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[Bruxelles] Face à la guerre et l’état de siège : rompons les rangs

État de siège à Bruxelles. Des centaines de militaires postées dans la rue, des milliers de policiers sillonnent les rues de la capitale européenne. Écoles et universités sont fermées, le réseau des transports est quasiment paralysé. Les rues sont de plus en plus désertes, la peur hante les esprits. Les contrôles dans la rue se multiplient et se font avec la mitraillette sur la tempe. Si l’espace est saturé par les forces du pouvoir, les esprits le semblent également. Et c’est peut-être encore pire.

Les temps où les États européens pouvaient faire la guerre ailleurs dans le monde à coups de frappes, d’occupations, d’ouverture de nouvelles marchés, d’exploitation sauvage et de pillage des ressources tout en préservant ses territoires d’actes de guerre si peut-être pas exactement pareils, en tout cas suivant la même logique, semblent révolus. La guerre a frappé la capitale française en plein cœur, et elle ne disparaîtra pas furtivement. Et toute logique de guerre préconise de frapper dans le tas. Comme le font les États depuis leur existence, contre leurs propres sujets et contre les sujets d’autres États. Comme l’ont fait et le font tous ceux qui aspirent à conquérir le pouvoir, à imposer leur domination. Qu’elle soit islamique ou républicaine, démocratique ou dictatoriale. Car c’est en piétinant la liberté, la liberté de chaque individu, que s’installe la domination. Autorité et liberté s’excluent mutuellement.

A la guerre comme à la guerre donc. La saturation des esprits par le discours du pouvoir élimine les espaces de lutte pour l’émancipation humaine, ou les pousse en tout cas vers la marge, encore plus qu’ils l’étaient avant. La mobilisation se veut totale. Avec l’État ou avec eux – et ceux qui aspirent à toute autre chose, qui se battent contre l’oppression et l’exploitation, tous ces milliers et milliers de rebelles et de révolutionnaires qui ont été assassinés et massacrés par les États établis ou en construction, qui sont poursuivis aux quatre coins du monde, doivent se considérer désormais hors jeu. Sur l’autel du pouvoir déjà totalement trempé de sang, des milliers d’autres attendent leur tour d’être sacrifiés.

Qui est responsable ? Faut-il rappeler où ont été produits les bombes au phosphore qui ont brûlé Fallujah, qui a livré les technologies informatiques aux services secrets des régimes d’Assad, de Sisi, qui a entraîné les pilotes qui ont bombardé Gaza ? Faut-il rappeler comment sont extraits le cobalt et le silicium pour les choses technologiques des profondeurs de l’Afrique, de comment sont produits tous les produits de consommation qu’on trouve dans les rayons des supermarchés et des magasins ? Faut-il rappeler comment le capitalisme civilisé gère ses centaines de camps de travail, de Bangladesh jusqu’en Mexique ? D’où viennent les sinistres ombres des drones qui frappent partout dans le monde ? De comment et au nom de quoi sont noyés depuis des années des milliers de personnes dans la Méditerranée ? Alors, dites-le, qui est responsable ?

Mais si nos yeux de révoltés regardent à juste raison vers le haut pour trouver la réponse, il faudrait qu’ils regardent aussi à l’intérieur de nous-mêmes. Car dans les temps à venir, et déjà dans les temps qui sont et qui étaient, c’est par notre passivité que nous sommes rendus complices de notre propre oppression. Et cette passivité n’est pas seulement l’inaction des bras, c’est aussi le projet d’abrutissement programmé depuis des décennies par le pouvoir qui nous a privé des outils pour comprendre la réalité, pour comprendre notre rage. Qui nous a privé de toute sensibilité qui ne soit pas décrété en fonction des nécessités du moment, de toute capacité de rêver. C’est de là, de ce programme de réduction de l’homme, que sortent aujourd’hui ceux qui se décident à faire des carnages, à participer au jeu de pouvoir, à massacrer eux aussi. Il serait stupide d’avoir cru que leurs carnages allaient viser les puissants et leurs structures. La guerre moderne dans le monde hypertrophié de technologie et de massacres à distance ne permet plus de telles subtilités, si jamais de telles subtilités ont pu exister dans la tête des hommes en guerre.

