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Saragosse, Etat Espagnol : Marche à la torche pour les prisonnier.e.s

Ce vendredi 9 mars, dans le quartier de Zaragoza du Torrero a eu lieu une marche à la torche en solidarité avec les personnes incarcerées.

La marche a commencé sur la Place de las Canteras devant le regard attentif de centaines de voisin.e.s du quartier, environ une 60aine de personnes sont passées par l’avenue principale jusqu’a la troisième étape à coté de CSO KIKE MUR.

Durant le parcours des tracts d’informations contre les prisons ont été distribués, des slogans on été criés et on pouvait sentir le fracas des pétards, comme la chaleur des torches et des feux à mains. Aussi, on voyait apparaitre sur les murs des rues quelques peintures.

Le plus curieux est de voir quelques voisin.e.s se joindre à la marche et faire leurs propres déclarations : A bas les murs des prisons !

Pour finaliser la troisième étape, on a lu le communiqué des prisonnier.e.s et la marche s’est conclue sans aucun incident avec la police.

Marzo Anarquista Zaragoza 2017

Voici le communiqué qu’on a distribué dans le quartier :

CONTRE LES PRISONS

Ces dernières années, nous avons été témoins de comment l’Etat Espagnol a franchi un pas qualitatif et quantitatif en ce qui concerne la répression de n’importe quelle lutte qui menace les interêts du capitalisme. Enfermement des anarchistes (Operación columna, pandora, piñata, ice…), aux jeunes de la resistencia galega (résistance de la galice), aux voisines de Gamonal, aux marionnetistes, aux jeunes de Alsasua, et à pleins d’autres, tou.te.s avec l’étiquette de “terroristes”.

Terroristes ? Précisement, c’est avec ce nom que nous, les personnes aimantes de la liberté, nous nous referrons aux politiques, aux employeurs, à la police, aux médias de communication et évidemment, aux gardiens de prisons. Mais si être terroriste signifie lutter pour, dans un futur, en finir avec n’importe quel type d’autorité, nous crierons bien haut que oui, nous sommes terroristes !

Mais nous ne pouvons non plus oublier que le capitalisme réprime aussi avec fermeté ceux et celles qui vivent dans une situation d’exclusion socio-économique, et qui sont obligé.e.s de rechercher la vie en marge des dispositions. Pour cela, la plus grande partie de la population qui vit dans l’enfer pénitenciaire (en prison, en CIES ou en centre pour mineur), y est pour cause des délits contre la propriété (un des pilier basique de l’injustice social), le fait d’être immigrant sans papiers, le fait d’être dépendant des même drogues que le pouvoir introduit pour nous endormir et contre lesquelles nous ne luttons pas… en definitive, le fait d’être né avec moins de chance.

Le système pénitenciaire est un commerce qui renferme plus de prisonniers qu’il peut contenir. Ses chiffres sont effrayantes. Nous sommes passés d’une population réclusive de 18.583 personnes en 1980 à 76.771 personnes enfermées actuellement. Les nombres confirment aussi que nous sommes dans le pays européen avec le plus de prisonniers et le moins de délits. Mais en plus d’être un commerce, c’est aussi une machine d’extermination mentale et physique, 40% des prisonniers souffrent d’une maladie psychiatrique et 80 personnes meurent chaque année sous surveillance en Espagne.

En plus la prison est un outil très utile pour celleux qui nous condamnent à une vie de travail et de consommation, d’obeissance et de soumission… À une vie de misère. Pour d’un coté s’en servir pour dissimuler les erreurs d’une société basée sur l’inegalité, et de l’autre coté menacer celleux qui se rebellent contre elle. C’est à dire, les hôtes de cette invention macabre sont élus sur la base de la criminalisation de la pauvreté et de la protestation. C’est pour ça qu’une chose doit être bien claire : si être criminel signifie lutter pour être libre, nous crierons bien haut que oui, nous sommes des criminels et nous continuerons à l’être ! Autant dedans qu’en dehors des murs. Aujourd’hui nous sommes sorti.e.s dans la rue pour montrer amour et haine. Amour pour les personnes privées de liberté et haine pour celles qui nous les arrachent.

NI LEURS LOIS NI LEURS BARREAUX NE POURRONT NOUS ARRETER !

en espagnol

[Grèce] 21 Janvier 2017 : Journée d’action en solidarité avec les membres de Lutte Révolutionnaire

Sur l’affiche :

“Je suis une révolutionnaire et je n’ai pas à m’en excuser.

Les terroristes, les criminels, les voleurs sont ceux qui composent la vie économique et politique ; les institutions et le gouvernement qui, par le memorandum, mènent la plus violente, la plus atroce attaque contre la base sociale au nom de la “sortie de crise”. Les terroristes, les criminels, les voleurs sont l’État et le Capital ; ceux contre qui j’ai engagé le combat de toute ma conscience jusqu’à la lutte armée, jusqu’à la Lutte Révolutionnaire ; ceux que mon organisation a ciblé durant toutes nos années d’activités.

…Quand les classes dirigeantes économiques et politiques attaquent la majorité sociale de la façon la plus impitoyable, la lutte armée pour la révolution sociale est un devoir et une obligation ; parce que c’est là où l’espoir se trouve et nulle part ailleurs. Le seul espoir pour quitter définitivement les crises systémiques que nous vivons dans cette époque historique, pour quitter définitivement toutes les crises. C’est le seul espoir de renverser le capitalisme, le système à l’origine de toutes les crises, le seul espoir de renversement de l’État et du Capital.

C’est notre seul espoir pour une contre-attaque armée de la base sociale contre le système qui les crucifie.

C’est notre seul espoir pour le renversement de l’État et du Capital, pour la Révolution Sociale.

Pour une société d’égalité économique et de liberté politique pour tous.”

Pola Roupa

“Je suis une anarchiste, membre de l’organisation révolutionnaire Lutte Révolutionnaire. Les seuls terroristes sont l’État et le Capital.”

Konstantina Athanasopoulos

Manifestation en solidarité avec les membres de Lutte Révolutionnaire
Samedi 21 janvier 2017 à 12:00 à Monastiraki (centre-ville d’Athènes)

SOLIDARITÉ AVEC LES MEMBRES DE LUTTE REVOLUTIONNAIRE
AUCUN STATUT D’EXEMPTION DE PRISONNIERS POLITIQUES
LUTTE CONTRE L’ÉTAT ET LE CAPITAL PAR TOUS LES MOYENS
-Assemblée Solidaire (Athènes)

Texte complet de l’appel en grec

En Allemand, Anglais, Italien, Portugais

Nantes : Appel à manifestation contre le climate chance lundi 29 Septembre à 14h !

cc2016-flyercomplet

Appel à diffuser autour de vous, pour lancer trois journées de blocage et de sabotage d’un événement international qui prétend faire partie de la solution alors qu’il participe directement au problème !

Si nous voulons défendre notre avenir, c’est au présent que ça se passe et en ne laissant pas les gros destructeurs de la planète et de nos vies décider à notre place !

Toutes et tous à Nantes le 26 Septembre à 14h Place Ricordeau pour une manif déterminée, imaginative et survoltée !

Pour l’appel complet et en format tract, c’est ici :

https://www.dropbox.com/couleur (version couleur)

https://www.dropbox.com/n&b (version Noir et Blanc )

(N.B. : pas besoin de s’inscrire à dropbox pour télécharger le flyer)

Pour plus d’infos sur le climate chance, premier sommet international des acteurs non-étatiques du climat (multinationales, élu-e-s du monde entier, ONGs mondiales et locales, start-ups des nouvelles technologies, etc…) :

https://stopclimatechance.wordpress.com/

Place à votre imagination et à vos envies d’actions durant le parcours ainsi que pendant la durée du sommet !

Le collectif stopclimatechance

Francfort, Allemagne : Manif sauvage et attaque sur le consulat français

Hier [le 19 avril] en début de soirée, autour de 100 personnes ont manifesté en solidarité avec la jeunesse en lutte en France au cours d’une manif sauvage à travers [le quartier de] Bockenheim. Depuis des semaines maintenant, des milliers de gens en France prennent la rue contre la « loi travail ».

Les jeunes et rebel-le-s n’en peuvent plus des contrôles de police racistes. Beaucoup de gens défient l’expension massive de l’appareil sécuritaire durant le présumé état d’urgence en chemin vers un état policier autoritaire. Illes ressentent l’impact des gaz lacrymo quotidiennement ! Le mouvement de printemps refuse de se faire exploité par le marché du travail. La jeunesse sait très bien que le projet néolibéral ne bénéficie à personne – excepté au capital.

Durant une brève mais croustillante manif – suivant l’exemple français – nous avons fait un tour sauvage du bloque. Nous luttons aux côtés de celleux qui ont décidé de ne plus tolérer cette condition. Nous avons décidé de ne plus la tolérer.

Nos ami-e-s dans les rues de France savent très bien que manifester doit faire mal. Illes savent aussi  que la résistance ne peut pas seulement s’articuler dans le cadre de la loi de l’état autoritaire. La Bastille n’a pas été prise d’assaut par la grâce du roi. Nous avons donc decidé de ne pas nous plier au cadre restreint de la suffisance allemande. Alors que la manif passait devant le consulat français, nous avons décidé d’exprimer notre solidarité directe. Plusieurs tâches de peinture et quelques vitres brisées peuvent en attester. Bien sur, ce n’est rien en comparaison des centaines de blessé-e-s par les gaz lacrymo, spray au poivre et coups de télesco de la police hebdomadairement. Mais c’est un signal distinct.

Et nos slogans en ce début de soirée à Francfort l’était aussi. La police est bien sur venue trop tard et c’est tant mieux. Nous étions préparé-e-s à défendre notre manif contre les attaques de la police. Heureusement, cela n’a pas été nécessaire.

Nous connaissons vos mensonges : Ce n’était pas une action hit & run de « 25-30 gauchistes autonomes » comme les flics l’ont reporté, mais un avant-goût des temps à venir de luttes communes. Et ne prétendez pas ne pas en connaître la raison.

Jeunesse et insurgé-e-s – le monde nous appartient !
Un message de vos ami-e-s

Rémi et Clément

en anglais et italien

Laval, Québec : Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es

Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es, pour dénoncer les conditions de détention et démontrer la solidarité avec les détenues transférées de Tanguay à Leclerc.

19 mars 2016 (Laval, Québec) – Plus de 50 personnes se sont réunies pour une manifestation de bruit devant la prison Leclerc à Laval pour exprimer leur solidarité avec les détenu.es : En février passé, sans grande couverture médiatique ou indignation de la population générale, les prisonnières du centre de détention Tanguay d’Ahuntsic ont été transférées à la prison Leclerc, une prison pour hommes à Laval, comme conséquence des mesures d’austérité imposées au Québec.

