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Turin, Italie : Rassemblement en solidarité avec Graziano, Lucio et Francesco

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Une histoire qui est aussi la nôtre. Une longue histoire qui n’est pas finie.
« L’histoire enseigne… », ainsi débutaient les fables d’Esope. Qu’enseigne cette histoire ? Elle enseigne « qu’avoir raison » ne suffit pas, parce qu’en face, il n’y a pas d’autres raisons, mais la force de l’État. Elle enseigne qu’en luttant, on apprend.

On apprend le courage.
On apprend que la légalité ne peut être un critère, parce qu’en respectant la loi, la défaite est garantie. Ce qui est juste importe, pas ce qui est légal.
On apprend que dans la résistance, dans le partage, dans la solidarité, nos vies deviennent plus intenses, plus vraies, meilleures.
On apprend qu’eux ont pelleteuses, armées, gaz lacrymogènes, matraques et fil barbelé. Nous avons les jours, les sentiers, la fantaisie, la nuit.
On apprend que parfois nos compagnons et nos compagnonnes finissent entre les mains de l’ennemi.

C’est arrivé à beaucoup de celles et ceux qui luttent contre le TAV, et trois d’entre eux sont encore en prison : Lucio, Graziano et Francesco.
En prison spéciale, et en isolement depuis un mois pour leurs protestations.
Ils sont accusés d’avoir attaqué le chantier de Chiomonte lors d’une belle nuit de mai 2013.
Le 23 avril commencera le procès.

Cette nuit-là, nous y étions tous et toutes.
Le sabotage est compagnon de celles et ceux qui luttent.
Les terroristes, c’est ceux qui dévastent et militarisent les territoires.

FRANCESCO, GRAZIANO, LUCIO LIBRES TOUT DE SUITE

Rassemblement au tribunal jeudi 23 avril à 09h.

Prison de Ferrara, Italie : Alfredo Cospito en isolement, rapport disciplinaire et protestations

barbed-wire-hand_smLe 13 février, un coup de téléphone à l’un des compagnons enfermés dans la section de Haute Sécurité de la prison de Ferrara nous a appris qu’Alfredo a été placé en isolement suite à une altercation avec un gardien. L’isolement punitif, 14bis o.p., a été mis en place il y a deux jours et un autre compagnon de la section a reçu un rapport disciplinaire, toujours pour le même épisode. Les autres prisonniers de la section AS ont protesté contre cet évènement et entendent continuer jusqu’à ce que prenne fin l’isolement d’Alfredo.

14 février : Alfredo a été directement emmené dans une autre section de la prison, et n’a donc pas de contact avec les autres prisonniers, ni avec ceux de la section AS, ni d’autres sections. Les autres compagnons de la section spéciale se sont vus suspendre la ballade et les interdits de rencontre restent en vigueur.

Source : Croce Nera Anarchica

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[Grèce/Italie] Interview d’Alfredo Cospito par la CCF

Des prisons grecques au module AS2 de Ferrara. Quatre mots en “liberté”.

Interview de moi-même par la CCF.

Avant de répondre à vos questions, je voudrais souligner le fait que ce que je dirai est ma vérité seulement. L’un des nombreux points de vue, sensibilités et nuances individuelles à l’intérieur de cet entrecroisement de pensée et d’action qui prend forme sous le nom FAI-FRI. Fédération informelle qui, en refusant toute tentation hégémonique, représente un outil, une méthode d’une des composantes de l’anarchisme d’action. Anarchisme d’action qui, seulement à partir du moment où il se fait informel, sans se renfermer dans des structures organisées (spécifiques, formelles, de synthèse) et quand il n’est pas à la recherche de consensus (et donc refuse la politique), peut être reconnu dans un plus vaste univers chaotique du nom d’« internationale noire ». Pour mieux nous comprendre, la FAI-FRI est une méthodologie d’action que seule une partie des sœurs et des frères de l’internationale noire pratiquent, pas une organisation, et encore moins une simple signature collective. Seulement un outil qui tend vers l’efficacité, et qui a pour objectif de renforcer les noyaux et les individualités des compagnon-ne-s d’action à travers un pacte de soutien mutuel sur trois points : solidarité révolutionnaire, campagnes révolutionnaires, communication entre groupes et individus :

SOLIDARITÉ RÉVOLUTIONNAIRE : Chaque groupe d’action de la Fédération Anarchiste Informelle s’engage à donner sa propre solidarité révolutionnaire à d’éventuels compagnons arrêtés ou en fuite. La solidarité se concrétisera surtout à travers l’action armée, l’attaque contre les structures et les hommes responsables de la détention du compagnon. Qu’il ne subsiste pas l’éventualité du manque de solidarité parce qu’on verrait moins les principes sur lesquels le vivre et le sentir anarchiste se basent. Par soutien en cas de répression, nous ne parlons bien évidemment pas de celui qui a un caractère d’assistance technico-légal : la société bourgeoise offre suffisamment d’avocats, d’assistantes sociales ou de prêtres pour que les révolutionnaires puissent s’occuper d’autre chose.

