Pour Mónica Caballero, Nikos Romanos, Francisco Solar, Nikos Maziotis et tou-te-s les prisonnier-e-s révolté-e-s, pour celles et ceux qui brûlent les véhicules de l’entreprise contructrice de prisons Vinci dans les rues de Paris et ont célébré le jour férié du 14 juillet à leur façon, pour les intouchables qui ont encore une fois jeté des μολότοφ [cocktails Molotov] et des pierres dans les rues d’Athènes et ne se sont pas laissé décevoir par Syriza… et pour nous-mêmes.
Voilà pourquoi nous avons incendié un véhicule de la société de surveillance Deutsche Telekom dans le district Wedding de Berlin le 11 juin 2015 ; nous avons brûlé un van de l’entreprise d’armement Siemens dans la presqu’île de Stralau le 13 juillet 2015 et réduit en cendres un véhicule de l’entreprise de sécurité WISAG dans la Paul-Junius-Straße le 17 juillet 2015.
La Forteresse Europe ne s’effondrera que lorsque la tempête qui fait rage à ses limites externes se connectera avec les subversions internes et locales, et que ces luttes seront des corrolaires les unes des autres.
A l’heure où les électeurs se préparaient à remettre leur dignité dans les urnes, déléguant la gestion de leurs vies au monde politique du pays, un noyau incendiaire de la Fédération Anarchiste Informelle est passé à l’attaque, afin de contribuer par là à la déviation anti-démocratique…
Nous avons placé un engin incendiaire dans la libraire d’Adonis Georgiadis [parlementaire du parti Nouvelle Démocratie], dans le district de Kifisia. La propriété et les commerces des politiciens sont dans la ligne de mire, tout comme leur intégrité physique. Adonis Georgiadis est connu pour ses opinions d’extrême-droite, et est un défenseur fanatique des prisons de type C, en plus d’être le responsable politique de l’interdiction de la communication téléphonique de Nikos Maziotis, guérillero de Lutte Révolutionnaire, qui devait se faire au cours d’une activité politique publique programmée sur le thème de la lutte armée [le 17/10/14]. De plus, au cours de la grève de la faim victorieuse [sic] du compagnon anarchiste Nikos Romanos, il a exprimé publiquement ses perceptions Thatcheriennes, défendant la rigidité mortifère de l’État, à la fois contre cette grève de la faim et contre toute autre qui soit menée par des combattant-e-s prisonnier-e-s.
Aiguisons nos attaques !
Une chaleureuse étreinte à nos compagnon-ne-s en prison et en cavale !
Mort à l’État !
Fédération Anarchiste Informelle – Front Révolutionnaire International (FAI/FRI) Commando Jorge Saldivia.
PS : Le compagnon Jorge Saldivia a été assassiné le 3 octobre 2014 par un vigile armé au cours d’une tentative d’expropriation de fourgon de transport de fonds au Chili. Jorge est resté toute sa vie cohérent dans la lutte illégale contre le régime. Il a milité dans les rangs du FPMR pendant la dictature militaire. Il n’a pas avalé la fable démocratique de la paix sociale et a continué la lutte, tombant au combat, l’arme à la main. Jorge, comme les autres révolutionnaires mort-e-s, est toujours avec nous.
Il existe de nombreuses façons d’agiter, de propager et de diffuser les idées/pratiques acrates et, avec elles, d’insister sur la solidarité révolutionnaire avec celles et ceux qui ont mis en pratique un discours révolutionnaire. Beaucoup de compagnon-ne-s ont en effet mis l’attaque matérielle contre l’autorité en pratique, sachant bien les possibilités que ce choix emporte avec lui : la mort et la prison sont des options auxquelles se risque tout-e compagnon-ne, sur n’importe quel territoire sur lesquels on cherche à faire fleurir les rêves de la libération totale.
Pour les anarchistes / anti-autoritaires, la solidarité révolutionnaire ne doit pas être un mot creux, mais une mise en pratique constante qui a pour but d’affaiblir chacun des barreaux derrière lesquels se trouvent nos compagnon-ne-s. Ces pratiques symboliques et matérielles doivent être chargées de projections fermes visant à l’annihilation de l’État/Prison/Capital.
Ce moment de « Semaines d’agitation et de solidarité anticarcérale » suggérée par des compagnon-ne-s est le clair exemple à travers lequel peut être mise en pratique la solidarité révolutionnaire active et combative, avec de multiples actions/gestes et avec pour claire intention d’aiguiser le conflit avec le pouvoir. Nous rejoignons allègrement cette initiative anticarcérale avec différentes actions/gestes que nous avons faites à ces dates, et quelques autres un peu plus récemment cette nouvelle année.
Décembre 2014 : Chronologie d’actions/gestes.
Mardi 2 : Banderole et tracts à l’UTEM/TS en solidarité avec Juan Flores.
Mercredi 3 : Banderole et tracts à l’Univ. Arcis en solidarité avec Alberto Olivares.
Jeudi 4 : Banderole et tracts à l’UAH en solidarité avec Hans Niemeyer.
Vendredi 5 : Affiches et tracts à l’Institut Chilien-Héllenique en solidarité avec Nikos Maziotis, Kostas Gournas et Antonis Stamboulos.
Mercredi 10 : Activité : Journée de Correspondance dans l’E.S.A et Bibliothèque Autonome Sante Geronimo Caserio
Janvier 2015 : Chronologie d’actions/gestes.
Deux toiles ambulantes sont peintes, pour la solidarité internationale :
En solidarité avec Mónica Caballero, Francisco Solar et les prisonnier-e-s de « l’Opération Pandora » en Espagne.
En solidarité avec Nikos Romanos et tou-te-s les prisonnier-e-s Anarchistes/Anti-autoritaires en Grèce.
Mardi 13 : Tractage en-dehors du domaine policier où vit la famille du policier mort Luís Moyano dans la Ciudad Satélite, en solidarité avec Freddy Fuentevilla, Marcelo Villarroel, Juan Aliste et Carlos Gutiérrez.
Bien que nous n’ayons pas de certitudes en ce qui concerne notre source, nous espérons que le « Domaine Magallanes », dans la Ciudad Satélite, soit celui de la famille du policier mort Luís Moyano. Nous espérons qu’il est clair pour vous que nous n’oublions pas nos prisonnier-e-s et qu’en tant qu’ennemi-e-s de la police, nous ne les laisserons jamais en paix.
Mercredi 14 : Distribution de tracts et de ballons en-dehors de la prison de San Miguel en solidarité avec Tamara Farías et Nataly Casanova.
Nous saluons les complices qui nous ont accompagné-e-s réaliser cette action/geste de la prison, il est super précieux et important de rencontrer d’autres compagnon-ne-s qui font de la solidarité une arme et pas seulement une parole écrite. Des étreintes fraternelles.
La solidarité révolutionnaire est un pilier de la lutte contre l’État/Prison/Capital lorsqu’elle est mise en pratique quotidiennement. Avec elle, il est possible d’ouvrir des ponts pour la rétro-alimentation d’idées et surtout de pratiques utiles au développement de la guerre sociale. Pour celles et ceux qui mènent fermement la lutte contre le pouvoir, sans se repentir ni se donner d’excuses – que ce soit celles et ceux qui sont dans les rues ou celles et ceux qui rendent chaque jour la prison combative – cette rétro-alimentation sert à ouvrir des débats avec lesquels chacun-e peut se nourrir. Nous croyons que cet exercice collectif doit toujours viser le conflit ; la lecture et la critique doivent viser à la forge de la solidarité symbolique et matérielle, avec un dialogue fraternel qui permette la recherche et l’apprentissage de tous les moyens possibles pour annihiler l’ennemi-e, et comme nous sommes en guerre, à quoi nous servirait-elle d’autre ?
Solidarité Internationale et Révolutionnaire :
Avec les prisonnier-e-s de la Guerre Sociale.
Prisonniers en Guerre au Chili, en Espagne et en Grèce : de nouveau dans les rues !!
Nikos Romanos, anarchiste prisonnier en Grèce, a mené une grève de la faim du 10 novembre au 10 décembre 2014. Les appareils juridiques ont rejeté sa requête de sorties de prison à des fins d’étude. De nombreuses actions de solidarité ont été réalisées en réponse à cette décision, de formes différentes, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons de la démocratie grecque et au niveau international.
