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Athènes : Le grand bal de la place d’Omonoia

LCL

Une chronique qui nous a été envoyée le 12 décembre 2014

Le 6 décembre, comme chaque année, a eu lieu la commémoration d’Alexis Grigoropoulos. Un acte en sa mémoire qui a conduit à 221 arrestations et une police très satisfaite d’avoir « protégé la sécurité citoyenne ».

Sur la place d’Omonoia, la peur commençait à se faire sentir. Avant, tout semblait tranquille, et je dis tranquille parce qu’ici, dès mon premier jour à Athènes, chaque fois que j’ai vu une présence policière, le calme se transforme en terreur et en violence injustifiée. Avec mes compagnon-ne-s, nous avons commencé la marche dans la rue Akademias pour terminer sur Omonoia, dans une manifestation d’au moins 5.000 personnes. Là-bas, on se demandait : « Où on va maintenant ? ». Il n’a pas fallu 5 minutes pour que tout commence à bouger. Moi, depuis la place, je regardais droit devant, vers Panepistimio.

En un battement de cils, deux camions à canon à eau dépassent le coin de la rue 28 Octobre. Je les vois, tandis qu’une de mes amies crie en grec « merde ! Il faut se barrer d’ici tout de suite ! ». Je ne me souviens pas très bien du déroulement de cette partie, je me souviens seulement d’avoir vu une autre de mes amies courir devant moi ; je ne l’avais jamais vue courir comme ça, et jamais auparavant je n’avais ressenti la nécessité de devoir courir et de courir pour la rattraper et ne pas la laisser seule. Autour de moi, mes amis courraient, même si j’étais la seule à regarder devant.

Nous sommes sorti-e-s de la place, et tout est devenu chaos. Tout le monde courrait dans tous les sens en à la recherche d’une sortie, alors que le son des tirs inondait les lieux comme s’il s’agissait d’un orchestre et que nous en étions les danseurs. J’ai suivi la multitude qui courrait vers le bas de la rue et d’un coup, des groupes de DELTA en moto sont apparus de tous les côtés et nous ont encerclé-e-s, gazé-e-s et frappaient de leurs matraques contre nous sans s’arrêter, leurs regards pleins de haine et de plaisir. Le groupe dans lequel je me suis retrouvée bloquée courrait d’un côté à l’autre, nous avons passé l’angle de la rue et c’est là que nous nous sommes dispersé-e-s en fuyant les coups, certains avec plus de chance que d’autres. D’un coup, j’ai été seule, à courir et à voir comment celles et ceux qui courraient devant moi continuaient d’encaisser toujours plus de coups. A un moment, j’ai décidé de m’arrêter et de lever les mains : je n’étais pas du tout sûre d’être plus en sécurité si j’avais continué à courir. J’ai alors vu l’être le plus méprisable qu’il m’a jamais été donné de voir, avec son casque et sa matraque. Il n’a servi a rien de lui dire de ne pas me frapper. Maintenant, j’y repense, et je me dis « quelle connerie, rien de ce qu’on peut leur dire ne sert ». Il m’a regardée et m’a frappée dans les côtes, un coup sec que je n’ai commencé à sentir que plusieurs heures plus tard.

Tout était planifié, ils avaient une stratégie : nous encercler et nous enfermer comme si nous étions des animaux dans toute la zone autour de la place d’Omonoia. C’était clair depuis le début. Le 17 novembre, lorsque nous avons pris la rue pour le quarantième anniversaire de la Junte des Colonels, comme chaque année, la police, cette chère astinomia (en grec), nous accompagnait des deux côtés de la marche. Quel beau souvenir je garde de ce jour ! Ils n’ont pas voulu nous laisser seuls, jusqu’à ce qu’ils décident de nous attaquer avec des gaz, alors que la manifestation était totalement pacifique. Le 17 novembre mériterait un autre texte pour être conté. Mais bon, cette fois-là ils avaient décidé de nous accompagner sur le chemin, et maintenant ils ont attendu jusqu’à la fin. C’était clair : ils avaient gardé leurs forces pour le Samedi, pour le jour du grand concert.

Les jours précédents n’avaient été que de petites répétitions. Il n’y avait pas d’échappatoire. Peu importait la rue que tu choisissais pour partir. Des DELTA apparaissaient de tous les coins de rues, comme si une cage de chiens enragés et affamés avait été ouverte pour les laisser ravager tout ce qu’ils croiseraient devant eux. Après le coup administré par cet être, je suis repartie en courant vers le bas de la rue. Là, je ne me souviens pas bien de ce qu’il s’est passé, le choc du moment me trouble un peu les idées. J’ai fini par me retrouver avec un groupe d’autres gens, tous à genoux. Beaucoup tremblaient, d’autres pleuraient, d’autres encore regardaient le sol. Nous avions été arrêté-e-s. A côté de moi, une fille de 15 ans n’arrêtait pas de pleurer, la peur dans les yeux, et elle suppliait pour pouvoir partir de là. Je lui prends la main et lui dis « ne t’inquiètes pas, tout va bien se passer ». Elle me regarde, les yeux embués de larmes, et ne parvient pas à cesser de pleurer, et cela atteint profondément mon âme. Cette fille au regard innocent avait reçu plus de coups que moi. Nous restons assises, et elle est toujours là, à ma droite. A ma gauche, je vois une amie qui m’avait accompagnée pendant toute la marche. Nous nous regardons, nous demandons comment ça va et nous prenons la main, très fort. Je n’étais pas heureuse qu’elle soit là dans la même situation que moi, mais au moins, nous n’étions pas seules. On était tombées dans le même groupe. Je parlai aussi avec une autre amie, Grecque, qui était aussi avec nous dans ce groupe d’environ 50 personnes. Elle allait bien, n’avait reçu aucun coup. Nous restons assis-es.