CAMPAGNES RÉVOLUTIONNAIRES : Une fois lancée une campagne de lutte à travers des actions et les communiqués correspondants, chaque groupe ou individu sera suivi par les autres groupes et individus de la Fédération Anarchiste Informelle selon leurs propres temps et modalités. Chaque individu ou groupe peut lancer une campagne de lutte autour d’objectifs particuliers en « promouvant » simplement le projet par une ou plusieurs actions accompagnées de la signature du groupe d’action spécifique auquel vient ajouté la signature de la Fédération dans le sigle. Si une campagne n’est pas partagée, et si cela est jugé nécessaire, la critique se concrétisera à travers les actions et communiqués qui contribueront à corriger le tir ou à le mettre en discussion.

COMMUNICATION ENTRE LES GROUPES ET INDIVIDUS. Les groupes d’action de la Fédération Anarchiste Informelle n’ont pas à se connaître les uns les autres, il n’y en a aucun besoin lorsque cela mènerait plutôt à prêter le flanc à la répression, à créer des dynamique de leaderisme des individus et à la bureaucratisation. La communication entre les groupes et individus se fait essentiellement à travers les actions elles-même, et à travers les canaux d’informations de mouvement sans nécessité de connaissance réciproque.
(extrait de la revendication de l’attentat du 21 décembre 2003 contre Romano Prodi, à l’époque président de la Commission Européenne, extrait de « Il dito e la luna », pages 15-16)

Ce pacte de soutien mutuel dépasse de fait l’assemblée, ses leaders, les spécialistes de la parole, de la politique et les mécanismes autoritaires qui s’amorcent aussi dans les milieux anarchistes lorsque l’assemblée devient un organe décisionnel. Ce que l’internationale noire devrait pouvoir faire dans les prochaines années serait de reconstituer ce « fil noir » qui s’était étiolé depuis longtemps. Un fil qui rattache l’anarchisme d’hier, qui pratiquait la « propagande par le fait », fille du Congrès International de Londres de 1881, à l’anarchie d’action d’aujourd’hui, informelle, auto-organisée, nihiliste, anti-civilisation, antisociale. Nicola et moi, les uniques membres du « noyau Olga », ne connaissons pas personnellement les autres frères et sœurs de la FAI. Les connaître voudrait dire les voir enfermés entre les quatre murs d’une cellule.

