Le 17 mars lors d’une manifestation contre la Loi Travail à Nantes, plusieurs personnes ont été arrêtées. Gaël a passé 48h en grade à vue avant d’être placé en mandat de dépôt. Le lundi 21, il est passé en comparution immédiate et à été condamné à 6 mois de prison ferme.
A Marseille, aujourd’hui lors d’une nouvelle journée de manifestation, une banderole de solidarité à été déployée sur un pont.
Manifestation de bruit devant la prison de Leclerc en soutien aux luttes des prisonnièr.es, pour dénoncer les conditions de détention et démontrer la solidarité avec les détenues transférées de Tanguay à Leclerc.
19 mars 2016 (Laval, Québec) – Plus de 50 personnes se sont réunies pour une manifestation de bruit devant la prison Leclerc à Laval pour exprimer leur solidarité avec les détenu.es : En février passé, sans grande couverture médiatique ou indignation de la population générale, les prisonnières du centre de détention Tanguay d’Ahuntsic ont été transférées à la prison Leclerc, une prison pour hommes à Laval, comme conséquence des mesures d’austérité imposées au Québec.
Dénonçant les conditions dans la prison, les participant.es à la manifestation ont lu des textes contre le système carcéral et sa relation avec le colonialisme, le patriarcat, la suprématie blanche et le capitalisme. Utilisant des feux d’artifices, de la musique, du bruit et des discours, Les manifestant.es ont envoyé leur message de solidarité à ces prisonnièr.es qui, enfermé.es loin du reste de la société et de leur famille, sont parmi les plus directement affecté.es par les mesures d’austérité et également les plus restreint.es dans leur possibilité d’exprimer une opposition aux mesures violentes et arbitraires du gouvernement.
Le 31 décembre 2015, les femmes de Tanguay ont publié une liste de demandes et ont récemment dénoncé la violence arbitraire et les abus qu’elles ont subis durant le transfert vers Leclerc. Elles vivent désormais des conditions plus difficiles qu’à Tanguay (leur manifeste est en ligne). Les auteures de ces demandes dénoncent le manque de nourriture adaptée à leurs besoins, de produits nettoyants et d’accès à des produits d’hygiène. Elles demandent également l’accès aux programmes de réinsertion, plus de temps dans la cours et des soins médicaux adaptés pour les personnes souffrant de dépendances.
« Les femmes qui demandaient des meilleures conditions à Tanguay et qui sont maintenant à la prison provinciale de Leclerc, font partie intégrale de la lutte contre l’austérité. Nous devrions connecter leur lutte à l’intérieur des prison avec nos luttes à l’extérieur », a dit Virginie Dubeau, une organisatrice avec le groupe Toute Détention Est Politique. « La vigile de ce soir est tenue en support de leurs demandes, pour la fermeture de toutes les prisons et pour mettre fin à la violence patriarcale. »
« La menace de la prison est utilisée pour confiner les gens dans les systèmes oppressifs du colonialisme, du capitalisme et du patriarcat. Les peuples autochtones, les personnes de couleur et les gens pauvres sont emprisonné.es de façon disproportionnée au Canada. » a expliqué Dubeau. « Dans les cinq dernières années, le nombre total de femmes accusées de crimes punissables par du temps d’incarcération a augmenté de 40%, alors que le nombre de femmes des Premières Nations emprisonnées a augmenté de 85% dans les dix dernières années. Cette réalité n’a rien à voir avec la soi-disant ‘augmentation des crimes’ (qui a en fait diminué); mais est plutôt directement reliée avec le profilage racial et la façon dont certaines populations sont gardées dans une précarité économique constante. »
Après le rassemblement devant Leclerc, les participant.es se sont réuni.es devant la prison Tanguay dans Ahuntsic pour une action symbolique contre toutes les prisons et centres de détention. Des silhouettes ont été attachées sur les clôtures pour commémorer les impacts des prisons sur les individu.es, les familles et les communautés, pour se rappeler la violence et les traumatismes causés par ces institutions et pour honorer la résistance et la résilience des personnes qui sont passé.es au travers du système carcéral.