Plus que toute autre chose, c’est l’urgence de la situation qui a déclenché les affrontements de rue et a inspiré des dynamiques de rébellion sur tout le territoire contrôlé par l’État grec. Les compagnon-ne-s solidaires étaient disposé-e-s à échanger leurs idées et leurs désirs au cours de ce dernier mois, et de nombreuses actions ont pu voir le jour du fait de la grève de la faim de ce prisonnier : assemblées quotidiennes, banderoles, actions directes, telles que de nombreuses attaques incendiaires et à base d’explosifs artisanaux (contre des distributeurs de billets, surtout), attaques commando contre la police, émeutes et affrontements à grande échelle contre les forces de l’ordre, blocage de bâtiments, actes de sabotages (avec de la peinture ou de la colle, etc.), attaques physiques contre des représentants du Pouvoir, manifestations spontanées lors d’apparitions publiques de politiciens, occupations symboliques de stations de radio et de télévision, une vague d’occupations de bâtiments de l’État ou d’entreprises privées, rassemblements de contre-information et manifestations énormes.
Il est possible que la créativité et la conflictivité des nombreuses et diverses individualités et groupes ne soient pas assez fortes et décidées pour maintenir une intensité semblable dans la lutte de façon quotidienne, mais il existe toujours la possibilité que de nouveaux projets surgissent des récentes rencontres dans les immeubles occupés, des actions de rue, etc. Cependant, si les soutiens de Nikos Romanos, et les anarchistes en particulier, souhaitent réfléchir à propos des détails de ce qu’il s’est passé lors des deux derniers jours de la grève, alors peut-être qu’ils et elles seront prêt-e-s à pratiquer cette solidarité, tellement nécessaire avec les prisonnier-e-s, contre l’ouverture des prisons de haute sécurité de Domokos, ainsi que contre le durcissement des conditions d’enfermement en général. Vu que sa requête initiale a été rejetée de façon répétée et vindicative, ils ont fait du chantage à notre compagnon pour qu’il accepte le bracelet électronique comme option pour obtenir, à un moment, les sorties d’étude, comme « dernier recours » qui devenait toujours plus contraint à mesure que sa santé se dégradait. De fait, celui-ci a accepté de mettre un terme à sa grève de la faim seulement après que le parlement grec ait voté de façon quasi unanime (exceptés deux parlementaires du principal parti du gouvernement, selon le registre officiel, et alors que les parlementaires nazis étaient présent au moment du vote) en faveur de l’amendement proposé par le ministère de la justice. Cet amendement se réfère aux prisonnier-e-s convaincu-e-s (condamné-e-s par un tribunal) et mis-es en cause (en attente de jugement) ayant le droit d’étudier dans un établissement d’éducation supérieur de la même région que l’institution carcérale dans laquelle ils ou elles sont enfermé-e-s, mais à qui il a été refusé les sorties d’étude pour pouvoir assister aux cours de façon régulière.
Il y est dit que ces prisonnier-e-s doivent assister de façon satisfaisante à au moins un tiers des cours et des sessions de laboratoire d’un semestre d’une année académique en suivant des cours par correspondance, et c’est seulement alors qu’on leur permettra d’accéder aux sorties d’étude, avec utilisation de bracelet électronique pour assister physiquement aux classes. Le ministre de la justice a inscrit la clause du bracelet électronique au dernier moment, en s’assurant d’ajouter que le conseil administratif (carcéral) pourrait toujours refuser ces demandes de sortie d’un-e détenu-e s’il présente une « justification spéciale » (nous supposons que cela s’applique aussi si le ou la prisonnier-e a effectivement suivi les cours à distances nécessaires depuis l’intérieur de la prison, et même s’il ou elle a accepté de porter le bracelet électronique à l’extérieur). Cet amendement législatif s’applique pour tou-te-s les prisonnier-e-s condamné-e-s et, en attente de jugement, à celles et ceux privé-e-s de sorties d’étude (il ne s’agit donc pas seulement du cas de Nikos Romanos). Cette fois, presque tous les partis politiques tiraient un bénéfice électoral en faisant la promotion de plus de mesures répressives contre les prisonnier-e-s, en plus de ne pas perdre l’occasion de démontrer leur profil démocratique et humanitaire.
Nikos a mis fin à sa grève de la faim après 31 jours, mais il continue d’asphyxier pour quelques bouchées de liberté. Au vu du résultat, et sachant que sa revendication n’a toujours pas été satisfaite, nous exigeons ce qui devrait lui être concédé immédiatement : des sorties d’étude hors de prison. Au lieu de ce sentiment de « victoire » qui s’est répandu, il nous semble que rien n’a été gagné, mise à part la valeur de vie du compagnon et la prise de conscience que nous devrions répondre à tous les chantages des larbins de l’État non pas dans un futur distant mais dès maintenant, en intensifiant toutes les formes de lutte contre la société carcérale. Nous nous positionnons fermement aux côtés des prisonnier-e-s en lutte et contre l’application de l’usage des téléconférences et des bracelets électroniques, qui ne sont que des moyens de plus d’isoler les prisonnier-e-s de l’État/Capital. Maintenant plus que jamais, la solidarité avec les prisonnier-e-s doit passer à l’offensive par tous les moyens nécessaires.
Le prisonnier anarchiste Nikos Romanos, utilisant les seuls moyens dont il disposait en isolement en prison, son corps, a mené une grève de la faim dure et décidée qui a débuté le 10.12.2014, pour demander un souffle de liberté. En utilisant les contradictions du système légal, il a confronté et exposé ces contradictions. L’État, qui maintenait un silence absolu face à cette grève de la faim qui a duré jusqu’au 6 décembre, moment où la polémique a atteint son point culminant, a fini par reculer et a été conduit à un changement du corpus légal en ce qui concerne les sorties d’étude pour les prisonniers.
Le réajustement de l’arsenal légal est ambigu. D’un côté, les prisonniers politiques auront à présent la possibilité de faire des sorties d’étude en portant un TAG. L’État a rétrocédé face au combat mené par Nikos et le mouvement de solidarité, ce qui représente une victoire du mouvement face au pouvoir de l’État. D’un autre côté, les sorties d’étude des prisonniers en attente de procès font à présent partie du régime de contrôle digital récemment mis en place, le TAG. La recherche menée par le système pénitentiaire de pouvoir plus aisément distribuer des peines à des franges toujours plus grandes de la population semblent gagner du terrain et de la légitimité. Cependant, il ne s’agit pas d’une tactique explicitement agressive, mais plutôt une condition pour le compromis auquel l’État a été contraint.
La gauche institutionnelle, qui agit de toute façon comme la bonne conscience du système, a été, et particulièrement dans ce cas, un catalyseur de la restructuration de la trame institutionnelle dans la direction d’un renforcement du contrôle et de la répression et du désarmement de la résistance. En se servant de la grève de la faim de Nikos, les réformistes ont tenté de dégrader une lutte purement politique en affaire humanitaire. La demande d’éducation comme valeur sociale suprême n’est rien d’autre qu’une tentative de dépolitiser la lutte pour la liberté.
La grève de Nikos a été le pivot pour l’émergence et la convergence de différentes mobilisations, parce que le compagnon a vigoureusement défendu les visions radicales plus larges qui animent les opprimés, inspirant la recherche de victoire. Un prisonnier rebelle anarchiste, activement lié aux sujets de la révolte, combattant jusqu’au bout, réveille ce qui ne peut être abattu. Le mouvement de solidarité qui est sorti de terre a eu une résonance de masse, parce que la lutte de Nikos a touché quelque chose chez les opprimés, qui se reconnaissaient dans leur propre lutte pour la vie et la dignité. La lutte de solidarité a gagné du terrain en libérant des bâtiments publics à travers tout le pays et en les faisant fonctionner comme des centres névralgiques d’actions de mobilisation et de diffusion. En ce sens, elle est parvenue a subvertir en un rien de temps le régime totalitaire de contrôle de l’État sur les espaces publics qui s’est intensifié depuis la révolte de décembre 2008. Les espaces de résistance collectifs occupés ont été dépositaires d’un monde de liberté et d’auto-organisation. La continuité des initiatives agressives, malgré le fait qu’elles soient dans l’esprit restées moindres dans le temps et dans l’intensité que ce que le compagnon imaginait, ont été le rappel que les opprimés sont capables de créer une brèche dans le terrorisme d’État.
Le mouvement de solidarité qui s’est levé a fonctionné comme une menace, forçant les « représentants du peuple » à utiliser des méthodes de décompression, comme la tenue d’élections anticipées. C’est une méthode de l’État pour réfréner la confrontation imminente avec les franges résistantes de la société. Il nous faut remarquer que la résurgence de la révolte que Nikos a amorcé a été le facteur critique qui, dans la présente recomposition du régime, a forcé l’État à abandonner sa façade de scène parlementaire de députés en opposant un front uni.
