croise les murs, tisse des rêves et habite dans des frontières imaginaires.

Mon ombre se nourrit de la flamme de la pensée, elle parle une langue
ancestrale et ne se laisse pas domestiquer, elle se révèle à la lumière du jour, et se grise de liberté.

Mon ombre est l’ombre de tous les hommes du nombril du monde et devient escargot.

Mon ombre brise les charnières de l’État ;
Et jamais, plus jamais elle ne sera piétinée.

– Miguel P.-
Novembre 2016.

Traductions Les trois passants

[Mexico] : Chroniques Carcérales des prisonniers du collectif Cimarron

fanzincimarron
Cliquez sur l’image pour télécharger le fanzine

Depuis la prison Nord de la Ville de Mexico [ReNo]

Extrait du livret [fanzine] Anthologie des chroniques carcérales, Mexico 2016.

Le collectif CIMARRON est formé par plusieurs prisonniers en résistance de la ville de Mexico :

Fernando Barcenas Castillo
Gerardo Ramirez Valenzuela
Luis Lazaro Urgell
Sinue Rafful
Hans Razo Alvarez
Compa Gato Punk
Compa Josh

Les textes de cette anthologie sont le produit de plusieurs séances
informelles qui se sont tenues à l’intérieur de la prison Nord, durant lesquelles nous avons partagé des éléments d’écriture de ces chroniques.
A chaque étape du processus de sélection, révision, édition et  impression plusieurs mains anonymes sont intervenues et sont devenues  les complices de cet effort.

Il n’y a pas d’ordre précis ou de thématique particulière des textes, d’ailleurs la plupart n’ont pas de titre ; la seule chose que nous avons indiqué est la date où ils ont été écrits et l’auteur. Ce ne sont que de simples paroles/sensations directes des auteurs qui leur permettent de voler libres, et tentent d’échapper aux murs derrière lesquels on entend les maintenir captifs.

En espérant que cette publication permette qu’il en soit ainsi, même  pour un instant.

Quelques solidaires

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Collectif Cimarron :Fernando Barcenas Castillo a élaboré plusieurs projets à l’intérieur de la prison Nord de la Ville de Mexico où il est incarcéré depuis le 13 décembre 2013. Il a créé des ateliers d’écriture, de réflexion, de musique ; avec d’autres prisonniers et prisonnières écrit et diffuse le journal anticarcéral indépendant et de combat « El Canero » ;
dernièrement il a mis en place une bibliothèque gérée par les propres prisonniers. Fer a également encouragé et lancé l’organisation des prisonnier-e-s en résistance, tout d’abord il encourage la formation du C.C.P.R (Coordination Combative de Prisonniers en Résistance) plus tard il participe à la coordination des grèves de la faim avec d’autres prisonniers anarchistes de la ville de Mexico.

Par la suite Fer lance et encourage la formation de la C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) comme forme et espace d’organisation pour  tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire. La CIPRE étant une organisation informelle s’est dissoute et aujourd’hui s’efface non sans laisser toute une expérience organisationnelle derrière elle. Désarmé, Fer lance une nouvelle proposition donnant lieu au collectif des prisonniers CIMARRON, le nom « cimarron » signifie «s’échapper, fuir». Le marronnage était le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître.

Les trois passants
À bas les murs des prisons !
La lutte durera jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !

[Oaxaca] : Lettre de Miguel Peralta Betanzos depuis la maison d’arrêt San Juan Bautista, Cuicatlán

cuicapenalLettre de Miguel Peralta Betanzos
Maison d’arrêt San Juan Bautista, Cuicatlán, Oaxaca
21/11/2016

Souvenir

Souvenir (non pas comme ces dates de commémoration, mais comme une vie toute entière de révolte) de tous les êtres ingouvernables et inadapté-e-s qui ont combattu l’Etat dans sa plus pure essence, le capitalisme, le militarisme, la domination et l’oppression, l’industrialisation de la pensée sous toutes ses formes et modalités et, pourquoi le taire, l’injustice et la justice coercitive.

Faisant un bref bilan des dommages, nous pensons tout particulièrement aux compas à qui l’on a arraché la vie dans les cages de la misère humaine, ce sont d’eux et d’elles dont nous nous souvenons parce que leurs esprits se sont propagés sur le chemin de la liberté, et tout spécialement celui de Ricardo Flores Magón qui, comme nous le disait Librado Rivera dans un écrit de 1923 où il évoque  l’assassinat de Magón dans le pénitencier de Leavenwort :

“même si sa mort soudaine ne lui a pas permis de voir ses chers idéaux de liberté, d’amour et de justice se réaliser, ses rêves de bonheur n’ont pas disparu avec lui : ils vivent comme des phares lumineux qui  éclairent les esprits d’une humanité qui souffre les tortures de la faim  et de la misère. Et tant que sur la Terre existera un seul coeur  meurtri, un seul oeil empli de larmes, déclara-t-il à ses bourreaux, mes  rêves et mes visions devront continuer à vivre.”

Et c’est ainsi que 94 ans après son assassinat, ses idéaux résonnent toujours en nous, notamment pour atteindre ceux de justice et bonheur, alors que nous marchons aux côtés de nos frères et soeurs qui aujourd’hui, partout sur le globe, vivent l’enfermement pénitentiaire et tentent de soutenir leurs ailes que l’on a voulu briser.  A vous, sachez-le, nous ne vous oublions pas.

Aujourd’hui également, nous nous souvenons de tous ceux qui, jour après jour, combattent le grand enfermement à l’air libre, à elles, à eux vont ces paroles de souvenir, de mémoire, qui crient, et qui exigent…

Miguel Peralta Betanzos

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Miguel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au  centre-ville
de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une  grande violence par trois personnes en civil sans identification ni  mandat d’arrêt, accompagnées de plus de vingt policiers.

Toutes ces  irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque  de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la  continuité de celles qui ont été perpétrées depuis cinq ans par  l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y  être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système  communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée  Générale est l’organe de prise de décisions en s’opposant aux partis  politiques soutenus par les caciques locaux.

Plus d’infos :

miguel-peralta-betanzos

Traduction Les trois passants

Ville de Mexico, Mexique : « L’état m’appelle criminel », Abraham Cortés

abrahamdibujoPrison Nord de la ville de Mexico, novembre 2016

Bonjour compagnon-ne-s,

Je vous salue par un fort cri de rage, de solidarité et d’anarchie car cela fait un peu plus de 94 608 000 000 secondes que je suis séquestré par ce sale fuck’in système et après 23 jours de solidarité avec les compagnon-ne-s et pour toutes les histoires qui ont lieu tous les jours dans ce monde, je crois qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer le pourquoi de cette grève de la faim qui est devenue maintenant un jeûne. Parce que nous y vivons quotidiennement où que l’on soit, ici ou là-bas, ce que nous appelons la rue. Partout nous sommes surveillés et on nous oblige à être serviles, mais cette même soumission est ce qui donne du pouvoir au pouvoir et la lutte à la lutte.

Qui suis-je ?

