Category Archives: Répression

Autour de la question des « montages », de la justice et de l’offensive

En lisant des textes en langue espagnole sur la répression, il assez fréquent de tomber sur le terme de « montage ». Montage policier, judiciaire, politique ou montage tout court, le mot est souvent mis à toutes les sauces, générant pas mal de confusion quant aux réalités qu’il prétend décrire ou résumer. Considérations sémantiques mises à part, il nous semble surtout important de revenir sur les ambigüités que ce mot-tiroir peut, plus ou moins volontairement, engendrer ou entretenir. En effet, à l’heure où la répression vient, une fois de plus, frapper à la porte des anarchistes avec les uniformes des flics et les costumes des juges (comme dernièrement avec l’Opération Pandora par exemple), il est plus que jamais nécessaire de faire preuve de clarté dans la manière de l’affronter.

Il est évident que nous ne pourrons et ne voudrons jamais nous mettre à la place du pouvoir ni réfléchir comme lui, et que nos critères ne sont pas les siens. Cependant, avoir quelque analyse et quelque réflexion précise sur ses buts et ses méthodes, notamment en matière de répression, peut donner des pistes pour y faire face. Sachant bien sûr que nous déterminerons toujours les chemins à emprunter en cohérence avec nos idées et nos perspectives anti-autoritaires, pour sortir du terrain miné de l’ennemi et agir de manière qui nous semble la plus appropriée.

Au regard des expériences du passé, les opérations répressives de grande envergure de l’État, sous ses différentes formes (monarchie, dictature, démocratie… ) contre ses ennemis déclarés, les anarchistes, n’ont rien de bien nouveau. Elles sont même assez classiques dans des contextes d’effervescence sociale et d’intense activité subversive. Que l’on pense aux lois et aux grands procès anti-anarchistes dans la France de la Belle époque et de la propagande par le fait, aux procès de Montjuich dans la bouillante Barcelone de 1896, à Sacco et Vanzetti et tant d’autres compagnon-nes aux États-Unis dans leur farouche opposition à la Première guerre mondiale et ses suites, à la Valparaiso (Chili) insurgée en 1920, une des stratégies de l’État a consisté à s’emparer d’un ou plusieurs faits spécifiques pour lancer de vastes coups de filet contre une partie ou l’ensemble du mouvement anarchiste, et faire tomber à la pelle des condamnations de toutes sortes (exécutions, lourdes peines de prison, déportations…). Dans ces cas-là, les objectifs affichés étaient clairs : outre la vengeance à tout prix contre des compagnon-nes qui ne faisaient pas mystère de leur volonté d’en finir avec un monde fondé sur l’exploitation et la domination, il s’agissait aussi de mettre un terme à l’offensive révolutionnaire contre l’État et le Capital. Le rôle précis des personnes incriminées dans telles ou telles affaires jouait alors pour la Justice un rôle presque secondaire. C’est avant tout la responsabilité dans une dynamique d’attaque contre les puissants qu’il fallait châtier, et intimider en faisant des exemples.

Aujourd’hui encore, bien que la conflictualité sociale et le contexte de luttes aient changé, la répression contre des anarchistes reste à l’ordre du jour dans nombre de pays, et la signification profonde d’une expression comme « ni innocents ni coupables » continue à se poser avec autant d’acuité. Le fait que les avocats jouent sur la légalité des procédures ou plaident l’absence de preuves dans l’enceinte des tribunaux est une chose, mais c’en est une autre qu’une grande partie d’un mouvement s’attache elle aussi à démontrer l’innocence des compagnons. Cela peut être lié à de réelles divergences de fond –tout le monde ne partageant pas la position d’un Novatore sur le fait que les « coupables » méritent encore plus notre solidarité que les « innocents »- ou simplement à une faiblesse d’analyse de la situation et du fonctionnement de la justice comme arme au service du pouvoir.

Or, face à des répressions spécifiques, des anarchistes ont proposé et eu à cœur de continuer à faire vivre les dynamiques de lutte ou de soutenir l’offensive, plutôt que de clamer haut et fort l’extériorité des compagnon-nes aux faits reprochés, parfois avec l’idée d’établir un rapport de force susceptible de les tirer des griffes des geôliers, parfois par vengeance ou tout simplement mus par un lien de profonde continuité d’idées, de pratiques et de perspectives. A l’inverse, d’autres réactions ont aussi pu consister à minimiser le contexte ou une partie des faits dans l’espoir de recueillir un plus large soutien, ou encore à tenter lourdement d’éloigner le plus possible le danger de soi, notamment en prenant de prudentes distances avec ce que l’État prétendait vouloir frapper.

Un des exemples historiques fréquemment utilisé pour illustrer les montages est celui de la Mano Negra en Espagne, et ce n’est à notre avis pas un hasard. En 1882, les attaques en tout genre qui se multipliaient en Andalousie, essentiellement contre les grands propriétaires terriens, furent attribuées à une organisation secrète : la Mano Negra. Sur ce, des milliers de journaliers agricoles et d’anarchistes de la région (les chiffres varient de 3000 à 5000) furent arrêtés, la plupart membres de la FTRE (fédération syndicale espagnole liée à l’AIT). Finalement, parmi des centaines de personnes enfermées et chassées et au bout de ce qu’on peut imaginer de tortures, 14 d’entre elles furent condamnées à mort pour un assassinat. Nous ne saurons probablement jamais si elles avaient ou non participé à cet assassinat particulier et fait partie de la Mano Negra, mais ce qui est sûr c’est qu’en l’occurrence l’État voulait régler bien autre chose qu’une histoire de meurtre. Ce qui manifestement l’inquiétait, c’était à la fois la multiplication des actions directes et l’émergence d’une organisation formelle de masse du type FTRE qui comptait des dizaines de milliers d’affiliés disposés à lutter contre les conditions de misère qui leur étaient imposées. C’est donc de l’ensemble qu’il voulait se débarrasser, y compris en jouant sur les différences internes au mouvement. Mise au pied du mur et pensant certainement se préserver en tant que structure, la FTRE s’est placée sur le terrain posé par l’État, à la fois en niant l’existence de la Mano Negra (d’où la thèse d’ailleurs fort controversée qu’il s’agirait d’une création des flics) et en condamnant des pratiques d’action clandestines ne correspondant pas à sa stratégie du moment.

Cet exemple nous semble révélateur en ce qu’il illustre une des stratégies répressives de l’État, plus encore quand il ne dispose pas de personnes prises sur le fait : d’un côté désigner les coupables qui lui semblent les plus appropriés, et en même temps profiter de l’occasion pour faire le tri entre les bons anarchistes et les mauvais. Objectif de départ ou effet collatéral –nous le répétons notre intention n’est pas de pénétrer l’esprit tordu des sbires -, toujours est-il que dans ces situations, les prises de distance ont également émaillé l’histoire du mouvement anarchiste. Cela fut notamment le cas lorsque des organisations formelles, parfois de masse, avec l’enjeu de leur possible interdiction ou légalisation, se sont abstenues ou ont pris soin de ne pas reconnaitre tel ou tel compagnon-ne comme anarchiste –comme s’il fallait quelque carte de membre pour l’être et agir en tant que tel–, voire se sont jointes aux chœurs condamnant telle ou telle action.

Nous n’allons pas développer ici tous les problèmes que soulèvent les notions de « représentativité » au sein du mouvement anarchiste, de ce que pourraient être les pratiques « communément admises » par cet ensemble (pourtant aussi indéfinissable que protéiforme) ou la place accordée aux actions minoritaires … Ce qui est par contre certain, c’est que ces problèmes deviennent particulièrement aigus quand, en plus, les réactions par rapport à des initiatives offensives se calquent sur les normes répressives du pouvoir, elles-mêmes implicites et à géométrie variable selon les nécessités et les situations du moment. Lorsque des actions ne sont plus considérées selon des critères individuels et éthiques, lorsque les percevoir comme « minoritaires » les rend d’emblée suspectes, lorsque leur pertinence ne se mesure qu’à l’aune de l’épée de Damoclès qu’elles pourraient faire tomber sur tous, alors c’est que le calendrier politique et répressif a pris le pas sur les idées.

Certes des débats peuvent surgir autour du partage ou pas de certaines actions, de leurs objectifs, de leurs méthodes ou de leur pourquoi mais ils doivent être menés entre compagnon-nes et de manière appropriée, c’est-à-dire loin des oreilles du pouvoir, des projecteurs des médias et des espaces virtuels de communication, et surtout pas sous les injonctions de l’Etat à qui on se sentirait obligé d’apporter des réponses et des garanties quand il nous met en joue.

Pour en revenir à la question du « montage », il semble qu’un réflexe quelque peu conditionné consiste à mettre en avant cette expression assez pratique afin de mettre tout le monde d’accord contre ce qui serait une injustice manifeste. En réalité, ce réflexe amène généralement à ne pas toucher les mécanismes de fond de la justice. Si l’État n’a certes souvent pas hésité à mener la guerre contre ses ennemis déclarés en allant à l’encontre de ses soi-disant propres règles (fabrication de fausses preuves, faux aveux et témoignages obtenus par le chantage ou sous la torture etc.), ce serait cependant une grossière erreur d’oublier que la justice est en soi un instrument forgé à son image et pour son usage.

Depuis belle lurette, le pouvoir s’est doté des moyens de punir non seulement les auteurs matériels de certains faits, mais aussi celles et ceux qui d’une manière ou d’une autre auraient pu rendre leur réalisation possible. La notion de complicité est d’ailleurs extensible au point d’englober parfois la complicité passive ou morale, consistant à ne pas avoir empêché un fait délictueux ou à être resté sur place lorsqu’il a été perpétré ! Le délit associatif –de malfaiteurs, subversif, terroriste etc.– constitue également une arme de choix en ce qu’il permet de sanctionner des relations et des affinités (réelles ou supposées) en les mettant sous un même chapeau, qu’il s’agisse de groupes ou d’organisations existants ou créées de toute pièce. A travers lui, l’État cherche souvent aussi à construire une lecture du monde à son image en plaquant des structures hiérarchiques sur celles et ceux qui veulent en finir avec son existence, dont ils fait des petits soldats aux rôles bien définis et prêts à tout pour s’imposer. L’intentionnalité, complétant avantageusement son arsenal juridique, lui offre en outre la possibilité –qu’il ne se prive pas d’utiliser– d’intervenir y compris à titre préventif contre des idées telles qu’il les interprète et selon la dangerosité pratique qu’il leur attribue. En ces temps de guerre accrue « contre le terrorisme », le délit d’apologie est très en vogue, notamment en France : des positions orales ou écrites suffisent en tant que telles à rentrer dans le cadre de la loi antiterroriste. Outre son application à certains faits précis qui servent toujours de prétexte, cette accusation peut plus généralement s’avérer bien pratique pour condamner celles et ceux qui de diverses manières contestent le système en place.

Au-delà de ces quelques exemples, l’essence de toute loi est de codifier actes et comportements, pour fixer normes et interdictions en fonction des intérêts et de la morale dominants, ainsi que des rapports sociaux. Les prisons sont remplies à ras-bord de celles et ceux qui tombent au quotidien sous le coup de l’interminable liste des crimes et délits, c’est-à-dire des constructions juridiques élaborées par le pouvoir en place et régulièrement remises à jour pour le plus grand profit de l’État et du Capital.

Face au fonctionnement intrinsèque de la justice, on peut donc se demander si avoir recours si souvent au prisme du montage pour déchiffrer et dénoncer telle ou telle opération répressive particulière ne conduit pas, en creux, à réclamer une meilleure application de la loi démocratique. Poussée jusqu’à ses ultimes conséquences, cette grille de lecture qui part plus des normes de l’ennemi et de leur respect que de nos propres idées et perspectives, pourrait même servir à justifier de fait la terreur légale ordinaire dans toute sa tragique banalité.

Affirmer qu’innocence et culpabilité ne font pas partie de notre vocabulaire, c’est affirmer au contraire notre refus de réfléchir et d’agir en fonction de tout code pénal (et moral), notre détermination à rester en dehors des sables mouvants du droit – vers un a-légalisme qui n’a rien à voir avec un quelconque goût du martyre, mais tout avec la cohérence de nos idées anti-autoritaires.

