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Italie : Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia assignés à résidence, Lucio transféré

musineUne semaine après leur condamnation, Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia ont été placé-e-s en assignation à résidence avec toutes les restrictions. Ils sortent donc de prison mais il leur est interdit de voir toute personne n’étant pas domiciliée dans la même maison.

D’autre part, Lucio a lui aussi, comme Francesco et Graziano, été transféré dans la section AS2 de la prison de Ferrara.
Si vous souhaitez leur écrire, leur adresse est :

Francesco Sala
Graziano Mazzarelli
Lucio Alberti

c/o C.C. via dell’Arginone, 327
44100 Ferrara
Italia

de Macerie

Italie : Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò condamnés à 3 ans et 6 mois

Après deux heures de réunion en chambre de conseil, la Cour d’Assise du Tribunal de Turin a condamné Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò à 3 ans et 6 mois chacun, les reconnaissant coupables d’avoir saboté le chantier de la Grande Vitesse, mais les relaxant du chef d’accusation principal, celui d’attentat terroriste, grâce auquel le Parquet avait demandé une peine totale de 9 ans et demi.

19.00 – Manifestation dans les rues de Bussoleno

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“Nous sommes No TAV / Nous arrêter est impossible / La vallée qui résiste… et ne s’arrête pas !”

18.00 – Rassemblement de solidarité à Brescia sur la Piazzetta Bella Italia, à l’angle de Piazza della Loggia

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18.00 – L’accusation de terrorisme est tombée, les sites internet du Parquet et du Tribunal de Turin tombent eux aussi, grâce à une attaque informatique d’Anonymous.

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“Le terroriste, c’est l’Etat qui dévaste. LIBERTE POUR LES NO TAV”

17.00 – A Florence, un cortège de solidarité défile dans les rues du quartier de Rifredi, dans les environs du chantier de la Grande Vitesse.

14.00 – Un groupe de personnes solidaires bloque l’autoroute Turin-Fréjus à la hauteur de la galerie de Giaglione, interrompant la circulation.

13.00 – Un train régional venant de Milan vers Turin est arrêté par la police ferroviaire à la gare de Novara, avec à bord 30 No TAV qui avaient très justement refusé de payer leur billet.

Une interview téléphonique (en italien) d’un compagnon présent au tribunal sur Radio Blackout, et un commentaire plus articulé (toujours en italien) sur Radio Onda Rossa.

Entretemps, Francesco et Graziano, arrêtés en juillet avec Lucio pour les mêmes faits que les quatre condamné-e-s d’aujourd’hui, ont été transférés dans la section de Haute Sécurité de la prison de Ferrara. Le transfert est une conséquence directe de l’accusation « d’attentat à finalité terroriste » que le Parquet de Turin a porté contre eux il y a une semaine. Leur nouvelle adresse est donc :

Graziano Mazzarelli

Francesco Sala

c/o C.C. via dell’Arginone, 327 – 44100 Ferrara

Celle de Lucio reste pour le moment la même :

Lucio Alberti

c/o C.C. via Cassano Magnago 102 – 21052 Busto Arsizio (Varese)

17 décembre, Macerie

Italie, NoTAV : Graziano, Francesco et Lucio eux aussi accusés de terrorisme

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A exactement un an des arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, et à un peu plus d’une semaine des réquisitions énoncées contre eux, l’accusation de terrorisme est désormais aussi portée contre Lucio, Francesco et Graziano. En prison depuis juillet, les trois n’étaient accusés jusqu’ici “que” de détention et de transport d’armes de guerre, de dégradations par incendie et d’autres délits mineurs, auxquels s’ajoutent ce matin les articles 280 et 280bis : l’attentat à finalité terroriste. Cette déplaisante surprise a été accompagnée de la perquisition de leurs cellules, avec mise sous scellés de diverses choses, le tout incluant aussi le blocage des parloirs. Un parent et une amie autorisé-e-s de façon régulière ont en effet été repoussé-e-s ce matin, et informé-e-s qu’ils devront requérir de nouvelles autorisations. Nous ne savons pas encore si, comme cela a été le cas pour les 4, les parloirs seront bloqués pour un certain temps, ou s’il s’agira dans ce cas seulement d’une brève suspension. Sur le moment, il n’est pas non plus possible de prévoir où et quand les trois seront transférés, puisque l’accusation de terrorisme prévoit un régime de détention de Haute Sécurité.

Pour sortir, enfin, de ce qui ce passe dans les salles des tribunaux et dans les instituts pénitentiaires, plusieurs centaines de personnes ont parcouru et bloqué les routes de Val Susa ces derniers jours, pour les libération des sept compagnon-ne-s en prison. Dans la nuit de dimanche, un long et bruyant cortège a traversé la ville de Susa, en s’arrêtant en particulier devant l’hôtel Napoleon où, à l’aide de fumigènes et de bruits de métal, a été dérangé le repos des forces de l’ordre qui y sont logées. Le jour suivant, le 8 décembre, anniversaire de la bataille de Venaüs en 2005, deux groupes de manifestant-e-s ont tenté d’atteindre la zone du chantier depuis deux endroits distincts. Un groupe s’est retrouvé à Giaglione et est parvenu, par les sentiers, à contourner les barrages des forces de l’ordre et à rejoindre le chantier, où tout le monde a battu sur les grilles. Le groupe qui s’était donné rendez-vous à la Centrale de Chiomonte s’est trouvé face à un blocage des forces de l’ordre sur le pont en face du portail de la Centrale et a donc décidé de remonter vers la nationale 24, qui a été bloquée durant plusieurs heures. D’autres gens se sont dirigés vers la gare la plus proche, où le passage d’un TGV a été bloqué par l’occupation des voies. A la fin de l’après-midi, un gros groupe de manifestant-e-s est retourné vers la Centrale, où a commencé un long battage de métal, qui n’a cependant pas trouvé de succès auprès des forces de l’ordre, qui ont répondu avec des canons à eau et des lacrymogènes.

La journée s’est achevée comme ça, et tout le monde s’est donné rendez-vous le 17 décembre, jour du rendu du procès.

A 09 heures dans l’Aula Bunker pour saluer Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò et, dans l’après-midi, à 17h30, sur la place du marché de Bussoleno pour décider quoi faire après le verdict de la Cour d’Assise.

