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Grèce : attaque explosive contre une succursale de la Banque du Pirée a Thessalonique

Lorsque l’ennemi semble puissant, qu’il utilise tous les moyens pour écraser toute forme d’opposition, alors les attaques à son encontre, contre ses symboles et ses infrastructures sont la seule voie. Où que nous portions notre regard, nous ne voyons que différentes formes du Pouvoir, du flic au juge, en passant par l’école, la banque, l’église ou la prison. Il s’agit d’institutions d’un système pourri qui nous rappellent chaque jour que nous ne sommes pas libres. Sa véritable valeur s’appréciera par sa destruction, et sa beauté se révèlera à travers ses cendres et ses ruines. Plus aucune concession ne tient encore dans le ici et maintenant, seules ont leur place la détermination et la lutte permanente.

Au sein de la guerre non déclarée qui est en cours, si les armes ne sont pas directement employées, c’est que d’autres méthodes sont employées pour frapper l’esprit et l’âme de tou-te-s les révolutionnaires irréductibles. Les nouvelles prisons de haute sécurité ont exactement cet objectif, à savoir leur annihilation. A leur tour, juges et procureurs distribuent vindicativement des longues peines. Ce rôle s’est encore vu confirmé par la procureur Olga Smyrli lors du procès du braquage de la banque ATE (actuellement Banque du Pirée) dans la localité de Pyrgetos, près de Larisa, offrant généreusement 16 ans de réclusion à Yannis Naxakis et Grigoris Sarafoudis, leur identité politique étant l’unique preuve nécessaire.

Que ceux-ci aient effectivement participé à ce braquage ou non, nous autres sommes à leurs côtés et leur dédions l’attaque contre la succursale de la Banque du Pirée qui a eu lieu au petit matin du mercredi 10 septembre 2014 dans la zone de Sykies, à Thessalonique. Cette action est une simple marque de solidarité, mais aussi un signal, qui dit que tout continue…

Que chacun-e lutte à sa manière, avec la dynamique et les moyens qui lui sont propres, jusqu’au bout, jusqu’à la libération totale.

FORCE A NIKOS MAZIOTIS ET POLA ROUPA
Un point levé pour tou-te-s les révolutionnaires

source / traduit de l’espagnol

Italie – Prisonnier-e-s NO Tav : Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò revendiquent le sabotage du chantier de Chiomonte

Turin – 24 septembre 2014

En attente de plus amples informations, nous apprenons des compagnons présents lors de l’audience du procès contre Chiara Zenobi, Claudio Alberto, Mattia Zanotti et Niccolò Blasi que les quatre, très en forme, la tête haute et souriants, ont revendiqué leur participation au sabotage advenu en mai 2013 sur la chantier du TAV de Chiomonte. En prenant la parole, ils sont partis à l’assaut du château d’accusations et de théorèmes que l’investigation essaye de superposer à une réalité beaucoup plus simple, en rejetant la catégorie de « terrorisme » superposée aux techniques de résistance No TAV, libérant ainsi le champ du langage et de la sémantique de la répression et de la domination.

Sur Macerie, les voix de Mattia, Niccolò, Claudio et Chiara lisant leur déclaration au tribunal.

Vive la résistance No TAV !

Ci-dessous, les déclarations lues au procès :

Je connaissais la Maddalena et la Val Clarea avant que n’y soit implanté le chantier de la grande vitesse. J’ai marché dans ces bois, j’y ai dormi, j’y ai mangé, chanté et dansé. Dans ces lieux, j’ai vécu de précieux fragments de vie aux côtés d’amis qui ne sont plus là aujourd’hui, et que je porte dans le cœur.

Je suis retourné là-bas de nombreuses fois au cours des années.

De jour, de nuit, le matin comme le soir ; en été comme en hiver, en automne et au printemps. J’ai vu cet endroit changer à mesure que le temps passait, les arbres tomber, abattus pas dizaines pour faire de l’espace aux haies d’acier barbelé. J’ai vu le chantier grandir et une partie du bois disparaître, de nombreux phares surgir hors de terre et l’armée arriver pour surveiller un terrain lunaire et désolé, avec les mêmes engins qui patrouillent dans les montagnes afghanes.

Et ainsi, je suis retourné une fois de plus en Val Clarea, pendant cette désormais célèbre nuit de mai.

Beaucoup de choses, trop, ont été écrites et dites sur cette nuit et ce n’est pas à moi, et cela ne m’intéresse d’ailleurs pas, de dire comment ce geste se transcrit dans la grammaire du code pénal.

Ce que je peux dire, c’est que cette nuit-là, j’étais moi aussi présent.

Que je n’aie pas été là dans le but de provoquer la terreur chez d’autres, voire pire, n’importe quelle personne peut le comprendre, pour peu qu’elle soir dotée d’un minimum de bon sens et ayant une idée même lointaine de ce qu’est la nature de la lutte No TAV et du cadre d’éthiques qui se coordonnent à l’intérieur duquel cette même lutte exprime sa résistance depuis plus de vingt ans.

Que j’aie été là pour manifester une fois de plus ma radicale inimitié envers ce chantier et, si possible, en saboter le fonctionnement, je vous le dis moi-même.

Et si nous avons décidé aujourd’hui de prendre la parole avant que ce procès ne s’aventure dans la jungle des expertises et des contre-expertises vocales, c’est tout simplement pour affirmer une vérité simple : ces voix sont les nôtres.

Là-dessus, l’accusation a construit son histoire.

Une histoire selon laquelle des téléphones deviennent les preuves de l’existence d’une chaîne de commandos, voire même d’une planification paramilitaire, mais la vérité – comme cela arrive souvent – est beaucoup plus simple et moins grandiose.

Il existe une devise en Val Susa, qui est entrée depuis des années dans le bagage commun de la lutte NoTAV et en oriente en pratique les actions contre le chantier.

Cette devise est : « Si parte e si torna insieme » [On part ensemble, on revient ensemble]. Ce qui signifie que dans cette lutte, tout bouge ensemble. On part ensemble, et on revient ensemble.

Personne n’est abandonné sur la route. C’est à cela que servaient les téléphones cette nuit-là, c’est à cela que se sont prêtées nos voix.

Parler au lieu de ça de chefs, d’organigrammes, de commandos, de stratèges, signifie vouloir projeter sur cet évènement l’ombre d’un monde qui ne nous appartient pas et pervertir notre propre façon d’être et de concevoir l’agir en commun.

En ce qui me concerne, je laisse aux enthousiastes spéculateurs à grand vitesse le triste privilège de n’avoir aucun scrupule vis-à-vis de la vie des autres, et je leur abandonne aussi le culte de la guerre, du commando et du profit à tout prix.

Nous gardons près de nous les valeurs de la résistance, de la liberté, de l’amitié et du partage, et c’est à partir de ces valeurs que nous chercherons à porter de la force partout là où les conséquences de nos choix nous mèneront.

Mattia.

*

La nuit du 13 au 14 mai, j’ai pris part au sabotage du chantier de la Maddalena à Chiomonte. Voilà le voile levé sur le mystère.

Je ne suis pas surpris du fait que les enquêteurs, dans leur tentative de reconstruire les faits, utilisent des mots tels qu’« assaut, attentat terroriste, groupes paramilitaires, armes létales ». Qui est habitué à vivre et à défendre une société fortement hiérarchisée ne peut comprendre ce qu’il s’est passé ces dernières années en Val di Susa. Pour le décrire, il ne pourra que puiser dans sa culture empreinte de termes belliqueux. Il n’est pas dans mon intention de vous ennuyer avec les raisons pour lesquelles j’ai décidé de m’engager dans la lutte contre le TAV et sur ce que signifie la défense de cette vallée. Je veux simplement souligner que tout ce qui peut avoir un rapport avec la guerre ou les armées me répugne.

Je comprends l’effarement de l’opinion publique et de ses affabulateurs par rapport à la réapparition de cet illustre inconnu, le sabotage, après qu’ils se soient tant démenés pour l’enfouir sous des quintaux de mensonges.

La lutte contre la train à grand vitesse a le mérite d’avoir dépoussiéré cette pratique, d’avoir su choisir quand et comment l’employer, et d’être parvenue à distinguer le juste du légal.

C’est aussi à elle qu’incombe la grande responsabilité de maintenir la foi et les espoirs que de nombreux exploités mettent en elle, et de faire savourer de nouveau le goût savoureux de la libération.