Dans les quartiers de Bruxelles, aujourd’hui sous occupation militaire, il faut le dire, tout a été utilisé pour faire tampon à la révolte sociale, pour faire amortisseurs de la rage contre un monde affreux et cruel. Que ce soient les cours de citoyenneté et de promotion de la démocratie (tout en larguant des bombes), que ce soient les mécanismes de contrôle offerts par la religion, que ce soit le dopage massif par les choses technologiques : tout plutôt que la révolte. Et parfois ce jeu échappe aussi des mains du pouvoir, comme cela arrive aujourd’hui. Et là arrivent les frappes dans le tas. D’autant plus si apparaît la fiction d’une récompense céleste, qui a su tenir depuis des siècles et jusqu’à aujourd’hui, des millions d’esclaves en attente de la rédemption promise sous le joug. Quelque part, les décennies que l’État belge a utilisé l’islam pour calmer les esprits, pour garder le contrôle sur les communautés des exclus, pour gérer les contradictions sociales se retournent aujourd’hui contre lui. Mais peut-être encore plus contre la possibilité et la perspective de la révolte libératrice.

Face à la militarisation de l’espace et la militarisation des esprits, face à la guerre dans laquelle les États et les aspirants-puissants nous entraînent ; et en sachant qu’on sera de plus en plus poussé vers la marge, l’effort devrait se concentrer sur le refus absolu d’entrer dans le jeu. Et ce refus implique aussi le rejet des règles qu’ils sont en train d’imposer. Ne pas faire du bruit aujourd’hui. Rester chez vous et donc dans les rangs. Céder la place aux terroristes de la démocratie et aux terroristes du califat. Qu’il sera difficile de percer cette occupation et de briser les règles de ce jeu est hors de doute. Le choix du déserteur, de celui qui refuse de faire la guerre pour les puissants, l’a toujours exposé à mille et une répressions. Mais qui sait si à la marge, on trouvera d’autres rejetés, d’autres déserteurs, d’autres exclus, d’autres sacrifiés avec qui saboter la guerre en cours et lutter, à corps perdu, pour des idées réfractaires à tout pouvoir. Qui sait si dans cette marge, dans ce coin, la fière internationale, défiant toutes les autorités, renaîtra au milieu d’un monde déchiré par la guerre civile ?

Si la dernière chose à laquelle on renoncerait maintenant, c’est justement le désir de la liberté et le rêve capable d’aiguiser notre esprit, de faire palpiter notre cœur et d’armer nos mains, il faut en même temps faire l’effort de regarder la réalité en face. Les espaces se rétrécissent, le sang coulait déjà, coule aujourd’hui et coulera davantage, le combat pour la liberté et la révolution a sans doute des temps difficiles devant lui. Les conditions dans laquelle doit se développer la lutte révolutionnaire se détériorent et après le massacre des soulèvements populaires des dernières années dans nombreux pays, vient aussi pour nous qui se trouvent sur le continent européen le moment où chacun et chacune devra affronter une question possiblement terrible en conséquences, mais riche en défis : est-ce que malgré tout, nous sommes prêts à lutter pour la liberté ?

Des anarchistes
Bruxelles, 23 novembre 2015

Grande opération européenne de contrôles des migrations

ATTENTION !

Une opération policière appelée « mos maiorum » mise en place par l’Union européenne aura lieu du lundi 13 au dimanche 26 octobre 2014. Pendant deux semaines 18.000 flics vont chasser des personnes sans-papiers. Ils veulent savoir les chemins et routes de migrations et arrêter le plus de personnes possible.

Avertissez tous les sans-papiers ! Les contrôles auront lieu dans les trains, les gares, les aéroports, les autoroutes et au frontières internes européennes.

Contre la forteresse Europe !
Personne n’est illégal-e !