Mes parents m’appellent Abraham, l’État m’appelle criminel et les potes ça leur est égal, moi-même je m’appelle SERCKO mais en plus de cela, je suis seulement un être vivant et pensant, cimarron, comme un loup solitaire, sans maître ni dieux.

Compagnon-ne-s, je voudrais partager avec vous un peu de moi. Lorsque je remonte vers le plus ancien de mes souvenirs, je me rapelle qu’il y a toujours eu de la rancoeur, de la haine, de la tristesse, de la discrimination, de la dépression, de l’oubli, de l’oppression entre autres, observant et sentant tout, une vie accélérée de tous les côtés, et comme on dit en prison, je suis un « pagador » [quelqu’un qui doit payer].

Mais en tant « pagador » je n’ai pas de scrupules ; je n’ai pas choisi mes parents, ni ma situation économique ou mon statut social. Je n’ai pas demandé à vivre, mes parents m’ont fait uniquement pour rester unis, je pense que ce fut pour eux une poussée de fièvre. Mais bon, maintenant je suis là, et les années passant j’ai arrêté d’être un bouffeur et un chieur et je me suis domestiqué à la maison, j’étudie, j’apprends, je suis le meilleur et en échange de quoi ? Une mauvaise réponse, une raclée, une bonne réponse, une autre raclée, mais alors de quoi s’agit-il ?

Après, il y eut JésusCri “Chuchocraist” par ici et par là et je ne sais quelles autres religions et sectes qu’on nous met dessus, dans lesquelles je ne sens qu’une fausse espérance. Moi, ils ont essayé de m’inculquer le catholicisme, puis non, après ce fut le christianisme, mais après c’étaient eux qui doutaient.

Moi je crois ce que je sens, ce que je vois et jusqu’à présent être moi-même et savoir qui je suis est le mieux qui ait pu m’arriver. Parce que je n’ai pas d’attachements ou parce que je n’ai besoin d’aucun dieu, ou d’icônes, ou de sentiments pour être ou sentir que je peux mourir sans problème, c’est pour cela qu’ils nous ont faits. Depuis que j’ai coupé le cordon ombilical et brisé la chaîne familiale et que je ne suis pas rentré à la maison, je me suis débrouillé par moi-même, avec des hauts et des bas, « avec l’envie d’être quelqu’un », perdu dans le qui suis-je? Perdu dans le monde, reproduisant chaque gorgée amère apprise de cette « société », mais à la recherche de moi-même.

Parfois je me demande ce que je veux. Pour l’instant je veux être libre, comme des millions et des millions d’exploités, bien que pour moi la liberté soit une amie, la véritable liberté tu la vis après ta mort, parce que tu es à nouveau rien, mais pour l’instant on ne veut pas qu’ils nous fassent bouffer les pissenlits par la racine.

Pourquoi demander une liberté physique ou une amnistie, si partout où l’on va il y a toujours un oppresseur, des règles, des murs, des dieux, des systèmes de soumission, de l’argent, de l’esclavage, du travail, de l’esclavage, de la religion, de l’esclavage.

Il y a plusieurs manières de voir ces systèmes imposés par ceux qui s’appellent la haute société [NdT : écrit suciedad, saleté dans le texte original, jeu de mot sur le mot sociedad : société et suciedad : saleté]. Pareil pour le multi-mentioné narco-trafic qui, bien qu’il s’agisse d’un système dénoncé par les médias, est bien vu par l’État. Parce que c’est aussi un moyen d’avoir plus d’argent et de pouvoir, tout en contrôlant la population avec des sédatifs pas chers et addictifs, substances fabriquées par des mains humaines, les mêmes qui tuent tous les jours nos jeunes dans le monde entier, à n’importe quelle heure, n’importe où, bien que toutes les drogues à mon avis ne proviennent pas des narco-trafiquants. Les entreprises sortent leurs propres drogues, coca-cola, Bimbo, McDonald, les pizzas ou comme on dit la « malbouffe ».

Il y aussi les vêtements, les cosmétiques, les accessoires, des choses et des choses, un paquet de merdes qui sont inventées pour générer plus de déchets, pour polluer, aliéner et avoir le contrôle sur la population.

Compagnon-ne-s, c’est un peu de ce que je pense et ce que j’ai vécu, mais il y a quelque chose que j’ai toujours eu, comme beaucoup d’autres : la RÉBELLION, et cette rébellion est celle qui me maintient ferme face à cette folie sociale, cette rébellion, cette non-conformité face à ce que je vois et je ressens c’est celle qui me fait lutter. Ce n’est pas grave si on ne se voit pas, si nous n’agissons pas toujours ensemble, peu importe où que nous soyons, l’important est de lutter pour un idéal.

Compagnon-ne-s, santé et anarchie.

Votre compagnon.
SERCKO

Source : Croix Noire Anarchiste de Mexico
Traduction : Les trois passants

___________

Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, il est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013. Abraham faisait face à une accusation de tentative d’homicide, pour avoir supposément lancé des cocktails Molotov contre les lignes de policiers anti-émeutes. Ceci en plus d’une autre accusation pour attaques à la paix publique en bande. Pour ces accusations, le compagnon avait été condamné à 13 ans et 4 mois de prison ; cependant, grâce à une procédure en appel (Amparo) qu’il a mené, une nouvelle sentence a été prononcée de 5 ans et 9 mois pour le délit d’attaques à la paix publique en bande, car l’accusation de tentative d’homicide a été rejetée. Abraham se trouve dans la Prison Nord de la Ville de Mexico.

Plus d’infos : liberonsles.wordpress.com

[Mexico] Fernando Barcenas : nous n’avons pas besoin d’amnistie parce que nous n’avons pas besoin de lois qui régentent nos vies

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Prison Nord de la ville de Mexico, octobre 2016

La loi est un artifice qui castre les aptitudes humaines ; qui pense, dirige, invente nos vies à notre place et une telle conception implique la mutilation de la parcelle la plus unique et authentique de nous-mêmes.

C’est pour cette raison que celui/celle qui décide de prendre sa vie en mains propres en marge de la machine pourrie est considéré.e comme “bizarre, “antisocial.e”, “criminel.le”, etc…

Nous ne pouvons envisager de solutions à l’intérieur du “cadre démocratique”, qui par sa politique d’extermination épouvante les habitants avec spoliations, violence et mort.

Des rumeurs concernant une amnistie promue par quelques partis et institutions politiques me sont parvenues. Il me semble nécessaire de préciser ici ma position de refus à toute forme d’instrumentalisation des énergies du peuple pour le maintenir aux ordres. Certain.e.s pensent qu’une amnistie pourrait assainir les intérêts du peuple, réduits en mille morceaux par l’imposition de la richesse et grâce à l’esclavage économique ; nous, nous ne voulons pas “sortir” de prison pour entrer dans une autre. Nous voulons être libres, libres véritablement, en dehors de toutes leurs réalités virtuelles et cela implique forcément détruire la société. Nous le ferons en pensant que quelque chose de neuf doit naître pour engloutir à jamais cette civilisation pourrie qui nous transforme en automates et rouages de sa machinerie.