Je me permets de retourner quelques accusations à l’envoyeur. Nous sommes accusés d’avoir agi dans le but de toucher des personnes, ou en tout cas d’être totalement insensibles à leur présence, comme si nous éprouvions un profond mépris envers la vie des autres. S’il y a bien quelqu’un qui démontre un tel mépris, ce sont les les militaires qui exportent la paix et la démocratie aux quatre coins du monde, les mêmes qui président le chantier de la Maddalena avec dévotion et professionnalisme. En ce qui concerne l’accusation de terrorisme, je n’ai pas l’intention de me défendre. La solidarité que nous avons reçue depuis le jour de notre arrestation jusqu’à celui d’aujourd’hui démonte suffisamment bien une incrimination aussi hardie. S’il y avait derrière cette opération la tentative, pas tellement dissimulée, de régler son compte à la lutte NoTAV une bonne fois pour toutes, je dirais que cette tentative a misérablement échoué.

Claudio.

*

Les motifs qui m’ont poussé en Val di Susa à prendre part à cette lutte sont nombreux ; les motifs qui m’ont poussé à rester et à continuer sur cette voie sont bien plus.

Il y a là-dedans un parcours de maturation collective, d’assemblées publiques et privées, de campements et occupations, de confrontations et d’affrontements. Là-dedans, ce qu’il y a, c’est la vie, celle de tous les jours, celle des aubes naissantes et des nuits blanches, de la gorge sèche sur les pentes rocheuses et des repas frugaux, des petits engagements et des grandes émotions.

A travers ce parcours, ceux qui luttent ont appris la précision du langage, à nommer les choses telles qu’elles sont, et non par l’emballage formel sous lesquelles elles se présentent, comme un chantier qui auparavant était un fortin et se transforme maintenant en forteresse. Des mots capables de restituer la portée émotive et l’impact de certains choix de l’adversaire sur nos propres vies, de qui a décider de s’embourber dans cette grande œuvre. Des mots dépoussiérés d’un lexique qui paraissait antique et qui se redécouvrent en fait dans toute leur puissance et leur simplicité par la description de nos propres actions.

Une finesse de langage dont je me rends compte qu’elle n’est pas si répandue que ça dans le monde qui m’entoure, lorsque je lis à propos d’improbables « commandos » qui, selon une certaine reconstruction, reprise entre autres par les journaux, auraient attaqué le chantier la nuit du 13 mai. Un mot ô combien malheureux, non seulement du fait de son appel à l’acte de commander mais aussi pour son allusion au mercenariat, inacceptable, par qui serait capable d’utiliser n’importe quel moyen afin d’atteindre ses fins.

Par qui lutte et a appris à canaliser avec intelligence jusqu’aux passions les plus fortes et impétueuses qui naissaient de tous les coups reçus lorsqu’un ami perdait un œil à cause d’un lacrymogène ou qu’un autre était en fin de vie.

En ce qui me concerne, la Val Clarea m’est amie depuis le moment où, en 2011, nous relancions la terre à mains nues dans les trous creusés par les pelleteuses pendant les agrandissements du chantier.

Je me souviens que d’entre les tentes de ce campement résonnait une chanson, parmi toutes celles qui avaient été inventées pour s’amuser et pour se donner de la force, sur l’air d’un vieux chant partisan. Le premier vers disait « Nous descendrons unis des bois de Giaglione ». Ces dernières années, ces mots ont de nombreuses fois été suivis, repris et relancés, et quelqu’un a décidé de le faire de nouveau cette nuit de mai, avec autant de conviction, et j’en faisais partie. L’une des voix derrière les téléphones est la mienne. Mais se focaliser sur une responsabilité personnelle pour en tisser plus ou moins les éloges n’est pas à même de restituer ce sentiment collectif qui a mûri dans les maisons de tant de familles, en vallée comme en ville, ou dans une discussion et un verre partagé dans un bar, sur les places et dans les rues, dans les moments conviviaux comme dans ceux les plus critiques. Un sentiment qui a su s’exprimer dans l’un des slogans les plus criés après nos arrestations et qui décrit bien ce à quoi appartient réellement ce geste : « dietro a quelle reti c’eravamo tutti » [derrière ces grilles, nous y étions tous]. Un slogan qui nous renvoie directement dans une assemblée populaire tenue à Bussoleno en mai 2013, lors de laquelle le mouvement dans son ensemble saluait et accueillait ce geste, en le nommant de son nom de sabotage.

Et si nous étions tous derrière ces grilles, un bout de chaque personne a su nous soutenir et nous donner de la force derrière ces barreaux. Pour cela, encore ici, quelles que soient les conséquences de nos actions, nous ne serons pas seuls à les affronter.

Niccolò.

*

Vous ne trouverez pas dans cette salle les mots pour raconter cette nuit de mai.

Vous utilisez la langue d’une société habituée aux armées, aux conquêtes, aux vexations.

Les attaques militaires et paramilitaires, la violence aveugle, les armes de guerre appartiennent aux États et à leurs émules.

Nous, nous avons lancé notre cœur au-delà de la résignation.

Nous avons jeté un grain de sable dans l’engrenage d’un progrès dont le seul effet est l’incessante destruction de la planète sur laquelle nous vivons.

J’étais présente cette nuit-là, et la voix féminine qui a été interceptée est la mienne.

J’ai traversé une partie de ma vie aux côtés de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui, depuis plus de vingt ans, opposent un non sans appel à une idée qui dévaste le monde. J’en suis fière, et heureuse.

Chiara.

Traduit de l’italien depuis Informa-azione

Serbie : action de solidarité avec les prisonniers anarchistes

Comme acte de solidarité avec les prisonniers anarchistes, un groupe informel d’anarchistes a suspendu une banderole qui dit : “contre le système de domination et de soumission. Contre les prisons et la société qui emprisonne”. La banderole a été accrochée à un pont d’autoroute sous lequel les prisonniers sont fréquemment transférés, qui est situé à proximité de la Prison Centrale à Belgrade.

En serbo-croate et en anglais

Chili : en réponse à l’appel international pour les prisonniers anarchistes dans le monde

“Semaine internationale de solidarité avec les compagnon-nes emprisonné-es. Nous sortons de façon décisive et sans crainte de nous amuser en rompant avec leur dogme de tranquillité et de légalité. Avec en mémoire la rébellion de José Huenante, jeune assassiné par la démocratie.* Flics, gendarmes, gardiens et chaque autorité brûleront avec notre joie chaleureuse. Propageons la révolte.”

Dans la nuit définie
Le crépuscule de la routine
des particules infinies conspirent dans l’ombre asociable.
Dans les spectres de rien
des désirs ont gémi
la rage a hurlé
les oubliés ont crié
les échos perdus ont rugi.

Dans le délabrement d’une citadelle de pouvoir
des machines frénétiques, essaim d’esclaves,
des poudres de maquillage et des dispositifs de contrôle.
Des schizos rebelles, barbares !
Nous nions l’existence quotidienne: prisons,
écoles, familles, maisons de fous, asiles, psychiatres
et chaque négation de l’individu.

Nous ouvrons les ailes pour sortir des crevasses et des grottes,
pour scinder le feu dans chaque ruelle,
du périmètre de sécurité et du lieu de la domination.

Qu’ils sachent que nous débordons dans toutes les directions,
vers tous les points.
Nous sommes de particules infinies à la recherche de l’explosion.

Une petite contribution depuis le territoire appelé Chili, de la région del maule Talca.

Groupe Affin chiens, chats et grenouilles

L’action a eu lieu le mercredi 27 août; un barrage routier dans l’une des artères de la ville, à huit heures du soir.

* Mapuche de 16 ans, qui a ‘disparu’ tout en étant maintenu en garde à vue à Puerto Montt au sud du Chili.

Sans Patrie distro anarchiste & internationaliste: Recueil de textes de compagnons incarcérés au Mexique

Recueil de textes de compagnons incarcérés au Mexique (janvier 2012/août 2014), ed. Sans Patrie, août 2014 (64 p., A5).

Cliquez sur l’image pour lire/imprimer la brochure au format PDF.

Pour toute demande, écrire à : toujourssanspatrie (at) riseup.net

État espagnol : Mise à jour sur la situation de Gabriel Pombo Da Silva

Le mercredi 6 août 2014, le compagnon Gabriel Pombo Da Silva est finalement sorti de l’isolement (il y avait été placé à A Lama le 17 juin) pour être transféré à la prison de Topas (Salamanque). Il y est arrivé le vendredi 8 août et se trouve à présent en cellule individuelle.

Cependant, dès son arrivée il s’est vu notifier à nouveau le contrôle de toutes les communications (écrites, téléphoniques et les parloirs) et l’administration pénitentiaire dispose en outre de tout un arsenal de mesures et vexations pour punir et se venger de celles et ceux qui, comme Gabriel, Francisco, Mónica et bien d’autres encore, refusent de baisser la tête et de se soumettre. Citons entre autres les tentatives répétées de briser les relations du compagnon aussi bien avec l’extérieur qu’à l’intérieur, en rendant difficiles –et pour certains impossibles- les contacts ou en le séparant de ces amitiés par un transfert de bâtiment, comme cela vient de se produire, trois jours seulement après son arrivée à Topas.

