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Sortie du numéro 7 de Séditions

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Sommaire :
1/ Deux jolis mois contre le travail et son monde ! (chronologies d’agitations dans le cadre de la lutte contre la loi « travail » à Besançon et partout ailleurs) : p. 1 à 4
2/ Quelques textes d’agitation (tracts et affiches) contre le travail : p. 5 & 6
3/ Détours – Contre l’urbanisme : p. 7 & 8
4/ Face aux rac(ial)istes et aux cul-bénis d’extrême-gauche, solidarité ! p. 8
5/ A l’assaut du vieux monde (brèves d’actions directes) : p. 8

[France] Texte pour un 1er mai de luttes offensives – contre le travail, son salariat !

POUR UN  1ER MAI DE LUTTES OFFENSIVES
CONTRE LE TRAVAIL, SON SALARIAT !
CONTRE CE MONDE QUI LES FAIT VIVRE !

Les anarchistes ne fêteront jamais l’aliénation au travail et à ses apôtres capitalistes et étatiques. Nous voulons continuer le combat des anarchistes de Chicago se battant auprès des grévistes contre l’exploitation patronale, pour mettre fin aux rapports de domination et d’exploitation du capitalisme, de l’Etat, du patronat, du patriarcat et de son sexisme, de toutes leurs normes sociales qui nous sont imposées qui veulent étranger nos voix et piétiner nos vies.

Nous refusons d’être leur marchandise, qu’elle soit animale ou humaine. Nous voulons mettre fin à l’exploitation de nos vies par des patrons, des chef-e-s en redressant des barricades offensive par une lutte des classes dans une guerre sociale contre nos oppresseurs pour la destruction de toutes classes sociales, de toute domination, de toute exploitation et de ce vieux monde qui les fait vivre.

Nous ne voulons plus de barreaux oppressifs autour de nos vies par ces prisons du dehors que sont les usines capitalistes. Nous ne voulons pas apprendre à reproduire leurs rapports de domination et d’exploitation dans leurs écoles dès notre plus jeune âge. Nous ne voulons pas nous soumettre à leurs normes sociales, nous voulons rompre tous leurs rangs, y comprix ceux qui nous sont imposés dans leurs prisons du dedans (HP, emprisonnement carcéral, centres de rétention, centres éducatifs fermés) qui enferment les “récalcitrant.e.s” à cet ordre social bourgeois qui nous dépossède de notre vie.

Il est temps de redonner au 1er Mai et aux 364 autres jours de l’année tout leur véritable sens, celui qui animait les anarchistes de Chicago ! Un 1er Mai fait d’insurrection empruntant des chemins non balisés, fuyant les “contestations légales”, pour s’en prendre aux racines profondes de l’exploitation patronale et étatique par les blocages et les sabotages ! Les anarchistes de Chicago ont engagé leurs vies, non en tant que martyrs, mais en tant que révolutionnaires dans une lutte globale par une stratégie insurrectionnelle dans la réflexion et l’action directe contre les rapports de domination et d’exploitation patronale et étatique.

Dans notre engagement révolutionnaire, il n’y a pas d’innocence mais la nécessité d’être dans une discipline révolutionnaire qui ne fasse aucune compromission avec nos ennemis de classe. Nous voulons détruire jusqu’au plus profond de ses racines les rapports de domination, d’exploitation et leur ordre social que sont le capitalisme, la propriété, l’Etat-Nation et tous ses sbires répressifs, pour une vie intense et pleine de créativité hors de leurs rangs de la soumission. Ne leur demandons pas la permission de vivre. Allons là où nous envies nous portent !

Les anarchistes de Chicago n’étaient ni des héros, ni des innocents mais des révolutionnaires conscients de cette nécessité d’être dans une guerre sociale par l’insoumission contre tout ordre établi à l’exploitation et la domination capitaliste et étatique. Ils ont été tués pour cela. Nous n’avons rien à demander à la justice bourgeoise de classe !

« Non, vous ne nous condamnez pas à mort pour un crime. Vous nous condamnez pour ce qui a été dit sur tous les tons, pour l’Anarchie. Et puisque c’est pour nos principes que vous nous condamnez, je cris sans crainte : Je suis anarchiste ! » (Louis Lingg)

Nous sommes des anarchistes révolutionnaires qui engageons nos vies et qui l’ assumons, contre tous pouvoirs, et quelque soit le nom et le drapeau qu’aborde ce pouvoir. Nous engageons nos vies en étant conscient.e.s que l’ordre établi de la bourgeoisie fera tout pour nous faire taire afin de protéger ses privilèges et maintenir pour cela son pouvoir mortifère sur nos vies. Nous sommes déterminé-e-s, tout comme les anarchistes de Chicago, à continuer de faire entendre notre voix par l’action directe et à ne nous soumettre à aucune domination pour avancer toujours plus vers l’anarchie, et cela pour le bonheur de toutes et tous en nous organisant par nous mêmes sans aucune hiérarchies sans urnes électorales, sans politicien.ne.s, sans Etats-Nations, sans capitalisme, sans l’oppression des religions.

“Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui” August Spies

par des anarchistes…..

Francfort, Allemagne : Manif sauvage et attaque sur le consulat français

Hier [le 19 avril] en début de soirée, autour de 100 personnes ont manifesté en solidarité avec la jeunesse en lutte en France au cours d’une manif sauvage à travers [le quartier de] Bockenheim. Depuis des semaines maintenant, des milliers de gens en France prennent la rue contre la « loi travail ».

Les jeunes et rebel-le-s n’en peuvent plus des contrôles de police racistes. Beaucoup de gens défient l’expension massive de l’appareil sécuritaire durant le présumé état d’urgence en chemin vers un état policier autoritaire. Illes ressentent l’impact des gaz lacrymo quotidiennement ! Le mouvement de printemps refuse de se faire exploité par le marché du travail. La jeunesse sait très bien que le projet néolibéral ne bénéficie à personne – excepté au capital.

Durant une brève mais croustillante manif – suivant l’exemple français – nous avons fait un tour sauvage du bloque. Nous luttons aux côtés de celleux qui ont décidé de ne plus tolérer cette condition. Nous avons décidé de ne plus la tolérer.

Nos ami-e-s dans les rues de France savent très bien que manifester doit faire mal. Illes savent aussi  que la résistance ne peut pas seulement s’articuler dans le cadre de la loi de l’état autoritaire. La Bastille n’a pas été prise d’assaut par la grâce du roi. Nous avons donc decidé de ne pas nous plier au cadre restreint de la suffisance allemande. Alors que la manif passait devant le consulat français, nous avons décidé d’exprimer notre solidarité directe. Plusieurs tâches de peinture et quelques vitres brisées peuvent en attester. Bien sur, ce n’est rien en comparaison des centaines de blessé-e-s par les gaz lacrymo, spray au poivre et coups de télesco de la police hebdomadairement. Mais c’est un signal distinct.

Et nos slogans en ce début de soirée à Francfort l’était aussi. La police est bien sur venue trop tard et c’est tant mieux. Nous étions préparé-e-s à défendre notre manif contre les attaques de la police. Heureusement, cela n’a pas été nécessaire.

Nous connaissons vos mensonges : Ce n’était pas une action hit & run de « 25-30 gauchistes autonomes » comme les flics l’ont reporté, mais un avant-goût des temps à venir de luttes communes. Et ne prétendez pas ne pas en connaître la raison.

Jeunesse et insurgé-e-s – le monde nous appartient !
Un message de vos ami-e-s

Rémi et Clément

en anglais et italien

[Publication] Decomposition – Autour de la civilisation et de la domestication

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Une grande partie de la théorie anti-civilisation qui existe est centrée sur une réflexion anarcho-primitiviste, ce qui ne nous intéresse pas. Nous ne cherchons pas à vivre dans le passé et à romantiser les fables que les historien-ne-s nous ont racontés, ce qui nous intéresse est de combattre la civilisation maintenant.
Nous voulons comprendre et analyser les centaines de façons et outils que la civilisation utilise pour nous domestiquer, et comment nous pouvons échapper, partiellement au moins, à son emprise, voir comment l’attaquer de façon un tant soit peu effective. Nous ne nous faisons pas d’illusions sur le fait que la civilisation nous a amputé de choses que l’on ne pourra jamais retrouver, et qu’aucune révolution ne nous aidera à nous rapprocher de ce que l’on a perdu.

Parce que l’horreur de la civilisation présente se trouve dans son caractère totalitaire, dans l’infinité de formes sous laquelle elle se présente et de chemins sinueux où elle se duplique. C’est un monstre à combattre de l’intérieur car ses entrailles putréfiées constituent la cage dont nous devons nous échapper.

Ce n’est ni dans le passé que nous trouverons des réponses car nous ne croyons pas aux fantômes, ni dans le futur dans lequel nous ne croyons pas plus.

Breakdown – 2016

Marseille : L’expulsion du troisième Manba a fini avec 3 camarades en gav, ainsi qu’une arrestation à domicile

Cet après-midi [12 avril] , le nouveau manba a été expulsé par des flics en nombres, on décompte deux arrestations, et des violences policières. Cette ouverture faisait suite à l’expulsion du manba 2 (la semaine dernière). Article mis à jour (encore) le 16 avril par MIA.