Lorsque l’estocade est portée contre des individus ou des groupes en leur attribuant en vrac une série d’actions en utilisant le fait qu’ils défendent et diffusent des idées et des pratiques offensives contre l’autorité, une des questions qui se pose à celles et ceux qui partagent ce contre quoi ils se battent reste celle de la solidarité, et donc de la propagation de ces idées, de ces pratiques et de leurs pourquoi, sans laisser la répression monopoliser le terrain et le calendrier. Pour ne pas se limiter à un effet de « campagne » qui se cantonnerait à des situations et des moments isolés, cette solidarité pourrait également s’inscrire dans la continuité du combat contre les institutions qui appliquent si bien cette terreur quotidienne à travers les guerres, l’enfermement, la misère, l’exploitation, l’empoisonnement durable de la planète…

Parce qu’effectivement, les mots et les idées ont des conséquences, la proposition anarchiste que chacun-e reprenne sa vie en main, celle de la libre association et de l’auto-organisation dans le conflit, est aussi une méthode pour mener toujours plus loin la lutte contre l’existant, jusqu’à la destruction de toutes les cages.

Des anarchistes par delà des Pyrénées,
3 février 2015

en espagnol

Bristol, Royaume-Uni : A propos de l’opération Rhone et la chasse à Badger

Quand l’anarchiste de bristol Huw ‘Badger’ Norfolk  s’est fait la malle ailleurs courant août 2011, le mot s’est rapidement répendu dans les communautés anarchistes et radicales de Bristol. Sa décision de s’extraire de toute investigation policière fut immédiatement évidente pour touTEs les nombreuxES amiEs à qui il n’a pas eu le temps de dire au revoir. Sans doute, beaucoup ont soupçonné que cette fuite ailleurs serait d’une courte durée. Mais au lieu de ça, rien, si ce n’est cet appel en ligne anonyme deux mois plus tard, dans lequel il affiche sans ménagement sa non-confirmité.

Avancé rapide à décembre 2014 et les yeux de Badger nous regardent fixement depuis tous les médias nationaux et un bon nombre de journaux locaux. Crimestoppers [1] et l’opération Rhone de la police d’Avon et Somerset annoncent une récompense de 10 000 £ en échange d’informations, tout en imposant également à ses parents du nord-ouest de Bristol de se retrouver sous le feu des médias. Badger est recherché pour deux actions particulières, bien qu’il n’existe pas de preuves ayant été cité pour aucune d’entre elles. Il est clair que la chasse à Badger, et ces deux actions, sont juste une partie de l’investigation menée sur plus de 100 actions de « personnes inconnues » [2] au cours des quatre dernières années.

Alors pourquoi ce tourbillon d’attention policière et médiatique ? En réalité la police a été active tout ce temps, soutenu par leurs limiers de média-esclave du Bristol Post. Nous, à Bristol Defendant Solidarity [Solidarité avec les accusés de Bristol], avons une chronologie de leurs activités depuis août 2011, quand les victimes d’un raid policier infructueux sur un squat de Bristol nous ont contacté pour soutien et conseil. Depuis, l’activité policière a fluctué, rien pour des mois, puis une activité intense, comme ces derniers 6 mois de 2014 – déclenchée apparemment par des forces extérieures à celle de la région, ce  qui a mené à la mise en place officielle de l’Opération Rhone. En plus de trouver et d’arrêter des suspectEs, les buts de cette opération incluent notemment le rassemblement d’informations sur « la menace de l’extrémisme domestique » et afin de «maintenir la confiance publique».

Il est clair que la police ne sait rien. Aucune piste, si ce n’est l’identité de Badger et les déclarations postées en ligne par « persons unkown ». Donc comme un homme soûl à en être aveugle dans une allée sombre, ils s’en sont pris à quiconque pouvait être selon eux intimidéE ou piégéE. Il y a eu de nombreuses arrestations menant à des extensions de libertés surveillées, et même des bracelets élétroniques, 6 au moins depuis juin 2014, mais pas de jugements ; des perquisitions de maisons et de voitures ; visites chez les genTEs et lieux de travail pour « bavarder » ; coups de fil à des numéros de portables privés ; harcélement des partenaires actuelLEs et passés d’individuEs ; des interpellations à l’aéroport ; demandes constantes pour que les genTEs mouchardent ; et sans doute un nombre incalculable de cas de surveillances secrètes. Tout cela en vain et à grand coût. Il y a à présent eu une arrestation et un plaidoyer de culpabilité lié à un incident la veille du Nouvelle An, mais cela se révèle être un cas à part qui ne résulte pas du travail de l’opération Rhone – même s’ils ont été impliqué peu après. Il se dit que l’opération Rhone implique au moins 10 officiers CID [Central Intelligence Departement : Département de Renseignements Central] – dans n’importe quel autre domaine de travail quelqu’unE aurait été viré à cette heure-ci !

Une déclaration d’une des personnes harcelées résume le tout : « Un matin il y a quelques mois, je me suis réveillé pour trouver ma maison pleine de policiers. Quand je dis pleine je veux dire littéralement – c’était difficile de se déplacer ! Ils avaient déjà arrêté la personne pour laquelle ils étaient venus. Il a été libéré peu de temps après sans charges et l’affaire contre lui a depuis été totalement abandonné. S’ils n’avaient même pas assez de preuves contre lui pour le charger, je ne vois pas comment ils peuvent justifier le fait de fouiller ma maison en premier lieu – je ne pense pas qu’ils avaient quoique se soit contre lui. En tout cas, en plus de prendre tous les trucs élétroniques (comme un disque dur et un ordinateur portable), ils semblaient empaqueter n’importe quoi qui avait l’air politique… »

Alors pourquoi ce mur de silence, et pourquoi ce manque de succès de la police ? D’un côté ils harcèlent les genTEs – des anarchistes et radicaux impliquéEs dans des activités publiques, des musicienNEs, et de simples connaissances – qui ne savent clairement rien. D’un autre côté, le fait est qu’un large nombre de personnes ont une méfiance totale, et une haine, envers la police.  Quelque soient les opinions personnelles qu’ont les genTEs sur la validité des actions menées par « personnes inconnues », ils ne coopéreront pas avec la police – ils sont l’ennemi, le bras droit autoritaire de l’État, et ils ont de lourds précédents. Par conséquent, un grand nombre ont soutenu une « déclaration publique contre le harcèlement policier ».  En plus de cette chronologie, Bristol Defendant Solidarity a publié des conseils à destination des personnes faisant face au harcélement policier, et a aidé celleux qui nous contactaient à se mettre en lien et à planifier une réponse. Entre autre chose, ce groupe a organisé une manifestation au siège du CID de Bristol, ce qui a tant dérangé la police qu’ils ont riposté avec des flics armés [3] et des maîtres-chien.

Il est communément accepté que la police existe pour maintenir le status quo – le règne d’un petit nombre sur une majorité. L’historique de leurs magouilles et de la négation des droits limités que nous avons est sans fin. Leur soutien des chefs contre les luttes des travailleurEUSEs est continu. Leur sexisme et racisme, institutionnel. Leur violence est bien documentée puisqu’ils tuent en toute impunité. Leur pouvoir de surveillance est hors de contrôle. Leur armement et équipement de plus en plus militarisé. Leurs agents inflitrés agissent comme agents provocateurs et contraignent les genTEs dans des relations. Leur corruption est à couper le souffle. Les plaintes contre eux et investigations de l’IPCC [Independent Police Complaints Commission : équivalent de la Police des polices] sont en pleine ascension, même le chef de police a été suspendu et est le sujet d’une investigation IPCC. Pourquoi diable qui que ce soit, sans parler des anarchistes et radicaux, aurait quoi que ce soit  à faire avec eux ?

Bristol Defendant Solidarity

BDS est un groupe indépendant, auto-financé et géré par des bénévoles locaux, formé après les émeutes de Stokes Croft en avril 2011. Notre but est d’assurer un soutien et une solidarité inconditionnelle, durable et efficace pour qui que ce soit arrêtéE ou emprisonnéE suite à des manifestations, des émeutes, actions directes et la guerre de classes croissante. Nous prenons clairement position contre la répression d’État et les violences policières.

Notes de traduction
[1] Selon leur propre description, une « agence indépendante de combat contre le crime ». Dans les faits, une extension de l’appareil d’État répressif destinée à chasser les criminelLEs accusés, comptant exclusivement sur le fait que les mouchardEs leurs fournissent des informations qu’ils transmettent ensuite directement aux flics – principalement quand la police échoue dans la capture de leurs fugitives.
[2] « personnes inconnues » : « person(s) unknown » correspond à la terminologie anglaise légale utilisée pour décrire des individuEs inconnuEs impliquéEs dans des investigations criminelles et des procédures civiles. De plus, « Person(s) Unknown Publications » est le nom d’un projet de publication se disant illégal et ayant publié la brochure « Since the Bristol riots ». C’est probablement pourquoi cette terminologie a été utilisé dans ce texte, plutôt que quelque chose comme « des individus anonymes ».
[3] Les policierEs aux Royaumes-Unis ne sont pas touTEs muniEs d’armes à feu. Ainsi le terme ‘armed police’ se réfère ici à l’unité munie d’armes à feu de la force policière territoriale.

Bristol, Royaume-Uni : Solidarité avec la prisonnière anarchiste Emma Sheppard

Le 24 février 2015, la prisonnière anarchiste Emma Sheppard a été condamné à 2 ans de prison au tribunal de première instance de Bristol pour avoir « commis des dommages criminels inconsidérés mettant des vies en danger. » Les charges se rattachent à la dégradation de voitures de police dans la zone de Bristol.

Emma peut recevoir des cartes, des timbres et de la papeterie.

Merci d’écrire des lettres de solidarité à :
Emma Sheppard A7372DJ
HMP Send, Ripley Road
Woking, Surrey
GU23 7LJ (Angleterre)

[Note : addresse mise à jour le 12 mars]

Pour des dons, nouvelles et tout autre effort de solidarité :
bristol_abc[at]riseup.net

Note de Contra info :
Il s’agit de la première condamnation s’inscrivant dans l’opération Rhone ; une investigation menée par 10 officiers CID [Central Intelligence Departement : Département de Renseignements Central] afin d’enquêter sur plus de 100 attaques anonymes dans la zone de Bristol au cours des quatre dernières années, de rassembler des informations sur le mouvement anarchiste au sens large, ainsi que de traquer le camarade fugitif Badger, qui a pris la fuite en août 2011. Cependant, l’arrestation d’Emma et le plaidoyé de culpabilité relatif à un sabotage la veille du Nouvel An se révèlent être des cas à part et ne résultent pas du travail engagé par l ‘opération Rhone – combien même ils ont été impliqué par la suite.

allemand | anglais | espagnol | portugais

Appel à solidarité avec les anarchistes biélorusses du 25 février au 1er mars

zhopuvlasti
Action à Minsk en soutien à des personnes arrêtées au cours d’un concert de punk. Sur le panneau : “Je suis du SWAT, rien à battre des lois”

Montrez votre cul aux autorités
L’actuel mandat présidentiel d’Alexander Lukashenko prendra fin en 2015. En 21 ans, ce dernier aura réussi à réduire au silence la quasi totalité des luttes sociales du pays, assassiner plusieurs opposants politiques au cours des années 90, et faire disparaître quasiment toute l’opposition officielle. Lukashenko n’a pas permis à la société biélorusse de transcender les limites de la mentalité soviétique. Toute protestation ou critique envers le gouvernement est réprimée par la police ou le KGB. Toute tentative de s’organiser se solde par des poursuites et la violence d’Etat. La politique du gouvernement peut être résumée ainsi : tout ce qui ne peut être contrôlé doit être détruit. L’Etat est en train d’exterminer lentement mais sûrement toute forme de dissidence ou de pensée autonome.

Avec les élections de novembre prochain, la pression exercée sur les mouvements sociaux s’accentue. Les autorités craignent de voir le scénario ukrainien se reproduire en Biélorussie, et font tout pour lutter contre les « extrémistes », en d’autres termes tous les gens qui souhaitent un changement de régime.

