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Grenade : Attaque à la peinture d’une succursale de Banco Sabadell

Le 20 Mars dernier, dans l’après-midi (il était environs 17h30) une succursale de Banco Sabadell, située dans la rue San Pablo II, a été attaquée à la peinture. De la peinture rouge a été répandue sur l’écran du distributeur pour le recouvrir et empêcher son utilisation jusqu’à ce qu’il soit nettoyé ou changé, ainsi que sur les vitres de la banque. Des tracts ont également été laissés sur les lieux, avec un texte de solidarité avec les compagnons du Caso Security au Chili, dont le jugement commence le 25 Mars prochain.

Cette action fait partie de la semaine d’agitation et de solidarité avec cette affaire lancée en particulier depuis le Chili et soutenue par divers collectifs et individualités partout dans le monde, auxquels nous voudrions nous ajouter anonymement. Nous envoyons également un message de force et de solidarité à Tamara Sol et aux autres prisonni.ères/ers anarchistes dans les cachots de l’Etat chilien et dans le monde.

Solidarité et action ! Nique les banques !
Vive l
’Anarchie !

Santiago, Chili : barricades de mémoire et de solidarité

Action Incendiaire : mémoire et solidarité combative dans la lutte contre toute autorité.

Aujourd’hui nous avons voulu interrompre, même pour quelques instants, la sombre normalité de cet ordre de mort. La nuit du 20 mars nous avons coupé la rue avec des conteneurs incendiaires au croisement de l’Avenue Amerigo Vespucci et de l’Avenue Industria (zone sud de la ville de Santiago), en lançant de pamphlets avec nos idées de lutte, mémoire et solidarité. Ce petit geste est rempli d’amour et de haine.

Parler de mémoire anarchique depuis les combats actuels, signifie tracer une ligne de continuité avec les révolutionnaires tombé.e.s. La mémoire c’est se souvenir de manière active : agir au présent, mais aussi projeter nos désirs de rébellion.

Hier et aujourd’hui, différentes générations de révolutionnaires passent à l’action. C’est l’aspiration au combat et le désir de liberté. Nous nous souvenons de celles et ceux qui sont tombé.e.s et nous exprimons ainsi notre respect, au-delà des différences d’idées et de contextes.

Il y a des ruptures claires avec le passé. En effet nous rejetons les conceptions verticalistes, militaristes, hiérarchiques et centralisatrices développées par d’anciens (et actuels) groupes anticapitalistes, puisqu’en tant qu’antiautoritaires nous ne respectons aucune forme d’ordre, nous n’attendons pas de conditions objectives ni ne misons nos espoirs sur des mythes tels que le peuple, la patrie, le pouvoir populaire, etc. Mais ces différences ne nous font pas oublier le dévouement de ces combattant.e.s révolutionnaires. Des combattants comme Rafael et Eduardo Vergara, assassinés par la police le 29 Mars 1985, qui pour nous sont toujours vivants, leurs options et décisions de lutte nous connectent. Aujourd’hui comme hier nous sommes prêts au combat, comme l’étaient déjà d’autres avant.

Nous allons réduire en cendre les illusions démocratiques. Tous ces espoirs qui se dégagent du projet de vie vide que nous offre le capital, nous allons les bruler. Nous allons créer des mondes nouveaux, en chacun.e de nous. Parce que dans chaque acte, dans chaque geste de lutte aussi petit soit-il, est incarné la soif de se rebeller, d’affirmer la liberté et la dignité, de rendre les coups.

Nous n’oublions pas non plus que cette semaine commence le procès contre les compagnons du caso Security : Freddy, Marcelo, Juan, Carlos. Ceci est aussi une accolade solidaire pour vous, passé et présent de l’action transgressive et révolutionnaire. Pendant les journées d’agitation, que la solidarité soit permanente.

Pour Sol Vergara, compagnonne accusée de tentative d’homicide contre un gardien de la Banque Estado, tes rayons de lumière illuminent la voie de cel.le/lui qui ne se résigne pas à une vie d’esclave. Pour la famille Vergara Toledo, force et curage dans ces moments difficiles.

Mémoire offensive pour celles et ceux qui sont tombé.e.s : Rafael, Eduardo et Pablo Vergara Toledo, Norma Vergara, Claudia López, Jonny Cariqueo, Mauricio Morales, Sebastián Oversluij.

Solidarité avec les compagnon.ne.s prisonni.ères/ers au Mexique, pendant la semaine d’agitation solidaire.

Solidarité permanente avec les prisonni.ères/ers de la guerre sociale au Chili et dans le monde.

Bande enragée et incendiaire pour la mémoire et la solidarité combative.

Chili. Mars 2014.

Santiago, Chili : Lettre de la famille Vergara Toledo suite à la détention de la compa Sol

Villa Francia, 3 Février 2014

Chèr-e-s ami-e-s et compagnons :

Notre Tamara Sol aimée est emprisonnée.

A la vitesse d’un rayon vengeur, comme ça arrive à chaque fois qu’il s’agit de condamner un pauvre ou un subversif, une juge du système, Paola Robinovich, envisage de la condamner à dix ans et un jour ou à la perpétuité, accusée de « vol qualifié », la figure juridique la plus dure du système pénal chilien, en invoquant le fait que Tamara Sol est un danger pour la société. Société construite méthodiquement sur l’aberrante inégalité entre quelques-uns immensément riches et tous les autres immensément pauvres ; une société militarisée avec des centaines de policiers dans ses rues et surtout en périphérie, harcelant la jeunesse des quartiers populaires, avec l’autorisation de frapper, mentir, mettre en scène, arrêter, détruire des maisons, assassiner, espionner, photographier… une société qui est un « grand marché », une société fière de l’individualisme qu’elle a créé, fière de la médiocrité qu’elle a créé, une société dans laquelle les moyens de communications ne parlent que de stars ou des crimes passionnels… La juge, qui défend cette société, a estimé que Tamara Sol devait rester emprisonnée le temps de l’enquête (qui devrait durer 60 jours) dans la prison de San Miguel et dans un module de haute sécurité. Dans ce module de punition, elle n’a qu’une demi-heure de promenade par jour… autant dire qu’elle est enfermée toute la journée.

Cette vitesse à laquelle les juges prononcent des sentences est complètement à l’opposée lorsqu’il s’agit de condamner des uniformes qui, malgré qu’ils assassinent et qu’ils abusent de leur pouvoir avec les jeunes et les habitants des quartiers populaires, vivent tranquillement dans leurs maisons. Quant à nous, pour l’assassinat d’Eduardo et Rafael, nos enfants, nous avons dû attendre plus de vingt ans pour que la justice se prononce et sa sentence fut très légère, seulement 7 ans pour avoir assassiné deux personnes. Ils ont été arrêté sans qu’aucun médias ne soit présent, sans montrer leurs visages, sans menottes aux poignets, et ils ont été envoyés à “l’hôtel 5 étoiles” de Punta Peuco. On ne voit pas non plus cet esprit expéditeur des juges quand il s’agit de condamner des voleurs en col et en cravate pleins de fric. Là tout se calme, tous se taisent.

Nous voulons aussi vous dire que Tamara Sol va relativement bien (dans sa condition de prisonnière). Son esprit est solide et fière, c’est une femme digne et courageuse qui nous a interpelés, sa famille la plus proche, en nous disant que nous sommes des lâches, que nous ne serons jamais capable de sortir de ce système maudit, que nous nous contentons des miettes, que ça ne sera jamais « le moment » pour nous et que nous n’aurons pas les « moyens nécessaires », que nous marquons le pas pour tout d’un coup gesticuler, mais rien qui ne rompt avec cette routine mortelle dans laquelle nous sommes.

Nous souffrons terriblement parce que c’est notre fille, que nous aimons profondément, qui est emprisonnée. Nous sommes fiers, aussi, parce que c’est maintenant une femme qui a démontré un courage terrible au cours de sa vie.

Une femme qui nous remet profondément en question pour que nous ne restions pas coincés dans ce système, en adaptant nos vies à leurs dictats, en nous habituant à l’assassinat de compagnons, à l’emprisonnement des jeunes combattants, au vol permanent que nous subissons dans tous les domaines en tant que peuple, depuis le vol de notre quotidien, jusqu’au vol de notre terre, de notre mer, de nos richesses, de nos arbres.

Nous avons besoin de forces, compagnons, nous avons besoin de votre amitié sincère et désintéressée, comme vous l’avez toujours fait.