Macerie, 9 décembre 2014

Lyon/Turin – Terzo Valico, Italie : Le sabotage est compagnon de celles et ceux qui luttent

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Ci-dessous, la traduction du texte d’un tract distribué lors de la manifestation du 21 novembre contre le Terzo Valico :

Mêmes intérêts, même police, une seule lutte.

Du 14 au 22 novembre, le Mouvement No TAV a appelé a une semaine de mobilisation en solidarité avec Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, accusés de terrorisme pour le sabotage d’un engin sur le chantier de la grande vitesse de Chiomonte dans la nuit du 13 mai 2013. Les procureurs de Turin Andrea Padalino et Antonio Rinaudo ont récemment requis contre eux des peines de 9 ans et 6 mois de prison.

Conscients du fait que le Terzo Valico entre Ligurie et Piémont et la grande vitesse en Val di Susa sont deux parties du même projet de dévastation et d’exploitation du territoire, toutes deux conséquences de l’actuel modèle de développement et utiles à ce que les intérêts d’un petit nombre prévalent à ceux de l’ensemble, nous pensons que la meilleure façon d’exprimer notre solidarité envers nos compagnon-ne-s et leurs pratiques est de continuer la lutte.

La course continue vers ce progrès qui nous fait tant déchanter, et dont le seul effet est l’incessante destruction de la planète, nous est présenté comme étant l’unique scénario imaginable, sans possibilité de choix. En réalité, ce n’est pas le cas : nous choisissons de lutter avec tous les moyens que chacun jugera nécessaires.

Mais les formes de protestation qui se cantonnent aux limites définies par l’État n’ont aucune efficacité. Les dernières inondations l’ont démontré : les manifestations de mépris et d’indignation des années précédentes tout comme les plus actuelles n’ont servi qu’à vendre plus de papier imprimé sans incommoder le moins du monde ceux qui sont aux commandes. Une fois la situation d’urgence terminée, tout redevient comme avant, avec quelques votes en plus que ceux qui ont été capables de montrer le plus d’indignation et d’empathie dans le malheur auront gagné. En attendant un autre désastre.

La même chose vaut pour le Terzo Valico, par rapport auquel les diverses manifestations contre les chantiers ne sont pas parvenues le moins du monde à en gêner l’ouverture, et ont même au contraire été enveloppées de l’indifférence de la plus grande partie des gens qui semblent tout accepter de bon cœur, avant de s’étonner ensuite que le terrain sur lequel travaillent les entreprises pour réaliser ces grands travaux se détériorent.

Il est aujourd’hui plus que jamais fondamental de dépoussiérer ces pratiques qui causent de réels dommages aux intérêts du Capital et de ceux qui en sont les complices conscients, des pratiques qui ont toujours été le patrimoine commun des exploités.

C’est justement pour cette raison qu’il nous enchante de savoir que l’illustre pratique du sabotage est sortie de Val Susa et est apparue à Gênes au sein de la lutte contre le Terzo Valico, à travers les sabotages d’une vingtaine d’engins des chantiers de Trasta, d’Erzelli et de la zone de Castagnola, et plus récemment au cours de la grève générale du 14 novembre, quand d’anonymes travailleurs ont tranché les câbles à l’intérieur du centre d’opération de l’AMT, empêchant la communication entre les transports publics et la centrale : de Chiomonte à Gênes, le sabotage est compagnon de celles et ceux qui luttent.

Cette splendide nuit de mai, nous étions tou-te-s là, et nous avions tou-te-s bien en tête que le sabotage des engrenages du TAV est possible.

Solidarité avec toutes les personnes arrêtées et sous enquête
Solidarité avec celles et ceux qui s’opposent et luttent contre la dévastation et l’exploitation des territoires !

Venise, Italie : Perquisitions et accusations de terrorisme pour avoir repeint un tribunal

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Venise – Dans les premières heures de la matinée du mardi 2 décembre 2014, les forces répressives ont perquisitionné l’ex-Ospizio Occupato Contarini pour une action No TAV ; l’accusation contre X est celle de 270sexies : l’accusation de terrorisme.

Ce matin, 2 décembre 2014, vers 10 heures 30, une quarantaine de Digos et de carbinieri en civil ont arrêté deux compagnons à l’extérieur de l’Ex Ospizio Contarini Occupato, à Santa Marta. Ils ont donc procédé, après plusieurs intimidations, à fouiller les deux compagnons, soustrayant par la force les clés de la maison occupée à l’un des deux.

Les flics sont donc entrés pour perquisitionner les locaux de l’espace, ont emporté des bombes de peinture et des pots de peinture qui reconduiraient à une action de solidarité No TAV ayant eu lieu le 16 novembre dernier, durant laquelle la façade du Tribunal de Venise a été repeinte de peinture rouge et de tags. Cette perquisition a pour motif la proximité toujours ouvertement démontrée envers le mouvement No TAV et, nous ne le découvrons qu’après, par le tristement célèbre délit de 270 sexies (actes à finalité de terrorisme), cette fois-ci dirigé contre des inconnus.

Le même délit pour lequel Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia sont en prison depuis le 9 décembre dernier pour avoir participé à une action de sabotage sur le chantier de Chiomonte !
La façon dont la magistrature de Venise cherche à utiliser les mêmes armes juridiques que celle de Turin apparaît clairement, avec ses manies de protagonisme et de recherche de carrières faciles, et ce afin de frapper, au-delà des No TAV directement impliqués dans des actions de sabotage, toutes les manifestations de solidarité vouées à faire s’écrouler cet infâme, autant que grotesque, château d’accusations.
Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le délit 270 sexies, introduit dans le code pénal en 2005 après les attentats de Madrid, crée un flou juridique dans lequel toute conduite vouée à « pervertir les institutions » (lire : toute protestation qui sorte, même un tout petit peu, des limites de la revendication démocratique) est potentiellement accusable de terrorisme, depuis le sabotage d’un compresseur à, à partir d’aujourd’hui, de la peinture sur un Palais de Justice.

Nous prenons acte du total manque de sens du ridicule de la procureur Francesca Crupi, de la Digos et des carabinieri vénitiens dans leur façon de procéder à une perquisition pour terrorisme en cherchant comme preuves des sprays et de la peinture liées à une opération de recouvrement de façade mais, en ces temps de chasse aux sorcières, plus rien ne nous étonne.

Nous réaffirmons avec force notre solidarité envers nos compagnon-ne-s arrêté-e-s et les prochains rendez-vous de lutte contre la Haute Vitesse, à partir des 7 et 8 décembre* en Val di Susa.