Le manba avait été ouvert il y a quelques jours dans la rue Bel Air, dans un bâtiment vide depuis plusieurs années. L’ouverture devait permettre de continuer les activités du mamba : accueil des migrant-e-s, ateliers collectifs, réunions politiques, fripe… Ce lieu voulait aussi être un point de rencontre des luttes en ce temps de mouvement social.

La police a débarqué le 12 avril, et est restée plusieurs heures devant le bâtiment, occupé à ce moment là par cinq camarades (dont un-e arrêté-e ce soir du 12 avril). Un “expert architecte” a débarqué pour prétendre que le bâtiment était dangereux, alors qu’il n’était sous le coup d’aucun arrêté de péril. L’expulsion après plus de 48 heures d’occupation était donc une expulsion illégale. Les personnes venues en soutien contre l’expulsion, au nombre d’une vingtaine, se sont fait violemment dégagées par les flics, dont le nombre n’a fait que grossir tout au long de la confrontation.
Après avoir repoussé les soutiens, les flics ont alors complétement bloqué la rue et l’accès au bâtiment dans lequel ils sont finalement entrés, faisant sortir ses occupant-e-s et procédant à l’arrestation de l’un-e d’entre elleux.

Les soutiens ont alors cherché à éviter l’arrestation en bloquant le fourgon de police en haut de la rue, et les flics ont très violemment répliqué par des coups de tonfas et des gazs sur le cours Lieutaud. Les soutiens persistant à résister, essayant notamment de se protéger en renversant des poubelles entre elleux et les flics, ces derniers ont alors monté d’un cran en violence, n’hésitant pas à gazer à bout portant et à tabasser des gen-te-s à terre. Profitant de leur surnombre, ils ont alors arrêté une autre personne, la foutant à terre et la tabassant violemment à coup de télésco à plusieurs.

Les flics municipaux et nationaux se sont montrés violents, et comme la semaine dernière très arrogants.
La quarantaine de personnes venues en soutien sont ensuite remonté-es en cortège sauvage jusqu’à la plaine, renversant systématiquement les poubelles sur le trajet et se sont fait une nouvelle fois gazer par les bakeux avant de se disperser.

Que revive le manba, encore ! De l’air, de l’air, ouvrez les frontières !
Solidarité et soutien avec les arrêté-e-s ! Liberté pour elleux !
ACAB

Note de Contra Info : des nouvelles de la rue nous disent qu’un certain nombre de vélos de la police ont été exproprié  durant le conflit sur le Cours Lieutaud, les flics ont aussi été attaqués, y compris un bacqueux qui s’est pris un coup de poing dans le ventre.


Dernières infos sur les arrestations :

13 avril : les flics ont embarqué chez elle une personne présente lors de l’expulsion du nouveau Manba le 12 avril pour une ’audition libre’. Elle a part la suite été placée en garde-à-vue et devrait comparaître pour ’dégradation de lieu cultuel’.

14 avril : Deux des trois personnes qui ont été arrêtées autour de l’histoire de l’expulsion du Manba 3 (une du jour même et une le lendemain) seront relâchées ce soir sous contrôle judiciaire et avec une convocation pour un procès ultérieur, au moins pour ’dégradation de lieu cultuel’. Les trois personnes arrêtées sont bien sorties soir du tribunal après passage devant le procureur.

Toute notre solidarité !

Voir aussi : Message des copines/copains qui étaient en gardav

en anglais | italien | allemand

[Publication] : Contre le travail et ses apôtres

contreletravail
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Dans ce renforcement somme toute récent du culte populaire du travail, de nombreuses charognes politiques ont une bonne part de responsabilité, syndicats, partis et organisations dites « radicales » en tête.

Car l’ouvriérisme n’est pas pour rien dans la démocratisation de ce culte : les batailles pour le droit au travail (ça résonne comme un échos à la vieille rengaine « Mais il y a des gens qui sont morts pour que tu aies le droit de vote ! ») ont commencé avec la constitution de ce qui s’appelle encore aujourd’hui le Mouvement Social, lui-même ayant pris part à l’enterrement des  mouvements insurrectionnels caractérisés par le cassage en règle de machines et d’usines.

Aussi, après la “mort” de l’exploité révolté, surgit une autre « figure », avec la bonne imagerie du prolo musclé, qui sue courbé sur sa machine, plein de ténacité face à l’adversité et la douleur, les parades d’ouvriers pour le premier mai avec force banderoles « sauvez nos emplois et nos salaires », « sauvez notre profession », « l’industrie automobile doit survivre », ou encore «
pour la défense de la métallurgie en Lorraine », « 3000 euros par mois dès maintenant c’est possible ! » et autres hymnes bien puants incitant à être fier de sa condition.

Une imagerie où la faucille ne sert plus à égorger le contre-maître, ni le marteau à défoncer le métier à tisser, mais à représenter le travail dans toute sa splendeur.

Ravage éditions

[Publication] Ne nous laissons pas mourir d’impatience, détruisons ce qui nous détruit !

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Loin des soupirs citoyens et des démobilisations cérébrales de la gauche, alors que l’Etat (d’urgence ou non) cherche à dissuader les révoltés the hard way, pendant que certains réclament la justice pour machin et la vérité sur trucmuche, alors que d’autres préfèrent encore œuvrer au synergisme de la convergence-des-luttes afin d’assurer la convergence-des-gauches, pendant que les plus ambitieux réfléchissent déjà à la capitalisation de leur pseudo influence sur le dit « mouvement contre la loi travail », il y en aura pour les vingtenaires comme pour les autres, chacun son cercueil organisationnel, pendant que des politiciens radicaux s’astiquent en se regardant se regarder (…et son monde), alors que des réacs de tout poil veulent réinstaurer la race comme grille d’analyse du monde, alors que d’autres nous expliquent d’assemblées en assemblées qu’il ne faut rien faire et attendre notre heure sur leurs horloges cassées, que ce n’est pas le moment, d’autres encore nous bassinent de leurs exhortations à l’action pour finir par de piteux blocages symboliques d’une heure ou par le #retweet contre ce monde et son monde (…et son monde), alors que le déploiement contre-insurrectionnel de l’Etat se développe dans tous ses volets, législatifs, judiciaires, policiers, économiques et psychologiques,
Les révoltés ne palabrent plus…

Plutôt que de vivre assis, ils passent la nuit debout, sans spotlights et sans caméras, sans citoyens-flics, sans chauvins, sans fachos, sans remords. Ils n’attendent pas le tracer de manifs déposées par les beaufs du SO de la CGT ou les boloss de l’UNEF, ils n’attendent pas d’être 300, ils n’ont pas besoin d’afficher leur «virilité» en criant «ahou» comme des CRS (laissons leur la virilité !), ils ne se lamentent pas sur le triste sort du mobilier urbain, ils nient en actes, ils renient en bloc, ils n’ont plus de foi, ne veulent plus des lois ni de leur esprit, n’ont plus de croyances, ils se foutent bien de savoir ce que le ciel pense d’eux, mais ils ont des perspectives et une projectualité claire :

EN FINIR AVEC L’ÉTAT ET LE CAPITAL.
ICI ET MAINTENANT.

Ce monde ne repose pas que sur la tête des flics. Comme nous, nos ennemis ne sont pas des concepts abstraits, ils n’ont pas de couleurs, de races ou de genres, mais ils ont des fonctions et des responsabilités dans notre asservissement, ils ont des noms et des adresses. Rendons leur visite !

Détruisons la normalité.

Ni loi ni travail : Des propositions pratiques* :

• 18 février, Paris, Les Lilas, Pré Saint Gervais : Cinq locaux du PS ont leurs vitres défoncées à Paris et en Seine Saint Denis : Dans le IIIème (40 rue Charlot), le XVème (36 rue Mathurin Régnier), le Vème (328, rue St Jacques), aux Lilas (rue du 14 Juillet) et au Pré Saint Gervais (33 rue Gabriel Péri). Un communiqué explique ces quelques actes : « s’opposer à l’état d’urgence c’est s’opposer à l’Etat tout court et au parti au pouvoir le PS. Cela ne se fait pas avec des promenades traine-savates aux côtés de partis politiques, syndicats et bigots obscurantistes ni avec des banquets avec des religieux ou juste en se plaignant de la violence policière ».

• 10-15 mars, Besançon  : On apprend dans la presse que les permanences politiques du PS et d’un sénateur LR ont toutes les deux fait l’objet de dégradations. Sur le PS : « pourriture sociale » en couleur noire et « contre votre monde de képis » peint en rouge et en caractères de trois mètres de hauteur. Sur la permanence du sénateur, de la colle a été projetée dans la serrure de la porte d’entrée pour la rendre inutilisable. D’autre part, la vitrine a été recouverte de tags. Non loin de là, un A cerclé et « Pour vivre debout, bloquons tout, grève générale ».

• 18 mars, Paris  : Huit DAB sont sabotés par divers moyens (marteau, mousse expansive, extincteur) dans le nord de Paris. Un communiqué explique : « au lieu de nous plaindre aux côtés des partenaires sociaux (matons de la révolte) détruisons ce qui nous détruit ! Pas besoin de
manifs ! ». Les intentions sont clairement exposées : « La “loi travail” on en a rien à péter, on veut juste tout péter ! » Voila une bonne idée !