Nous nous sommes convaincus de l’utilité de la FAI-FRI grâce aux mots (revendications) et aux actions des frères et sœurs qui nous ont précédé. Leurs mots, toujours confirmés par l’action, nous ont offert l’indispensable constance sans laquelle n’importe quel projet se réduit, à l’ère du virtuel, en inutiles et stériles paroles lancées au vent. Nous avions besoin d’une boussole pour nous orienter, d’un outil pour reconnaître et démasquer ceux qui ont fait de l’anarchie un simple terrain de jeu pour beaux-parleurs, un filtre pour distinguer les mots creux de ceux porteurs de réalité. Nous avons trouvé dans cette « nouvelle anarchie », dans ses revendications et les campagnes révolutionnaires qui y étaient liées, une perspective d’attaque réelle, qui amplifie nos potentiels destructifs, sauvegarde notre autonomie d’individus rebelles et anarchistes et nous donne la possibilité de collaborer, de frapper ensemble, sans nous connaître directement. Aucun type de coordination ne peut être inclus dans notre façon de nous projeter. La « coordination » présupposerait nécessairement la connaissance réciproque, le fait de s’organiser entre les sœurs et les frères des différents noyaux. Une telle coordination tuerait l’autonomie de chaque groupe et individu. Le groupe le plus « efficient », le plus préparé, le plus courageux, le plus charismatique aurait inévitablement le dessus, reproduisant les mêmes mécanismes délétères que l’on retrouve en assemblée. A la longue, on verrait ressurgir des leaders, des idéologues, des chefs charismatiques, on irait vers l’organisation : l’idée même de la mort de la liberté. On pourrait répondre à cela que dans les groupes d’affinité, dans les noyaux de la FAI pourrait aussi renaître un leader charismatique, un « chef ». Dans notre cas, les dégâts seraient toutefois limités, parce qu’il n’y a pas de connaissance directe entre les noyaux. La gangrène ne pourrait pas s’étendre. Notre façon d’être anti-organisatrice nous préserve de ce risque. Voilà pourquoi il faut se fier aux « campagnes révolutionnaires », qui excluent la connaissance entre groupes et individus, tuant de fait tout balbutiement d’organisation. Il ne faut jamais confondre les campagnes et la coordination. C’est l’informalité, c’est l’essence, selon moi, de notre projectualité opérative. Qu’il soit bien clair que lorsque je parle de groupes d’affinité ou de noyau d’action, je peux me référer à un seul individu comme à un groupe plus nombreux. Pas la peine d’en faire une histoire de nombres. Il est clair qu’une action spécifique est planifiée par les différents membres du groupe, et on ne peut pas parler de coordination à ce moment-là, et cette planification ne doit jamais s’étendre aux autres groupes FAI-FRI. En-dehors du groupe en tant que tel, il faut se « limiter » à ne communiquer qu’à travers les campagnes révolutionnaires et les actions qui en découlent. Notre connaissance de la FAI-FRI doit toujours rester la plus partielle possible, limitée à nos propres affinités. De la FAI-FRI, on ne doit connaître que les morsures, les griffures, les blessures infligées au pouvoir. Il serait mortel de créer quelque chose de monolithique ou de structuré, et chacun de nous doit éviter les équivoques ou les phantasmes hégémoniques. L’organisation limiterait énormément nos perspectives, en inversant le processus qualitatif vers le quantitatif. A travers l’action de l’un, la volonté de l’autre se renforce, par l’inspiration qu’elle lui a donné. Les campagnes se diffusent en tâches de léopard. Mille têtes contre le pouvoir rendent furieux, car il est impossible des les trancher toutes. Ce sont justement ces actions, et les mots qui les accompagnent (les revendications), qui nous permettent à coup sûr d’exclure les purs théoriciens amants des beaux discours, et nous donnent la possibilité de nous rapporter uniquement à qui vit dans le monde réel, en se salissant les mains, en risquant sa propre peau. Ces mots-là sont les seuls qui comptent vraiment, les seuls qui nous permettent de grandir, d’évoluer. Les campagnes révolutionnaires sont l’outil le plus efficace pour entailler, pour frapper là où cela fait le plus mal. En nous donnant la possibilité de nous répandre dans le monde comme un virus porteur de révolte et d’anarchie.

CCF : Pour nous connaître, dis-nous quelque chose de ta situation actuelle.

Alfredo : Il y a peu à dire. Nous avons été arrêtés pour la jambisation d’Adinolfi, administrateur délégué d’Ansaldo Nucleare. Par inexpérience, nous avons fait des erreurs qui nous ont coûté cette arrestation : nous n’avons pas couvert la plaque de la moto que nous avons utilisé pour l’action, nous l’avons garée dans un endroit trop proche du lieu et, surtout, nous n’avons pas vu une caméra de surveillance qui était sur un bar, une erreur extrêmement grave, que nous payons aujourd’hui. Nous avons revendiqué notre action en tant que noyau « Olga FAI-FRI ». J’ai été condamné à 10 ans et 8 mois, Nicola à 9 ans et 4 mois. Dans les mois qui viennent, nous aurons un nouveau procès pour association subversive. Voilà plus ou moins notre actuelle situation juridique.

CCF : Les prisonniers anarchistes et la prison. Quelles sont vos conditions dans les sections spéciales, comment se comportent les matons et quels sont vos rapports avec les autres prisonniers ?

Alfredo : En Italie, l’État démocratique veut nous isoler en utilisant les circuit de la Haute Sécurité, qui comportent de nombreuses restrictions, en nous reléguant dans des sections complètement séparées du contexte général de la prison. Aucun contact n’est possible avec les autres prisonniers, nous n’avons pas la possibilité de sortir, seulement deux heures par jour dans une petite cour de ciment. La censure contre moi et Nicola a toujours été renouvelée, nous recevons donc difficilement, et en retard, notre courrier et les journaux. Les choses les plus intéressantes nous sont confisquées à l’entrée et à la sortie. En ce moment, nous sommes enfermés dans une section AS2, c’est-à-dire une section de haute sécurité spécifique aux prisonniers anarchistes. Les « rapports » entre nous et les matons est un rapport d’indifférence réciproque et d’hostilité naturelle. Que pourrais-je dire de plus ? De mon point de vue, les protestations « civiles » à l’intérieur et à l’extérieur des prisons sont inutiles, l’aspect « vivable » de l’intérieur est une simple question de rapport de force. De la prison, il faut en sortir, et c’est à qui s’y trouve de s’en donner les moyens… Continue reading [Grèce/Italie] Interview d’Alfredo Cospito par la CCF