Les “luttes politiques” ne nous intéressent pas, mais plutôt le conflit permanent qui existe partout ; ils peuvent nous emprisonner mais ils n’arrêteront pas la révolte. Les voisin.e.s mécontent.e.s descendent dans la rue pour rejeter les projets immobiliers cause du dépouillement et du déplacement forcé de milliers de famille qui n’ont pas les ressources suffisantes pour financer la privatisation de l’espace public. La privatisation de l’eau est également un autre symptôme criant, reflet de toute la considération que nous portent en réalité les puissants. Esclavage moderne, aliéné et édulcoré par le luxe, les drogues et autres aspirations capitalistes.

Nous n’avons pas besoin d’amnisties parce que nous n’avons pas besoin de règles qui régentent nos vies ; le miroir aux alouettes du progrès nous fait croire que l’État et le gouvernement sont indispensables et du coup nous ne nous rendons pas compte directement des indices indiquant qu’ils nous convertissent en complices des massacres de nos peuples…

Nous voulons voir se propager partout l’insurrection qui détruira le pouvoir centralisé, joug commun sous lequel, nous, tous les pauvres nous souffrons.

Nous saluons tous les actes d’insubordination contre les standards de vie internationaux qui prétendent nous convertir en pièces indispensables à leur machinerie.

Nous autres les marginaux, sommes ceux qui supportons le poids de cette société et comme nous sommes désormais inutiles à cette société technologique illes justifient notre massacre par des guerres informelles contre la drogue qu’illes livrent justement dans les endroits où les personnes ont des traditions communautaires et mènent des vies différentes de celles imposées par l’État.

N’importe qui vivant dans un quartier pauvre sait depuis qu’il est petit que le trafic de drogue est géré par des organismes semi-publics, c’est à dire l’implantation de la mafia comme institution régulant le contrôle intérieur du territoire pendant que la police met en place une politique de deux poids deux mesures, ne ménageant pas ses efforts pour un bon fonctionnement de la mafia. Ainsi la mafia n’est rien d’autre qu’une sous police qui régule non seulement le trafic des drogues mais aussi les entreprises formelles et informelles qui existent sur le territoire.

Cependant si cette situation est devenue massive cela est dû au fait qu’à l’origine le trafic de drogues n’est rien d’autre qu’une activité supplémentaire de l’hydre capitaliste.

Un capitaliste sera toujours un monstre vorace et prédateur qu’il se consacre à des entreprises “légales”, ou bien à celles que l’on appelle “illégales”.

La seule motivation des capitalistes est leur désir insatiable de profits. Ils sont prêts à tout pour de l’argent c’est d’ailleurs pour cela que les rapports entre capitalistes “légaux” et le “crime organisé” sont si étroitement liés.

Nous ne pouvons remettre ni nos vies ni celles de nos êtres chers entre les mains de l’État/Mafia, car ce sont eux les responsables du génocide et des massacres que nous respirons quotidiennement. En tant qu’anarchistes nous menons une guerre contre le pouvoir, contre tout ce qui essaie de conditionner les individus et de les éloigner d’eux-mêmes.

C’est pour cela que nous mettons le feu à toutes leurs cages, que nous sabotons leurs marques commerciales que nous attaquons les symboles de leurs sociétés. Les villes, nous les prenons d’assaut parce que l’urbanisation est le summum de l’enfermement massif, de la privatisation des ressources économiques. Y compris les transports publics sont un symbole qui ne cesse de rappeler au marginalisé qu’il n’est pas le bienvenu dans les grands centres urbains. L’augmentation du prix du métro, le monopole par une seule et même entreprise qui tente d’accaparer tout le marché des transports en commun en ville, imposant son schéma terrestre de transport sont autant de symptômes de la privatisation totale des villes.

En ces temps d’ère technologique, la prison est un lieu banalisé pour tous, c’est pourquoi nous devons inventer des chemins et des voies qui nous aident à vivre en marge, réinventer nos vies chaque jour en nous les réappropriant.

En guerre, jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !
Fernando Bárcenas

Traduit par Les trois passants

Varsovie: Le juge rend publique la caution pour les 3 de Varsovie. Une semaine pour récolter les fonds

screen-shot-2016-09-15-at-19-16-09Les 3 de Varsovie ont été arrêtés en mai et gardés dans une prison de haute sécurité, leur contacts avec l’extérieur ont été restreints, et ils risquent des sévères condamnations au vu des nouvelles lois anti-terrorisme et anti-anarchistes. Ils ne sont pas encore passés en procès.

Le 14 septembre 2016, pendant une audition concernant une plainte suite à leur incarcération prolongée, le juge a finalement accepté de les libérer sous caution. La somme a été fixée à 20 000 PLN, soit 4 600 euros chacun. Si l’argent est transféré en 1 semaine (7 jours à compter du 14/09/2016, soit le 21 septembre), les prisonniers seront libérés et placés sous contrôle judiciaire.
60 000 PLN, soit 13 800 euros est une fortune pour les familles et ami.e.s des prisonniers. Réunir ces fonds en une semaine semble à peine possible. Si vous le pouvez montrez votre soutien, que ce soit financièrement ou en diffusant cet appel de récolte de fonds. Chaque euro récolté nous rapproche de leur sortie.

Lever les arrestations voudrait dire pour les anarchistes arrêtés, la fin des tortures quotidiennes qu’ils endurent après plus de 3 mois en isolement. On ne peut pas laisser cette chance nous glisser entre les mains !

Pour faire un don :
Titulaire du compte : VpKK e.V.
IBAN: DE 4085 0205 0000 0361 5700
BIC: BFSWDE33DRE
Bank für Sozialwirtschaft
Note: Donation ABC Warsaw \ ACK Warszawa

IMPORTANT : ne pas oublier de mettre la note “donation ABC Warsaw” ou “ACK Warszawa”. sans quoi, personne ne saura que le don est adressé aux 3 anarchistes de Varsovie.

Infos sur l’évolution de la situation : https://wawa3.noblogs.org

[Mise à jour : le premier des arrêtés à été liberé. Les deux autres devraient quitter la prison dans quelques jours. Nous continuons à récolter des fonds.]

en anglais, italien

Mexico : Le compagnon anarchiste Fernando Bárcenas Castillo appelle à se solidariser avec les prisonnier-e-s qui vont commencer une grève aux États-Unis le 9 septembre 2016

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Lettre ouverte aux compagnon-ne-s

Note : L’utilisation du mot prison dans ce texte se réfère à tous les endroits artificiels dans lesquels on nous domestique pour nous insérer de force dans le système de production capitaliste. C’est une contribution pour approfondir la réflexion de tous les être vivants aux mains des puissances économiques et du projet technologique…

Compas, je vous salue d’un amour insurrectionnel pour vous faire parvenir ces paroles de guerre, tout en saluant aussi les jours de l’insurrection qui vient, parce que les idées fleurissent dans les champs comme les fleurs que nous ne devons pas arrêter de cultiver…

Nous ne savons pas si la victoire existera, mais ce que nous savons c’est qu’ils n’occuperont pas nos rêves et nos vies…

Le seul vrai moment de liberté c’est lorsque nous nous battons pour la liberté, parce que nous préférons mourir plutôt que d’accepter cette façon de vivre. Sans nous en rendre compte, nous sommes déjà libres, parce que rien n’occupe nos têtes sinon le seul désir d’incendier la réalité…

Mais qu’est qui se cache derrière la guerre destructrice, derrière la sombre obscurité de l’esprit humain ? Ne serait-ce pas le reflet et la manifestation poétique d’êtres se réappropriant leurs vies et influençant de manière active l’organisation de la vie quotidienne ?