• 22 mars, Paris  : Suite aux négociations en lousdé pour « occuper » un amphi à la fac de Tolbiac, « quelques enragés d’un autre 22 mars » décident de grimper jusqu’au septième étage, là où se trouvent les bureaux administratifs de la fac qu’ils saccagent en coupant les câbles, en jetant divers liquides sur les appareils électroniques divers, les papiers administratifs sont détruits et deux ordinateurs sont embarqués pour être détruits au calme. Le communiqué précise : « Il s’agit là de la réalisation d’une volonté précise de ne pas se limiter à des prises de parole, des AG, des manifs (qu’elles soient à 11h ou à 13h30), mais de contrer toute forme de connivence avec le pouvoir, tous les pouvoirs ».

• 24 mars, Paris  : Alors que dans la journée, le SO de la CGT avait tabassé, gazé et donné aux flics des manifestants à Montparnasse, « des travailleurs de la nuit (non syndiqués) » et très inspirés ont décidé de rendre des coups la nuit-même, brisant les vitres du local de la CGT, rue Pierre Bonnard, dans le XXème, en solidarité avec les arrêtés du 24 mars.

• 8 avril, Paris  : Le local de la CGT du XIVe arrondissement, rue de l’Aude, perds ses vitres. Parce que nous ne voulons pas de leur gestion de l’exploitation. Un geste revendiqué par des « travailleurs en démolition »: « Nous ne voulons aucune gestion de notre esclavage, le travail ».

• 12 avril, Toulouse  : La bourse du travail est attaquée avec des ampoules de peinture, une poubelle incendiée contre sa façade et le tag « Tous les flics ne sont pas bleus » laissé sur un mur. Il s’agit, selon un communiqué, d’une attaque contre la CGT.

• 12 avril, Saint-Denis : Des tags sont apposés autour de l’entrée de l’Université Paris VIII : « Nique la race, vive la lutte des classes », « Racialistes hors des mouvements », « racialistes = racistes² » « Si Dieu existait, il faudrait le détruire ». Un communiqué explique qu’il s’agit de s’opposer à la tentative de hold-up politique de la mouvance racialiste dans cette fac.

*Ces quelques attaques ont été (sauf mention) revendiquées, pas de récupération ou de substitution politique ou journalistique possibles, ni de porte-paroles de l’anonymat.

[Publication] Nous n’avons rien à défendre

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Reçu le 3 avril :

Ni des loi supposées nous garantir, ni un quelconque travail supposé nous permettre de nous « réaliser ». Le travail n’est rien d’autre qu’exploitation, fatigue, ennui, humiliation. Toute loi n’est que l’expression de la domination de certaines couches sociales sur d’autres, qui constituent la majorité de la population. Nos fameux « droits » ne sont que le paravent du marchandage entre notre docilité et l’expropriation de nos vies.

Nous sommes nombreux à descendre dans les rue, ces jours-ci. Journalistes, syndicalistes et politiciens (même « alternatifs ») voudraient nous enrégimenter derrière le simple refus de la loi Travail. Mais, en fait, on s’en fout de cette énième reforme d’un code du Travail qui est là pour nous atteler au turbin. On crache sur l’esclavage à vie du CDI comme sur la galère quotidienne de la précarité. Ce qui remplit les rues ces jours-ci, c’est le ras-le-bol envers ce monde de plus en plus invivable. Ce qui apparait là, c’est un refus du travail, la conscience peut-être encore imprécise mais bien présente que toute loi est une chaine. Il y a ici et là quelques petites secousses dans la normalité de cette société : des frémissements dans lesquels nous pouvons voir un refus de la soumission et de l’impuissance quotidiennes, une mise en cause de la résignation généralisée.

Ce monde est invivable. D’un côté un État de plus en plus répressif – la carotte de l’État social étant en fin de course (pas pour toutes les catégories, bien sûr : le vieux précepte de diviser pour mieux régner est toujours efficace), il ne reste que le bâton. De l’autre côté, des prétendues alternatives qui ne représentent que la volonté de faire gérer cette même société par des syndicats et des partis de gauche, qui n’ont même plus d’illusions à vendre. Ou bien de sinistres cauchemars qui donnent une couleur encore plus morbide à l’autorité : replis communautaires, retour du religieux et de l’oppression morale.

Dans ce panorama sombre, s’attacher à un coin de territoire ou à une situation sociale donnée, revient à jouer sur la défensive, à renoncer à l’audace des rêves. Mais ni une quelconque zone à défendre dans un monde englouti par des nuisances, ni une Justice qui est là pour sanctionner l’inégalité et la privation de liberté, ni quelques droits à se faire exploiter tout le long de la vie, ne pourraient jamais nous suffire.

Cette petite fissure dans la normalité que ce sont les mobilisations avec l’excuse de l’énième modification du code du Travail, nous voulons l’agrandir, pour qu’elle devienne une brèche, d’où atteindre la fin de l’exploitation. Faisons en sorte que le vase qui commence à déborder se casse. Ne nous contentons pas des promesses politiciennes, chassons les médiateurs sociaux (comme les syndicats), déchainons notre rage contre cette société qui nous vole, jour après jour, nos vies. Attaquons-nous aux bases morales et sociales de l’autorité. Et aussi à ses structures matérielles : magasins, lieu de productions, bâtiments publics, véhicules, moyens de transport de personnes, de marchandises et d’énergie… Attaquons-nous aux hommes et femmes qui l’incarnent : flics, patrons, juges, chefs de toute sorte, bureaucrates, vigiles, politiciens, matons… A nombreux, en petits groupes ou seuls, le jour comme la nuit, quand et où le pouvoir ne nous attend pas.

Un graffiti récent, souvent repris, dit : « le monde ou rien ». Mais nous n’avons rien à défendre dans ce monde qui ne nous appartient en rien, et auquel nous n’appartenons pas. Un monde qu’on veut détruire.
La fête ne nous attend pas que sur ses décombres, mais déjà dans la révolte, ici et maintenant.

Il n’y a pas de retour en arrière.
Contre toute loi, contre le travail. Contre ce monde d’enfermement et d’exploitation.
Pour la liberté !

Nantes : Retour sur la manif du 31 mars

Reçu le 31 mars :

Aujourd’hui 31 mars avait lieu une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme du travail. Partout en france des lycées ont été bloqués, des facs se sont mises en grève et plusieurs manifestations ont lieu qui se sont terminées par des affrontements contre les keufs comme à Toulouse, Marseille, Rennes, Nantes et Paris.

A Nantes, la manifestation, a réuni plus de 30 000 personnes et tout au long du cortège, des banques ont été attaquées à coups de marteaux et d’extincteurs, la mairie a été fracassée, une agence Vinci (le constructeur de l’aéroport sur la ZAD de Notre Dame des Landes) a été repeinte tout comme le local du Parti Socialiste. L’hôtel de luxe Le Radisson, situé dans les murs de l’ancien tribunal pénal, est un des symboles de la gentrification nantaise : la maison d’arrêt qui se trouvait derrière à été entièrement déménagée pour laisser place net aux riches. Pour l’occasion il a été repeint à grands coups d’extincteurs, un petit clin d’oeil à Georges Courtois, qui avait pris en otage le tribunal lors de son procès en 1985 avec Abdelkarim Khalki et Patrick Thiolet.

Des barricades ont aussi été érigées à plusieurs endroits, des rues dépavées et les grenades lacrymos ont plu toute la journée. Plusieurs tirs de LBD 40 (flashball) ont été signalés. …

Chômage, Cash et Émeutes !

ACAB!

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Belgique : A propos du procès antiterroriste à venir contre des anarchistes et anti-autoritaires

Reçu le 31 mars (en pdf ici) :

Fin 2008, en pleine période d’hostilités diffuses déclenchées par la révolte en Grèce suite à l’assassinat d’Alexis par la police, le Parquet Fédéral belge lance une enquête visant des anarchistes et des anti-autoritaires. En 2010, sur base d’une liste d’actions que la police attribue à la « mouvance anarchiste » et alors que la lutte contre la construction d’un nouveau centre fermé à Steenokkerzeel se fraye un chemin, la juge d’instruction Isabelle Panou est affectée à l’enquête qui relève désormais de l’antiterrorisme. En mai, puis en septembre 2013, une dizaine de perquisitions ont lieu dans le cadre de cette enquête, ces perquisitions visent différents domiciles ainsi que la bibliothèque anarchiste Acrata située à Bruxelles. C’est à cette occasion que l’existence d’une enquête antiterroriste se donne à voir pour la première fois. Cette enquête est menée par la section antiterroriste de la police judiciaire fédérale qui se retrouvera épaulée tantôt par la Sûreté de l’État, tantôt par le Service Général du Renseignement et de la Sécurité de l’armée ainsi que par différents services anti-terroristes d’autres pays européens. C’est en 2014 que l’enquête est close, aboutissant aujourd’hui au renvoi devant la Chambre du Conseil de douze anarchistes et anti-autoritaires.