Alors qu’il traverse actuellement une crise politique profonde, l’État tente d’éviter la confrontation, et a donc gardé un aspect défensif durant tous ces jours. Cependant, l’effort de restauration de la façade démocratique corrodée du pouvoir signifie l’intensification de l’agression de l’État et du Capital à travers toutes les forces de l’éventail institutionnel. La gauche institutionnelle, en particulier, qui tente d’assimiler la résistance au jeu institutionnel, joue un rôle déterminant dans le désamorçage de la lutte. Pour ces raisons, nous estimons non seulement que rien n’est terminé, non seulement que tout continue, mais que nous devons renforcer notre contre-attaque contre la civilisation de la prison et de l’exploitation. Ne permettons pas une seule seconde le silence mortel du consensus fictif mis en place.
LIBÉRATION IMMÉDIATE DES ARRETÉ-E-S DU MOUVEMENT DE SOLIDARITÉ ET FIN DES POURSUITES
RÉVOLTE PERMANENTE ET SANS TRÊVE
JUSQU’A L’ABOLITION DES PRISONS DE HAUTE SÉCURITÉ
JUSQU’A L’ABOLITION DES LOIS ANTI-TERRORISTES
JUSQU’A LA LIBÉRATION DE TOU-TE-S LES COMBATTANT-E-S EMPRISONNÉ-E-S
JUSQU’A CE QUE NOUS AYONS ABATTU LA DERNIÈRE PRISON
Le 6 décembre, comme chaque année, a eu lieu la commémoration d’Alexis Grigoropoulos. Un acte en sa mémoire qui a conduit à 221 arrestations et une police très satisfaite d’avoir « protégé la sécurité citoyenne ».
Sur la place d’Omonoia, la peur commençait à se faire sentir. Avant, tout semblait tranquille, et je dis tranquille parce qu’ici, dès mon premier jour à Athènes, chaque fois que j’ai vu une présence policière, le calme se transforme en terreur et en violence injustifiée. Avec mes compagnon-ne-s, nous avons commencé la marche dans la rue Akademias pour terminer sur Omonoia, dans une manifestation d’au moins 5.000 personnes. Là-bas, on se demandait : « Où on va maintenant ? ». Il n’a pas fallu 5 minutes pour que tout commence à bouger. Moi, depuis la place, je regardais droit devant, vers Panepistimio.
En un battement de cils, deux camions à canon à eau dépassent le coin de la rue 28 Octobre. Je les vois, tandis qu’une de mes amies crie en grec « merde ! Il faut se barrer d’ici tout de suite ! ». Je ne me souviens pas très bien du déroulement de cette partie, je me souviens seulement d’avoir vu une autre de mes amies courir devant moi ; je ne l’avais jamais vue courir comme ça, et jamais auparavant je n’avais ressenti la nécessité de devoir courir et de courir pour la rattraper et ne pas la laisser seule. Autour de moi, mes amis courraient, même si j’étais la seule à regarder devant.
Nous sommes sorti-e-s de la place, et tout est devenu chaos. Tout le monde courrait dans tous les sens en à la recherche d’une sortie, alors que le son des tirs inondait les lieux comme s’il s’agissait d’un orchestre et que nous en étions les danseurs. J’ai suivi la multitude qui courrait vers le bas de la rue et d’un coup, des groupes de DELTA en moto sont apparus de tous les côtés et nous ont encerclé-e-s, gazé-e-s et frappaient de leurs matraques contre nous sans s’arrêter, leurs regards pleins de haine et de plaisir. Le groupe dans lequel je me suis retrouvée bloquée courrait d’un côté à l’autre, nous avons passé l’angle de la rue et c’est là que nous nous sommes dispersé-e-s en fuyant les coups, certains avec plus de chance que d’autres. D’un coup, j’ai été seule, à courir et à voir comment celles et ceux qui courraient devant moi continuaient d’encaisser toujours plus de coups. A un moment, j’ai décidé de m’arrêter et de lever les mains : je n’étais pas du tout sûre d’être plus en sécurité si j’avais continué à courir. J’ai alors vu l’être le plus méprisable qu’il m’a jamais été donné de voir, avec son casque et sa matraque. Il n’a servi a rien de lui dire de ne pas me frapper. Maintenant, j’y repense, et je me dis « quelle connerie, rien de ce qu’on peut leur dire ne sert ». Il m’a regardée et m’a frappée dans les côtes, un coup sec que je n’ai commencé à sentir que plusieurs heures plus tard.
Tout était planifié, ils avaient une stratégie : nous encercler et nous enfermer comme si nous étions des animaux dans toute la zone autour de la place d’Omonoia. C’était clair depuis le début. Le 17 novembre, lorsque nous avons pris la rue pour le quarantième anniversaire de la Junte des Colonels, comme chaque année, la police, cette chère astinomia (en grec), nous accompagnait des deux côtés de la marche. Quel beau souvenir je garde de ce jour ! Ils n’ont pas voulu nous laisser seuls, jusqu’à ce qu’ils décident de nous attaquer avec des gaz, alors que la manifestation était totalement pacifique. Le 17 novembre mériterait un autre texte pour être conté. Mais bon, cette fois-là ils avaient décidé de nous accompagner sur le chemin, et maintenant ils ont attendu jusqu’à la fin. C’était clair : ils avaient gardé leurs forces pour le Samedi, pour le jour du grand concert.
Les jours précédents n’avaient été que de petites répétitions. Il n’y avait pas d’échappatoire. Peu importait la rue que tu choisissais pour partir. Des DELTA apparaissaient de tous les coins de rues, comme si une cage de chiens enragés et affamés avait été ouverte pour les laisser ravager tout ce qu’ils croiseraient devant eux. Après le coup administré par cet être, je suis repartie en courant vers le bas de la rue. Là, je ne me souviens pas bien de ce qu’il s’est passé, le choc du moment me trouble un peu les idées. J’ai fini par me retrouver avec un groupe d’autres gens, tous à genoux. Beaucoup tremblaient, d’autres pleuraient, d’autres encore regardaient le sol. Nous avions été arrêté-e-s. A côté de moi, une fille de 15 ans n’arrêtait pas de pleurer, la peur dans les yeux, et elle suppliait pour pouvoir partir de là. Je lui prends la main et lui dis « ne t’inquiètes pas, tout va bien se passer ». Elle me regarde, les yeux embués de larmes, et ne parvient pas à cesser de pleurer, et cela atteint profondément mon âme. Cette fille au regard innocent avait reçu plus de coups que moi. Nous restons assises, et elle est toujours là, à ma droite. A ma gauche, je vois une amie qui m’avait accompagnée pendant toute la marche. Nous nous regardons, nous demandons comment ça va et nous prenons la main, très fort. Je n’étais pas heureuse qu’elle soit là dans la même situation que moi, mais au moins, nous n’étions pas seules. On était tombées dans le même groupe. Je parlai aussi avec une autre amie, Grecque, qui était aussi avec nous dans ce groupe d’environ 50 personnes. Elle allait bien, n’avait reçu aucun coup. Nous restons assis-es.
Le meilleur est pour maintenant. Ces chers DELTA, dont je ne me souviens pas bien le nombre, mais qui n’étaient pas peu nombreux, nous encerclent et nous insultent tandis qu’ils distribuent des baffes à droite et à gauche dans la tête des retenu-e-s. Moi, j’ai eu de la chance, je n’en ai pas pris une seule. L’impuissance de voir et sentir ça, à quelques centimètres de moi, est inexplicable. Abus de pouvoir, dictature, violence, terrorisme, injustice. Mille mots me viennent en tête. Ils continuaient à jouer avec nous au jeu de la provocation et de la terreur, le tout dans le même paquet. Parce que c’est comme ça, parce qu’ils aiment ça et que leur plaisir a une odeur que l’on peut sentir. Mais les coups ne les ont pas rassasiés. Ils ont alors commencé à se foutre de la gueule d’Alexis et de Nikos Romanos avec des phrases comme « que tous ceux qui veulent manifester pour Alexis aillent se faire foutre ! On est contents qu’il soit mort. Et Romanos, on ne le veut pas vivant. Voilà comment les DELTA vous baisent ».
Je demandais aux gens autour de moi comment ils allaient, et je voyais beaucoup de frayeur dans leurs regards. D’autres semblaient plus tranquilles. La plupart des détenus de mon groupe étaient Grecs. A côté de moi, un Allemand et une amie Espagnole. Certains d’entre eux savaient déjà ce qui allait nous arriver : ils nous transféreraient à la Direction Générale de la Police (GADA), où nous passerions quelques heures puis, comme nous l’espérions, nous ressortirions à nouveau. En attendant, ces êtres à casque et matraque qui se croyaient être des mâles alpha nous prenaient en photo sur leurs téléphones portables. D’abord une prise de vue générale, puis ils s’approchaient pour prendre des photos des visages. Je regardais le sol, je ne voulais pas faire partie de l’album photo de leurs « victoires ». Ni moi, ni aucun-e de mes compagnon-ne-s.