Ces deux derniers mois, dix individus proches du mouvement anarchiste ont été arrêtés. Huit d’entre eux ont écopé de 10 à 20 jours de prison pour s’être soit-disant opposés à la police et avoir commis des actes de vandalisme, sur la base de faits fabriqués de toutes pièces. Deux d’entre eux avaient déjà été arrêtés en décembre dernier, avaient passé entre 5 et 10 jours derrière les barreaux, et s’étaient ensuite fait renvoyer de leur travail. Ils ont été cette fois arrêtés quelques jours seulement après avoir retrouvé une activité professionnelle. Les militant-e-s pensent que cette vague de répression est liée aux actions de solidarité faisant suite aux violences policière ayant eu lieu au cours d’une concert punk, le soir du jour de l’an. La police avait fait irruption pendant la soirée, avait pris les noms de tous les participant-e-s et les avait filmés. Deux personnes avait été arrêtées pour avoir distribué de la propagande « extrémiste ». Tous les individus dont les noms avaient été relevés ont ensuite commencé à recevoir des visites de la police, munie de requêtes officielles les sommant de mettre un terme à leurs activités « radicales ». Des menaces répétées ont également été proférées sur les réseaux sociaux, et émanant d’individus de toute évidence liés à la police.

En novembre 2014, l’administration pénitentiaire a lancé une procédure pénale contre Mikalai Dziadok, qui purge une peine de quatre ans et demi à la suite de la vague de répression de 2010. Il est cette fois accusé de graves infractions au règlement pénitentiaire. Au cours des quatre années qu’il a passé en prison, Mikalai a été placé à maintes reprises en isolement, les autorités ayant la volonté de briser sa volonté et lui mettre la pression. Et alors qu’il devait être libéré en mars de cette année, il doit à présent faire face à des accusations qui pourraient prolonger son incarcération d’une année. Sa famille et ses ami-e-s n’ont aucun doute quant au verdict qui sera prononcé par la cour, dans la mesure où la même stratégie a déjà été employée contre l’un des militants d’opposition conservateur. De cette façon, le gouvernement pourra garder Mikalai derrière les barreaux pendant les élections à venir.

L’anarchiste Ihar Alinevich, qui purge une peine de huit ans à la suite d’une action de solidarité avec les antifascistes russes, a été placé en cellule d’isolement pour la cinquième fois en quatre mois.

Au cours de la campagne présidentielle de 2010, des dizaines d’anarchistes, et plus tard de militant-e-s d’opposition, avaient été placés en détention et arrêtés. Plus de 50 personnes — dont cinq anarchistes — s’étaient retrouvées en prison sous le coup de chefs d’inculpations politiques. Trois d’entre eux sont toujours emprisonnés. Il ne fait aucun doute que le gouvernement se tient prêt et va essayer par tous les moyens possible de museler toute forme de dissidence. La plupart d’entre nous nous attendons aujourd’hui à un niveau de répression encore plus élevé.

C’est la raison pour laquelle nous appelons toutes les personnes lisant ce communiqué à descendre dans la rue entre le 25 février et le 1er mars, et à mener des actions de solidarité avec les anarchistes et les militant-e-s politiques biélorusses, dans le cadre de leurs combats pour un monde juste et contre la dictature. Libre à vous de décider de la forme que prendront ces actions. Nous vous signalons néanmoins que deux actions menées à Minsk, et où des gens ont montrés leurs derrières, ont suscité un vif intérêt au sein de la société, et un grand émoi chez les policiers. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est temps de montrer vos culs aux autorités, et reprendre le contrôle de vos vies.

Pour une société libre, contre la dictature et l’oppression,

L’Anarchist Black Cross de Biélorussie.

[Belgique] La lutte contre la construction d’une maxi-prison continue

Voici quelques nouvelles de la lutte contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles : un article apparu dans « Ricochets » le bulletin de la lutte suivi par quelques brèves récentes.

L’Etat belge veut construire une nouvelle prison à Haren, au nord de Bruxelles. Elle est supposée devenir la plus grande prison de la Belgique, une maxi-prison, un véritable village pénitentiaire qui regrouperait cinq prisons différentes sur un seul terrain. Comme les autres nouvelles prisons construites ces deux dernières années, celle de Bruxelles serait aussi réalisée par ce qu’on appelle un « partenariat public-privé ». Cela veut dire que la construction et la gestion de la prison sont entièrement dans les mains d’entreprises privées, et que l’Etat la loue de ces entreprises pendant 25 ans, après quoi elle devient finalement propriété de l’Etat. Il ne faut alors pas chercher bien loin pour comprendre les intérêts économiques gigantesques que ce projet représente.
Cette maxi-prison sera aussi la première prison belge où il sera possible d’enfermer en même temps autant de personnes (le complexe comptera 1200 cellules), tant des hommes que des femmes et des enfants. Un tribunal installé à l’intérieur de cette prison devrait en plus permettre de limiter les déplacements de détenus à un strict minimum.

La construction de cette atrocité est la cerise sur le gâteau du « master plan » conçu par un des gouvernements antérieurs et qui prévoit la construction d’environ neuf nouvelles prisons, partout dans le pays. Ce plan est vendu à la population comme la réponse ultime à la surpopulation, et à la putréfaction avancée de certaines prisons, comme un grand pas vers un enfermement plus humain, avec plus d’attention à la réintégration des détenus. Unne telle manœuvre devenait pour le pouvoir presque inévitable, vu que le monde carcéral est depuis des années tourmenté par des évasions, des prises d’otage de matons, des refus de remonter aux cellules, des vastes et des petites mutineries. En plus, les conditions de détention ont amené plusieurs instances internationales à taper l’Etat belge sur les doigts. Ils veulent donc en finir avec le désordre, la révolte et l’attention internationale. Mais tout ce discours d’humanisation, sorti du chapeau en temps de soi-disant crise pour faire en sorte que la population accepte cet énorme afflux d’argent vers l’enfermement, est évidemment une connerie absolue. Ce n’est qu’un emballage contemporain pour quelque chose de fort ancien ; le pouvoir qui affûte toujours plus ses armes répressives, pour se mettre à l’abri, pour défendre son système, pour préserver sa direction vers toujours plus de contrôle et d’oppression.

Actuellement, on injecte de différentes façons de l’argent dans la Justice en Belgique. Il n’y a pas seulement les milliers de nouvelles cellules, il y a aussi l’extension du système de bracelet électronique, l’assignation à résidence surveillée, les peines de travail, les amendes, etc. Pour l’Etat, il ne s’agit pas d’humaniser ses sanctions, mais bien de les étendre vers tous ceux qui aujourd’hui trouvent encore des systèmes de débrouille et arrivent à rester en dehors du giron de la justice. En augmentant fortement la capacité des prisons et en élargissant les possibilités de peines alternatives, il veut se donner tous les moyens possibles pour avoir plus de prise sur la société, pour pouvoir punir encore plus de gens, et les enfermer dans une prison, dans leur logement, dans un boulot ou à des dettes financières. Continue reading [Belgique] La lutte contre la construction d’une maxi-prison continue

Italie, No TAV : Condamnations et lacrymogènes sur l’autoroute

27 juin 2011 : l’expulsion de la Libre République de la Maddalena

La première session du dit « méga-procès No TAV » vient de s’achever, dans lequel 53 compagnons sont mis en cause pour la résistance contre l’expulsion de la Libre République de la Maddalena le 27 juin 2011 et pour l’assaut du chantier de Chiomonte le 3 juillet qui s’en est suivi. Les accusations de lésions et de violences aggravées, de résistance à personne dépositaire de l’autorité publique, de dégradations et de dissimulation de visage sont devenues des condamnations, qui varient entre quelques mois et quatre ans et demi de prison, pour 47 personnes [pour un total de 145 ans, NdCI]. Des condamnations lourdes, mais inférieures aux réquisitions des procureurs Pedrotta et Quaglino – qui, le 7 octobre dernier, avaient demandé 200 ans de prison au total – excepté pour quelques compagnons contre lesquels les juges ont décidé de serrer un peu plus la vis de ce qu’avait proposé l’accusation. D’autre part, six acquittements ont été prononcés.

A la sortie de la salle, les No TAV présents au procès ont envahi la route et ont bloqué le corso Regina Margherita pendant une vingtaine de minutes dans les deux directions, à la hauteur de la salle bunker, pour protester contre la sentence émise par les juges.

Un autre rendez-vous a été donné le même après-midi à la gare de Bussoleno à 18 heures. Celui-ci s’est transformé en cortège de 250 personnes environ, qui a tout d’abord bloqué la route nationale, puis tenté d’envahir l’autoroute. La police a réussi à se mettre à temps en travers du chemin pour empêcher cette première tentative, mais elle a vite été contournée par un gros groupe de manifestants qui, éparpillés dans les prés, se sont emparés de l’un des deux côtés de l’autoroute. L’occupation de l’autoroute a duré environ une demi-heure jusqu’à ce qu’arrivent de nouvelles troupes de police qui l’ont attaquée à coups de lacrymogènes et de quelques charges. 5 personnes ont été arrêtées au cours de ces évènements, dont deux ont été relâchés peu après. L’autoroute a été réouverte, bien protégée par les uniformes, tandis que la nationale était encore bloquée. Autour de 23h30, les trois No TAV arrêtés lors des charges sur l’autoroute ont fini par être libérés avec une convocation devant le tribunal.

Repris et (un tout petit peu) adapté de Macerie

Note : Une grande manifestation est appellée le 21 février à Turin pour démontrer que tout continue et que ces 145 années de prison qui ont été distribuées n’entament en rien la détermination de la lutte.
Ora e sempre No TAV !

Ilion, Athènes : Attaque incendiaire fasciste contre le squat Agros

La nuit du mercredi 7 janvier 2015, la zone occupée autogérée Agros, dans le Parc Tritsis, a subi une attaque incendiaire fasciste. Immédiatement après l’attaque, des compagnon-ne-s ont rejoint le squat en solidarité. Les dégâts matériels sont limités.

Le squat Agros fonctionne depuis cinq ans et intervient dans les zones d’Ilion, d’Aghioi et de Kamatero d’une façon autoorganisée, anti-hiérarchique et anti-commerciale, loin de toute sorte de pouvoirs et de médiateurs. Ce sont ces caractéristiques qui ont poussé ces bâtards de fascistes à confirmer l’inconfort que provoque chez eux ces projets qui mettent en pratique la désobéissance contre le monde du Pouvoir.

Nous continuons sans en être ébranlé-e-s …

Depuis Eleftherosagros.

Note : Agros, un bout de terrain et un espace occupé dans le commercial Parc ‘Antonis Tritsis’, dans la zone d’Ilion à Athènes, a vu le jour en mai 2009. Le projet comprend une culture collective des terres, des assemblées hebdomadaires et des cuisines collectives, entre autres choses. Il a déjà subi des attaques fascistes dans le passé.

Barcelone : Manif en solidarité avec les anarchistes détenu-e-s de l’Opération Pandora

anarkia-1024x595

cajero-destrozado-1024x601

cristalera-reventada-1024x584

presxs-libertad-1024x581
Liberté pour les prisonnier-e-s

santander-atacada-1024x560

tienda-vandalizada-1024x591
Nous n’avons pas peur (A)

Le samedi 27 décembre, la manifestation appelée à 17 heures en solidarité avec les anarchistes détenu-e-s dans le cadre de l’Opération Pandora, sous les ordres du juge-tortionnaire Javier Gómez Bermúdez, a parcouru les rues du centre de Barcelone.

La manifestation a commencé dans de larges rues avec des cris de solidarité avec les arrêté-e-s, contre la police, contre les prisons et contre l’État, et a terminé dans le quartier de Gràcia. Au moment d’entrer dans le quartier, des compagon-ne-s masqué-e-s ont attaqué sans complexe un grand nombre de succursales bancaires, l’hôtel 5 étoiles Casa Fuster (qui fut le consulat de l’Allemagne nazie à Barcelone en 1936, avant de devenir le siège du comité pour la défense de la révolution au printemps 1937 et d’être repris par la Phalange en 1939, puis de devenir un hôtel de luxe pendant la Transition, après quelques tentatives des mouvements associatifs de quartier de le transformer en structure sociale) et quelques locaux commerciaux de multinationales.