Après une séance de légalisation des méthodes particulières de recherche utilisées dans le cadre de cette enquête (filatures, écoutes téléphoniques, placement de microphones dans un domicile, perquisitions en cachette, tentatives d’infiltration, placement de dispositifs de vidéo-surveillance devant des domiciles et à l’intérieur d’un domicile) en octobre 2015, le dossier est renvoyé devant la Chambre du Conseil. La séance de cette Chambre est fixée pour le 10 mai 2016 et déterminera s’il y a lieu de confirmer la tenue d’un procès et, si oui, sous quelles accusations.

De son enquête, le Parquet Fédéral s’est efforcé de tirer pas moins de 29 inculpations individualisées. Neuf compagnons sont accusés d’appartenance à une organisation terroriste et de participation à des activités terroristes pendant des périodes plus ou moins longues. Trois d’entre eux sont en plus accusés d’en être les « dirigeants ». Par ailleurs, trois autres personnes ayant été arrêtées dans la foulée d’une attaque contre le commissariat des Marolles sont quant à elles accusées d’appartenance à ce groupe terroriste pendant un jour, ainsi que des différentes inculpations se rapportant à cette attaque. Ça c’est pour l’accusation générale.

Celle-ci est ensuite complétée par des accusations plus spécifiques telles que participation à une manifestation sauvage devant le centre fermé 127bis à Steenokkerzeel (transformée en « tentative d’incendie volontaire » et d « ’infraction terroriste » par le parquet), préparation et participation à une attaque contre le commissariat de police dans les Marolles (qualifiée par le parquet d’ « infraction terroriste »), coups et blessures sur des agents de police à plusieurs reprises, obstruction de la voie publique, dégradations diverses et variées, vols à l’étalage, incendie de voitures de gardiens de prison sur le parking de la prison de Ittre, incitation à commettre des infractions terroristes… Il est à préciser que ces accusations spécifiques visent à chaque fois des compagnons spécifiques, c’est-à-dire que tout le monde n’est pas inculpé pour l’ensemble des faits reprochés.

En arrière-plan de cette enquête qui a duré plusieurs années et qui a produit pas moins de 32 cartons de paperasses, le Parquet Fédéral émet l’hypothèse qu’un « groupe anarchiste terroriste » serait actif, notamment à Bruxelles, et que les inculpés auraient « participé à » ou « favorisé » ces activités. Il dresse par exemple une longue liste d’une 150-aine d’attaques, dont une bonne partie incendiaires, contre des structures de la domination, des commissariats, des tribunaux, des banques, des entreprises qui se font du beurre sur le dos de l’enfermement, des chantiers, des véhicules de diplomates, d’eurocrates et de fonctionnaires de l’OTAN, des antennes de téléphonie mobile,… Toutes ces attaques ont eu lieu à Bruxelles et dans ses environs entre 2008 et 2013.

L’invention d’un groupe terroriste qui serait responsable de l’ensemble de ces faits (ne serait ce que par le fait de « les avoir rendus possibles ») permet de jolies pirouettes servant l’accusation : une bibliothèque devient un lieu de recrutement, des discussions deviennent des réunions clandestines, des tracts et des journaux de critique anarchiste deviennent des manuels de guérilla urbaine, des manifs et des rassemblements deviennent des appels au terrorisme, des liens affinitaires entre des personnes en lutte et l’auto-organisation qui peut en découler deviennent « un groupe terroriste structuré ». L’invention d’un « groupe terroriste anarchiste » est bien évidemment une tentative assez maladroite de la part de l’État de réduire la subversion anti-autoritaire et révolutionnaire à l’œuvre d’un seul « groupe structuré ». En tentant de mettre derrière les barreaux une poignée d’anarchistes qui dérangent, l’État cherche à décourager les réfractaires à passer à l’action directe contre ce qui nous opprime et exploite et d’imposer un silence absolu aux désirs, possibilités, réflexions et critiques qui s’affrontent à ce monde autoritaire.

Ce qui est renvoyé devant le tribunal, c’est donc toute une mosaïque de luttes, de révoltes, d’idées, d’actions directes, de critiques, d’imaginaires révolutionnaires, d’agitations qui ont, pendant des années, cherché à s’attaquer à la domination. En cela, l’éventuel procès concerne non seulement les compagnons inculpés, mais aussi tout individu, tout anarchiste, tout révolutionnaire, tout réfractaire à l’ordre, tout insoumis à l’autorité qui ne veut pas rester les bras croisés devant l’exploitation et l’oppression. Ce qui est visé, c’est la recherche de l’autonomie dans l’action, l’auto-organisation dans la lutte, l’action directe dans toute sa diversité, le choix de défendre et de diffuser des idées anarchistes et révolutionnaires, de participer ensemble avec d’autres révoltés à des combats auto-organisés et autonomes. Et finalement, sans doute, une approche combative de l’anarchisme qui part de l’individu, de l’affinité, de l’informalité.

Il serait étrange de séparer la répression qui vise aujourd’hui quelques anarchistes et anti-autoritaires de l’ensemble de la répression qui cherche à mater (souvent préventivement) toute critique de l’ordre établi et la révolte. A coups de « menaces terroristes », de crise de réfugiés, de lutte contre la criminalité et de guerres bien réelles, la répression étatique passe aujourd’hui à la vitesse supérieure. Dans une période où les changements et les restructurations viennent toujours plus rapidement modifier les terrains de la conflictualité sociale, neutraliser ceux qui dérangent par leur pensée et leurs actes fait partie d’un ensemble qui cible les exploités et les opprimés : le durcissement des conditions de survie, la militarisation des frontières, l’imposition d’un contrôle technologique massif, la construction de nouveaux camps de détention,…

Se défendre contre ce coup répressif qui veut renvoyer des compagnons devant un tribunal sous des accusations de terrorisme, c’est défendre la possibilité et l’espace de l’agir anarchiste et anti-autoritaire. Et, par la solidarité avec les compagnons inculpés, faire face à la répression étatique qui vise à paralyser toute action subversive.

Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence serait vraiment le pire de tout.

avril 2016

Plus d’infos et contact…

La Lime
Caisse de solidarité bruxelloise
lalime@riseup.net
lalime.noblogs.org
Réunion chaque premier lundi du mois à 19h30 à Acrata

Acrata
bibliothèque anarchiste
acrata@post.com
acratabxl.wordpress.com
Rue de la Grande Ile 32 – Bruxelles

en allemand

Bruxelles : Le carnage et son monde

Reçu le 25 mars (en pdf ici) :

« La langue est un révélateur. Il arrive que l’on veuille dissimuler la vérité derrière un flot de paroles. Mais la langue ne ment pas. Il arrive que l’on veuille dire la vérité. Mais la langue est plus vraie que celui qui la parle. Contre la vérité de la langue, il n’y a pas de remède… Les philologues et les poètes reconnaissent la nature de la langue. Mais ils ne peuvent empêcher la langue de dire la vérité. » Victor Klemperer

Il a souvent été dit que la première victime des guerres, c’est le sens des mots. Au moment de guerre, toute parole devient propagande, derrière tout mot se cache un appel bien précis et un effet recherché, toute réflexion vise à l’élimination du sens critique de l’homme. Pourtant, comme dit le philosophe allemand qui s’attache dès 1933 à l’étude de la novlangue nazi, la langue ne ment pas : elle exprime une vérité, elle exprime, dans toute sa manipulation, toute sa déformation, toute son instrumentalisation, l’essence réel de la domination.

Aujourd’hui, deux jours après les attentats jihadistes à Bruxelles, on parle de « carnage ». A juste titre, sans doute, mais la qualification se vide de sens quand un autre carnage n’est pas appelé « carnage ». Quand le régime d’Assad a balancé des barils de sarin sur les faubourgs de Ghouta, on n’a pas vu les différents fabriques d’opinion employé le mot « carnage » pour qualifier le massacre industriel de presque deux mille personnes. Quand l’État Islamique décapite des opposants, on parle de « exécutions atroces », ce que ces actes commis par un État au nom de ses valeurs sont effectivement sans le moindre doute, tandis que quand les attaques de drones au Pakistan, au Yemen, en Somalie, en Afghanistan et ailleurs ont tué depuis 2006 plus de six mille personnes, ont les qualifie « frappes chirurgicales ». Quand des centaines de personnes périssent dans l’incendie d’une usine de vêtements au Bangladesh, produisant les vêtements de marque en vente partout dans le monde, on parle d’une « tragédie », induisant le public à croire qu’il s’agit d’un accident et non pas d’une conséquence évidente du mode de production capitaliste, tandis que les bombardements de villes et villages kurde par l’État turque, un allié de l’Union Européenne et membre de l’OTAN, sont des « opérations de maintien d’ordre ». Le mots employés, le sens qui y est attribué, trahit une vision du monde.

Le sang que des jihadistes ont fait couler dans le métro de Bruxelles et dans le hall d’entrée de l’aéroport nous rappelle aussi l’acharnement des jihadistes contre ceux qui se sont soulevés au cris de liberté et de dignité ces dernières années, en Syrie comme ailleurs. Il rappelle les révolutionnaires enlevés, emprisonnés, torturés et massacrés par les jihadistes dans les zones qui sont désormais sous leur contrôle. Il rappelle le régime atroce et sanguinaire qu’ils cherchent à imposer à tant de personnes, en Syrie et ailleurs. Il rappelle comment, sur le cadavre d’un soulèvement libérateur, la réaction qui vient est toujours extrême et impitoyable. Il vient confirmer combien difficile il serait dans les temps à venir de parler et de lutter pour la liberté, à distinguer clairement les ennemis de la liberté (tout Etat, tout autoritaire, tout chef) sans aménager aucun d’entre eux dans la guerre qu’ils se livrent.