Le meilleur est pour maintenant. Ces chers DELTA, dont je ne me souviens pas bien le nombre, mais qui n’étaient pas peu nombreux, nous encerclent et nous insultent tandis qu’ils distribuent des baffes à droite et à gauche dans la tête des retenu-e-s. Moi, j’ai eu de la chance, je n’en ai pas pris une seule. L’impuissance de voir et sentir ça, à quelques centimètres de moi, est inexplicable. Abus de pouvoir, dictature, violence, terrorisme, injustice. Mille mots me viennent en tête. Ils continuaient à jouer avec nous au jeu de la provocation et de la terreur, le tout dans le même paquet. Parce que c’est comme ça, parce qu’ils aiment ça et que leur plaisir a une odeur que l’on peut sentir. Mais les coups ne les ont pas rassasiés. Ils ont alors commencé à se foutre de la gueule d’Alexis et de Nikos Romanos avec des phrases comme « que tous ceux qui veulent manifester pour Alexis aillent se faire foutre ! On est contents qu’il soit mort. Et Romanos, on ne le veut pas vivant. Voilà comment les DELTA vous baisent ».

Je demandais aux gens autour de moi comment ils allaient, et je voyais beaucoup de frayeur dans leurs regards. D’autres semblaient plus tranquilles. La plupart des détenus de mon groupe étaient Grecs. A côté de moi, un Allemand et une amie Espagnole. Certains d’entre eux savaient déjà ce qui allait nous arriver : ils nous transféreraient à la Direction Générale de la Police (GADA), où nous passerions quelques heures puis, comme nous l’espérions, nous ressortirions à nouveau. En attendant, ces êtres à casque et matraque qui se croyaient être des mâles alpha nous prenaient en photo sur leurs téléphones portables. D’abord une prise de vue générale, puis ils s’approchaient pour prendre des photos des visages. Je regardais le sol, je ne voulais pas faire partie de l’album photo de leurs « victoires ». Ni moi, ni aucun-e de mes compagnon-ne-s.

Arrive le moment de monter dans le fourgon. Ils nous demandent de nous lever et de sortir nos papiers d’identité. Ils me parlent en grec, je réponds en espagnol en disant que je suis Espagnole, et ce cher mâle alpha répète ce que je dis en se foutant de ma gueule. Je passe au mâle suivant, lui montre ma carte d’identité, dis mon nom et monte dans le fourgon. Mon amie Espagnole monte après moi, et mon amie Grecque monte dans un autre fourgon. En arrivant à la GADA, ils nous mettent dans une salle, puis nous font monter au septième étage pour nous faire ressortir nos papiers. Là, tout ce qu’ils avaient de dégueulasse pouvait se sentir. J’allume une cigarette, et ils me disent de l’éteindre. Je réponds « pourquoi ? Vous avez un cendrier juste là et des clopes ». Il me regarde alors et me dis que je peux la terminer. « Merci pour votre amabilité », réponds-je. Je termine ma clope et nous passons à la deuxième phase : la fouille des sacs à dos et de tout ce que nous portons sur nous. Après, trois heures dedans, dans une autre salle, avec beaucoup de chaleur et d’envie de sortir dans la rue.

Finalement, moi et mon amie sortons. Nous avons attendu trois heures de plus que notre amie Grecque sorte elle aussi. Il devait être plus ou moins 3 heures du matin. Lorsqu’elle sort, elle nous raconte comment l’un des flics qui était dedans lui avait assuré qu’ils se reverraient l’année prochaine. Mon amie lui a répondu « on se verra ! ». D’autres amis nous attendaient dehors, ceux qui avaient réussi à éviter les filets de ces mâles avec casques et matraques. Tous allaient bien, même s’ils avaient reçu des coups.

Dans la nuit, en arrivant chez moi, mille choses occupaient mon esprit. Colère et tristesse en même temps. Après un an de vie à Athènes, j’avais déjà été plusieurs fois témoin de ces abus de pouvoir, mais ils ne m’avaient jamais frappée ni retenue. Cette fois, c’est tombé sur moi. Cette fois, c’est moi qui vivait à la première personne ce à quoi j’avais assisté plus d’une fois. Cette fois, je peux comprendre toujours plus la colère et l’impuissance de la société grecque. Cette fois, je peux comprendre pourquoi ceux qui étaient avec moi dans la GADA me regardaient avec tristesse chaque fois que je disais à voix haute « Vous avez la liberté ? Ça, c’est une dictature ».