Dénonçant les conditions dans la prison, les participant.es à la manifestation ont lu des textes contre le système carcéral et sa relation avec le colonialisme, le patriarcat, la suprématie blanche et le capitalisme. Utilisant des feux d’artifices, de la musique, du bruit et des discours, Les manifestant.es ont envoyé leur message de solidarité à ces prisonnièr.es qui, enfermé.es loin du reste de la société et de leur famille, sont parmi les plus directement affecté.es par les mesures d’austérité et également les plus restreint.es dans leur possibilité d’exprimer une opposition aux mesures violentes et arbitraires du gouvernement.

Le 31 décembre 2015, les femmes de Tanguay ont publié une liste de demandes et ont récemment dénoncé la violence arbitraire et les abus qu’elles ont subis durant le transfert vers Leclerc. Elles vivent désormais des conditions plus difficiles qu’à Tanguay (leur manifeste est en ligne). Les auteures de ces demandes dénoncent le manque de nourriture adaptée à leurs besoins, de produits nettoyants et d’accès à des produits d’hygiène. Elles demandent également l’accès aux programmes de réinsertion, plus de temps dans la cours et des soins médicaux adaptés pour les personnes souffrant de dépendances.

« Les femmes qui demandaient des meilleures conditions à Tanguay et qui sont maintenant à la prison provinciale de Leclerc, font partie intégrale de la lutte contre l’austérité. Nous devrions connecter leur lutte à l’intérieur des prison avec nos luttes à l’extérieur », a dit Virginie Dubeau, une organisatrice avec le groupe Toute Détention Est Politique. « La vigile de ce soir est tenue en support de leurs demandes, pour la fermeture de toutes les prisons et pour mettre fin à la violence patriarcale. »

« La menace de la prison est utilisée pour confiner les gens dans les systèmes oppressifs du colonialisme, du capitalisme et du patriarcat. Les peuples autochtones, les personnes de couleur et les gens pauvres sont emprisonné.es de façon disproportionnée au Canada. » a expliqué Dubeau. « Dans les cinq dernières années, le nombre total de femmes accusées de crimes punissables par du temps d’incarcération a augmenté de 40%, alors que le nombre de femmes des Premières Nations emprisonnées a augmenté de 85% dans les dix dernières années. Cette réalité n’a rien à voir avec la soi-disant ‘augmentation des crimes’ (qui a en fait diminué); mais est plutôt directement reliée avec le profilage racial et la façon dont certaines populations sont gardées dans une précarité économique constante. »

Après le rassemblement devant Leclerc, les participant.es se sont réuni.es devant la prison Tanguay dans Ahuntsic pour une action symbolique contre toutes les prisons et centres de détention. Des silhouettes ont été attachées sur les clôtures pour commémorer les impacts des prisons sur les individu.es, les familles et les communautés, pour se rappeler la violence et les traumatismes causés par ces institutions et pour honorer la résistance et la résilience des personnes qui sont passé.es au travers du système carcéral.

Karine Tremblay, membre du groupe Toutes Détention Est Politique explique :
« Nous souhaitons tout d’abord mentionner que ce n’est pas une victoire, car les personnes qui y étaient détenues sont toujours prisonnières, dans une situation où leur conditions sont encore pires qu’elles l’étaient.
Toutefois, en gardant ça en tête, nous sommes réuni.es ici aujourd’hui afin d’utiliser le symbole d’une prison vide pour réaffirmer notre désir de voir tout le complexe industriel carcéral s’effondrer. Alors que ce système détruit nos communautés et renforce le statu quo d’oppressions, en persécutant tout ce qui n’est pas mentalement apte- blanc- cis-hetero-mâle et riche, nous comprenons qu’aucune demande ne pourrait produire cet effondrement, que seulement une résistance active peut réussir à nous libérer. »

Sous les slogans : ‘Fin aux prisons! Liberté et digité pour tou.te.s’, les organisateur.trice.s de la manifestation ont également invité les participant.es à penser à des alternatives aux prisons.

« Les prisons ne rendent pas nos communautés plus sécuritaires, elles les détruisent. Les prisons amplifient les réalités coloniales, racistes et patriarcales qui sont déjà partie de notre vie quotidienne au Canada, » soutient Tremblay.

Voir les statistiques ici. Pour toute information, contactez: toutedetentionestpolitique[at]riseup.net

Québec, Canada : Feux d’artifice du nouvel an à la prison des femmes de Joliette

Le 31 décembre en soirée, nous nous somme rendu à la prison fédérale des femmes de Joliette (la seule prison pour femme purgeant des sentences de plus de 2 ans au soi-disant Québec), dans la région de Lanaudière. Nous tenions deux banières avec les inscriptions: L'(A)MOUR POUR LA LIBERTÉ NOUS FAIT ENNEMI.ES DE L’AUTORITÉ et LA LIBERTÉ EST NOTRE ARME ABSOLUE. Nous avons lancé quelques feux d’artifice, avons pu communiquer avec les filles détenues et chanter notre solidarité. Plusieurs d’entre-elles sont sorties aux portes de leurs unités (petites maisonettes dans la court de la prison), ou sont allées à leurs fenêtres. C’était une première du genre à cette prison.

Solidarité avec tous les prisonniers en lutte

Jusqu’à ce que nous soyons tous libre

DÉTRUISONS TOUTES LES PRISONS ET CE MONDE QUI EN A BESOIN

en anglais

Chili : Chronique de la manifestation anticarcérale du 17 avril à Santiago

Face à la société carcérale : ni silence, ni oubli, seulement la lutte ! / Jusqu’à l’ouverture de la dernière des cages / Coordination anticarcérale La Fuga
Sol de nouveau dans les rues ! / Tamara Sol : nous te voulons libre et dans la rue
Sans douter ni baisser la tête, que le conflit soit l’existence

Quelques compagnon-ne-s révolutionnaires enfermé-e-s dans les prisons du pouvoir ont lancé ensemble un communiqué/appel, dans lequel il est clairement dit de laisser voler l’imagination et d’agir de la façon qu’il nous plaît, dans une perspective de confrontation claire contre toute forme d’autorité entre le 10 et le 20 avril.

Diverses initiatives ont été organisées dans cette région : propagande, activités et action, et l’un des principaux rendez-vous était, selon nous, la manifestation appelée par la Coordination Anticarcérale La Fuga, qui a fait un appel ouvert à une marche en plein centre de Santiago pour le 17 avril, jour lors duquel se commémore le « Jour international du/de la prisonnier-e politique », en plus plus de répondre à l’appel à la mobilisation réalisé par les prisonnier-e-s subversif-ve-s.

La manifestation était programmée à 19 heures. Les compagnon-ne-s arrivent petit à petit au point de rendez-vous, au croisement de Ahumada et Alameda, et autour de 19h30 les compagnon-ne-s de la coordination lisent un texte pour donner le ton initial de la marche : des cris et de nombreux tracts lancés brisaient le quotidien de la citoyenneté et de la police, qui s’en tenait à regarder de loin.

Nous étions plus de 150 personnes, groupes organisés, collectifs et individualités criant pour les compagnon-ne-s en prison. Beaucoup ont commencé à taguer des slogans sur le parcours de la manifestation, des compagnon-ne-s collaient des autocollants dans tous les sens, des centaines et des centaines de tracts ont été lancés dans les rues et les supermarchés, dérangeant les sales gardes et citoyen-ne-s qui profitent de leur misère dans ces centres de la consommation.

Beaucoup portaient des banderoles qui se référaient aux compagnon-ne-s en prison et en grève de la faim, d’autres avec des messages de confrontation contre l’État/Capital.

Le point final était sur la Plaza de Armas, et on a commencé à y lire différents communiqués de compagnon-ne-s révolutionnaires, qui ont contribué à la journée à travers des textes d’histoires et de totale dignité combattante. On a continué à crier des slogans pour chaque compagnon-ne en prison et en souvenir des 81 personnes assassinées dans la prison de San Miguel, il y a déjà 5 ans. Différent-e-s compagnon-ne-s de diverses tendances idéologiques ont contribué avec des prises de parole, qui se retrouvaient toutes dans la lutte contre la prison.

Après plusieurs minutes, la marche a commencé à se rendre vers le point de rendez-vous (Ahumada / Alameda), des cris pleins de mémoire ont envahi chaque espace et on a ramené dans la rue Claudia, Jhonny, Maury, Angry… nos compagnon-ne-s renaissent dans chaque action contre le pouvoir. Les âmes commençaient déjà à s’exalter, des anonymes lançaient des bombes sonores sur le parcours de la marche, ce qui provoquait une ambiance tendue et euphorique.

En arrivant au croisement d’Ahumada et Alameda, la police était déjà préparée à défendre toute avancée des compagnon-ne-s. Celles et ceux qui avaient convoqué ont remercié l’assistance et il a été mis fin à ce moment de rencontre, de propagande, d’agitation et de mémoire. La police a cru que l’événement était terminé… Mais non, autour de 22 heures, un grand nombre d’anonymes se sont réuni-e-s à une intersection d’Alameda et ont coupé tout le trafic de véhicules avec des barricades et des banderoles, accompagnées de cris pour la libération de nos compagnon-ne-s en prison et en mémoire de nos mort-e-s au combat.

Force et solidarité avec les prisonnier-e-s en grève de la faim !!
Face à la société carcérale, ni silence ni oubli, seulement la lutte !!

Des anarchistes.
Avril 2015.

en grec

Toulouse : 21 février – Lapins de Garenne, acte 2

SIvensmanif

Lapins de Garenne, acte 2

Toulouse, 21 février 2015, manif de soutien aux zad et contre les violences policières.
Un peu moins de 1000 personnes sont présentes, un black block d’environ 200 individus/es prend la tête de la manifestation, avec des banderoles comme “la police tue, l’ennui règne, zad partout”, ou “je suis Rémi et toutes les victimes de la police”. Ça faisait plaisir de voir une tête de manif offensive et de ne pas être à la remorque des autres orgas.
À François Verdier, de la peinture est balancé sur les flics. Les bakeux gazent, une partie de la manif progresse et se coupe involontairement du reste des manifestants-es. Commence alors une fuite en avant totalement désordonnée de la tête de manif, coursée par pas plus de quinze bakeux et 8 flics de la direction centrale de la sécurité publique, pas spécialement dressés pour l’anti-émeute. Pendant vingt minutes environ, plus d’une vingtaines de banques, agences immobilières, assurances ont vu leurs vitrines attaquées.  D’abord rue de Metz puis dans le quartier des Carmes. La dispersion s’est fait dans la panique sur les bords de la Garonne.
D’autres affrontements, durement réprimés, ont éclaté lorsque l’autre partie de la manif est arrivée au terme du parcours devant le palais de justice.

Beaucoup d’amertume et un sentiment de gâchis ont envahi pas mal de gens à la fin de la manif. Plein de monde motivé, plein d’énergie et d’envie de marquer le coup pour finalement un semblant de manif sauvage qui ressemblait plutôt à une chasse à l’homme effrénée. S’il y avait eu un peu plus de temps pour réfléchir aux actions à mener, beaucoup plus de dégâts auraient pu être fait.
Il y a eu un peu la même sensation qu’à Lyon le 29 novembre dernier (1). Une manif pleine de potentiel qui termine en eau de boudin. La question est de savoir comment dépasser nos maladresses et d’être plus efficace la prochaine fois.

