Je vous remercie tou(te)s pour vos lettres et vos gestes de complicité. Chaque étoile de verre brisé accompagne mes nuits et chaque flamme de voiture brûlée réchauffe l’hiver et colore la griseur des murs.
Si je n’ai pas répondu à toutes vos lettres directement c’est que l’ambiance actuelle qu’il y a en cellule ne me le permet pas. De plus, je n’ai que 10 mois à faire, pas 10 ans, je serai donc bientôt dehors et il serait stupide que je leur donne déjà les bases des futures complicités que j’imagine possibles.
Si je suis resté libre pendant 8 mois et tant que je ne suis pas sorti de la clandestinité c’est bien qu’ils ne savaient pas où chercher. A ce propos, le procès étant passé je vais avoir accès au dossier d’instruction et il sera rendu public dés que possible.
A l’intérieur, tout va bien, il y a ici des compagnons de placard que je connais depuis des nombreuses années, j’ai donc été bien accueilli dés mon arrivée.
Quelques journaux anarchistes circulent discrètement dans tout le bâtiment et les nouvelles rentrent et sortent de différentes façons.
En ce qui concerne les relations avec l’AP, tous les parloirs et les contacts téléphoniques ont été refusés. J’ai subi 4 fouilles de cellule en un mois dont 3 consécutives les 3 derniers jours. Je n’ai droit à aucune activité, je reste donc 22h/24 en cellule.
Cependant, le rapport de force instauré par les attaques à l’extérieur me permet d’être “entendu” lorsque je prend à part certains matons afin d’exiger d’eux un service.
Un salut fraternel à la cellule Rémi Fraisse de la F.A.I. ainsi qu’à tous les individus qui agissent sur le réel par les moyens qui leur semblent nécessaires.
Solidarité avec Pola Rupa, arrêtée il y a peu pour des actes qui parlent à tout le monde. Complicité avec les anarchistes de Koridallos ainsi qu’avec tou(te)s celleux incarcérés, en fuite, agissant à travers le monde.
Pas un millimètre en arrière, 9 millimètres dans la tête des juges
On avait envie d’exprimer avec des actes notre solidarité avec Damien, condamné jeudi 19 janvier à 10 mois de prison. On était nombreux et nombreuses à cette manif saccageuse du 14 avril et on ne le laissera pas payer tout seul – on ne l’oublie pas.
Le soir du dimanche 22 janvier nous avons trouvé trois Autolib, rue Galilée à Montreuil et les avons incendiées.
On nous refourgue les Autolib comme une solution pour une ville plus propre, plus écologique, plus « smart ». Nous gerbons sur leur propagande.
Pour Damien, donc, et aussi pour les compagnon.nes emprisonné.e.s en Italie pour l’opération Scripta Manet.
Liberté pour tous et toutes !
Les amis de Jules Bonnot et du printemps 2016
P.S. Nous tenons à envoyer une accolade complice aux compagnon.ne.s qui ont cramé des bagnoles de collabos à Bruxelles le soir du nouvel an. Lire que les nuits bruxelloises s’illuminent de vos attaques (et celles d’autres) nous motive encore plus à agir (c’est à ça aussi que servent les communiqués de revendication, non?). Pourtant, nous pensons que distribuer des tracts, coller des affiches est important et ce n’est pas « embrigader » ou « séduire » mais partager des idées subversives.
Mais nous sommes sûrs que vous y avez déjà réfléchi. La bise.
POUR UN 1ER MAI DE LUTTES OFFENSIVES CONTRE LE TRAVAIL, SON SALARIAT ! CONTRE CE MONDE QUI LES FAIT VIVRE !
Les anarchistes ne fêteront jamais l’aliénation au travail et à ses apôtres capitalistes et étatiques. Nous voulons continuer le combat des anarchistes de Chicago se battant auprès des grévistes contre l’exploitation patronale, pour mettre fin aux rapports de domination et d’exploitation du capitalisme, de l’Etat, du patronat, du patriarcat et de son sexisme, de toutes leurs normes sociales qui nous sont imposées qui veulent étranger nos voix et piétiner nos vies.