Comme désormais tout le monde pourra comprendre, aucun mesure anti-terroriste, aucune bataillon de militaires postée dans les rues des métropoles, aucun réseau de vidéosurveillance, ne pourra empêcher celui qui veut tuer un maximum de personnes, et en plus, y laisser soi-même la vie, d’agir et de massacrer. L’État est incapable de mettre fin à la guerre qui, malgré les apparences d’États « pacifiques », fait partie de son raison d’être, qui est son raison d’être. Arrêter la guerre n’est possible par ceux qui refusent toute guerre. Et refuser toute guerre n’est possible qu’en rejetant toute autorité qui veut, comme c’est dans son essence, s’imposer (c’est-à-dire, faire la guerre). Pour donner un exemple assez concret, on parle aujourd’hui beaucoup des « soutiens » dont bénéficieraient les jihadistes dans les quartiers populaires de Bruxelles. Si ce serait le cas, si des gens des quartiers savent qui prêche la guerre sainte, si quelqu’un a des informations concernant la préparation d’un carnage dans les rues de la ville où il habite, s’ils savent qui recrute des jeunes sans plus aucune référence et en proie à l’idéologie réactionnaire du jihadisme, est-ce qu’il devrait aller en parler à la police pour que l’État s’en occupe ? Cet même État qui laisse noyer des milliers de réfugiés, qui participe à des bombardements dans différents zones de la planète, qui enferme et torture pour faire régner son ordre, qui manœuvre, à l’instar des dictatures comme celle d’Assad, ces mêmes mouvements jihadistes (on se rappelle que le type qui a arrangé les voyages, les passeports, les contacts de dizaines de jeunes partis en Syrie était… un infiltré de la Police Fédérale) ? Non. Ils devraient agir par eux-mêmes. Ils savent probablement mieux que quiconque où et comment frapper. Si l’État ne nous avait pas rendu moutons, dépendants et impuissants à un tel point qu’on ne sait à peine encore se défendre, on serait sans doute plus nombreux à mettre fin aux agissements d’un courant jihadiste dans les quartiers où on vit.

Mais ce raisonnement vaut aussi pour tous les autres prêcheurs de guerre et défenseurs du cannibalisme capitaliste. C’est sur le cadavre du combat pour la liberté qui fleurit la continuation de la domination. Comment vivre paisible à deux rues d’un chercheur qui développe des nouvelles armes ? Comment tolérer sans rien faire un homme d’État qui met en œuvre la politique des « push backs », un autre de ces expressions pour ne pas dire « noyade massif et délibéré » ? Comment ne pas casser la figure de celui qui parle de « liberté » quand il veut dire exploitation de milliards de personnes ? Avec chaque pas qu’on a mis en arrière – tous, sans exception – la réaction dévore à chaque fois plus d’espace où lutter pour l’émancipation humaine, la liberté des hommes et la fin de l’exploitation.

On nous dira qu’il faut « parler de religion » aujourd’hui. D’accord, mais pas seulement parce les auteurs des carnages à Bruxelles sont mus par des croyances religieuses. On en parlera, parce que c’est le jihadisme (l’autorité religieuse) qui, ensemble avec le régime d’Assad (l’autorité laïque), qui a massacré la révolution en Syrie. On en parlera, mais pas seulement dans sa version islamique, mais aussi dans sa version scientifique et étatique. Les massacres commis au nom d’Allah sont répugnants comme le sont les massacres commis au nom de la Science, du Progrès et de l’Argent. On critiquera les religions, toutes les religions, parce qu’elles veulent imposer une autorité aux individus, parce qu’elles sont la négation de la liberté. La vision apocalyptique des partisans de l’État islamique n’est pas sans rappeler que cela fait longtemps que des Etats se sont munis des instruments de l’apocalypse (bombes atomiques, centrales nucléaires) afin d’assurer leur règne.

La situation d’aujourd’hui n’est pas sans précédent dans l’histoire, en tout cas, en ce qui concerne l’espace pour agir de révolutionnaires et d’anarchistes. Si les premiers jours de la Première Guerre Mondiale avait fait fondre les espoirs internationalistes, l’écrasement de la révolution sociale en Espagne en 1936 inaugurait les années noires à venir qui allaient décimer et déchirer les révolutionnaires. Et la « fin des hostilités » déclarée par des protagonistes de la lutte armée en Italie dans les années 80, a achevé, en concordance avec l’État, les espaces de subversion ouvert par tant d’années de lutte et de combat. Et quoi dire de l’action des révolutionnaires lors d’innombrables guerres qui ont déchirés des pays au monde entier ? Les espaces pour la subversion anti-autoritaire se réduisent aujourd’hui sensiblement, on approche maintenant, dans certaines contrées, leur disparition pure et simple. Cette tendance est double : elle rend particulièrement compliqué l’agir subversif par l’occupation répressive de l’espace par l’État et elle semble rendre incompréhensible aux yeux des autres cet agir. Le dégoût totale pourrait alors nous amener à se réfugier dans quelque forêt obscure, en espérant de pouvoir rester en dehors et que le rouge du sang ne vient pas maculer les feuilles verdâtres. Si un tel forêt existe, c’est de là aussi que pourrait repartir les assauts contre ce monde d’autorité. Prendre conscience de notre quasi-disparition du tableau ne doit pas forcément vouloir dire abandonner. Elle peut constituer un point de départ pour multiplier, à nouveau, les points de ralliements des déserteurs de la guerre des puissants. Inverser la tendance sera très difficile, n’empêche qu’on peut au moins essayer de se donner les moyens et les capacités pour se défendre et attaquer en tant que révolutionnaires et anarchistes, et de trouver à nouveau des façons pour briser la propagande des États (démocratiques, islamiques ou autres) qui aveugle les esprits et les sensibilités. Une telle tentative de renouveau de l’anarchisme combatif nécessitera une bonne dose de courage et d’audace, une éthique non-négociable, une lucidité théorique quant aux conditions de l’affrontement révolutionnaire. Et elle ne saurait se cantonner aux frontières des Etats, tout comme elle se doit de refuser n’importe quelle tranchée déjà creusée, aujourd’hui invariablement toutes infâmes.

Affûter la critique de l’État, de tous les États (démocraties comme califats), de toutes les autorités, est ce qui est à faire. Et cela, dans des conditions toujours plus défavorables, tellement la perspective d’une révolution sociale, est poussé dans la marge. Mais il est aussi grand temps d’ouvrir des débats profondes sur cette perspective révolutionnaire, et les révolutionnaires qui sont supposés la défendre. Aux anarchistes notamment d’analyser les nouvelles conditions de la lutte anti-autoritaire, de prendre acte du fait que l’État ne manquera pas de tenter d’éliminer toute voix qui dérange et tout acte qui s’oppose à lui, de s’interroger sur les méthodes d’intervention et les projets de lutte qu’on a développé ces dernières années, de réfléchir sur comment se placer dans une perspective qui se projette dans les années à venir. Refuser les camps des autoritaires ne peut qu’être le premier pas.

Des anarchistes
24 mars 2016

[Grèce] Lettre ouverte de Pola Roupa à propos de la tentative de libérer Nikos Maziotis de la prison de Koridallos

Traduction de la première partie de la lettre de Pola Roupa initialement publiée sur Indymedia Athènes avec la traduction reçu le 15 mars :

Dans d’autres circonstances, ce texte aurait été écrit par Lutte Révolutionnnaire. Toutefois, le résultat de la tentative de faire évader le camarade Nikos Maziotis de la prison de Koridallos m’oblige à parler personnellement.

Le 21 février [2016], j’ai tenté de faire évader le membre de Lutte Révolutionnaire Nikos Maziotis par hélicoptère. L’opération était planifiée de sorte que d’autres prisonniers/prisonnières politiques qui voulaient se frayer un chemin vers la liberté puissent se joindre à nous. Les détails du plan, comment j’ai réussi à esquiver les mesures de sécurité et embarquer dans l’hélicoptère armée, n’ont pas d’intérêt particulier, et je ne les considèrerait pas ; malgré le fait qu’il y a eu beaucoup de désinformation. Juste par souci de clarté, je mentionnerai seulement que le plan n’était pas basé sur une précédente évasion par hélicoptère, qu’il n’est pas associé à des résultats de plans pas encore implémentés, et que je n’ai aucune relation avec une autre personne fugitive, en dépit des représentations médiatiques qui disent le contraire. Aussi, cette tentative n’était pas précédée d’un autre projet d’évasion qui «aurait échoué», comme le disent certains médias.