Les occupants et les occupantes de l’ex Ospizio Contarini


* (Note de Contra Info) : 7 décembre à 20h30 :MARCHE AUX FLAMBEAUX A SUSA, départ devant l’hôpital

8 décembre à 14h : RASSEMBLEMENT A CHIOMONTE (portail de la centrale), et pour ceux qui ont des bonnes jambes AU CHANTIER DE CLAREA

Turin, Italie : Procès contre Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò

no-tav-4-1024x1024Dans la salle Bunker de la prison des Vallette, il aura fallu à Rinaudo et Padalino quatre heures abondantes de réquisitions pour confirmer la structure d’accusations contruite contre Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò. Attentat a finalité terroriste, attentat terroriste avec engins pouvant causer la mort et explosifs, détention et transport d’armes de guerre, dégradation par incendie et violence contre personne dépositaire de l’autorité publique sont donc les délits qui, en appliquant les règles de l’arithmétique pénale, ont amené les deux procureurs à requérir des peines de 9 ans et 6 mois pour chacun des quatre compagnons. En ce qui concerne les parties civiles, LTF (Lyon Turin Ferroviaire) demande la somme “symbolique” de 50.000 euros pour l’action de sabotage contre le chantier de Chiomonte. Les demandes du SAP et du Barreau seront entendues plus tard.

Tandis que ces chiffres sortaient dans la salle Bunker, une longue manofestation a traversé les rues de Turin : une “grève sociale” qui a vu manifester des milliers de personnes dans plus de 20 villes. En plus des tags, des slogans et des interventions qui s’en prennent aux politiques du gouvernement Renzi sur l’école, le travail et le logement, de nombreux autres étaient dédiés à la lutte No TAV, à la solidarité avec Chiara Niccolò, Claudio et Mattia et au rappel des prochains rendez-vous en vue de la sentence de leur procès le 17 décembre.

Depuis macerie.

Milan, Italie : DAB et autos de luxe attaqués en solidarité avec les prisonnier-e-s No TAV et anarchistes

Dans la nuit du merc (sic) 12 novembre, nous avons attaqué 5 distributeurs de billets à coups de marteau et vandalisé quelques autos de luxe (pneus crevés et vitres cassées), un tout petit geste de révolte individuelle contre un système capitaliste qui exploite et dévaste. Nous dédions cette action aux compagnons et à la compagnonne accusé-e-s de l’attaque du chantier du TAV en mai 2013, et à tous les prisonniers anarchistes. Nous ne pouvons pas rester là à regarder tandis que nos compagnons se voient enterrés sous des années de prison, ou nous limiter à des actes symboliques qui ne provoquent aucune gêne.

La seule solidarité, c’est l’attaque !

Trentin, Italie : Impressions de novembre

Au rassemblement de trois jours et trois nuits né à Marco di Rovereto pour bloquer les carottages liés au projet du TAV participe également un groupe de jeunes du coin. L’un d’entre eux, au cours d’une partie de cartes, dit : « Ce rassemblement sauve en partie le climat de merde qui s’était créé ici à Marco contre les réfugiés ». En juillet, à partir du prétexte d’une tentative de viol, presque tous les politiciens, du maire du Partito Democratico à la Ligue du Nord, de la circonscription aux fascistes,  s’étaient exprimés pour la clôture du camp de réfugiés. Les discussions qu’on entendait un peu partout, sur les places et dans les bars, avaient l’odeur impossible à confondre du lynchage. S’il avait existé une présence fasciste organisée à Marco, il n’est pas exclu que nous aurions pu assister à une sorte de “chasse au nègre” réalisée avec la participation ou avec le consentement d’une partie de la population.

En octobre, dans toute l’Italie, et aussi dans le Trentin, les clérico-fascistes de Sentinelle in piedi  [Sentinelles debout] étaient durement contestés. La “loi contre l’homophobie” présentée par le centre-gauche est gelée après une interview de Bressan au journal “Vita Trentina”, dans laquelle l’archevêque de Trente compare l’homosexualité à la pédophilie.

Même à Trente la démocrate, les rafles contre les immigrés privés de papiers se déroulent. L’opération s’appelle “Mos maiorum”, c’est-à-dire “les mœurs des ancêtres”. La police aime bien le latin. Il y a deux ans, la DIGOS [police politique] avait nommé “Ixodidae” (“tiques”)* une opération contre 43 anarchistes pour “association subversive à finalité terroriste”, qui s’était conclue par l’absolution des mis en cause. Mais les “mœurs” restent. Le 5 novembre, à Trente, au terme d’un débat sur les groupes fascistes qui s’était tenu dans la faculté de sociologie, trois patrouilles de police (de celles qui tournent en ville pour les contrôles « anti-dégradations » voulus par le démocrate Andreatta) tentent d’interpeller et de fouiller une quarantaine de compagnons, qui s’en vont en cortège pour éviter l’encerclement. Dans l’effervescence du moment, l’un des flics en perd son latin et hurle « Arrêtez-vous, les tiques ! ».

Tandis qu’en Italie la société est divisée entre les journées institutionnelles contre les violences contre les femmes et une violence sexiste qui marque tragiquement la vie quotidienne de milliers de femmes, les femmes kurdes de Kobane défendent les armes à la main leur propre parcours d’émancipation des assauts assassins des mercenaires de l’État Islamique. La morale démocrate défend les femmes en tant que “victimes”. Lorsque les femmes prennent les armes pour se défendre elles-mêmes, la morale démocrate s’en remet à la police (globale).

Selon Renzi, il est criminel d’affirmer que les intérêts des travailleurs et ceux des propriétaires sont différents. C’est le vieux rêve du Capital, et c’est aussi le sien. Mussolini l’appelait corporatisme. Mais aucune politique au monde n’a jamais pu réussir à effacer complètement la réalité de la lutte de classe. Les matraquages des ouvriers de Terni, tout comme les œufs et les émeutes qui accueillent le président du Conseil un peu partout sont, peut-être, les signaux d’un retour à la réalité après des années du mensonge organisé qu’est la paix entre les classes.

Et c’est justement ce retour à la réalité que démocrates et fascistes veulent conjurer, en remettant sans arrêt au goût du jour les “urgences sociales” par lesquelles faire dévier les exploités. Des lames fascistes à la matraque de la police, la politique parle la langue de l’ordre. Même le fleuve Adige, qui risque de déborder de ses rives cimentées à terme, se retrouve désigné comme étant “surveillé spécial par les patrouilles de la Commune et de la Province”par un journaliste.