Arrive le moment de monter dans le fourgon. Ils nous demandent de nous lever et de sortir nos papiers d’identité. Ils me parlent en grec, je réponds en espagnol en disant que je suis Espagnole, et ce cher mâle alpha répète ce que je dis en se foutant de ma gueule. Je passe au mâle suivant, lui montre ma carte d’identité, dis mon nom et monte dans le fourgon. Mon amie Espagnole monte après moi, et mon amie Grecque monte dans un autre fourgon. En arrivant à la GADA, ils nous mettent dans une salle, puis nous font monter au septième étage pour nous faire ressortir nos papiers. Là, tout ce qu’ils avaient de dégueulasse pouvait se sentir. J’allume une cigarette, et ils me disent de l’éteindre. Je réponds « pourquoi ? Vous avez un cendrier juste là et des clopes ». Il me regarde alors et me dis que je peux la terminer. « Merci pour votre amabilité », réponds-je. Je termine ma clope et nous passons à la deuxième phase : la fouille des sacs à dos et de tout ce que nous portons sur nous. Après, trois heures dedans, dans une autre salle, avec beaucoup de chaleur et d’envie de sortir dans la rue.
Finalement, moi et mon amie sortons. Nous avons attendu trois heures de plus que notre amie Grecque sorte elle aussi. Il devait être plus ou moins 3 heures du matin. Lorsqu’elle sort, elle nous raconte comment l’un des flics qui était dedans lui avait assuré qu’ils se reverraient l’année prochaine. Mon amie lui a répondu « on se verra ! ». D’autres amis nous attendaient dehors, ceux qui avaient réussi à éviter les filets de ces mâles avec casques et matraques. Tous allaient bien, même s’ils avaient reçu des coups.
Dans la nuit, en arrivant chez moi, mille choses occupaient mon esprit. Colère et tristesse en même temps. Après un an de vie à Athènes, j’avais déjà été plusieurs fois témoin de ces abus de pouvoir, mais ils ne m’avaient jamais frappée ni retenue. Cette fois, c’est tombé sur moi. Cette fois, c’est moi qui vivait à la première personne ce à quoi j’avais assisté plus d’une fois. Cette fois, je peux comprendre toujours plus la colère et l’impuissance de la société grecque. Cette fois, je peux comprendre pourquoi ceux qui étaient avec moi dans la GADA me regardaient avec tristesse chaque fois que je disais à voix haute « Vous avez la liberté ? Ça, c’est une dictature ».
Le 6 décembre est une journée chargée de symbolisme et de souvenirs. D’un côté, dans l’État espagnol, il s’agit de l’anniversaire de la constitution espagnole, qui allait inaugurer la restauration de la dictature démocratique après 39 ans de dictature national-catholique. De l’autre, il s’agit du sixième anniversaire de la mort d’Alexis Grigoropoulos sous les balles d’un larbin de l’État. De plus, à ces mêmes dates (à peine trois semaines plus tôt), une année s’est écoulée depuis l’incarcération des anarchistes Mónica Caballero et Francisco Solar.
Pour ces raisons, dans ce contexte, et alors que l’anarchiste Nikos Romanos et les compas Yannis, Andreas et Dimitris sont en grève de la faim, une manifestation spontanée a eu lieu la nuit du 6 décembre dans les rues du quartier madrilène de Vallecas.
La manifestation, qui a regroupé entre 150 et 200 personnes, a avancé en coupant les rues principales de Vallecas, comme l’avenue de l’Albufera ou Martinez de la Riva, avec une banderole qui disait « Liberté pour les prisonnier-e-s anarchistes » et quelques fumigènes, au son de cris de soutien envers Nikos Romanos, Mónica, Francisco, Gabriel Pombo, Alfredo et Nicola, Noelia Cotelo, contre les prisons et pour l’Anarchie. Pour terminer, le tract qui a été diffusé a été lu, puis le rassemblement s’est dispersé sans aucun incident. Ce n’est qu’alors que nous partions que sont arrivés les fourgons policiers…un peu tard.
Par ce petit geste, nous voulions envoyer courage et force aux compagnons en grève de la faim et au reste des prisonnier-e-s anarchistes du monde entier, pour leur rappeler et nous rappeler qu’ils et elles ne sont pas seul-e-s et que, d’une manière ou d’une autre, la lutte continue.
Mort à l’État, et vive l’Anarchie.
Quelques anarchistes de Madrid
Pour lire l’intégralité du tract distribué lors de la manifestation (en espagnol), voir ici.
Aujourd’hui, nous étions dans la rue pour Alexis, assassiné par l’État Grec, et pour Nikos Romanos, en grève de la faim depuis 26 jours contre la répression du même État.
Aujourd’hui, nous étions dans les rues pour nos sœurs et nos frères qui ont été assassiné-e-s alors qu’ils résistaient en Grèce, à Ferguson, au Mexique, à Kobanê.
Aujourd’hui, nous étions dans les rues pour Berkin, Ali İsmail, Ethem, Arin, Kader, Suphi Nejat.
Tandis que les États tuent nos sœurs et nos frères dans le monde entier, nous, anarchistes révolutionnaires, nous étions dans les rues avec notre colère contre les États, les capitalistes, les entreprises et les assassins. Même si la police s’est mise en travers de notre route et nous a attaqué-e-s avec ses flashballs, ses lacrymogènes et ses matraques, ils n’ont pas pu supprimer notre colère. Nous avons résisté avec nos drapeaux noirs en hurlant nos slogans.
Cette passion pour la liberté se fait plus grande aujourd’hui. La colère pour celles et ceux qui ont été assassiné-e-s par l’État enflamme nos émeutes.
Aujourd’hui, avec toute cette rage contre le pouvoir qui vole des vies, avec les idéaux d’un monde libre, les drapeaux noirs sont déployés tout autour du monde. Contre les entreprises qui exploitent notre force de travail pour plus de profits ; contre les États qui assassinent beaucoup d’entre nous au nom des frontières qu’ils dessinent ; contre tous les pouvoirs qui remplissent leurs poches avec nos vies qu’il détruisent, nous rendant plus pauvres et les riches plus riches. La rébellion est vivante dans la rage de l’anarchisme. La rage contre les patrons, les entreprises, les assassins et les États propage une marée complète de drapeaux noirs. La douleur d’être négligé-e-s, enlevé-e-s et assassiné-e-s se transforme à présent en colère, et les rues toutes entières brûlent de rage.
Il y a exactement 6 ans, dans le quartier Exarchia d’Athènes, Alexandros Grigoropoulos a été tué à l’âge de 16 ans parce qu’il était anarchiste. Tué par un flic, par la balle de son arme, parce qu’il a transformé sa colère en rébellion et est sorti dans la rue, a appelé à se venger pour les vies qui avaient été prises, parce qu’il n’a pas obéi aux pouvoirs et qu’il résistait à tout prix, pour la liberté. Le 6 décembre 2008, la balle qui a frappé Alexis s’est changée en feu de révolte dans les rues. Bien que les assassins aient continué leurs attaques, la rage contre ceux qui ont fait taire un cœur qui battait pour la liberté ont incendié les rues d’Athènes, de Thessalonique, d’Istanbul et de partout.
Nikos Romanos, qui était avec Alexis le jour où celui-ci a été tué et partage avec lui cette conviction pour un monde libre, est maintenant captif parce qu’il est anarchiste. Romanos est captif parce qu’il n’est pas resté silencieux contre l’injustice, parce qu’il n’a pas abandonné malgré l’oppression de l’État, parce qu’avec la même conviction que celle de son compagnon assassiné, il a poursuivi sa lutte contre tous les pouvoirs. Ceux qui pensaient pouvoir mettre un terme à cette lutte en tuant Alexis ont à présent capturé Nikos, espérant par là faire s’arrêter un autre de ces cœurs qui battent pour l’anarchisme. Tout comme en 2008, les rues sont remplies de colère contre l’État, qui continue d’attaquer Romanos par l’isolement, l’oppression et la torture. Alors que Romanos mène une grève de la faim depuis le 10 novembre, d’autres compagnons anarchistes en prison ont eux aussi débuté une grève de la faim solidaire ; et la même voix fait écho dans les rues ardentes et dans les cellules des prisonniers résistants : « Tant que nous respirons et vivons, que vive l’anarchie ! ».
Les pouvoirs qui ont assassiné Alexis en 2008 et enfermé Nikos aujourd’hui pensent qu’ils peuvent passer sous silence la rage grandissante contre l’injustice dans le monde entier. Ils continuent d’emprisonner, d’attaquer et de tuer derrière cette illusion.