Au quart du voyage après notre décollage de Thermisia en Argolide, j’ai sorti mon arme et demandé au pilote de changer de cap. Bien sûr, il n’a pas compris qui j’étais, mais il a réalisé que c’était une tentative d’évasion de prison. Il a paniqué. Il m’a attaqué en sortant un pistolet – un fait qu’il a «omis de mentionner». Aussi parce qu’ils vont probablement essayer de réfuter le fait qu’il était armé, je rappelle à tout le monde que des rapports publiquement disponibles parlent de la découverte de deux chargeurs dans l’hélicoptère. L’un était le mien, mais pas le deuxième. Le deuxième chargeur était celui de son propre flingue, qui est tombé de ses mains pendant notre bagarre en vol. Et pour ma part, bien sûr que j’avais un deuxième chargeur. Comment aurais-je pu partir pour une telle opération avec un seul chargeur ?

Il a perdu le contrôle de l’hélicoptère et hurlé, paniqué, «nous allons nous tuer». La description qui a été faite d’un hélicoptère pratiquement incontrôlable est vraie. Mais ça n’était pas une conséquence de mes actes, mais des siens. L’hélicoptère perdait de l’altitude et tourbillonnait dans les airs. Nous volions quelques mètres au-dessus de lignes électriques. Je lui ai crié de remonter l’hélicoptère, de faire ce que je lui disais afin que personne ne soit blessé.

En peu de temps, nous étions au sol. Celleux qui parlent d’une réaction dépassionnée du pilote, apparemment en se basant sur le résultat, ne savent pas de quoi illes parlent.

Au lieu de faire ce que je lui ai dit de faire, il a préféré risquer de s’écraser avec moi dans un accident d’hélicoptère, ce qui par chance n’est pas arrivé. Il va sans dire qu’au moment d’entrer dans l’hélicoptère et d’essayer d’en prendre le contrôle, de le diriger vers les prisons, j’avais pris ma décision. S’il refusait de faire ce que je lui disais, je réagirais évidemment. Celleux qui prétendent que je suis responsable de la descente incontrôlée de l’hélicoptère, de 5000 pieds [~1500m] jusqu’au sol, à quoi s’attendaient-illes ? Que je dise «si vous ne voulez pas aller aux prisons, ça ne fait rien» ? J’ai tiré avec mon arme et nous avons commencé – tou·te·s les deux armé·e·s – une bagarre en vol.

Il a préféré risquer de s’écraser avec moi sur la montagne plutôt qu’obéir. Lorsque nous avons finalement atterri avec de la vitesse, même si je savais que l’opération était ratée, j’ai eu toutes les opportunités d’exécuter le pilote. J’ai consciemment décidé de ne pas le faire. Bien que je savais qu’avec cette décision je mettais en danger ma vie ou ma liberté, je ne l’ai pas exécuté, alors même que j’en avais la possibilité. Il le sait très bien lui-même. La seule chose qui m’a retenue a été ma conscience politique. Et j’ai pris cette décision, en risquant ma propre vie et ma possibilité de m’enfuir.

En ce qui concerne l’opération d’évasion elle-même, il est évident que toutes les mesures de sécurité possibles ont été prises pour protéger notre opération contre les gardes armés qui patrouillent dans le périmètre de la prison, et je transportais même un gilet pare-balles pour le pilote. Dans ce cas-là, le but était que l’évasion se passe d’une façon qui assure le plus faible risque possible pour l’hélicoptère, les camarades, et, bien sûr, le pilote. J’ai agi avec la même idée quand nous avons atterri ; malgré le fait qu’il était armé. J’ai essentiellement placé sa vie au-dessus de la mienne et de ma propre sécurité. Mais je voudrais reconsidérer ce choix en particulier.

S’organiser pour évader Nikos Maziotis était une décision politiques, autant que c’était une décision politique de libérer d’autres prisonniers/prisonnières politiques. Ce n’était pas un choix personnel. Si j’avais voulu libérer seulement mon camarade Nikos Maziotis, je n’aurais pas affrété un gros hélicoptère – un point qui a rendu l’organisation de l’opération plus complexe. Le but de l’opération était aussi la libération d’autres prisonniers et prisonnières ; celleux qui ont effectivement voulu, avec nous, se frayer un chemin vers la liberté.

Cette action, par conséquent, et malgré ses dimensions personnelles qui sont connues, n’était pas un choix personnel, mais politique. C’était un pas sur le chemin de la Révolution. Cela vaut aussi pour toutes les actions que j’ai entreprises et pour toutes les actions que j’entreprendrai à l’avenir. Ce sont des maillons d’une chaîne de planification révolutionnaire visant à créer des conditions politiques et sociales plus favorables, pour élargir et renforcer la lutte révolutionnaire. Plus loin je me réfèrerai aux bases politiques de ce choix ; mais je dois d’abord parler de faits, et de la façon dont j’ai procédé jusqu’à maintenant au regard de certains de ces faits.

Comme je l’ai mentionné précédemment, chaque action que je réalise concerne un acte lié à la planification politique. Dans le même contexte, j’ai exproprié une succursale de la Banque du Pirée, dans les locaux de l’hôpital Sotiria à Athènes en juin dernier [2015]. Avec cet argent, en plus de ma survie en «clandestinité», j’ai assuré l’organisation de mon action et le financement de l’opération de libération de Nikos Maziotis et d’autres prisonnières politiques des prisons des femmes de Koridallos. La raison pour laquelle je me réfère à cette expropriation (je me fiche royalement des conséquences pénales de cet aveu) est que, aujourd’hui, je considère comme absolument nécessaire de révéler comment je procède au regard de la sécurité des civilEs, qui dans certaines circonstances sont présentEs dans les actions révolutionnaires dans lesquelles je suis impliquée, et ma perspective à propos de cette question à l’occasion – toujours mutatis mutandis – de la tentative d’évasion.

Dans le cas de l’expropriation de la succursale de la Banque du Pirée, ce que j’ai dit aux employéEs lorsque nous sommes entréEs dans la banque était qu’illes ne devraient pas déclencher l’alarme, parce que cela mettrait en danger leur propre sécurité, puisque je n’étais pas prête à quitter la banque sans l’argent. Je ne les ai ni menacé, ni mis en danger directement. Le danger ne pourrait venir que de la police, si les flics arrivaient et que nous avions un affrontement armé. Et la police n’arriverait que si unE employéE déclenchait l’alarme de la banque. C’était un développement qu’illes voulaient évider. Parce que les personnes qui se trouvent présentes lors de telles actions n’ont pas peur de celleux qui tentent d’exproprier, mais de l’intervention de la police. En outre, il est vraiment stupide pour quiconque de tenter de défendre l’argent qui appartient aux banquiers. Et pour information, lorsqu’une employée m’a dit «nous sommes nous aussi de pauvres gens», je lui ai suggéré de nous déplacer dans un angle mort, où les caméras ne pouvaient pas nous voir, pour lui donner 5000 euros, ce qu’elle n’a pas accepté, apparemment par peur. Si elle avait accepté l’argent, elle peut être sûre que je n’en parlerais pas publiquement. Et un détail : ce que je tenais était un tablier médical pour couvrir mon arme quand j’attendais à l’extérieur de la banque ; ce n’était pas une serviette (!), comme mentionné à plusieurs reprises.

À chaque époque, dans la lutte pour la Révolution – ainsi que c’est le cas dans toutes les guerres -, parfois les révolutionnaires sont obligéEs de solliciter l’aide de civilEs dans leur combat. Les exemples historiques sont trop nombreux – une tentative de les documenter remplirait un livre entier, et ce n’est pas le moment de s’étendre sur la question – à la fois en Grèce et dans les mouvements et organisations armées dans d’autres pays. Dans de tels cas, toutefois, nous leur demandons essentiellement de prendre parti dans une guerre. Lorsque quelqu’unE refuse d’aider, ille ne se positionne pas seulement sur une pratique particulière, mais pose une attitude globale d’hostilité à la lutte. Illes mettent en danger ou empêchent les projets, illes mettent les vies des combattantEs en danger, illes mettent des obstacles en travers de la voie vers un processus révolutionnaire. Illes prennent position contre une guerre sociale de classe.

Ni à la succursale de la Banque du Pirée, ni durant la tentative d’évasion par hélicoptère je n’ai fait connaître mon identité, de sorte qu’aucune personne impliquée dans ces affaires ne savait que c’était des actions politiques. Mais après la tentative d’évasion ratée, et étant donné que – comme je l’ai déjà mentionné – j’ai eu l’opportunité de tuer le pilote mais que je ne l’ai pas fait, en risquant ma propre vie, je dois rendre public ce qui suit : à partir de maintenant, à chaque fois que j’aurais besoin de l’aide de civilEs, et si j’estime cela nécessaire, je ferai connaître mon identité d’emblée. Puisque ma mission dans tous les cas est de promouvoir la lutte pour le renversement de l’establishment criminel, que chacunE sache que tout possible refus de coopérer et tout effort d’obstruction de l’action sera traité en conséquence.

Je suis, bien sûr, au courant des informations personnelles du pilote, mais je n’ai pas menacé sa famille. Je ne menacerai jamais de familles et d’enfants.

Ceci est mon bilan après la tentative d’évasion, que je dois rendre public.