Karine Tremblay, membre du groupe Toutes Détention Est Politique explique :
« Nous souhaitons tout d’abord mentionner que ce n’est pas une victoire, car les personnes qui y étaient détenues sont toujours prisonnières, dans une situation où leur conditions sont encore pires qu’elles l’étaient.
Toutefois, en gardant ça en tête, nous sommes réuni.es ici aujourd’hui afin d’utiliser le symbole d’une prison vide pour réaffirmer notre désir de voir tout le complexe industriel carcéral s’effondrer. Alors que ce système détruit nos communautés et renforce le statu quo d’oppressions, en persécutant tout ce qui n’est pas mentalement apte- blanc- cis-hetero-mâle et riche, nous comprenons qu’aucune demande ne pourrait produire cet effondrement, que seulement une résistance active peut réussir à nous libérer. »
Sous les slogans : ‘Fin aux prisons! Liberté et digité pour tou.te.s’, les organisateur.trice.s de la manifestation ont également invité les participant.es à penser à des alternatives aux prisons.
« Les prisons ne rendent pas nos communautés plus sécuritaires, elles les détruisent. Les prisons amplifient les réalités coloniales, racistes et patriarcales qui sont déjà partie de notre vie quotidienne au Canada, » soutient Tremblay.
Voir les statistiques ici. Pour toute information, contactez: toutedetentionestpolitique[at]riseup.net
Dans la nuit du 21 au 22 janvier, à minuit, quelques personnes sont venues déposer une banderole sur le pont de cours julien à Marseille en solidarité avec les prisonnier-e-s trans pour marquer le début de cette journée d’action. Nous espérons que cela sera le début d’un mouvement international pour la fin des prisons.
PIERRE PAR PIERRE MUR PAR MUR NOUS FINIRONS PAR DETRUIRE TOUTES LES PRISONS
Joyeux nouvel an, famille et ami-e-s ! Merci énormément pour tout le soutien et l’attention reçu tout au long de l’année, que se soit de la part d’ami-e-s de longue date que de nouvelles-aux correspondant-e-s. Je me sens très reconnaissant et je suis toujours touché par les encouragements et ressources qui me sont envoyés par des gen-te-s qui font déjà tant pour augmenter nos chances collectives de survie. Les informations [aux États-Unis] ont été saturés par les histoires d’une personne ayant gagné la grande « cagnotte de fric » accumulée par le Loto américain – mais le « gain » le plus important n’a rien à voir avec l’argent. Je parie sur le fait que le mouvement gagnera beaucoup cette année : en gagnant plus de pouvoir pour leurs communautés et en se défendant face à la brutalité policière et contre les inégalités raciales, en remportant encore plus de victoires pour les animaux et dans la défense des espaces sauvages, en créant des relations sociales basées sur le respect, la dignité et la compassion pour tou-te-s…indépendamment de leur race, orientation, croyance ou présentation de genre.
Merci de vous rassembler aujourd’hui, pour soutenir celleux parmi les membres de notre communauté qui luttent si dur derrière les murs pour garder leurs consciences d’elleux-même intactes. Notre autonomie sur nous-même, sur nos corps est essentielle pour que n’importe quel autre type de liberté soit possible. En tendant la main aux prisonnier-e-s trans, vous affirmez leurs droits à se définir elleux-mêmes pour elleux-même – et vous les défendez contre les voix accablantes qui prétendent qu’ielles n’existent pas, qu’ielles devraient laisser les autres les définir. Dans l’environnement d’isolement de la prison, c’est toxique et intimidant, et cela s’élève à la forme la plus cruelle de torture psychologique. En offrant votre aide et solidarité, vous pourriez très bien sauver une vie. Je le sais parce que pour l’année et demie passée, je me suis battu pour m’affirmer comme homme trans, j’ai lutté pour obtenir le soulagement d’une aide médicale appropriée à ma dysphorie de genre – c’est la pensée tendre et aimante de la famille étendue que sont mes soutiens qui m’a donné la force et le courage de continuer. S’il vous plaît, rejoignez-moi pour offrir cette aide à des personnes si nombreuses et qui en ont besoin pour continuer. Ne sous-estimez jamais le pouvoir salvateur d’une lettre, ces lettres m’ont permis de continuer… et je veux transmettre ce cadeau, si vous acceptez de m’aider.