Solidarité anarchiste contre l’Europe des polices et contre toutes les autorités

gabriel-pombo-da-silvaLe 13 juin 2012, après différentes opérations contre d’autres compagnons, l’Etat italien lançait une vague de répression contre des dizaines d’anarchistes, dénommée “Ardire”, portant à 40 perquisitions, 24 mises en examen et 8 incarcérations. Cette fois-ci, il entendait même lui donner une dimension supplémentaire, en inculpant aussi des compagnons déjà incarcérés dans plusieurs pays européens, comme la Grèce, la Suisse et l’Allemagne. Comme d’habitude, l’Etat prétend voir sa gueule autoritaire dans le sourire de ses ennemis irréductibles, en construisant par exemple des rôles de chefs, d’exécutants et de coordinateurs au sein d’une énième “association terroriste”, là où il y a des affinités, des correspondances avec les prisonniers, des luttes et des volontés d’en découdre. C’est ainsi que Gabriel Pombo da Silva et Marco Camenisch, incarcérés depuis de longues années, se retrouvent dans cette enquête suite à une grève de la faim internationale menée en décembre 2009, traités de “symboles et points de référence d’un nouveau projet subversif”, dont ils seraient “les idéologues et les propulseurs”.

Après 20 années passées dans les geôles espagnoles (dont 14 en régime FIES) qu’il parviendra à fuir, Gabriel est arrêté en 2004 suite à un contrôle et à une fusillade avec les flics en Allemagne. Il refera 9 années supplémentaires dans ce pays. Extradé vers l’Espagne le 25 février dernier pour y purger la fin de la peine qui l’y attendait, il a déjà été transféré trois fois en moins de deux mois. Désormais dans la prison de Valdemoro (Madrid), il sera auditionné à l’Audiencia Nacional mardi 16 avril 2013, pour que lui soit notifié le Mandat d’Arrêt Européen lancé contre lui en mars par l’Italie, dans le cadre de l’opération “Ardire”. Gabriel est déterminé à refuser cette mesure. Si la procédure est néanmoins validée, il devrait repasser devant trois juges décisionnaires environ une semaine plus tard, cette fois lors d’une audience publique…

A travers cette requête contre Gabriel pour certainement l’expédier dans l’aile de la prison de Ferrara (Italie), construite spécialement pour briser les anarchistes, et où plusieurs compagnons sont déjà à l’isolement, il s’agit d’un avertissement contre tous. Parce que les têtes doivent rester baissées, les bouches bâillonnées et les yeux fermés. Mais c’est un avertissement que nous suivrons jamais. Au milieu des prisonniers de ce monde, nous tirons aussi notre force de la non-participation, de l’insoumission, du refus face à toutes les obligations qu’ils nous invitent à respecter, et du conflit permanent avec les institutions. Et nous continuerons à défendre que, si on ne peut pas échapper à cette réalité, on peut cependant l’attaquer sous toutes ses facettes. Seuls ou en bonne compagnie, de jour comme de nuit, par les faits et par les mots.

A présent que l’Etat italien demande de lui livrer Gabriel Pombo da Silva pour continuer son sale travail, montrons leur que si les puissants savent faire concorder leurs intérêts, nous pouvons aussi leur opposer une de nos armes, celle de la solidarité des deux côtés du mur, entre prisonniers de la guerre sociale, qui elle non plus ne connaît pas de frontières.

Non au transfert de Gabriel vers l’Italie !
A bas tous les Etats, leurs enfermements, leurs flics, leurs tribunaux et leurs trafics de prisonniers !
Liberté pour toutes et tous !

Des anarchistes internationalistes
13 avril 2013

Actualisation : Mardi, 16 avril 2013, Gabriel est passé devant la audiencia nacional. Il n’a rien déclaré sur les faits dont il est accusé en Italie, refusant ainsi d’entériner de fausses catégories comme l’innocence et la culpabilité. Seule la validité du mandat d’arrêt européen contre lui a été examinée. Les arguments de la défense ont été acceptés par le tribunal ce qui a eu pour résultat de bloquer l’exécution du mandat d’arrêt. Pour l’instant, aucun délai n’a été fixé pour une prochaine audience.

Le compagnon reste ferme et garde toute sa force. Pour notre part, nous suivrons de près les basses manœuvres des divers Etats qui, par leurs lois, leurs guerres et la destruction généralisée n’hésitent pas à semer la terreur pour accroître le contrôle sur tous les aspects de la vie et tirer profit de tout.

Avec rage et révolte. Pour l’anarchie !