Si chaque individu se vantant d’être “libre” se rendrait compte de sa condition, ce serait le début de la dernière guerre, notre dernière opportunité.

J’ai appris que c’est au cours de la vie quotidienne des peuples que les postulats d’une force réelle se concrétisent, capable de s’opposer et de nier le capitalisme.

Ceux sont de simples articulations d’idées et d’actions. Nous ne voulons pas être attirants pour les masses modernes consommatrices, c’est pour cela que je crois qu’il peut exister une forme réelle d’auto-organisation uniquement entre les gens les plus mal-traités et marginalisés, ceux qui vivent quotidiennement en guerre mus par l’instinct et le sentiment, plus que par la raison…

Puisqu’une conscience vierge est plus sauvage et n’est pas tant manipulée par les systèmes éducatifs, elle est toujours plus propice à prendre une orientation anarchique…

Comme son instinct lui en donne l’intuition, ils se sentent poussé-e-s vers la désobéissance. Il faut seulement provoquer « l’étincelle » qui allumera l’incendie…

Mais généralement, pour faire réfléchir, un prisonnier-e, par exemple, nous nous trouvons dans la situation que les simples paroles ne suffisent pas parce que c’est quelqu’un-e qui vit quotidiennement la guerre et qui connaît les scénarios, même beaucoup mieux que nous et cela n’arrive pas par des paroles, sinon par des actions et des attitudes réelles, cohérentes avec ce que nous pensons et ce que nous disons.

Beaucoup questionnent les « tactiques » et les « méthodes » comme s’il s’agissait d’une compétition et quand je dis cela je ne dis pas qu’il faille s’isoler et éviter la critique consciente, sinon bien au contraire. Le seul problème est qu’il faut que nous arrachions, tel un collier autour du cou, les influences bourgeoises qui historiquement contaminent les formes d’organisation de ceux qui se nomment libertaires…

Radicalement opposé, je pense qu’il n’est pas nécessaire de penser tout les aspects de la vie. La révolution sociale se construit quotidiennement, sans manuels, sans dogmes, tant dans la coexistence sociale, que dans l’ombre et pas parce que ça doit être ainsi par décret révolutionnaire, mais bien parce que le mot révolution signifie pour moi et pour beaucoup d’autres aussi, je le sais, prendre activement part dans cette guerre. Mais toujours à notre façon et c’est pour cela même que nous ne pouvons laisser passer aucune doctrine, idéologie scientifique ou religieuse, vu que l’apprentissage et les connaissances s’acquièrent dans les tranchées populaires, dans l’expérimentation dans la confusion, dans la spontanéité, dans la confusion. Nous ne voulons pas de normes, ni de buts fixes, vu que ce serait notre propre condamnation à l’ignorance et à l’esclavage….

Le problème des grandes civilisations qui ont existé jusqu’à présent, c’est que toutes ont basé leur vision du monde sur des sciences exactes et quantifiables…

L’humain se sent si antagonique face à l’insignifiance de son existence face à l’abandon absolu de vivre dans un régime pénitencier dans les villes et les prisons qu’il cherche alors refuge et soulagement en essayant de donner un « ordre » fictif à la vie. Il cherche à comprendre tout et à le réduire à son monde et à sa taille. Si nous ne nous focalisons pas uniquement à profiter de l’exquise existence, nous trouverons le soulagement de tous les maux générés en nous par la domestication des civilisations. Toutes les guerres et les catastrophes, que l’humain a amené à cette terre en voulant naïvement rompre l’ordre naturel de la vie, auraient pu être évitées.

Et c’est pour cela que dans cette guerre imposée, dans laquelle nous vivons et souffrons esclavage et misère aux mains de quelques uns qui, au nom du capital, s’arrogent le droit de diriger notre existence, il n’est pas encore trop tard pour se rendre compte que les siècles d’histoire qui nous précédent nous ont enseigné que peu importe la forme de gouvernement c’est toujours la même chose : la justification du droit de limiter et de punir pour exploiter…

Même le plus primitif des organismes vivants sait de manière instinctive que s’il n’est pas capable de s’adapter à son environnement, il finira par s’éteindre. Et la question serait donc : l’humain sera-t-il capable de s’adapter aux conditions de vie artificielle que lui impose l’environnement techno-industriel ?

Dans la nature sauvage et en nous-même existent les composants qui rendent possible la vie telle que nous la connaissons et c’est pour cela qu’il est absurde que nous pensions à posséder toutes les ressources naturelles et matérielles que nous rencontrons dans notre entourage. C’est une vision coloniale et anthropocentriste de voir la vie et c’est pour ça que sa reproduction mènera sous peu à l’édification du principe d’autorité et de pouvoir, avec pour conséquence l’esclavage et la guerre…

Notre participation à la guerre doit être donc radicalement différente aux méthodes impérialistes de guerre… Ce n’est pas la guerre pour la guerre, ce n’est pas la guerre pour elle-même sinon notre défense sauvage…

C’est un appel à la solidarité révolutionnaire contre l’esclavage et l’extermination que nous impose le pillage économique… en Amérique du nord, Amérique latine, Moyen-orient, Europe et dans tous les endroits qui sont atteints par la civilisation, à l’intérieur des prisons mexicaines, qu’ils sachent que nous nous préparons, mais les actions le démontreront…

En guerre aux côtés de nos frères prisonniers, esclaves des État-Unis qui sont en train de mettre en place et de coordonner une grève nationale dans les prisons d’Amérique du nord pour le 9 septembre 2016 et avec tou-te-s les autres prisonnier-e-s et esclaves dans les prison extérieures….

Jusqu’à ce que nous soyons tou-te-s libres.

Fernando Bárcenas Castillo

Traduction Les trois passants

Appel à l’action anarchiste internationale en solidarité avec la grève des prisons aux États-Unis

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Le 9 septembre [45eme anniversaire de la rébellion de la prison d’Attica], des prisonnier-e-s à travers les États-Unis entameront une grève qui consistera en un arrêt général du travail contre l’esclavage pénitencier. Pour faire court, les prisonnier-e-s refuseront de travailler ; illes refuseront de continuer à faire tourner les prisons par leur propre labeur. Les prisonnier-e-s ne luttent pas juste pour de meilleures conditions ou pour un changement du règlement des conditionnelles, mais contre l’esclavage pénitencier. Les prisonnier-e-s soutiennent que sous le 13è amendement qui abolit l’esclavage racial, ce-dernier permet à des êtres humains d’être exploités pour rien ou pratiquement rien tant qu’illes sont prisonnier-e-s. Les prisonnier-e-s voient ainsi le présent système d’esclavage pénitencier comme une continuation de l’esclavage racial, système qui génère des milliards de dollars de profit chaque année pour de grandes sociétés des industries clés comme celles des combustibles fossiles, les fast food, les banques, et l’armée américaine.