Notre chemin est tout tracé et nous ne pouvons pas rester à attendre tranquillement que d’autres fassent ce que nous devons continuer de faire…

AIMER PROFONDEMENT L’IDEE D’UNE SOCIETE LIBRE ET FRATERNELLE E LA CONSTRUIRE AVEC DES PETITES ET DES GRANDES ACTIONS, PAS SEULEMENT DANS LE DISCOURS, AVEC TOUTES LES FORMES DE LUTTES ET DANS TOUS LES ASPECTS DE NOTRE EXISTENCE.

Tamara Sol, fille, nièce, sœur, nous t’aimons de toutes nos forces.

Tamara Sol, compagnonne de lutte, nous t’admirons pour ton courage. Nous sommes avec toi.

Tamara Sol nous t’accompagnerons toujours, tu ne seras jamais seul.

Tamara Sol « le ciel se reflète sur la mer et seulement alors il regarde vers la lune ».

Patience, patience, patience, amour.

Nous voulons remercier toutes celles et ceux qui sont venu nous voir dans notre maison, ceux qui nous ont immédiatement prouvé leur amour, ceux qui se sont montré solidaires en apportant des choses que Tamara Sol a besoin en prison.

Nous remercions les femmes qui l’ont accueilli chaleureusement dans cette enceinte lugubre avec amour.

Nous remercions également ceux qui n’ont pas été avec nous, démontrant par leur attitude qu’ils ne sont pas d’accord avec Tamara Sol et cela nous permet de voir bien clairement sur qui nous pouvons  compter à présent.

Ana Vergara Toledo, Luisa Toledo Sepúlveda, Manuel Vergara Meza

source

Sebastián Oversluij Seguel/Pelao Angry Present !

Parce que les idées sont à l’épreuve des balles

COMPAGNON ET FRERE PELAO ANGRY PRESENT !

Sebastián Oversluij Seguel : Pelao Angry assassiné le 11 Décembre 2013 par le misérable gardien des puissants dans une tentative d’expropriation d’une banque à Pudahuhel (Santiago, Chili)

William Vera tes jours sont comptés

De l’agitation et du bruit pour la libération de Hermes Gonzales, Alfonso Alvial, Tamara Sol, Juan Aliste, Carlos Quiduleo, Freddy Fuentevila, Marcelo Villaroel, Monica Caballero, Francisco Solar et tou-tes/s les autres compagnon-ne-s emprisonné-e-s dans les prisons du monde !

En avant frère, l’abime nous attend, nous sommes la propagande qui brise vos chaines et si nos vies s’envolent, un autre viendra nous remplacer, en conspirant, en volant, en brulant et en agitant.

Sebastián Oversluij Seguel : Pelao Angry assassiné le 11 décembre 2013 par le misérable gardien des puissants WILLIAM VERA (TES JOURS SONT COMPTES) dans une tentative d’expropriation d’une banque à Pudahuel (Santiago, Chili).

COMPAGNON ET FRERE PELAO ANGRY PRESENT !

[Chili] Compagnon Pelao Angry toujours présent

Sebastián Oversluij Seguel, plus connu sous le nom de « el Angry », était un compagnon de 26 ans auto-déclaré anarco-insurrectionnaliste, assassiné lors d’un assaut manqué à une banque d’état de la commune de Pudahuel, Santiago, le 11 Décembre 2013.

Ce matin-là, le compagnon entre dans la banque en portant un pistolet-mitrailleur dans son sac. Lorsque le gardien-laquais s’en aperçoit, il lui tire à la tête et au thorax. Sebastián essaye de répondre en tirant en l’air, mais il meurt malheureusement sur le coup.

El Angry nait le 25 Novembre 1987, à Santiago, au Chili. Il passe toute son enfance et son adolescence dans le quartier populaire la Palmilla, dans la commune de Conchali. Il fut élevé par sa grand-mère, sa mère, sa sœur et son oncle.

A 16 ans, sa vie a été marquée par la mort de son oncle Juan, à cause des drogues qui l’ont emporté. C’est là que commence ses années de vegan-straight-edge, « libéré des drogues » comme pour protester face à ce système d’exploitation. Il fit parti du groupe de Hip Hop « Palabras en Conflicto ». C’est dans les disques de ce groupe que el Angry reflète les mutations de ses pensées et de ses expériences de vie. Il passa de « el cona » à « el angry », la « Angry Brigade » lui inspira son deuxième « surnom ».

C’est à cette étape de sa vie qu’il décide de commencer à étudier le design graphique. Pour cela il dut travailler et étudier, ce qui le mena au collapsus et à l’hospitalisation. Il décide alors d’arrêter d’étudier et de travailler, et son dégout du travail salarié augmente. A cette époque, il s’auto-définit comme « marginal » de par ses expériences de vie, né et élevé dans un quartier populaire, il se sentait marginalisé par la société.

A la fin de l’année 2009 il fait partie du collectif qui donnait fait vivre le Centro Social Autónomo y Biblioteca Libertaria Jonny Cariqueo, et il commence à y vivre. C’est dans ce processus de sa vie qu’il commence à affuter ses idées, entre discutions collectives et processus individuelles, son discours commence à se rapprocher de l’« antisocial » et de l’individualisme. Il se manifeste directement contre toute structure sociale, le système et ceux qui le soutiennent.
El Angry a toujours considéré comme valable les différentes manières d’attaquer le système. L’« être intégral » qu’il aspirait à être se sentait capable de tout faire. Ensuite il décide d’aller vivre dans le sud, et d’initier un nouveau processus collectif. Toujours dans une perspective de lutte, en considérant toutes les formes d’attaque contre le système comme valables. Dans ce processus, il commence à se rapprocher de la terre et à profiter de quelques instants de « liberté ». Sa fille nait et dès lors, l’envie de vivre de manière autonome se fait plus forte, avoir son espace, semer sa nourriture et faire une maison en terre était pour lui une manière de faire la guerre au système et de chercher la liberté tant convoitée. Malgré ça, sa vie dans le sud se complique. Survivre dans un lieu lointain et avec peu de possibilité de se faire de l’argent commença à rendre opaque son rêve d’autogestion. C’est pour cela qu’il se met finalement à travailler à temps complet et pour le salaire minimum. Il se trouva à nouveau confronté aux contradictions de la vie. Il ne voulait pas se rendre au travail, encore moins pour survivre jour après jour, il se sentait littéralement mort en vie. Dans ce processus, c’est à « Sur-Santiago » qu’il aiguise son discours et ses convictions de vies se rapprochant du nihilisme. Il était courant de l’entendre se sentir comme un être unique, égoïste et irréductible, capable de réaliser tout ce qui était proposé pour attaquer le système. Ces derniers écrits reflètent clairement une partie de ce processus. C’était un être extrêmement créatif, avec des habilités uniques. Par tes écrits et tes dessins, tu t’es toi-même chargé de nous communiquer tes pensées, réflexions et expériences. Lesquelles s’exprimeront dans un livre qui sera lancé en Avril de cette année 2014, et dont nous espérons que tou-tes/s celleux qui voudraient en savoir plus sur le compagnon puissent le lire.

COMPAGNON PELAO ANGRY TOUJOURS PRESENT !

source : libertad a hermes y alfonso

Berlin, Allemagne : Αttaque incendiaire d’une banque Santander

Dans la nuit du 6 Mars 2014 nous avons mis le feu à une agence bancaire Santander à Neukölln, à Berlin. Nous avons détruit une vitre et allumé un engin incendiaire à retardement. Nous dédions cette action aux personnes en captivité et assassinées par le système capitaliste au Chili et en Espagne.

Tout d’abord, à Tamara Sol et Sebastian Oversluij Seguel :

Dans la matinée du 11 Décembre 2013, le compagnon anarchiste Sébastien Oversluij Seguel a été abattu à Pudahuel, une banlieue de Santiago, au cours d’une tentative de vol de banque. Un gardien de sécurité privé de la Banco Estado a tué le compagnon de 26 ans de six coups de feu. Depuis lors , il ya eu de nombreuses réactions de la part du mouvement anarchiste sur cette assassinat. Le 21 Janvier 2014, la compagnonne Tamara Sol Farías Vergara est entrée dans une agence de la même banque dans le centre de Santiago, et a ouvert le feu sur la garde pendant qu’elle criait : «Vengeance» Puis, elle dit avoir saisi l’arme du garde de sécurité. Peu de temps après, elle a été arrêtée. Tamara a refusé toute coopération avec les autorités, et est maintenue en détention préventive.”

Vidéo «Complicité» sur l’assassinat de Sebastián et l’action de représailles dont Tamara est accusée, ici.

Récemment (le 3 février 2014), la famille Vergara Toledo de Villa Francia, à Santiago, s’est exprimée dans une lettre ouverte en ce qui concerne l’arrestation et la situation actuelle de Tamara.