Malgré les diverses menaces de charge proférées par la police contre les manifestant-e-s, un bon nombre de compagnon-ne-s ont tenu bon ensemble pour pouvoir continuer à attaquer les représentants du Capital dans la ville et pouvoir disperser la manifestation après avoir abandonné le matériel d’attaque, pour ensuite s’éloigner de la zone en groupes.
Aucune arrestation n’a été signalée.

LIBERTÉ IMMÉDIATE POUR NOS COMPAGNON-NE-S !!
FEU A CETTE PAIX SOCIALE CONSTRUITE SUR NOS FRERES ET SOEURS EN PRISON !!
MORT A L’ÉTAT ET VIVE L’ANARCHIE !!

Italie / Espagne : Réflexions sur la répression

Le tortionnaire est un fonctionnaire.
Le dictateur est un fonctionnaire.
Bureaucrates armés, qui perdent leur emploi s’ils n’accomplissent pas leur tâche avec efficacité.
Ce ne sont pas des monstres extraordinaires.
Nous ne leur ferons pas cadeau d’une telle grandeur.

Eduardo Galeano

La matinée du 9 décembre, un nouveau mandat de capture a été remis à Francesco, Graziano et Lucio, déjà accusés du sabotage de la nuit du 13 au 14 mai 2013 et en prison depuis le 11 juillet 2014, dans lequel on trouve l’accusation d’attentat à la vie humaine (art. 280), fabrication d’armes de guerre (art. 280 bis) et l’aggravant de finalité terroriste (art. 280), c’est-à-dire les mêmes accusations que celles qui étaient portées contre Claudio, Chiara, Mattia et Niccolò. Pour l’occason, ils ont subi une fouille de leurs cellules et la confiscation de matériel et de courrier. Quelques-uns d’entre eux ont vu leurs parloirs immédiatement bloqués et Lucio a été placé à l’isolement. Après la sentence contre les quatre, pour qui l’accusation de terrorisme est tombée, car le fait n’est pas retenu. Mais le terrorisme reste utilisé contre Francesco, Graziano et Lucio. Lucio reste en isolement dans la prison de Busto Arsizio, et son transfert aura lieu d’ici peu, tandis que Francesco et Graziano ont été transféré à Ferrara dans le module de Haute Sécurité AS2,* où il leur est interdit de se voir entre eux ou de voir les autres compagnons de la section, donc en isolement. Plus tard, ils ont ré-obtenu la promenade en commun.

Au même moment, en Espagne, quelques jours après l’approbation de la loi Mordaza, une opération répressive du nom de Pandore commence contre le « terrorisme anarchiste ». Des 11 personnes arrêtées, 7 sont encore actuellement détenues.

L’appareil judiciaire est un théâtre de papier, mais protégé d’une forte cuirasse qui change de forme selon ses intérêts. Ses lois, ses matraques et ses condamnations nous touchent à différents niveaux et de différentes façons.

L’une des multiples finalités de la répression est de rompre et de dépersonnaliser l’identité individuelle et collective. L’identité nous aide à soutenir les idées, la sécurité émotionnelle et donc notre capacité d’action et de réaction, nous donnant conscience des diverses situations et de notre rôle au sein de celles-ci.
C’est justement pour cela qu’il est nécessaire de partager les réactions personnelles et de les élaborer collectivement dans les groupes d’affinité, pour les transformer en force collective. Nous avons toutes et tous besoin d’affection, de lumière, d’ombres, de chaleur, de soupapes de décompression, de soin et de conflit.

Lorsqu’une personne est arrêtée, la frustration et l’impuissance qui nous envahissent ne sont pas faciles à gérer, elles nous rendent désorganisés, passifs, distants de celles et ceux qui sont dedans. Et il est d’une importance fondamentale de transformer ces sentiments en un dialogue actif avec ceux de l’intérieur. Cette guerre permanente nous fait mal, c’est un doigt dans la plaie, mais nous devons nous en servir pour créer des ponts entre celles et ceux qui sont dans la petite cage oppressante de la prison et celles et ceux qui sont dans la grande cage apparemment confortable qu’est la société. Que la rage soit le carburant de nos actions, mais que l’occasion de réfléchir le soit également en créant des espaces d’intimité, de confiance, de convivialité, pour brûler les peurs qui nous réfrènent.

Partager analyses et sentiments avec d’autres, qui ont déjà vécu des situations de répression, aide à construire et à renforcer la lutte, la solidarité, nous-mêmes.
Accepter le langage du pouvoir, sa violence physique et psychique, dans le personnel comme dans le social, altère nos valeurs et risque de les faire disparaître et de nous englober dans le système.

Il est dès lors important de partir des expériences traumatisantes qui dérivent de la répression pour élaborer des moyens de les affronter, en renforçant par exemple des processus d’appui mutuel, en reconstruisant le réseau des groupes sociaux, la mémoire, en donnant priorité au sens communautaire. Tout cela est un parcours qui n’est pas facile, mais qui n’est pas impossible.

Il est nécessaire d’affronter la répression et les effets qu’elle a sur nos vies, de manière collective, pour créer de la conscience et des outils qui puissent nous donner de la force.

Quelques compagnonnes

* Note de Contra Info : Lucio a lui aussi été transféré depuis peu à Ferrara.

Bologne, Italie : Perquisitions suite à un sabotage de voie ferrée

Ci-dessous, le communiqué des anarchistes après la perquisition :

Mardi 23 décembre, autour de 11 heures du matin, la DIGOS de Bologne a fait irruption dans les maisons de quatre compagnons et compagnonnes à la recherche d’armes et d’explosifs (art. 41), suite à l’incendie des câbles sur la ligne de la grande vitesse Bologne-Milan quelques heures plus tôt aux portes de Bologne.
Les perquisitions se sont déroulées assez rapidement et n’ont mené à aucun résultat. Il s’agit évidemment d’une sorte de rite à accomplir suite aux piaillements de Lupi, qui a tout de suite parlé de terrorisme. Faire voir que la police est là et que la police agit.

Tout notre dégoût envers ceux qui continuent de mettre le nez dans nos maisons.
Toute notre solidarité pour Chiara, Claudio, Mattia et Nicco, finalement hors de prison, bien qu’encore en assignation à résidence, et à Graziano, Francesco et Lucio, encore en prison pour le sabotage du chantier du TAV le 13 mai 2013.
Liberté pour tous !

Les anarchistes perquisitionné-e-s

San Francisco, USA : Solidarité avec les prisonnier-e-s de Pandora

Solidarité avec le 7 anarchistes prisonniers en Espagne
Solidarité avec les 7 anarchistes prisonniers en Espagne

Le 22 décembre 2014, un groupe d’anarchistes est passé par le consulat espagnol à San Francisco. Après avoir jeté des tracts à l’intérieur du consulat, retiré le drapeau espagnol et crié des slogans, le groupe est reparti sans incident.

Le 15 décembre 2014, l’État espagnol a fait passer la loi « mordaza », une loi qui transforme en crime le fait d’insulter un flic, de le filmer, ou de se rassembler en grands groupes. Le 16 décembre, l’État espagnol a pris d’assaut plusieurs maisons et appartements à Barcelone. Après avoir saisi matériel électronique, documentation et vêtements, l’État a enfermé 7 anarchistes sur des charges floues de terrorisme. Ces anarchistes doivent devenir l’exemple de ce qu’il se passe lorsque l’on relève la tête contre le fascisme.

Si l’État espagnol souhaite emprisonner et criminaliser les anarchistes, nous sommes plus que volontaires pour riposter.
Plus jamais de dictature ! Liberté pour les prisonnier-e-s ! A bas l’État !

Vive l’anarchie !

Etat espagnol : A propos de l’opération Pandora

“Ils ont voulu nous enterrer, mais ils ont oublié que nous sommes des graines” / LIBERTE PRISONNIER-E-S ANARCHISTES / Solidarité avec les compagnon-ne-s arrêté-e-s lors de l'”Opération Pandora”

Le mardi 16 décembre, la police catalane réveillait plusieurs compagnon-ne-s à l’aube dans différentes villes de l’État espagnol, et mettait sans dessus dessous les maisons où ils et elles habitaient. Sous les ordres du juge Javier Gómez Bermúdez, président du Tribunal Pénal de l’Audiencia Nacional, placé là par la majorité conservatrice du Pouvoir Judiciaire, se déclenche l’opération Pandora (nom tiré du mythe misogyne qui veut que Pandore est manipulée par les dieux pour apporter tous les maux à l’humanité).

Pendant les premières heures de la matinée, plusieurs domiciles sont perquisitionnés à Barcelone, Manresa, Sabadell et Madrid. Des perquisitions ont également lieu à l’Athénée Anarchiste de Poble Sec et à l’Athénée Libertaire de Sant Andreu, ainsi que dans la maison occupée Kasa de la Muntanya, qui a fêté il y a peu ses 25 ans d’occupation et qui a organisé une conférence de presse l’année dernière pour dénoncer l’installation de caméras cachées vouées à la surveillance policière. Ils ont emporté des livres, des téléphones, des ordinateurs et ont arrêté 11 personnes.

En apprenant la nouvelle, quelques compagnon-ne-s partent faire des blocages de routes dans les alentours, qui seront dispersés par la police, et une manifestation est appelée pour l’après-midi, à laquelle participeront environ 3000 personnes. Celle-ci passe dans le quartier de Gracià avec une attitude combative, des banques et du mobilier urbain seront détruits et la police finira par charger sans faire d’arrestations. En même temps, dans plusieurs villes catalanes et dans le reste de l’État espagnol, de nombreux rassemblements et manifestations ont lieu et conduisent à l’arrestation de 3 personnes à Madrid au cours de charges policières.

Le mardi, les compagnon-ne-s enfermé-e-s dans les commissariats catalans sous la loi antiterroriste refusent de déclarer. Ils récusent les accusations que l’on porte contre eux. Le mercredi, on les transfère à Madrid, où le juge les fera déclarer le jeudi et enverra sept d’entre elles et eux en prison (transféré-e-s à la prison de Soto del Real), et libérera les quatre autres. Le juge maintient le secret de l’instruction (on ignore donc les affirmations policières qui servent de base aux accusations), mais l’on commence à prendre connaissance de certaines données à travers la presse et un avocat des détenu-e-s. Les accusations tournent autour de la constitution, promotion, direction et appartenance à une organisation terroriste, possession et dépôt d’explosifs et dégradations et destruction à finalité terroriste. Toutes ces charges supposent de très lourdes peines et cependant, se riant du fonctionnement de leur justice bourgeoise, on ignore les supposées actions qui auraient été réalisées. La presse écrit qu’il s’agit d’une enquête de la police catalane qui durerait depuis deux ans, en relation avec un supposé groupe du nom de GAC (Grupos Anarquistas Coordinados, Groupes Anarchistes Coordonnés), le même qui avait déjà été imputé à Mónica Caballedo et Francisco Solar, toujours en prison en attente de procès depuis des mois. On voit ressortir dans les indices pour leurs montages la possession du livre ‘Contre la démocratie‘, et d’autres justifications de leurs délires comme le fait d’avoir des structures bureaucratiques et organisationnelles internes, la réalisation de publications ou le fait d’avoir des formes de communication à haut niveau de sécurité (au travers des serveurs Riseup). Pour nous, il ne s’agit encore une fois que d’un montage étatique qui se nourrit de données qui en elles-même ne mènent à rien, mais qui avec l’aide des flics, des procureurs, des journalistes et des juges se transforment en affaire qui sert, depuis leur optique myope, en tant que façon de freiner l’action politique anticapitaliste et anti-étatique, et de dévier l’attention des expulsions locatives, des coupes budgétaires dans les services publics et des cas de corruption politique et entrepreneuriales qui remplissent chaque jour les bulletins d’information du pays.

Parce que ces compagnon-ne-s sont détenu-e-s pour leur action anarchiste, parce que ces compagnon-ne-s ont mis leurs idées en pratique, parce que ces compagnon-ne-s sont nos compagnon-ne-s.