Peu de temps après le passage de l’amendement 13, un grand nombre d’anciens esclaves ont rapidement été mis sous les verrous sous d’insignifiants délits, retournant rapidement à leur rôle originel d’esclaves. Près d’un siècle plus tard, la guerre contre la drogue a essayé de s’occuper du taux de chômage croissant amené par des changements dans l’économie (externalisation, financiarisation, dérégulation, etc.), ainsi que de la menace d’une insurrection noire qui a grandi dans les années 60 et 70, en mettant de plus en plus de gens en prison. En même temps, l’État et les entreprises ont continué à regarder en direction du travail en prison comme à une source pour générer des profits massifs.

Du fait de tout ces facteurs, aujourd’hui, environ 1 adulte américain-e sur 100 est enfermé-e derrière les murs, et beaucoup d’autres sont en liberté conditionnelle, en résidence surveillée, ou au sein de centres de détention pour migrant-e-s. Alors que les déténu-e-s afro-américain-e-s, natif-ve-s, latinos et blanc-he-s pauvres forment le gros de la population carcérale, les détenu-e-s noir-e-s, ‘brun-e-s’ (ndt : en anglais, ‘brown people’ fait référence de façon large à toutes personnes ayant la peau mâte et n’étant pas -seulement – d’origine occidentale), ou natif-ve-s représentent un bien plus gros pourcentage d’incarcéré-e-s que leurs homologues blanc-he-s. Par exemple, il y a présentement plus de personnes afro-américaines enfermées dans le complexe industriel carcéral que ce n’était le cas durant la période d’esclavage racisé antérieure à la guerre civile américaine en 1860. C’est dans ce climat que les rebel-le-s en prison se sont organisé-e-s elleux-mêmes pour mener cette grève.

Il est aussi important de préciser que cette journée du 9 septembre est appelée par une large variété de groupes, mais provient globalement d’organisations telles que Free Alabama Movement (FAM), qui est un groupe carcéral autogéré qui s’est propagé à travers les États-Unis. Les anarchistes ont joué un rôle clé en soutien et organisation, mais aussi les diverses grèves de la faim, du travail, et émeutes dans le sein des prisons qui ont explosé dans des établissements tel que celui de la prison Holman. Le soutien est venu de divers groupes carcéraux, l’Anarchist Black Cross (ABC), et le Incarcerated Workers Organizing Committee (IWOC [le comité d’organisation des travailleur-euse-s incarcéré-e-s]), une section du IWW [Industrial Workers of the World], qui comprend présentement autour de 1000 membres à travers les prisons américaines. Pour aider à accroître les potentiels autour de cette grève, des anarchistes ont aussi organisé nombre de conférences et tenu une large variété d’actions, comme des manifs bruyantes, des déploiements de banderoles ou encore des ‘campagnes’ de tags.

Mais nous avons besoin de l’aide du mouvement anarchiste international pour prendre de la vitesse. Nous en appelons à nos camarades à travers le monde à nous aider. Nous demandons à tous les groupes, fédérations, syndicats, réseaux, cellules et individus de considérer de faire une action, organiser un événement et répandre la grève.

Voici quelques idées d’actions :
1) Organiser une manif devant une ambassade des États-Unis, une base militaire, ou avant-poste gouvernemental américain. Laissez leur savoir que les gens à travers le monde sont en solidarité avec cette grève.

2) Organiser une manif bruyante devant une prison locale, centre de détention ou prison pour mineur-e-s.

3) Organiser une action qui établie une connection avec les entreprises qui se font de l’argent sur le travail en prison aux États-Unis. Parmi quelques cibles mondiales se trouvent les chaînes de fast food McDonald’s et Wendy’s, la chaîne de café Starbucks, BP (British Petroleum), les magasins de lingerie Victoria’s Secret, American Airlines (qui a des vols vers de nombreux aéroports internationaux), et beaucoup d’autres.

[Bien que presque tous les commerces aux États-Unis faissent usage d’une certaine façon du travail en prison, voici quelques compagnies supplémentaires : Avis, Walmart, Microsoft, Nike, Nintendo, Honda, Pfizer, Whole Foods, Aramark, AT&T, Sprint, Verizon, Fidelity Investments, Saks Fifth Avenue, JCPenney, Kmart, Macy’s, et bien sur UNICOR, l’entreprise crée et possédé par le gouvernent fédéral pour superviser le travail pénal]

4) Déploier des banderoles, taguer, coller des affiches, et diffuser des nouvelles de la grève dans ta ville.

Enfin, nous ajouterons que la grève commence le 9 septembre et suivra son cours pour un long moment. Les prisonnier-e-s s’attendent déjà à faire face à la répression, et quelques organisateurs ont déjà été placé en isolement et harcelé par le FBI. Il dépend de nous d’assurer leurs arrières depuis l’extérieur et de mettre en place du soutien pour la grève et l’intégrer dans les luttes partout. La grève ne prendra pas fin le 10 septembre, mais continuera, alors aidez-nous à nous préparer pour le long terme.

Longue vie à l’anarchie !
Feu aux prisons !
Liberté pour tou-te-s !

Plus d’infos, mises à jour et matos d’orga:
Support Prisoner Resistance – supportprisonerresistance.noblogs.org
Free Alabama Movement – freealabamamovement.wordpress.com
IWW Incarcerated Workers Organizing Committee – iwoc.noblogs.org
IT’S GOING DOWN – itsgoingdown.org
Portland ABC – pdxabc.org
Anti-State STL – antistatestl.noblogs.org
325 – 325.nostate.net/tag/prison-labour-strike

en anglais

Oaxaca : Le cas de Miguel Peralta Betanzos

Cliquez sur l’image pour télécharger le livre.

Ce bulletin a pour but de diffuser l’un des cas de répression qui ravagent le territoire dénommé Mexico, il a été réalisé dans le cadre de la Semaine Internationale de Solidarité avec les Prisonnier.e.s Anarchistes, qui a eu lieu du 26 au 30 août 2015. Il a été réalisé par des personnes solidaires de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca, alors que 12 de ses membres sont toujours emprisonnés pour avoir défendu leur territoire et les décisions politiques prises par l’Assemblée. Ce bulletin a été créé sans aucun but lucratif. Nous encourageons toute forme de solidarité envers nos compagnons et compagnonnes prisonnier.e.s.

Miguel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de vingt policiers. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis cinq ans par l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions en s’opposant aux partis politiques soutenus par les caciques locaux.

Vous pouvez reproduire totalement ou partiellement ce bulletin.

Répands et étends librement ces idées.

Solidarité et camaraderie avec nos compagnon-n-e-s prisonnier.e.s

À bas les murs des prisons !

Destruction de la société carcérale !

Bonne lecture !