Depuis l’assassinat de Sébastian, Alfonso Alvial et Hermes González sont en détention préventive.

En outre, nous tenons à mentionner Mónica Caballero et Francisco Solar. Après une opération lancée par les autorités chiliennes et espagnoles, ils sont incarcérés en Espagne avant le procès, les deux ont déjà été poursuivis au Chili dans la construction du ‘Caso Bombas’.

Salutations également à l’accusé dans le ‘Caso Security’ (Chili), et des militants de Barcelone qui, comme nous, visent les banques pour des actions de solidarité.

Santander, en tant que plus grande banque du monde hispanophone, est responsable d’expulsions forcées et de garanties pour les ventes d’armes. C’est aussi une bonne raison pour nous de voir les combats d’ici et là comme notre lutte commune. Les institutions qui mettent le capital avant la vie humaine seront toujours la cible de nos attaques.

Commando Sebastián Oversluij Seguel
LIBERTÉ POUR TOUS LES PRISONNIERS

[Grèce / Chili] Entretien de la Conspiration des Cellules de Feu avec José Miguel Sánchez Jiménez

Guerriers de la lutte émancipatrice
Conspiration des Cellules de Feu
Présent.

Après avoir traversé mers et montagnes, ces notes sont arrivées entre vos mains pour porter une accolade révolutionnaire à chacun-e d’entre vous, beaucoup d’affection dans la révolte et la soif de l’attaque du pouvoir par l’action directe violente et destructrice.

Ici, derrière les murs austères, les murs pleins d’injustice et de brutalité étatique, je réponds à l’entretien informel qu’on m’a demandé (en Octobre 2013) en essayant d’être le plus clair possible, parce qu’à vrai dire je ne suis pas bon pour m’exprimer par écrit, chose qu’il faudrait que je change.

1. En 1991, au Chili, la dictature tombe et la répression s’appelle démocratie. Quels processus ont eu lieu à l’intérieur des groupes guérilleros ? Quelles furent les raisons pour lesquelles, personnellement, tu as opté pour continuer la lutte et ne pas laisser de trêve à la démocratie ?

Je peux simplement parler du processus qui a eu lieu au sein du F.P.M.R (Front Patriotique Manuel Rodriguez), j’étais déjà en prison à cette époque et les réunions rodriguistas étaient des débats au cours desquels était envisagé l’idée d’accumuler les forces d’aspects sociales, étudiantes, ouvrières dans les syndicats, de la population dans les conseils de quartiers…etc. C’est-à-dire que d’une manière ou d’une autre il était envisagé de se replier pour accumuler des forces, mais l’action armée était écartée. Moi je pensais que si nous étions une organisation politico-militaire, nous ne pouvions pas laisser de côté l’action armée, puisque la politique découlerait directement de l’action elle-même. Une fois sorti de prison, j’ai refusé de faire partie de celleux qui trouvaient pertinente l’idée de se lancer dans le travail social et, d’une forme maquillée, d’avaler le conte de la « démocratie sous tutelle ». J’ai toujours cru qu’à la violence étatique de nouveau perpétuée ne pouvait s’affronter que la violence audacieuse, conspiratrice, clandestine et juste, et cela je l’ai assumé consciemment.

2. Quelle est la situation actuelle du mouvement anarchiste au Chili ? Tu connais les différents courants ? Et quel est ton positionnement ?

Le mouvement anarchiste, par ma vision limité depuis la prison, je le vois en augmentation, il croit, mais sans la capacité opérationnelle que nous voudrions, sans une continuité permanente dans les attaques diverses. Il y a beaucoup de travail à faire de ce côté-là, les expériences doivent se transmettre aux compagnons, le savoir doit se déplacer, se confronter, avoir connaissance de l’usage et du maniement de différentes armes. Avoir au moins un gilet pare-balles quand tu prends part à une action à haut risque, etc… Le fait est qu’il faut fortifier la partie opérationnelle de tou-te-s celles et ceux qui assument comme un style de vie le fait d’attaquer le Pouvoir. Nous devons être capables d’affronter le Pouvoir et ses sbires sans hésiter un seul instant, avec astuce, hardiesse et résultats, c’est à ça que nous devons nous appliquer, jusqu’à ce que chaque combattant soit une armée. Il n’y a que comme ca que nous aurons la certitude d’avancer sur des bases solides. Je ne connais pas les différents courants anarchistes dans leur totalité, mais je n’ai pas non plus fait de grands efforts pour les comprendre. Ma position ? Je pense qu’elle est claire vu ce que j’ai dit plus haut, n’est-ce pas ?

3. Que penses-tu de la Fédération Anarchiste Informelle/Front Révolutionnaire International et de la guérilla urbaine anarchiste international ?

J’ai déjà fait référence à la FAI/FRI par le passé, mais je vais creuser un peu plus la question : Pour moi, attribuer un drapeau à la lutte n’est pas adéquat, parce que je trouve que ça l’uniformise. Je ne crois pas en des lignes directrices, ou à un commandement vertical, ni aux organisations ou aux partis. Je crois en la lutte pour l’émancipation totale. Je ne crois pas aux maitres, aux dieux ou aux Etats. Je crois en l’attaque directe, en l’usage de la violence et en l’agissement conscient, en ayant toujours pour objectif d’attaquer le pouvoir et toutes ses structures dégoutantes. Je crois que s’il existe l’opportunité d’attaquer le pouvoir de manière simultanée en différents endroits du globe, chacun peut se mêler à l’attaque directe mais sans faire part à quiconque de ses agissements.

4. Très souvent, tant les communistes que les cercles anarchistes officiels, suivants la morale bourgeoise et pour ne pas « faire peur à la société », écartent ou n’acceptent pas les moyens de lutte illégalistes, comme les attaques de banque ou les exécutions armées de cadres de l’Etat. Qu’en penses-tu ?

Je crois que si nous voulons lutter contre un système brutal et implacable nous devons le faire par tous les moyens. La violence est une arme efficace et elle doit toujours être présente dans nos attaques. L’ennemi n’hésite pas à l’utiliser, de fait il l’utilise chaque jour pour implanter la soumission par la terreur d’Etat. Les vols (les expropriations), les exécutions, la violence, sont les moyens que nous devons utiliser pour nous renforcer dans cette lutte. L’expropriation est le moyen efficace pour avoir une infrastructure informelle forte et combative, ainsi que pour obtenir ce qui est nécessaire pour porter des coups avec le plus de sécurité et d’efficacité possible, tel que : des armes (courtes et longues portées), des explosifs, des gilets pare-balles, des maisons de replies, etc… Et ça sert également à aider les prisonniers et leurs familles, à diffuser la propagande, etc… On peut faire bon usage de ces moyens économiques et ainsi renforcer l’idée et aller de l’avant. La violence est l’outil à utiliser pour affronter le pouvoir. Sans aucuns doutes !

5. Quelle est ta position sur le silence social et la servitude des balances, des petits-bourgeois et des citoyens légalistes ?

Le silence social, les pauvres et tout le reste, c’est quelque chose qui cause de l’indignation. C’est du à l’habitude ancestrale d’être un être soumis et passif, qui ne remet rien en cause et qui s’habitue simplement à avoir des maitres. Dans ce cas, ma lutte ne dépend pas de ça, je ne m’attarde pas sur ces esclaves modernes. En ce qui concerne la servitude des balances et des citoyens légalistes, je crois qu’ils ne méritent rien de plus que le mépris pour n’être rien d’autre que des merdes minables et serviles.

6. En ce moment, en plus de toi, les accusés du Caso Security se trouvent prisonniers aux mains de l’Etat. Es-tu en contact avec eux ? Et si tu veux, parle-nous un peu de leur affaire et des dernières mises à jour.

Oui, nous sommes très souvent en contacte. Nous nous sommes connus, et avons même été enfermés ensemble à d’autres occasions. Ce sont des petits frères magnifiques, qui ont optés pour l’horizontalité et pour l’attaque du pouvoir.

7. Qu’est-ce qui t’as fait ne pas retourner en prison et ne pas te contenter d’une libération légale ?

Quand ils m’ont donné cette permission de sorti (en 2007) je venais de passer 16 ans en prison, il ne me manquait alors un peu moins de 4 ans pour accomplir la totalité de ma peine (20 ans). Je n’ai pas voulu retourner en prison parce que je m’oppose à ce qu’ils contrôlent ma vie. Et si l’ennemi me voulait en prison, ils devraient se donner la peine de me chercher, parce que je n’allais pas m’enferme volontairement. Je déteste la prison et je crois en la destruction de la société carcérale, en l’attaque des matons et de ses institutions odieuses.