Plus d’infos ici.

AFFICHES/TRACTS À IMPRIMER, DIFFUSER, COLLER ici et .

« Avalanche – Correspondance anarchiste » – numéro 1 – mars 2014

cliquez sur l’image pour lire le numéro un (mars 2014)

“profitons-en pour faire un appel chaleureux à tous les compagnons qui se reconnaissant dans le projet d’Avalanche, de correspondance anarchiste internationale, d’y contribuer de la manière qu’elles estiment la plus adéquate ; a côté de nombreuses autres occasions et possibilités, nous espérons que ce projet offre une espace pour resserrer les liens et se propulser réciproquement dans la lutte anarchiste, au-delà des frontières”

Le numéro zéro ici. Pour des exemplaires, veuillez envoyer un mail à correspondance@riseup.net

AVALANCHE Correspondance anarchiste | Anarchist Correspondence

Madrid : Manifestation de solidarité avec les prisonniers anarchistes purgeant de longues peines

Samedi 11 Janvier, le centre social squatté La Gatonera, situé au 9 rue Amistad dans le quartier de Carabanchel à Madrid, a accueilli une réunion d’information en solidarité avec les anarchistes faisant face à de longues peines de prison à travers le monde.

Nous nous sommes réunis à 18h30 et avons commencé la discussions de contre-information avec l’objectif de faire connaître quelques cas de nos frères et sœurs qui sont incarcérés dans les donjons démocratiques de différents États depuis de nombreuses années. Après une présentation des cas de Claudio Lavazza et Gabriel Pombo Da Silva (emprisonnés dans l’État espagnol), Marco Camenisch (emprisonné en Suisse), Thomas Meyer-Falk (emprisonné en Allemagne), Marie Mason et Eric McDavid (emprisonnés aux États-Unis), et José Miguel Sánchez Jiménez (emprisonné au Chili), nous avons discuté librement des moyens de renforcer et d’étendre les liens de solidarité, également au travers des structures de contre-information et le soutien factuel, avec les prisonniers de la guerre sociale.

La soirée comprend une buvette de solidarité avec des sandwichs vegan pour tuer la faim.

Nous voulons faire de cette rencontre une opportunité de briser le silence dans lequel ils essaient d’enterrer les prisonniers anarchistes, de diffuser leurs paroles et de propager le combat par tous les moyens possibles contre la société-prison et tous ceux qui la soutiennent.

Au passage, c’est une évènement auto-organisé, alors nous espérons pouvoir compter sur votre aider au niveau de la présence physique, de la participation active et des dons pour les compagnons emprisonnés.

Les prisonniers dans les rues! Que la rue s’insurge!

Contra Info

Une nouvelle publication anarchiste et internationale : « Avalanche – Correspondance anarchiste »

cliquez sur l’image pour lire le numéro zéro (décembre 2013)

Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.

AVALANCHE Correspondance anarchiste | Anarchist Correspondence

Francfort, Allemagne : un bureau du SPD attaqué en solidarité avec les réfugiés de Lampedusa

Solidarité avec les réfugiés

Dans la nuit de mercredi à jeudi 17 octobre 2013, nous avons attaqué un bureau du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne) dans le quartier Nordend de Francfort, et détruit ses portes et fenêtres.

Les fonctionnaires du parti, comme le maire SPD Olaf Scholz, est responsable de la politique envers les réfugiés à Hambourg, une politique qui exclut et criminalise les personnes en raison de leur origine, de leur histoire ou de leur couleur de peau. Nous savons que, pour autant que ces questions soient liées, le SPD de Hambourg n’est pas différent du SPD de Francfort. Par conséquent, cette attaque ne s’applique pas seulement au SPD de Francfort, elle est plutôt dirigée contre l’ensemble du parti et ceux qui soutiennent cette politique.