Du 14 novembre au 17 décembre, le mouvement No TAV de Val Susa invite à la mobilisation diffuse sur les territoires, en solidarité avec les quatre compagnons accusés de terrorisme pour un sabotage du chantier de la Haute Vitesse à Chiomonte.

Tandis que plus de 700 personnes ont participé à la campagne d’achat collectif d’un terrain pour résister au TAV dans le Trentin, et tandis que l’on se lève tous les jours à l’aube pour se retrouver sur les zones des prochains carottages, faisons en sorte que la solidarité envers les compagnons en prison ne nous reste pas en poche.

Il a raison, ce jeune de Marco. Seules les luttes sauvent nos vies du climat réactionnaire qui nous assaillit de la droite comme de la gauche.
Assez de lamentations ou de pleurnicheries. Organisons la contre-offensive.
Contre les fascistes, bien sûr, mais aussi contre le monde qui les arme et qui les protège.

Quelques anarchistes
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*zecche” (“tiques”), est le sobriquet que les fascistes donnaient aux communistes, anarchistes et autres “rouges” sous le régime mussolinien. (Note de Contra Info)

Italie – Prisonnier-e-s NO Tav : Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò revendiquent le sabotage du chantier de Chiomonte

Turin – 24 septembre 2014

En attente de plus amples informations, nous apprenons des compagnons présents lors de l’audience du procès contre Chiara Zenobi, Claudio Alberto, Mattia Zanotti et Niccolò Blasi que les quatre, très en forme, la tête haute et souriants, ont revendiqué leur participation au sabotage advenu en mai 2013 sur la chantier du TAV de Chiomonte. En prenant la parole, ils sont partis à l’assaut du château d’accusations et de théorèmes que l’investigation essaye de superposer à une réalité beaucoup plus simple, en rejetant la catégorie de « terrorisme » superposée aux techniques de résistance No TAV, libérant ainsi le champ du langage et de la sémantique de la répression et de la domination.

Sur Macerie, les voix de Mattia, Niccolò, Claudio et Chiara lisant leur déclaration au tribunal.

Vive la résistance No TAV !

Ci-dessous, les déclarations lues au procès :

Je connaissais la Maddalena et la Val Clarea avant que n’y soit implanté le chantier de la grande vitesse. J’ai marché dans ces bois, j’y ai dormi, j’y ai mangé, chanté et dansé. Dans ces lieux, j’ai vécu de précieux fragments de vie aux côtés d’amis qui ne sont plus là aujourd’hui, et que je porte dans le cœur.

Je suis retourné là-bas de nombreuses fois au cours des années.

De jour, de nuit, le matin comme le soir ; en été comme en hiver, en automne et au printemps. J’ai vu cet endroit changer à mesure que le temps passait, les arbres tomber, abattus pas dizaines pour faire de l’espace aux haies d’acier barbelé. J’ai vu le chantier grandir et une partie du bois disparaître, de nombreux phares surgir hors de terre et l’armée arriver pour surveiller un terrain lunaire et désolé, avec les mêmes engins qui patrouillent dans les montagnes afghanes.

Et ainsi, je suis retourné une fois de plus en Val Clarea, pendant cette désormais célèbre nuit de mai.

Beaucoup de choses, trop, ont été écrites et dites sur cette nuit et ce n’est pas à moi, et cela ne m’intéresse d’ailleurs pas, de dire comment ce geste se transcrit dans la grammaire du code pénal.

Ce que je peux dire, c’est que cette nuit-là, j’étais moi aussi présent.

Que je n’aie pas été là dans le but de provoquer la terreur chez d’autres, voire pire, n’importe quelle personne peut le comprendre, pour peu qu’elle soir dotée d’un minimum de bon sens et ayant une idée même lointaine de ce qu’est la nature de la lutte No TAV et du cadre d’éthiques qui se coordonnent à l’intérieur duquel cette même lutte exprime sa résistance depuis plus de vingt ans.

Que j’aie été là pour manifester une fois de plus ma radicale inimitié envers ce chantier et, si possible, en saboter le fonctionnement, je vous le dis moi-même.

Et si nous avons décidé aujourd’hui de prendre la parole avant que ce procès ne s’aventure dans la jungle des expertises et des contre-expertises vocales, c’est tout simplement pour affirmer une vérité simple : ces voix sont les nôtres.

Là-dessus, l’accusation a construit son histoire.

Une histoire selon laquelle des téléphones deviennent les preuves de l’existence d’une chaîne de commandos, voire même d’une planification paramilitaire, mais la vérité – comme cela arrive souvent – est beaucoup plus simple et moins grandiose.

Il existe une devise en Val Susa, qui est entrée depuis des années dans le bagage commun de la lutte NoTAV et en oriente en pratique les actions contre le chantier.

Cette devise est : « Si parte e si torna insieme » [On part ensemble, on revient ensemble]. Ce qui signifie que dans cette lutte, tout bouge ensemble. On part ensemble, et on revient ensemble.

Personne n’est abandonné sur la route. C’est à cela que servaient les téléphones cette nuit-là, c’est à cela que se sont prêtées nos voix.

Parler au lieu de ça de chefs, d’organigrammes, de commandos, de stratèges, signifie vouloir projeter sur cet évènement l’ombre d’un monde qui ne nous appartient pas et pervertir notre propre façon d’être et de concevoir l’agir en commun.

En ce qui me concerne, je laisse aux enthousiastes spéculateurs à grand vitesse le triste privilège de n’avoir aucun scrupule vis-à-vis de la vie des autres, et je leur abandonne aussi le culte de la guerre, du commando et du profit à tout prix.

Nous gardons près de nous les valeurs de la résistance, de la liberté, de l’amitié et du partage, et c’est à partir de ces valeurs que nous chercherons à porter de la force partout là où les conséquences de nos choix nous mèneront.

Mattia.

*

La nuit du 13 au 14 mai, j’ai pris part au sabotage du chantier de la Maddalena à Chiomonte. Voilà le voile levé sur le mystère.

