Le 24 juin 2016 a eu lieu à Bâle une manifestation contre le racisme, la répression et la gentrification. Durant cette manifestation, des institutions et entreprises, participant aux conditions en vigueurs, ont été la cibles d’attaques. Ce sont, entre autres, le bureau du plus gros parti de la droite populiste suisse (UDC), le palais de justice, une entreprise privée de sécurité (Kroo Security) ainsi que la police qui ont été visés.
Le soir même, 14 personnes ont été arrêtées, accusées d’avoir pris part à la manifestation. Sept d’entre-elles ont passé plusieurs mois en détention préventive. Quelques semaines plus tard, une autre personne a encore été arrêtée et, en cours de procédure, 4 personnes de plus ont été convoquées et accusées. Il ressort de l’acte d’accusation que le procureur suit la piste reprochant à l’ensemble des 18 personnes accusées d’avoir commis ensemble des délits suivants, « en se répartissant les tâches » :
Multiples dégradations de biens qualifiées (attroupement sur la voie publique et lourdes dégradations, agressions, violation de la paix publique, coups et blessures (avec objet dangereux), de multiples tentatives de coups et blessures (avec objet dangereux) et de multiples tentatives de blessures graves, de multiples troubles sur la voie publique, violences et menaces envers les autorités et les agents, violation du code de la route et infraction à la loi cantonale sur les infractions.
Le procès débute le 24 octobre au tribunal correctionnel de Bâle. Il est prévu qu’il dure cinq jours, le verdict étant attendu pour le 30 octobre. Le procès sera orchestré par trois juges qui, en théorie, peuvent imposer des peines allant jusqu’à cinq ans de prison.
L’indignation quant à la violence envers des biens matérielles ou envers les policier·ère·s présent·e·s est hypocrite. La violence ne commence pas au moment où des pierres sont jetées lors d’une manifestation. Les attaques du 24 juin 2016 ne sont en aucun cas comparables à la violence subie par les milliers de personnes en fuite, enfermées dans des camps et centres de renvois, confrontées à des situations sans perspectives à l’intérieur de la « forteresse Europe ». Lorsque le Ministère Public fait courir l’image de manifestant·e·s violent·e·s, c’est une manière de plus de cacher, dans la tête des gens, la réalité de la violence quotidienne.
Nous saluons le fait que des personnes prennent la rue afin de se rebeller contre les oppressions présentes, de manière autonome et sans demander de permission. Nous considérons le militantisme comme un moyen d’intervenir directement face aux dysfonctionnements, permettant de sortir d’une protestation purement symbolique.
La répression que rencontre ces 18 personnes ne doit pas être considérée comme un cas à part. Elle est la garantie nécessaire du fonctionnement sans friction d’une société basée sur d’énormes inégalités. Les personnes sont discriminées, condamnées ou encore enfermées sur la base de leur statut social, de leur apparence, d’une pratique de résistance ou encore de leur situation légale. Ces mécanismes répressifs servent à protéger les avantages des personnes privilégiées et à maintenir les autres à distance. La répression n’est pas un événement individuel, mais bien un élément quotidien de notre société.
Dans un moment où les médias et la justice cherchent à nous diviser, nous devons, plus que jamais, nous tenir ensemble et exprimer notre solidarité de manières diverses et variées. Pour nous, il n’est pas important de savoir si les accusé·e·s sont coupables ou non. Tant que nous restons unis malgré nos différentes positions. Montrons nous solidaires avec les accusé·e·s du 24 juin 2016. Montrons que notre solidarité est plus forte que les lois de l’État et que la répression.
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