Le passage des réfugiés en Europe est la conséquence d’un mot d’ordre capitaliste, ce qui rend impossible pour une grande partie de l’humanité de mener une vie autogérée. Un vol pour les ghettos riches de l’Europe semble être la dernière chance d’échapper à la persécution et à la menace de l’existence économique. Les élites politiques réagissent avec les lois discriminatoires ; l’Union européenne avec la fortification militaire. En Allemagne, les rancoeurs omniprésentes s’expriment de plus en plus par l’opposition active aux réfugiés.

Nous sommes contre un tel système d’exploitation, contre cette politique, et contre le racisme quotidien du « milieu » sociétal, plutôt que de promouvoir notre solidarité avec les réfugiés et notre combat contre le capital, l’Etat et la nation.

Avec cette action, nous sommes solidaires avec les humains illégaux à Hambourg et partout. Nous soutenons la revendication d’un droit de séjour pour tous.

Nous envoyons également des salutations de solidarité à tous les militants qui ont mis en place une lutte contre cette politique raciste à Hambourg et ailleurs.

Ni frontière, Ni nation !

Source | Collaboration du Chat Noir Émeutier

Moscou : Un appel pour une campagne internationale contre les camps de concentration en Russie

Il est désormais évident que la Russie se noie de plus en plus profondément dans un marécage de la dictature fasciste. Surfant sur la vague d’hystérie xénophobe qui a éclaté avant les élections municipales de Moscou (au début de septembre 2013), un véritable camp de concentration pour les migrants a été ouvert. Il est rempli continuellement par une chasse aux «non-Européens» menée dans les rues de Moscou.

Les défenseurs des droits de l’homme et des journalistes qui ont visité les camps témoignent que les ressortissants étrangers sont détenus dans des conditions de torture. Beaucoup d’entre eux vivent et travaillent légalement en Russie et leur détention est illégale même du point de vue de la justice bourgeoise. Parmi les milliers de personnes détenues dans les camps de concentration il y a des réfugiés qui sont menacés de persécution politique et même de la peine de mort dans leur pays d’origine. Le Service fédéral des migrations de la Fédération de Russie a annoncé qu’il prévoit d’ouvrir 83 camps similaires pour «migrants illégaux» dans tout le pays.

Des anarchistes russes appellent toutes les personnes qui ne sont pas indifférentes à la misère humaine à entreprendre des actions de solidarité entre le 29 août et 3 septembre.

Nous exigeons la fin des politiques ouvertement racistes comme celles pratiquées par les autorités russes, la liquidation des camps de concentration et l’abolition de tous les obstacles juridiques à l’emploi pour les travailleurs en Russie.

Écrire à stopdeportationrus@gmail.com à propos de toute action.

Personne n’est illégal. Notre matrie est l’humanité toute entière.

SourceCollaboration du Chat Noir Émeutier

Hongrie: grève de la faim des réfugiés du centre de rétention de Nyírbátor

Depuis vendredi 9 Août 2013, les réfugiés du centre de rétention de Nyírbátor dans le nord-est de la Hongrie sont en grève de la faim. Selon la déclaration d’un réfugié détenu à Nyírbátor, environ 100 personnes – presque tous les réfugiés actuellement emprisonnés à Nyírbátor, y compris les personnes en provenance du Pakistan, d’Algérie, du Nigeria et du Kosovo – participent à la grève.

D’une part, les réfugiés emprisonnés à Nyírbátor protestent contre leurs terribles conditions de vie: ils se plaignent des très mauvais conditions, de la nourriture avariée – avec parfois des petits animaux à l’intérieur! – Et de l’eau, le manque d’installations sportives, etc. En général, les réfugiés réclament leur liberté, leur libération immédiate du centre de rétention. Ces gens qui sont en ce moment à Nyírbátor y ont été détenus au-delà d’1 mois même si la plupart d’entre eux ont déjà reçu leurs cartes d’asile auprès des autorités. La grande question qui suscite beaucoup de colère parmi les réfugiés: «Si nous avons la carte d’asile, pourquoi nous n’avons pas la liberté?”