On peut pointer plusieurs erreurs ou manquements pendant cette manif.
Le premier pas serait de prendre conscience de notre propre force. Clairement, il a fallu moins d’une trentaine de flics pour nous faire déguerpir. A nous de comprendre si on peut les affronter et si le rapport de force est là ou pas.
Encore faut-il bien choisir le moment pour lancer les hostilités. S’en prendre à eux en plein dans un grand carrefour n’est sans doute pas la meilleure des idées. Les allées sont grandes et dégagées, ça permet aux flics d’intervenir plus facilement.
Une fois que c’est parti, il est inutile de paniquer quand des lacrymos tombent à proximité. On  peut plutôt essayer de les relancer vers les flics ou loin de la manif. Pareillement quand les flics chargent, ça ne sert à rien de courir dans tous les sens. Surtout quand ce n’est pas une ligne compacte de crs mais simplement quelques bakeux. Il faut plutôt se retourner et évaluer la situation. Les flics chargent rarement sur plus de 50 mètres, on devrait donc constamment se retourner et crier au besoin un grand “stop” en agitant les bras face aux manifestants-es pour que le reste du cortège s’arrêtent lui aussi. Il est aussi possible de dés-arrêter une personne qui s’est fait choper. Une arrestation aurait peut-être pu être évitée samedi après-midi si tous-tes ensemble on était retourné chercher la personne. Ça aurait au moins valu le coup d’essayer.
S’il y a un réel danger et pas d’autre choix que de courir,  il faut faire attention à ne pas bousculer et entraver les autres personnes. Lors de charges de flics, on voit trop souvent dans la panique des gens n’en avoir rien à faire des autres, pour parfois même les pousser pour les dépasser. Ça serait chouette d’apprendre à être bienveillants-tes les uns-es avec les autres. Comment se faire confiance si à la moindre charge, la loi du plus fort/de la plus forte prend le dessus?

La banderole n’est pas juste là pour délivrer un message, elle peut vraiment servir de bouclier face aux flics si elle est bien renforcée. Du moins, si on reste groupé-e-s. Les gens qui tiennent la banderole doivent avoir du soutien, surtout s’ils marchent à reculons face aux keufs. Il s’agit de ne pas les laisser isolés comme ça a pu se faire cette fois-ci. Les banderoles renforcées peuvent être très efficaces face aux bakeux, ça les tient à distance, mais on a besoin d’être solidaires de ceux-celles qui la tiennent et rester à leur coté pour faire bloc et faire en sorte que pendant que certains-es tiennent en respect la police, d’autres s’attaquent à des cibles, dépavent la rue, montent des barricades etc.

A ce propos, si faire des barricades c’est bien, faisons attention à ce que le mobilier urbain jeté sur la route n’atterrissent pas sur les tibias des autres manifestants-es. Il faut aussi avoir à l’esprit que si elles sont montées à l’avant de la manif, elles peuvent faire obstacle à d’autres personnes qui risquent de se ramasser par terre ou d’être ralenties face à une charge. A plusieurs, on peut rapidement mettre une voiture en travers de la route, voir l’enflammer.

On peut mettre de coté ”l’augmentation graduelle des actions” (comme cela avait été proposé après la manif de Lyon.) Il faut saisir l’occasion quand elle se présente. Des actions qui sont possibles à un moment donné, ne le seront peut-être plus quelques minutes plus tard. Plutôt que de se poser la question de la temporalité, il faut envisager la possibilité d’une action à partir du rapport de force qui se présente dans la rue.

La communication entre les groupes n’a pas non plus été très efficace pendant cette manif. On pourrait s’imaginer une personne par groupe qui essaierait d’aller parler aux alentours, ou certaines personnes qui connaissent le terrain pourraient aller parler aux autres manifestants, ou encore des papiers imprimés à l’avance avec par exemple un rendez-vous pour une manif sauvage un peu plus tard ou un tracé alternatif à celui proposé.

Il faudrait surtout (ré)apprendre à rester soudés/es, à se défendre et attaquer ensemble, pour créer un bloc solidaire et un minimum organisé face aux flics.

(1) Pendant une manif anti-FN à Lyon le 29 novembre 2014, presque 1000 personnes venues pour une manif offensive n’avaient pas su tenir la rue plus de 45 min face aux flics.

De Grèce au Pakistan : Lutte en mémoire de Shezhad Luqman

SHEHZAD LUQMAN VIT : DANS NOS COEURS, DANS NOS RUES, DANS NOS ARMES. NI OUBLI – NI PARDON.

“Celui qui a tiré n’était pas seul,
Il avait d’autres bourreaux inconnus avec lui,
Il avait les vertueux avec lui,
Il avait les honnêtes avec lui,
Il avait les moraux avec lui,
Il avait les justes en lui,
Il avait les pacifistes avec lui”

Samedi 17 Janvier 2015 dans l’après-midi, une manifestation a été faite dans le quartier d’Athènes d’Ano Petralona, deux ans après l’assassinat raciste de Shehzad Luqman, un travailleur migrant en provenance du Pakistan poignardé par deux bâtards de l’Aube Dorée rue Trion Ierarchon sur le chemin du travail quotidien. Parties de la place Mercouri, environ 400 personnes ont manifesté avec de forts slogans, marché à travers les rues étroites de Ano Petralonas et Thissio pour faire un court arrêt sur le lieu de l’assassinat, avant de retourner place Mercouri.

Les compagnon-nes des environs se sont de nouveau retrouvé-e-s dans les rues et ont rejoint l’appel à la mobilisation avec un bloc distinct en fin de manif. En tant qu’individus anarchistes nous pouvons avoir des divergences de points de vue, mais malgré tout nous partageons une conviction commune: nous n’avons aucune illusion quant à la démocratie, nous n’attendons rien de la justice bourgeoise ou d’un système électoral pour résoudre les problèmes des opprimés. Les institutions de l’État et du capital sont les principaux responsables des massacres de réfugiés aux frontières continentales et maritimes, des pogroms étatiques et para-étatiques et des expulsions, de l’enfermement dans des camps de concentration, de la propagation de la xénophobie et du racisme, de la production et de la reproduction du nationalisme et finalement de la fascisation complète de nos quartiers et de nos sociétés.

Parce que pour nous, la lutte à la mémoire de Shehzad Luqman et de chaque migrant.e qui sont tombé.es entre les mains des nazis (avec ou sans uniforme), signifie une lutte contre les frontières et les patries. Pour une lutte insurrectionelle et internationale quotidienne jusqu’à rendre cette merde ingouvernable.

LA DEMOCRATIE EST LA SAGE-FEMME DU FASCISME
LA SEULE JUSTICE C’EST LES ARMES DU PEUPLE

Des anarchistes

Lutte et mémoire pour les migrants morts // Pas même un pouce de terrain pour les fachos // Les rebelles n’ont pas de patrie // De Grèce jusqu’en France, brisons le racisme et la xénophobie

Détruisons les camps de concentration pour migrants // Feu aux frontières // Shehzad Luqman présente // Flics, télévision, néonazis: ces bâtards travaillent tous ensemble

collaboration du Chat Noir Emeutier

France : “Nous ne sommes pas Charlie”

Ce tract a été distribué – difficilement – dans certaines manifestations de commémoration de ces derniers jours en France, pour tenter de contribuer à faire sortir du pathos identitaire et saper l’édification de “l’union nationale” qui se construit après le massacre dans les locaux de Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier, et d’essayer de réfléchir à ce qui va nous tomber sur la gueule dans les temps à venir.

Cliquez sur l’image pour télécharger le tract en pdf.

NOUS NE SOMMES PAS CHARLIE

Le massacre de mercredi est horrible et abject. Les mots ne suffiront sans doute jamais pour qualifier ce carnage.

Une cible logique ? Charlie Hebdo ne nous faisait plus rire ces derniers temps. Comme bien d’autres ces dernières années, le journal jetait allègrement de l’huile sur le feu du racisme ordinaire, de l’islamophobie rampante et du discours pro-occidental. A sa manière – crasseuse, obscène et sexiste, mais de « gauche » – Charlie alimentait, peut-être même sans le vouloir, ces idées nauséabondes. Brandissant les grands alibis de la liberté d’expression et de la laïcité, Charlie Hebdo n’a fait que booster les divisions nécessaires aux riches pour asseoir le pouvoir.

Ce carnage nous est insupportable.
L’injonction au « Je suis Charlie » l’est tout autant.

Nous sommes contre l’obscurantisme religieux. Nous le combattons avec vigueur.

Les curetons de toutes obédiences – chrétiennes, juives ou musulmanes – n’ont toujours fait que canaliser les populations en leur promettant le Paradis en échange de leur docilité sur Terre. Quel est le dieu à chérir ? Quels sont les hérétiques à combattre ? Quel ordre moral suivre ? Quel comportement avoir ? Comment s’habiller ? Comment baiser ? Qui aimer ? Autant de fausses questions, autant d’injonctions.
Et à chaque religion son lot de fanatiques. Des djihadistes prêts à se faire sauter aux cathos intégristes de la Manif pour tous qui vont faire la chasse aux homosexuel-le-s.

Nous sommes contre les fascistes et les racistes de toutes sortes.
Nous nous battons contre eux et leurs idées. Quotidiennement.

Les fanatiques et les fascistes jouent le jeu de la tension et de la peur. Ces fachos de tous poils sont sur notre dos depuis un certain temps déjà, mais désormais les chiens sont lâchés. Antisémites comme Soral ou Dieudonné, islamophobes et anti-immigrés comme tant d’identitaires, de « France aux français », et de skinheads à la Ayoub ou Gabriac, ils laissent infuser dans les têtes leurs idées nauséabondes, jour après jour : la haine de l’étranger, la peur de l’autre, le chacun chez soi et autres conceptions mortelles. Ils n’ont pas tardé à réagir. Le Front National réclame le retour de la peine de mort. Les plus virulents de ces bas-du-front ont déjà attaqué un certain nombre de mosquées et kebabs et tabassé de jeunes arabes (Villefranche-sur-Saône, Le Mans, Port-La-Nouvelle, Poitiers, etc.). Et l’organisation Riposte Laïque (sic) appelle à une grande manifestation à Paris « contre l’islamisation de la France ».

L’islamophobie déjà bien installée va se faire encore plus virulente. Les amalgames avec les personnes issus de l’immigration vont aller bon train. Et les arabes et les musulman-e-s vont malheureusement en payer les frais plus que tous les autres.

Nous sommes contre l’État. Nous ne serons jamais flics.

Mais les flics, on les a vus, on les voit et on les verra toujours plus dans les rues et dans les têtes, munis de toujours plus d’armes (qui seront utilisées contre nous), de législations antiterroristes (qui seront utilisées contre nous), d’idéologies sécuritaires (qui seront utilisées contre nous). Ce n’est pas la liberté d’expression qui est tombée sous les balles de quelques décérébrés, c’est le processus de militarisation de la vie et de la société qui vient de connaître un nouveau grand point de bascule.