Merci encore de vous rassembler aujourd’hui, de vous connecter à celleux à l’intérieur qui ont véritablement besoin de vous, qui ont besoin de vous pour que vous les voyiez tel qu’ielles sont vraiment, et qui luttent pour être vu-e-s ainsi. Jusqu’à ce que les prisons disparaissent, nous avons besoin de travailler dur pour soutenir celleux d’entre nous qui sont à l’intérieur – particulièrement celleux d’entre nous qui ne sont pas toujours aussi visibles au reste du monde. Nous sommes toujours plus fort-e ensemble.
En solidarité avec les prisonnièr-e-s trans à travers le monde, une journée de solidarité est organisée le 23 janvier à partir de 14h au kiosque [Marseille] avec projection, atelier d’écriture de lettres et goûter vegan !
Nous savons tout-e-s que la prison détruit les corps et les êtres, veut broyer les révoltes et étouffer les initiatives, les lettres et les manifestes des prisonnièr-e-s. Les prisonnièr-e-s trans subissent la double peine de la prison et des contraintes physiques et émotionnelles d’une véritable cage. Historiquement la lutte contre les prisons et l’enfermement a toujours impliqués les personnes trans et a été un combat mené par les prisonnièr-e-s trans et leurs soutiens.
Comme tout-e-s les précaires, les personnes trans sont largement susceptibles d’être incarcérées pour leur simple existence et survie. Les personnes emprisonné-e-s sont trop souvent oublié-e-s, pourtant l’écrasante majorité des femmes trans est toujours incarcérée dans des prisons pour hommes et la totalité des prisonnièr-e-s trans subissent des violences, humiliations et viols au quotidien liés à leur trans-identité.
L’enfermement est là pour nous faire peur et est une tentative pour nous empêcher de lutter. Notre meilleure réponse est de poursuivre nos luttes, de faire preuve de solidarité et de continuer à nous battre contre toutes les formes d’enfermement et d’oppressions !
Rendez-vous samedi 23 janvier au kiosque (38 rue Clovis Hugues) à 14h !
Le 31 décembre en soirée, nous nous somme rendu à la prison fédérale des femmes de Joliette (la seule prison pour femme purgeant des sentences de plus de 2 ans au soi-disant Québec), dans la région de Lanaudière. Nous tenions deux banières avec les inscriptions: L'(A)MOUR POUR LA LIBERTÉ NOUS FAIT ENNEMI.ES DE L’AUTORITÉ et LA LIBERTÉ EST NOTRE ARME ABSOLUE. Nous avons lancé quelques feux d’artifice, avons pu communiquer avec les filles détenues et chanter notre solidarité. Plusieurs d’entre-elles sont sorties aux portes de leurs unités (petites maisonettes dans la court de la prison), ou sont allées à leurs fenêtres. C’était une première du genre à cette prison.
Solidarité avec tous les prisonniers en lutte
Jusqu’à ce que nous soyons tous libre
DÉTRUISONS TOUTES LES PRISONS ET CE MONDE QUI EN A BESOIN
APPEL INTERNATIONAL DES PARENTS ET DES AMIS DES DETENUS POLITIQUES POUR UN JOUR MONDIAL D’ACTIONS DE SOLIDARITE.
Nous qui vivons la capture de nos enfants, de nos conjoints, des nos frères et sœurs, des nos amis.