Je ne suis pas surpris du fait que les enquêteurs, dans leur tentative de reconstruire les faits, utilisent des mots tels qu’« assaut, attentat terroriste, groupes paramilitaires, armes létales ». Qui est habitué à vivre et à défendre une société fortement hiérarchisée ne peut comprendre ce qu’il s’est passé ces dernières années en Val di Susa. Pour le décrire, il ne pourra que puiser dans sa culture empreinte de termes belliqueux. Il n’est pas dans mon intention de vous ennuyer avec les raisons pour lesquelles j’ai décidé de m’engager dans la lutte contre le TAV et sur ce que signifie la défense de cette vallée. Je veux simplement souligner que tout ce qui peut avoir un rapport avec la guerre ou les armées me répugne.

Je comprends l’effarement de l’opinion publique et de ses affabulateurs par rapport à la réapparition de cet illustre inconnu, le sabotage, après qu’ils se soient tant démenés pour l’enfouir sous des quintaux de mensonges.

La lutte contre la train à grand vitesse a le mérite d’avoir dépoussiéré cette pratique, d’avoir su choisir quand et comment l’employer, et d’être parvenue à distinguer le juste du légal.

C’est aussi à elle qu’incombe la grande responsabilité de maintenir la foi et les espoirs que de nombreux exploités mettent en elle, et de faire savourer de nouveau le goût savoureux de la libération.

Je me permets de retourner quelques accusations à l’envoyeur. Nous sommes accusés d’avoir agi dans le but de toucher des personnes, ou en tout cas d’être totalement insensibles à leur présence, comme si nous éprouvions un profond mépris envers la vie des autres. S’il y a bien quelqu’un qui démontre un tel mépris, ce sont les les militaires qui exportent la paix et la démocratie aux quatre coins du monde, les mêmes qui président le chantier de la Maddalena avec dévotion et professionnalisme. En ce qui concerne l’accusation de terrorisme, je n’ai pas l’intention de me défendre. La solidarité que nous avons reçue depuis le jour de notre arrestation jusqu’à celui d’aujourd’hui démonte suffisamment bien une incrimination aussi hardie. S’il y avait derrière cette opération la tentative, pas tellement dissimulée, de régler son compte à la lutte NoTAV une bonne fois pour toutes, je dirais que cette tentative a misérablement échoué.

Claudio.

*

Les motifs qui m’ont poussé en Val di Susa à prendre part à cette lutte sont nombreux ; les motifs qui m’ont poussé à rester et à continuer sur cette voie sont bien plus.

Il y a là-dedans un parcours de maturation collective, d’assemblées publiques et privées, de campements et occupations, de confrontations et d’affrontements. Là-dedans, ce qu’il y a, c’est la vie, celle de tous les jours, celle des aubes naissantes et des nuits blanches, de la gorge sèche sur les pentes rocheuses et des repas frugaux, des petits engagements et des grandes émotions.

A travers ce parcours, ceux qui luttent ont appris la précision du langage, à nommer les choses telles qu’elles sont, et non par l’emballage formel sous lesquelles elles se présentent, comme un chantier qui auparavant était un fortin et se transforme maintenant en forteresse. Des mots capables de restituer la portée émotive et l’impact de certains choix de l’adversaire sur nos propres vies, de qui a décider de s’embourber dans cette grande œuvre. Des mots dépoussiérés d’un lexique qui paraissait antique et qui se redécouvrent en fait dans toute leur puissance et leur simplicité par la description de nos propres actions.

Une finesse de langage dont je me rends compte qu’elle n’est pas si répandue que ça dans le monde qui m’entoure, lorsque je lis à propos d’improbables « commandos » qui, selon une certaine reconstruction, reprise entre autres par les journaux, auraient attaqué le chantier la nuit du 13 mai. Un mot ô combien malheureux, non seulement du fait de son appel à l’acte de commander mais aussi pour son allusion au mercenariat, inacceptable, par qui serait capable d’utiliser n’importe quel moyen afin d’atteindre ses fins.

Par qui lutte et a appris à canaliser avec intelligence jusqu’aux passions les plus fortes et impétueuses qui naissaient de tous les coups reçus lorsqu’un ami perdait un œil à cause d’un lacrymogène ou qu’un autre était en fin de vie.

En ce qui me concerne, la Val Clarea m’est amie depuis le moment où, en 2011, nous relancions la terre à mains nues dans les trous creusés par les pelleteuses pendant les agrandissements du chantier.

Je me souviens que d’entre les tentes de ce campement résonnait une chanson, parmi toutes celles qui avaient été inventées pour s’amuser et pour se donner de la force, sur l’air d’un vieux chant partisan. Le premier vers disait « Nous descendrons unis des bois de Giaglione ». Ces dernières années, ces mots ont de nombreuses fois été suivis, repris et relancés, et quelqu’un a décidé de le faire de nouveau cette nuit de mai, avec autant de conviction, et j’en faisais partie. L’une des voix derrière les téléphones est la mienne. Mais se focaliser sur une responsabilité personnelle pour en tisser plus ou moins les éloges n’est pas à même de restituer ce sentiment collectif qui a mûri dans les maisons de tant de familles, en vallée comme en ville, ou dans une discussion et un verre partagé dans un bar, sur les places et dans les rues, dans les moments conviviaux comme dans ceux les plus critiques. Un sentiment qui a su s’exprimer dans l’un des slogans les plus criés après nos arrestations et qui décrit bien ce à quoi appartient réellement ce geste : « dietro a quelle reti c’eravamo tutti » [derrière ces grilles, nous y étions tous]. Un slogan qui nous renvoie directement dans une assemblée populaire tenue à Bussoleno en mai 2013, lors de laquelle le mouvement dans son ensemble saluait et accueillait ce geste, en le nommant de son nom de sabotage.

Et si nous étions tous derrière ces grilles, un bout de chaque personne a su nous soutenir et nous donner de la force derrière ces barreaux. Pour cela, encore ici, quelles que soient les conséquences de nos actions, nous ne serons pas seuls à les affronter.

Niccolò.

*

Vous ne trouverez pas dans cette salle les mots pour raconter cette nuit de mai.

Vous utilisez la langue d’une société habituée aux armées, aux conquêtes, aux vexations.

Les attaques militaires et paramilitaires, la violence aveugle, les armes de guerre appartiennent aux États et à leurs émules.

Nous, nous avons lancé notre cœur au-delà de la résignation.

Nous avons jeté un grain de sable dans l’engrenage d’un progrès dont le seul effet est l’incessante destruction de la planète sur laquelle nous vivons.

J’étais présente cette nuit-là, et la voix féminine qui a été interceptée est la mienne.