Nous refusons d’être leur marchandise, qu’elle soit animale ou humaine. Nous voulons mettre fin à l’exploitation de nos vies par des patrons, des chef-e-s en redressant des barricades offensive par une lutte des classes dans une guerre sociale contre nos oppresseurs pour la destruction de toutes classes sociales, de toute domination, de toute exploitation et de ce vieux monde qui les fait vivre.
Nous ne voulons plus de barreaux oppressifs autour de nos vies par ces prisons du dehors que sont les usines capitalistes. Nous ne voulons pas apprendre à reproduire leurs rapports de domination et d’exploitation dans leurs écoles dès notre plus jeune âge. Nous ne voulons pas nous soumettre à leurs normes sociales, nous voulons rompre tous leurs rangs, y comprix ceux qui nous sont imposés dans leurs prisons du dedans (HP, emprisonnement carcéral, centres de rétention, centres éducatifs fermés) qui enferment les “récalcitrant.e.s” à cet ordre social bourgeois qui nous dépossède de notre vie.
Il est temps de redonner au 1er Mai et aux 364 autres jours de l’année tout leur véritable sens, celui qui animait les anarchistes de Chicago ! Un 1er Mai fait d’insurrection empruntant des chemins non balisés, fuyant les “contestations légales”, pour s’en prendre aux racines profondes de l’exploitation patronale et étatique par les blocages et les sabotages ! Les anarchistes de Chicago ont engagé leurs vies, non en tant que martyrs, mais en tant que révolutionnaires dans une lutte globale par une stratégie insurrectionnelle dans la réflexion et l’action directe contre les rapports de domination et d’exploitation patronale et étatique.
Dans notre engagement révolutionnaire, il n’y a pas d’innocence mais la nécessité d’être dans une discipline révolutionnaire qui ne fasse aucune compromission avec nos ennemis de classe. Nous voulons détruire jusqu’au plus profond de ses racines les rapports de domination, d’exploitation et leur ordre social que sont le capitalisme, la propriété, l’Etat-Nation et tous ses sbires répressifs, pour une vie intense et pleine de créativité hors de leurs rangs de la soumission. Ne leur demandons pas la permission de vivre. Allons là où nous envies nous portent !
Les anarchistes de Chicago n’étaient ni des héros, ni des innocents mais des révolutionnaires conscients de cette nécessité d’être dans une guerre sociale par l’insoumission contre tout ordre établi à l’exploitation et la domination capitaliste et étatique. Ils ont été tués pour cela. Nous n’avons rien à demander à la justice bourgeoise de classe !
« Non, vous ne nous condamnez pas à mort pour un crime. Vous nous condamnez pour ce qui a été dit sur tous les tons, pour l’Anarchie. Et puisque c’est pour nos principes que vous nous condamnez, je cris sans crainte : Je suis anarchiste ! » (Louis Lingg)
Nous sommes des anarchistes révolutionnaires qui engageons nos vies et qui l’ assumons, contre tous pouvoirs, et quelque soit le nom et le drapeau qu’aborde ce pouvoir. Nous engageons nos vies en étant conscient.e.s que l’ordre établi de la bourgeoisie fera tout pour nous faire taire afin de protéger ses privilèges et maintenir pour cela son pouvoir mortifère sur nos vies. Nous sommes déterminé-e-s, tout comme les anarchistes de Chicago, à continuer de faire entendre notre voix par l’action directe et à ne nous soumettre à aucune domination pour avancer toujours plus vers l’anarchie, et cela pour le bonheur de toutes et tous en nous organisant par nous mêmes sans aucune hiérarchies sans urnes électorales, sans politicien.ne.s, sans Etats-Nations, sans capitalisme, sans l’oppression des religions.
“Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui” August Spies
Hier [le 19 avril] en début de soirée, autour de 100 personnes ont manifesté en solidarité avec la jeunesse en lutte en France au cours d’une manif sauvage à travers [le quartier de] Bockenheim. Depuis des semaines maintenant, des milliers de gens en France prennent la rue contre la « loi travail ».
Les jeunes et rebel-le-s n’en peuvent plus des contrôles de police racistes. Beaucoup de gens défient l’expension massive de l’appareil sécuritaire durant le présumé état d’urgence en chemin vers un état policier autoritaire. Illes ressentent l’impact des gaz lacrymo quotidiennement ! Le mouvement de printemps refuse de se faire exploité par le marché du travail. La jeunesse sait très bien que le projet néolibéral ne bénéficie à personne – excepté au capital.
Durant une brève mais croustillante manif – suivant l’exemple français – nous avons fait un tour sauvage du bloque. Nous luttons aux côtés de celleux qui ont décidé de ne plus tolérer cette condition. Nous avons décidé de ne plus la tolérer.
Nos ami-e-s dans les rues de France savent très bien que manifester doit faire mal. Illes savent aussi que la résistance ne peut pas seulement s’articuler dans le cadre de la loi de l’état autoritaire. La Bastille n’a pas été prise d’assaut par la grâce du roi. Nous avons donc decidé de ne pas nous plier au cadre restreint de la suffisance allemande. Alors que la manif passait devant le consulat français, nous avons décidé d’exprimer notre solidarité directe. Plusieurs tâches de peinture et quelques vitres brisées peuvent en attester. Bien sur, ce n’est rien en comparaison des centaines de blessé-e-s par les gaz lacrymo, spray au poivre et coups de télesco de la police hebdomadairement. Mais c’est un signal distinct.
Et nos slogans en ce début de soirée à Francfort l’était aussi. La police est bien sur venue trop tard et c’est tant mieux. Nous étions préparé-e-s à défendre notre manif contre les attaques de la police. Heureusement, cela n’a pas été nécessaire.
Nous connaissons vos mensonges : Ce n’était pas une action hit & run de « 25-30 gauchistes autonomes » comme les flics l’ont reporté, mais un avant-goût des temps à venir de luttes communes. Et ne prétendez pas ne pas en connaître la raison.
Jeunesse et insurgé-e-s – le monde nous appartient ! Un message de vos ami-e-s
Dans ce renforcement somme toute récent du culte populaire du travail, de nombreuses charognes politiques ont une bonne part de responsabilité, syndicats, partis et organisations dites « radicales » en tête.
Car l’ouvriérisme n’est pas pour rien dans la démocratisation de ce culte : les batailles pour le droit au travail (ça résonne comme un échos à la vieille rengaine « Mais il y a des gens qui sont morts pour que tu aies le droit de vote ! ») ont commencé avec la constitution de ce qui s’appelle encore aujourd’hui le Mouvement Social, lui-même ayant pris part à l’enterrement des mouvements insurrectionnels caractérisés par le cassage en règle de machines et d’usines.
Aussi, après la “mort” de l’exploité révolté, surgit une autre « figure », avec la bonne imagerie du prolo musclé, qui sue courbé sur sa machine, plein de ténacité face à l’adversité et la douleur, les parades d’ouvriers pour le premier mai avec force banderoles « sauvez nos emplois et nos salaires », « sauvez notre profession », « l’industrie automobile doit survivre », ou encore «
pour la défense de la métallurgie en Lorraine », « 3000 euros par mois dès maintenant c’est possible ! » et autres hymnes bien puants incitant à être fier de sa condition.
Une imagerie où la faucille ne sert plus à égorger le contre-maître, ni le marteau à défoncer le métier à tisser, mais à représenter le travail dans toute sa splendeur.