Si quelqu’un doit pleurer, au-delà des familles et des proches des personnes assassinées, ce sont celles et ceux qui feront les frais de cette pornographie de l’émotion qui s’est posée comme un voile sur toute pensée critique de la situation : celles et ceux qui continueront d’être exploité-e-s, encore plus qu’avant, et qui continueront d’être opprimé-e-s, encore plus qu’avant.
Le terrorisme a toujours été une arme de domination. C’est encore vrai aujourd’hui.
Et le Capital s’en frotte les mains.

Nous sommes pas les possédants, la bourgeoisie.
Nous sommes contre les patrons. Nous luttons contre eux chaque jour.

On nous inonde d’appels à « l’union nationale » contre l’ennemi intérieur (les immigré-e-s, les anarchistes, les musulman-e-s, les grévistes, etc., selon les besoins du moment) qui n’aboutiront, une fois de plus, qu’à diviser les pauvres entre eux. Et la guerre des pauvres contre les pauvres ne profite qu’à ceux qui s’en mettent plein les poches et à la libéralisation des conditions de travail, quand c’est une solidarité de classe – sans drapeau et sans nation – qu’il faudrait développer pour s’opposer à eux et à leur monde.

Nous sommes révolutionnaires, anticapitalistes, antifascistes.
Nous voulons d’autres rapports sociaux, sans hiérarchie ni exploitation.
Nous voulons l’émancipation individuelle et collective.
Il nous est nécessaire de nous organiser collectivement et largement.

Contre l’État, islamique ou pas…

Barcelone : Manif en solidarité avec les anarchistes détenu-e-s de l’Opération Pandora

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Liberté pour les prisonnier-e-s

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Nous n’avons pas peur (A)

Le samedi 27 décembre, la manifestation appelée à 17 heures en solidarité avec les anarchistes détenu-e-s dans le cadre de l’Opération Pandora, sous les ordres du juge-tortionnaire Javier Gómez Bermúdez, a parcouru les rues du centre de Barcelone.

La manifestation a commencé dans de larges rues avec des cris de solidarité avec les arrêté-e-s, contre la police, contre les prisons et contre l’État, et a terminé dans le quartier de Gràcia. Au moment d’entrer dans le quartier, des compagon-ne-s masqué-e-s ont attaqué sans complexe un grand nombre de succursales bancaires, l’hôtel 5 étoiles Casa Fuster (qui fut le consulat de l’Allemagne nazie à Barcelone en 1936, avant de devenir le siège du comité pour la défense de la révolution au printemps 1937 et d’être repris par la Phalange en 1939, puis de devenir un hôtel de luxe pendant la Transition, après quelques tentatives des mouvements associatifs de quartier de le transformer en structure sociale) et quelques locaux commerciaux de multinationales.

Malgré les diverses menaces de charge proférées par la police contre les manifestant-e-s, un bon nombre de compagnon-ne-s ont tenu bon ensemble pour pouvoir continuer à attaquer les représentants du Capital dans la ville et pouvoir disperser la manifestation après avoir abandonné le matériel d’attaque, pour ensuite s’éloigner de la zone en groupes.
Aucune arrestation n’a été signalée.

LIBERTÉ IMMÉDIATE POUR NOS COMPAGNON-NE-S !!
FEU A CETTE PAIX SOCIALE CONSTRUITE SUR NOS FRERES ET SOEURS EN PRISON !!
MORT A L’ÉTAT ET VIVE L’ANARCHIE !!

Athènes : Le grand bal de la place d’Omonoia

LCL

Une chronique qui nous a été envoyée le 12 décembre 2014

Le 6 décembre, comme chaque année, a eu lieu la commémoration d’Alexis Grigoropoulos. Un acte en sa mémoire qui a conduit à 221 arrestations et une police très satisfaite d’avoir « protégé la sécurité citoyenne ».

Sur la place d’Omonoia, la peur commençait à se faire sentir. Avant, tout semblait tranquille, et je dis tranquille parce qu’ici, dès mon premier jour à Athènes, chaque fois que j’ai vu une présence policière, le calme se transforme en terreur et en violence injustifiée. Avec mes compagnon-ne-s, nous avons commencé la marche dans la rue Akademias pour terminer sur Omonoia, dans une manifestation d’au moins 5.000 personnes. Là-bas, on se demandait : « Où on va maintenant ? ». Il n’a pas fallu 5 minutes pour que tout commence à bouger. Moi, depuis la place, je regardais droit devant, vers Panepistimio.

En un battement de cils, deux camions à canon à eau dépassent le coin de la rue 28 Octobre. Je les vois, tandis qu’une de mes amies crie en grec « merde ! Il faut se barrer d’ici tout de suite ! ». Je ne me souviens pas très bien du déroulement de cette partie, je me souviens seulement d’avoir vu une autre de mes amies courir devant moi ; je ne l’avais jamais vue courir comme ça, et jamais auparavant je n’avais ressenti la nécessité de devoir courir et de courir pour la rattraper et ne pas la laisser seule. Autour de moi, mes amis courraient, même si j’étais la seule à regarder devant.

Nous sommes sorti-e-s de la place, et tout est devenu chaos. Tout le monde courrait dans tous les sens en à la recherche d’une sortie, alors que le son des tirs inondait les lieux comme s’il s’agissait d’un orchestre et que nous en étions les danseurs. J’ai suivi la multitude qui courrait vers le bas de la rue et d’un coup, des groupes de DELTA en moto sont apparus de tous les côtés et nous ont encerclé-e-s, gazé-e-s et frappaient de leurs matraques contre nous sans s’arrêter, leurs regards pleins de haine et de plaisir. Le groupe dans lequel je me suis retrouvée bloquée courrait d’un côté à l’autre, nous avons passé l’angle de la rue et c’est là que nous nous sommes dispersé-e-s en fuyant les coups, certains avec plus de chance que d’autres. D’un coup, j’ai été seule, à courir et à voir comment celles et ceux qui courraient devant moi continuaient d’encaisser toujours plus de coups. A un moment, j’ai décidé de m’arrêter et de lever les mains : je n’étais pas du tout sûre d’être plus en sécurité si j’avais continué à courir. J’ai alors vu l’être le plus méprisable qu’il m’a jamais été donné de voir, avec son casque et sa matraque. Il n’a servi a rien de lui dire de ne pas me frapper. Maintenant, j’y repense, et je me dis « quelle connerie, rien de ce qu’on peut leur dire ne sert ». Il m’a regardée et m’a frappée dans les côtes, un coup sec que je n’ai commencé à sentir que plusieurs heures plus tard.

Tout était planifié, ils avaient une stratégie : nous encercler et nous enfermer comme si nous étions des animaux dans toute la zone autour de la place d’Omonoia. C’était clair depuis le début. Le 17 novembre, lorsque nous avons pris la rue pour le quarantième anniversaire de la Junte des Colonels, comme chaque année, la police, cette chère astinomia (en grec), nous accompagnait des deux côtés de la marche. Quel beau souvenir je garde de ce jour ! Ils n’ont pas voulu nous laisser seuls, jusqu’à ce qu’ils décident de nous attaquer avec des gaz, alors que la manifestation était totalement pacifique. Le 17 novembre mériterait un autre texte pour être conté. Mais bon, cette fois-là ils avaient décidé de nous accompagner sur le chemin, et maintenant ils ont attendu jusqu’à la fin. C’était clair : ils avaient gardé leurs forces pour le Samedi, pour le jour du grand concert.

Les jours précédents n’avaient été que de petites répétitions. Il n’y avait pas d’échappatoire. Peu importait la rue que tu choisissais pour partir. Des DELTA apparaissaient de tous les coins de rues, comme si une cage de chiens enragés et affamés avait été ouverte pour les laisser ravager tout ce qu’ils croiseraient devant eux. Après le coup administré par cet être, je suis repartie en courant vers le bas de la rue. Là, je ne me souviens pas bien de ce qu’il s’est passé, le choc du moment me trouble un peu les idées. J’ai fini par me retrouver avec un groupe d’autres gens, tous à genoux. Beaucoup tremblaient, d’autres pleuraient, d’autres encore regardaient le sol. Nous avions été arrêté-e-s. A côté de moi, une fille de 15 ans n’arrêtait pas de pleurer, la peur dans les yeux, et elle suppliait pour pouvoir partir de là. Je lui prends la main et lui dis « ne t’inquiètes pas, tout va bien se passer ». Elle me regarde, les yeux embués de larmes, et ne parvient pas à cesser de pleurer, et cela atteint profondément mon âme. Cette fille au regard innocent avait reçu plus de coups que moi. Nous restons assises, et elle est toujours là, à ma droite. A ma gauche, je vois une amie qui m’avait accompagnée pendant toute la marche. Nous nous regardons, nous demandons comment ça va et nous prenons la main, très fort. Je n’étais pas heureuse qu’elle soit là dans la même situation que moi, mais au moins, nous n’étions pas seules. On était tombées dans le même groupe. Je parlai aussi avec une autre amie, Grecque, qui était aussi avec nous dans ce groupe d’environ 50 personnes. Elle allait bien, n’avait reçu aucun coup. Nous restons assis-es.

Le meilleur est pour maintenant. Ces chers DELTA, dont je ne me souviens pas bien le nombre, mais qui n’étaient pas peu nombreux, nous encerclent et nous insultent tandis qu’ils distribuent des baffes à droite et à gauche dans la tête des retenu-e-s. Moi, j’ai eu de la chance, je n’en ai pas pris une seule. L’impuissance de voir et sentir ça, à quelques centimètres de moi, est inexplicable. Abus de pouvoir, dictature, violence, terrorisme, injustice. Mille mots me viennent en tête. Ils continuaient à jouer avec nous au jeu de la provocation et de la terreur, le tout dans le même paquet. Parce que c’est comme ça, parce qu’ils aiment ça et que leur plaisir a une odeur que l’on peut sentir. Mais les coups ne les ont pas rassasiés. Ils ont alors commencé à se foutre de la gueule d’Alexis et de Nikos Romanos avec des phrases comme « que tous ceux qui veulent manifester pour Alexis aillent se faire foutre ! On est contents qu’il soit mort. Et Romanos, on ne le veut pas vivant. Voilà comment les DELTA vous baisent ».

Je demandais aux gens autour de moi comment ils allaient, et je voyais beaucoup de frayeur dans leurs regards. D’autres semblaient plus tranquilles. La plupart des détenus de mon groupe étaient Grecs. A côté de moi, un Allemand et une amie Espagnole. Certains d’entre eux savaient déjà ce qui allait nous arriver : ils nous transféreraient à la Direction Générale de la Police (GADA), où nous passerions quelques heures puis, comme nous l’espérions, nous ressortirions à nouveau. En attendant, ces êtres à casque et matraque qui se croyaient être des mâles alpha nous prenaient en photo sur leurs téléphones portables. D’abord une prise de vue générale, puis ils s’approchaient pour prendre des photos des visages. Je regardais le sol, je ne voulais pas faire partie de l’album photo de leurs « victoires ». Ni moi, ni aucun-e de mes compagnon-ne-s.