Istanbul : L’Action Anarchiste Révolutionnaire (DAF) salue Nikos Romanos et sa résistance

Aujourd’hui, nous étions dans la rue pour Alexis, assassiné par l’État Grec, et pour Nikos Romanos, en grève de la faim depuis 26 jours contre la répression du même État.

Aujourd’hui, nous étions dans les rues pour nos sœurs et nos frères qui ont été assassiné-e-s alors qu’ils résistaient en Grèce, à Ferguson, au Mexique, à Kobanê.

Aujourd’hui, nous étions dans les rues pour Berkin, Ali İsmail, Ethem, Arin, Kader, Suphi Nejat.

Tandis que les États tuent nos sœurs et nos frères dans le monde entier, nous, anarchistes révolutionnaires, nous étions dans les rues avec notre colère contre les États, les capitalistes, les entreprises et les assassins. Même si la police s’est mise en travers de notre route et nous a attaqué-e-s avec ses flashballs, ses lacrymogènes et ses matraques, ils n’ont pas pu supprimer notre colère. Nous avons résisté avec nos drapeaux noirs en hurlant nos slogans.

Cette passion pour la liberté se fait plus grande aujourd’hui. La colère pour celles et ceux qui ont été assassiné-e-s par l’État enflamme nos émeutes.

L’Action Anarchiste Révolutionnaire (DAF) salue le compagnon Nikos Romanos et sa résistance.

Aujourd’hui, avec toute cette rage contre le pouvoir qui vole des vies, avec les idéaux d’un monde libre, les drapeaux noirs sont déployés tout autour du monde. Contre les entreprises qui exploitent notre force de travail pour plus de profits ; contre les États qui assassinent beaucoup d’entre nous au nom des frontières qu’ils dessinent ; contre tous les pouvoirs qui remplissent leurs poches avec nos vies qu’il détruisent, nous rendant plus pauvres et les riches plus riches. La rébellion est vivante dans la rage de l’anarchisme. La rage contre les patrons, les entreprises, les assassins et les États propage une marée complète de drapeaux noirs. La douleur d’être négligé-e-s, enlevé-e-s et assassiné-e-s se transforme à présent en colère, et les rues toutes entières brûlent de rage.

Il y a exactement 6 ans, dans le quartier Exarchia d’Athènes, Alexandros Grigoropoulos a été tué à l’âge de 16 ans parce qu’il était anarchiste. Tué par un flic, par la balle de son arme, parce qu’il a transformé sa colère en rébellion et est sorti dans la rue, a appelé à se venger pour les vies qui avaient été prises, parce qu’il n’a pas obéi aux pouvoirs et qu’il résistait à tout prix, pour la liberté. Le 6 décembre 2008, la balle qui a frappé Alexis s’est changée en feu de révolte dans les rues. Bien que les assassins aient continué leurs attaques, la rage contre ceux qui ont fait taire un cœur qui battait pour la liberté ont incendié les rues d’Athènes, de Thessalonique, d’Istanbul et de partout.

Nikos Romanos, qui était avec Alexis le jour où celui-ci a été tué et partage avec lui cette conviction pour un monde libre, est maintenant captif parce qu’il est anarchiste. Romanos est captif parce qu’il n’est pas resté silencieux contre l’injustice, parce qu’il n’a pas abandonné malgré l’oppression de l’État, parce qu’avec la même conviction que celle de son compagnon assassiné, il a poursuivi sa lutte contre tous les pouvoirs. Ceux qui pensaient pouvoir mettre un terme à cette lutte en tuant Alexis ont à présent capturé Nikos, espérant par là faire s’arrêter un autre de ces cœurs qui battent pour l’anarchisme. Tout comme en 2008, les rues sont remplies de colère contre l’État, qui continue d’attaquer Romanos par l’isolement, l’oppression et la torture. Alors que Romanos mène une grève de la faim depuis le 10 novembre, d’autres compagnons anarchistes en prison ont eux aussi débuté une grève de la faim solidaire ; et la même voix fait écho dans les rues ardentes et dans les cellules des prisonniers résistants : « Tant que nous respirons et vivons, que vive l’anarchie ! ».

Les pouvoirs qui ont assassiné Alexis en 2008 et enfermé Nikos aujourd’hui pensent qu’ils peuvent passer sous silence la rage grandissante contre l’injustice dans le monde entier. Ils continuent d’emprisonner, d’attaquer et de tuer derrière cette illusion.

Au Mexique, 43 étudiants qui résistaient à la politique des pouvoirs qui volaient leur futur ont disparu, de la main de l’État. Leurs corps ont été retrouvés dans des fosses communes de nombreux jours plus tard. Juste ppour le fait d’être noires, des personnes sont visées par la répression fasciste du pouvoir et deviennent les cibles des balles de la police ; et ceux qui résistent à leur arrestation sont étranglés et tués par la police. Beaucoup de nos frères, comme Berkin, Ethem Ali, Ahmet ont résisté pour leur vie et ont été assassiné par l’État policier. Pendant que celles et ceux qui résistent à Kobanê pour créer une nouvelle vie, comme Arin, comme Suphi Nejat, comme Kader, sont tué-e-s par les bandes, les militaires et les soldats de l’État, celles et ceux qui sont dans les rues de chaque recoin de la région embrassant la résistance de Kobanê, comme Hakan, comme Mahsun, sont ciblé-e-s par la police assassine du même État.