Loin des soupirs citoyens et des démobilisations cérébrales de la gauche, alors que l’Etat (d’urgence ou non) cherche à dissuader les révoltés the hard way, pendant que certains réclament la justice pour machin et la vérité sur trucmuche, alors que d’autres préfèrent encore œuvrer au synergisme de la convergence-des-luttes afin d’assurer la convergence-des-gauches, pendant que les plus ambitieux réfléchissent déjà à la capitalisation de leur pseudo influence sur le dit « mouvement contre la loi travail », il y en aura pour les vingtenaires comme pour les autres, chacun son cercueil organisationnel, pendant que des politiciens radicaux s’astiquent en se regardant se regarder (…et son monde), alors que des réacs de tout poil veulent réinstaurer la race comme grille d’analyse du monde, alors que d’autres nous expliquent d’assemblées en assemblées qu’il ne faut rien faire et attendre notre heure sur leurs horloges cassées, que ce n’est pas le moment, d’autres encore nous bassinent de leurs exhortations à l’action pour finir par de piteux blocages symboliques d’une heure ou par le #retweet contre ce monde et son monde (…et son monde), alors que le déploiement contre-insurrectionnel de l’Etat se développe dans tous ses volets, législatifs, judiciaires, policiers, économiques et psychologiques,
Les révoltés ne palabrent plus…
Plutôt que de vivre assis, ils passent la nuit debout, sans spotlights et sans caméras, sans citoyens-flics, sans chauvins, sans fachos, sans remords. Ils n’attendent pas le tracer de manifs déposées par les beaufs du SO de la CGT ou les boloss de l’UNEF, ils n’attendent pas d’être 300, ils n’ont pas besoin d’afficher leur «virilité» en criant «ahou» comme des CRS (laissons leur la virilité !), ils ne se lamentent pas sur le triste sort du mobilier urbain, ils nient en actes, ils renient en bloc, ils n’ont plus de foi, ne veulent plus des lois ni de leur esprit, n’ont plus de croyances, ils se foutent bien de savoir ce que le ciel pense d’eux, mais ils ont des perspectives et une projectualité claire :
EN FINIR AVEC L’ÉTAT ET LE CAPITAL. ICI ET MAINTENANT.
Ce monde ne repose pas que sur la tête des flics. Comme nous, nos ennemis ne sont pas des concepts abstraits, ils n’ont pas de couleurs, de races ou de genres, mais ils ont des fonctions et des responsabilités dans notre asservissement, ils ont des noms et des adresses. Rendons leur visite !
Détruisons la normalité.
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Ni loi ni travail : Des propositions pratiques* :
• 18 février, Paris, Les Lilas, Pré Saint Gervais : Cinq locaux du PS ont leurs vitres défoncées à Paris et en Seine Saint Denis : Dans le IIIème (40 rue Charlot), le XVème (36 rue Mathurin Régnier), le Vème (328, rue St Jacques), aux Lilas (rue du 14 Juillet) et au Pré Saint Gervais (33 rue Gabriel Péri). Un communiqué explique ces quelques actes : « s’opposer à l’état d’urgence c’est s’opposer à l’Etat tout court et au parti au pouvoir le PS. Cela ne se fait pas avec des promenades traine-savates aux côtés de partis politiques, syndicats et bigots obscurantistes ni avec des banquets avec des religieux ou juste en se plaignant de la violence policière ».
• 10-15 mars, Besançon : On apprend dans la presse que les permanences politiques du PS et d’un sénateur LR ont toutes les deux fait l’objet de dégradations. Sur le PS : « pourriture sociale » en couleur noire et « contre votre monde de képis » peint en rouge et en caractères de trois mètres de hauteur. Sur la permanence du sénateur, de la colle a été projetée dans la serrure de la porte d’entrée pour la rendre inutilisable. D’autre part, la vitrine a été recouverte de tags. Non loin de là, un A cerclé et « Pour vivre debout, bloquons tout, grève générale ».