L’OPÉRATION D’ÉVASION ÉTAIT UN CHOIX RÉVOLUTIONNAIRE

[…]

J’AI TENTÉ L’ÉVASION DE LA PRISON POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE
TOUTE MA VIE JE LUTTE POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE
JE CONTINUERAI À LUTTER POUR LA RÉVOLUTION SOCIALE

Pola Roupa
membre de Lutte Révolutionnaire

anglais | allemand | portugais | italien par Croce Nera Anarchica

Marseille : Banderole de soutien pour Gaël, condamné à 6 mois de prison ferme

Reçu le 24 mars :

Le 17 mars lors d’une manifestation contre la Loi Travail à Nantes, plusieurs personnes ont été arrêtées. Gaël a passé 48h en grade à vue avant d’être placé en mandat de dépôt. Le lundi 21, il est passé en comparution immédiate et à été condamné à 6 mois de prison ferme.

A Marseille, aujourd’hui lors d’une nouvelle journée de manifestation, une banderole de solidarité à été déployée sur un pont.

De Marseille à Nantes : solidarité !

Liberté pour Gaël !

anglais | allemand | portugais | italien

[Marseille] Un texte qui présente la situation d’Osman Evcan et banderole posée en solidarité avec lui

NdT : Une banderole a été posée sur le pont de cours ju à marseille le 18 mars, en solidarité avec Osman Evcan et pour le soutenir dans sa grève de la faim. En dessous vous trouverez une traduction d’un texte publié par l’ABC d’Istanbul présentant la situation d’Osman Evcan.

La photo de la bannière ajoutée le 25 mars. En anglais et allemand.

Publié le 2 mars 2016 :

Osman Evcan est né en 1959 à Samsun et est un prisonnier anarchiste ayant passé ses 23 dernières années en prison. En 1992 il a été condamné à 30ans de prison avec pour charges l’appartenance à un groupe terroriste de gauche et braquage. Il a aussi été emprisonné pour 9 ans entre 1980-1989. Depuis que Osman a adopté des idées anarchistes en 2003, il est aussi devenu vegan et soutient les luttes de libération animale.

Osman Evcan a été emprisonné dans de nombreuses et différentes prisons au long de sa peine à travers tout le pays ; il a construit sa vie sur une lutte contre la violence autoritaire, et spécialement la violence et l’oppression qui fait partie intégrante de la structure hiérarchique de la prison, et il continue sa lutte contre la mentalité oppressive de la prison, sans céder d’un pouce, aspirant à des bases justes pour les individu-e-s anarchistes, vegan et libertaire.

Le premier acte de résistance d’Osman a été sa grève de la faim de 42 jours en 2011 pour que de la nourriture vegan soit disponible en prison. Durant sa grève de la faim, les anarchistes et militant-e-s pour la libération animale du monde entier et en Turquie ont soutenu la lutte d’Osman pour l’accès à de la nourriture vegan en prison. Après 42 jours de grève de la faim le gouvernement a abandonné et a mis en place une régulation pour les prisonnier-e-s vegans et vegetarien-ne-s : « les demandes des prisonnier-e-s vegans ou vegetarien-ne-s seront acceptés aussi longtempts qu’elles se limiteront à permettre la subsistance ». Après cette victoire de tou-te-s les anarchistes, militant-e-s de la libération animale et prisonnier-e-s politiques, Osman a continué à faire partie de la lutte anarchiste durant son temps en prison. Il a soutenu les luttes LGBT, de libération animale, de droits des femmes, et les luttes anti-impérialistes en dehors de la prison, et il a fait des grèves de la faim pour protester contre le massacre d’animaux durant chaque “festin de sacrifice” tous les ans pour 3 ans ; il a écrit des articles pour défendre la nature, des identités ethniques et différentes autres contre les rafles du gouvernement et de la bourgeoisie comprador, et il continue sa lutte politique autant qu’il le peut depuis la prison.

Osman Evcan a été jugé coupable d’être membre d’un groupe terroriste de gauche ; il s’auto-critique en disant qu’autant les formes de système capitaliste que de système socialiste sont des formations étatistes et de colons. Pour citer ses propres mots : « le veganisme ne fait pas seulement contraste avec le capitalisme mais aussi avec le socialisme. Le veganisme fait contraste avec la civilisation. Le veganisme implique une attitude sans compromis contre la destruction technologique, la violence, l’aliénation de la nature et d’elle-même de l’espèce humaine, le pillage écologique, la pollution, le colonialisme, le réchauffement climatique. Les actes de la civilisation ont une histoire commune avec les formes étatistes d’organisation. L’idée d’un état grandissant via un processus débutant par un point ‘primitif’ dans un conitnuum de modernisation continu pour des centaines d’années et se transformant en état-nation est un résultat de la civilisation. Nous ne pouvons séparer ces deux choses se renforçant et se produisant mutuellement. Le veganisme est une attitude radicale contre tout… ».

Après sa grève de la faim de 33 jours en Juin 2015 il a avancé d’un pas en avant en termes d’approvisionnement de nourriture vegan et a obtenu le droit d’obtenir de la nourriture vegan de l’extérieur des prisons. L’administration pénitentiaire a usurpé cette victoire pour des raisons arbitraires.

Après l’usurpation du droit d’obtention de nourriture vegan de l’extérieur de la prison par l’administration de la prison de Kandira No1, Osman Evcan a commencé de nouveau une grève de la faim le 10 novembre 2015, et après 39 jours l’administration pénitentiaire lui a rendu ses acquis. Mais peu après, tôt dans le matin, Osman Evcan a été exilé de force à la prison Siliviri de type L, et sous l’excuse du manque de place il a été placé dans une unité pour les « courtes durées » ne comprenant pas de cours d’exercice. Après qu’il ait été amené dans cette prison de force, aucune nourriture ne lui a été donné pour 4 jours et après cela, la nourriture qui lui a été donné n’était pas assez bonne pour une alimentation saine. Malgré le fait qu’il ait fait des dizaines de pétitions, aucune réponse n’a été donné.

Osman Evcan est enfermé avec des prisonniers “ordinaires”. Donc cela signifie que les droits que les prisonniers politiques ont gagné au travers de leurs luttes pour des années n’existent pas dans cette prison. Un exemple pour cela est la présence de caméras dans les cellules. Osman Evcan, qui précise qu’il n’acceptera jamais ce genre d’outil de contrôle et de surveillance dans sa cellule, essaye de mettre fin à cette pratique en cassant ou modifiant l’angle de vue des caméras. Mais la réaction de l’administration pénitentiaire face à cet acte a été de renforcer les punitions disciplinaires comme l’interdiction de visite des membres de la famille. Et comme résultat de punitions disciplinaires il fait face à 12 jours en isolement.

Pour ajouter à ça, la limite de livres autorisés par cellule de cette prison n’est que de 10 livres. Donc si vous prenez en compte le fait que dans ces prisons il n’est pas autorisé d’avoir accès à des sources d’information rapides comme l’internet, la plupart de ses livres seront des livres de bases. On peut dire qu’il n’y a pratiquement pas d’opportunité donné aux prisonniers de lire quelque chose de nouveau.

Mais l’état ne décide pas seulement de la quantité de livres que vous pouvez lire, il décide également quel livre vous êtes autorisé à lire. C’est aussi une méthode pour transformer les prisonniers (ceux qu’ils emprisonnent afin de les régénérer ou les re-former) en ce qu’ils veulent qu’ils soient. En les faisant regarder les chaînes de télé, lire les livres et magazines qu’ils veulent, ils pensent pouvoir obtenir tout ce qu’ils veulent de la façon qu’ils veulent, au travers de la tête des prisonniers. Ne pas fournir les publications voulues aux prisonniers, ce n’est pas respecter le droit de recevoir des informations politiques gratuites.

Ils ne donnent aucune d’information aux prisonniers sur l’état de livraison ou de distribution des lettres et faxes. Pour les autorités carcérales, c’est préparer le terrain pour ne pas envoyer de lettres de façon arbitraire. Aussi accompagné de cette interdiction de communication, cette situation d’obscurité devient une oppression permanente et constante. En gardant les corps en un lieu stable, tous les instruments nécessaires pour continuer à exister sont dégagés.

Avec cette grève de la faim, Osman Evcan montre à l’état qu’il n’obéit pas, il ne se rend pas face à leurs oppressions et pratiques en prison. Accepter signifie la destruction de ta propre identité, de ta propre existence. La seule façon de se débarrasser d’identités politiques est le contrôle des comportements. La matérialisation extérieure des identités politiques sont les grèves de la faim. Et l’état répond à ces grèves de la faim en gardant les corps dans un lieu stable et en retirant tout instrument nécessaire afin de continuer à exister. Si ceux qui doivent obéir n’obéissent pas, l’état révèle visuellement une chasse aux sorcières politique. C’est exactement ce qu’ils désirent faire à Osman : une extermination silencieuse de la psyche et du corps.

La lutte d’Osman consiste à ne pas laisser son identité être détruire, et à montrer qu’il ne se rendra pas sous les méthodes de pression de l’état. Sacrifier son corps à la mort signifie ne pas se rendre. Cela signifie vivre sans perdre son identité et laisser ses gains aux successeurs. La lutte d’Osman est bien plus qu’un paquet vegan : c’est une guerre pour exister.