Nous qui avons entendu les peines massacrantes de dizaines d’années imposes par les tribunaux terroristes de l’état des exploiteurs.
Nous qui avons soutenu avec dignité les prisonniers – combattants de la liberté, nos amis et parents.
Il est temps de faire entendre notre voix, de faire connaitre notre vérité.
Nous proposons et appelions pour un Jour Mondial d’Actions de solidarité des amis et parents des détenus politiques.
En Grèce, en Italie, en Espagne, en Mexique, en Chile et dans le monde entier.
Disons-le à haute voix:
LES DETENUS POLITIQUES, LES PRISONNIERS – COMBATTANTS DE LA LIBERTE, NE SONT PAS SEULS!
Nous sommes et nous serons toujours à leur cote.
Face à la barbarie des lois terroristes de gouvernements fascistes et démocratiques de l’Empire des riches, nous continuerons de résister.
Nous proposons le 31 Décembre 2015 comme un jour mondial d’actions de solidarité des parents et des amis des détenus politiques.
Par des interventions dans les prisons, dans les tribunaux, dans les ministères, dans tous les centres des pouvoirs.
Pour la dignité humaine et la LIBERTE!
Nous allons résister jusqu’ à l’abolition de toute prison.
Décembre Noir arrive, et pas trop tôt. On a sculpté nos théories et analysé notre réalité, on sait quel sorte de futur on désire et tout ce qu’on aura à déchirer dans le but de pouvoir y accéder. Le temps pour philosopher et en discuter est fini, et on fait face à un moment inévitable de conflit avec les forces du contrôle et de la conformité et de la subjugation.
Décembre est en fait le point de départ parfait, du moins ici aux États-Unis. C’est le mois le plus sombre de l’année, avec le plus d’heures sans lumière du jour durant lesquelles on peut y mener nos actes de résistance et de rébellion. Aussi, dans le froid, tout le monde porte des cagoules. Or un-e rebel-le en voie de frapper un Walmart ou un char de flics ou la maison d’un quelconque administrateur fasciste n’aura pas l’air aussi déplacé qu’ilelle aura l’air en, disons, Juillet ou Août en portant le même équipement.
Ayant lu les propositions du Décembre Noir j’aimerais parler à ceuxelles qui sont, jusqu’à maintenant, paralysé-es par la peur et le scepticisme, qui ne croient toujours pas qu’on puisse prendre part à des actions radicales, militantes contre un ennemi commun, que les violences politiques même de la variété clandestine sont vouées à l’échec, et que c’est ok de « jouer » aux anarchistes, mais qu’il est téméraire pour nous de miser de notre argent sur là où nos bouches sont [en anglais l’expression signifie mettre en pratique nos convictions]. Je veux m’adresser à ce fatalisme, mis j’ai couramment aucune façon de communiquer avec le monde extérieur parce que le FBI, probablement la NSA, et le complexe industriel en expansion continue ont tous dévoué une quantité gigantesque de ressources et d’effort à couper chacun de mes mots. Or, clairement, vous n’êtes pas en train de lire ces lignes, et je suis incapable de parler de votre fatalisme.
Donc vous voyez à quels clowns maladroits on est opposé-es?
Notre tâche à mener lors de ce Décembre Noir consiste à rendre ce système d’oppression impraticable et ingérable, à le déstabiliser pour qu’il s’écroule sur ses propres traces de son poids incroyable. Décourageant? Pas vraiment. On parle seulement de faire tomber l’étau de la swivelisation [à la place du mot « civilisation »].
Regardez bien… on attaque pas de front, en face à face, comme des soldats embrigadé-es. Et on tentera pas de tout faire tomber d’un seul coup. Non. On n’a qu’à aller simplement là où ils ne gardent pas, on détruit ce qu’on peut et on part. On déclenche les alarmes de feu proverbiales là où il n’y a pas de caméras. Le fait est que les gestionnaires de la matrice ne peuvent mettre une caméra ou un flic sur tout et chaque personne.
