“Chasse au trésor”, est un film collectif, “un film d’investigation sur l’extraction de l’or au nord de la Chalcidique”, selon les réalisateurs.
Il a été fini en 2007, et retrace la longue lutte des habitants de certains villages de la région de Chalcidique, au nord de la Grèce, qui s’opposent à la construction d’une mine d’or en plein milieu d’une des plus belles forêt du pays par une compagnie canadienne.
Le documentaire fini avec la victoire des habitants du village de Olympiada et le commencement de la lutte des habitants de Megali Panagia et Ierissos contre le lancement d’un nouveau plan d’extraction près de leurs villages. Une lutte qui aujourd’hui, 6 ans après, est devenue l’une des luttes principales qui se déroulent dans le territoire grecque.
La traduction et le sous-titrage sont le fruit d’un effort collectif, qui n’aurait jamais eu lieux sans le dynamisme et la joyeuse folie de notre chère amie Clémentine, qui nous a quitté soudainement cette année. Elle sera toujours parmi nous, à travers la vie qu’on donne à tout ce qu’elle a fait vivre. Bon voyage.
Depuis plusieurs années, dans la région de Skouries, en Chalcidique, au nord de la Grèce, des habitants s’opposent à la construction d’une mine d’or, qui va détruire une grande partie d’une forêt ancestrale, avec des arbres de plus de 400 ans. Ces derniers mois, après que l’État ait vendu une grande partie du territoire à la compagnie Hellas Gold (5% grecque et 95% canadienne) en mars 2012, plusieurs manifestations, souvent violentes, ont eu lieu. À la suite une petite chronique des événements les plus récents.
–17 février 2013 : Attaque incendiaire sur le chantier des mines d’or. Une quarantaine de personnes, selon la police, ont mené une attaque incendiaire, brûlant tout matériel qui se trouvait sur le chantier des mines d’or.
–Février 2013 : Les jours qui suivent, dans le cadre de « l’enquête », des policiers cagoulés ont kidnappé des habitants du village de Ierissos, un des villages qui résiste le plus massivement au projet, et les gardant pendant des heures au commissariat pour les interroger. Sans la présence d’avocats, et sous des menaces, les flics ont fait des prélèvement d’ADN sans même qu’il y ait des accusations envers les détenus, qui étaient censés être au commissariat pour une simple interrogation.
–7 mars : 5 habitants du village de Ierissos sont arrêtés par la police. Officiellement il s’agit d’un appel à témoignage et non pas d’arrestations. 6 camions de CRS et 8 voitures de police ont essaiyé de rentrer dans le village pour faire des recherches dans les maisons des arrêtés, sans la présence d’un juge. Les habitants se sont opposé et les flics ont chargé avec des gaz lacrymogènes, qu’ils ont jetté même dans l’école du village. Un enfant a été blessé par une bombe lacrymogène, tirée directement sur lui, et trois se sont évanouis à cause des gaz. Les flics sont rentrés dans les maisons des arrêtés. Le soir, des affrontements ont éclaté entre les habitants et les forces d’occupation. Une heure après les flics, chassés, ont quitté le village.
–9 mars : Plus de 20.000 personnes ont manifesté dans la ville de Thessaloniki contre les mines d’or et le terrorisme d’État contre les habitants en lutte.
–10 avril 2013 : À 3 heures du matin, des flics armés et cagoulés ont kidnappé deux habitants de Ierissos, sous l’accusation de participation à l’attaque incendiaire. Sans aucune notification ni aucun appel pour se présenter à la police ou au juge, les flics ont forcé la porte de leur maison pendant qu’ils dormaient et les ont arrêté devant leurs enfants et le reste de leur famille. Selon des témoins, un des flics a dit à la fille de 13 ans d’un des arrêtés « regarde le bien maintenant avec les menottes, parce que tu seras grande la prochaine fois que tu le reverras ». Quelques minutes plus tard, les habitants se sont rassemblés au centre du village et ont attaqué le commissariat de police, qui était vide. Dans l’après midi, la police a annoncé que le commissariat serait abandonné et tout le personnel et les services vont déménager au commissariat d’un village voisin. Durant la journée les habitants ont construit des barricades en bloquant l’entrée du village (les barricades sont toujours en place jusqu’à aujourd’hui et le passage ne s’effectue que dans des heures précises). Certains des habitants sont restés pour protéger les barricades, et le reste s’est dirigé vers la ville de Thessaloniki, où ont été amenés les détenus.
–13 et 14 avril : Des manifestations de solidarité, déjà prévues avant les événements du 10, ont eu lieu dans plusieurs villes du pays.
–14 avril : Les deux accusés de l’attaque du 17 février ont été mis en détention préventive, qui peut durer jusqu’à 18 mois avant que le procès ait lieu. Ils sont accusés, entre autres, de participation à une organisation criminelle, tentative d’homicide, détention d’explosifs et explosion. Au total, il y a 20 personnes recherchées par la police. Les deux détenus sont les premières personnes accusées.
Aussi longtemps que nous prenons part à cette lutte, nous ne faisons pas seulement face à la destruction environnementale mais aussi contre l’État et les patrons, tout deux local et étrangers. Leur pays d’origine n’a pas d’importance puisque leur intention est le profit et non le “développement de la région” ou des ‘intérêts nationaux”.
Dans une période où chaque jour la survie devient une lutte et toujours plus de pans de la société s’appauvrissent, les intérêts des puissants sont baptisés nationaux, la destruction est appelée développement et la menace de la fascisation de la société devient une réalité.
Ce qui est en jeu pour notre lutte contre les mines d’or n’est pas que le fait qu’elle sera sous le contrôle d’une entreprise grecque ou canadienne ou si elles seront sous le contrôle de l’État, mais qu’elles ne devraient même pas exister. Dans cette vision défendre “la forêt, l’eau et nos vies” n’est en rien relié à un “devoir patriotique”. Parce que tout comme les profits des patrons, la dignité de ceux qui résistent ne connaît pas de frontières.
Et de plus nous n’avons jamais pensé mettre nos espoirs dans le Conseil d’État, son rôle en tant que partie de l’État n’est pas de bloquer mais de faciliter les fonctions du système capitaliste. Même si la Constitution est claire. Quand on en vient à l’économie nationale et d’où à la rentabilité, l’environnement et nos vies passent après.
Cette lutte comme tout autre combat devraient se reposer sur nos forces propres et ne pas attendre pour une deus ex machina de nous sauver. Nous nous voyons comme un pan de la lutte qui se déroule actuellement de manière internationale contre l’oppression de nos vies et environnement.
DU PÉROU À L’INDONÉSIE ET DU CANADA AU CHILI LA LUTTE EST UNE
Le 26/11, la société “Ellinikos Chrysos” (“L’Or Grec”), en étroite collaboration avec le Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et du Changement Climatique, a présenté une Étude d’Impact sur l’Environnement du projet d’investissement au nord du département de Chalcidique. Cet investissement concerne la construction de nouvelles mines d’or, à extraction à ciel ouvert, dans la région minière de Scouriés (ouverture d’un cratère de 700 mètres de diamètre et plus de 200 mètres de profondeur), ainsi que la création des usines et des bassins de résidus sur des milliers d’hectares de la forêt verdoyante d’une rare beauté représentant une richesse naturelle inestimable. Le même projet menace des zones habitées: certains villages de la région (Mégali Panayia, Ierissos, etc.) ne sont qu’à quelques kilomètres des “travaux”. Continue reading Chalcidique: mobilisation contre les mines d’or→