Où que celles et ceux qui luttent contre l’injustice, qui résistent pour reprendre leurs vie, qui luttent pour leurs convictions de liberté soient dans les rues, il y a lutte contre l’oppression, la torture et le massacre. Les oppresseurs pensent qu’ils peuvent décourager celles et ceux qui ne leur obéissent pas en les enfermant, en les enlevant ou en les assassinant ; un cri de liberté poussé quelque part trouve de l’écho dans toutes les directions. Des cellules d’Athènes au Mexique, des rues de Ferguson et d’Istanbul aux terres libres de Kobanê, le souhait d’un nouveau monde se propage tel une inondation. A présent, cette passion pour la liberté grandit ; la rage contre les meurtres attise le feu de la révolte dans les cœurs.

Cette révolte se dirige contre le pouvoir qui vole nos vies, qui cherche à détruire notre liberté, qui nous assassine. Cette révolte se dirige contre le capitalisme et les États. Cette révolte se dirige contre toutes les formes d’enfermement.

De cette révolte pour la liberté dans nos cœurs, l’anarchisme grandit dans le monde entier.

Et notre lutte s’étend d’un bout du monde à l’autre, porté par les vagues de drapeaux noirs.

Vive la Révolution, Vive l’Anarchie!

Action Anarchiste Révolutionnaire (DAF)
Action Anarchiste des Lycées (LAF)
Jeunesse Anarchiste
Femmes Anarchistes
MAKI
TAÇANKA

Athènes : Communiqué de l’occupation du Centre Culturel Melina, dans le quartier de Thissio

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“Le règne de la loi assassine. Solidarité avec Nikos Romanos et les autres compagnons en grève de la faim”

Aujourd’hui 6 décembre 2014, nous avons occupé le Centre Culturel Melina, au croisement des rues Irakleidon 66 et Thesalonikis, dans le quartier de Thissio, à Athènes.

L’occupation se fait en solidarité avec le lutte en cours de Nikos Romanos, 6 ans après la mort d’Alexandros Grigoropoulos.

Notre objectif est le maintien et l’augmentation de l’action anarchiste multiforme. Nous soutenons toutes les initiatives qui contribuent à ce que la guerre sociale se fasse plus aigüe.

Victoire pour la lutte des grévistes de la faim Nikos Romanos, Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis.

Force au compagnon G.S., à Mesolongi, en grève de la faim depuis le 3 décembre 2014.

Nous soutenons la lutte des réfugié-e-s de Syrie.

Un poing levé pour les prisonnier-e-s dans les prisons grecques qui refusent de réintégrer leur cellule, refusent la nourriture de la prison ou sont en grève de la faim symbolique en solidarité avec l’anarchiste Nikos Romanos.

FEU AUX FRONTIERES – FEU AUX PRISONS

NI OUBLI – NI PARDON

P.S. : Nous nous verrons dans les rues, sur les barricades, dans les occupations.

Istanbul, Turquie : journée de funérailles de Berkin Elvan

Berkin Elvan, grièvement blessé à la tête par une grenade lacrymogène en Juin 2013, est mort le 11 Mars 2014. Les funérailles du garçon ont eu lieu le 12 Mars au cimetière Feriköy dans le quartier Şişli d’Istanbul. Berkin n’avait que 15 ans lorsqu’il est tombé dans le coma.

La police a attaqué la foule massive qui manifestait à Şişli pour les funérailles de Berkin.

Au cours de la résistance après les funérailles dans les quartiers Pangaltı et Kurtuluş, des banques ont été détruites, et les bureaux électoraux du AKP, parti au pouvoir, ont été démolis et incendiés.

http://www.youtube.com/watch?v=1tbD5TCg71I

Le même soir en Grèce, des gens se sont rassemblés en mémoire de Berkin à Athènes, dans le quartier d’Exarchia, où Alexis Grigoropoulos, 15 ans, a été tué par balle en Décembre 2008 ; un slogan dans la rue dit :

Berkin Elvan, mort à 15 ans, ACAB
Pour les frères et soeurs partis trop tôt ((A))

Grèce : texte écrit par une lycéenne durant les émeutes de décembre 2008

“Nous marchons dans les pas de décembre”, banderole de la manif de lycéens à Arta, Grèce (6 décembre 2012)

Communiqué à mes parents

Je sais que je vous dois beaucoup. Vous m’avez donné naissance, vous m’avez nourrie et abreuvée, et vous m’avez élevée. Vous m’avez même aimée. Ou plutôt vous dites que vous m’avez aimée. Car la réalité est un peu différente.