Les réfugiés ont indiqué que même les policiers et gardiens du centre de rétention ne comprennent pas pourquoi les gens restent toujours en détention avec des cartes d’asile. Les réfugiés soupçonnent le patron du centre de rétention d’appliquer des mesures arbitraires contre eux. Les réfugiés ont également rapporté que les gardes du centre de rétention leur ont acheté de la meilleure nourriture, un ballon de football, etc s’ils leur donnent de l’argent pour cela – qui est en fait une offre très étrange pour les réfugiés, vu que personne, dans ces conditions , a réellement de l’argent.

Selon la déclaration d’un réfugié, la majorité des personnes détenues à Nyírbátor ont été arrêtés directement après avoir traversé la frontière vers la Hongrie. Les gens se demandent pourquoi ils ont été amenés au centre fermé de Nyírbátor, tandis que certains de leurs amis pourrait aller à un camp ouvert. Un petit groupe de personnes détenues à Nyírbátor sont des gens qui ont été expulsés d’Autriche en Hongrie sur la base du règlement d’empreintes digitales “Dublin II”, ces derniers sont surtout Nigérians et aussi Pakistanais.

Une des personnes détenues à Nyírbátor est un militant pakistanais du mouvement de protestation des réfugiés de Vienne qui a récemment été expulsé parmi les 8 militants réfugiés de Vienne.

Les réfugiés de Nyírbátor disent qu’avec la grève de la faim, la situation devient de plus en plus critique pour eux chaque jour. Les travailleurs sociaux ont tenté de les convaincre d’arrêter la grève, en leur promettant une meilleure nourriture et de l’eau, mais ils ont refusé, parce qu’ils ont besoin d’une solution réelle, en fait, de leur liberté. Les gardiens de prison sont prudents en ce moment – il semble qu’ils aient peur que les réfugiés en grève s’automutilent et ils craignent aussi une mutinerie dans le cas où les matons punissent l’un d’entre eux.

Les réfugiés de Nyírbátor ont un besoin urgent de solidarité active, ainsi que l’attention locale et internationale et de relai dans les médias sur leur situation désespérée! Ils demandent des groupes de solidarité, les organisations de défense des droits humains, des avocats et des représentants de l’ONU pour leur rendre visite à Nyírbátor et faire quelque chose pour les aider.

Liberté pour les réfugiés emprisonnés à Nyírbátor!
Fermons Nyírbátor et tous les centres de rétention!
Que cesse immédiatement tous les ‘Dublin II’ – et les déportations vers la Hongrie!

Stoppons les déportations et la détention des migrants et des réfugiés – liberté de circulation, combattons l’Europe forteresse!

SourceCollaboration du Chat Noir Émeutier

TIOJ : Déclaration du compagnon Matthew (7 octobre 2012)

Ce Fut Notre Travail. Mais ça ne l’est plus désormais.

Trois ans après le premier article sur This Is Our Job*, j’ai décidé de mettre fin à ce projet anarchiste particulier afin de me consacrer à d’autres projets anarchistes. Tout d’abord, je veux avoir plus de temps pour la traduction et la préparation de la diffusion de livres publiés à travers memory_lapse press, qui est ma propre petite initiative d’édition.

Je ne suis toujours pas sûr de quoi les premiers livres parleront, s’ils voient le jour. L’anarchisme insurrectionnaliste a beaucoup signifié pour moi dans les quatre ou cinq dernières années, mais en toute honnêteté il a aussi eu certains effets négatifs sur ma personne pour que j’en ai le besoin de m’en distancier. Donc peut-être que les livres auront à voir avec des sujets qui sont dans la confrontation et constructifs à la fois, contemporains et historiques, mais portant toujours au cœur l’anti-autoritarisme et la pertinence éternelle de ceux qui voient véritablement le monde à travers son voile mensonger, encore certains que cela devra, pourra, et sera un bien meilleur endroit.