Ces sales petits jeux caractéristiques du Pouvoir et de l’Autorité n’ont rien de surprenant, ils font même partie de l’abominable routine carcérale et du chantage à la « bonne conduite », par la carotte et le bâton.

C’est précisément parce que nous savons cela et que nous ne sommes pas prêts à l’accepter que nous continuerons à suivre de près la situation des compagnons, et surtout à nous battre contre cette machine à broyer.

Des deux côtés du mur, détruisons ce qui nous détruit !

Pour la Liberté,
Des anarchistes
Le 14 Août 2014

Pour écrire au compagnon :

Gabriel Pombo Da Silva
Centro Penitenciario de Topas – Salamanca
Ctra. N-630, km. 314
37799 Topas (Salamanca)
Espagne

[Il semble qu’à Topas les publications avec ISBN puissent entrer.]

Grèce : Transfert du compagnon Nikos Maziotis à la prison Diavata

Dans la matinée du 26 Juillet 2014, Nikos Maziotis a été transféré de la prison de Koridallos (Athènes) à la prison Diavata, près de la ville de Thessalonique. Son transfert est une pratique clairement vindcative de l’État, en particulier compte tenu du fait que le coompagnon doit subir d’autres examens médicaux et interventions chirurgicales.

Bas les pattes sur l’anarchiste Nikos Maziotis,
membre de Lutte Révolutionnaire.

Allemagne : affiche en solidarité avec les luttes actuelles des prisonniers contre la société carcérale

Jusqu’au dernier souffle…

nous combattons cette société d’oppression, qui progressivement se dirige toujours plus vers le contrôle et l’exploitation total. La civilisation tente d’apprivoiser, de briser et détruire tous les êtres vivants par ses normes et valeurs, ses lois et ses cages, ses partisans impassibles et ses protecteurs indifférents.

Ainsi, cette normalité est un obstacle à notre désir de quelque chose de différent – une condition d’être libre – sur le chemin d’une vie passionnée.

Afin d’exprimer le désir d’une vie autodéterminée, nous choisissons le chemin des hors-la-loi. Nous ignorons et crachons sur vos ordres et vos normes, et brisons vos lois. Nous volons ce dont nous avons besoin, attaquons votre monde de béton et incendions votre fausse paix.

Nous envoyons des salutations vigoureuses à la lutte des prisonniers en Grèce contre l’aggravation des conditions dans les prisons là-bas. Nous nous sentons liés avec les rébellions pour un vie digne et de liberté individuelle.

En outre, nous soutenons les actions du 18 au 20 juillet de quelques prisonniers complices en provenance d’Allemagne et de Suisse en solidarité avec les luttes en Grèce contre le système carcéral.

Nous détesterons toute chose autoritaire, nous nous réjouirons de chaque rupture avec cette société, nous aimerons ces instants gracieux !

“Pour produire des armes et des outils d’évasion, les prisonniers utilisent d’habitude du matériel trouvé dans les prisons : des outils de travail, des outils artisanaux et d’autres objets d’usage quotidien. De cela ils ont fait des cordes, des limes, des scies, des couteaux ou des crochets pour serrures”

L’affiche en allemand et en anglais

Italie : Lettres d’anarchistes Chiara Zenobi et Michele Garau depuis la prison

JE L’AI VU

Prison des Vallette (juillet 2014)

Il serait extrêmement long et difficile de s’exprimer sur chacune des innombrables choses dites et faites en solidarité à notre égard. Il est plus facile de regrouper les suggestions, les pensées légères et celles plus lourdes, un peu de douce nostalgie, une once de perplexité et reverser le tout sur ces feuilles.

Une continue et impressionnante succession de messages publics et privés, d’initiatives, de prises de positions et d’actions, individuelles et collectives, ont marqué ces mois. Ce flux d’affect nous a toujours réchauffé le cœur et rempli l’estomac de papillons, des sensations pour lesquelles manquent les mots lorsque l’on cherche à les décrire. Aucun d’entre nous ne s’est jamais senti « à plat » ou brisé par la détention. La prison est le même court-circuit de la logique et de l’humanité pour quiconque y a affaire, et presque tous l’affrontent, à la différence de ce qu’il se passe pour nous, privés de tout soutien affectif, économique et légal, et sans que personne ne se relève publiquement les manches.

Nous ne nous sommes pas sentis être des victimes, à aucun moment, même si les mains de quelques-uns (incroyablement peu, en vérité) nous ont naïvement décrits comme tels, s’adressant à la presse ou même jusqu’à la politique, auxquels il n’a jamais été dans nos intentions de dire ou de demander quoi que ce soit. (Par cohérence et par honnêteté, je ne peux pas faire moins que de préciser que j’éprouve une méfiance totale envers les journalistes et les politiciens de toutes les formes et de toutes les couleurs. Pour ceux-ci, l’unique intérêt est de vendre leur petit produit commercial et l’asservissement à la recherche du consensus, se débrouillant pour la plupart pour se poser comme porte-paroles de la mauvaise conscience d’autrui. Et tous ceux-ci, au besoin, peuvent revêtir le masque du subversif, du sincère démocrate ou du bourreau selon le temps et le lieu où ils s’expriment. Les journalistes qui ne se reconnaissent pas dans ces lignes sont probablement au chômage, ou le seront bientôt, ou bien sont relégués dans les marges de la diffusion publique des nouvelles. Dans tous les cas, ils ne pourront qu’admettre qu’ils partagent leur toit, et souvent leur pain, avec les je-m’en-foutistes, les vautours et les chacals).

Choisir de s’opposer à la folie du statut quo peut être grave de conséquences. Dont est loin d’être la moindre celle d’être identifiés en tant qu’ennemis de l’humanité : malfaiteurs, provocateurs, violents. Terroristes. Ne pas se sentir victime ne signifie clairement pas d’accepter ces définitions, mais reconnaître qu’une hypocrisie aussi assumée et complice gouverne ce monde. La même qui réussit à nommer « développement » la destruction progressive et continue des sources de vie de toute espèce vivante, qui est prête à envoyer à la potence ceux qui réduisentt en miettes les vitrine de quelque géant de l’exploitation (humaine et environnementale), mais qui « ignore » la dévastation que l’ENI [Entreprise Nationale d’Hydrocarbures en Italie, NdT], au nom du peuple italien, apporte partout où elle pose ses sales pattes. Que l’on s’indigne et qu’on relève la poitrine si un dépositaire de l’ordre (et des privilèges) s’égratigne un genou, mais que l’on plonge la tête dans le sable lorsque quelqu’un est défiguré pour toujours ou termine sa vie dans une caserne ou dans une prison.
Eccetera, eccetera.

La réalité sans voile est triste et terrible. Mais à force de bien la regarder, il arrive aussi de s’énamourer d’un rêve de liberté, d’autodétermination, de justice sans le mensonge de la Loi, et de le chercher partout où il se manifeste à l’improviste.

Moi, je l’ai vu. Dans un centre de rétention en flammes. Dans la fuite précipitée d’un huissier qui, Code Civil à la main, voulait jeter quelqu’un à la rue. Dans l’affront à l’un des symboles de l’inégalité sociale. Dans une phrase peinte sur les murs des « précieuses » rues du centre.

Et je l’ai vu sur un échangeur d’autoroute, au coucher de soleil, après trois jours passés à partager la rage et la peur pour la vie d’un frère suspendu à un fil à cause de la diligence des serviteurs du TAV. Des milliers de personnes qui savent seulement ne pas vouloir partir de là. Quelqu’un prépare une soupe, d’autres enflamment une barricade. Et pas seulement pour la police, il est assez difficile de voir et de comprendre qui fait quoi. Ils finissent par arriver. Une mer de casques bleus. Un long jeu de poussées commence. Nous, en montée, les visages découverts, désarmés. Je cherche, parmi les autres, les visages de mes compagnons. Aucun d’entre nous n’aurait jamais choisi d’être aussi vulnérables : à un examen de guérilla urbaine, nous aurions reçu un beau zéro. Mais nous nous regardons en souriant. Autour de nous, des centaines de personnes chantent que « La Val Susa n’a pas peur ». Ce n’est pas de l’inconscience, tout le monde sait bien comment tout cela finira. Mais le temps se fait dense, les corps se dilatent, se fondent, et personne ne voudrait être ailleurs.