Au Mexique, 43 étudiants qui résistaient à la politique des pouvoirs qui volaient leur futur ont disparu, de la main de l’État. Leurs corps ont été retrouvés dans des fosses communes de nombreux jours plus tard. Juste ppour le fait d’être noires, des personnes sont visées par la répression fasciste du pouvoir et deviennent les cibles des balles de la police ; et ceux qui résistent à leur arrestation sont étranglés et tués par la police. Beaucoup de nos frères, comme Berkin, Ethem Ali, Ahmet ont résisté pour leur vie et ont été assassiné par l’État policier. Pendant que celles et ceux qui résistent à Kobanê pour créer une nouvelle vie, comme Arin, comme Suphi Nejat, comme Kader, sont tué-e-s par les bandes, les militaires et les soldats de l’État, celles et ceux qui sont dans les rues de chaque recoin de la région embrassant la résistance de Kobanê, comme Hakan, comme Mahsun, sont ciblé-e-s par la police assassine du même État.
Où que celles et ceux qui luttent contre l’injustice, qui résistent pour reprendre leurs vie, qui luttent pour leurs convictions de liberté soient dans les rues, il y a lutte contre l’oppression, la torture et le massacre. Les oppresseurs pensent qu’ils peuvent décourager celles et ceux qui ne leur obéissent pas en les enfermant, en les enlevant ou en les assassinant ; un cri de liberté poussé quelque part trouve de l’écho dans toutes les directions. Des cellules d’Athènes au Mexique, des rues de Ferguson et d’Istanbul aux terres libres de Kobanê, le souhait d’un nouveau monde se propage tel une inondation. A présent, cette passion pour la liberté grandit ; la rage contre les meurtres attise le feu de la révolte dans les cœurs.
Cette révolte se dirige contre le pouvoir qui vole nos vies, qui cherche à détruire notre liberté, qui nous assassine. Cette révolte se dirige contre le capitalisme et les États. Cette révolte se dirige contre toutes les formes d’enfermement.
De cette révolte pour la liberté dans nos cœurs, l’anarchisme grandit dans le monde entier.
Et notre lutte s’étend d’un bout du monde à l’autre, porté par les vagues de drapeaux noirs.
L’occupation se fait en solidarité avec le lutte en cours de Nikos Romanos, 6 ans après la mort d’Alexandros Grigoropoulos.
Notre objectif est le maintien et l’augmentation de l’action anarchiste multiforme. Nous soutenons toutes les initiatives qui contribuent à ce que la guerre sociale se fasse plus aigüe.
Victoire pour la lutte des grévistes de la faim Nikos Romanos, Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis.
Force au compagnon G.S., à Mesolongi, en grève de la faim depuis le 3 décembre 2014.
Nous soutenons la lutte des réfugié-e-s de Syrie.
Un poing levé pour les prisonnier-e-s dans les prisons grecques qui refusent de réintégrer leur cellule, refusent la nourriture de la prison ou sont en grève de la faim symbolique en solidarité avec l’anarchiste Nikos Romanos.
FEU AUX FRONTIERES – FEU AUX PRISONS
NI OUBLI – NI PARDON
P.S. : Nous nous verrons dans les rues, sur les barricades, dans les occupations.
“On nous disait, vous vaincrez quand vous vous soumettrez. Nous nous sommes soumis et nous avons trouvé la cendre.”
Aujourd’hui, 4 décembre 2014, nous avons occupé l’immeuble de la Confédération Générale des Travailleurs Grecs, en solidarité avec l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos. L’anarchiste Nikos Romanos est un ennemi conscient du régime. Il a choisi de lutter activement contre l’État et le Capital, a l’intérieur comme à l’extérieur des prisons.
Ceux qui cherchent son annihilation ou sa reddition forcée sont :
Le gouvernement qui, étant loyal aux ordres du Capital local et international, impose l’application des memorandums, d’une politique dure d’austérité économique et de dévalorisation de notre force de travail.
L’État qui impose un régime d’exception pour pallier au consentement social et pour que s’établisse la peur. Les camps de concentration pour migrant-e-s, les prisons de type C, les arrestations et les humiliations de femmes « séropositives », la répression violente des manifestations, les tortures, l’occupation policière à Skouries et l’attaque des mobilisations étudiantes forment l’image d’une Grèce-forteresse.
Le firmament de la politique répressive est aujourd’hui le cas de l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos. A travers son extermination, l’État recherche la neutralisation des projectualités révolutionnaires : de l’auto-organisation, de la résistance, de la solidarité.
De ces projectualités qui peuvent faire détonner l’offensive sociale et de classe, la révolution.
La lutte de Nikos Romanos n’a pas à voir qu’avec la concession des sorties d’étude. C’est une barricade contre les prisons de type C, les nouvelles conditions de détention, l’annulation des droits qui avaient été conquis par le sang des prisonnier-e-s. C’est une barricade contre l’avancée assassine de l’État et du Capital. Pour toutes ces raisons, nous nous plaçons aux côtés de notre compagnon et nous montrons solidaires de sa lutte.
LUTTE JUSQU’A LA VICTOIRE OU LUTTE JUSQU’A LA MORT
Le 4 décembre 2014, à huit heures du matin, le bâtiment de la direction de l’Institut Technologique d’Athènes a été occupé en solidarité avec l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos, et avec les anarchistes Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis, eux aussi en grève de la faim.
Le compagnon Yannis Michailidis est en grève de la failm depuis le 17 novembre, par solidarité avec son compagnon et frère Nikos Romanos. Actuellement, Yannis est interné sous forte surveillance policière dans l’hôpital de Tzaneio, au Pirée. Ci-dessous la traduction de sa dernière lettre du 4 décembre :
J’écris ces lignes pour exprimer l’émotion qu’a suscité en moi la grande mobilisation solidaire multiforme des compagnon-ne-s en-dehors des murs.
Pas seulement parce qu’elle a jusqu’ici dépassé toutes mes attentes en terme de taille, de créativité, d’organisation-coordination, de persistance et d’agressivité, avec des occupations de bâtiments d’État et capitalistes d’importance cruciale, de chaînes de télévision et de radios, avec des rassemblements et des manifestations organisées dans presque toutes les grandes villes du territoire, avec des attaques contre les forces répressives et des attaques guérilleras de toutes sortes. Parce que c’est ce qui brise la solitude de ma cellule et me fait sourire, parce que la nuit de mardi, je n’étais pas prisonnier, j’étais parmi vous et je sentais la chaleur des barricades brûlantes.
Parce qu’indifféremment du résultat, l’existence même de ce front de lutte est une victoire en soi, autant pour sa perspective immédiate que pour l’héritage qu’il laisse derrière lui.
Je sais très bien que les milliers de compagnon-ne-s qui s’impliquent dans cette bataille enclenchée par Nikos avec de nombreuses préoccupations, mais aussi avec beaucoup de détermination, ont d’énormes différences de perceptions et de pratiques de lutte, autant entre eux que nous en avons entre nous. Mais à travers de la diversité fleurit le développement. Et il s’agit exactement du sens de la solidarité anarchiste, elle connecte sans identifier, elle unit sans homogénéiser. Et lorsqu’elle s’oriente vers l’action, elle fonctionne.
Lorsque les grands médias du mensonge clament que tant que la grève de la faim continue, il y a un problème de sécurité nationale, je me rends compte qu’aucune lutte n’est perdue, et le vide que laissent les pensées détruites par le désespoir provoqué par l’inertie étendue de la condition asphyxiante de l’enfermement, se colorent de nouveau de sens, l’insurrection est toujours d’actualité.
Nos rêves seront leurs cauchemars.
L’anarchie combative s’est réveillée et rugit.
Pour Nikos : Tiens bon, mon frère, tu leur as bien gâché la fête jusqu’à présent. Toi, tu ne te rends pas, ce sont eux qui vont plier. Je reste a tes côtés jusqu’à la victoire finale.
Pour Athanasiou, ministre de la justice : Je crève de faim. Si tu assassines Nikos, la seule chose qui pourra satisfaire cette faim sera ton cou.
J’essaie de transcrire sur un bout de papier les derniers résidus de pensée structurée à propos des récents évènements et sur le nouveau refus de ma demande de sortie d’étude de la prison.