8. Quelle est l’attitude des matons et des autres détenus à l’égard des guérilleros prisonniers ? Quelle est ta propre expérience de la société carcérale ?

Les gardiens gardent leurs distances avec nous. Ils nous haïssent à la mort parce que nous nous déclarons leurs ennemis. Parfois, quand ils nous enchainent pour nous transférer, ils en profitent pour nous cogner. Les autres détenus ont du respect pour nous, pendant des années nous avons cohabité et ils savent que nous faisons chier les gardiens. Mon expérience carcérale est approximativement de 32 ans de prison en tout, en parcourant différentes prisons aux quatre coins du pays, en me confrontant toujours aux gardiens, en conspirant toujours pour tenter de m’évader, en creusant des tunnels, en participant à des grèves de la faim, à des mutineries et à des occupations de salle des visites.

9. « La solidarité entre anarchistes ce ne sont pas que des mots … » Après tant d’années en prison, comment as-tu vécu l’expression et la force de la solidarité ? As-tu senti, à certains moments, que le « mouvement » avait oublié ses prisonniers aux mains de l’Etat ?

Pendant certaines années de prison, quand ils m’ont éloigné de la capitale pour le sud du Chili, j’ai été très seul. A cette époque je ne m’étais pas encore rapproché du « monde acrate ». Depuis que je me suis revendiqué anarchiste, je n’ai plus jamais été seul. Mes compagnons se sont toujours préoccupés pour moi. Je peux affirmer sans aucun doute que la solidarité entre anarchistes est réelle. Je le sais par ce que je la vie encore aujourd’hui, parce qu’ils sont présents à chaque instant.

10. Comment as-tu vécu ta propre clandestinité et la chasse des autorités et des flics ?

J’ai assumé la clandestinité de manière naturelle, étant donné que durant la dictature, étant membre du F.P.M.R, j’ai dû assumer la clandestinité pendant beaucoup de temps, c’est pourquoi je m’étais fait des papiers d’identité entièrement faux. J’ai même passé plusieurs contrôles d’identité avec eux.

11. Quels sont ces moments d’insubordination en prison qui restent gravés dans la mémoire ? Nous parlons des mutineries et des évasions qui ont été menées dans les prisons du Chili…

Les moments qui restent frais dans ma mémoire sont ces nombreux jours de l’année 1994, quand ils nous ont emmenés à la Prison de haute sécurité (C.A.S) depuis la rue n°5 de l’ex Pénitencier. De notre côté il y a eu de tout, des molotovs, des bâtons, de l’eau bouillante, des chaines, etc. pour défendre nos positions. Et il y a eu beaucoup de balles, coups de fusil et matraques de la part de la police. Nous avons tous fini blessé dans ce transfert pour l’inauguration de la Prison de haute sécurité. Quant aux mutineries et aux évasions, on pourrait en faire un livre tellement il y en a à raconter. Ainsi que je n’en parlerai pas cette fois.

J’ai maintenant répondu à la quasi-totalité des questions, il ne me reste plus qu’à vous envoyer une grosse accolade combative, toute la force et la fraternité qui nous unit dans cette lutte contre l’ordre établit.

Fraternellement
José Miguel Sánchez Jiménez
Ex penitenciaria, Stgo de Chile
10 Janvier 2014.

PS : Peut-être que lorsque cette lettre vous parviendra, je serai déjà dans les rues pour participer à la révolte. Je sors le 27 Février 2014…

Entretien publié en collaboration avec Refractario.
En espagnol ici. En grec ici.

Chili : mémoire combattive

Note préliminaire : ce texte a été diffusé en version papier lors du second Salon du Livre et de la Propagande Anarchiste. Nous le publions ici, légèrement modifié dans un paragraphe.

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Pour une mémoire combattive de la lutte de rue dans les années 90.

Au cours de la décennie des années 90 ont surgis différentes formes d’expressions anticapitalistes dans les campus universitaires, et pas seulement dans ces endroits bien sûr, mais l’intention de ce texte est de récupérer la mémoire et la lutte des minorités actives qui convergeaient dans les espaces universitaires, en pleine époque de la joie qui n’est jamais arrivé et des nouveaux temps des deux premiers gouvernements de la concertation, après la fin négociée de la dictature militaire fasciste, la fameuse transition.

Lors que nous parlons de minorités actives, nous faisons référence en particulier aux groupes qui ont impulsé et tenté de propager la lutte de rue, violente et directe contre les flics. Et bien que sont apparus plusieurs noms et sigles, certains qui ont duré plus longtemps ou qui sont plus connus que d’autres, ici nous allons faire référence à ceux que nous considérons comme les plus intéressants. Commençons par préciser que nous parlons de groupes horizontaux et autonomes de quelconque direction politique externe à eux-mêmes (et aussi nous verrons si ça a toujours été ainsi).

La Punta, La Vanguardia, le Cordón Macul.

La Punta était un groupe très radical de la lutte de rue à Macul con Grecia, par exemple. Ce groupe était lié au discours et l’expérience du Mouvement Jeune Lautaro, qui lui-même était la branche jeune de l’organisation politico-militaire Parti Mapu (ou Mapu-Lautaro). La Punta faisait en permanence de l’agitation pour la liberté des prisonniers politiques et sa colonne d’encapuchadxs s’affrontait à chaque fois aux forces policières.
La Vanguardia était composée de compagnon·ne·s qui se revendiquaient comme anarchistes, et principalement s’organisaient pour sortir dans la rue et attaquer la police, en particulier à partir du Pedagógico et du campus Juan Gómez Milla de l’Université du Chili. Ils avaient un discours féroce contre le Parti Communiste et contres les sectes marxistes en général et plusieurs de ses membres ont fini par faire parti de la RAE.
Le Cordón Macul est un nom qui a été beaucoup entendu dans les barricades des années 90. Différents groupes d‘encapuchadxs qui mettaient le feu à la tranquillité démocratique à l’aide de leurs cocktails molotov, depuis le Pedagógico, l’Université du Chili et la Utem, dans le complexe universitaire appelé Macul con Grecia [NdT : complexe universitaire qui se situe à l’angle des rues Macul et Grecia]. C’était des groupes qui se coordonnaient dans des réunions régulières mais informelles, surtout à l’occasion de dates emblématiques comme le 29 mars (jour du jeune combattant), le massacre de Corpus Cristi et le 11 septembre. À savoir que généralement pour le 11 les trois universités de Macul con Grecia étaient fermées, ainsi les salidas dans la rue (ou “colas), commençaient dans les premiers jours de septembre voir même elles se faisaient après le retour en cours (après les vacances des fêtes patriotiques de l’État assassin !). Continue reading Chili : mémoire combattive

Santiago, Chili : résumé de la manif pour la dépénalisation de l’avortement.

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Contre la capitalisation de nos ventres, autonomie de nos corps et feu au patriarcat.

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Le 25 juillet a eu lieu à Santiago une manif pour la dépénalisation de l’avortement, étant donné que le Chili est l’un des pays dans le monde qui pénalise l’avortement dans n’importe quel cas. Il en résulte que des femmes sont en taule pour avoir avorté et que d’autres meurent en avortant clandestinement.

La manif était convoquée à 19h sur la Place Italie mais l’intendance Métropolitaine a décidé à 18h de retirer l’autorisation qu’elle avait donné pour le parcours sur l’Alameda nord jusqu’au Paseo Bulnes. Pour cette raison les flics ont pas mal emmerdé les manifestants qui marchaient sur les deux voies de l’Alameda nord, poussant et menaçant certains tout au long du parcours. La police a finalement fait un barrage au niveau de Paseo Ahumada, à deux pas du Palais de la Monnaie. La manif s’est donc momentanément arrêtée à cet endroit, et à un moment donné les flics ont commencé à pousser violemment les manifestant-e-s qui bloquaient la circulation criant des slogans pro-avortement mélangés à des slogans anti-flics, ainsi que des slogans qui appelaient à continuer d’avancer sur l’Alameda (artère principale du centre de Santiago).

Après une dernière poussée des flics toutes les personnes ont compris que ça ne servait à rien de rester vu le peu de motivation à faire face aux flics, et la manif a continué son chemin sur le Paseo Ahumada (où elle a croisé les évangélistes qui comme chaque soir faisaient leur sketch en pleine rue), en direction de la Cathédrale de Santiago, sur la Plaza de Armas. En arrivant sur la place de façon spontanée les manifestant-e-s se sont dirigées à l’intérieur de la Cathédrale, où une messe était en cours. La foule a essayé de couvrir le micro des religieux en sifflant et criant des slogans (parmi lesquels « sortez vos rosaires de nos ovaires »). Des slogans ont aussi été écrits à l’intérieur de la Cathédrale et des bancs en bois ont été jetés par terre, certains bancs ont même été sortis de la cathédrale et balancés sur le parvis. À ce moment là les flics ont commencé à charger sur le parvis, utilisant les canons à eau et arrêtant quelques personnes (on ne sait pas le chiffre exact, mais c’est moins d’une dizaine). Pendant ce temps les personnes qui sortaient de la Cathédrale essayaient de se mettre à l’abri dans les rues autour vu que la place commençait à se remplir de flics en moto, avec quelques canons à eau , zorillos (blindés qui lancent les lacrymos) et paniers à salade.