Allez donc le leur expliquer, après tout ça, à quelques pauvres types de basse stature morale que ce n’est pas à l’intérieur d’une loi qu’ils trouveront les mots pour raconter cette beauté. Et la détermination, et la ténacité.

Mais il semble bien qu’ils ne nous font pas peur avec leur mots. Le concept de terrorisme ne sert qu’à se foutre des idiots et des hommes de mauvaise volonté. Voilà ce qui est véritablement arrivé au travers de nos arrestations. Ce ne sont pas les habituels subversifs têtus qui renvoient les accusations à l’envoyeur. Il y a cette fois énormément de gens qui flairent l’arnaque et qui comprennent où tout cela mène : l’as dans la manche du terrorisme (dont l’usage n’est pas nouveau pour réprimer qui lutte contre l’oppression, l’exploitation et la dévastation) à appliquer aux luttes sociales, et voilà. Mais la Magistrature, ou quelqu’un pour elle, a mal fait ses comptes. Elle pense préparer un terrain sur lequel il lui sera facile de marcher. Elle pense jouer dans l’anticipation et arrive en fait trop tard. Il n’y a désormais plus aucune chance que des individus portant un NON de plus de vingt ans, entêté et encastré dans les têtes, se fassent avoir par quelque malin bavard. Et si l’accusation de terrorisme est déjà naufragée sur le plan symbolique, elle pourrait même ne pas passer d’un point de vue légal. Et c’est une bonne chose que l’État ne se pourvoie pas aussi facilement que ça en outils pour terroriser de nombreuses luttes et ceux qui y participent. Il n’est cependant pas possible de raisonner trop longtemps sur ce qu’il se passe à l’intérieur des salles des tribunaux. Nous ne nous attendons certainement pas à une tape dans le dos.

Mais la revendication collective qui s’est déployée incroyablement autour de cet acte de sabotage remplit de force. Parce que nous sommes allés bien au-delà du simple fait de dire que ce sont eux les terroristes. Nous en sommes arrivés à dire que sous ces capuche, à l’ombre de cette lune de mai, il y avait les visages de tous les hommes et de toutes les femmes qui ne veulent pas de ce maudit train. Les catégories d’innocence et de culpabilité disparaissent et ne deviennent plus que miettes pour les grattes-papier et les comptables. « Quella notte c’eravamo tutti » (Cette nuit-là, nous y étions tous). Rien ne pourrait nous faire nous sentir plus libres que cette phrase.

Chiara

*

MICHELE EN ISOLEMENT

Prison d’Asti, 11 juillet 2014

Salut à tous,

Je me trouve en isolement disciplinaire pour une semaine. Ils voulaient me mettre en isolement dans une cellule « lisse » (sans rien), mais je me suis attaché à la porte avec une ceinture et ils n’ont pas voulu m’emporter de force. Je reste donc dans la section, avec la porte blindée fermée. Je voulais savoir pourquoi on me refuse la rencontre avec Andrea, mais surtout revendiquer que celui-ci soit transféré dans la section au lieu de demeurer dans la zone de « transit » (PTB). Les « Transits » sont faits pour y rester deux ou trois jours maximum et donc, excepté les moments où il y a de nouvelles arrestations, ils sont complètement vides et comportent assez logiquement, lorsque l’on y reste pendant longtemps, une solitude presque pérenne.

Ils m’appellent au bureau de surveillance, après trois jours d’insistance, et me disent ne me devoir aucune explication et me menacent de sanctions disciplinaires. Alors je leur hurle au visage et ne rentre pas en cellule. Un peu de temps passe et je suis envoyé chez le sous-intendant en chef, lequel utilise des tons inacceptables. Je l’insulte lourdement, très lourdement. Il dit « isolement », je m’assois dans le couloir des bureaux, sur le sol, et dis que je ne bougerai pas si je ne peux pas prendre mes affaires en personne. Une fois remonté en cellule, je prépare mes affaires puis leur dis d’appeler des renforts, parce que je n’irai pas de mon plein gré, avant de m’attacher de nouveau au même endroit. Des heures et des heures d’attente. On aurait dit qu’ils avaient à me trimballer dans une autre prison. Je finis par savoir par des voies détournées qu’Andrea viendra en section. Je me délie donc et attends. Le soir, ils me communiquent que je resterai en isolement pour une semaine. Nous verrons le conseil disciplinaire, et pour le moment il y a un rapport dans lequel on trouve l’accusation de résistance. L’air, je le crée moi-même dans un très petit couloir aux murs très hauts.

Michele

*

Pour écrire aux gens qui sont encore en prison :

Andrea VentrellaMichele Garau
C.C. Strada Quarto Inferiore, 266 – 14030, località Quarto d’Asti (Asti), Italie

Paolo MilanToshiyuki Hosokawa
C.C. Località Les Iles, 14 – 11020 Brissogne (Aosta), Italie

Fabio Milan
C.C. Via del Rollone, 19 – 13100 Vercelli, Italie

Niccolò Blasi
C.C. San Michele strada Casale, 50/A – 15121 Alessandria, Italie

Chiara ZenobiAlberto Claudio
C.C. Via Maria Adelaide Aglietta, 35 – 10151, Torino, Italie

Santiago, Chili : combat de rue solidaire et arrestations le 9 juillet

Affrontements à l’extérieur du lycée Manuel Barros Borgoño en solidarité avec Sol Vergara et la récente condamnation de Juan, Freddy et Marcelo.

Le 9 juillet 2014 un groupe d’encapuchonné-es a décidé de bloquer la rue devant le lycée Manuel Barros Borgoño armé-es de barricades et de s’affronter à la police avec des pierres, de la peinture et des cocktails Molotov.

L’action et le combat de rue faisait partie de la solidarité directe avec les compagnon-nes Juan, Freddy et Marcelo, compagnons reconnus coupables récemment de multiples expropriations bancaires et de la mort d’un policier.

La confrontation de rue a également montré la solidarité avec la compagnonne Sol Vergara, qui est en détention accusée d’avoir tiré un vigile de la banque.

Après les combats de rue, les forces de police ont réussi à arrêter 10 compagnon-nes, dont 3 ont été inculpé-es pour possession de cocktail Molotov et assignés à résidence totale.

Envoyé par “Noticias de la guerra social”
Beaucoup d’images prises de “Fotografía Insurrecta”

En espagnol ici

« Avalanche – Correspondance anarchiste », numéro 2

cliquez sur l’image pour lire le numéro deux (juillet 2014)

Il n’y a pas d’autre chemin. Nos parcours ne devraient pas consister à courir en avant avec un bandeau sur les yeux. Il faut trouver le temps, l’espace et l’énergie pour maintenir une attitude critique devant ses propres activités, ses propres projets. Non pas le criticisme qui t’enlise dans l’inactivité, le compromis et le défaitisme, favorisant uniquement l’absorption lente, mais certaine par la société autoritaire, mais la critique qui réussit à prendre sans cesse le pouls de la lutte. Oui, nous parlons d’une critique qui te permet de vérifier que tu es toujours en train d’agir en cohérence avec les idées que tu chéris, qui permet d’approfondir les perspectives et qui peut transformer les expériences de lutte en terrain fertile pour l’assaut ultérieure contre l’autorité. Et cela vaut aussi pour le projet très modeste de créer un espace de correspondance anarchiste internationale.

Un troisième numéro alors, et donc aussi quelques questionnements et doutes. L’idée initiale de ce projet n’était pas tellement de feuilleter les publications anarchistes existantes et de sélectionner quelques textes significatifs pour les republier dans Avalanche. Non, l’idée, c’était – et ça l’est toujours – que des compagnons contribuent des mots et des analyses, des idées et des remises en question, depuis leur propre contexte, leurs propres parcours, leurs propres expériences (comme en témoignant plusieurs contributions qui ont été envoyées pour ce numéro), afin de insuffler de la vie à cette correspondance et la rendre dangereuse. Dangereuse, car en dehors du bombardement incessant d’informations qui ne semble qui promouvoir la passivité, en dehors des scènes théâtrales de représentation politique qui a aussi infesté le mouvement anarchiste, en dehors de l’obsession particulièrement moderne pour des faits et des chiffres, de la matière morte incapable de fertiliser le tandem inséparable des idées et de la dynamite qu’est l’anarchisme.

(…) nous envoyons nos salutations à tous les compagnons et compagnonnes, partout où ils et elles sont, dans toutes les situations dans lesquelles ils et elles peuvent se retrouver.

Juillet 2014

correspondance@riseup.net // avalanche.noblogs.org

Italie : Lettres de Marianna Valenti, Francesco Di Berardo et Nicolò Angelino

Lettre de Marianna
Depuis la prison de Vercelli – 12/06/2014

Et si la peur changeait de camp ?