Lors des premiers jours de la grève, j’ai dit lors de mon intervention pendant l’assemblée solidaire qui a eu lieu à l’École Polytechnique que la réponse négative de Nikopoulos, qui depuis longtemps se dit incompétent pour décider sur l’affaire, est le début d’une stratégie de l’État qui a pour objectif de m’exterminer. Cette estimation politique est totalement confirmée : en premier lieu par l’ordre de la procureur des prisons de Koridallos, Evangelia Marsioni, de m’alimenter par la force, action qui représente un véritable viol et qui a conduit à la mort, entre autres, de Holger Meins en Allemagne et aussi de membres des GRAPO en Espagne. Les médecins de l’hôpital ont eu la dignité de jeter ces ordres de l’administration pénitentiaire à la poubelle et ont refusé de pratiquer un tel crime d’État.
Après avoir recouru à un conseil judiciaire en-dehors de la prison (une démarche légale que choisissent beaucoup de détenu-e-s lorsque le conseil de la prison rejette leurs demandes), cela s’est aussi soldé par un refus qui se base sur le fait que la décision de Nikopoulos les limite, ce qui est justement la même décision contre laquelle a été fait le recours.
Pour celles et ceux qui ont un peu de perception politique, l’intervention du ministère de la justice, un jour avant que ne se tienne le conseil, a été un ordre clair de rejeter ma demande, et je vais expliquer pourquoi :
Dans le communiqué publié par le ministère de la justice, il est indirectement mentionné le fait qu’Athanasiou, le ministre de la justice, n’est pas compétent pour décider à ce propos, et il est également écrit plus bas dans le même document : « Les sorties d’étude ne peuvent être concédées que par le conseil compétent de la prison, où préside le fonctionnaire de la magistrature, tandis que les mis en cause doivent obtenir l’approbation de la division judiciaire qui a ordonné leur détention préventive ».
C’est-à-dire que le ministre annule, purement et simplement, la validité de mon recours. Tout cela est accompagné de la proposition absurde pour suivre les classes par vidéoconférence, au lieu des sorties, et cela n’a aucun sens, puisque certains ateliers exigent la présence physique obligatoire. De plus, cela ouvre la voie pour que les conseils de prison abolissent complètement les sorties d’étude, étant donné qu’on connaît bien leur peur d’assumer leurs responsabilités, et pour que la solution de la vidéoconférence puisse être appliquée à tou-te-s les prisonnier-e-s.
Dans la même ligne, d’ici peu de temps, même les visites de nos familles se feront par le biais d’écrans, pour des raisons de sécurité, tout comme nos procès. La technologie au service de la « correction » et de la justice. Progrès humain ou fascisation… l’Histoire en jugera.
A ce point, il convient de mentionner également le rôle du juge spécial Eftichis Nikopoulos, qui dès le début de ma grève de la faim a obéi à des ordres politiques clairs reçus de ses supérieurs politiques du ministère de la justice. Et pour ça, tous le disent responsable. En compensation de cette tâche, il sera promu au Tribunal Suprême d’Areios Pagos, tout comme cela s’est passé pour son prédécesseur Dimitris Molas, qui avait dirigé des dizaines de campagnes répressives contre les anarchistes. Il jouit à présent du salaire ronflant de l’élite judiciaire d’Areios Pagos. Un hasard ? Je ne le pense pas.
En ce qui me concerne, je repousse toute possibilité de reculer et je réponds par la LUTTE JUSQU’A LA VICTOIRE OU LA LUTTE JUSQU’A LA MORT.
Dans tous les cas, si l’État m’assassine par sa posture, le sieur Athanasiou et ses amis resteront dans l’Histoire en tant que bande d’assassins, instigateurs de la tortures et de l’assassinat d’un prisonnier politique. Espérons seulement que quelques esprits libres fairont justice au juste de leur justice à leur manière.
Pour terminer, je souhaite envoyer toute ma complicité et mon amitié à toutes celles et touts ceux qui se positionnent à mes côtés avec tous les moyens possibles.
Et deux mots pour mes frères, Yannis, hospitalisé lui aussi, Andreas, Dimitris et de nombreux autres.
La lutte vit aussi de ses pertes, puisque nous devons cheminer avec la mort sur les voies vers une vie digne, en mettant tout en jeu pour pouvoir tout obtenir. La lutte continue à coups de poing contre le couteau, encore et toujours.
Le tout pour le tout !
Tant que nous vivons et respirons, que vive l’anarchie !
Le 6 décembre, nous nous retrouverons dans les rues de la rage.
Mes pensées déambuleront dans les rues connues.
Parce qu’il vaut la peine de vivre pour un rêve, même si son feu te brûle.
Et comme nous-autres le disons bien, de la force !
Nikos Romanos
P.S. : Il est évident que je ne peux contrôler les automatismes sociaux qui sont provoqués. Évidemment, j’ai dégagé SANS DIALOGUER tout ceux de Syriza et autres vendeurs d’espoirs qui sont apparus, et je répète que j’ai officiellement signé mon refus de recevoir tout type de sérum.
Dans la nuit du 1er décembre, nous avons cassé les vitres d’un rouleau compresseur et coupé ses câbles dans le district Kocasinan d’Istanbul, avec pour intention de montrer notre solidarité avec le prisonnier anarchiste Nikos Romanos, en grève de la faim depuis 24 jours, ainsi qu’à Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis qui ont eux aussi entamé une grève de la faim en soutien à Nikos Romanos dans les prisons grecques. Nous avons ensuite peint des slogans sur un mur près de notre cible : “Nikos Romanos” et “Feu aux cellules des prisons”.
A travers cette petite action, nous saluons également les combattant-e-s qui sont tombé-e-s en barrant le passage aux bouchers de l’Etat Islamique (ISIS), nous saluons les rebelles qui refusent de se contenter de manifester, se battent contre la police et attaquent en prenant pour cible les structures de la répression au Mexique, en France, à Ferguson et à Santiago, nous saluons les cellules de l’ALF et de l’ELF qui réalisent des actions et attaquent à Istanbul et autour, nous saluons les insurgé-e-s qui se sont lassé-e-s de n’être que des révolutionnaires de salon, qui se sont lassé-e-s des insurrections vaporeuses et du Fétichisme de l’Organisation, et qui se sont lassé-e-s de perdre leur anarchique imagination dans les marécages de l’opposition libérale.
Jusqu’à la liberté de Nikos Romanos et de tou-te-s les prisonnier-e-s de guerre anarchistes autour du monde.
Solidarité, Attaque, Insurrection.
Jusqu’à la libération totale…
Guerre Sociale !
Front de Libération de la Terre (ELF) / Faction Solidarité Insurrectionnelle
Ci-dessous, la traduction de la chronique de la manifestation du 2 décembre 2014 en soutien à Nikos Romanos, qui a débouché sur de grandes émeutes. Toutes les mises à jour viennent de compas présent-e-s directement dans la rue (rien des mass medias, ni des dits réseaux sociaux). Nous actualiserons dès que possible à propos des mobilisations du 3 décembre et sur l’état des arrestations et des blessé-e-s.