Les trois passants

(Traduction collective)

[Mexico] : Présentation du collectif de prisonnier-e-s « Cimarron »

“Ce collectif a entamé un vaste travail de re-signification et de ré-appropriation de la vie à partir de la résistance culturelle, ignorant les espaces institutionnels pour mettre concrètement en place des ateliers, des discussions, une bibliothèque alternative pour construire de la sorte une vie communautaire en marge du temps et des restrictions de la prison…”

(Fernando Barcenas)

La CIPRE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) étant une organisation informelle s’est dissoute et aujourd’hui s’efface non sans laisser toute une expérience organisationnelle derrière elle. Désarmé, Fernando lance une nouvelle proposition donnant lieu au collectif des prisonniers CIMARRON, le nom « cimarron » signifie « s’échapper, fuir ».

Texte lu lors de la rencontre Anti-carcérale du Bajío – Mexique

Juillet 2016

Caché dans ce qui aujourd’hui est un semblant de campement (une loge), je me connecte à ce dialogue intime par lequel j’approfondis mon essence et c’est précisément ce moyen par lequel je peux dénuder mon âme et l’offrir, au moins tant que je me trouve dans cet endroit… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne peux être prisonnier de mes émotions si je veux pouvoir survivre… je reste vivant et en alerte, parce qu’il suffit d’une étincelle pour que la vie s’achève lorsque tu vis entassé, supportant une routine incessante de jours, semaines, mois, années et pour certains plus malheureux que moi : de décennies… Le conflit est inévitable. Il est évident que nous tous reclus ici, nous sommes une bombe à retardement… Tu ne peux jamais savoir quand explosera une de ces bombes et d’une certaine façon cette sensation d’agressivité ne me déplaît pas ; ce qui me déplaît c’est la résignation de la grande majorité ; parce que cela signifie renoncer à attaquer les puissants et si nous renonçons à les attaquer alors nous nous attaquerons entre nous…

C’est ce qui me bouleverse parce que dans certaines situations nous devons aussi maltraiter des enfants du peuple… je suis conscient que chaque fois que je sors de cette cellule, c’est l’instinct sauvage qui me guide pour me conduire comme n’importe quel bête sauvage le ferait ; avec son intelligence, son instinct et sa force physique… C’est ainsi que peu à peu je me gagne la sympathie des autres animaux, non pas pour mon argent ni mes relations ou mes influences, mais par ma détermination à ne permettre à personne de s’approprier mon existence, et de vivre toujours en marge des rapports de pouvoir… Dans un endroit comme celui-ci, quelqu’un de marginal comme moi n’a d’autre moyen que ses bras et son cerveau soutenus par son courage et la rage de l’instinct de préservation pour faire respecter ses opinions, ses idées… La vérité c’est que j’ai toujours des envies que tout explose, que j’imagine les maton-e-s , les honnêtes citoyens et leurs institutions de représentation brûlant dans les flammes… Si j’ai appris quelque chose tout au long de ce projet d’insurrection de mes idées c’est de valoriser cette sensation qui consiste à garder le contrôle sur ma vie ; une sensation que j’expérimente très souvent lorsque je me confronte au maton, lorsque je décide de ne pas être victime du système et que je retrouve ma dignité en rendant le coup de poing dans la gueule, à l’estomac, parce que cela constitue en soi un acte de guerre qui rappelle celui des animaux en cage, du compagnon bastonné, du prisonnier réduit à moins que rien, des pauvres et de tous les marginalisés du monde qui ont posé le pied dans les entrailles de la prison, tous ces être formidables qui résistent quotidiennement aux ravages de la guerre contre l’humanité et la nature, menée par l’économie globale dans les états du monde et qui de par leur politique ont condamné à mort la planète sur laquelle nous vivons.

C’est dans ce contexte que l’individualisme d’un rebelle solitaire se transforme en organisation ; car souvent il suffit juste d’impulser une légère expression de désobéissance pour contaminer les autres êtres qui se savent eux aussi humiliés, piétinés, c’est ainsi que petit à petit des actes spontanés de résistance quotidienne se reproduisent (le refus des contrôles, les agressions contre les gardiens, les insubordinations collectives, les grèves de la faim etc.) et bien que nombre d’entre elles ont été étouffées sur le champ et que nombre de ceux qui ont participé en tant que coordination informelle des prisonniers en résistance (CIPRE) ont choisi de négocier et d’obtenir certaines commodités, on ne peut ignorer que ces faits n’existaient pratiquement plus dans les prisons au moins dans la dernière décennie, surtout depuis la prolifération de ceux qu’ici nous appelons « les mules » ou « prisonniers au service des autorités ».

Cependant, depuis ces actions qui ont agité l’intérieur de la prison pendant quelques mois, un petit groupe de personnes s’est formé, qu’ils ont décidé eux-mêmes d’appeler « cimarrón »… cimarrón pouvant être tout animal domestiqué qui échappe à ses maîtres et redevient sauvage. Ce collectif a entamé un vaste travail de re-signification et de ré-appropriation de la vie à partir de la résistance culturelle, ignorant les espaces institutionnels pour mettre concrètement en place des ateliers, des discussions, une bibliothèque alternative pour construire de la sorte une vie communautaire en marge du temps et des restrictions de la prison… En effet, la majorité de ceux d’entre nous considérés comme des « criminels » nous avons démontré que nous sommes capables d’assurer la subsistance avec intelligence, instinct et force physique en les combinant parfaitement entre eux, c’est ce qui fait de nous un ennemi en puissance à écarter par ceux qui nous dominent. C’est d’ailleurs pour ce motif qu’ils nous enferment dans des cages et qu’ils nous combattent de façon si brutale…

Nombreux sont les « criminels » qui ne sont pas conscients de cela, mais d’autres comme nous l’ont perçu et sont prêts à livrer bataille contre le monstre carcéral et contre tout forme de domination….

Jusqu’à ce que nous soyons tous libres !

– Fernando Barcenas –

Traduction les trois passants

Exarchia, 4 août: Soirée “Contre l’esclavage carcéral” au squat Themistokleous 58, en présence d’un camarade de l’ABC de Portland

EN_04.08

CONTRE L’ESCLAVAGE CARCÉRAL | CONTRO LA SCHIAVITÙ CARCERARIA | AGAINST PRISON SLAVERY | CONTRA LA ESCLAVITUD CARCELARIA | ΕΝΑΝΤΙΑ ΣΤΗ ΣΚΛΑΒΙΑ ΤΗΣ ΦΥΛΑΚΗΣ

Le 9 septembre 1971 des prisonniers ont pris le contrôle d’Attica, le plus célèbre enfer de l’état de New York et l’ont fermé.

Le 9 septembre 2016 des prisonnier-e-s en lutte démarreront des blocages et d’autres actions pour la fermeture des prisons dans tous les États Unis, et pour que l’esclavage carcéral prenne fin une fois pour toutes.

Que les flammes de la solidarité ses propagent partout dans le monde !