Arrive le moment de monter dans le fourgon. Ils nous demandent de nous lever et de sortir nos papiers d’identité. Ils me parlent en grec, je réponds en espagnol en disant que je suis Espagnole, et ce cher mâle alpha répète ce que je dis en se foutant de ma gueule. Je passe au mâle suivant, lui montre ma carte d’identité, dis mon nom et monte dans le fourgon. Mon amie Espagnole monte après moi, et mon amie Grecque monte dans un autre fourgon. En arrivant à la GADA, ils nous mettent dans une salle, puis nous font monter au septième étage pour nous faire ressortir nos papiers. Là, tout ce qu’ils avaient de dégueulasse pouvait se sentir. J’allume une cigarette, et ils me disent de l’éteindre. Je réponds « pourquoi ? Vous avez un cendrier juste là et des clopes ». Il me regarde alors et me dis que je peux la terminer. « Merci pour votre amabilité », réponds-je. Je termine ma clope et nous passons à la deuxième phase : la fouille des sacs à dos et de tout ce que nous portons sur nous. Après, trois heures dedans, dans une autre salle, avec beaucoup de chaleur et d’envie de sortir dans la rue.

Finalement, moi et mon amie sortons. Nous avons attendu trois heures de plus que notre amie Grecque sorte elle aussi. Il devait être plus ou moins 3 heures du matin. Lorsqu’elle sort, elle nous raconte comment l’un des flics qui était dedans lui avait assuré qu’ils se reverraient l’année prochaine. Mon amie lui a répondu « on se verra ! ». D’autres amis nous attendaient dehors, ceux qui avaient réussi à éviter les filets de ces mâles avec casques et matraques. Tous allaient bien, même s’ils avaient reçu des coups.

Dans la nuit, en arrivant chez moi, mille choses occupaient mon esprit. Colère et tristesse en même temps. Après un an de vie à Athènes, j’avais déjà été plusieurs fois témoin de ces abus de pouvoir, mais ils ne m’avaient jamais frappée ni retenue. Cette fois, c’est tombé sur moi. Cette fois, c’est moi qui vivait à la première personne ce à quoi j’avais assisté plus d’une fois. Cette fois, je peux comprendre toujours plus la colère et l’impuissance de la société grecque. Cette fois, je peux comprendre pourquoi ceux qui étaient avec moi dans la GADA me regardaient avec tristesse chaque fois que je disais à voix haute « Vous avez la liberté ? Ça, c’est une dictature ».

Suède : A propos des émeutes de Rågsved

Le samedi 6 décembre, un groupe d’individus a attaqué l’ordre existant. A Rågsved et à Hagsätra, dans le sud de Stockholm, les chiens de l’État ont été attaqués avec des molotov, des pierres et des pétards. Suite à cet événement, le commissariat local a été pris pour cible et plusieurs véhicules ont brûlé. Dix de ces troubles-fête ont malheureusement été arrêtés la nuit même, et un juste après. Les flics recherchent activement les autres participant-e-s. Les flics font également de grands efforts pour comprendre pourquoi quelqu’un a pu planifier une telle action ; pour être planifiée, elle l’était, selon toutes les personnes qui se sont jusqu’à présent permises de commenter l’évènement.

Il ne devrait pourtant pas être si difficile de comprendre le pourquoi, même pour des agents fanatiques. Dès que des gens essayent de reprendre un peu de leur liberté, qui appartient à tout être vivant, les uniformes forment leurs rangs, prêts à frapper, enfermer, et même tuer, tout cela pour tous et toutes nous maintenir dans notre condition d’esclaves.

Repoussé dans la normalité, la violence directe de l’État et de ses institutions n’est plus que rarement la plus assassine de la liberté. Elle serait plutôt l’opposé, car elle porte avec elle un potentiel catalytique pour la révolte. Non, le pire de tout, et ce qui est le plus à même de faire pourrir notre liberté en tant qu’individus dans un territoire concret, c’est le pouvoir administré de façon bureaucratique : l’office du travail, le centre des impôts, l’autorité de l’assurance sociale, l’administration de la sécurité sociale, l’autorité des migrations, l’institution carcérale, l’office pour la jeunesse, les huissiers et tous ces collaborateurs capitalistes (les firmes de recherche d’emploi, les entrepreneurs de l’octroi d’asile, les collecteurs de dettes, les « marchands d’enfants », etc.). De pair avec la morale, forcés par la société, ils nous disent comment nous comporter et quelles sont nos obligations en tant qu’esclaves ; les structures religieuses et patriarcales dans les familles et les communautés locales… Tu devrais vouloir travailler, mais personne ne t’embauche. Tu trouves un boulot, mais pas d’argent. On t’a promis le droit d’asile mais au final, tu dois rester dans la clandestinité. Tu es sensé être motivé pour apprendre, mais ton intelligence est niée. C’est cette réalité, et une haine envers l’existant s’explicite, et ces points de conscience sont pris pour l’attaquer, ce n’est pas une surprise. Ou plutôt, il est inquiétant que tant de gens continuent à se soumettre à ces relations sociales.

Celles et ceux qui ont choisi d’agir en conflit contre cette société ce samedi l’ont fait avec des intentions encore inconnues. Mais cela n’a pas beaucoup d’importance non plus. Ce qui est important, c’est de voir que ces personnes ont attaqué les relations de pouvoir qui nous maintiennent en place et qu’en ce moment, onze personnes sont enfermées, accusées d’y avoir participé.

Beaucoup d’entre nous portons ces actions qui ont été commises dans nos perspectives et, à plus petite échelle, dans notre vie de tous les jours, mais nous laissons souvent des excuses nous empêcher de les réaliser… Peu importent leurs motivations, eux n’ont pas choisi les excuses…

Il ne nous intéresse pas de trancher entre culpabilité ou pas, onze personnes sont enfermées, accusées d’avoir attaqué les autorités. Le moins que l’on puisse faire est de leur démontrer notre solidarité en tant que combattant-e-s de la liberté anti-autoritaires. Et la solidarité est meilleure lorsqu’elle s’exprime par l’action…

Pour des institutions en flammes et des flics éclatés !

Des anarchistes solidaires

* le 9 décembre, les onze personnes arrêtées ont été relâchées, mais sont toujours suspectées d’incendie, émeute, violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique, entre autres choses. La plupart des accusés ont moins de 18 ans.

Madrid : Manifestation en solidarité avec Nikos Romanos, Mónica et Francisco

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Le texte distribué lors de la manifestation

Le 6 décembre est une journée chargée de symbolisme et de souvenirs. D’un côté, dans l’État espagnol, il s’agit de l’anniversaire de la constitution espagnole, qui allait inaugurer la restauration de la dictature démocratique après 39 ans de dictature national-catholique. De l’autre, il s’agit du sixième anniversaire de la mort d’Alexis Grigoropoulos sous les balles d’un larbin de l’État. De plus, à ces mêmes dates (à peine trois semaines plus tôt), une année s’est écoulée depuis l’incarcération des anarchistes Mónica Caballero et Francisco Solar.

Pour ces raisons, dans ce contexte, et alors que l’anarchiste Nikos Romanos et les compas Yannis, Andreas et Dimitris sont en grève de la faim, une manifestation spontanée a eu lieu la nuit du 6 décembre dans les rues du quartier madrilène de Vallecas.

La manifestation, qui a regroupé entre 150 et 200 personnes, a avancé en coupant les rues principales de Vallecas, comme l’avenue de l’Albufera ou Martinez de la Riva, avec une banderole qui disait « Liberté pour les prisonnier-e-s anarchistes » et quelques fumigènes, au son de cris de soutien envers Nikos Romanos, Mónica, Francisco, Gabriel Pombo, Alfredo et Nicola, Noelia Cotelo, contre les prisons et pour l’Anarchie. Pour terminer, le tract qui a été diffusé a été lu, puis le rassemblement s’est dispersé sans aucun incident. Ce n’est qu’alors que nous partions que sont arrivés les fourgons policiers…un peu tard.

Par ce petit geste, nous voulions envoyer courage et force aux compagnons en grève de la faim et au reste des prisonnier-e-s anarchistes du monde entier, pour leur rappeler et nous rappeler qu’ils et elles ne sont pas seul-e-s et que, d’une manière ou d’une autre, la lutte continue.

Mort à l’État, et vive l’Anarchie.

Quelques anarchistes de Madrid

Pour lire l’intégralité du tract distribué lors de la manifestation (en espagnol), voir ici.

Finlande : Un bref compte-rendu des émeutes du 6 décembre à Helsinki

A gauche : "Stoppons les coupes budgétaires, collectivisons tout". A droite : "Guerre de classe maintenant"
A gauche : “Stoppons les coupes budgétaires, collectivisons tout”. A droite : “Guerre de classe maintenant”

Le 6 décembre, jour de l’indépendance de la Finlande, une grosse émeute (à l’échelle locale) a eu lieu à Helsinki, la capitale, et la police estime à 100.000 euros le préjudice causé par les destructions de propriété.

Le 6 décembre est le jour d’indépendance nationale de la Finlande. Il s’agit de la journée pendant laquelle les nationalistes et l’élite célèbrent “une nation Finnoise unie” et les guerres perdues au Palais Présidentiel d’Helsinki grâce à l’argent des contribuables, tandis que l’élite et les politiciens ont mené une dure campagne de mesures d’austérité contre tout le monde (sauf contre eux, évidemment).

Ces dernières années, les anarchistes et les autonomes ont organisé de jolies manifestations pacifiques devant le Palais pour protester contre les bacchanales de ces riches. Cela s’est étalé sur plus de dix ans et jusqu’au 6 décembre de l’année dernière, alors que le Palais Présidentiel était en rénovation et que les riches ont fait leur célébration dans la vieille ville ouvrière de Tampere à la place. Les anarchistes de là-bas ont organisé une manifestation contre le nationalisme, qui s’est transformée en l’une des plus grandes émeutes depuis des décennies en Finlande. Bien qu’il se soit agi d’une émeute avec apports internationaux, celle-ci a donné un gros coup de boost au mouvement anarchiste et a été à la une des journaux pendant au moins au semaine. La police était complètement prise au dépourvu, et les 500 manifestant-e-s les ont combattu avec succès puis se sont dirigé-e-s vers le centre-ville et ont brisé les vitrines de centre commerciaux, de banques et d’autres symboles du pouvoir et du capital.