• 18 mars, Paris : Huit DAB sont sabotés par divers moyens (marteau, mousse expansive, extincteur) dans le nord de Paris. Un communiqué explique : « au lieu de nous plaindre aux côtés des partenaires sociaux (matons de la révolte) détruisons ce qui nous détruit ! Pas besoin de
manifs ! ». Les intentions sont clairement exposées : « La “loi travail” on en a rien à péter, on veut juste tout péter ! » Voila une bonne idée !
• 22 mars, Paris : Suite aux négociations en lousdé pour « occuper » un amphi à la fac de Tolbiac, « quelques enragés d’un autre 22 mars » décident de grimper jusqu’au septième étage, là où se trouvent les bureaux administratifs de la fac qu’ils saccagent en coupant les câbles, en jetant divers liquides sur les appareils électroniques divers, les papiers administratifs sont détruits et deux ordinateurs sont embarqués pour être détruits au calme. Le communiqué précise : « Il s’agit là de la réalisation d’une volonté précise de ne pas se limiter à des prises de parole, des AG, des manifs (qu’elles soient à 11h ou à 13h30), mais de contrer toute forme de connivence avec le pouvoir, tous les pouvoirs ».
• 24 mars, Paris : Alors que dans la journée, le SO de la CGT avait tabassé, gazé et donné aux flics des manifestants à Montparnasse, « des travailleurs de la nuit (non syndiqués) » et très inspirés ont décidé de rendre des coups la nuit-même, brisant les vitres du local de la CGT, rue Pierre Bonnard, dans le XXème, en solidarité avec les arrêtés du 24 mars.
• 8 avril, Paris : Le local de la CGT du XIVe arrondissement, rue de l’Aude, perds ses vitres. Parce que nous ne voulons pas de leur gestion de l’exploitation. Un geste revendiqué par des « travailleurs en démolition »: « Nous ne voulons aucune gestion de notre esclavage, le travail ».
• 12 avril, Toulouse : La bourse du travail est attaquée avec des ampoules de peinture, une poubelle incendiée contre sa façade et le tag « Tous les flics ne sont pas bleus » laissé sur un mur. Il s’agit, selon un communiqué, d’une attaque contre la CGT.
• 12 avril, Saint-Denis : Des tags sont apposés autour de l’entrée de l’Université Paris VIII : « Nique la race, vive la lutte des classes », « Racialistes hors des mouvements », « racialistes = racistes² » « Si Dieu existait, il faudrait le détruire ». Un communiqué explique qu’il s’agit de s’opposer à la tentative de hold-up politique de la mouvance racialiste dans cette fac.
*Ces quelques attaques ont été (sauf mention) revendiquées, pas de récupération ou de substitution politique ou journalistique possibles, ni de porte-paroles de l’anonymat.
Ni des loi supposées nous garantir, ni un quelconque travail supposé nous permettre de nous « réaliser ». Le travail n’est rien d’autre qu’exploitation, fatigue, ennui, humiliation. Toute loi n’est que l’expression de la domination de certaines couches sociales sur d’autres, qui constituent la majorité de la population. Nos fameux « droits » ne sont que le paravent du marchandage entre notre docilité et l’expropriation de nos vies.
Nous sommes nombreux à descendre dans les rue, ces jours-ci. Journalistes, syndicalistes et politiciens (même « alternatifs ») voudraient nous enrégimenter derrière le simple refus de la loi Travail. Mais, en fait, on s’en fout de cette énième reforme d’un code du Travail qui est là pour nous atteler au turbin. On crache sur l’esclavage à vie du CDI comme sur la galère quotidienne de la précarité. Ce qui remplit les rues ces jours-ci, c’est le ras-le-bol envers ce monde de plus en plus invivable. Ce qui apparait là, c’est un refus du travail, la conscience peut-être encore imprécise mais bien présente que toute loi est une chaine. Il y a ici et là quelques petites secousses dans la normalité de cette société : des frémissements dans lesquels nous pouvons voir un refus de la soumission et de l’impuissance quotidiennes, une mise en cause de la résignation généralisée.