Vous m’avez amenée dans un monde où vous étiez forcés de me laisser quelque part chaque jour, et de partir à vos occupations et votre travail. Vous m’avez mise au monde, puis vous avez toujours cherché un endroit où me jeter. Vous m’avez amenée à l’école et, comme si ce n’était pas suffisant, vous m’avez fait suivre toute une série de cours de soutien, et m’avez inculqué l’anxiété pour mon avenir incertain. Si mon futur est si incertain, si vous avez fait de cette planète un endroit si dangereux où vivre, pourquoi alors m’avoir amenée dans ce monde ? En quoi consiste ma vie ? Deux heures par jour de télé et de jeux vidéo ?

Je veux découvrir le monde, ouvrir mes ailes, m’envoler et tout observer en l’espace d’un instant. Je veux sortir et rencontrer des gens, jouer et m’amuser, me sentir heureuse et ne pas me soucier de si j’ai cours demain et que je n’ai pas fait mes devoirs. Je veux rêver d’un monde où ils ne chercheront pas de lieu où me stocker, où ils n’auront pas à travailler en permanence, où l’on ne craindrait pas de rencontrer de nouvelles personnes, où le futur ne m’effraiera pas, et où il n’y aura ni maîtres ni esclaves.

Je vois votre misère mais je ne m’y suis pas habituée, et je ne veux pas m’y habituer. Vous ne me ferez pas baisser les bras juste parce que vous avez baissé les vôtres. Je ne veux être ni l’esclave ni le chef de personne. Je veux que vous me laissiez tranquille.

Je n’ai pas peur de ces chiens de garde en uniforme dont vous avez peur. Vous voyez de l’ordre et de la sécurité en eux. Cessez de vous moquer de moi, car je sais très bien que cet ordre n’est qu’hypocrisie ; quant à la sécurité publique, eux-mêmes sont le plus grand des dangers.

Ils sont des symboles du Pouvoir, de votre propre autorité, de l’autorité des profs, des politiciens, de tous les adultes qui vivent ainsi. Vous êtes ceux qui ont appris à vivre ainsi, pas moi. S’ils veulent me chercher des noises, ils vont voir. Ils n’ont aucune chance face à moi, qu’ils gardent bien ça en tête. Je suis en colère et dangereuse. Et nous sommes nombreux, nous somme partout, on peut même nous trouver dans les foyers des meurtriers. Partout où ils sont, ils ne peuvent pas se cacher de nous. D’une façon ou d’une autre nous sommes ceux qui resteront debout, pas eux.

Ne soyez pas fâchés contre moi, je fais seulement ce que vous m’avez appris. Vous dîtes que cette révolte n’est que désordre et destruction. Et maintenant que je grandis, désordre et destruction sont tout ce que vous obtiendrez de moi.

Je vous aime. À ma façon toute particulière, mais je vous aime vraiment.

Mais je dois construire mon propre monde afin de vivre une vie libre, et pour cela je dois détruire le votre. C’est la chose la plus importante à mes yeux. Pour le dire avec vos mots : c’est mon travail.

Décembre 2008

Grèce : Durs affrontements dans la ville d’Agrinio en souvenir d’Alexis Grigoropoulos (1993-2008)

À Agrinio, environ 350 élèves ont tenu une manifestation commémorative pour Alexis Grigoropoulos, tué par des flics le 6 décembre 2008.

Quand la marche anti-répressive a atteint la mairie, les jeunes ont éclaté l’équipe de policiers à moto DIAS qui gardaient le bâtiment. Molotovs et cailloux ont été jeté sur les ordures de la police terrifiés qui se cachaient derrière un kiosque.

Peu de temps après, les élèves ont combattu les flics du groupe OPKE de prévention et suppression des crimes dans le quartier de Syntrivani (La Fontaine). Des affrontements au corps-à-corps ont éclaté entre les manifestants et les escouades anti-émeutes sur la place Dimadi que la police a tenté d’encercler.

Des passants maudissaient les flics qui n’ont pas hésité à lancer des gazs lacrymogènes sur plusieurs magasins commerciaux et le marché municipal. Il doit être fait part qu’un des officier de police a dégainé son pistolet contre les élèves avec plusieurs passants autour de lui le huant.

Deux journaflics ont tenté d’approcher la manif’ et prendre des vidéo de près mais ont été battu par des manifestants sur place. De plus la voiture du maire a été attaqué.

Il n’y a pas eu d’interpellation ni de détention jusqu’ici à Agrinio. Malgré tout, lors des mobilisations matinales dans d’autres villes grecques les flics ont fait état de nombreuses interpellations de manifestants.

Beaucoup de personnes à travers la Grèce vont descendre dans la rue cette après-midi pour commémorer la mort du garçon de 15 ans Alexandros.