LIBERTE IMMEDIATE POUR LES ANARCHISTES !!
MAINTENANT PLUS QUE JAMAIS, MORT A L’ÉTAT ET VIVE L’ANARCHIE !!
QUE LA SOLIDARITE AILLE AU-DELA DES MOTS !!

Prisons espagnoles : Quelques mots de Mónica Caballero du Centre Pénitentiaire de Brieva

Si je pouvais choisir une autre vie, je n’en changerais pour rien au monde.

Je me rappelle parfaitement le sentiment qui m’enivrait lorsque j’ai commencé à remettre en question l’autorité, je me rappelle les nombreuses contradictions et interrogations. En partant à la découverte d’idées, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui faisaient des idées des pratiques concrètes dans leurs bibliothèques, publications, athénées, etc …, ainsi que dans leur vie quotidienne… vivre les idées ici et maintenant. Il n’a pas fallu longtemps pour que je veuille en faire de même.

Je me rappelle l’angoisse que j’ai ressentie en apprenant que des compagnon-nes étaient emprisonné-es pour mettre en pratique les idées de liberté ; frères et sœurs d’idées aux quatre coins du monde dans la gueule de la bête panoptique. Ce sentiment d’angoisse n’a jamais changé, mais il s’ accompagne du geste solidaire.

Nous sommes beaucoup d’anarchistes à nous trouver de l’autre côté du grand mur et la liste s’est encore allongée ce mardi 16 décembre.

Les tentacules du Pouvoir sont tombées sur des espaces anarchistes, des athénées libertaires, des squats et les domiciles de plusieurs acrates de Catalogne et de  Madrid. La chasse a mené à la capture de onze compagnon-nes, dont sept sont resté-es en prison, accusé-es d’appartenance à une bande armée à caractère terroriste. Ce n’est pas du tout un hasard si les personnes arrêtées font partie de mes proches, d’ailleurs plus de la moitié d’entre elles me rendent fréquemment visite en prison. Le maillet juridico-policier a puni la solidarité.

Je ne peux me taire face à tant de misère, la vengeance répressive étatique frise le délire. Les médias (porte-voix des dominants) parlent de chefs et de subordonnés, j’insiste pour eux et quiconque  aurait quelque doute sur le fait que nous sommes anti-autoritaires ! Personne n’est au-dessus de moi et je ne suis au-dessus de personne !

Les espaces attaqués en Catalogne n’ont pas non plus été choisi arbitrairement, d’une part la Kasa de la Muntanya est un symbole important de l’occupation et ses 25 ans loin de la logique capitaliste ont apporté à de très nombreuses  générations de dissidents vis-à-vis de ce système de terreur. Les athénées libertaires et espaces anarchistes frappés n’ont jamais caché leurs idéaux, offrant un terrain fertile où semer des graines de liberté.

Le prix à payer dans cette lutte pour reprendre nos vies en main est très haut, personne n’a dit que ce serait facile, mais sans aucun doute si je pouvais choisir une autre vie, je n’en changerais pour rien au monde. Dans cette bataille contre la domination, aucune cage, aucun mur ne pourront étouffer nos voix, mais sans vous, compagnon-nes, elles ne se transformeraient qu’en échos.

Si à un moment, très chèr-es compagnon-nes incarcéré-es récemment, vous pouvez lire ces mots, je vous dis que j’ai la certitude que vous resterez intègres et à la hauteur des circonstances comme vous l’avez toujours fait.

Je me rappelle toutes les fois où j’ai lu ou entendu que la solidarité est une arme nécessaire pour les anarchistes. J’espère aujourd’hui que ces souvenirs  se feront réalité … transformer nos idées en action.

Centre Pénitentiaire de Brieva, décembre 2014.

Mónica Caballero
Ávila – Prisión Provincial
Ctra. De Vicolozano
Apdo. 206
5194 Brieva (Ávila) – España

La boîte de Pandore et le fourre-tout de l’antiterrorisme espagnol.

Manifestation de solidarité à Madrid le 16 décembre : “Ni innocents, ni coupables / Solidarité avec les anarchistes arrêté-e-s à Barcelone et à Madrid / Ni murs, ni grilles”
Le même jour à Barcelone : “Liberté pour les prisonnier-e-s anarchistes / S’il en touche un-e, ils nous touchent tou-te-s”

La matinée du mardi 16 décembre nous a surpris par une vague de perquisitions et d’arrestations. Elle nous a surpris ? Nous ne mentirons pas. Reprenons depuis le début. Le matin du 16 décembre ne NOUS A PAS surpris. La police autonome catalane, les Mossos d’Esquadra, la Guardia Civil et les agents judiciaires de l’Audienca Nacional* sont partis à l’assaut de plus de 10 domiciles et de quelques locaux anarchistes à Barcelone, Sabadell, Manresa et Madrid, avec leur lot de perquisitions, d’arrestations, de confiscation de matériel de propagande et informatique, en plus de profiter de l’occasion pour tout retourner et piller quelques choses aussi, en utilisant tout le corps anti-émeute de la Brigade Mobile des Mossos d’Esquadra, dans la vieille Kasa de la Muntanya, un espace occupé qui vient de fêter ses 25 ans.

Selon la presse, qui a comme toujours démontré son rôle de porte-voix policier, l’objectif de ces arrestations est de désarticuler « une organisation criminelle a finalité terroriste et de caractère anarchiste violent ». Bien qu’il soit facile de répéter une fois de plus une phrase tout faite, nous allons le faire : la seule organisation criminelle qui cherche à terroriser les gens de par son caractère violent est l’État et ses tentacules : la presse, l’appareil juridique, ses corps répressifs et ses politiciens, d’où qu’ils proviennent.

Pourquoi cette répression ne nous surprend-t-elle pas ? Parce que nous l’attendions.

Il se s’agit pas de jouer à être des oracles, rien de tout cela, seulement de savoir lire entre les lignes et, parfois de façon littérale, les évènements. Comme cela s’est déjà déroulé avec la détention d’autres compagnon-ne-s l’année passée, il y a longtemps que s’orchestrent des vagues comme celle de mardi contre les milieux libertaires et anti-autoritaires. Et si les différentes rafles n’ont jamais été aussi grandes, elles mettaient en évidence un horizon semé de situations de ce genre.

Opération « à l’italienne ».

Depuis deux décennies, le milieu anarchiste de la région voisine qu’est l’Italie vit tous les quelques temps, et de façon toujours plus régulière ces dernières années, des macro-opérations similaires à celle de mardi. Pas seulement du fait de leur aspect de rafles simultanées et de perquisitions dans différentes maisons, mais aussi à cause de l’utilisation de noms faciles à retenir et un certain humour noir, comme dans le cas de la présente opération, surnommée Pandora car dans ce cas, selon ce que la presse a répété de ses sources judiciaires, « c’était une boîte qui, du fait des nombreuses frayeurs que nous avions, il était impossible d’ouvrir ». Par « nombreuses frayeurs », ils se réfèrent à différentes actions ayant eu lieu ces dernières années sur tout le territoire de l’État espagnol. Pour revenir aux opérations italiennes, il suffit de rappeler les noms de quelques-unes de celles de ces dernières années, comme l’Opération Thor, dont le nom renvoyait à l’accusation d’une série d’attaques au marteau contre des distributeurs automatiques et autres bureaux ; l’Opération Ixodidae, qui se réfère au nom technique de la famille des tiques, la façon qu’avaient les fascistes de nommer les communistes et les anarchistes ; ou d’autres comme Ardire, Cervantes, Nottetempo, etc.

En plus de la procédure et de la nomenclature, un facteur qui nous rappelle lui aussi beaucoup le pays voisin est le rôle de la presse, laquelle nous a aussi aidé-e-s à voir ce qui était sur le point d’arriver. Depuis environ 3 ans, voire un peu plus, la presse espagnole a commencé une campagne pour préparer le terrain de manière à ce que des opérations comme celles-ci ne soient pas seulement possibles, mais aussi prévisibles. En pointant du doigt des milieux, et même parfois des espaces précis ou des personnes avec leurs nom et prénom, des collectifs, etc, elle travaille à construire une image caricaturale et un rien bizarre d’un ennemi intérieur qui, bien que cela soit habituel depuis des décennies, a pris ces dernières années les caractéristiques très spécifiques de « l’anarchiste violent », de « l’insurrectionnaliste », de « l’anti-système qui s’infiltre dans les mouvements sociaux », etc.

Le fiasco chilien

L’année 2010 a été une année glorieuse pour l’État chilien. Sebastián Piñera, de droite, entrepreneur et quatrième fortune du pays, en plus d’être élu président, s’est orchestré une opération policiaire, médiatique et judiciaire contre le milieu anti-autoritaire avec plus d’une dizaine de perquisitions et d’arrestations, connue en tant qu’Opération Salamandre, plus connue comme « Caso bombas » puisqu’elle prenait comme point de départ l’enquête sur une série d’attentats à l’explosif survenus les années précédentes, et la création à travers l’imaginaire policier d’une macro-structure hiérarchique d’un supposé réseau chargé de toutes ces détonations : un cirque qui non seulement a affaibli l’image de l’État, en plus de le tourner en ridicule, mais qui a surtout mis en évidence la grossièreté des procédures d’investigation, qui incluent falsification de preuves, chantage et pression pour obtenir des informations ou des « repentis », hasard, etc. La procès a abouti a la relaxe de toutes les personnes mises en cause, et à une soif de vengeance de la part de l’État chilien contre le milieu et les personnes mêlées à l’enquête.

Un an après la finalisation de cette farce qu’était le « Caso bombas », et à travers une autre opération, de ce côté de l’océan cette fois, les ministères, les juges et les policiers espagnols et chiliens ont travaillé de concert sur un nouveau cas. Mónica Caballero et Francisco Solar, tous deux auparavant poursuivi-e-s dans le « Caso bombas », sont arrêté-e-s à Barcelone, où ils vivaient alors, avec trois autres personnes qui ont plus tard été écartées de l’affaire, sous l’accusation d’avoir posé un engin explosif dans la Basilique du Pilar à Saragosse, la conspiration en vue de réaliser un acte similaire et l’appartenance à une supposée organisation terroriste. Ces compagnon-ne-s sont actuellement en prison préventive, en attente d’un procès dont on ignore la date, et nous ne savons pas non plus en quoi leur procès sera altéré par cette nouvelle vague répressive.

La situation est plus ou moins connue de tous et toutes, et si nous sommes bien sûr-e-s d’une chose, c’est que les récentes arrestations servent à donner corps à une affaire qui ne tient pas debout toute seule.

Un hasard ?

Quelques heures avant les arrestations de mardi, le gouvernement espagnol faisait écho dans ses médias du fait que « les ministères de l’Intérieur d’Espagne et du Chili ouvrent une nouvelle phase de collaboration renforcée dans la lutte contre le terrorisme anarchiste ». Le lundi 15 décembre dernier, le ministre de l’Intérieur espagnol, Jorge Fernández Díaz, a rencontré au Chili le vice-président et ministre de l’Intérieur chilien Rodrigo Peñailillo, dans le Palais de La Moneda, siège du gouvernement à Santiago du Chili. « Dans la lutte contre le terrorisme, le Chili trouvera en l’Espagne une solide alliée », se gargarisait l’Espagnol, tandis qu’il recevait la Grande Croix de l’Ordre du Mérite chilien, « la plus grande décoration de mérite civil du pays », selon la presse, un trophée que l’État chilien octroie en ce cas pour le labeur policier et comme prix pour l’arrestation des compagnon-ne-s Mónica et Francisco l’an passé.

En plus de ces prix et de ces éloges, Fernández le commerçant a vendu un peu de sa marchandise : perfectionnement policier, judiciaire, matériel répressif varié, etc.

Et ce qui reste à venir…

Quel sera le prochain épisode répressif ? Nous l’ignorons. Jusqu’à présent, on ne sait presque rien de comment vont nos compagnons et compagnonnes, de quoi on les accuse exactement, à quelles mesures répressives ils et elles seront soumis-es, si la prison préventive les attend, etc.

