Bref récapitulatif (11 décembre–29 mars)
Keretea est une ville de 16 000 habitants de la commune de Lavreotiki, près de Lavrion, à 40 km au sud est d’Athènes. Le lieu a une histoire ancienne et compte de nombreux vestiges comme un amphithéâtre, des traces d’anciennes fortifications etc. Comme une grande partie de l’Attique, Keratea a une profonde tradition arvanite impliquant une certaine fierté, un sens de la famille élargie, de fortes valeurs de solidarité et de cohésion sociale contre les aliénations de l’autorité, ainsi qu’un fort entêtement. Beaucoup d’entre eux sont de petits agriculteurs (producteurs de vin, olives…) ouvriers, retraités, et/ou sans emplois. Durant la dernière décennie l’Attique Orientale subit une sorte embourgeoisement récréatif du fait de la construction de l’aéroport international de Spata (en 2001), et de l’expansion des ports de Lavrion et Rafina pour désengorger celui du Pirée. Ces nouvelles infrastructures permirent aux entreprises de tourisme et de construction athéniennes de se déplacer vers l’est (ces mouvements sont en lien avec les quasi annuels feux de forêt, les partis « inexploitées » de l’Attique). Bien évidement, les infrastructures et les services sociaux (même celui du système de drainage) sont nettement insuffisants pour accueillir un tel déplacement. La proposition faite de construire un immense dépôt d’ordures à ciel ouvert serait le sommet de l’iceberg –ou de la montagne de déchet- quant à l’assujettissement du territoire et de sa population aux profits privés. Ladite proposition, censée constituer une solution aux problèmes de déchet dans l’Attique, est dangereuse et tout à fait illégale car proclamée contre la volonté de ceux qui auraient à la subir et dont l’objection a aussitôt subi une violente répression. Pas assez de temps pour des « négociations » d’autrefois dans l’époque du capitalisme en grande vitesse du gouvernement socialiste. La construction de dépôts d’ordures et la question de la gestion des déchets en général ont donné naissance à des diverses luttes partout en Grèce ces dernières années. Parmi les plus importantes : Grammatikon (dans le Nord de l’Attique), Neraida-Serres, Varnavas, Naxos, Karvounari, Elliniko-Ioannina, et bien sûr Leukimmi, à Corfu, ou un petit village arrive par tous les moyens à bloquer les travaux et affronter la police depuis maintenant trois ans. Une résistance qui coûta la vie à une femme, morte des violences policières et de très nombreuses accusations.
Le samedi 11 décembre, dès l’aube les habitants de Keratea ont résisté aux tentatives de la police antiémeute et du procureur de briser leur défense afin qu’ils puissent placer des machines d’enfouissement et de construction dans la région (site classé depuis 2003). Les habitants se sont affrontés avec les escadrons policiers, au corps à corps, avec des pierres, des frondes, des barricades et des cocktails Molotov. Pour la première fois les flics ont utilisés des canons à eaux contre les protestataires. Des coups de feu ont été entendus, et de très nombreux citoyens ont été blessés. Continue reading La lutte sociale à Keratea-Lavreotiki →