Italie : Des arrêtés de décembre 2009 écrivent à propos de leur procès en appel qui se tiendra le 28 juin à Athènes

Communiqué (29/6) par des compagnons italiens arrêtés lors des manifestations de décembre 2009 à Athènes :

Les perturbateurs de la paix commune

Le contexte
La nuit du 6 décembre 2008, deux officiers de police en patrouille dans les rues d’Exarchia, un quartier populaire d’Athènes, tirent et tuent Alexis Grigoropoulos, 15 ans. Dans les heures qui suivent la rage des gens se déchaîne à Exarchia, donnant lieu à plusieurs marches de protestation spontanées dans les rues du quartier, mettant ainsi l’étincelle – avec la diffusion de cette nouvelle dans une situation sociale déjà explosive – à une révolte généralisée authentique qui se propage dans la capitale et ensuite au niveau national, mettant les forces de l’ordre hellènes sous pression pendant plus d’un mois. Des initiatives de solidarité sont aussi rapportées dans des grandes villes d’Europe et au-delà.

Les faits
Athènes, décembre 2009, de nombreuses initiatives organisent des protestation dans toute la Grèce à l’occasion du premier anniversaire de la mort d’Alexis. Samedi 5 décembre, un rassemblement est organisé par l’assemblée de quartier d’Exarchia non loin du lieu où le garçon fut tué. Le souvenir est toujours vif dans la mémoire des gens et la rage s’accroît. Le rassemblement est suivi par une marche spontanée dans les rues du quartier. L’aire est hautement chargé de “Delta”, une unité de voltigeurs crée dans le but de réprimer les manifestations de rue à la lumière des émeutes des dernières années. Après les affrontements, 12 personnes sont arrêtés, dont 5 anarchistes italiens qui sont libérés le lundi d’après avec plusieurs chefs d’accusation, dont résistance, tentative de blesser des officiers de police, dégâts et perturbations de la paix commune – un délit comparable à son équivalent italien de nuisance publique, qui ainsi permet l’application de lourdes peines sous une loi promulguée ad hoc peu avant en Grèce, pour pénaliser la dissidence dans les rues.

Le procès
Le 14 novembre 2011, l’audience pour la première instance du procès des arrêtés des affrontements de 2009 se déroule à Athènes. Lors de l’audition les témoins de la défense, à savoir la même unité de flics des Delta, se présentent en force et donnent une version des événements clairement manipulée et orchestrée dans le but d’infliger les peines les plus lourdes possible pour les accusés, révélant les intentions de l’État grec de frapper un grand coup répressif exemplaire. Les peines les plus lourdes se situent de 5 à 6 années de prison. La furie du procureur va plus loin alors qu’il déclare la volonté d’appliquer immédiatement un mandat d’arrêt européen pour les 5 compagnons italiens. De plus la formulation des condamnations est assénée : 4 ans pour tous, plus quelques mois, de 12 à 24, selon l’accusé. Les 4 ans peuvent en fait être attribués à la seule infraction à la loi sur la perturbation de la paix commune.

Aujourd’hui
Le 28 juin 2012, le procès en appel devrait se tenir à Athènes. Il est évident que l’État grec met particulièrement l’accent sur ce processus pour donner un signal fort à tous ceux qui décident de ne pas accepter passivement la destinée que quelqu’un d’autre a décidé pour eux et qui, face à la violence de la police, choisissent de contre-attaquer et donner libre cours à leur propre rage contre ceux qui quotidiennement exploitent et oppressent leurs existences. Assurément, la répression n’arrivera pas à freiner la rivière en crue de la révolte sociale qui inonde les rues grecques, et pas seulement.

Quelques accusés.

L’anarchiste Alessio Del Sordo – détenu dans la prison de Turin dans le contexte d’une série de procès et de détentions préventives contre les résistants du NO TAV – a écrit la lettre qui suit (30/6) à propos des procès en appel en Grèce sus-cités où il est aussi impliqué :

AVEC LA TÊTE BAISSÉE

Le 6 décembre 2008, dans le quartier d’Exarchia d’Athènes, un infâme flic assassina Alexis Grigoropoulos. Après une telle ignominie des attaques furent menés dans toute la Grèce contre les structures et les gens qui usent du Pouvoir. Affrontements de rue, DAB détruits, mise à feu de succursales bancaires et commissariat pris d’assaut.

Exactement un an après son assassinat le 6 décembre 2008, quelques mètres non loin de la place où il fut assassiné, un rassemblement spontané fut à maintes reprises chargé par des unités de voltigeurs, le corps Delta, fondé par l’UE et entraîné par des instructeurs italiens.

Cette nuit, les attaques des flics à moto ont profondément pénétré la manifestation, réussissant à disperser la plupart des compagnons qui se sont repliés dans l’École Polytechnique occupée non loin de là. Ceux qui n’ont pas réussi à retourner à Polytechnique ont été encerclés par la manœuvre et attaqués par les flics Delta.

Malgré le fait d’avoir été arrêté cette journée avec quatre autres compagnons italiens, une dizaine de compagnons grecs et des gars albanais (dont deux mineurs), j’ai vécu le meilleur moment du monde. Malheureusement ce n’est pas tous les jours que t’arrives à mettre bas des flics de leur moto et de les aider à atterrir sur le nez.

Pour ces incidents le premier procès a imposé des peines de 5 à 6 années de taule. Le procès en appel est fixé au 28 juin et c’est sûr que des peines similaires seront données. Une histoire de routine dans la répression ajoutée à tant d’autres qui dans les années ont affecté et continue à affecter des compagnons partout dans le monde.