/ 02:00
comme on l’informe depuis l’intérieur de Polytechnique occupée, 4 des détenu-e-s de la journée ont été relâché-e-s, mais il y a encore pas mal de monde en cage, dont plusieurs blessé-e-s (au moins 2 graves)
/ 01:45 (premières heures du mercredi 3 novembre)
l’occupation de Polytechnique continue, les gens peuvent arriver jusque là-bas (en faisant attention). La police s’est retirée des lieux depuis un moment (avant minuit)
les compagnon-ne-s de l’intérieur de l’occupation ont mis en place un centre de contre-information et sortirons bientôt un communiqué
plus ou moins en même temps, présence d’escadrons antiémeute sur la place Omonoia
/ 23:50
un escadron de MAT se retire vers le siège du PASOK depuis la rue Valtetsiou, et un autre fait de même depuis Arachovis
/ 23:15
environ 500 personnes sont (enfermées) dans Polytechnique occupée, dont beaucoup de jeunes
assemblée en cours, où a été transmis un message de force et de solidarité avec la lutte de Nikos Romanos et des autres anarchistes en grève de la faim par un compagnon de Rémi Fraisse, manifestant assassiné en France
le père de Nikos Romanos est aussi présent et a confirmé que les demandes de sortie d’étude du compagnon ont été refusées par les autorités
en-dehors de Polytechnique, les forces répressives se sont déployées de tous les côtés
/ 22:30
les escadrons antiémeute ont pris le contrôle de la place d’Exarchia
la rue Patission est coupée à partir de la hauteur de la rue Ioulianou, et est pleine de MAT. Il y a aussi des escadrons dans Stournari
Polytechnique est bloquée
/ 21:30
affrontements entre manifestant-e-s et antiémeutes dans la rue Solomou
une quinzaine de bâtards des DELTA sont au croisement de Spyrou Trikoupi et Solomou
l’angle de Stournari et de Patission est bloqué par la police et les pompiers
/ 21:20
les affrontements avec les flics continuent, surtout dans la rue Stournari, devant Polytechnique occupée
jets de pierres, molotov, etc., la zone est pleine de gaz
l’autobus de la rue Stournari a presque entièrement brûlé (il a été incendié il n’y a pas longtemps)
/ 21:10
les gens courent depuis Exarchia vers la rue Tsamadou
/ 21:00
un escadron de MAT se déplace depuis la rue Valtetsiou vers la place d’Exarchia
/ 20:50
les manifestant-e-s ramènent un autobus dans la rue Stournari, en direction de Patision
conteneurs retournés au croisement des rues Arachovis et Benaki, pareil entre Themistokleous et Tzavela
il y a des voitures incendiées au milieu de la rue Koletti et un escadron de MAT en position à côté
/ 20:45
les gens se réunissent à Polytechnique, qui est occupée depuis hier soir
conteneurs retournés dans la rue Benaki, d’autres incendiés à l’angle de Stoyrnari et de Bouboulinas, barricade faite de bois et de conteneurs à l’angle de Stournari et de Zaimi, et feux dans la rue Zoodochou Pigis (près de la rue Solonos)
/ 20:40
la marche s’est achevée aux Propylées il y a peu de temps
beaucoup de gens se dirigent vers le quartier d’Exarchia
des voitures ont été retournées au croisement de Charilaou Trikoupi et de Solonos, et des conteneurs ont été placés en travers de la rue Navarinou
les flics sont dans la rue Charilaou Trikoupi, on dirait qu’ils sont prêts à intervenir (certains portent des masques à gaz)
la nuit n’est pas encore terminée
/ 20:00
les solidaires ne se fatiguent pas de crier
la partie avant de la manifestation est sur la place Syntagma, à l’angle d’Erou (la partie arrière est dans la rue Stadio, on ne la voit même pas, du fait de la taille de la manif)
escadrons de MAT visibles dans la rue Vasileos Georgiou
/ 19:30
forces de la MAT sur la place Kotzia (où se trouve l’ex-mairie) de deux côtés de la rue
la rue Athinas est bondée de gens
quelques arrêts ont été faits sur le chemin, normalement la manif devrait tourner vers la place Omonoia
on crie avec force : « la passion pour la liberté est plus forte que toutes les cellules »
/ 19:05
la marche commence, avec beaucoup de slogans
il y a au moins 4.000 personnes (en comptant les blocs gauchistes)
pour le moment, on ne voit pas les escadrons anti-émeute MAT
l’une des banderoles anarchistes dit « respirer profondément, jusqu’à la mort de l’État et du Capital »
/ 18:30
environ 1500 manifestants pour le moment, selon la première estimation
unité de police motorisée DELTA dans les alentours
/ 18:20 (2 novembre)
beaucoup de manifestant-e-s sur la place Monastiraki, et des gens continuent d’arriver
pas de police dans la rue Eolou (l’une des principales voies d’accès à la manif), mais des forces répressives étaient en place rue Sofokleous
Nous, anarchistes en action, avons incendié aujourd’hui 3 décembre 2014 un véhicule de sécurité à Londres, en solidarité avec nos frères Nikos Romanos, Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis, en grève de la faim à Athènes.
“Cette nuit-là, le regard ancré à l’horizon, nous avons vu tomber de nombreuses étoiles dessinant leur chemin chaotique. Et nous, nous comptions, et recommencions à compter, nous faisons des vœux, nous calculions les possibilités. Nous savions que notre volonté d’avoir une vie libre devait passer par-dessus tout ce qui nous opprime, nous tue, nous détruit, et pour cela, nous nous sommes jeté-e-s dans le vide, exactement comme les étoiles que nous voyions tomber. Depuis lors, un nombre infini d’étoiles sont tombées, et peut-être qu’est arrivée l’heure de la tombée de la nôtre aussi. Si nous avions des réponses déjà prêtes, nous ne serions pas ce que nous sommes, simplement des connards intéressés qui apprendrions aux gens comment être des rongeurs qui se dévorent entre eux, comme ils le font déjà. Au moins, nous autres continuons d’être catégoriques et têtu-e-s, comme le sont les personnes faites comme nous. Et celles et ceux d’entre nous qui ont douloureusement fermé leurs yeux et sont parti-e-s au loin, gardent leur le regard rivé à ce ciel nocturne que nous regardions nous aussi. Et ils et elles nous voient tomber, de belles étoiles brillantes. Maintenant, c’est notre tour ; maintenant, nous tombons sans vaciller.”
Ce vendredi 28 novembre, nous avons décidé d’attaquer un engin de transport public avec pour finalité d’appeler à un décembre noir d’actions et de gestes solidaires en mémoire du compagnon anarchiste Sebastián Oversluij, assassiné lors d’une expropriation bancaire ratée, le 11 décembre 2013. Une fois le minibus en proie aux flammes, nous avons lancé des engins pyrotechniques pour que notre rage et notre rébellion détonnent avec plus de force. A travers cette action, nous souhaitons aussi nous solidariser avec la compagnonne Tamara Sol Vergara, qui est actuellement séquestrée entre les mains du pouvoir. Il s’agit de notre façon de dire qu’aucun de nos morts et de nos prisonniers ne s’oublie, qu’à chaque coup porté par l’ennemi, la rage se multiplie et s’exprime en actions ciblées contre le pouvoir.
Dans les médias de communications bourgeois, cette action a été reliée au début du Téléthon. En réalité, sa motivation était clairement autre, mais ceux qui commercialisent le malheur des autres nous répugnent dans tous les cas. Il s’agit de notre apport au compte officiel de cette fête de l’hypocrisie. De plus, nous notons que nous vivons des moments de grande tension, où trois personnes ont été emprisonnées pour leur participation présumée à l’installation d’explosifs dans le centre commercial Subcentro de la station de métro Escuela Militar. Si nous pensons en effet que cette action est peu stratégique et constitue plutôt une régression qu’un apport, nous continuerons tout de même de nous solidariser avec celles et ceux qui vivent probablement l’un des procès carcéraux parmi les plus difficiles de ces derniers temps.
En tant qu’anti-autoritaires, nous croyons en la destruction de la société carcérale et de ce fait pensons à Nataly, Juan et Guillermo, tout comme à Hans Niemeyer, Mónica Caballero, Francisco Solar, Juan Aliste Vega, Carlos Guitérrez Quiduleo, Marcelo Villarroel et Freddy Fuentevilla. Nous n’oublions pas les deux weichafe qui ont été assassinés ces derniers temps sur les territoires en conflit du sud, José Quintriqueo er Victor Mendoza Collío. Mémoire et combat en leur nom. Nous rappelons également que quatre personnes ont été arrêtées cette semaine pour transport d’engin incendiaire et de désordres sur la voie publique. Nous leur envoyons une chaleureuse étreinte de solidarité et de feu, faisant à leur suite un appel à toujours prendre toutes les précautions et les mesures de sécurité au moment de passer à l’action pour éviter les coups de l’ennemi.
Il n’est pas de trop d’éclaircir le fait que pour nous, le transport public représente l’une des formes que l’État et le Capital endossent pour que les exploités et les consumés de ce système arrivent jusqu’à leurs lieux de travail aliéné pour accomplir les obligations que leur impose un système qui ne cherche qu’à englober jusqu’à la dernière seconde de nos vies. Brûler un bus veut dire questionner directement la logique de la structure, saboter la circulation de la marchandise humaine, interrompre le réseau de fictions que le capital et le spectacle nous ont imposé en tant que forme de vie, contre l’avancée du progrès qui détruit tout ce qui est beau et tout ce qui est libre.
Nous appelons à un dimanche noir
en mémoire du compagnon Sebastián Oversluij
Solidarité avec Tamara Sol Vergara
Hans Niemeyer, Mónica Caballero y Francisco Solar en liberté !
Force au compagnon Nikos Romanos
Une chaleureuse étreinte aux compagnons qui ont attaqué la PDI
Mauricio Morales et Sebastián Oversluij toujours présents !!!
Le 2 décembre 2014 a eu lieu une manifestation en solidarité avec le compagnon anarchiste Nikos Romanos, prisonnier en grève de la faim depuis le 10 novembre, pour l’obtention des sorties d’étude. Des milliers de personnes ont participé au cortège dont une partie s’est dirigée vers l’Ecole polytechnique occupée.