Ainsi se terminaient ces petits affrontements pour la libération de nos ventres, chacun-e- rentrant chez soi content-e-s d’avoir au moins pu perturber la messe, comme une petite attaque aux religions réactionnaires.

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L’avortement c’est le mieux.
Je chie sur Dieu.

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Chili : répression contre les émeutiers

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L’affiche dit :

Défendons les compagnon-ne-s des griffes de la répression.

La logique du pouvoir s’alimente en définissant la légalité ou l’illégalité, que ce soit des actes, des idées, des gestes, y compris des personnes. Loin de ces paramètres qui ne font que nourrir la domination, ce qui est réellement valable ce sont les décisions de lutte menées par des personnes concrètes. Pour cela nous défendons les compagnon-ne-s et les différentes pratiques d’attaque contre le pouvoir.

*Il y a 4 ans le pouvoir a décidé que la vie de Diego Ríos était illégale, en trouvant chez lui du matériel pour fabriquer des explosifs. Devant la chasse menée contre lui le compagnon anarchiste décide de fuir et ne pas baisser la tête, restant en cavale jusqu’à aujourd’hui.

*En 2013 dans le contexte du combat et de la lutte de rue, où les actions de combat et d’affrontement contre les puissants s’est propagé, des flics des services de renseignement filment un jeune cagoulé attaquant des flics avec un cocktail molotov. La filature policière permet de l’identifier, ces images et son identité sont largement diffusées par les médias.

Les deux situations mettent en évidence le monopole de la violence de la part de l’État. Lorsque quelqu’un s’affronte contre la domination, la répression lui tombe dessus avec tout son appareil policier, politique, journalistique et judiciaire.

Devant les assauts de l’État il ne nous reste qu’un chemin à prendre : la défense illimitée de toutes les formes de lutte contre le pouvoir et des compagnon-ne-s qui décident de faire ce pas.

Soutien et solidarité avec nos compagnon-ne-s persécuté-e-s.

Lutte permanente contre la domination.

source

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Au cours de la manifestation étudiante du 26 juin des équipe de la police politique DIPOLCAR (service de renseignement) se sont infiltrés dans la manifestation et les émeutes, filmant de près une personne cagoulée qui avait un cocktail molotov à la main.

Le jeune encagoulé allume le molotov sur une barricade et le lance contre la police. Après avoir été suivi durant les émeutes il est filmé en train de se changer à l’intérieur de la USACH et essayant des chaussures provenant d’un pillage qui a eu lieu au cours des émeutes dans le centre de Santiago. Continue reading Chili : répression contre les émeutiers

Santiago, Chili : manifs du 26 juin

Ceci est un compte-rendu fait à partir de ce que nous avons pu voir dans les rues le mercredi 26 juin, c’est donc loin d’être exaustif car il y avait trois manifestations simultanées et plusieurs lycées attaqués la nuit, nous n’avons pas pu être partout.

L’animation a commencé dès 07 heures du matin à divers points de la capitale, se matérialisant par des barricades érigées  devant les universités et les lycées. Comme d’habitude l’Utem et la Usach, les deux universités les plus combattives, n’ont pas été en reste.

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Feu aux prisons avec les matons dedans. Mémoire et subversion.

La manifestation commençait à 13h, mais des heures avant le centre ville était quadrillé de flics, et des jeunes jugés suspects ou qui n’avaient pas leurs papiers sur eux étaient arrêtés en prévention.

On pouvait aussi voir des hélicoptères voler au dessus de la manif, et un œil observateur pouvait déceler sur certains toits de la Alameda d’étranges photographes ou caméramans, flics ou journalistes (la même chose), malheureusement suffisamment hauts pour être hors d’atteinte des manifestants.

À 13h il y avait trois manifestations simultanées qui devaient se retrouver toutes à un même point, la place de Los Heroes. On compte plus de 100 000 personnes qui auraient assisté à la manifestation, qui n’était pas uniquement des étudiants, puisqu’il y avait plusieurs revendications, étudiantes, mais aussi laborales, ainsi que des revendications par rapport aux lois liberticides que l’État chilien s’apprête à nous sortir, entre autre la loi qui punit toute insulte sur les flics, et la loi Hinzpeter, qui parmi d’autres choses interdira le port de la capucha (la cagoule faite avec un tee-shirt)

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Chili : salutations depuis Santiago aux rebelles de Turquie

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Pour l’expansion de la révolte, Dayanışma bir silahtır – la solidarité est une arme.

Aujourd’hui (13 Juin) aux alentours de 18 heures il y a eu un rassemblement en face de l’ambassade de Turquie. Une banderole a été déployée, sur laquelle on pouvait lire : « Pour l’expansion de la révolte, Dayanışma bir silahtır – La solidarité est une arme », et les tracts suivants ont été lancés :

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Une crise sociale a explosé il y a 14 jours à Istanbul, contre la construction d’un centre commercial sur l’emplacement du dernier parc de la ville. Dés lors, et après une répression brutale contre un mouvement pacifiste qui s’opposait à la construction d’un nouveau symbole du capitalisme, des milliers de personnes sont descendues dans la rue, d’abord pour soutenir ce mouvement et reprendre la place des mains de la police. Au fil des jours la situation s’est intensifiée. Nuits après nuits, la ville a été tenue par les manifestants qui résistaient aux constantes agressions policières. Aux quatrième et cinquième jours, la répression a emporté la vie d’au moins 4 personnes par des tirs policiers que l’on peut voir sur des vidéos. Le président de ce pays a fait un discours au cours duquel il a traité les manifestants de terroristes.

Au fur et à mesure des jours et suite à la mort de résistants sur la place Taksim, principale place d’Istanbul, la tension sociale s’est à nouveau accrue, en se propageant cette fois dans les principales villes de Turquie et où l’objectif d’éviter la construction d’un centre commercial a laissé place à la volonté de faire démissionner le président et le premier ministre turque. La réalité est totalement différente de ce que montre la télévision, le fait le plus méprisable ayant eu lieu pendant les moments les plus intenses d’émeutes, où la chaine CNN Turquie a coupé l’antenne en directe du centre d’Istanbul pour passer un documentaire sur les pingouins.

Des milliers de personnes ont été arrêtées, des milliers ont été blessées, et les morts sont supérieures à 4, le gouvernement cachant la vérité sur le nombre de victimes de la police.

Les compagnon-ne-s anarchistes participent activement dans les manifestations, et leur courage comme celui de celleux qui prennent part à la révolte nous remplit d’espoir pour continuer en avant dans cette lutte que nous appelons la lutte pour la liberté. De ce fait, nous exprimons notre solidarité immédiate aux combattant-e-s de la liberté.

À bas les nations et Vive l’Anarchie !

Dayanışma bir silahtır (La solidarité est une arme)

en espagnol

Chili : Aux guerrier-e-s d’aujourd’hui et de demain

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Parce que nos vies sont engagées pour gagner la liberté complète, pour détruire tout type d’autorité, parce que nous détestons l’ordre établi et la « paix sociale des riches », parce que nous ne reconnaissons aucune autorité. Nous continuerons d’être en guerre !

Nous continuerons d’affronter le pouvoir sous toutes ses formes, en étant des audacieu-ses/x sans craintes de nous rebeller, en attaquant les icônes du pouvoir et ceux qui les détiennent, chacun-e d’entre nous sera une armée consciente avec 100% de ses capacités combatives, nous ne reculerons pas dans notre soif libératrice jusqu’à abattre et détruire le capital et sa classe privilégiée, jusqu’à ce qu’il n’existe plus d’esclaves d’aucune sorte.

Nous sommes fil-le-s de la rébellion, des entités sans Dieu, ni Lois, ni autels, ni maîtres, libres de prendre des décisions et de mener nos actions et nos conflits jusqu’aux conséquences ultimes, en exposant toute notre existence de lutte, fier-e-s de ne pas être soumis-e-s et agir en conséquence en combattant toute forme de domination et de soumission.

Nous ne prétendons pas améliorer le système mais le détruire, c’est pour cela que nous luttons et où que nous soyons, nous affronterons la daube pestilentielle du pouvoir et ceux qui s’en sont nourris.