L’idée à un niveau individuel ou de petit groupe n’est pas de faire tomber le système en entier de nos propres mains. La lent-e et persistant-e gagne la course, non? Or on prend de ce que le système est déjà essentiellement disposé à abdiquer.
L’idée pour chacun-e de nous est de faire en sorte que nos actes de rébellion supplantent nos actes quotidiens de complicité forcée. Ce qui entend, que si notre contribution quotidienne à ce vaste camp de concentration à travers le travail forcé et le commerce est « x », peut importe ce que « x » représente en soi, or il est question de causer assez de perturbation du processus durant les heures non-ensoleillées, portant des masques, qui donnera un « x+1 ». Notre seule responsabilité est de produire comme résultat au bas de l’équation une perte pour les systèmes plus larges nous exploitant et subjuguant à la non-liberté.
Ce que je suggère est que chacun-e de nous n’a pas à conduire des opérations à grande échelle. Si chacun-e d’entre nous s’engage à commettre des millions de petits actes de sabotage sur le long terme, le proverbial déclenchement d’alarmes d’incendie, l’effet cumulatif au long d’un d’une courte période de temps va être plutôt évident et va être senti comme vraiment gratifiant.
Pour toute personne qui n’est pas paralysée et qui a anticipé le Décembre Noir avec grand enthousiasme, j’aimerais rappeler aux lecteur-ices que les banques ont expulsé des millions de maisons demeurant encore vides qu’ils projettent de revendre et vous pouvez les trouver facilement en ligne.
J’aimerais aussi souligner que les attaques incendiaires sont le crime le moins élucidé aux États Unis, et que l’essence c’est vraiment pas chère, et que les allumettes sont gratuites. J’aimerais aussi souligner que les individus qui sont en charge et assassinent le futur peuvent être suivis jusqu’à leurs maisons de leurs lieux de travail. C’est très démoralisant quand les gens au somment de la chaîne alimentaire de la hiérarchie sont amenés à payer pour leurs crimes, et soudainement réduits à dormir dans des tentes et se rendre au travail à vélo alors que tout ce qu’il possédaient fume encore dans ses cendres. Ça instaure de grandes doutes chez d’autres gens en charge et ceux qui montent dans l’échelle sociale que peut-être les bureaux du coin avec des fenêtres ont un prix trop élevée.
Les juges, procureurs, agents du FBI, flics racistes, execs de toute variété – ils ont tous à rentrer à la maison en ces froides nuits de Décembre. Bien-sûr, il y a des sites comme blastblog.noblogs.org qui déjà ont de l’information postée si vous préférez une bonne partie de plaisir bien propre pour toute la famille.
Malgré ses protections et son invulnérabilité, le programme de contrôle plus large qu’on a à faire tomber est décidément un fatras en constant développement qui est trop dépendant de beaucoup trop de systèmes en étalement et laissés sans surveillance sur des kilomètres (un camion plein de souliers jetés du haut d’un viaduc peut stopper une force de travail d’entrer une ville durant des heures) alors que le pouvoir est tellement concentré dans les mains d’un petit nombre (qui doivent être protégés par le grand nombre), mais il n’y a pas assez de gardiens pour mettre les gardiens sous garde, ou pour mettre des gardiens sur les gardes de ces gardes, et même si on en était là… ils doivent tous rentrer à la maison.
On parle ici de vulnérabilités. De très sérieuses vulnérabilités. Donc, brisons cette paralysie et commençons à vivre, même à petite échelle, à pas de bébés, et construire cette résistance à travers ces sombres nuits de Décembre, jusqu’à ce qu’on se retrouve au beau milieu d’un Janvier Noir ou d’un Février Noir, et à ce point la police patrouillera les rues dans des véhicules militaires comme on a vu à Ferguson.
Bonne chose. Car d’ici Mai Noir, on besoin de ceux-ci. On aura à défendre les convergences armées que le Comité Invisible a prédit, et on va faire évoluer Occupy en Chocupy.