Pour nous, le sol occupé de l’Ecole Polytechnique d’Athènes n’a pas de valeur en soi. Au contraire, c’est une autre pièce de la mosaïque de la dignité et de la résistance contre tous ceux qui veulent faire de la société un cimetière. C’est une pièce de la mosaïque de résistance contre le totalitarisme contemporain qui étend son pouvoir sur nos vies ; des anarchistes qui s’engagent dans une grève de la faim aux mobilisations contre les prisons de très haute sécurité, ou encore aux grévistes de la faim syriens, enfin à tous ceux qui luttent pour la dignité et la liberté dans le monde entier.
Nous appelons toutes les personnes en lutte à prendre toutes les initiatives nécessaires pour la victoire du gréviste de la faim Nikos Romanos: de l’occupation d’université aux blocages des activités de production, aux ruptures de l’omertà médiatique, aux attaques contre les gardiens de l’ordre.
Soulevons-nous au niveau des exigences de notre temps face à la répression étatique, contre les logiques qui veulent faire de nous des spectateurs passifs et des électeurs. Solidarité inconditionnelle à Nikos Romanos, en grève de la faim depuis le 10/11, et aux compagnons en grève de faim solidaires, Yannis Michailidis (depuis le 17/11), Andreas-Dimitris Bouzoukos et Dimitris Politis (tous les deux depuis le 1/12).
Depuis le 1er décembre 2014, l’école Polytechnique d’Exarchia est occupée, pour en faire un lieu de plus où développer la solidarité et le militantisme aux côtés de la lutte de l’anarchiste Nikos Romanos, en grève de la faim depuis le 10 novembre 2014, tout comme les compagnons en grève de la faim solidaire Yannis Michailidis (depuis le 17 novembre), Andreas Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis (depuis le 1er décembre).
Nikos Romanos est maintenu en captivité entre les mains de l’État depuis le 1er février 2013, pour la double expropriation d’une banque et des Postes dans la commune de Velventos, à Kozani. Son action fait partie de la lutte anarchiste multiforme, contre tous les responsables du pillage que l’État et le Capital imposent à la société en général.
Les options politiques de Nikos Romanos et son ardeur dans la lutte est une continuation de la révolte de décembre 2008. Il lutte pour un monde sans autorité, exploitation ou patrons. La lutte des grévistes de la faim enfermés pour un souffle de liberté et contre la barbarie de l’enfermement et le renforcement de la répression pénitentiaire (interruption et refus des sorties de prison, généralisation du régime d’isolement, prisons de type C), et se range aux côtés de la lutte de chaque exploité contre la répression et le pillage de sa vie.
L’occupation veut donner à ce terrain libéré qu’est Polytechnique les caractéristiques d’un centre de lutte ouvert, massif et combatif, en parallèle de tous les autres lieux où se développe la lutte pour la satisfaction des revendications de Nikos Romanos pour l’obtention des sorties d’étude, et la lutte pour la cause de la libération sociale en général.
DANS LES RUES DE LA REVOLTE
SOLIDARITE AVEC LES COMBATTANTS – GREVISTES DE LA FAIM
La nuit du 29 novembre, 30 anarchistes ont simplement et joliment attaqué le commissariat de police d’Aghios Nikolaos, dans la ville de Volos, en balançant des pierres et de la peinture, tout en criant des slogans de solidarité avec Nikos Romanos, anarchiste en grève de la faim.
Les policiers motorisés des DIAS, qui sont sortis des lieux en panique, ont eu de la chance.
La solidarité est factuelle et agressive.
Qu’ils ne dorment pas tranquilles.
“Au moins, nous autres continuons d’être catégoriques et têtu-e-s, comme le sont les personnes faites comme nous. Et celles et ceux d’entre nous qui ont douloureusement fermé leurs yeux et sont parti-e-s au loin, gardent leur le regard rivé à ce ciel nocturne que nous regardions nous aussi. Et ils et elles nous voient tomber, de belles étoiles brillantes. Maintenant, c’est notre tour ; maintenant, nous tombons sans vaciller.” Nikos Romanos
Une bouchée de liberté… de asphyxiante condition de l’enfermement, un regard au-delà des grilles, une matinée hors des murs de béton.
L’anarchiste Nikos Romanos est en grève de la faim depuis le 10 novembre 2014, exigeant qu’ils lui concèdent les sorties d’étude auxquelles il a droit, puisqu’il a été admis à l’intégration de l’Institut d’Education Technologique d’Athènes, mais le ministère de la justice et le conseil des prisons de Koridallos les lui refusent.
Au-delà de la défense de la légitimité, Nikos Romanos utilise l’un des peu de moyens à sa portée depuis sa condition de captivité, se servant de son corps comme barricade pour obtenir une bouffée de liberté. La lutte du compagnon est notre lutte à tou-te-s, et c’est pour cela que nous avons montré notre solidarité en attaquant les objectifs suivants :
Un DAB de la Banque Nationale dans le quartier de Patisia
Un DAB dans le quartier d’Exarchia
Un DAB dans le quartier de Glyfada
Un DAB de la Banque du Pirée dans le quartier de Marousi
Un DAB de l’Eurobank dans le quartier de Chalandri
Un DAB dans le quartier de Kipseli
Une véhicule d’une entreprise de sécurité privée dans le quartier d’Argyroupoli
Un voiture de l’ambassade d’Argentine dans le quartier de Papagou
Deux voitures au service de la Préfecture d’Athènes dans le quartier d’Egaleo
Ci-dessous, une traduction partielle du communiqué de revendication. Nous actualiserons ce post dès que nous pourrons le traduire dans son intégralité.
[…]
Passer à l’offensive
La nuit du dimanche 23 novembre 2014, nous sommes passés à l’offensive, en déposant un engin explosif composé de bombonnes de gaz dans la maison de Dimitris Padiotis, président du syndicat de policiers de Thessalonique, située au 5 de la rue Pelopida, dans la zone de Kastra.
Pour autant que le secteur syndicaliste des flics veuille montrer un profil plus humain par rapport aux autres porcs, il est évident que leur intérêt principal sont les « luttes » pour l’amélioration de leurs conditions de travail. C’est-à-dire la répression la plus facile, la plus confortable et la plus sûre contre celles et ceux qui luttent. Cette profession dégueulasse est par nature liée au maintien et à la protection de la pourrissante quotidienneté capitaliste. Il est aussi clair que les combattant-e-s révolutionnaires ont toujours essayé de modifier un peu le pourcentage de la violence qu’ils exercent au quotidien (plus il est haut, le mieux c’est), indifféremment du fait de savoir si ceux-ci se disent policiers de gauche, syndicalistes ou fascistes.
Force aux compagnon-ne-s anarchistes prisonnier-e-s qui luttent pour rester intact-e-s sous ce régime de barbarie.
Force aux combattant-e-s hors des murs qui chaque jour osent, luttent et se dépassent.
Victoire pour la lutte de l’anarchiste Nikos Romanos.
Camaraderie – Action autonome – Attaque
P.S. 1 : Le fait que notre action soit complètement passée sous silence sur les chaînes de télévision, internet et autres balances n’est pas pour nous surprendre : ils ne font que réaffirmer leur rôle. Nous le prenons en compte.
P.S. 2 : Compagnon-ne-s, si jamais l’État décidait de jouer avec la vie de Nikos, nous devons êtres prêt-e-s à porter des coups marquants et provoquer le coût politique nécessaire pour prévenir cette éventualité.
Au petit matin du 23 novembre 2014, nous avons brûlé un DAB de la Banque du Pirée dans le square de Canningos (dans le centre d’Athènes). Quatre jours plus tard, tôt dans la matinée du 27 novembre, nous avons déposé du matériel explosif devant la porte principale des Postes grecques (ELTA) du siège du district de Pefki. Ces actions ont été réalisées en solidarité avec les grévistes de la faim Nikos Romanos et Yannis Michailidis.
Le 24 novembre 2014, l’anarchiste prisonnier Nikos Romanos, en grève de la faim depuis le 10 novembre, a été transféré en urgence depuis les prisons de Koridallos à l’hôpital Gennimatas, au 154 de l’avenue Mesogeion. Un rassemblement de solidarité a été appelé pour le jour d’aujourd’hui, 25 novembre, à 17 heures, devant l’hôpital.
Le matin du 22 novembre 2014, dans le cadre de la journée d’action internationale pour la mort de Rémi Fraisse, a eut lieu un rassemblement solidaire (mikrofoniki) pendant deux heures devant le consulat de France, situé sur l’avenue Stratou, dans la ville de Thessalonique. On y a distribué des textes de contre-information sur les derniers évènements survenus en France, en plus de lancer des tracts de solidarité avec la grève de la faim de l’anarchiste Nikos Romanos.
Dès le début du rassemblement, des flics en tous genres avaient bouclé toute la zone, bloquant jusqu’à la rue qui passe devant le consulat.
Du Testet à Skouries, lutte pour la libération totale, humaine et de la nature.