Vivent celleux qui luttent
Pas un pas en arrière
Tant qu’existera la misère il y aura rébellion
Détruisons le système carcéral et ce qui est établi

Depuis le centre d’extermination
Prison de Colina II Modulo 4

José Miguel Sánchez Jiménez
Mai 2013

source

Santiago, Chili : fête de solidarité avec les prisonnières de Temuco et Panagiotis Argirou

Soirée de solidarité avec les prisonnières de Temuco et avec le membre de la CCF Panagiotis Argirou (prisonnier en Grèce) pour son opération.

Samedi 1° juin à partir de 22h au Centre Social et Contre-Culturel Anarchiste Libereco, 345 Arzobispo Valdivieso (métro Cementerios), quartier Recoleta, Santiago.

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À trois ans exactement de l’explosion qui a laissé blessé le compagnon Luciano Pitronello.
 Ta vie a probablement changé, tu n’es plus le même qu’avant et c’est probablement plus difficile qu’auparavant, mais tu n’es pas seul compa. Courage !

Chili : lettre de José Miguel Sánchez aux guerriers de la lutte de rue

Que cet hiver soit chaud grâce au feu que nous allons semer avec nos molotovs, en faisant brûler chaque icône du pouvoir, dévastant ceux qui nous oppriment, libérant notre haine envers la classe dominante, prenant par surprise le territoire bourgeois, brûlant ses possessions et encourageant l’indécis à se rebeller. Vive ceux qui luttent !

Nos actions doivent attaquer toute forme d’autorité et de domination, tout gardien du pouvoir, sabotant la paix des riches, toujours agissant avec audace et surprise, ne laissant aucune trace pour ne pas faciliter le travail de l’ennemi. Nous luttons contre la domination oligarchique, nous faisons prévaloir la solidarité et l’égalité sur les privilèges, les égoïsmes et l’injustice. C’est pour cela que nous dirigeons nos actions avec des bras forts, conscience et conviction, et c’est de la responsabilité de chacun de nous de faire en sorte que chaque action atteigne son objectif. Nous sommes des guerriers d’une lutte inégale et pour cela nous devons être sûrs de nous et audacieux.

Nous n’avons aucun attachement au “confort” que le système nous offre, nous nous torchons avec leurs lois et normes, nous savons que c’est seulement en luttant efficacement et constamment que nous arriverons à nous débarrasser du joug crée par la classe privilégiée pour nous soumettre, de l’égoïsme et de l’avarice d’un richard prétentieux et de toute forme d’autorité. Nous luttons pour la libération totale et nous sommes prêts à tout pour l’émancipation.

Ceux qui choisissent ce chemin de lutte savent que la voie n’est pas facile, que souvent il y a un prix à payer, comme la clandestinité, la prison ou la mort, et pour cela nous sommes préparés mentalement. Ainsi nous comptons sur la solidarité de nos pairs si un de ces prix vient à se présenter. C’est d’une importance vitale qu’aucun guerrier ne se sente seul s’il atterri dans une prison. C’est là que doit exister le soutien réel pour que l’ennemi sache et voit que l’univers des guerriers se fait présent partout.

Une accolade complice et conspiratrice à chaque guerrier du Monde.

Détruisons ce qui est établi et la paix violente des riches !
Tant qu’il y aura de la misère il y aura de la rébellion !
Détruisons la société carcérale !

D’un insoumis
José Miguel Sánchez Jiménez
Prison d’extermination de Colina II. Module 4.

source

Chili : journées en souvenir de Punky Mauri

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Journées en souvenir de Punky Mauri
Jusqu’à détruire le dernier bastion de leur société carcérale.
Mauricio Morales mort en action le 22 mai 2009.

– 20 mai, à 19h : expressions artistiques diverses, textes de compagnon-ne-s, bouffe végane.
*activité sans fumée et alcool, au CSO La Makina Libereco

– 22 mai, à 19H : acte commémoratif en souvenir de Punky Mauri. À Ventura Lavalle/Sierra Bella.
La seule forme de mort c’est l’oubli.

-26 mai, 15h : marche à partir de Cueto con Andes; 16h30 :  musique, feria de propagande, peintures murales, feria de troc, clowns, panneaux informatifs. Place Yungay, centre de Santiago.

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Notre mémoire est noire ainsi que notre cœur.
Jusqu’à détruire le dernier bastion de la société carcérale.

Lundi 20 mai à 19h, à La Makina Libereco : expressions artistiques diverses, textes de compagnon-ne-s, bouffe végane.
*activité sans fumée et alcool

Punky Mauri présent !
Mauricio Morales mort en action le 22 mai 2009.

Temuco, Chili. La Cour d’Appel confirme la détention préventive de la compagnonne Yaritza

Suite au refus du Tribunal Pénal de revenir sur la détention préventive de la camarade Yaritza Grandon le 26 avril, la défense a décidé de faire appel afin de sortir la camarade de prison.

Le 2 mai 2013, la cour d’appel a confirmé la détention préventive de la camarade Yaritza, obtenant une seul voix (le ministre Julio Cesar Grandon) contre trois pour sa libération.

Rappelons-nous que Yaritza a été placée en détention avec Roxana y Ariadna accusées de divers attentats à la bombe à Temuco, selon la Loi de contrôle des armes. Yaritza, en particulier, a des problèmes de motricité fine, qui l’ont amené à suivre un traitement à un institut du Téléthon et lui empêchent actuellement de manipuler des objets. La Cour, sans peur du ridicule, l’accuse de fabriquer et de poser des bombes.

Solidarité avec les camarades Yaritza et Ariadna !
Jusqu’à briser les fantasmes de l’État !

NdT : dans ce montage deux personnes se trouvent encore en prison, Yaritza et Ariadna. Les trois autres (Roxana, qui est enceinte, Silvana et Jota Pe) se trouvent actuellement assigné-e-s à résidence jusqu’au procès.

source

collaboration de La voz de la libertad

Temuco, Chili : lettre de Roxana et nouvelles de Ariadna

Lettre de Roxana Marin, compagnonne enceinte accusée de fabrication d’explosif.

Lettre de Roxana Marin, prisonnière depuis le 28 mars, suite aux descentes de flic qui on eu lieu à Temuco, où la police l’accuse de “détention de matériel explosif et placement de celui-ci”. Nous dénonçons que ceci est un autre grossier montage pour emprisonner ceux qui détestent leur normalité dégoutante.

Depuis le Centre Pénitentiaire de Femmes de Temuco, le jeudi 11 avril 2013 :

“Merci à toutes les personnes qui ont été présentes d’une forme ou d’une autre. Merci pour le soutien, pour les preuves d’affection dans ces moments dans lesquels ils nous ont pris la seule chose qui nous appartient, notre liberté.

À mon fils/fille Lion et à moi ils ont réussi à nous soumettre physiquement entre ces quatre murs, mais pas mentalement ni émotionnellement face à cet absurde et ridicule montage crée en partie par le bureau du procureur, la police, la presse et l’État.
La force, le courage et la conviction sont intacts pour résister contre tout ce qui vient contre moi, mon fils Lion et mon compagnon.

Cet être qui est en moi, grandit plus fort que jamais, recevant l’énergie de toutes les personnes qui m’ont rendu visite, sans prendre en compte l’affinité que nous pouvons avoir ou si à la sortie de prison je vais les suivre ou les lier à moi. Je n’ai rien à cacher, j’ai senti ici à l’intérieur que ces lieux sont faits pour ceux qui n’acceptent rien de tout ce qu’on veut nous imposer, ou imposer à nos enfants, qui sont les êtres que nous devons protéger des griffes menaçantes de l’État-Prison.

Pour le moment il n’y a pas de mots suffisants pour exprimer ce que nous ressentons dans cet endroit dégouttant, mais soyez tranquilles, jamais ils ne pourront nous affaiblir d’aucune forme que ce soit.

Des salutations chaleureuses pour tous ceux qui ont fait part de ma condition de prisonnière dans ces moments où se définit qui est avec nous ou non.

Roxana Marin Laurie
Prisonnière Anti-autoritaire séquestrée depuis le 28 mars 2013
C.P.F (centre pénitentiaire féminin) Temuko-Prison

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Des nouvelles de Ariadna ce lundi 29 avril.

Ariadna Torres, prisonnière du 28M a été placée en isolement dans le Centre Pénitentiaire de Temuco pour se rebeller et insulter la magistrature.

Personne ne sait encore combien de jours elle restera dans cette situation. Elle ne peut pas recevoir de visites ni de nourriture jusqu’à nouvel ordre.