Ça commence avec la proverbiale alarme d’incendie. Seulement six libres de pression pour tirer le levier.
On possède le futur.
Il commence maintenant. Si vous participez au Décembre Noir, vous ÊTES la résistance.
Le texte qui suit « Depuis la terre des oubliés contre l’oubli… » de la prisonnière anarchiste et membre de CCF-FAI Olga Ekonomidu, est un appui aux camarades du Chili : Tamara Sol et Natalia Collado. Il est aussi un geste de solidarité avec Evi Satiri tenue en otage par l’État Grec, écrit dans le contexte de l’appel pour la journée nationale de solidarité le 2 septembre 2015.
Grèce : « Depuis la terre des oubliés contre l’oubli… » de Olga Ekonomidu
La condition de captivité dans laquelle je me retrouve depuis maintenant 4 ans et demi, comme exemple de punition exemplaire et vindicative, a créé une distance avec ma réalité et celle de l’extérieur, des actions. De plus, la raison de l’emprisonnement de celles et ceux qui luttent contre l’existant est la séparation, la déprivation, l’isolement politique et l’annihilation morale. Mais il y a toujours des barreaux à briser, que tu marches dans le corridor stérile et monotone d’un « pénitencier » ou que tu traverses les rues décorées de la consommation de la société-prison. Maintenant, dans les cellules de prison de la démocratie, mon besoin de liberté continue de me donner du souffle à chaque jour. C’est la force qui me fait bouger, pour penser, pour imaginer, pour organiser, pour agir. La décision du conflit total avec l’existant, le pouvoir du choix individuel enrichi par l’expérience des actions collectives, sont les ingrédients qui peuvent pénétrer les barreaux des prisons et les hauts murs. Pourquoi tu n’abandonnes pas en prison… tu continues. Tu te réorganise et tu te bas. Depuis 4 ans et demi, je me réveille dans un lit en prison toujours un peu après le lever du soleil, bien que plusieurs fois j’aurais voulu dormir plus longtemps quand j’étais dehors ; j’organise tous mes mouvements, bien que dehors, la spontanéité m’a souvent activé ; j’analyse et je juge les informations (politiques et personnelles) de la veille toute seule, alors que dehors, je les partageais toujours avec des camarades. Pendant 4 ans et demi, je me suis réveillée tous les matins en sachant que je définirais seule ma participation à la guerre contre toutes les formes d’autorités et que la liberté n’est pas donnée… tu dois la conquérir toi-même.
Janvier 2011… un plan allait se matérialiser en chair et en os. Une étape… un respire avant la liberté… Et même si le but n’a pu être achevé… l’essai en valait certainement la peine !
La tentative d’évasion de prison de CCF de nos probables tombes confirme que la lutte pour la liberté ne s’arrête jamais tandis qu’elle sonne l’alarme de l’appareil d’État. Si elle avait réussie, cette évasion aurait fait des dommages visibles tant à la validité qu’à la fiabilité de l’État. Ce plan d’évasion est plutôt devenu l’occasion d’une grande opération répressive vengeresse de nos attitudes tenaces et de nos refus de nous repentir durant plusieurs années comme seul but. La diffusion de la peur dans le milieu anarchiste qui se solidarise avec les prisonniers politiques avec pour but l’isolement politique n’est pas assez. Pour la première fois en Grèce et avec une telle intensité, une perspective élargie de la précédente logique était appliquée. Après que l’autorité ait vu que ces outils judiciaires et législatifs « légaux » ou « irréguliers » ne nous ont pas affectés jusqu’à maintenant, il a rampé comme le reptile insidieux qui mord le talon d’Achille. Cette fois, il a ciblé nos proches. La criminalisation des relations familiales ne démontre rien de plus que l’intention vengeresse de l’État. Pour faire chanter et détruire émotionnellement celles et ceux qui ont blessé le prestige de leurs structures. La poursuite de nouvelles arrestations et de rafles dans les maisons a résulté par deux détentions. Celles de la mère de Christos et de Gerasismos Tsakalos et de la femme de ce dernier. Mais tant que tu donnes à l’ennemi, il croira que c’est facile de gagner. Ainsi, le jour même de ces détentions, une épuisante grève de la faim a débuté par CCF, qui réussit a faire sortir de prison la mère des deux camarades. Dans cette grève de la faim qui a duré quelques jours, l’anarchiste Ageliki Spyropoulou, accusée pour sa contribution politique à la tentative d’évasion, était aussi impliquée dès le début depuis sa cellule de l’agence anti-terroriste. Pendant deux mois, elle était chassé par les chiens de la police après avoir choisi de ne pas abandonner, choisissant la route difficile mais belle de l’illégalité. Aujourd’hui, nous partageons la même cellule, discutant, analysant toutes ces choses qui se sont passé et qui viendront d’une perspective commune, une nouvelle perspective.