J’ai traversé une partie de ma vie aux côtés de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui, depuis plus de vingt ans, opposent un non sans appel à une idée qui dévaste le monde. J’en suis fière, et heureuse.

Chiara.

Traduit de l’italien depuis Informa-azione

Italie : Lettres d’anarchistes Chiara Zenobi et Michele Garau depuis la prison

JE L’AI VU

Prison des Vallette (juillet 2014)

Il serait extrêmement long et difficile de s’exprimer sur chacune des innombrables choses dites et faites en solidarité à notre égard. Il est plus facile de regrouper les suggestions, les pensées légères et celles plus lourdes, un peu de douce nostalgie, une once de perplexité et reverser le tout sur ces feuilles.

Une continue et impressionnante succession de messages publics et privés, d’initiatives, de prises de positions et d’actions, individuelles et collectives, ont marqué ces mois. Ce flux d’affect nous a toujours réchauffé le cœur et rempli l’estomac de papillons, des sensations pour lesquelles manquent les mots lorsque l’on cherche à les décrire. Aucun d’entre nous ne s’est jamais senti « à plat » ou brisé par la détention. La prison est le même court-circuit de la logique et de l’humanité pour quiconque y a affaire, et presque tous l’affrontent, à la différence de ce qu’il se passe pour nous, privés de tout soutien affectif, économique et légal, et sans que personne ne se relève publiquement les manches.

Nous ne nous sommes pas sentis être des victimes, à aucun moment, même si les mains de quelques-uns (incroyablement peu, en vérité) nous ont naïvement décrits comme tels, s’adressant à la presse ou même jusqu’à la politique, auxquels il n’a jamais été dans nos intentions de dire ou de demander quoi que ce soit. (Par cohérence et par honnêteté, je ne peux pas faire moins que de préciser que j’éprouve une méfiance totale envers les journalistes et les politiciens de toutes les formes et de toutes les couleurs. Pour ceux-ci, l’unique intérêt est de vendre leur petit produit commercial et l’asservissement à la recherche du consensus, se débrouillant pour la plupart pour se poser comme porte-paroles de la mauvaise conscience d’autrui. Et tous ceux-ci, au besoin, peuvent revêtir le masque du subversif, du sincère démocrate ou du bourreau selon le temps et le lieu où ils s’expriment. Les journalistes qui ne se reconnaissent pas dans ces lignes sont probablement au chômage, ou le seront bientôt, ou bien sont relégués dans les marges de la diffusion publique des nouvelles. Dans tous les cas, ils ne pourront qu’admettre qu’ils partagent leur toit, et souvent leur pain, avec les je-m’en-foutistes, les vautours et les chacals).

Choisir de s’opposer à la folie du statut quo peut être grave de conséquences. Dont est loin d’être la moindre celle d’être identifiés en tant qu’ennemis de l’humanité : malfaiteurs, provocateurs, violents. Terroristes. Ne pas se sentir victime ne signifie clairement pas d’accepter ces définitions, mais reconnaître qu’une hypocrisie aussi assumée et complice gouverne ce monde. La même qui réussit à nommer « développement » la destruction progressive et continue des sources de vie de toute espèce vivante, qui est prête à envoyer à la potence ceux qui réduisentt en miettes les vitrine de quelque géant de l’exploitation (humaine et environnementale), mais qui « ignore » la dévastation que l’ENI [Entreprise Nationale d’Hydrocarbures en Italie, NdT], au nom du peuple italien, apporte partout où elle pose ses sales pattes. Que l’on s’indigne et qu’on relève la poitrine si un dépositaire de l’ordre (et des privilèges) s’égratigne un genou, mais que l’on plonge la tête dans le sable lorsque quelqu’un est défiguré pour toujours ou termine sa vie dans une caserne ou dans une prison.
Eccetera, eccetera.

La réalité sans voile est triste et terrible. Mais à force de bien la regarder, il arrive aussi de s’énamourer d’un rêve de liberté, d’autodétermination, de justice sans le mensonge de la Loi, et de le chercher partout où il se manifeste à l’improviste.

Moi, je l’ai vu. Dans un centre de rétention en flammes. Dans la fuite précipitée d’un huissier qui, Code Civil à la main, voulait jeter quelqu’un à la rue. Dans l’affront à l’un des symboles de l’inégalité sociale. Dans une phrase peinte sur les murs des « précieuses » rues du centre.

Et je l’ai vu sur un échangeur d’autoroute, au coucher de soleil, après trois jours passés à partager la rage et la peur pour la vie d’un frère suspendu à un fil à cause de la diligence des serviteurs du TAV. Des milliers de personnes qui savent seulement ne pas vouloir partir de là. Quelqu’un prépare une soupe, d’autres enflamment une barricade. Et pas seulement pour la police, il est assez difficile de voir et de comprendre qui fait quoi. Ils finissent par arriver. Une mer de casques bleus. Un long jeu de poussées commence. Nous, en montée, les visages découverts, désarmés. Je cherche, parmi les autres, les visages de mes compagnons. Aucun d’entre nous n’aurait jamais choisi d’être aussi vulnérables : à un examen de guérilla urbaine, nous aurions reçu un beau zéro. Mais nous nous regardons en souriant. Autour de nous, des centaines de personnes chantent que « La Val Susa n’a pas peur ». Ce n’est pas de l’inconscience, tout le monde sait bien comment tout cela finira. Mais le temps se fait dense, les corps se dilatent, se fondent, et personne ne voudrait être ailleurs.

Allez donc le leur expliquer, après tout ça, à quelques pauvres types de basse stature morale que ce n’est pas à l’intérieur d’une loi qu’ils trouveront les mots pour raconter cette beauté. Et la détermination, et la ténacité.

Mais il semble bien qu’ils ne nous font pas peur avec leur mots. Le concept de terrorisme ne sert qu’à se foutre des idiots et des hommes de mauvaise volonté. Voilà ce qui est véritablement arrivé au travers de nos arrestations. Ce ne sont pas les habituels subversifs têtus qui renvoient les accusations à l’envoyeur. Il y a cette fois énormément de gens qui flairent l’arnaque et qui comprennent où tout cela mène : l’as dans la manche du terrorisme (dont l’usage n’est pas nouveau pour réprimer qui lutte contre l’oppression, l’exploitation et la dévastation) à appliquer aux luttes sociales, et voilà. Mais la Magistrature, ou quelqu’un pour elle, a mal fait ses comptes. Elle pense préparer un terrain sur lequel il lui sera facile de marcher. Elle pense jouer dans l’anticipation et arrive en fait trop tard. Il n’y a désormais plus aucune chance que des individus portant un NON de plus de vingt ans, entêté et encastré dans les têtes, se fassent avoir par quelque malin bavard. Et si l’accusation de terrorisme est déjà naufragée sur le plan symbolique, elle pourrait même ne pas passer d’un point de vue légal. Et c’est une bonne chose que l’État ne se pourvoie pas aussi facilement que ça en outils pour terroriser de nombreuses luttes et ceux qui y participent. Il n’est cependant pas possible de raisonner trop longtemps sur ce qu’il se passe à l’intérieur des salles des tribunaux. Nous ne nous attendons certainement pas à une tape dans le dos.