C’est difficile d’avoir des infos, mais sachez qu’elle est harcelée et qu’ils lui mettent la pression.

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Chili : arrestation de Hans Niemeyer

Le 26 avril à 09h du matin la police judiciaire a arrêté Hans Niemeyer, compagnon qui était en cavale depuis 4 mois après avoir décidé de terminer son assignation à domicile, accusé sous la loi anti-terroriste pour un soi-disant placement et fabrication d’engins explosifs.

Apparemment, selon ce que Hans a dit aux avocats de la défense et ce que la police elle-même a dit, il n’y a pas eu d’affrontements ni les coups habituels de la police contre les détenus. Hans aurait été arrêté dans un appartement à Villa Portales, commune d’Estación Central.

Les services d’Intelligence (?) n’ont pas encore dit comment ils avaient trouvé son lieu de clandestinité.

Hans a été transféré depuis la caserne de la police judiciaire jusqu’au palais de justice où ils ont contrôlé son arrestation à 14h. Le chef du parquet général sud, Raul Gusman a dit : ” Ce n’est pas une victoire spécialement pour le parquet général sud, mais pour l’institution chilienne, où une personne doit confronter autant ses droits que ses devoirs, et dans le cas de Niemeyer, son devoir est de se présenter devant la justice”.

Le parquet général cherchait à retarder son procès demandant comme date le 24 juin, alors que la défense espérait qu’il aurait lieu le 6 mai (date fixé alors qu’il était encore en cavale). Finalement le tribunal a fixé comme date le 17 juin.

On ne sait pas encore dans quelle prison et quel module l’État décidera de séquestrer Hans en attendant son procès sous la loi anti-terroriste.

Depuis ici, nous saluons sa position digne devant cette nouvelle chasse à l’homme et nous lui envoyons un salut révolutionnaire rempli d’énergie et de courage pour tout le procès légal-théâtral qui s’approche.

Fin de la loi anti-terroriste !

(… nous espérons pouvoir actualiser bientôt et compléter par plus d’informations)

Publicación Refractario

Chili : Actualisation judiciaire sur les compagnonnes du 28M de Temuco

La liberté est le crime qu’ils poursuivent.

Salutations indomptables à distance, salutations sauvages à tous/toutes pour diffuser sur la situation des filles prisonnières  dans la prison de Temuco.

Pour saluer et remercier de la solidarité démontrée, nous voulons laisser quelques informations actualisées du procès qui va venir pour les trois filles accusées* de “détention, pour leur fabrication, d´explosifs et placement de ceux-ci”:

-La défense des filles (2 avocats particuliers et un commis d’office) n’a rien pu faire jusqu’à présent par rapport aux vérifications du dossier, parce que le bureau du procureur fait retarder sa remise à la défense pour vérifier les preuves, les déclarations, les prélèvements de sang et les expertises réalisées jusqu’à présent par la Dipolcar et l’OS-9.

-Nous comprenons que cette situation est un subterfuge utilisé par l’État afin de pouvoir ainsi retarder un possible appel par rapport à la prison préventive des filles qui nous le rappelons est de 5 mois. Cette situation nous l’avons déjà vu dans d’autres montages comme le “Caso Bombas” ou bien les compagnons du “Caso Security”, qui jusqu’à aujourd’hui n’ont pas reconnu les délits dont ils sont accusés.

Jusqu’à maintenant c’est l’information que nous voulions faire passer, nous espérons qu’elle sera diffusée à travers les différents médias de contre-information, nous comptons sur eux comme outils de diffusion et d’attaque.

Salutations fraternelles à distance.
Liberté sans conditions pour Roxana, Yaritza et Ariadna !!
Nous sommes partout, hurlant pour la liberté !!

* NdT : Les deux autres personnes incarcérées, Silvana et Jota Pe, accusé-e-s de trafic de stupéfiant, ont obtenu le 5 avril l’assignation à résidence nocturne le temps de l’enquête (3 mois).

source

Quelques mots pour Felicity Ryder, anarchiste en cavale, et quelques réflexions autour de la clandestinité

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“Je suis fière d’être anarchiste, d’être ennemie du Pouvoir, de l’autorité et de l’État” Felicity Ann Ryder

Cela fait presque deux ans que nous avons diffusé un texte en solidarité avec le compagnon anti-autoritaire Diego Ríos, clandestin depuis 2009 ( pour l’ordre d’arrestation émis contre lui à la suite d’une dénonciation de sa mère qui avait trouvé du matériel pour fabriquer des explosifs). À cette occasion nous avions partagé quelques réflexions sur les particularités de la clandestinité de compas anti-autoritaires et anarchistes.
Un effort similaire avait été fait par des compas il y a trois ans lorsqu’ils avaient écrit et édité le livre “Al Acecho” ( À l’affût), au sujet de l’affaire de Diego Ríos, qui pour nous est le premier texte fait au Chili qui aborde la thématique de la clandestinité depuis une perspective anti-autoritaire et à partir d’un cas concret. D’autres textes, comme le livre “Incognito” et les communiqués de la compagnonne Gabriela Curilem avaient aussi abordé des expériences de clandestinité de compas anarchistes/anti-autoritaires, une thématique qui semble être peut discutée dans ce coin là.

C’est ainsi que nous avions déjà partagé l’idée que saluer les compagnons en cavale c’est saluer leur décision de lutte, leur choix de s’évader de la prison, qui est aussi une action contre les tentatives du pouvoir d’enfermer ceux qui le combattent.
Aujourd’hui nous voulons saluer en particulier la compagnonne en cavale Felicity Ann Ryder, dans le cadre de l’appel réalisé par des compas anonymes à deux semaines de solidarité avec elle, du 21 février au 7 mars. Nous voulons saluer la compagnonne et lancer en l’air quelques idées sur la clandestinité pour enrichir notre praxis anti-autoritaire, qui sont fruits d’apprentissages individuels et collectifs dans l’aiguisage de nos positions dans le scénario permanent de la guerre sociale.

Que l’oublie et le silence ne dévorent pas nos compagnon-ne-s …

Ce qui est sûr c’est que trop de fois les compagnon-ne-s sont seuls et se prennent des portes qui claquent dans la gueule, souvent les compagnon-ne-s n’ont pas de quoi manger, errent sans avoir où dormir et doivent affronter dans la plus complète solitude les démons à gages. Souvent les frères/sœurs n’ont personne à qui parler, ni d’ habits pour se changer ou quelqu’un avec qui discuter des tactiques, souvent ils sont diffamé-e-s sans la possibilité de se défendre et le silence se brise seulement avec l’écho de l’infamie. Et cela arrive parce qu’au lieu de retrousser ses manches, de gérer, créer et unir des volontés, certains préfèrent se retirer cyniquement, s’annuler dans la peur. Dans la mesure où on ne comprend pas le rôle que joue chacun-e et l’importance vitale des gestes concrets, l’oublie continuera de dévorer des compagnon-ne-s séquestré-e-s, blessé-e-s, ou en cavale.

(La Graine Noire de Nos Convictions. Des mots de la compagnonne Gabriela depuis la clandestinité, août 2011)

[…] ceci n’est pas une plainte ni une énumération de douleurs, c’est écrit dans le but de contribuer à la discussion et à l’échange d’expériences, pour que l’on voit l’arrière-boutique d’un thème qui parait avoir peu de réflexion […]. La revendication d’après moi ne porte pas sur la clandestinité ( qui peut se finir à n’importe quel moment), mais sur la décision de lutte permanente, jusqu’à la fin. Arrive ce qui arrive, même si la vie doit partir avec cela.

(Dépliant les Ailes. Réflexions depuis la clandestinité par la compagnonne Gabriela Curilem. Novembre 2010). Continue reading Quelques mots pour Felicity Ryder, anarchiste en cavale, et quelques réflexions autour de la clandestinité

Temuco, Chili : Chronologie des évènements et communiqué

L’objectif d’informer sur les faits ne sers pas à alimenter le spectacle, mais plutôt à éclairer sur ce qui se passe et dénoncer les flics dans leur assaut répressif ce matin là. Ce récit a été fait par les compagnons qui ont été dans les cages pour hommes, et malgré le fait que nous communiquions en criant, nous ne savons pas ce qu’ont ressenti les compagnonnes au moment d’être enfermées  et sur lesquelles pesait une pression psychologique de la part de ces bâtards de laquais. Aussi nous détachons Rodrigo Ovando de ce récit et ce communiqué vu qu’il ne faisait que passer sur les lieux au moment de l’assaut des flics.