Qui est-ce qui étouffe chaque jour la liberté de circuler dans les rues du quartier ?

J’habite à Porta Palazzo et je croise inévitablement les rondes interarmées qui font la chasse aux sans-papiers à encager dans un centre de rétention, je tourne, j’arrive sur la place et je vois un groupe de flics municipaux qui font démonter les petits stands des vendeurs de menthe à la sauvette, ils font fuir les dames avec leurs chariots remplis de pain, de msemen et de botbot. Je monte sur le bus 4 pour arriver rapidement jusqu’à Barriera, et les voilà, les contrôleurs agressifs qui traquent et qui poussent dehors ceux qui n’ont pas l’argent pour le ticket. Il faut donc prendre le 51, qui est lent, moins fréquent et blindé de monde.

Qui menace et effraie les gens jour après jour?

Les patrons font chanter : soit tu acceptes d’être exploité.e, soit du boulot, t’en auras pas. Qui n’ a pas envie d’être exploité.e, tente le vol, un braquage, l’arnaque, ce qui fait planer sur chacun de ses gestes l’ombre d’une cellule de prison.

Toujours plus fréquemment les sous pour payer le loyer manquent, et toujours les proprios et petits patrons apparaissent pour menacer les locataires retardataires de les envoyer valser, ensuite la police pour défoncer la porte et jeter les valises sur le trottoir, pour qu’enfin arrivent les assistants sociaux et leurs menaces d’enlever les enfants aux parents considérés tellement malavisés d’avoir décidé non pas de payer un proprio, mais de manger. Et si la peur changeait de camp ?

C’est ainsi que des possibilités se créent, à partir des besoins partagés, des soucis communs dialoguant entre eux. Qui a déjà vécu des luttes et qui est agité.e. a une suggestion à la bouche. S’organiser.

D’un coté, la densité des expulsions locatives entre Porta Palazzo et Barriera augmente et il est toujours plus difficile pour ceux et celles qui peuplent ces quartiers de récupérer de l’argent ; d’autre part, les processus de requalification nettoient et chassent : les immeubles sont rénovés et les loyers augmentent dans ces mêmes coins de la ville.

Pour défendre les maisons des expulsions locatives, des piquets devant les portes sont organisés en attendant l’huissier pour lui arracher un délai, avec l’implication de la famille, des voisin.e.s et des ami.e.s.

C’est le lieu où on se rencontre et où on se connaît, où se tissent et se resserrent les ententes et les complicités entre et autour de celles et ceux qui sont expulsables, là où débute un réseau d’aide mutuelle capable de se tenir debout tout seul.

Une assemblée se forme pour s’organiser au niveau logistique, pour affronter les problèmes et les peurs, pour discuter des propositions, en se partageant les tâches et les responsabilités, les voix qui y prennent la parole sont toujours plus nombreuses. « Qui savait déjà lutter » laisse la place aux personnes directement concernées, il n’y a pas de spécialiste en « résolution d’expulsions locatives », ni l’envie d’avoir le rôle d’un organisme d’assistanat. On veut lutter ensemble, en tendant vers la réciprocité dans les rapports.

J’ai connu les rues du quartier à travers la lutte. J’ai découvert comment m’orienter, quel raccourci prendre, en vivant ces rues, en courant vers une maison menacée d’expulsion, en y retournant en marchant, en faisant des manifs joyeuses après avoir arraché un long délai, énervées quand quelqu’un était jeté.e à la rue.

En plus de connaître vers où mes pieds m’amenaient sur le bitume, j’ai appris à reconnaître les visages amicaux et les lieux solidaires. Dans la chaleur de relations réelles, la lutte a grandi, en envenimant en même temps les inimitiés envers ceux qui veulent contrôler ce bout de la ville et ceux qui sont à leur service. On prend un café dans le bar à côté de la barricade, on écoute les histoires denses de vie ouvrière de Barriera racontées par la dame derrière le comptoir, émigrée du Friuli Venise Giulia dans les années ’50 ; peu après, en passant devant le serrurier qui n’arrête pas de collaborer avec la police et les proprios, on lui lance une insulte et on lui fait la gueule.

On a préféré ne rien demander à la mairie, on savait qu’elle avait peu à offrir et qu’elle aurait utilisé ce peu pour nous diviser. Certain.e.s ont essayé tout de même, ils n’ont rien obtenu, à part le conseil de créer une asso d’expulsé.e.s.

Pour satisfaire directement le besoin d’un toit qui n’était plus là, on a occupé des maisons vides qui sont aussi devenues des lieux d’habitation et de rencontre, carrefour d’histoires, vedettes sur le quartier. Et bien oui, en s’organisant pour faire face à n’importe quelle éventualité, en élargissant et en approfondissant les rencontres, on déployait une force.

On n’était plus tout le temps en échec, on réussissait à respirer plus aisément en vivant comme il nous fallait, en commençant à parler de désirs. Dans un monde à l’envers où les proprios ne reçoivent pas de loyer, où la police ne fait pas peur, où l’Etat est de trop.

Le 3 juin, la police fait irruption dans de nombreuses maisons, perquisitionne et procède à des arrestations. 111 personnes sous enquête, tou.te.s luttent contre les expulsions locatives à Turin. 12 sont en prison, 5 assigné.e.s à domicile, 4 avec obligation de résidence, 4 avec l’interdiction du territoire dans la commune de Turin et 4 avec l’obligation de signer tous les jours. Continue reading Italie : Lettres de Marianna Valenti, Francesco Di Berardo et Nicolò Angelino

Grève de la faim dans les prisons en Allemagne et en Suisse en solidarité avec la lutte des prisonniers en Grèce

9 juillet 2014 – Mise à jour sur la grève de la faim des prisonniers en Allemagne et en Suisse, en solidarité avec les prisonniers en Grèce, suite à cette annonce:

Même si le Parlement grec a adopté le projet de loi sur les prisons de haute-sécurité le 8 juillet, la résistance contre le nouveau système pénitentiaire, et en particulier les prisons de type C, n’est pas terminée … Ces prisons sont similiaires avec les prisons de type F en Turquie ou les prisons de haute-sécurité en Allemagne. Suite à la grève de la faim de masse dans les prisons grecques, une déclaration sur la grève de la faim de solidarité internationale a été envoyée dans plusieurs prisons en Allemagne, mais la communication entre les détenus prend beaucoup de temps.

Dans les prisons allemandes, les participants à la grève de la faim solidaire sont jusqu’à présent Oliver Rast à la prison de Tegel, à Berlin, Ahmet Düzgün Yüksel (extradé de la Grèce à Allemagne en mai 2014), ainsi qu’Andreas Krebs.

Andreas, au début des années 40, a été incarcéré pendant plus de 16 ans. Il s’agit d’un prisonnier rebelle, qui a participé à plusieurs grèves de la faim et a également tenté de s’évader à deux reprises. Merci à son initiative, plus de 20 détenus de la prison d’Aschaffenburg en Bavière ont déclaré leur solidarité avec la prochaine grève. Il a également écrit aux détenus dans deux autres prisons.

Le compagnon Thomas Meyer-Falk, emprisonné depuis 1996 et maintenant détenu en quartier de sécurité à Fribourg, a écrit un message de solidarité pour la grève de la faim, annoncé entre le 18 et le 20 Juillet 2014.

L’anarchiste Marco Camenisch (en prison depuis plus de 20 ans) participera aussi à la grève de la faim; il est actuellement détenu à Bostadel, en Suisse.

New-York : manif de solidarité avec la lutte des prisonniers en Grèce

Le 3 juillet 2014 nous nous sommes réunis devant le consulat grec à New York afin d’exprimer notre solidarité avec la lutte vivante et dynamique qui a éclaté dans l’ensemble du système pénitentiaire grec. Une grève de la faim* qui a commencé le 18 Juin pour se propager rapidement à chaque établissement pénitentiaire grec; réunissant plus de 4000 prisonniers rebelles dans la résistance contre la mise en application future d’un nouvel ensemble de mesures pénales répressives qui ont été conçus pour miner l’antagonisme social grandissant à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la prison.

Nous avons déployé des banderoles pour bloquer l’entrée du consulat; crié des slogans; et distribué de la contre-information aux passants. Dans un contexte local et international, nous voyons la solidarité comme un lien actif qui franchit les frontières et les limites présentant la possibilité de relier les différentes luttes dans les prisons en Californie, dans l’Indiana, le Texas, et Washington avec ceux qui ont été développe en permanence et le renforcement de la Grèce.

Aucun otage reste dans les mains de l’État !

Détruisons toutes les prisons, visibles et invisibles !