Mais la revendication collective qui s’est déployée incroyablement autour de cet acte de sabotage remplit de force. Parce que nous sommes allés bien au-delà du simple fait de dire que ce sont eux les terroristes. Nous en sommes arrivés à dire que sous ces capuche, à l’ombre de cette lune de mai, il y avait les visages de tous les hommes et de toutes les femmes qui ne veulent pas de ce maudit train. Les catégories d’innocence et de culpabilité disparaissent et ne deviennent plus que miettes pour les grattes-papier et les comptables. « Quella notte c’eravamo tutti » (Cette nuit-là, nous y étions tous). Rien ne pourrait nous faire nous sentir plus libres que cette phrase.

Chiara

*

MICHELE EN ISOLEMENT

Prison d’Asti, 11 juillet 2014

Salut à tous,

Je me trouve en isolement disciplinaire pour une semaine. Ils voulaient me mettre en isolement dans une cellule « lisse » (sans rien), mais je me suis attaché à la porte avec une ceinture et ils n’ont pas voulu m’emporter de force. Je reste donc dans la section, avec la porte blindée fermée. Je voulais savoir pourquoi on me refuse la rencontre avec Andrea, mais surtout revendiquer que celui-ci soit transféré dans la section au lieu de demeurer dans la zone de « transit » (PTB). Les « Transits » sont faits pour y rester deux ou trois jours maximum et donc, excepté les moments où il y a de nouvelles arrestations, ils sont complètement vides et comportent assez logiquement, lorsque l’on y reste pendant longtemps, une solitude presque pérenne.

Ils m’appellent au bureau de surveillance, après trois jours d’insistance, et me disent ne me devoir aucune explication et me menacent de sanctions disciplinaires. Alors je leur hurle au visage et ne rentre pas en cellule. Un peu de temps passe et je suis envoyé chez le sous-intendant en chef, lequel utilise des tons inacceptables. Je l’insulte lourdement, très lourdement. Il dit « isolement », je m’assois dans le couloir des bureaux, sur le sol, et dis que je ne bougerai pas si je ne peux pas prendre mes affaires en personne. Une fois remonté en cellule, je prépare mes affaires puis leur dis d’appeler des renforts, parce que je n’irai pas de mon plein gré, avant de m’attacher de nouveau au même endroit. Des heures et des heures d’attente. On aurait dit qu’ils avaient à me trimballer dans une autre prison. Je finis par savoir par des voies détournées qu’Andrea viendra en section. Je me délie donc et attends. Le soir, ils me communiquent que je resterai en isolement pour une semaine. Nous verrons le conseil disciplinaire, et pour le moment il y a un rapport dans lequel on trouve l’accusation de résistance. L’air, je le crée moi-même dans un très petit couloir aux murs très hauts.

Michele

*

Pour écrire aux gens qui sont encore en prison :

Andrea VentrellaMichele Garau
C.C. Strada Quarto Inferiore, 266 – 14030, località Quarto d’Asti (Asti), Italie

Paolo MilanToshiyuki Hosokawa
C.C. Località Les Iles, 14 – 11020 Brissogne (Aosta), Italie

Fabio Milan
C.C. Via del Rollone, 19 – 13100 Vercelli, Italie

Niccolò Blasi
C.C. San Michele strada Casale, 50/A – 15121 Alessandria, Italie

Chiara ZenobiAlberto Claudio
C.C. Via Maria Adelaide Aglietta, 35 – 10151, Torino, Italie

[Italie] Solidarité active avec les compagnon-nes anarchistes emprisonné-es

“Arme-toi et sois violent-e, magnifiquement violent-e, afin que tout explose… Arme-toi et combats le terrorisme, fous le feu, conspire, sabote… sois violent-e… naturellement violent-e, librement violent-e”
Mauricio Morales (Punky Mauri), combattant anarchiste mort en action le 22 mai 2009

Journées de solidarité internationale du 16 au 22 mai 2014

dans l’attente du procès contre les compagnon-nes anarchistes Mattia, Claudio, Niccolò et Chiara (accusé-e-s de terrorisme après une attaque contre le chantier du TAV au Val Susa, dans la nuit du 13 au 14 mai 2013) ;

en solidarité avec les compagnons anarchistes Alfredo et Nicola (emprisonnés pour avoir causé des blessures au patron d’Ansaldo Nucleare, Roberto Adinolfi) ;

en solidarité avec les compagnons anarchistes Gianluca et Adriano (incarcérés, accusés d’attaques incendiaires contre des banques, des multinationales de l’énergie –ENI, ENEL– et des usines qui exploitent la terre).

Solidarité révolutionnaire avec tous les combattants !

Des anarchistes.

Collaboration du Chat Noir Émeutier

Paris : Concert en solidarité avec les inculpé.e.s du 9 décembre de la lutte No TAV

Le 9 décembre dernier, quatre compagnons ont été arrêtés à Turin et à Milan. Ils sont accusés d’avoir participé à une attaque incendiaire du chantier de la TAV (TGV italien) en Val Susa. Ils ont été incarcérés pour acte terroriste avec des engins mortels ou explosifs, détention d’armes de guerre et destruction. Sous de telles accusations la détention préventive peut être longue. Ils passeront en procès le 14 mai.

L’argent récolté au concert servira à leur envoyer des mandats et à les soutenir financièrement face à une procédure coûteuse.

La discussion avant le concert sera l’occasion de revenir sur les derniers événements et sur des années de lutte contre la TAV en Val Susa et ailleurs, à laquelle beaucoup de personnes de ce côté-ci des Alpes se sont intéressées et ont participé.

Le terroriste c’est l’Etat !
Liberté pour Chiara, Claudio, Niccolò, Mattia !
Liberté pour tou-te-s !