Chronologie du harcèlement policier et de l’attaque du lieu

Aujourd’hui, le 30 mars 2013, après avoir été attaqués et séquestrés par l’État chilien, en tant qu’Espace Pandemia nous partageons avec les personnes en affinité et les autres la chronologie des faits qui se sont terminés par l’enfermement de 5 compagnon-ne-s dans les centres d’extermination de Temuco.

– Comme nous l’avions signalé dans le communiqué du 26 mars dernier, le harcèlement de l’Espace et de ceux qui le visitent et sont actifs dedans a été relativement grossier, vu que les contrôles d’identité, filatures, visites de la PDI (NdT : Police D’Investigation) et de la police avec l’excuse d’usurpation de lieu et des questions aux voisins rendaient compte du désespoir du ministère public pour trouver des pistes qui n’existent pas et des terroristes qui n’ont existé nulle part.

Nous n’arrêterons pas de dénoncer la collusion existante entre les agents du pouvoir et l’entreprise de sécurité qui travaille pour l’Unimarc (supermarché situé au coin de la rue) vu qu’ils ont activement collaboré en douce au harcèlement, surveillant en permanence nos activités quotidiennes, allées et venues et personnes qui visitaient l’espace.

L’Attaque

Ainsi le matin du 28 mars vers 5:30, au 299 rue Sans Ernesto, l’espace Pandemia et le secteur Amanecer ont été assaillis par le GOPE (NdT : Groupe d’Opérations Policières Spéciales) et la police en civil, avec un contingent policier disproportionné ils ont mené à bien l’opération répressive, vidant la maison par la force et laissant 12 chats dedans. À la suite de ça ces bâtards de flics nous ont fouillé à visage couvert nous effrayant avec leur fusils et habits de guerre.

Nous signalons que l’assaut a eu lieu sans montrer aucun mandat juridique. Ensuite ils nous ont fait monter dans les camions de flics et nous ont amené au 8° commissariat de Temuco où nous avons passé les 26 heures restantes avant d’arriver au tribunal de sûreté de cette maudite ville. Continue reading Temuco, Chili : Chronologie des évènements et communiqué

Temuco, Chili : Nouveau montage policier

Le 28 mars 2013, dans la ville de Temuco aux alentours de 06 heures du matin a commencé une opération menée par l’OS-9 et les forces spéciales, réalisée autour de deux maisons particulières voisines, l’une d’entre elles étant l’espace Pandemia.

Une heure plus tard la force répressive rentre dans ces deux maisons, avec l’intention de séquestrer nos compagnon-ne-s, saisissant des objets personnels, des ordinateurs, des disques durs, de l’équipement audio, entres autres choses ; et afin de monter leur pièce de théâtre ils introduisent du matériel pour fabriquer des engins explosifs (extincteur, mèche, minuteur, poudre noire), terminant l’opération par la détention de 12 compagnon-ne-s, qui sont transférés au huitième commissariat de Temuco.

Face à ces faits nous déclarons :

1- le 26 mars les compagnon-ne-s de l’espace Pandemia avaient dénoncé au travers d’un communiqué le harcèlement permanent de l’État oppresseur grâce à ses différents organismes policiers.

2- Nous trouvons que ces faits sont absurdes et nous faisons le lien avec des montages policiers précédents comme celui du Caso Bombas de Santiago, lequel, après des mois d’enquête et d’emprisonnement de compagnon-ne-s, s’est écroulé pour faute de preuves. Tous ces subterfuges de l’État chilien servent à justifier la terreur et la violence dans une région marquée par une opération préventive/répressive pour la commémoration du 29 mars, jour du jeune combattant.

3- D’autre part il faut signaler que le procureur en charge de ce nouveau montage est Cristian Paredes, le même personnage qui avait mené le Caso Poluco Pidenco en 2004, où des paysans mapuches avaient été emprisonnés.

4- Il faut aussi remarquer que l’espace Pandemia est un lieu où se realisent des activités publiques et ouvertes, où est mise en avant la solidarité avec les compagnon-ne-s séquestré-e-s par l’État, et où il y a une volonté de diffuser des idées et pratiques anti-autoritaires.

5- Ce qui est poursuivi et criminalisé ici ce sont les idées promues dans cet espace et les individus qui se sentent en affinité avec ces idées, fabricant des preuves et essayant de terroriser ceux qui s’opposent au capital et ses lois.

6- Nous informons qu’au cours de l’après-midi du 28 nos compagnon-ne-s ont été forcé-e-s de faire un examen de sang.

7- Nous exigeons la liberté immédiate de nos compagnon-ne-s séquestré-é-s et lançons un appel à la solidarité et diffusion sur ce montage par tous les moyens indépendants.

Groupe d’appui des prisonniers du 28-M

NdT : Sur les douze personnes arrêtées trois sont en prison préventive pour confection et port de matériel explosif et 6 compagnon-ne-s relâché-e-s vont devoir payer une amende.

Chili : Allumer la mèche de la subversion, Marcelo Villarroel

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Lettre du compagnon Marcelo Villarroel pour l’activité “Son anticarcéral” réalisée le 14/12 au squat La Mákina, Santiago.

Allumer la mèche de la subversion. Attiser le feu insurgé de la guerre sociale, à bas les murs des prisons :

La prison est le destin circonstanciel ou potentiel de toute personne qui prend le contrôle de sa vie, avançant sur le chemin de l’émancipation à contre-courant d’une normalité capitaliste qui impose la routine du citoyen, t’obligeant au travail salarié, aux études pour valider un système bourgeois d’éducation et à te maintenir sous les paramètres de l’ordre juridique que le capital nous impose.

La prison est un lieu que t’offre la démocratie, comme un espace qui cristallise la soumission normalisatrice. Là terminent, commencent et transitent tous et toutes ceux/celles qui d’une manière ou d’une autre ne se soumettent pas et transgressent la paix sociale des riches.

Celui/celle qui commet des délits, qui proteste, qui attaque, qui conspire, ceux/celles qui pour divers choix et décisions ne respectent pas l’ordre juridique se trouvent face à la main répressive de tout un ensemble de répression, contrôle et punition.

Je l’ai répété des milliers de fois : dans toutes les prisons du monde plus de 90% des personnes enfermées viennent de la classe exploitée. Nous sommes opprimés et en nous rebellant, inévitablement nous devenons subversifs lorsque nous décidons d’arrêter d’avancer dans la vie comme des d’esclaves.

Si tu es né pauvre tu es né condamné au Chili, avec un destin dans n’importe laquelle des 91 prisons du pays. Des lieux contrôlés qui ont pour but l’extermination, où les modules, étages et galeries hautement assassines fonctionnent chaque jour avec la mort face à l’indolence sociale qui méconnait, satanise et naturalise un quotidien, et qui considère normal la punition sur les prisonniers.

La prison est aussi considérée de nos jours comme une entreprise productrice de service dans laquelle les prisonniers sont vus comme les usagers soumis au paradoxe propre d’une société malade qui assume que c’est le chemin à suivre pour ceux qui ne respectent pas sa loi.

C’est important de comprendre que personne n’est libre dans une société qui est la dictature de la marchandise, la démocratie du capital, société de classes dans laquelle juste en nous rebellant nous pourrions démolir jusqu’au dernier bout de ciment de tout centre d’extermination construit jusqu’à aujourd’hui.

De la même façon il n’y a pas de lutte anticarcérale sans connaissance spécifique de ses situations quotidiennes de tension, sans communication avec les prisonnièr-e-s en lutte, c’est pourquoi c’est un défi permanent de rompre l’isolement, de fissurer les murs épais de l’enfermement, et de comprendre qu’il est vital de renforcer les liens dans tous les domaines, mais encore plus avec les prisonniers subversifs en guerre contre tout ce qui est existant.

Il s’agit d’en finir avec la peur et l’indifférence; la solidarité engagée est une exigence individuelle et collective pour démolir cette position commode et auto-satisfaisante de croire que notre lutte est temporelle et pas une option de vie fière comme celle qu’aujourd’hui beaucoup d’entre nous assumons depuis longtemps en adéquation totale avec nos actes.

Multiplier tous types d’actes, faits, gestes et initiatives est une nécessité de combat contre l’État-prison-capital qui est celle qui nous fait avancer, sans aucune limitation.

Insister jusqu’à l’infini dans la recherche de notre liberté c’est donner dignement et sans peur des coups jusqu’au dernier bout de ciment de notre société pourrie … que le vent n’emporte pas ces mots, qu’ils se transforment en faits …

Ouvre les yeux : il est temps de lutter !
Contre l’État-prison-capital : guerre sociale !
Tant qu’il y aura de la misère il y aura de la rébellion !

Marcelo Villarroel Sepúlveda
Prisonnier Libertaire
14 décembre 2012
Módulo 2.- H norte. CAS-STGO Chile.

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