Guerre contre la guerre de l’Etat !

* elle s’est terminée le mardi 1er juillet… voir ici

Grèce : les prisonniers suspendent la grève de la faim

Pochoir peint au cours du rassemblement de PA à proximité de la prison de Koridallos, à Athènes le 1er Juillet, se référant au prisonnier Ilir Kareli (assassiné par le personnel de la prison après son transfert de Malandrino à Nigrita), qui a poignardé un gardien de prison à mort avec un couteau improvisé : "ça a été un bon début a été à la prison de Malandrino; chaque tortionnaire doit avoir sa gorge tranchée. "
Pochoir peint au cours du rassemblement à proximité de la prison de Koridallos, à Athènes le 1er Juillet 2014, se référant au prisonnier Ilir Kareli (assassiné par le personnel de la prison après son transfert de Malandrino à Nigrita), qui a poignardé un gardien de prison à mort avec un couteau improvisé : “ça a été un bon début à la prison de Malandrino; chaque tortionnaire doit avoir sa gorge tranchée. “

Selon une annonce faite par une initiative du Comité de lutte des prisons, la grève de la faim de masse à l’échelle nationale contre le projet de loi sur les prisons de haute-sécurité a été suspendue dès le mardi 1er Juillet. La plupart des détenus, qui ont participé à la grève depuis le 23 Juin, rassemblent maintenant leurs forces pour poursuivre leur mobilisation dans les prisons grecques par d’autres moyens.

Grèce : la lutte contre les prisons de haute sécurité s’intensifie

banderoles anticarcérale à Florina, dans le nord de la Grèce "4400 prisonniers en grève de la faim pour protester contre les prisons de haute-sécurité" "Ni prisonniers pénaux ni prisonniers politiques,  explosifs et feu pour toutes les prisons (A)"
banderoles anticarcérale à Florina, dans le nord de la Grèce
“4400 prisonniers en grève de la faim pour protester contre les prisons de haute-sécurité”
“Ni prisonniers pénaux ni prisonniers politiques, explosifs et feu pour toutes les prisons (A)”

Au 27 juin (cinquième jour du grève de la faim massive), plusieurs prisonniers ont rejoint la grève de la faim à la prison de Corfou, encouragés par la chaude intervention de soutien à l’extérieur du centre d’extermination.

Le même jour, le réseau de combattants emprisonnés a appelé à la solidarité avec la lutte en cours dans les prisons grecques, se référant également au cas du gréviste de la faim Nicolò Angelino, otage de l’État italien.

Dans la nuit du 27 juin, les détenus dans toutes les ailes de la prison pour hommes de Korydallos ont refusé d’être enfermé dans les cellules pendant une heure (jusqu’à 22 heures), pour protester contre l’énorme manque de médecins, d’infirmières et autre personnel médical, comme des brancardiers, dans la prison et son «hôpital» en particulier, mais aussi en raison du fait que les matons ont déclaré un «arrêt de travail», bloquant ainsi effectivement des visites entre les prisonniers et leurs avocats ou leurs parents.

Depuis le 28 Juin (sixième jour de grève de la faim de masse), les mobilisations de protestation se sont intensifiées avant le scrutin jeudi 3 Juillet 2014 du nouveau projet de loi sur les prisons de haute-sécurité.

Dans la matinée du 28 juin, cinq compagnons incarcérés actuellement en grève de la faim ont été transférés à l’infirmerie à la prison pour hommes de Korydallos, à savoir Yannis Michailidis, Argyris Ntalios et Nikos Romanos, ainsi que les membres de la CCF Michalis Nikolopoulos et Panagiotis Argirou. Pendant ce temps, plus de 30 grévistes de la faim ont déjà été transférés. Comme prévu, le directeur de la prison Maria Stefi (dont la voiture a été incendiée par les anarchistes en 2013) a démontré un mépris total de leur état ​​de santé en renvoyant la plupart d’entre eux dans les ailes de la prison.

Le 29 Juin (7e jour de grève de la faim de masse), plusieurs grévistes de la faim ont rapporté qu’il y aurait eu un évanouissement à Koridallos.

Solidarité active avec la lutte des prisonniers !

En anglais ici

Prisons espagnoles : Gabriel Pombo Da Silva en isolement

Depuis le 17 juin, le compagnon Gabriel Pombo Da Silva se trouve en isolement provisoire dans la prison de A Lama pour avoir refusé d’être placé dans un module de respect maximum [módulo de máximo respeto] et d’accepter les contraintes qui en découlent, ainsi que pour avoir refusé d’être mis en cellule avec un autre prisonnier, ce qu’ils ont déjà essayé de lui imposer à plusieurs reprises. Nous attendons maintenant de voir ce qu’ils lui réservent …

Des recours juridiques ont été faits contre cette situation, mais nous considérons important d’exprimer et de démontrer qu’il n’est pas seul en exigeant cette fois par des fax (ainsi que par des appels téléphoniques ou des courriers postaux si c’est plus pratique pour certains) que cesse le harcèlement contre le compagnon de la part de l’administration pénitentiaire.

Nous proposons donc le modèle de texte suivant à envoyer aussi bien aux Institutions Pénitentiaires qu’à la prison de A Lama. Les envois peuvent être faits dès maintenant (vu que des décisions peuvent être prises à son encontre très rapidement). Cependant, nous proposons aussi comme dates communes afin de faire sentir davantage de pression le vendredi 27 juin, le lundi 30 et le mardi 1 juillet.

Secretario General de Instituciones Penitenciarias
Ángel Yuste Castillejo
Adresse postale : C/ Alcalá, 38-40, 28014 Madrid
Téléphone : (0034) 913354700, Fax : (0034) 913354052

Centro Penitenciario A Lama (Pontevedra)
Monte Racelo s/n, 36830 A Lama (Pontevedra)
Téléphone : (0034) 986758000, Fax: (0034) 986758011

PD : Il est possible d’apporter aussi du soutien à Gabriel en lui écrivant :

Gabriel Pombo Da Silva
C.P A Lama, Monte Racelo s/n
36830 A Lama (Pontevedra), Espagne

Modèle de Fax ici  [Modelo de Fax]

Barcelone : caméras de surveillance sabotées

Les 12 et 13 mai 2014, nous avons saboté deux caméras de vidéo-surveillance avec des marteaux à une station de métro à Nou Barris, une autre de la même façon à Sant Andreu, et bombardé de peinture deux autres caméras respectivement à Gràcia et Sant Antoni.

Nous envoyons nos salutations chaleureuses aux compagnon-es anarchistes emprisonné-es à travers le monde, avec une affection particulière envers Mónica et Francisco, incarcéré-e-s dans l’État espagnol.

Vive l’anarchie.

Turin : nouvelles vagues de répression

Mesures préventives et intervention des flics à l’Asilo Occupato et rue Lanino.
Traduit de informa-azione (3/6/2014)

Dans les premières heures de ce matin, 3 juin 2014, s’est lancée une opération policière orchestrée par les procureurs Pedrotta et Rinaudo, contre différents milieux anarchistes. Pour l’instant, les nouvelles sont floues, mais il y aurait 25 perquisitions à Turin et région Piemontaise comprise parmi lesquelles l’Asilo Occupato et le squat d’habitation de la rue Lanino, auxquelles s’ajoutent la notification et l’exécution de diverses mesures préventives : 11 [10] personnes en prison, 6 assignés à résidence sans permission de sortie, 4 en obligation de rester sur le territoire, et 4 en interdiction de territoire.

Il y aurait en tout 111 personnes impliquées avec des chefs d’inculpation allant de « dévastation et saccage » à « offense envers la nation » , en passant par « incitation à l’insurrection armée contre l’Etat », « séquestration de personnes », « dégradation », et résistance à agents détenteurs de l’autorité publique, occupation illégale de bâtiments ; le choix stratégique des inquisiteurs ne prévoit pas d’instruments comme les délits d’association, mais de « participation » dans le fait d’avoir commis ces dits délits.

Fondamentalement, il s’agit d’une enquête menée avec la prétention de plaire aux grands pouvoirs de la ville. Banquiers, bétonneurs, et le Parti Démocrate, qui notoirement à Turin, s’amassent et se mélangent sans stratégie commune.

Les accusations portées contre les compagnon/e/s regarderaient principalement les pratiques de résistance aux expulsions locatives (des blocages aux occupations des bureaux des huissiers), les manifestations spontanées et les attaques des locaux du Parti Démocrate de ces derniers mois. Cela, dans l’intention de calmer à coup de mesures préventives ceux qui, dans différents quartiers de la ville, sont en train de promouvoir l’auto-organisation des exploité/e/s et des expulsé/e/s, la réappropriation d’espace d’habitation, la lutte contre la gentifrication, contre la spéculation immobilière et contre les acteurs politiques et financiers qui saccagent partout nos existences.