Comment ne pouvons-nous pas penser ici, en Italie, aux maxi-opérations médiatiques du Groupe d’Opération Spéciales (le ROS) avec l’enquête “Ardire“, la dernière en date, aux condamnations pour les affrontements de rue de Rome le 15 octobre 2011, en passant par celles en relations avec le sommet du G8 à Gènes en 2001, qui seront définitives le 13 juillet 2012, ou encore le procès en lien avec les affrontements dans le Val de Susa l’été dernier qui va bientôt commencer ?

L’État fait toujours le même jeu. Dans les intentions judiciaires, les fortes peines servent comme avertissement, en partie pour punir l’ennemi intérieur qui continue à troubler la paix sociale des riches, en partie pour décourager les indécis, les derniers au courant du fait que l’ordre étatique peut être renversé. Terroriser pour continuer à gouverner n’est pas seulement un paradigme d’une mémoire machiavélique mais le mode opératoire du Pouvoir. Et plus la peur sera répandue, plus le doute sera instillé dans nos vies quotidiennes, plus longtemps cet État des affaires persistera. (Désolé pour l’italien raffiné, j’ai beaucoup lu dans cette cage.)

Mais qui a peur de qui ? Ceux qui défendent les biens des propriétaires terriens sont bien au courant du potentiel qui gît dans l’intensification du conflit social. S’affronter avec les troupes étatiques, saboter les flux commerciaux et énergétiques qui maintiennent cette société, agir directement contre les gens et les structures du Pouvoir sont des pratiques qui feront toujours parti du bagage théorique et pratique des exploités de partout. Et comme nous le disons souvent, si les pratiques devraient se généraliser, elles peuvent difficilement être assimilées.

Toutefois il est d’une importance critique que dans le même temps la pratique de l’action directe gagne en quantité, qualité et intensité. C’est le moins que nous puissions faire pour nos compagnons qui sont maintenant séquestrés dans les cages de l’État. Cela va sans dire que malgré toutes les années de prison qu’ils peuvent nous mettre, que beaucoup d’entre nous peuvent être arrêtés, nous continuerons à lever la tête pour seulement frapper des squelettes.

Je profite de l’opportunité dans ces lignes pour envoyer ma solidarité et ma complicité à tous les compagnons perquisitionnés, sous le coup de l’enquête et incarcérés dans la dernière vague de répression. Tenons dur et battons-nous pour le conflit social permanent, pour l’insurrection, pour l’anarchie.

Alessio

Pour lui écrire :
 Alessio Del Sordo, c.c. via Pianezza 300, IT-10151 Torino

Procès d’Aris Seirinidis et Simos Seisidis: Le «plaidoyer» d’Aris Seirinidis

Voici le «plaidoyer» d’Aris Seirinidis à la procédure d’audition qui a eu lieu le lundi 10 octobre 2011 durant le procès de Simos Seisidis et Aris Seirinidis“.

“Je ne suis évidemment pas surpris de la capacité de la justice bourgeoise à déformer l’histoire, de transformer le vol de la richesse sociale par les capitalistes en bienveillance nationale, la solidarité entre les opprimés en acte criminel, la violence de l’État en protection des citoyens, l’autodéfense populaire en terrorisme.

Ce procès est un cas exemplaire d’une telle déformation. C’est un épisode supplémentaire de la série de « constructions » sociales et historiques dont l’État grec a usé pour réprimer les combattants de la résistance [NdT. contre l’occupation allemande] et de la guerre civile [NdT. d’après-guerre] en les assimilant à des brigands. De la même façon, il a réprimé les insurgés de Juillet 1965 [NdT. période dite de l’Apostasie, avant la dictature militaire] ou ceux de l’École Polytechnique (1995), les identifiant à des marginaux, des vandales ou des individus encagoulés. Et cette liste se poursuit jusqu’en décembre 2008 et les récentes manifestations contre le mémorandum. C’est la continuité de ces « constructions » qui ont permis de transformer les traîtres et les collabos en nationalistes et les tortionnaires de la junte en policiers retraités; c’est une part de cette même histoire qui a déporté sur des îles isolées la « vérole » communiste et qui emprisonne les combattants populaires dans les cellules souterraines des prisons, comme terroristes.

Ce procès, caractéristique de l’attaque sur tous les fronts déclenchée par l’état et le capital contre toute la société, envoie un message fort à tous ceux qui cherchent des moyens de résistance hors des limites de la légalité bourgeoise. Les dominateurs crient « On va vous couper les pieds, on va vous enterrer » et nous menacent avec leur justice. La même justice qui enterre des décennies de conquêtes sociales et des conquêtes des travailleurs, et assassine les prolétaires dans les bagnes modernes, aux frontières, dans les postes de police et les prisons.