Ce qui est sûr, c’est que cette opération n’est pas un fait isolé, mais plutôt qu’elle est un maillon de plus d’une chaîne. Une chaîne répressive parfois brutale et parfois subtile, dans laquelle peuvent rentrer les nouvelles lois (il n’y a qu’à penser à la récente Ley Mordaza**), l’assaut mené contre les sans-papiers par des rafles racistes toujours plus énormes, la brutalité policière, ou encore l’aspiration à gérer la misère et à administrer la répression (qui est ce que fait l’État, après tout) par une partie de la pseudo-gauche (avec Podemos*** en tête) qui se réduit de façon toujours plus évidente à une parodie d’elle-même. Expulsions locatives, matraques, fascistes, durcissements légaux et punitifs en tout genre, jeux de miroirs nationalistes et sociaux-démocrates sont ce que nous dépeint le présent. Il n’y a rien de pire à attendre : le pire n’est jamais parti.
L’éventail des possibilités de l’antiterrorisme espagnol est un fourre-tout. Il est là, bien en vue, pour nous rappeler que pour l’État, lutter signifie terrorisme. Il fonctionne comme un épouvantail. Allons-nous nous laisser effrayer ?

L’État et ses agents disent avoir ouvert la boîte de Pandore. Dans la mythologie grecque, Pandore est l’équivalent de la Ève biblique. Avec la misogynie caractéristique des deux mythologies, Pandore ouvre sa boîte comme Ève mange sa pomme, et libère tous les maux qui s’y trouvaient.

Nous sommes capables de créer notre propre narration et de nous foutre leur mythologie merdique là où ça nous chante. Notre histoire est différente. La « boîte » que cette opération répressive a ouverte nous exhorte à agir, à ne pas baisser la garde, à rester attentif-ves à leurs prochains mouvements. Elle nous fait penser et repenser quel est le monde que nous voulons et quelle est la distance entre ce monde et le leur. Elle nous porte à voir l’urgence d’agir, d’aller de l’avant.

Les compagnonnes et compagnons arrêté-e-s font partie de différents projets, espaces, collectifs, etc., et il est très important que ceux-ci ne retombent pas, que la ruine (dans tous les sens du terme) à laquelle ces situations mènent généralement ne génère pas d’impuissance et de sentiment de paralysie.
Nous disons toujours que « la meilleure solidarité, c’est de continuer la lutte ». D’accord, mais, qu’est-ce que ça veut dire dans la pratique ? On rebat aussi que « s’il touche à une personne, ils nous touchent tou-te-s ». Cela s’est laissé démontrer par les réponses et les manifestations qui ont eu lieu dans différents endroits, ainsi que par la chaleur inconditionnelle des compagnon-ne-s resté-e-s dehors.

Nous pouvons être sûr-e-s d’une chose, et c’est que les compagnonnes et compagnons détenu-e-s peuvent sentir cette chaleur qui passe outre les barreaux et l’isolement, parce que c’est cette même chaleur qu’ils et elles ont su donner lors d’autres occasions.

Barcelone, 18 décembre 2014

Notes de Contra Info :
* L’Audiencia Nacional est un tribunal suprême spécial chargé, entre autres de toutes les enquêtes antiterroristes en Espagne.
** La Loi Mordaza est la nouvelle loi sur la sécurité publique en Espagne, qui limite les ‘droits fondamentaux’, établit des quotas d’immigration, criminalise les occupations d’immeubles et dans la rue, etc. De nombreux rassemblements sont prévus ces jours-ci contre la mise en place de cette loi.
*** Podemos (Nous pouvons) est une organisation de gauche issue de la rencontre des politiquards des cendres du mouvement du 15M et de la gauche trotskyste, qui se présente aux élections et prétend représenter l’alternative aux politiques libérales.

Athènes : Le grand bal de la place d’Omonoia

LCL

Une chronique qui nous a été envoyée le 12 décembre 2014

Le 6 décembre, comme chaque année, a eu lieu la commémoration d’Alexis Grigoropoulos. Un acte en sa mémoire qui a conduit à 221 arrestations et une police très satisfaite d’avoir « protégé la sécurité citoyenne ».

Sur la place d’Omonoia, la peur commençait à se faire sentir. Avant, tout semblait tranquille, et je dis tranquille parce qu’ici, dès mon premier jour à Athènes, chaque fois que j’ai vu une présence policière, le calme se transforme en terreur et en violence injustifiée. Avec mes compagnon-ne-s, nous avons commencé la marche dans la rue Akademias pour terminer sur Omonoia, dans une manifestation d’au moins 5.000 personnes. Là-bas, on se demandait : « Où on va maintenant ? ». Il n’a pas fallu 5 minutes pour que tout commence à bouger. Moi, depuis la place, je regardais droit devant, vers Panepistimio.

En un battement de cils, deux camions à canon à eau dépassent le coin de la rue 28 Octobre. Je les vois, tandis qu’une de mes amies crie en grec « merde ! Il faut se barrer d’ici tout de suite ! ». Je ne me souviens pas très bien du déroulement de cette partie, je me souviens seulement d’avoir vu une autre de mes amies courir devant moi ; je ne l’avais jamais vue courir comme ça, et jamais auparavant je n’avais ressenti la nécessité de devoir courir et de courir pour la rattraper et ne pas la laisser seule. Autour de moi, mes amis courraient, même si j’étais la seule à regarder devant.

Nous sommes sorti-e-s de la place, et tout est devenu chaos. Tout le monde courrait dans tous les sens en à la recherche d’une sortie, alors que le son des tirs inondait les lieux comme s’il s’agissait d’un orchestre et que nous en étions les danseurs. J’ai suivi la multitude qui courrait vers le bas de la rue et d’un coup, des groupes de DELTA en moto sont apparus de tous les côtés et nous ont encerclé-e-s, gazé-e-s et frappaient de leurs matraques contre nous sans s’arrêter, leurs regards pleins de haine et de plaisir. Le groupe dans lequel je me suis retrouvée bloquée courrait d’un côté à l’autre, nous avons passé l’angle de la rue et c’est là que nous nous sommes dispersé-e-s en fuyant les coups, certains avec plus de chance que d’autres. D’un coup, j’ai été seule, à courir et à voir comment celles et ceux qui courraient devant moi continuaient d’encaisser toujours plus de coups. A un moment, j’ai décidé de m’arrêter et de lever les mains : je n’étais pas du tout sûre d’être plus en sécurité si j’avais continué à courir. J’ai alors vu l’être le plus méprisable qu’il m’a jamais été donné de voir, avec son casque et sa matraque. Il n’a servi a rien de lui dire de ne pas me frapper. Maintenant, j’y repense, et je me dis « quelle connerie, rien de ce qu’on peut leur dire ne sert ». Il m’a regardée et m’a frappée dans les côtes, un coup sec que je n’ai commencé à sentir que plusieurs heures plus tard.

Tout était planifié, ils avaient une stratégie : nous encercler et nous enfermer comme si nous étions des animaux dans toute la zone autour de la place d’Omonoia. C’était clair depuis le début. Le 17 novembre, lorsque nous avons pris la rue pour le quarantième anniversaire de la Junte des Colonels, comme chaque année, la police, cette chère astinomia (en grec), nous accompagnait des deux côtés de la marche. Quel beau souvenir je garde de ce jour ! Ils n’ont pas voulu nous laisser seuls, jusqu’à ce qu’ils décident de nous attaquer avec des gaz, alors que la manifestation était totalement pacifique. Le 17 novembre mériterait un autre texte pour être conté. Mais bon, cette fois-là ils avaient décidé de nous accompagner sur le chemin, et maintenant ils ont attendu jusqu’à la fin. C’était clair : ils avaient gardé leurs forces pour le Samedi, pour le jour du grand concert.

Les jours précédents n’avaient été que de petites répétitions. Il n’y avait pas d’échappatoire. Peu importait la rue que tu choisissais pour partir. Des DELTA apparaissaient de tous les coins de rues, comme si une cage de chiens enragés et affamés avait été ouverte pour les laisser ravager tout ce qu’ils croiseraient devant eux. Après le coup administré par cet être, je suis repartie en courant vers le bas de la rue. Là, je ne me souviens pas bien de ce qu’il s’est passé, le choc du moment me trouble un peu les idées. J’ai fini par me retrouver avec un groupe d’autres gens, tous à genoux. Beaucoup tremblaient, d’autres pleuraient, d’autres encore regardaient le sol. Nous avions été arrêté-e-s. A côté de moi, une fille de 15 ans n’arrêtait pas de pleurer, la peur dans les yeux, et elle suppliait pour pouvoir partir de là. Je lui prends la main et lui dis « ne t’inquiètes pas, tout va bien se passer ». Elle me regarde, les yeux embués de larmes, et ne parvient pas à cesser de pleurer, et cela atteint profondément mon âme. Cette fille au regard innocent avait reçu plus de coups que moi. Nous restons assises, et elle est toujours là, à ma droite. A ma gauche, je vois une amie qui m’avait accompagnée pendant toute la marche. Nous nous regardons, nous demandons comment ça va et nous prenons la main, très fort. Je n’étais pas heureuse qu’elle soit là dans la même situation que moi, mais au moins, nous n’étions pas seules. On était tombées dans le même groupe. Je parlai aussi avec une autre amie, Grecque, qui était aussi avec nous dans ce groupe d’environ 50 personnes. Elle allait bien, n’avait reçu aucun coup. Nous restons assis-es.

Le meilleur est pour maintenant. Ces chers DELTA, dont je ne me souviens pas bien le nombre, mais qui n’étaient pas peu nombreux, nous encerclent et nous insultent tandis qu’ils distribuent des baffes à droite et à gauche dans la tête des retenu-e-s. Moi, j’ai eu de la chance, je n’en ai pas pris une seule. L’impuissance de voir et sentir ça, à quelques centimètres de moi, est inexplicable. Abus de pouvoir, dictature, violence, terrorisme, injustice. Mille mots me viennent en tête. Ils continuaient à jouer avec nous au jeu de la provocation et de la terreur, le tout dans le même paquet. Parce que c’est comme ça, parce qu’ils aiment ça et que leur plaisir a une odeur que l’on peut sentir. Mais les coups ne les ont pas rassasiés. Ils ont alors commencé à se foutre de la gueule d’Alexis et de Nikos Romanos avec des phrases comme « que tous ceux qui veulent manifester pour Alexis aillent se faire foutre ! On est contents qu’il soit mort. Et Romanos, on ne le veut pas vivant. Voilà comment les DELTA vous baisent ».

Je demandais aux gens autour de moi comment ils allaient, et je voyais beaucoup de frayeur dans leurs regards. D’autres semblaient plus tranquilles. La plupart des détenus de mon groupe étaient Grecs. A côté de moi, un Allemand et une amie Espagnole. Certains d’entre eux savaient déjà ce qui allait nous arriver : ils nous transféreraient à la Direction Générale de la Police (GADA), où nous passerions quelques heures puis, comme nous l’espérions, nous ressortirions à nouveau. En attendant, ces êtres à casque et matraque qui se croyaient être des mâles alpha nous prenaient en photo sur leurs téléphones portables. D’abord une prise de vue générale, puis ils s’approchaient pour prendre des photos des visages. Je regardais le sol, je ne voulais pas faire partie de l’album photo de leurs « victoires ». Ni moi, ni aucun-e de mes compagnon-ne-s.

Arrive le moment de monter dans le fourgon. Ils nous demandent de nous lever et de sortir nos papiers d’identité. Ils me parlent en grec, je réponds en espagnol en disant que je suis Espagnole, et ce cher mâle alpha répète ce que je dis en se foutant de ma gueule. Je passe au mâle suivant, lui montre ma carte d’identité, dis mon nom et monte dans le fourgon. Mon amie Espagnole monte après moi, et mon amie Grecque monte dans un autre fourgon. En arrivant à la GADA, ils nous mettent dans une salle, puis nous font monter au septième étage pour nous faire ressortir nos papiers. Là, tout ce qu’ils avaient de dégueulasse pouvait se sentir. J’allume une cigarette, et ils me disent de l’éteindre. Je réponds « pourquoi ? Vous avez un cendrier juste là et des clopes ». Il me regarde alors et me dis que je peux la terminer. « Merci pour votre amabilité », réponds-je. Je termine ma clope et nous passons à la deuxième phase : la fouille des sacs à dos et de tout ce que nous portons sur nous. Après, trois heures dedans, dans une autre salle, avec beaucoup de chaleur et d’envie de sortir dans la rue.