Mise à jour : après des heures de résistance sur le toit, les flics lachent finalement l’Asilo Occupato et même l’occupation de rue Lanino reste aux mains des occupant/e/s et des familles qui l’habitent.

Vous êtes invité/e/s à passer au 12 rue Alessandria pour contribuer à nettoyer la dévastation laissées par les sbires en uniformes.

Assemblée ouverte à 17h30à l’Asilo Occupato, suivie d’un repas bénéfit en soutien aux personnes arrêtées et impliquées.

* * *

Pour écrire aux personnes incarcérées, voir ici [mise à jour : 23 juin].

Marianna Valenti
C.C. Via del Rollone, 19 – 13100 Vercelli, Italie

Daniele Altoè
C.C. Piazza Don Soria, 37 – 15121 Alessandria, Italie

Paolo Milan
C.C. Località Les Iles, 14 – 11020 Brissogne (Aosta), Italie

Toshiyuki Hosokawa
C.C. Località Les Iles, 14 – 11020 Brissogne (Aosta), Italie

Giuseppe De Salvatore
C.C. via dei Tigli, 14 – 13900, Biella, Italie

Francesco Di Berardo
C.C. via Roncata, 75 – 12100, Cuneo, Italie

Michele Garau
C.C. Strada Quarto Inferiore, 266 – 14030, località Quarto d’Asti, Asti, Italie

Fabio Milan
C.C. Via del Rollone, 19 – 13100 Vercelli, Italie

Nicolò Angelino
C.C. Via Maria Adelaide Aglietta, 35 – 10151, Torino, Italie

Andrea Ventrella
C.C. Via Port’aurea, 57 – 48121 Ravenna, Italie

(prisonnier/e/s No Tav)

Niccolò BlasiMattia Zanotti
C.C. San Michele strada Casale, 50/A – 15121 Alessandria, Italie

Chiara ZenobiClaudio Alberto
C.C. Via Maria Adelaide Aglietta, 35 – 10151, Torino, Italie

Notes à chaud sur les arrestations.
Traduit de macerie (4/6/2014)

Après l’effervescence de la journée d’hier, passée à chercher à comprendre ou ont été envoyés les divers incarcérés, essayons d’esquisser quelques réflexions à propos de cette dernière enquête, qui, un peu pour son grand nombre d’inculpé-e-s (111) et de personnes soumises à des mesures judiciaires, un peu pour la particularité des chefs d’inculpation mérite une analyse plus approfondie.

Comment faire entrer dans une même enquête autant d’inculpé-e-s ?

La réponse est relativement simple : de ne plus seulement mettre les noms déjà connus à la préfecture de police de Turin.

Dans les 200 pages de ce qui compose le dossier d’accusation, nous retrouvons une part de la ville, celle des quartiers Porta Palazzo, Barriera di Milano et Aurora.

Nous retrouvons les noms et les visages de celles et ceux qui, ne pouvant plus se permettre de payer un loyer, ont décidé ces dernières années de s’organiser pour s’aider réciproquement. Des nombreu-x-ses, italien-ne-s et étrangèr-e-s, qui se sont barricadé-e-s derrière les bennes à ordures pour résister, qui ont attendu avec anxiété et détermination l’arrivée de l’huissier, et qui, une fois la maison perdue, ont décidé d’occuper.

Ce qui frappe immédiatement, c’est qu’il ne s’agit pas d’un délit associatif, mais plutôt à la fusion de délits singuliers en un seul fil qui suit toute l’enquête.
Le délit le plus cité est violence sur personne dépositaire de l’autorité publique, mais l’on trouve aussi des inculpations plus spécifiques comme la séquestration, délit déja utilisé contre Giobbe, Andrea et Claudio. Selon la procureure cette fois les séquestrés seraient les huissiers, qui, encerclés de participant-e-s aux piquets, se voyaient contraints à concéder un report du sfratto.

Les mesures judiciaires ne sont pas tant justifiées par la gravité des épisodes singuliers que par leur réitération, retenue cohérente avec un cadre théorique que les procureurs identifient dans les tracts distribués aux piquets et des textes publiés dans la revue invece et sur ce blog (voir ici, ndt).

Mais venons en au fond : “l’effet de la multiplication d’ actions d’opposition concertés a été, substantiellement, de priver d’autorité et de force exécutives les décisions judiciaires […], avec l’intention d’empêcher, dans un contexte d’intimidation programmée, aujourd’hui et dans le futur, l’exécution des décisions de justice.”

Ce qui est touché, donc, est la volonté de satisfaire immédiatement un besoin comme celui d’avoir un toit au-dessus de la tête sans le mendier, sans attendre de meilleures politiques de logement par la mairie.

A Porta Palazzo et Barriera, pendant plus d’un an, les sfratti qui rencontraient une resistance n’etaient pas executés. On a parlé d’un moratoire de fait.

C’est justement cela qui est resté au travers de la gorge des propriétaires et des politiciens de tous bords habitués à recevoir demandes et révérences. Au contraire, ces seigneurs se sont vus arracher des mains renvois sur revois, obtenus sans aucun type de médiation.

Qu’est-ce qui distingue un moratoire comme celui là d’une concession de l’administration publique ? La seconde sert à adoucir le bâton et à tempérer les cœurs, confirmant les hiérarchie existantes. La première en revanche cherche à s’étendre et à se généraliser afin d’éliminer ces hiérarchies, en se rencontrant de manière différente, en étant dans la rue, en s’organisant.

Ce n’est pas pour rien que Davide Gariglio, peu d’heures après les arrestations, s’est dit satisfait de l’opération de la police, pour répondre à la situation d’illégalité diffuse qui s’était créée dans ces rues. Et ce n’est pas un hasard si c’est un des porte-voix du Parti démocratique (PS italien, ndt) qui parle. Le parti au pouvoir en ville, le parti du “plan maison”, le parti des banques et des sfratti, le parti avec le plus de dégradations de permanences ces derniers mois.

Bloomington, Etats-Unis : Attaque solidaire avec les prisonniers anarchistes de longues peines

12 juin 2014 – Nous avons attaqué la façade de l’immeuble AT&T à Bloomington avec des bombes de peinture. La coopération de l’entreprise avec les efforts de surveillance de la NSA a été confirmé de nouveau il y a un an par les fuites Snowden, mais AT&T et d’autres collaborateurs ont échappé à des conséquences réelles. Nous avons couvert le bâtiment avec des graffitis en soulignant leur participation massive au mécanisme de contrôle et de répression.

Ce mécanisme (numérique et physique) est partout et disponible pour les attaques simples comme celle-ci.

Solidarité avec Marie Mason et Eric McDavid dans leurs luttes quotidiennes contre la prison. Ces révolutionnaires sont emprisonnés pour leur engagement dans la lutte pour la défense de la terre. Les mêmes forces qui tirent profit de la destruction du monde naturel, maintiennent également les prisons et exigent la protection de la police et de la NSA.

Solidarité avec Chelsea Manning, Jeremy Hammond, et tous les rebelles dont les actions exposent et attaquent les fissures dans cette société de contrôle.

[Espagne] Un point sur la situation de Gabriel Pombo Da Silva

Le 13 juin 2012, après différentes opérations contre d’autres compagnons, l’Etat italien lançait une vague de répression contre des dizaines d’anarchistes, dénommée Ardire, portant à 40 perquisitions, 24 mises en examen et 8 incarcérations. Cette fois-ci, il entendait même lui donner une dimension supplémentaire, en inculpant aussi des compagnons déjà incarcérés dans plusieurs pays européens, comme la Grèce, la Suisse et l’Allemagne. Comme d’habitude, l’Etat prétend voir sa gueule autoritaire dans le sourire de ses ennemis irréductibles, en construisant par exemple des rôles de chefs, d’exécutants et de coordinateurs au sein d’une énième “association terroriste”, là où il y a des affinités, des correspondances avec les prisonniers, des luttes et des volontés d’en découdre. C’est ainsi que Gabriel Pombo da Silva et Marco Camenisch, incarcérés depuis de longues années, se retrouvent dans cette enquête suite à une grève de la faim internationale menée en décembre 2009, traités de “symboles et points de référence d’un nouveau projet subversif”, dont ils seraient “les idéologues et les propulseurs”.