Presentation & discussion à propos de la grève des prisonniers avec un camarade de l’Anarchist Black Cross de Portland (USA)

Jeudi 4 août à 20h à la terrasse du squat anarchiste au 58 rue Themistokleous, Exarchia, Athènes

Squat Themistokleous 58 | Cellule de solidarité anarchiste Anarchist Black Cross [Grèce] | Réseau traducteur de contre-information Contra Info

en anglais, grec, portugais, italien

[Mexico] Extraits du journal anti-carcéral « El Canero n°4 »

liberonslesim
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Fernando Bárcenas Castillo est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.

Réflexions sur le journal « El Canero » par Fernando Barcenas
Prison Nord de la ville de Mexico, juin 2016

Le projet « El Canero » est né durant les heures d’ennui, de partage de discussions et réflexions dans les cellules d’isolement, dans la zone 3 du module d’entrée, en observant la routine et comprenant que nous devons toujours recommencer depuis le début ; c’est ainsi qu’a surgi la nécessité de redonner du sens.

Que signifiait réellement lutter contre la domination et l’état ?

Est-ce que croire aveuglément dans mes idées avait encore réellement un sens ?

Bien des questions se bousculaient dans ma tête et j’ai compris alors que je devais trouver une forme pour ne pas me retrouver en proie à l’angoisse et au désespoir…

J’ai d’abord commencé par écrire pour débuter un dialogue avec moi-même et ensuite, lorsque j’ai conçu la façon de matérialiser ma liberté intérieure, je l’ai alors utilisée comme lieu d’introspection depuis celui où je me trouvais avec mes bourreaux, de mes prisons subjectives, de mes attitudes autoritaires et de soumission, un lieu où je n’avais de sens qu’en me cherchant moi-même et qui a en effet fonctionné comme un outil pour reprendre confiance dans mon individualité unique et libre.

Par la suite, sont venues les questions.

Est-ce que cela avait un sens de n’écrire que pour soi ?

De quoi avait-on besoin pour briser les barrières de l’isolement.

Les réponses infinies à de tels questionnements m’ont conduit à une seule réponse : Écrire !

Si la liberté est aussi indispensable, aussi appréciée que la vie elle-même, à un point tel que nous serions capables de donner notre vie plutôt que de la soumettre à l’esclavage et aux chaînes ; alors pourquoi ne pas se battre pour l’étendre et faire en sorte que d’autres puissent expérimenter ici et maintenant la sensation de liberté et de plénitude qu’elle nous procure et qui parcourt notre corps chaque fois que nous nous échappons du périmètre légal, de la norme sociale ?

Nous sommes acteurs de la révolte et pour chacun des actes décidés, nous nous assumons comme des êtres capables de nous autodéterminer, de nous réapproprier nos vies et d’avancer de façon cohérente vers l’expérimentation et la création de nouvelles formes de rapports sans pour autant nous transformer en institutions sociales. C’est pour cela qu’à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons physiques nous devons réfléchir et nous interroger : sommes-nous satisfaits de vivre soumis à de telles conditions ? Avons-nous envie de détruire la réalité ou voulons-nous seulement la transformer ? Mais surtout nous devons savoir si ce choix, c’est bien nous qui le faisons, si c’est bien le nôtre.

FERNANDO BARCENAS
Prison Nord de la ville de Mexico

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[Grèce] Lettre ouverte de Pola Roupa à propos de la tentative de libérer Nikos Maziotis de la prison de Koridallos

Traduction de la première partie de la lettre de Pola Roupa initialement publiée sur Indymedia Athènes avec la traduction reçu le 15 mars :

Dans d’autres circonstances, ce texte aurait été écrit par Lutte Révolutionnnaire. Toutefois, le résultat de la tentative de faire évader le camarade Nikos Maziotis de la prison de Koridallos m’oblige à parler personnellement.

Le 21 février [2016], j’ai tenté de faire évader le membre de Lutte Révolutionnaire Nikos Maziotis par hélicoptère. L’opération était planifiée de sorte que d’autres prisonniers/prisonnières politiques qui voulaient se frayer un chemin vers la liberté puissent se joindre à nous. Les détails du plan, comment j’ai réussi à esquiver les mesures de sécurité et embarquer dans l’hélicoptère armée, n’ont pas d’intérêt particulier, et je ne les considèrerait pas ; malgré le fait qu’il y a eu beaucoup de désinformation. Juste par souci de clarté, je mentionnerai seulement que le plan n’était pas basé sur une précédente évasion par hélicoptère, qu’il n’est pas associé à des résultats de plans pas encore implémentés, et que je n’ai aucune relation avec une autre personne fugitive, en dépit des représentations médiatiques qui disent le contraire. Aussi, cette tentative n’était pas précédée d’un autre projet d’évasion qui «aurait échoué», comme le disent certains médias.

Au quart du voyage après notre décollage de Thermisia en Argolide, j’ai sorti mon arme et demandé au pilote de changer de cap. Bien sûr, il n’a pas compris qui j’étais, mais il a réalisé que c’était une tentative d’évasion de prison. Il a paniqué. Il m’a attaqué en sortant un pistolet – un fait qu’il a «omis de mentionner». Aussi parce qu’ils vont probablement essayer de réfuter le fait qu’il était armé, je rappelle à tout le monde que des rapports publiquement disponibles parlent de la découverte de deux chargeurs dans l’hélicoptère. L’un était le mien, mais pas le deuxième. Le deuxième chargeur était celui de son propre flingue, qui est tombé de ses mains pendant notre bagarre en vol. Et pour ma part, bien sûr que j’avais un deuxième chargeur. Comment aurais-je pu partir pour une telle opération avec un seul chargeur ?

Il a perdu le contrôle de l’hélicoptère et hurlé, paniqué, «nous allons nous tuer». La description qui a été faite d’un hélicoptère pratiquement incontrôlable est vraie. Mais ça n’était pas une conséquence de mes actes, mais des siens. L’hélicoptère perdait de l’altitude et tourbillonnait dans les airs. Nous volions quelques mètres au-dessus de lignes électriques. Je lui ai crié de remonter l’hélicoptère, de faire ce que je lui disais afin que personne ne soit blessé.

En peu de temps, nous étions au sol. Celleux qui parlent d’une réaction dépassionnée du pilote, apparemment en se basant sur le résultat, ne savent pas de quoi illes parlent.

Au lieu de faire ce que je lui ai dit de faire, il a préféré risquer de s’écraser avec moi dans un accident d’hélicoptère, ce qui par chance n’est pas arrivé. Il va sans dire qu’au moment d’entrer dans l’hélicoptère et d’essayer d’en prendre le contrôle, de le diriger vers les prisons, j’avais pris ma décision. S’il refusait de faire ce que je lui disais, je réagirais évidemment. Celleux qui prétendent que je suis responsable de la descente incontrôlée de l’hélicoptère, de 5000 pieds [~1500m] jusqu’au sol, à quoi s’attendaient-illes ? Que je dise «si vous ne voulez pas aller aux prisons, ça ne fait rien» ? J’ai tiré avec mon arme et nous avons commencé – tou·te·s les deux armé·e·s – une bagarre en vol.