Après cet échec humiliant des flics, le parlement a débloqué plus de fonds pour l’équipement de maintien de l’ordre et la police a suivi des entraînements de stratégie appliquée aux situations d’émeute. Ils ont aussi expérimenté des tactiques de gestion des manifestations plus tôt dans l’année. Par exemple, ils ont confisqué les drapeaux des anarchiste et des Jeunes de Gauche lors des manifestations du premier mai à Tampere et à Helsinki, parce qu’ils les considéraient comme des ‘armes’. Du fait de ces agissements de la police, personne ne s’attendait à ce que les manifestations de cette année aient autant de succès que celles de l’année dernière.

Cette année, la manifestation a de nouveau été organisée par les anarchistes, sous le thème ‘des faubourgs au Palais’, et l’assemblé à eu lieu à Itäkeskus, un faubourg de l’est de Helsinki, dont la population est principalement composée d’immigré-e-s et de pauvres. Le début de la manif a été très calme, avec environ 300 personnes profitant d’un groupe de rap subversif et d’une bouffe vegan. L’endroit était bien choisi, puisque ces initiatives ont attiré des gamins du quartier, des immigré-e-s et d’autres personnes qui ne vont que très rarement aux manifestations.

Après que les concerts soient terminés, la manifestation a commencé à s’élancer vers la station de métro la plus proche. Beaucoup de gens ne s’attendaient pas à ce que la police laisse la foule s’engouffrer dans le métro, car la station était encerclée de douzaines de flics anti-émeute. A mon – et à notre – grand étonnement, ils nous ont laissé passer et nous nous sommes amassé-e-s dans le train. La police s’attendait à ce que la manif ressorte dans la station de la Gare Centrale, où ils avaient déployé l’essentiel de leurs forces. Mais au lieu de ça, c’est à une autre station que la manif est sortie, ce qui les a complètement plongé dans la confusion. En arrivant dans la rue, les manifestant-e-s ont commencé à casser les vitrines de magasins très bien choisis, comme par exemple la ventilation des restaurants Subway et Mac Donald’s ont été endommagées. Les gens ont lancé des fusées de détresse et allumé des flammes en criant des slogans comme « guerre de classe » et « Que demande le peuple ? L’ANARCHIE ! ». Après un moment, les flics ont réussi à se regrouper et à rejoindre la manif pour l’escorter vers un endroit de leur choix. Ils ont tenté de déplacer la manif vers l’endroit désigné, bien loin du Palais Présidentiel, et il y a alors eu quelques petites confrontations entre les manifestant-e-s et la police. Nous sommes cependant parvenu-e-s à nous libérer de l’escorte policière, et il leur a fallu bien du temps avant de parvenir à redevenir plus nombreux que les manifestant-e-s.

La manif s’est dirigée vers les parties bourgeoises de la ville en détruisant les vitrines et en endommageant les voitures de luxe, tout en taguant des slogans. Des gens ont aussi arraché des drapeaux de la Finlande et brûlé deux d’entre eux. Après un long moment, la police a réussi à encercler la manif, mais après une tentative manquée de rentrer à l’intérieur, ce qui a par contre conduit a des arrestations, nous avons pu échapper au siège et nous rendre vers l’une des parties les plus riches de la ville. Un grand nombre de choses ont été attaquées, des panneaux de signalisation aux bijouteries.

Finalement, la police a de nouveau réussi à encercler la manifestation. Ce qui n’a pourtant pas calmé l’émeute, et bon nombre de gens et la plupart des émeutier-e-s sont parvenu-e-s à s’échapper encore une fois avant de se disperser dans des cours intérieures d’immeubles. Une centaine de personnes n’a pas réussi à sortir, et ont du rester là-bas 3 heures. Au bout du compte, la police en a laissé sortir certain-e-s et arrêté le reste, après avoir filmé tout le monde en train de dire leur nom, leur numéro de sécurité sociale et ainsi de suite.

Au final, une trentaine de personnes ont été arrêtés, dont des journalistes et des passant-e-s, dont la plupart n’avait pas du tout participé aux destructions de propriété. Toutes ont cependant été accusées d’émeute, d’agression et de refus d’obtempérer aux ordres de la police. La police a estimé que plus de 100.000 euros de dégâts et de destruction ont été provoqués contre la propriété.

Pour conclure, cette nuit a été un grand succès pour les anarchistes, et la manifestation a attiré des gens qui n’avaient jamais participé à une manif auparavant. Bien sûr, ce genre de manifestations ne sont qu’une infime partie de la lutte de classe quotidienne, mais elle a fait vivre aux participant-e-s une belle expérience. Espérons que cette tradition continuera l’année prochaine.

Plus de photos de la manif ici

Rome : Compte-rendu de deux journées anticarcérales en solidarité avec Maurizio Alfieri

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Vendredi 28 et samedi 29 novembre : deux journées contre le système carcéral, sa brutalité et sa normalité.
Nous avons été poussé-e-s par une affaire mise en lumière par Maurizio Alfieri, détenu dans la prison de Spoleto, qui il y a quelques semaines nous faisait parvenir la nouvelle d’un énième homicide d’État, celui d’un prisonnier qui a trouvé la mort en prison le 25 juin 2013, dans la maison de redressement de Terni.

Nous avons pensé que nous ne pouvions pas laisser cette dénonciation de Maurizio rester lettre morte, lui qui s’est en plus exposé dans cette affaire, comme dans d’autres, personnellement, en faisant sortir encore une fois les noms et prénoms des responsables directs.

Mais de cette mort, comme de toutes les autres morts des otages de l’État dans ses prisons, dans ses casernes, dans les cellules de ses tribunaux, c’est le système entier qui en est responsable.

Vendredi après-midi, nous nous sommes rendu-e-s près du siège central du DAP (département de l’administration pénitentiaire) de Rome, avec pour but d’interrompre la routine de leur travail habituellement non dérangé.
Devant l’entrée du bâtiment, revêtus de leur équipement anti-émeute, un groupuscule de flics (trois camionnettes et un blindé) aux ordres d’un grand nombre de DIGOS, et aux fenêtres ceux qui estiment peut-être n’être que de « simples » employés… A tous ceux là a été adressé le cri d’ASSASSINS, répété pendant presque trois heures d’affilée, et interrompu seulement par les voix amplifiées de qui a voulu rendre hommage, avec toute sa haine, à l’infâme occupant de ce bureau.

Du DAP et de ses « simples » employés dépendent les vies des détenus et des détenues, et donc leur mort aussi. Et tout ce qui se passe entre les deux.
A la différence de ce à quoi nous nous attendions nous aussi, cette initiative a également représenté un certain intérêt auprès des gens qui se retrouvaient à passer par là ce vendredi après-midi, et qui y passent peut-être tous les jours. Des histoires de vie qui s’entrecroisent, des récits inattendus de vies recluses, des souvenirs de souffrance et des désirs de vengeance qui ont fait que nous ne nous sommes pas senti-e-s seul-e-s face à ce lieu et aux pontes du système de répression italien. Des phrases peintes sur les murs d’enceinte étaient également là pour rappeler aux passant-e-s que ceux qui travaillent au DAP sont des ASSASSINS.

Samedi après-midi, la direction prise a été celle de la prison de Spoleto, où Maurizio est détenu dans la section d’isolement, à cause de son insubordination.
La présence devant cet institut de peine en solidarité avec les détenus a aussi été l’occasion de soutenir la révolte qui avait porté en septembre dernier à la publication d’un document signé par 77 détenus de cette prison pour dénoncer à l’extérieur les conditions de vie auxquels ils sont contraints (dans lequel ils se considèrent « traités pire que des animaux »).
Durant tout le rassemblement, on a également battu contre le portail de la prison. Les interventions au micro ont reçu des réponses de l’intérieur, et probablement même des sections en régime 41 bis – la prison dure en Italie – grandement peuplée dans cette prison.

Comme conclusion au rassemblement, les murs de Spoleto ont été les protagonistes d’une série de tags qui disaient en gros :
FEU AUX PRISONSSOLIDARITE AVEC LES DETENUS ET LES DETENUES EN LUTTEAVEC MAURIZIO ALFIERINON AU 41BIS

Quelques ennemi-e-s de l’autorité

Athènes : Chronique de la manif du 2 décembre pour Nikos Romanos et de sa suite

Ci-dessous, la traduction de la chronique de la manifestation du 2 décembre 2014 en soutien à Nikos Romanos, qui a débouché sur de grandes émeutes. Toutes les mises à jour viennent de compas présent-e-s directement dans la rue (rien des mass medias, ni des dits réseaux sociaux). Nous actualiserons dès que possible à propos des mobilisations du 3 décembre et sur l’état des arrestations et des blessé-e-s.

/ 02:00
comme on l’informe depuis l’intérieur de Polytechnique occupée, 4 des détenu-e-s de la journée ont été relâché-e-s, mais il y a encore pas mal de monde en cage, dont plusieurs blessé-e-s (au moins 2 graves)

/ 01:45 (premières heures du mercredi 3 novembre)
l’occupation de Polytechnique continue, les gens peuvent arriver jusque là-bas (en faisant attention). La police s’est retirée des lieux depuis un moment (avant minuit)

les compagnon-ne-s de l’intérieur de l’occupation ont mis en place un centre de contre-information et sortirons bientôt un communiqué

plus ou moins en même temps, présence d’escadrons antiémeute sur la place Omonoia

/ 23:50
un escadron de MAT se retire vers le siège du PASOK depuis la rue Valtetsiou, et un autre fait de même depuis Arachovis

/ 23:15
environ 500 personnes sont (enfermées) dans Polytechnique occupée, dont beaucoup de jeunes

assemblée en cours, où a été transmis un message de force et de solidarité avec la lutte de Nikos Romanos et des autres anarchistes en grève de la faim par un compagnon de Rémi Fraisse, manifestant assassiné en France

le père de Nikos Romanos est aussi présent et a confirmé que les demandes de sortie d’étude du compagnon ont été refusées par les autorités

en-dehors de Polytechnique, les forces répressives se sont déployées de tous les côtés

/ 22:30
les escadrons antiémeute ont pris le contrôle de la place d’Exarchia

la rue Patission est coupée à partir de la hauteur de la rue Ioulianou, et est pleine de MAT. Il y a aussi des escadrons dans Stournari

Polytechnique est bloquée

/ 21:30
affrontements entre manifestant-e-s et antiémeutes dans la rue Solomou

une quinzaine de bâtards des DELTA sont au croisement de Spyrou Trikoupi et Solomou

l’angle de Stournari et de Patission est bloqué par la police et les pompiers

/ 21:20
les affrontements avec les flics continuent, surtout dans la rue Stournari, devant Polytechnique occupée

jets de pierres, molotov, etc., la zone est pleine de gaz

l’autobus de la rue Stournari a presque entièrement brûlé (il a été incendié il n’y a pas longtemps)

stournari

/ 21:10
les gens courent depuis Exarchia vers la rue Tsamadou

/ 21:00
un escadron de MAT se déplace depuis la rue Valtetsiou vers la place d’Exarchia

/ 20:50
les manifestant-e-s ramènent un autobus dans la rue Stournari, en direction de Patision

conteneurs retournés au croisement des rues Arachovis et Benaki, pareil entre Themistokleous et Tzavela

il y a des voitures incendiées au milieu de la rue Koletti et un escadron de MAT en position à côté