Après 20 années passées dans les geôles espagnoles (dont 14 en régime FIES) qu’il parviendra à fuir, Gabriel est arrêté en 2004 suite à un contrôle et à une fusillade avec des flics en Allemagne. Il refera 9 années supplémentaires dans ce pays. Extradé vers l’Espagne le 25 février 2013 en vertu du Mandat d’arrêt européen lancé par ce pays dix ans plus tôt pour qu’il finisse de purger la peine qui l’y attendait, Gabriel est convoqué deux mois plus tard devant l’Audiencia Nacional de Madrid, cette fois pour se voir notifier un mandat d’arrêt européen lancé contre lui par l’Italie en mars dans le cadre de l’opération “Ardire” ! Gabriel a bien sûr refusé d’être envoyé “volontairement” là-bas. En janvier 2014, la justice anti-terroriste espagnole a donc dû requérir auprès de ses homologues allemands l’autorisation de le livrer à l’Italie, parce que comme ils disent dans leurs codes féroces, Gabriel n’avait pas renoncé au “principe de spécialité”.

Le 17 janvier, dans le volet de l’opération “Ardire” géré à Pérouse, l’inquisitrice Comodi a finalement demandé le “non lieu” pour l’accusation d’ “association terroriste”, tandis que dans le volet principal transféré à Milan, le tribunal a levé le 8 avril toutes les mesures restrictives (obligation de pointer, assignation à résidence, interdiction de sortir du territoire) contre les compagnons. Après un cirque qui a coûté un an de vie pour certaines, et même plus pour d’autres, ce même tribunal a donc également levé le 18 avril le Mandat d’arrêt européen italien contre Gabriel.

Toutes ces péripéties du terrorisme d’Etat européen et de ses larbins en toges ne doivent pas nous faire oublier que Gabriel reste incarcéré en régime FIES depuis son transfert dans la prison d’A-Lama (Galice) en août 2013. Sa correspondance est toujours soumise au seul bon vouloir des matons (aussi bien au départ qu’à l’arrivée), les activités sont de même restreintes à leur arbitraire le plus total, le tout dans une taule réputée pour son nombre élevé de “morts subites”… tal apareció muerto dans leur jargon obscène. Pour finir, face à sa demande de connaître la date de fin de peine, la justice et l’administration pénitentiaire continuent de jouer leur petits jeux mesquins de la torture à petit feu, changeant régulièrement leurs calculs de bourreaux. Pour l’instant, elle est fixée à…2023.

En réalité, ces différentes mesures sont un avertissement lancé contre tous les révoltés. Il s’agit à la fois d’un acharnement particulier contre un de nos compagnons* (“toujours trop dangereux”, comme ils disent, d’un anarchiste que 29 années passées derrière les barreaux n’ont pas fait plier), mais aussi d’un châtiment trop banal contre ceux qui ne se soumettent pas. Parce que les têtes doivent rester baissées, les bouches bâillonnées et les yeux fermés, dedans comme dehors. Sauf si…

A bas tous les Etats, l’enfermement, les flics et les tribunaux,

Liberté pour toutes et tous !

Des anarchistes solidaires,
18 mai 2014

Pour lui écrire, même s’il ne peut pas répondre et en recommandé de préférence pour éviter que les lettres passent par pertes et profits (textes, brochures et livres ne rentrent pas par courrier) :

Gabriel Pombo Da Silva
CP A-Lama (Pontevedra), Monte Racelo s/n 36830 A-Lama (Pontevedra), España/Espagne

*Arrêtés en novembre dernier deux autres compagnons, Mónica et Francisco, sont aussi incarcérés en régime FIES. Déjà transféré trois fois en 6 mois, Francisco se trouve toujours à l’isolement.

[Italie] Solidarité active avec les compagnon-nes anarchistes emprisonné-es

“Arme-toi et sois violent-e, magnifiquement violent-e, afin que tout explose… Arme-toi et combats le terrorisme, fous le feu, conspire, sabote… sois violent-e… naturellement violent-e, librement violent-e”
Mauricio Morales (Punky Mauri), combattant anarchiste mort en action le 22 mai 2009

Journées de solidarité internationale du 16 au 22 mai 2014

dans l’attente du procès contre les compagnon-nes anarchistes Mattia, Claudio, Niccolò et Chiara (accusé-e-s de terrorisme après une attaque contre le chantier du TAV au Val Susa, dans la nuit du 13 au 14 mai 2013) ;

en solidarité avec les compagnons anarchistes Alfredo et Nicola (emprisonnés pour avoir causé des blessures au patron d’Ansaldo Nucleare, Roberto Adinolfi) ;

en solidarité avec les compagnons anarchistes Gianluca et Adriano (incarcérés, accusés d’attaques incendiaires contre des banques, des multinationales de l’énergie –ENI, ENEL– et des usines qui exploitent la terre).

Solidarité révolutionnaire avec tous les combattants !

Des anarchistes.

Collaboration du Chat Noir Émeutier

Bolivie : Graffitis solidaires avec la compagnonne Sol Vergara

« Ta vengeance notre vengeance – Sol Vergara à la rue »
« Sol, ton élan est notre courage »
« Force, Solidarité et Action – Pour une mémoire combative – Sol tu n’es pas seule »
« L’action de Sol fait partie de notre guerre »
« Sol, ta vengeance nous fraternise dans la lutte »

Tandis que les citoyen.ne.s se préparent pour les fêtes du carnaval, nos pensées parcourent la distance, en cassant les frontières qui nous séparent…

A travers cette petite sortie nocturne, nous voulons mettre en avant ton courage et ton élan, un élan qui marque l’histoire de notre lutte, nous nourrit et nous rend plus fort.e. Parce qu’en un seul cri de vengeance, tu as démontré qu’aucun.e guerri.ère/er ne sera oublié.e parce qu’il nous est impossible de nous taire face à ton hardiesse, par ce petit geste de solidarité, nous laissons les murs parler d’eux-mêmes.

Nous nous souvenons également du compagnon Sebastián Oversluij, parce que celui qui est mort c’est celui qu’on oublie. Nous savons qu’une vie de combat continue et continuera à alimenter notre lutte !

Pour une mémoire combative, pour l’Anarchie.

Jallalla Sol Vergara !
Jallalla Sebastián Oversluij !

[ Communiqué reçu le 25 Février 2014. ]

Berlin, Allemagne : Αttaque incendiaire d’une banque Santander

Dans la nuit du 6 Mars 2014 nous avons mis le feu à une agence bancaire Santander à Neukölln, à Berlin. Nous avons détruit une vitre et allumé un engin incendiaire à retardement. Nous dédions cette action aux personnes en captivité et assassinées par le système capitaliste au Chili et en Espagne.

Tout d’abord, à Tamara Sol et Sebastian Oversluij Seguel :

Dans la matinée du 11 Décembre 2013, le compagnon anarchiste Sébastien Oversluij Seguel a été abattu à Pudahuel, une banlieue de Santiago, au cours d’une tentative de vol de banque. Un gardien de sécurité privé de la Banco Estado a tué le compagnon de 26 ans de six coups de feu. Depuis lors , il ya eu de nombreuses réactions de la part du mouvement anarchiste sur cette assassinat. Le 21 Janvier 2014, la compagnonne Tamara Sol Farías Vergara est entrée dans une agence de la même banque dans le centre de Santiago, et a ouvert le feu sur la garde pendant qu’elle criait : «Vengeance» Puis, elle dit avoir saisi l’arme du garde de sécurité. Peu de temps après, elle a été arrêtée. Tamara a refusé toute coopération avec les autorités, et est maintenue en détention préventive.”

Vidéo «Complicité» sur l’assassinat de Sebastián et l’action de représailles dont Tamara est accusée, ici.

Récemment (le 3 février 2014), la famille Vergara Toledo de Villa Francia, à Santiago, s’est exprimée dans une lettre ouverte en ce qui concerne l’arrestation et la situation actuelle de Tamara.

Depuis l’assassinat de Sébastian, Alfonso Alvial et Hermes González sont en détention préventive.

En outre, nous tenons à mentionner Mónica Caballero et Francisco Solar. Après une opération lancée par les autorités chiliennes et espagnoles, ils sont incarcérés en Espagne avant le procès, les deux ont déjà été poursuivis au Chili dans la construction du ‘Caso Bombas’.

Salutations également à l’accusé dans le ‘Caso Security’ (Chili), et des militants de Barcelone qui, comme nous, visent les banques pour des actions de solidarité.

Santander, en tant que plus grande banque du monde hispanophone, est responsable d’expulsions forcées et de garanties pour les ventes d’armes. C’est aussi une bonne raison pour nous de voir les combats d’ici et là comme notre lutte commune. Les institutions qui mettent le capital avant la vie humaine seront toujours la cible de nos attaques.

Commando Sebastián Oversluij Seguel
LIBERTÉ POUR TOUS LES PRISONNIERS