[Communication] Contra Info a une nouvelle clé pgp

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Nous avons maintenant une clé pgp à utiliser pour des communications encryptées, pour celleux d’entre vous qui voudraient ou auraient besoin d’en faire usage.

Cliquez ici pour la télécharger en format texte .asc (ascii).

Bien sur, nous continuons de recevoir des mails non cryptés sur contrainfo[a]espiv.net. Vous pouvez aussi proposer des textes anonymement en utilisant notre section commentaire (choisi : leave a comment ; rempli les champs vides ; puis appuie sur : post comment).

Solidarité avec nos crypto-camarades !
Contra Info

en anglais et allemand

De Notre-Dame-des-Landes à Calais : Un week-end d’action et de présence contre la politique du gouvernement

Le week-end du 26 et 27 mars, un appel à actions décentralisées contre le PS a été lancés par le mouvement anti-aéroport

Venir à Calais, c’est la possibilité de lier ces luttes. C’est pourquoi nous invitons à rejoindre Calais à partir du vendredi 25 mars. Il n’y a pas d’infrastructure d’accueil, venez avec votre propre moyen de couchage, duvets, tentes, alimentation etc… Soyez le plus autonome possible. Il y a des restaurants pas cher dans la jungle mis en place par les réfugiés. L’eau du camp n’est pas potable. Prévoyez ce qu’il faut. Il est possible de rejoindre le centre-ville par bus. Si besoin téléphone sur place : 07.51.02.17.33 et numéro de la légal 07.51.55.72.54

Le gouvernement est partout : appel à actions décentralisées et à participer à la campagne de recueil d’information sur les CAO (centre d’accueil et d’orientation) Nous appelons aussi toutes les personnes ailleurs, à organiser des actions décentralisées et à marquer leur soutien avec les réfugiés par des banderoles ou tout autres moyens de communication lors des actions décentralisées contre la construction de l’aéroport de Notre-dame-des-Landes et à d’autres moments. Un appel à également été lancé pour créer un réseau sur la centaine de CAO disséminés sur le territoire français devant « permettre 1) de mutualiser les compétences des un.e.s et des autres et 2) d’opposer une résistance commune dans les cas de situation inadmissibles ou de remise à la rue des personnes actuellement accueillies. » L’appel peut être lu ici.

Extrait à partir de :  De Notre-Dame-des-Landes à Calais : Appel à lutter contre la politique violente et destructrice menée par l’état envers celles et ceux qu’il considère indésirables

en anglais par squat.net

Marseille : Deux banderoles pour la journée internationale contre les violences policières

Des banderoles ont étés posées le 19 mars pour la journée internationale contre les violences policières. Une pour les personnes mutilé.e.S et une pour les personnes assassiné.e.s sur deux ponts de Marseille : celui du Cours Julien et celui de la gare de Saint Charles.

ACAB

en anglais et allemand

Laval, Québec : Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es

Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es, pour dénoncer les conditions de détention et démontrer la solidarité avec les détenues transférées de Tanguay à Leclerc.

19 mars 2016 (Laval, Québec) – Plus de 50 personnes se sont réunies pour une manifestation de bruit devant la prison Leclerc à Laval pour exprimer leur solidarité avec les détenu.es : En février passé, sans grande couverture médiatique ou indignation de la population générale, les prisonnières du centre de détention Tanguay d’Ahuntsic ont été transférées à la prison Leclerc, une prison pour hommes à Laval, comme conséquence des mesures d’austérité imposées au Québec.

Dénonçant les conditions dans la prison, les participant.es à la manifestation ont lu des textes contre le système carcéral et sa relation avec le colonialisme, le patriarcat, la suprématie blanche et le capitalisme. Utilisant des feux d’artifices, de la musique, du bruit et des discours, Les manifestant.es ont envoyé leur message de solidarité à ces prisonnièr.es qui, enfermé.es loin du reste de la société et de leur famille, sont parmi les plus directement affecté.es par les mesures d’austérité et également les plus restreint.es dans leur possibilité d’exprimer une opposition aux mesures violentes et arbitraires du gouvernement.

Le 31 décembre 2015, les femmes de Tanguay ont publié une liste de demandes et ont récemment dénoncé la violence arbitraire et les abus qu’elles ont subis durant le transfert vers Leclerc. Elles vivent désormais des conditions plus difficiles qu’à Tanguay (leur manifeste est en ligne). Les auteures de ces demandes dénoncent le manque de nourriture adaptée à leurs besoins, de produits nettoyants et d’accès à des produits d’hygiène. Elles demandent également l’accès aux programmes de réinsertion, plus de temps dans la cours et des soins médicaux adaptés pour les personnes souffrant de dépendances.

« Les femmes qui demandaient des meilleures conditions à Tanguay et qui sont maintenant à la prison provinciale de Leclerc, font partie intégrale de la lutte contre l’austérité. Nous devrions connecter leur lutte à l’intérieur des prison avec nos luttes à l’extérieur », a dit Virginie Dubeau, une organisatrice avec le groupe Toute Détention Est Politique. « La vigile de ce soir est tenue en support de leurs demandes, pour la fermeture de toutes les prisons et pour mettre fin à la violence patriarcale. »

« La menace de la prison est utilisée pour confiner les gens dans les systèmes oppressifs du colonialisme, du capitalisme et du patriarcat. Les peuples autochtones, les personnes de couleur et les gens pauvres sont emprisonné.es de façon disproportionnée au Canada. » a expliqué Dubeau. « Dans les cinq dernières années, le nombre total de femmes accusées de crimes punissables par du temps d’incarcération a augmenté de 40%, alors que le nombre de femmes des Premières Nations emprisonnées a augmenté de 85% dans les dix dernières années. Cette réalité n’a rien à voir avec la soi-disant ‘augmentation des crimes’ (qui a en fait diminué); mais est plutôt directement reliée avec le profilage racial et la façon dont certaines populations sont gardées dans une précarité économique constante. »

Après le rassemblement devant Leclerc, les participant.es se sont réuni.es devant la prison Tanguay dans Ahuntsic pour une action symbolique contre toutes les prisons et centres de détention. Des silhouettes ont été attachées sur les clôtures pour commémorer les impacts des prisons sur les individu.es, les familles et les communautés, pour se rappeler la violence et les traumatismes causés par ces institutions et pour honorer la résistance et la résilience des personnes qui sont passé.es au travers du système carcéral.

Karine Tremblay, membre du groupe Toutes Détention Est Politique explique :
« Nous souhaitons tout d’abord mentionner que ce n’est pas une victoire, car les personnes qui y étaient détenues sont toujours prisonnières, dans une situation où leur conditions sont encore pires qu’elles l’étaient.
Toutefois, en gardant ça en tête, nous sommes réuni.es ici aujourd’hui afin d’utiliser le symbole d’une prison vide pour réaffirmer notre désir de voir tout le complexe industriel carcéral s’effondrer. Alors que ce système détruit nos communautés et renforce le statu quo d’oppressions, en persécutant tout ce qui n’est pas mentalement apte- blanc- cis-hetero-mâle et riche, nous comprenons qu’aucune demande ne pourrait produire cet effondrement, que seulement une résistance active peut réussir à nous libérer. »

Sous les slogans : ‘Fin aux prisons! Liberté et digité pour tou.te.s’, les organisateur.trice.s de la manifestation ont également invité les participant.es à penser à des alternatives aux prisons.

« Les prisons ne rendent pas nos communautés plus sécuritaires, elles les détruisent. Les prisons amplifient les réalités coloniales, racistes et patriarcales qui sont déjà partie de notre vie quotidienne au Canada, » soutient Tremblay.

Voir les statistiques ici. Pour toute information, contactez: toutedetentionestpolitique[at]riseup.net

[Brochure] Des écrits et des communiqués en solidarité avec Mónica Caballero et Francisco Solar

Cliquez sur l’image pour le télécharger en pdf (40 pages, 5,3mb)

Reçu le 13 mars :

Cette brochure est publiée à la suite de celle intitulée « Jusqu’à détruire la dernière des cages », publiée aux alentours de mars 2014, toujours disponible en papier, et consultable sur internet sur divers sites anarchistes.

La Bourrasque : Bulletin de critique et d’agitation anarchistes écrit depuis Clermont et ses abords

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La Bourrasque est un bulletin qui ne se construit depuis aucune base politique, idéologique ou morale, considérant que ce ne sont que trois facettes d’une même domination. Les textes proposés ici ne se nourrissent que de rages et de désirs. La rage contre ce monde pourri par l’autorité et le fric. Le désir de vivre des instants d’insoumission et de liberté. S’il nous tient à cœur de mieux comprendre et évoquer dans ces lignes comment s’articulent les dominations qui traversent cette société, ce n’est pas pour en être les spectateurs-trices indignéEs mais pour envisager des pratiques et des horizons offensifs contre tous les pouvoirs. Allergiques aux dogmes et aux avant-gardismes, nous ne souhaitons ni convaincre, ni persuader. Dans La Bourrasque, nous voyons plutôt un souffle qui circule de rencontres en affinités. Une rafale qui recherche les brèches du vieux monde pour s’y engouffrer et les élargir. Un peu de vent pour que le feu se propage.

Pour lecture, diffusion, retours critiques… Tout est là : https://labourrasque.noblogs.org/

Bon vent…