Finalement, moi et mon amie sortons. Nous avons attendu trois heures de plus que notre amie Grecque sorte elle aussi. Il devait être plus ou moins 3 heures du matin. Lorsqu’elle sort, elle nous raconte comment l’un des flics qui était dedans lui avait assuré qu’ils se reverraient l’année prochaine. Mon amie lui a répondu « on se verra ! ». D’autres amis nous attendaient dehors, ceux qui avaient réussi à éviter les filets de ces mâles avec casques et matraques. Tous allaient bien, même s’ils avaient reçu des coups.

Dans la nuit, en arrivant chez moi, mille choses occupaient mon esprit. Colère et tristesse en même temps. Après un an de vie à Athènes, j’avais déjà été plusieurs fois témoin de ces abus de pouvoir, mais ils ne m’avaient jamais frappée ni retenue. Cette fois, c’est tombé sur moi. Cette fois, c’est moi qui vivait à la première personne ce à quoi j’avais assisté plus d’une fois. Cette fois, je peux comprendre toujours plus la colère et l’impuissance de la société grecque. Cette fois, je peux comprendre pourquoi ceux qui étaient avec moi dans la GADA me regardaient avec tristesse chaque fois que je disais à voix haute « Vous avez la liberté ? Ça, c’est une dictature ».

Venise, Italie : Perquisitions et accusations de terrorisme pour avoir repeint un tribunal

Bambini

Venise – Dans les premières heures de la matinée du mardi 2 décembre 2014, les forces répressives ont perquisitionné l’ex-Ospizio Occupato Contarini pour une action No TAV ; l’accusation contre X est celle de 270sexies : l’accusation de terrorisme.

Ce matin, 2 décembre 2014, vers 10 heures 30, une quarantaine de Digos et de carbinieri en civil ont arrêté deux compagnons à l’extérieur de l’Ex Ospizio Contarini Occupato, à Santa Marta. Ils ont donc procédé, après plusieurs intimidations, à fouiller les deux compagnons, soustrayant par la force les clés de la maison occupée à l’un des deux.

Les flics sont donc entrés pour perquisitionner les locaux de l’espace, ont emporté des bombes de peinture et des pots de peinture qui reconduiraient à une action de solidarité No TAV ayant eu lieu le 16 novembre dernier, durant laquelle la façade du Tribunal de Venise a été repeinte de peinture rouge et de tags. Cette perquisition a pour motif la proximité toujours ouvertement démontrée envers le mouvement No TAV et, nous ne le découvrons qu’après, par le tristement célèbre délit de 270 sexies (actes à finalité de terrorisme), cette fois-ci dirigé contre des inconnus.

Le même délit pour lequel Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia sont en prison depuis le 9 décembre dernier pour avoir participé à une action de sabotage sur le chantier de Chiomonte !
La façon dont la magistrature de Venise cherche à utiliser les mêmes armes juridiques que celle de Turin apparaît clairement, avec ses manies de protagonisme et de recherche de carrières faciles, et ce afin de frapper, au-delà des No TAV directement impliqués dans des actions de sabotage, toutes les manifestations de solidarité vouées à faire s’écrouler cet infâme, autant que grotesque, château d’accusations.
Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le délit 270 sexies, introduit dans le code pénal en 2005 après les attentats de Madrid, crée un flou juridique dans lequel toute conduite vouée à « pervertir les institutions » (lire : toute protestation qui sorte, même un tout petit peu, des limites de la revendication démocratique) est potentiellement accusable de terrorisme, depuis le sabotage d’un compresseur à, à partir d’aujourd’hui, de la peinture sur un Palais de Justice.

Nous prenons acte du total manque de sens du ridicule de la procureur Francesca Crupi, de la Digos et des carabinieri vénitiens dans leur façon de procéder à une perquisition pour terrorisme en cherchant comme preuves des sprays et de la peinture liées à une opération de recouvrement de façade mais, en ces temps de chasse aux sorcières, plus rien ne nous étonne.

Nous réaffirmons avec force notre solidarité envers nos compagnon-ne-s arrêté-e-s et les prochains rendez-vous de lutte contre la Haute Vitesse, à partir des 7 et 8 décembre* en Val di Susa.

Les occupants et les occupantes de l’ex Ospizio Contarini


* (Note de Contra Info) : 7 décembre à 20h30 :MARCHE AUX FLAMBEAUX A SUSA, départ devant l’hôpital

8 décembre à 14h : RASSEMBLEMENT A CHIOMONTE (portail de la centrale), et pour ceux qui ont des bonnes jambes AU CHANTIER DE CLAREA

[France] SPIP : des matons sans uniforme

À la mi-novembre, une conseillère du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) a été agressée juste devant la taule de Villepinte. Alors qu’elle quittait son sale boulot, deux hommes l’ont rouée de coups et, avant de partir, ils lui ont dit de « faire passer le message ».

Mais qu’est-ce que le SPIP ? Ce service dépend de l’Administration Pénitentiaire (AP) et ses conseillers sont formés à l’École Nationale de l’AP d’Agen. Sur les bancs, ils coudoient les surveillants avec qui ils travailleront après, en prison. En effet, les conseillers du SPIP sont de vrais alter-ego des matons, le visage « gentil » de cette machine à broyer les personnes qu’est la prison. Et, tout comme les matons, ils sont indispensables à son bon fonctionnement.

Le but de l’État est d’enfermer toujours plus de monde (comme le montre bien le plan visant à construire 13000 places de plus en taule). Pour cela ils doivent garantir le calme dedans, avec les chantages sur la « bonne conduite », et aussi étendre la prison dehors, avec les « mesures alternatives ».

En taule, ce sont les conseillers du SPIP qui valident les projets de « réinsertion » des détenus. De ce fait, ils ont un grand pouvoir pour ce qui concerne l’acceptation ou pas, de la part du juge, des demandes de libération anticipée ou d’aménagement de peine. Dehors, leur fonction est « l’assistance et le contrôle » des personnes qui ont écopé de sanctions pénales alternatives à l’incarcération, comme la mise à l’épreuve, la liberté conditionnelle, le travail d’intérêt général et autres aménagements de peine (par exemple le placement sous surveillance électronique). Ce sont eux également qui signalent les personnes qui ne respectent pas leurs obligations « alternatives », en les envoyant au trou.

Le SPIP a donc un rôle central dans cette « individualisation de la peine » qui est à la base d’un système de prix et chantages liés aux « alternatives » à l’enfermement pur et simple. Un système qui casse la solidarité entre détenus et pousse chacun à intégrer l’idée que la peine est nécessaire et qu’on ne peut s’en sortir qu’en collaborant avec ses propres bourreaux.

Mais, comme chaque rouage de la machine infernale de la prison, le SPIP n’est pas une entité abstraite. Ses conseillers sont des personnes en chair et en os – et les os sont fragiles… Entendu, le message ?

• SPIP Paris
12-14 rue Charles Fourier, 75013 Paris

• SPIP Seine-Saint-Denis
29-31 rue Délizy, 93500 Pantin

Antenne CSL Gagny :
• Centre de semi-liberté, 38-42 avenue Aristide Briand, 93220 Gagny
_

Extrait de Lucioles n°20, bulletin anarchiste de Paris et sa région, décembre 2014.

Turin, Italie : Procès contre Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò

no-tav-4-1024x1024Dans la salle Bunker de la prison des Vallette, il aura fallu à Rinaudo et Padalino quatre heures abondantes de réquisitions pour confirmer la structure d’accusations contruite contre Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò. Attentat a finalité terroriste, attentat terroriste avec engins pouvant causer la mort et explosifs, détention et transport d’armes de guerre, dégradation par incendie et violence contre personne dépositaire de l’autorité publique sont donc les délits qui, en appliquant les règles de l’arithmétique pénale, ont amené les deux procureurs à requérir des peines de 9 ans et 6 mois pour chacun des quatre compagnons. En ce qui concerne les parties civiles, LTF (Lyon Turin Ferroviaire) demande la somme “symbolique” de 50.000 euros pour l’action de sabotage contre le chantier de Chiomonte. Les demandes du SAP et du Barreau seront entendues plus tard.

Tandis que ces chiffres sortaient dans la salle Bunker, une longue manofestation a traversé les rues de Turin : une “grève sociale” qui a vu manifester des milliers de personnes dans plus de 20 villes. En plus des tags, des slogans et des interventions qui s’en prennent aux politiques du gouvernement Renzi sur l’école, le travail et le logement, de nombreux autres étaient dédiés à la lutte No TAV, à la solidarité avec Chiara Niccolò, Claudio et Mattia et au rappel des prochains rendez-vous en vue de la sentence de leur procès le 17 décembre.

Depuis macerie.

Toulouse : soirée de soutien aux inculpé.es du 1er et 8 novembre

soire_e_de_soutien_1_

La police contrôle, frappe, mutile et assassine…

Dans la nuit du 25 au 26 octobre Rémi Fraisse en fait les frais, tué par une grenade. Suite à cette mort de nombreuses manifestations sont organisées, entre autre à Toulouse.
Le bilan est lourd en arrestations, inculpations, amendes et incarcérations. La lutte est collective, le face à face avec la justice aussi.
Face aux juges et aux procs, face aux flics, la solidarité est une arme !

Repris de IAATA

Prison de Spoleto : Lettre du prisonnier en lutte Maurizio Alfieri

La lettre que nous publions et que nous appelons à diffuser autant que possible (sites, radios de mouvement, situations de lutte, etc.) est un courageux acte d’accusation contre la prison de Terni et contre toute l’administration pénitentiaire. Nous ne faisons aucune illusion sur une enquête menée par la magistrature, mais nous ne pouvons pas laisser Maurizio seul. C’est un homme droit qui n’a jamais eu peur de se mettre en jeu. Le DAP (département de l’administration pénitentiaire) et les matons doivent savoir que nous sommes tou-te-s aux côtés de Maurizio pour leur hurler que ce sont des assassins.

Très chèr-e-s compagnon-ne-s

Avant tout, je dois vous dire quelque chose que j’avais gardée en moi et qui me faisait mal… mais la faute n’est pas uniquement la mienne, et vous pourrez comprendre et commenter la situation dans laquelle je me suis retrouvé et qui est à présent rendue publique.

L’année dernière, à Terni, alors que j’étais soumis au 14bis (l’isolement), deux jeunes sont arrivés. Je les entendais hurler qu’ils voulaient être transférés parce que les gardes avaient tué un de leurs amis… Je me fais alors raconter toute l’histoire, et ils me disent qu’un de leurs amis, qui avait 31 ans, avait été tabassé parce qu’ils l’avaient pris en train de faire passer une montre (à 5 euros) par la fenêtre à l’aide d’une cordelette. Ils lui ont dit de descendre et ont commencé à le frapper en lui disant qu’ils lui retiraient aussi le travail (c’était le barbier). Il a alors menacé de se pendre s’ils l’enfermaient. Ils l’ont alors envoyé dans la section, et il a essayé de se pendre, mais les détenus l’ont sauvé en tranchant la corde. Ces bâtards l’ont alors rappelé une nouvelle fois en bas et lui ont mis des baffes en lui disant que s’il ne se pendait pas, c’était eux qui allaient le tuer. Le pauvre est alors remonté, a préparé une autre corde, ses amis s’en sont rendu compte et ont averti les gardes, mais l’inspecteur était monté entretemps, car c’était l’heure de fermeture. L’agent a commencé à fermer les cellules, il n’en restait que trois à fermer, dont celle de ce pauvre homme. Les deux témoins criaient à l’inspecteur qu’il était en train de se pendre, mais ils ont pour toute réponse été menacés de prendre un rapport parce qu’ils refusaient de rentrer dans leur cellule. Eux aussi ont fini par rentrer, parce qu’ils avaient peur, après avoir vu que leur ami roumain s’était laissé tomber du tabouret avec la corde au cou. Et ces bâtards ont enfermé tout le monde et ne sont revenus qu’une heure plus tard avec le médecin pour constater le décès et prendre des photographies du mort…

Ces jeunes m’ont écrit un témoignage quand ils sont descendus en isolement, puis le commandant Fabio Gallo les a appelés, pour leur dire qu’ils les transféreraient là où ils les voudraient s’ils ne disaient rien… ils sont venus me voir en pleurant, m’implorant de ne pas dénoncer la chose et de leur rendre ce qu’ils avaient écrit. Dans un premier temps, j’ai refusé, et une perquisition a eu lieu dans ma cellule à la recherche du témoignage. Mais ils ne l’ont pas trouvé. Le jour suivant, les deux garçons ont été transférés, puis ils m’écrivirent que si je publiais la chose, ça les condamnerait à mort. Je leur ai alors confirmé qu’ils pouvaient avoir confiance en moi. Les faits remontent à juillet 2013, et il ne leur manquait plus qu’un an à tirer avant de pouvoir sortir, ils sont donc aujourd’hui dehors. Le témoignage est en sécurité à l’extérieur, avec un autre qui parle du tabassage d’un détenu que j’ai défendu et qui dit de très belles choses sur moi. Voilà pourquoi ils m’ont tout de suite transféré de la prison de Terni !