J’ai quelques choses à dire à propos de l’état actuel de l’anarchisme insurrectionnaliste en tant que courant au sein d’un anti-autoritarisme plus large, tout comme sur le rôle et l’efficacité de ce qui est maintenant connu en tant que contre-information comme un moyen de diffuser les nouvelles et discours venant d’anarchistes insurgés. Je dois admettre que j’avais des réticences sur le fait d’aller de l’avant et partager ouvertement ce que j’ai envie de dire, mais comme c’est mon dernier article, je devrais tout de même faire tout ce qui doit être fait.

Depuis mon premier contact avec l’anarchisme insurrectionnaliste, j’ai graduellement distillé certains aspects de la théorie qui est derrière, comme essentielle, et rejeté le reste. Pour moi, un anarchisme insurgé fécond est diffus, illégal, offensif, stratégique, consistant et éthique. Son but premier devrait être l’attaque des infrastructures physiques de la répression, réduisant et handicapant éventuellement ainsi la capacité de la répression à fonctionner. Ce qui en découle n’est pas la destruction radicale de chaque élément de la société telle que nous la connaissons, mais l’ouverture d’un espace dans lequel des initiatives anarchistes constructives peuvent fleurir. Quand la domination est repoussée, la libération va de l’avant.

Mais en pratique ce n’est pas vraiment ce que j’ai observé pour la plupart des groupes d’action et des individus s’engageant dans l’anarchisme insurrectionnaliste. Malgré mon respect énorme pour leur héroïsme, mettant leurs vies en danger pour attaquer l’irrationalité brutale du pouvoir, nombre d’entre eux ont fait preuve de mauvais choix lorsqu’il s’agit de décider des cibles et de l’exécution technique.

Sans pointer du doigt des exemples précis d’attaques que j’ai trouvés particulièrement inutiles – des attaques qui semblent avoir été menées seulement pour faire un communiqué, avoir un peu de publicité sur internet et permettre aux participants de gonfler un peu leurs muscles, voire juste de se mettre en avant – j’ai ressenti que la stratégie de base n’est pas prise en considération par ceux qui s’engagent dans l’anarchisme insurgé. Cela mène à de longues peines de prison pour nombre de compagnon(ne)s, souvent en échange de dommages structurels négligeables, et c’est une équation non viable pour une tendance déjà si marginale qu’elle ne peut être considérée que comme l’avant-garde de l’avant-garde.

Quand on attaque une cible, la première bonne question à se poser est : combien cette cible spécifique participe à la répression (voire même, à quel degré suis-je personnellement réprimé par celle-ci ?), et à quelle hauteur sa destruction causera des difficultés à la répression ? C’est une question simple, mais un coup d’œil sur ce en quoi constitue ces jours-ci l’attaque de l’anarchisme insurrectionnaliste démontre clairement qu’elle n’est pas posée.
L’État déploie des éléments répressifs spécifiques en premières ligne : la police (commissariats, véhicules et autres équipements), les tribunaux (et les bâtiments qui les logent) et les prisons (qui comprennent les entreprises privées et étatiques qui les dirigent). La ligne suivante comprend les agences de renseignement et leurs infrastructures physiques (bureaux, véhicules, ordinateurs et réseaux de communication, etc.). Et finalement, il y a l’infrastructure militaire et tout ce que cela comprend.

Du côté du capitalisme, la répression découle de l’industrie financière, de l’industrie de la publicité, l’industrie manufacturière et celle de la vente, parmi d’autres. Mais prenons par exemple l’industrie financière. Causer des dégâts mineurs (ou même majeurs) à un DAB ou à une succursale est, pour un conglomérat banquier, largement équivalent à une piqûre de moustique. L’infrastructure opérationnelle véritable du capitalisme réside dans les bureaux et les sièges corporatifs, et bien que ces cibles soient difficiles à atteindre, elles ne devraient pas être complètement négligées.