Flyer

Le Transfo est un espace occupé depuis novembre 2012. De nombreuses activités s’y déroulent, inscrites dans la lutte et l’ouverture. Tous les événements y sont gratuits ou à prix libre. Une partie du Transfo est déjà expulsable tandis que d’autres sont encore en procédures. Il veulent nous expulser, on se laissera pas faire !

Berne, Suisse : Action de solidarité avec la lutte No TAV

En solidarité avec le mouvement No TAV, nous avons accroché une banderole sur l’ambassade d’Italie à Berne.

Les terroristes sont ceux qui dévastent et détruisent vies et espaces dans lesquels nous vivons.
Combattons le capital ! Luttons contre l’Etat !

Liberté pour Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia !
Marco libre !

Le terroriste c’est l’Etat !

La banderole dit en italien: « No TAV – Chiara, Claudio, Mattia, Niccolò libres ! Le terroriste c’est l’Etat – Liberté pour tou-te-s ! »

Source : ch.indymedia (22 février 2014)

Italie : Lettre de Chiara Zenobi (20/1/2014)

Prison des Vallette (Turin), 20 janvier 2014

Si je pouvais choisir, je resterai exactement là où je suis.

Sur les sentiers de la Vallée, dans les rues de Turin, avec mes compagnons, ou me reflétant dans les yeux de femmes et d’hommes qui me sont inconnu-e-s, à apprendre à écouter, à choisir d’attendre, à courir plus vite.

Je me trouverai là où l’on découvre la saveur douce et intense de la lutte, de quelqu’un qui te tient la main lorsqu’elle tremble et se jette de tout cœur contre les obstacles. Là où la solidarité embrasse, chaude, permanente et tenace, et permet à qui est isolé-e de ne pas se sentir seul-e, de libérer la passion de qui est enfermé-e et de remplir la pièce de présences amies.

Je me suis quelques fois demandée si je ne devrais pas me contenter du privilège de la citoyenneté, de pouvoir avoir de façon presque sûre une maison, éventuellement un enfant, et une façon ou une autre de mettre du pain sur la table. Mais quand j’ai découvert que la liberté et l’humanité étaient d’autres choses que ça, quand tu te rends compte que les uniques moteurs de la politiques et des groupes de pouvoir sont le privilège et le pillage, il est trop tard pour faire marche arrière. Tu es déjà entré dans un autre monde, et ce monde est celui dans lequel je me trouve maintenant.

Il n’existe pas ici d’espace pour ceux qui mesurent leur propre valeur morale sur la base de codes et de lois. Foutre à la rue qui ne peut plus payer de loyer ou dans des camps qui n’a pas de papiers, produire des déchets nucléaires, sauver le capital et distribuer la misère, militariser et détruire les territoires. Tout cela au nom de la loi, selon la démocratie. Tout, même la dissension, à condition qu’on ne se mette pas véritablement en travers de la réalisation des plans inexorables du progrès et du profit.

Mais lorsque trop de grains de sable enrayent l’engrenage, si une personne, une place ou une population deviennent imprévisibles et efficaces, il devient possible d’entendre le tintement des lames qui s’aiguisent. Pour défendre les propriétés publiques et privées, le corps des lois gonfle tous ses muscles. Si l’on descend dans la rue le mauvais jour (ou le bon ?), on peut ramasser, en plus des pavés, le rocher de la Dévastation et Pillage [« Devastazione e Saccheggio », article issu des codes de lois fascistes et qui a servi a réprimer les manifestants de Gênes en 2001 ou encore ceux de Rome en 2011, NdT]. Si l’on assume une pratique radicale conte le système social, le couperet de l’Association Subversive (ou parfois, avec un peu plus de fantaisie, de l’Association de Délinquants[Associazione a Delinquere]) est prompt à tomber. Pour tout le reste, on garde préparée la cage du Terrorisme. N’importe quelle opposition réelle qui cause des dommages et ralentisse l’avancée des projets, et finalement, n’importe quelle action ou lutte efficaces pourraient finir par être redirigées vers cette catégorie de répression. L’objectif est relativement aisé à identifier : une punition exemplaire pour quelqu’un, un avertissement lancé à tou-te-s les autres.

Bien sûr, l’idée de toutes ces années de prison évoquées par ces mots tord l’estomac de façon pire que ne le ferait un étau. Mais il est beaucoup plus douloureux de s’imaginer inertes, à contempler le monde dévasté pour les bénéfices de quelques-uns. De nous, qui avons appris la différence entre juste et légal et savouré le goût de reprendre les rues et les bois, ils n’obtiendront pas grand chose par la menace de la prison. Et ils ne réussiront pas non plus à nous tromper avec la valeur symbolique de leurs accusations, parce que nous savons d’où nait la terreur, et que nous en connaissons les matraques, les gaz, les grillages. Et les armées, les armes, les barres.

Nous ne devons pas avoir peur. La peur, laissons-la respirer à ceux qui vivent blindés dans une existence consacrée à la défense de leurs privilèges et de leurs pillages.

Moi, dans cette cage, je sens mes poumons pleins de la liberté que j’ai apprise à aimer en luttant, sur les sentiers et dans les rues.

Et comme moi, beaucoup d’autres. Vous. Solidaires, complices et inarrêtables.

Chiara

Pour lui écrire (Chiara a été transférée à Rome fin janvier) :
Chiara Zenobi
Casa Circondariale Rebibbia, via Bartolo Longo, 92, 00156 Roma (Italie)

Rome : Barrage en solidarité avec les quatre arrêtés le 9 décembre

En solidarité avec les compagnons arrêtés le 9 décembre 2013, accusés d’actions contre la ligne grande vitesse, le lundi 27 Janvier, en début de soirée, un groupe d’une vingtaine d’anarchistes a interrompu la circulation sur la rocade à proximité de la nouvelle gare Tiburtina, qui sera bientôt consacré au TAV.

En ralentissant le trafic avec des fumigènes et des torches sur une autoroute, nous avons placé des bennes sur la route attachées ensemble avec du fil d’acier, à laquelle nous avons accroché une banderole en solidarité et contre les conditions d’isolement dans lesquelles les prisonniers révolutionnaires se trouvent actuellement. Enfin, les bennes à ordures ont rapidement pris feu !

Salutations à tous les prisonniers révolutionnaires !
Liberté pour tous !
Le terroriste c’est l’État !

Collaboration du Chat Noir Émeutier