/ 20:45
les gens se réunissent à Polytechnique, qui est occupée depuis hier soir

conteneurs retournés dans la rue Benaki, d’autres incendiés à l’angle de Stoyrnari et de Bouboulinas, barricade faite de bois et de conteneurs à l’angle de Stournari et de Zaimi, et feux dans la rue Zoodochou Pigis (près de la rue Solonos)

/ 20:40
la marche s’est achevée aux Propylées il y a peu de temps

beaucoup de gens se dirigent vers le quartier d’Exarchia

des voitures ont été retournées au croisement de Charilaou Trikoupi et de Solonos, et des conteneurs ont été placés en travers de la rue Navarinou

les flics sont dans la rue Charilaou Trikoupi, on dirait qu’ils sont prêts à intervenir (certains portent des masques à gaz)

la nuit n’est pas encore terminée

/ 20:00
les solidaires ne se fatiguent pas de crier

la partie avant de la manifestation est sur la place Syntagma, à l’angle d’Erou (la partie arrière est dans la rue Stadio, on ne la voit même pas, du fait de la taille de la manif)

escadrons de MAT visibles dans la rue Vasileos Georgiou

/ 19:30
forces de la MAT sur la place Kotzia (où se trouve l’ex-mairie) de deux côtés de la rue

la rue Athinas est bondée de gens

quelques arrêts ont été faits sur le chemin, normalement la manif devrait tourner vers la place Omonoia

on crie avec force : « la passion pour la liberté est plus forte que toutes les cellules »

/ 19:05
la marche commence, avec beaucoup de slogans

il y a au moins 4.000 personnes (en comptant les blocs gauchistes)

pour le moment, on ne voit pas les escadrons anti-émeute MAT

l’une des banderoles anarchistes dit « respirer profondément, jusqu’à la mort de l’État et du Capital »

/ 18:30
environ 1500 manifestants pour le moment, selon la première estimation

unité de police motorisée DELTA dans les alentours

/ 18:20 (2 novembre)
beaucoup de manifestant-e-s sur la place Monastiraki, et des gens continuent d’arriver

pas de police dans la rue Eolou (l’une des principales voies d’accès à la manif), mais des forces répressives étaient en place rue Sofokleous

Notes critiques à propos de la manifestation antifasciste du 29 novembre à Lyon

Ce texte et ces quelques réflexions naissent d’une certaine déception ressentie vis-à-vis des résultats cette manifestation, et visent à contribuer à ce que nous gagnions en force pour les évènements à venir.

les-affrontements-ont-ete-violents-sur-les-ponts-de-lyon-photo-jp-ksiazek-afpLe 29 novembre, nous étions quelques milliers à converger vers Lyon pour y manifester contre le congrès national du Front National qui devait s’y tenir. Il devait s’agir d’un grand rendez-vous, puisque l’appel avait été repris par de très nombreuses réalités politiques différents, des organisations de gauche classiques aux anarchistes. La présence de nombreux camarades venu-e-s d’autres pays mettait l’accent sur le fait que la lutte antifasciste est internationaliste, comme l’affirmait aussi l’un des slogans entendus lors de la manifestation (« Derrière le fascisme se cache le Capital, la lutte antifasciste est internationale »).

Les autorités et la Préfecture avaient prévu un dispositif policier de grande ampleur, non sans avoir fait au préalable des déclarations alarmistes à la presse sur l’arrivée prochaine de redoutables casseurs-anarchistes-ultraviolents-ultramegagauchistes prêts à réduire la ville de Lyon en cendres. Ce qu’elle mériterait, d’un certain point de vue, mais là n’était pas l’idée.
Des centaines de policiers, de gardes mobiles, d’équipages de la BAC, des canons à eau et un hélicoptère étaient donc venus contribuer à ce que tout le centre-ville soit bloqué (les bus, trams et métros étaient quant à eux à l’arrêt), et se sont employés à entièrement encercler la place Jean Macé, lieu du rassemblement, ne laissant que deux de ses accès praticables. Toutes les personnes qui souhaitaient se rendre à la manifestation devaient donc passer par ces accès et étaient fouillées à la recherche d’armes ou de matériel de protection. C’est d’ailleurs là qu’on eu lieu les premières arrestations.

La manifestation finit tout de même par s’élancer sur l’avenue Jean Jaurès (les organisations de gauche et autres syndicats en tête, puis les organisations libertaires et, en queue de cortège, le bloc anarchiste, composé d’environ 800 personnes). Après quelques mètres, les premiers tags apparaissent, et après quelques dizaines de mètres, les premières vitrines disparaissent. A partir de ce moment et jusqu’à ce que la manifestation atteigne le pont de la Guillotière, en passant par le boulevard Gambetta, toutes les banques, assurances, agences immobilières, publicités et vitres d’abribus sont détruites, et les tags continuent de proliférer (“ACAB“, “1 papa FN + 1 maman UMP = 1 enfer“, etc.). Au passage, un flic en civil sera repéré et tabassé. Les vitrines du Mac Donald’s qui avait proposé à la ville de Lyon de « nettoyer le quartier de ses Rroms » ne résistent pas longtemps non plus (“mange ça“, dit un tag). Quelques petits commerces sont eux aussi touchés comme dommages collatéraux, même si ils ne faisaient pas partie des cibles visées principalement. Les flancs de la manifestation sont complètement occupés par les anarchistes, tandis que les organisations et les syndicats se contentent de protéger les membres de leurs cortèges respectifs, mais sans qu’il n’y ait d’agressivité exprimée ni dans un sens, ni dans l’autre. Quelques charges de police ont lieu, mais sans trop d’importance.

Arrivés au pont de la Guillotière, où une énorme banderole “La chasse aux loups est ouverte” est déployée, la manifestation sera coupée en deux par les gendarmes mobiles, qui s’interposent avant de charger à grand renfort de lacrymogènes les personnes présentes sur le pont, qui courent de l’autre côté du Rhône (sur lequel patrouilles des bateaux de police) pour éviter d’être bloquées. Les entrées des rues commerçantes du centre bourgeois sont complètement blindées et bloquées par la police, comme on pouvait s’y attendre. On avance donc en suivant les quais (un autre agent de sécurité y sera poursuivi et frappé), poussé-e-s de temps en temps par du gaz ou des charges, jusqu’à ce que nous nous rendions compte qu’il ne reste presque plus personne devant nous. Des charges ont lieu, tout comme des arrestations, et presque tout le monde va alors s’engouffrer dans une petite rue adjacente débouchant sur les rues commerçantes de la Presqu’île, où quelques vitrines seront là encore attaquées. Mais le dispositif policier étant très important à cet endroit-là, tous les petits groupes finissent par se disperser et par se joindre à la foule de passant-e-s venu-e-s faire leurs courses pour le Noël à venir. Un autre groupe a rejoint la gare de Perrache et a été copieusement gazé. D’autres encore sont restés de l’autre côté du Rhône.

La manifestation s’est déroulée loin de l’endroit où les fascistes tenaient leur congrès. Parmi nous, personne ne pensait que nous pourrions l’atteindre, et c’est pourquoi l’essentiel de la journée s’est déroulée en centre-ville. Mais dans tous les cas, ce n’est pas le fait que le Front National tienne un congrès à un moment ponctuel qui détermine le fait que l’ensemble de la société glisse vers la radicalisation et vers des penchants réactionnaires. C’est l’ensemble du système de domination et d’exploitation qui en est à la racine, et ce sont entres autres les banques, la police et la politique capitaliste néolibérale qui contribuent à répandre ces idéologies nauséabondes, qui la servent en retour (il suffit de jeter un oeil à l’exemple grec d’Aube Dorée, qui est devenu un bras armé de l’instauration de l’austérité en Grèce). Voilà pourquoi il y avait du sens dans le fait de rester en ville.

La prise de parole prévue à la fin de la manifestation est annulée, le concert de soutien prévu dans la soirée est assiégé par la police jusqu’au lendemain. On apprend par Radio Canut que 17 personnes ont été arrêtées (5 sont finalement poursuivies et 2 sont en détention provisoire). La manifestation a duré environ une heure et demi. Et pas mal de gens ont un goût amer dans la bouche, qui n’a rien à voir avec celui des lacrymogènes.

Et pour cause : si des flics blessés, une quinze-vingtaines de vitrines brisées et une ville paralysée un samedi après-midi en période de Noël peuvent sembler un résultat intéressant sur le papier, il s’agit vraiment du minimum de ce que l’on pouvait espérer, et ce à plusieurs niveaux et pour plusieurs raisons. Au final, cette manifestation a été tranquille (selon les référentiels particuliers qui peuvent être les nôtres, certes). Et c’est bien là le problème.

Tout d’abord, nous (le bloc anarchiste) avons commis plusieurs erreurs tactiques et stratégiques sur lesquelles il nous faut être critiques pour que certaines pratiques deviennent des réflexes : nous n’avons pas réussi à rester groupé-e-s, à constituer un véritable bloc soudé. De là, l’essentiel des actions réalisées pendant la manif étaient plutôt le résultat d’un bouillonnement compulsif que de l’expression autonome d’une force collective. Rien de ce qui a été réalisé, mise à part la présence, n’a été réellement collectif (au sens large). De plus, la communication entre nous a été pratiquement inexistante (du fait de l’étalement des groupes le long de la manifestation et de ce bouillonnement, mais aussi du fait du caractère international). Et en passant, installer des barricades au milieu de la manifestation n’a absolument aucun sens, aucun, si ce n’est de mettre en danger les personnes qui se retrouvent entre celle-ci et la police, faisant de plus courir le risque de séparer le cortège en deux. Ce qu’il s’est d’ailleurs passé. Une autre erreur tactique a été celle de choisir une rue longue et étroite pour s’extraire du blocage sur les quais, quand d’autres rues se prêtaient bien mieux à la possibilité de pouvoir continuer rapidement et surtout tou-te-s ensemble. Cela a grandement contribué à notre dislocation sur la fin. Pour finir avec les aspects purement techniques, il a cruellement manqué d’une augmentation graduelle des actions, qui permet souvent justement d’acquérir ou de créer ce liant entre tous les groupes, à travers la communication et l’avancée collective vers la confrontation. N’ayant eu presque aucune dynamique collective, presque aucune communication et aucune cohérence de groupe, nous ne sommes parvenu-e-s qu’à la cheville de ce qu’aurait du être cette journée. Il me semble réellement que ces trois points sont essentiels pour les manifestations futures : rester ensemble, communiquer, augmenter graduellement le niveau des actions. C’est-à-dire pouvoir se constituer en tant que force, non seulement sur le plan technique, mais aussi sur le plan politique.