Il a préféré risquer de s’écraser avec moi sur la montagne plutôt qu’obéir. Lorsque nous avons finalement atterri avec de la vitesse, même si je savais que l’opération était ratée, j’ai eu toutes les opportunités d’exécuter le pilote. J’ai consciemment décidé de ne pas le faire. Bien que je savais qu’avec cette décision je mettais en danger ma vie ou ma liberté, je ne l’ai pas exécuté, alors même que j’en avais la possibilité. Il le sait très bien lui-même. La seule chose qui m’a retenue a été ma conscience politique. Et j’ai pris cette décision, en risquant ma propre vie et ma possibilité de m’enfuir.

En ce qui concerne l’opération d’évasion elle-même, il est évident que toutes les mesures de sécurité possibles ont été prises pour protéger notre opération contre les gardes armés qui patrouillent dans le périmètre de la prison, et je transportais même un gilet pare-balles pour le pilote. Dans ce cas-là, le but était que l’évasion se passe d’une façon qui assure le plus faible risque possible pour l’hélicoptère, les camarades, et, bien sûr, le pilote. J’ai agi avec la même idée quand nous avons atterri ; malgré le fait qu’il était armé. J’ai essentiellement placé sa vie au-dessus de la mienne et de ma propre sécurité. Mais je voudrais reconsidérer ce choix en particulier.

S’organiser pour évader Nikos Maziotis était une décision politiques, autant que c’était une décision politique de libérer d’autres prisonniers/prisonnières politiques. Ce n’était pas un choix personnel. Si j’avais voulu libérer seulement mon camarade Nikos Maziotis, je n’aurais pas affrété un gros hélicoptère – un point qui a rendu l’organisation de l’opération plus complexe. Le but de l’opération était aussi la libération d’autres prisonniers et prisonnières ; celleux qui ont effectivement voulu, avec nous, se frayer un chemin vers la liberté.

Cette action, par conséquent, et malgré ses dimensions personnelles qui sont connues, n’était pas un choix personnel, mais politique. C’était un pas sur le chemin de la Révolution. Cela vaut aussi pour toutes les actions que j’ai entreprises et pour toutes les actions que j’entreprendrai à l’avenir. Ce sont des maillons d’une chaîne de planification révolutionnaire visant à créer des conditions politiques et sociales plus favorables, pour élargir et renforcer la lutte révolutionnaire. Plus loin je me réfèrerai aux bases politiques de ce choix ; mais je dois d’abord parler de faits, et de la façon dont j’ai procédé jusqu’à maintenant au regard de certains de ces faits.

Comme je l’ai mentionné précédemment, chaque action que je réalise concerne un acte lié à la planification politique. Dans le même contexte, j’ai exproprié une succursale de la Banque du Pirée, dans les locaux de l’hôpital Sotiria à Athènes en juin dernier [2015]. Avec cet argent, en plus de ma survie en «clandestinité», j’ai assuré l’organisation de mon action et le financement de l’opération de libération de Nikos Maziotis et d’autres prisonnières politiques des prisons des femmes de Koridallos. La raison pour laquelle je me réfère à cette expropriation (je me fiche royalement des conséquences pénales de cet aveu) est que, aujourd’hui, je considère comme absolument nécessaire de révéler comment je procède au regard de la sécurité des civilEs, qui dans certaines circonstances sont présentEs dans les actions révolutionnaires dans lesquelles je suis impliquée, et ma perspective à propos de cette question à l’occasion – toujours mutatis mutandis – de la tentative d’évasion.

Dans le cas de l’expropriation de la succursale de la Banque du Pirée, ce que j’ai dit aux employéEs lorsque nous sommes entréEs dans la banque était qu’illes ne devraient pas déclencher l’alarme, parce que cela mettrait en danger leur propre sécurité, puisque je n’étais pas prête à quitter la banque sans l’argent. Je ne les ai ni menacé, ni mis en danger directement. Le danger ne pourrait venir que de la police, si les flics arrivaient et que nous avions un affrontement armé. Et la police n’arriverait que si unE employéE déclenchait l’alarme de la banque. C’était un développement qu’illes voulaient évider. Parce que les personnes qui se trouvent présentes lors de telles actions n’ont pas peur de celleux qui tentent d’exproprier, mais de l’intervention de la police. En outre, il est vraiment stupide pour quiconque de tenter de défendre l’argent qui appartient aux banquiers. Et pour information, lorsqu’une employée m’a dit «nous sommes nous aussi de pauvres gens», je lui ai suggéré de nous déplacer dans un angle mort, où les caméras ne pouvaient pas nous voir, pour lui donner 5000 euros, ce qu’elle n’a pas accepté, apparemment par peur. Si elle avait accepté l’argent, elle peut être sûre que je n’en parlerais pas publiquement. Et un détail : ce que je tenais était un tablier médical pour couvrir mon arme quand j’attendais à l’extérieur de la banque ; ce n’était pas une serviette (!), comme mentionné à plusieurs reprises.

À chaque époque, dans la lutte pour la Révolution – ainsi que c’est le cas dans toutes les guerres -, parfois les révolutionnaires sont obligéEs de solliciter l’aide de civilEs dans leur combat. Les exemples historiques sont trop nombreux – une tentative de les documenter remplirait un livre entier, et ce n’est pas le moment de s’étendre sur la question – à la fois en Grèce et dans les mouvements et organisations armées dans d’autres pays. Dans de tels cas, toutefois, nous leur demandons essentiellement de prendre parti dans une guerre. Lorsque quelqu’unE refuse d’aider, ille ne se positionne pas seulement sur une pratique particulière, mais pose une attitude globale d’hostilité à la lutte. Illes mettent en danger ou empêchent les projets, illes mettent les vies des combattantEs en danger, illes mettent des obstacles en travers de la voie vers un processus révolutionnaire. Illes prennent position contre une guerre sociale de classe.

Ni à la succursale de la Banque du Pirée, ni durant la tentative d’évasion par hélicoptère je n’ai fait connaître mon identité, de sorte qu’aucune personne impliquée dans ces affaires ne savait que c’était des actions politiques. Mais après la tentative d’évasion ratée, et étant donné que – comme je l’ai déjà mentionné – j’ai eu l’opportunité de tuer le pilote mais que je ne l’ai pas fait, en risquant ma propre vie, je dois rendre public ce qui suit : à partir de maintenant, à chaque fois que j’aurais besoin de l’aide de civilEs, et si j’estime cela nécessaire, je ferai connaître mon identité d’emblée. Puisque ma mission dans tous les cas est de promouvoir la lutte pour le renversement de l’establishment criminel, que chacunE sache que tout possible refus de coopérer et tout effort d’obstruction de l’action sera traité en conséquence.

Je suis, bien sûr, au courant des informations personnelles du pilote, mais je n’ai pas menacé sa famille. Je ne menacerai jamais de familles et d’enfants.

Ceci est mon bilan après la tentative d’évasion, que je dois rendre public.

L’OPÉRATION D’ÉVASION ÉTAIT UN CHOIX RÉVOLUTIONNAIRE

[…]

J’AI TENTÉ L’ÉVASION DE LA PRISON POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE
TOUTE MA VIE JE LUTTE POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE
JE CONTINUERAI À LUTTER POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE

Pola Roupa
membre de Lutte Révolutionnaire

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