Maintenant, nous pouvons faire ouvrir une enquête, et il faudrait que vous vous mobilisiez à l’extérieur pour me soutenir, parce qu’à présent ils vont essayer de me le faire payer. Mais je n’ai pas peur d’eux.

Pardonnez-moi si je n’ai rien dit tout ce temps, mais je l’ai fait pour ces deux garçons qui étaient terrorisés … maintenant, il faut une enquête pour faire interroger tous ceux qui étaient présents dans la section, il faut un rassemblement devant le DAP de Rome pour qu’ils ne puissent rien me faire.

Nous ne pouvons pas laisser cette instigation au suicide impunie… ils doivent payer.

A présent, je me sens en paix avec ma conscience, je me suis senti très mal en pensant à la maman de ce pauvre garçon qui travaillait et envoyait 80 euros à sa famille pour manger. Ces deux jeunes étaient terrorisés, et je n’ai rien voulu faire avant qu’ils ne sortent, mais maintenant, pour rendre justice, il faut que nous commencions à nous mobiliser… je suis certain que vous comprendrez les raisons de mon silence jusqu’à aujourd’hui.

Je vous embrasse fort, avec affection et beaucoup d’amour.

Prison de Spoleto, 20 septembre 2014

Maurizio Alfieri (a-cerclé)

[Suisse/Italie] Petite mise à jour sur le cas de Silvia, Billy et Costa

L’Italie incrimine Silvia, Billy et Costa une seconde fois pour les évènements suisses.

Dans un précédent communiqué de mise à jour de notre situation, nous avions écrit à propos de la clôture de notre cas en Suisse, où la succession de recours sur les machinations des divers appareils de sécurité italiens et de la confédération helvétiques n’avaient mené à rien, a part à confirmer le fait qu’en matière de répression, la collaboration policière est toujours forte, surtout si les sujets concernés sont des opposants à leur démocratie d’oppression.

Dès le moment de notre arrestation en Suisse, sous l’accusation d’avoir voulu attaquer le nouveau centre de recherche (alors en construction) d’IBM et de la Polytechnique de Zürich, fleuron de la recherche en nanotechnologie au niveau mondial, à l’aide d’explosifs, l’Italie avait fait partir une enquête en étroite collaboration avec la police helvétique, dans le but de démontrer l’existence d’une organisation subversive avec finalité terroriste sur le sol italien et possédant des ramifications jusqu’en Suisse.

De fait, scénario déjà connu, cela a mené, pendant nos années d’incarcération, à une intense activité d’espionnage, en premier lieu du réseau de solidarité qui s’était créé entretemps, puis à l’encontre des milieux écologistes radicaux les plus actifs dans les différentes batailles ayant cours à l’extérieur pour suivre notre cas et pour faire ressortir des questionnements comme celui des nanotechnologies que l’on aurait voulu passer sous silence ou réduire derrière un seul son de cloche, de préférence celui de leurs promoteurs.

La magistrature de Turin, apparemment non contente du succès suisse qui nous a condamnés pour le fait spécifique mais n’a pas retenu l’importation de matériel explosif et, vexée de n’avoir trouvé aucune organisation, ni en Italie ni ailleurs, a récemment clos l’enquête articulée autour de l’article 270 bis (association subversive à finalité terroriste), pour demander au lieu de ça de nous renvoyer tous trois en jugement sur la base des accusations suivantes : « art.110, 280 c.p. … parce qu’en concours entre eux, au nom de l’ELF-Earth Liberation Front, mouvement inspiré de l’écologie radicale, avec finalité terroriste, ils accomplissaient des actes dirigés à l’endommagement de propriétés mobiles ou immobiles d’autrui, au moyen de dispositifs explosifs ou pouvant en tout cas causer la mort, art.110, 81, 61 c.p. … parce qu’en concours entre eux, au travers de plusieurs actions exécutées au sein d’un même dessein criminel … ils détenaient illégalement et emportaient dans des lieux publics, de par le transfert entre Valchiusella et Bergamo, et donc en Suisse, le matériel explosif suivant, prêt à l’emploi… art 110, 648 c.p. … parce qu’en concours entre eux … en ayant conscience de leur provenance délictueuse, ils recevaient de sujets restés inconnus le matériel pour la confection d’explosifs … provenant de leur soustraction illicite aux dépends d’une des entreprises, non identifiée, possédant une autorisation pour l’usage d’explosifs ». Toutes les accusations contiennent l’aggravant de la finalité terroriste.

Nous pensions trouver face à nous, comme partie civile offensée, les techno-nazis d’IBM. Et en fait, la Suisse se présente à travers son excellence en recherche : l’Institut Polytechnique de Zürich, depuis toujours engagé dans les recherches nocives, desquelles les nanotechnologies ne sont que la pointe de l’iceberg.

En attendant que soit prochainement fixée l’audience préliminaire qui nous voit passer de la position de suspects à celle de mis en cause, nous réaffirmons la nécessité de nous mobiliser et de construire une opposition à ces frontières de la techno-science qui utilisent le monde comme une excroissance de leur laboratoire.

En vue du procès, nous nous voyons contraints d’assumer de nombreuses dépenses légales, et nous demandons à tous et à toutes un support, avec l’organisation d’évènements de soutien et de donations au compte courant postal au nom de Marta Cattaneo, code Iban IT11A0760111100001022596116, en spécifiant la clause : solidarietà a Silvia Billy Costa

Pour contacts : info@resistenzealnanomondo.org
resistenzealnanomondo.org, silviabillycostaliberi.noblogs.org

Partout : rassemblements de solidarité avec la ZAD du Testet

Samedi soir, sur le chantier du barrage de Sivens, aux alentours de 2h du matin, Rémi est mort.
Pour ceux qui ont été présents ces six derniers mois au Testet, pour ceux qui ont été des batailles de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, pour tout ceux qui au moins une fois se sont retrouvés face aux violences policières, une évidence s’impose : ni bavures, ni « mort suspecte », nous parlons ici d’assassinat.
La mort de Rémi survient après des mois de lutte où la police a très violemment réprimé le mouvement ;joué au foot avec la tête des militant qui s’enterrent, grenade offensive dans les caravanes et tirs tendus décomplexés dans la tête.
Ce qui est arrivé à Rémi aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous, ici ou ailleurs. À n’importe qui d’un peu déterminé ce jour-là et qui mettait en actes son refus.
Quand Alexis en Grèce ou Zyad et Bouna à Clichy-sous-Bois se font tuer par la police, ce sont des milliers de personnes qui descendent dans la rue, des villes et des pays qui s’embrasent. Laisser la peur et le sentiment d’impuissance donner le ton et prendre le pas sur la colère serait envoyer la mort de Rémi directement aux oubliettes. C’est le devenir de nos vies et de nos luttes qui se joue.
Peu importe que nous ayons ou non pris part à la lutte contre le barrage. La réaction qui doit aujourd’hui éclater dépasse très largement son caractère local.
Peu importe ce que disent les experts.
Peu importe ce que disent les médias. La vérité on la connaît : les flics ont tué Rémi.
Nous ne voulons pas de martyr mais faire en sorte que cette énième mort empêche tout retour en arrière.

Se ressaisir ensemble de cette situation, c’est en premier lieu en faisant vivre ce qui avait poussé Rémi et des milliers de personnes autour de ces grilles !
Nous appelons à un rassemblement pour se retrouver et pouvoir exprimer notre rage !

Texte repris de Mille Bâbords.

LES RASSEMBLEMENTS A VENIR :

Jeudi 30 :
Aix-en-Provence 14h30 place de la Mairie
Italie : 18h devant le consulat de france à Milan (via Moscova 12) et à Turin (via Roma 366)
Langon à 17h45 devant la Sous-préfecture
Lons le Saunier rassemblement jeudi à 17 h30 devant la préfecture
Nîmes à 17h30 devant la Préfecture
Perpignan à 18h devant la préfecture : manif organisée en hommage à Rémi Fraisse.
Poitiers dès 16h place Charles de Gaulle (« place du marché ») pour une discussion autour des ZAD et de la répression policière, puis à 18h pour une manifestation
Rennes 18h dalle Kennedy
Sète rassemblement devant la mairie  à 18h30

Vendredi 31 octobre :
Albi, 8h, devant le Conseil Général du Tarn (pendant la réunion dudit conseil)
Alès, 18h devant la sous-préfecture
Auch, 18h sur le parvis de la cathédrale
Caen, 18h
Rouen, 18h, place du vieux marché
Marseille : rassemblement à 18h au kiosque des Réformés

Samedi 1er novembre :
Alençon :  11h devant la Pref’ ; Rassemblement en hommage à Rémy Fraisse, Non à la répression d’État !
Apt : à 11h.
Bruxelles, 18h, au gueulophone de Lemonnier (Avenue Stalingrad, Métro Lemonnier)
Chalon sur Saône :  17h, place de la Mairie.
Dijon :  17H Mémorial – rue de la liberté – Manifestation en casques
Épinal :  à 11h Place des Vosges ; Rassemblement en hommage à Rémi Fraisse et en soutien à la lutte contre le barrage de Sivens
Nantes :   manif pour Rémi. RDV à 14h devant la Préfecture.
Nice :  rassemblement pacifique  à 15h, Place Garibaldi à Nice
Saint Brieuc :  14h devant la Préfecture
Saint-Denis-De-la-Réunion : Hommage à Rémi à Saint-Denis-De-la-Réunion à 10h00 au Parvis des Droits de l’Homme à Champfleuri.
Segré : rassemblementà la  sous préfecture a partir de 11h
Toulouse, place du capitole, 15h

Dimanche 2 novembre :
Vallée du Testet, pique-nique et manifestation dès 12h à la Métairie Neuve.
Marseille : un rassemblement est organisé à 16h30 au cours Julien, avec création d’un autel des luttes/autel pour Rémi.

Jeudi 6 novembre :
Mirande : 11H place de l’ Astarac

Pour plus d’informations et de rendez-vous, le site de la ZAD du Testet.

Solidarité active avec la ZAD du Testet !
Contre l’État et les projets du Capital !
La lutte continue.
A Rémi.

Grèce : Le commissariat de Mesolongi attaqué

29 octobre, répression sans limites dans la ville de Mesolongi

L’État policier n’a pas de limites à Mesolongi. Deux compagnons qui attachaient une banderole près de la place centrale de la ville ont été brutalement agressés par deux flics en civil (à coups de poings et de pieds). Les deux compagnons, qui ont fortement résisté, ont été emportés vers le commissariat, qui a peu après été la cible de deux attaques de personnes solidaires. Plusieurs véhicules de flics qui y étaient garés ont été éclatés à cette occasion. Plus de nouvelles plus tard.

Solidarité avec les compagnons détenus !
L’hiver qui arrive sera lourd, connards !