Parce que nous avons été politiquement mauvais-es. Nous avons tou-te-s vu comment certaines pratiques offensives sont remises au goût du jour ces dernières semaines lors des manifestations. Et au-delà des pratiques elles-mêmes, leur acceptation augmente aussi notablement par d’autres réalités que les nôtres. Et c’est notamment sur ce point-là que nous avons laissé passer quelque chose. En effet, si le seul rapport que nous avons avec les autres composantes de la manifestation est celui de les effrayer et de n’absolument pas les prendre en considération, le résultat que nous obtenons équivaut à donner des grands coups de latte dans le travail politique qui été réalisé jusqu’ici pour que l’opposition violence/non-violence s’effrite et que plus de monde s’approche de ces pratiques, ou au moins rejoigne l’idée que la diversité des tactiques et la composition entre plusieurs méthodes de lutte est souvent la marque des luttes les plus fortes. Là encore, les trois points précédemment cités permettent d’avoir une certaine cohérence vis-à-vis de ce qui nous entoure, et de permettre à plus de gens de nous rejoindre ou à soutenir les pratiques d’action directe.

Mais cette fois, aller trop haut, trop vite et de façon relativement désorganisée a eu une autre conséquence : nous n’avons pas eu les forces de durer. Le même schéma s’était produit à Barcelone lors de la manifestation du premier mai de cette année (2014), avec son florilège de dissociations. Nous aurions pu être bien plus redoutables et causer bien plus de problèmes que ce que nous avons fait. Arriver assez loin, de façon compacte et avec le soutien du reste de la manifestation (parce que l’antifascisme reste l’un des domaines les plus consensuels lorsque l’on parle d’action directe) aurait pu nous permettre d’atteindre des objectifs bien plus intéressants : semer le chaos dans le centre commerçant et, pour rester dans la thématique de ces dernières semaines, prolonger le mouvement en route contre les violences policières en lui intégrant d’autres caractéristiques politiques. Et de ce fait, créer en retour un point de plus dans l’élaboration d’une solidarité contre la police.

Le problème n’est donc pas tant ce qui a été fait que comment cela a été fait, et cela influe considérablement sur ce qui n’a pas pu être fait, et sur le coût politique que cela représente pour nous.

Certaines choses ont quand même été intéressantes, et notamment le fait que la BAC n’a pas été très visible (les fascistes non plus), et le fait que des centaines de personnes soient prêtes à les éclater sans besoin d’en débattre si un flic était découvert dans le cortège y a certainement contribué.

En espérant que ces quelques notes serviront pour le futur et seront prises simplement pour ce qu’elles sont, à savoir une contribution au débat sur nos façons de nous organiser de façon collective et autonome.

Solidarité avec les personnes arrêtées, contre l’Etat, le Capital et les frontières.
Pour un internationalisme de combat !

Un anarchiste qui aime les frites

Lleida, Catalogne : Deuxième marche contre la prison de Ponent

DEUXIEME MARCHE AUX FLAMBEAUX CONTRE LA PRISON DE PONENT et soutien aux prisonniers et à leurs proches victimes de tortures.

Salut à tou-te-s !

Cette année, la marche aux flambeaux contre la prison de Ponent, à Lleida, aura lieu samedi 6 décembre. Rendez-vous à 19 heures Plaza de Europa (Lleida), dans le passage au-dessus des voies du train.

Dans l’après-midi, à l’heure du café (16h30), on fera une discussion d’information à propos de la situation des compagnons anarchistes prisonniers Francisco Solar et Monica Caballero à l’Ateneo Libertario “L’Arrel” de Lleida (C/ Comptes d’Urgell, 31), suivi d’un débat sur “actions de solidarité anticarcérale”.

Parce qu’il existe tellement de raisons de dire NON aux prisons ! Ni à Ponent, ni nulle part ailleurs !

PARTICIPE A LA JOURNEE DE LUTTE !

Toulouse : Manifestation contre les violences policières du 8 novembre

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voitureUne semaine après la manifestation du 1er novembre, qui avait déjà fini en affrontements avec la police, une manifestation nationale contre les violences policières a été convoquée dans la ville de Toulouse, la grande ville la plus proche de la ZAD du Testet, où est mort Rémi Fraisse dans la nuit du 25 au 26 octobre au cours d’affrontements.

Ce 8 novembre, la Préfecture a décidé d’interdire la manifestation, et les organisations et partis écologistes et de gauche ont appelé à ne pas venir. Malgré cela, nous étions plus d’un millier à nous rassembler sur la place Jean Jaurès, complètement encerclé-e-s par des centaines de flics. Le NPA a fini par négocier un nouveau « parcours » de quelques centaines de mètres sur les allées Jean Jaurès. Malgré les huées de la foule, tout le monde finit par suivre, pour voir s’il sera possible de sortir du piège policier. Très peu de temps après, la police bloque entièrement la route et toutes les issues, nous sommes enfermé-e-s sur ces allées. Les clowns clownisent, les pacifistes s’indignent, d’autres personnes se masquent, le NPA essaye de négocier sa sortie. Tout reste calme pendant un moment, puis les flics commencent à inonder la place de gaz lacrymogènes. Tout le monde court et les premières pierres volent, un semblant de barricade est élevée. L’échange de gaz et de pierres dure une vingtaine de minutes, et la manifestation est plus ou moins coupée en deux, la moitié reste prisonnière du piège et les gaz continuent de tomber. Quelques molotov volent, une voiture prend feu (apparemment à cause d’une grenade lacrymogène). On commence à se demander comment on va sortir de là.

Après un moment, ce qui reste de la manifestation est de nouveau coupé en deux. L’une des deux moitiés est repoussée dans les rues autour de la place Belfort à grands renforts de lacrymogènes, tout le monde court sans ses yeux et sans respirer. Une fois sorti-e-s du nuage de gaz, cette partie du cortège (essentiellement composée de pacifistes criant “Paix, Respect, Amour”) se disperse.

L’autre moitié, beaucoup plus masquée, se retrouve du côté de Jeanne d’Arc et finit par redescendre dans les rues en direction d’Esquirol et du Palais de Justice, levant des barricades au passage et détruisant les banques, en prenant la police de court. Malgré le piège policier, les rues du centre-ville ont fini par être atteintes par les manifestants. Tenir face à la présence policière a permis de pouvoir sortir de la souricière et de mener la manifestation ailleurs. Après quelques petites échauffourées, les gens se dispersent là encore.

Finalement, une vingtaine d’arrestations, et 17 personnes sont encore en garde-à-vue le lendemain. 9 personnes passent en comparution immédiate ce lundi 10 novembre.

La manifestation s’est relativement bien tenue malgré les mauvaises conditions, et toutes les pratiques ont relativement bien coexisté, sans trop de dissociations (excepté le NPA, mais passons). Un rassemblement a ensuite eu lieu devant le commissariat pour faire libérer les personnes arrêtées.

Une nouvelle grande manifestation contre les violences policières est prévue pour le 22 novembre à Toulouse. Il est important de parvenir a conserver un niveau de conflit assez élevé dans les manifestations, dans la rue, pour que les pratiques offensives soient vécues et pratiquées ensemble, et éviter de retomber dans les classiques divisions entre “bons” et “mauvais” manifestants. Ici, tout le monde manifestait ensemble. Plus ou moins offensivement, mais ensemble et de façon autonome. Et c’est cela qu’il nous faut mener de l’avant. Afin d’éviter de retomber dans la classique séparation qui portera les gens les plus “calmes” vers la récupération par les partis et organisations d’extrême-gauche classique, et les gens les moins “calmes” vers des pratiques plus spécialisées et plus secrètes d’action directe. Tout cela est tenu ensemble par ces manifestations, par cette capacité à conserver de la force de façon publique. Si nous devons un jour nous diviser, ce sera à nous de le choisir, en toute connaissance de cause.

Il ne s’agit plus de barrage. Il s’agit de nos vies entières.

Lutter contre le capitalisme et ses grands projets, c’est lutter dans la rue, dans la tête, dans le cœur, de nuit comme de jour, contre toutes les formes de domination et d’exploitation, à chacun selon ses moyens.

Solidarité avec les arrêté-e-s !

Muerte al estado, y viva la anarquía.

Un autre compte-rendu de cette manifestation sur IAATA

Toulouse : manifestation pour la ZAD du Testet

Pour l’abandon définitif du projet de barrage a Sivens !
Pour la réappropriation de nos vies et de nos territoires !
Pour la démilitarisation de l’espace public !
Pour l’amnistie complète des inculpé-es de Sivens !

Notre mouvement se renforce et ne se laisse plus diviser entre catégories aussi limitantes et grossières que « bons » ou « mauvais » manifestants, « non-violents » ou « djihadistes verts ».
Notre résistance fait écho en France et ailleurs, partout ou nos vies n’ont plus de place dans les logiques mortifères du système marchand.
L’État s’est enfermé dans cette impasse et n’a su proposer pour dialogue que mépris et répression.

Ne nous laissons plus intimider par les forces de répressions, réapproprions nous notre espace public !

Nous sommes déterminés a en finir avec toutes les violences de l’État !

Nous ne bougeons pas de Sivens, nous y défendons nos lieux de vie !

Appel à Rassemblement national
Toulouse, place Jean Jaurès
Samedi 8 Novembre 2014, 14h

Le T.E.S.T.E.T.
(Tous Ensemble pour Sauver le Testet et Tout le reste)

Barcelone : résumé du rassemblement après l’assassinat de Rémi Fraisse

Rémi assassiné la nuit du 25 octobre des mains de l’Etat français / La mort ne s’oublie pas ni ne se pardonne !

Le lundi 3 novembre, environ 50 personnes se sont rassemblées devant le consulat de France pour démontrer notre dégoût des États et de leurs polices. Dans ce cas précis, il s’agissait de l’État français, qui à travers ses chiens de garde a assassiné Rémi Fraisse le 26 octobre dans le marais de Sivens, au cours d’une manifestation contre le projet écocide qu’ils essayent d’imposer depuis des années.

Après avoir crier contre la police, les États et appeler à la solidarité internationale, une manifestation spontanée a eu lieu, bloquant les rues du centre de Barcelone pendant une demi-heure.

Pas une mort de compagnon-ne sans réponse !

Tous les États sont assassins !

Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas !

Grèce : Manifestation de solidarité à Thessalonique

Solidarité avec les 65 migrants poursuivis pour les révoltes du centre d’Amygdaleza – Destruction des camps de concentration – Assemblée contre les camps de Thessalonique
Rémi 25/10 France – Les flics assassinent – Vengeance – Il n’y a pas de mots pour les actes impardonnables
RIP Rémi Fraisse – L’État assassine – Rien ne restera sans réponse – Révolte maintenant
Solidarité avec les migrants poursuivis pour le soulèvement d’Amygdaleza

Le 1er novembre 2014, plus de 300 manifestants ont pris la rue à Thessalonique, en solidarité avec les migrants accusés des mutineries dans le centre de détention d’Amygdaleza à Attiva en août 2013. Les 65 migrants passent en procès ce lundi matin, 3 novembre, au tribunal d’Athènes situé au 4, rue Degleri.

via mpalothia