Ce monde est invivable. D’un côté un État de plus en plus répressif – la carotte de l’État social étant en fin de course (pas pour toutes les catégories, bien sûr : le vieux précepte de diviser pour mieux régner est toujours efficace), il ne reste que le bâton. De l’autre côté, des prétendues alternatives qui ne représentent que la volonté de faire gérer cette même société par des syndicats et des partis de gauche, qui n’ont même plus d’illusions à vendre. Ou bien de sinistres cauchemars qui donnent une couleur encore plus morbide à l’autorité : replis communautaires, retour du religieux et de l’oppression morale.
Dans ce panorama sombre, s’attacher à un coin de territoire ou à une situation sociale donnée, revient à jouer sur la défensive, à renoncer à l’audace des rêves. Mais ni une quelconque zone à défendre dans un monde englouti par des nuisances, ni une Justice qui est là pour sanctionner l’inégalité et la privation de liberté, ni quelques droits à se faire exploiter tout le long de la vie, ne pourraient jamais nous suffire.
Cette petite fissure dans la normalité que ce sont les mobilisations avec l’excuse de l’énième modification du code du Travail, nous voulons l’agrandir, pour qu’elle devienne une brèche, d’où atteindre la fin de l’exploitation. Faisons en sorte que le vase qui commence à déborder se casse. Ne nous contentons pas des promesses politiciennes, chassons les médiateurs sociaux (comme les syndicats), déchainons notre rage contre cette société qui nous vole, jour après jour, nos vies. Attaquons-nous aux bases morales et sociales de l’autorité. Et aussi à ses structures matérielles : magasins, lieu de productions, bâtiments publics, véhicules, moyens de transport de personnes, de marchandises et d’énergie… Attaquons-nous aux hommes et femmes qui l’incarnent : flics, patrons, juges, chefs de toute sorte, bureaucrates, vigiles, politiciens, matons… A nombreux, en petits groupes ou seuls, le jour comme la nuit, quand et où le pouvoir ne nous attend pas.
Un graffiti récent, souvent repris, dit : « le monde ou rien ». Mais nous n’avons rien à défendre dans ce monde qui ne nous appartient en rien, et auquel nous n’appartenons pas. Un monde qu’on veut détruire.
La fête ne nous attend pas que sur ses décombres, mais déjà dans la révolte, ici et maintenant.
Il n’y a pas de retour en arrière. Contre toute loi, contre le travail. Contre ce monde d’enfermement et d’exploitation. Pour la liberté !
Aujourd’hui 31 mars avait lieu une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme du travail. Partout en france des lycées ont été bloqués, des facs se sont mises en grève et plusieurs manifestations ont lieu qui se sont terminées par des affrontements contre les keufs comme à Toulouse, Marseille, Rennes, Nantes et Paris.
A Nantes, la manifestation, a réuni plus de 30 000 personnes et tout au long du cortège, des banques ont été attaquées à coups de marteaux et d’extincteurs, la mairie a été fracassée, une agence Vinci (le constructeur de l’aéroport sur la ZAD de Notre Dame des Landes) a été repeinte tout comme le local du Parti Socialiste. L’hôtel de luxe Le Radisson, situé dans les murs de l’ancien tribunal pénal, est un des symboles de la gentrification nantaise : la maison d’arrêt qui se trouvait derrière à été entièrement déménagée pour laisser place net aux riches. Pour l’occasion il a été repeint à grands coups d’extincteurs, un petit clin d’oeil à Georges Courtois, qui avait pris en otage le tribunal lors de son procès en 1985 avec Abdelkarim Khalki et Patrick Thiolet.
Des barricades ont aussi été érigées à plusieurs endroits, des rues dépavées et les grenades lacrymos ont plu toute la journée. Plusieurs tirs de LBD 40 (flashball) ont été signalés. …