A une époque où l’on dévalorise même banalise la vie des prolétaires, celle de trois d’entre eux a été évaluée à 600 000 euros. C’est à ce prix si élevé que l’appareil antiterroriste et son équipe politique les a estimées. C’est la prime offerte par l’État aux chasseurs de Simos, Marios et Grigoris. Cette campagne contre les « terroristes de l’intérieur » est évidemment influencée par les mœurs de l’Ouest Sauvage – une source d’inspiration pour le chef de campagne, Chrysohoidis [NdT. Ex-Ministre de l’ordre public]. Elle renoue encore une fois avec son passé : la nauséabonde tradition de répression du mouvement populaire à travers laquelle la bourgeoisie imposait de façon dictatoriale, et parfois démocratique, son pouvoir. La prime offerte pour la capture de nos camarades était une référence directe à la rhétorique antiterroriste du shérif du monde poursuivant les « combattants ennemis » aux quatre coins de la terre. Elle constituait également une référence très caractéristique à notre histoire et à la période où les communistes étaient pourchassés. Elle nous a inexorablement rappelé les pièges de la police grecque pour capturer les combattants poursuivis, et défiler avec eux, comme avec des trophées, sur les places des villes et des villages afin de montrer au peuple cet exemple à éviter.

Dans cette perspective, la mise à prix était un rappel, parmi bien d’autres, qui confirme la thèse que le totalitarisme n’est pas une caractéristique de ce qu’on appellerait anomalie historique, mais bien un élément organique du pouvoir bourgeois. Monarcho-fascisme, junte ou démocratie bourgeoise ne sont que différents aspects du même mécanisme de violence et d’oppression, c’est à dire de l’État, au moyen duquel la classe des capitalistes assure sa domination sur le prolétariat. La justice et la police, par conséquent, et en tant qu’institutions fondamentales de l’État, ne peuvent évidemment pas être neutres ni indépendants, mais, au contraire, sont entièrement orientées vers la défense des intérêts de la classe dominante. La relativité de la démocratie est d’ailleurs révélée par l’image de cette salle. Comme pendant l’occupation allemande, le devoir des hommes cagoulés des bataillons de sécurité [NdT. Les Tagmata Asfalias, chargés de contrer les réseaux de résistants] se limitait à la dénonciation et à l’arrestation des résistants, et non à les mener devant des cours martiales.

Mais c’est surtout la réalité elle-même, comme elle est vécue aujourd’hui, qui révèle le caractère de la démocratie. C’est le rôle de l’État, dans des conditions de profonde crise capitaliste. C’est la misère économique et la démoralisation sociale, imposées par une politique qui se tourne contre le peuple, les travailleurs et la jeunesse. C’est les milliards d’euros, qui sont offerts sans limites aux banquiers, aux industriels et aux armateurs. C’est la violence meurtrière, exercée contre une part de la société, qui résiste. Tout cela est démocratiquement réalisé et validé via des lois, dont l’exécution et le respect sont assurés par la police et la justice. Continue reading Procès d’Aris Seirinidis et Simos Seisidis: Le «plaidoyer» d’Aris Seirinidis

Lutte pour la liberté contre l’état de terreur

Rapport sur les manifestations du 6 décembre 2010 et l’agression sans précèdent de la police. Actes de solidarité à l’étranger.

Athènes

Manifestation des collégiens et des lycéens (matin)

Des rassemblements et des manifestations spontanées ont eu lieu dans plusieurs quartiers d’Athènes. Les collégiens-lycéens se sont rassemblés dans leurs quartiers avant de se diriger vers le centre-ville pour se joindre à la manifestation principale.

Plus précisément, des rassemblements et des manifs ont eu lieu à Peristeri, Philadelphie, Egaleo, Koridallos, Psihico et Exarheia. Les collégiens-lycéens ont bloqué les rues centrales des leurs quartiers et ils ont marché en direction des commissariats locaux. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu et des voitures de police ont été brisées. Les flics ont essayé d’arrêter quelques collégines-lycéens à Koridallos. Une manif de solidarité réclamant la libération des 3 personnes arrêtés a été aussitôt organisée. Des blocages des rues ont également eu lieu dans les banlieues du Nord d’Athènes.

La manif principale a démarrée avec la participation de plus de 5000 collégiens-lucéens, alors que des gens continuaient à arriver pour se joindre aux manifestants. La manif était agressive dès le début : des attaques contre des banques, des caméras surveillance et des magasins de luxe ont eu lieu. Les premiers affrontements avec les flics (rue Stadiou) ont eu comme résultat la rupture temporaire de la manif (les manifestants se sont répandus dans les ruelles environnantes). Or, les écoliers ont réussi à repousser les forces de la police anti-émeute avec des attaques bien organisées. Des affrontements ont eu lieu de nouveau quand la tête de la manif a atteint la place Syntagma (en dehors du Parlement) et a attaqué la police anti-émeute. Les porcs ont répondus en faisant usage des gaz lacrymogènes et des flash bang grenades. La manif s’est terminée à Propilaia où la plupart des manifestants sont restés sur place afin de participer à la manifestation de l’après-midi. Soulignons que les collégiens-lycéens, bien que des mineurs, n’étaient pas effrayés ni par les flics, ni par les méthodes terroristes des médias et ils se sont affrontés aux forces de l’ordre en nous montrant le chemin à suivre.

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