Cependant on attaque rarement ces objectifs étatiques et capitalistes. Est-ce que c’est parce que la peine possible de prison pour saboter à la colle un DAB est moindre que celle qu’on se prend quand on met le feu à un hélicoptère de la police ? Ou bien est-ce que c’est un manque de vision, d’ambition, de capacité, de ressources ? J’aimerais le savoir. Tout ce que je peux dire avec certitude c’est qu’en attaquant ce que je considère comme des objectifs de peu d’importance – objectifs dont la valeur répressive pour le système est si basse que ça serait comme ne rien faire – l’anarchisme insurrectionnaliste est en train de tomber dans le même piège que le reste des courants anarchistes, comptant sur des routines rebattues qui ne conduisent nulle part en dehors du ghetto subculturel de ceux qui sont déjà impliqués dedans.

Comme un ajout à la critique précédente, je veux dire quelque chose au sujet des bombes. Je crois qu’il est clair que l’usage de bombes par des anarchistes insurrectionnalistes devrait ou bien être complètement abandonné, ou du moins être confié à ceux qui ont vraiment des connaissances expertes dans la fabrication d’explosifs improvisés qui soient sûrs et efficaces. Combien de fois nous avons lu que des bombes n’avaient pas explosé, ou qu’elles avaient explosé au mauvais moment, blessant au hasard des passants, ou bien qu’elles avaient explosé comme prévu mais avaient causé peu de dommages ? Sans parler des compagnon(ne)s qui sont morts ou ont été gravement mutilés par l’explosion prématurée de bombes qu’ils/elles essayaient d’utiliser. Je crois vraiment qu’au lieu de bombes il faudrait faire un effort coordonné pour utiliser des engins incendiaires transportables bien conçus, vu qu’un incendie ravageur fera toujours plus de dégât qu’une explosion de basse intensité.

Maintenant au sujet de la contre-information. Ma frustration principale avec This Is Our Job a été que très peu de gens le lisait. C’est peut-être de ma faute, vu que j’aurais pu faire certaines choses pour en faire la promotion. Mais le dilemme reste : si le but de la contre-information est de diffuser – autant que possible- des nouvelles et des discours issus de l’action de l’insurrection anarchiste, alors la contre-information en elle-même doit aller au delà de ce qu’elle fait à l’heure actuelle. Je ne sais pas vraiment comment faire pour que ça arrive, et ces insuffisances m’ont posé problème la majeure partie du temps durant les trois années où This Is Our Job a été actif. Je ne suis pas au courant de la fréquentation qu’ont eu les autres pages de contre-information, sans tenir compte de la langue, mais je peux dire que mes propres chiffres ont été positivement faibles.

Ainsi, étant donné tout ce qui précède, ça semble pertinent de mettre un terme au projet à ce moment précis. Les archives resteront en ligne, sur l’ancien site comme sur l’actuel. J’essaierai toujours de satisfaire les demandes pour récupérer des textes spécifiques postés à certains moments. Et j’apprécie toujours les propositions de traduction du milieu de langue grecque – et espagnole- envoyées à l’adresse mail habituelle : tioj[at]thisisourjob[dot]org. Peut-être que je pourrais les mettre dans un livre un jour.

Pour finir je voudrais remercier tous les compagnon(ne)s qui ont pris du temps pour lire le site régulièrement et qui m’ont contacté personnellement pour me tenir informé, coordonner le travail, m’envoyer des textes à traduire, ou juste pour me saluer. J’espère seulement qu’un jour, d’une façon ou d’une autre, on pourra se rencontrer face à face pour partager un verre, un repas, une bise, et l’intimité chuchotée de notre passion pour la libération.

Vive les rebelles, toujours.

– Matthew (This Is Our Job).

* Le compagnon anarchiste, Matthew, s’est inspiré d’un communiqué d’une jeune rebelle écrit à ses parents durant les batailles de rue de décembre 2008 en Grèce pour donner un nom au blog This is Our Job (c’est notre travail) : “(…) Vous dites que la révolte c’est le désordre et la destruction. Je vous aime. À ma manière, je vous aime. Mais je dois construire mon propre monde pour pouvoir vivre ma vie en liberté, et pour cela, je dois détruire votre monde. C’est le plus important pour moi. Avec vos mots à vous : c’est mon travail [this is my job]”.