Depuis les premiers jours de janvier, CCF est sous attaque constante. Quatre camarades ont été séparés de la population générale, transférés durant la nuit en cellules d’isolement spéciales. Cela a été suivi de fouilles continues dans les cellules du sous-sol, sous prétexte de sécurité. Et même si à chaque fois, ils ne trouvent rien de criminellement remarquable, le sentiment d’insatisfaction inscrit dans leurs yeux indique qu’ils reviendront bientôt. Les visites à la prison sont informellement annulées depuis que les conditions de libérations de leur mère ne lui permettent pas de quitter l’île sur laquelle elle vit, ni même pour des raisons médicales. Avec insistance, ils laissent Evi (la femme de Gerasimos Tsakalos) en prison depuis six mois maintenant.
La prolongation de la détention d’Evi a un double sens pour la domination. D’un côté, la force des guérillas urbaines et la tolérance des gens solidaires sont testés, et de l’autre, est légitimisé des politiques plus larges de criminalisation des relations familiales. C’est le jeu psychologique de l’autorité qui entre autre, envahi les consciences tel un bélier. Il cible les consciences des proches dans le but de les fatiguer, de les déprimer, de les rendre frustrés et éventuellement objectifs, corrompant les relations de confiances que nous avons avec eux faisant en sorte qu’ils paient les prix de nos propres choix. Et si sur le chemin de chaque histoire personnelles, certains camarades, amis et autres gens restent alors que d’autres partent, c’est parce qu’il est facile d’être près des gens qui réussisent, mais difficile quand les temps sont durs. Mais la domination n’a pas gagné ce jeu. Tout ce qu’ils avaient parié quant à l’affaiblissement des liens affectifs et de leurs destructions, ils l’ont déjà perdu. Pourquoi même après six mois, ceux qui nous aiment, soit de l’intérieur de la prison ou depuis des endroits restreints par des ordonnances judiciaires, nous font encore des sourires de patiences et de confiances, maintenant leur dignité propre.
Ainsi, le pari revient à nous, chaque cellule et individualité anarchiste favorisant l’attaque continue et la rébellion, pour prouver qu’il n’y aura pas de trêve avec l’ennemi, ni maintenant ni jamais. Particulièrement dans des moments d’opérations répressives, on ne doit pas reculer, mais plutôt rallumer des épidémies d’attaques dans le but de devenir vraiment dangereux. Pour demeurer une menace en tant qu’ennemi intérieur au cœur du système. Parce que tout ce qui roule en descendant une pente, ne s’arrêtera que s’il rencontre un obstacle sur son chemin, autrement il continuera à rouler indéfiniment en augmentant sa vitesse, emportant tout ce qui est de proportion inférieur. C’est un pari de vie, sans fin, mais avec continuité, évolution et avec une seule direction… la libération, l’anarchie.
« Je n’ai nul besoin, et ni ne veux de votre discipline. En ce qui concerne mes expériences, je veux les avoir pour moi. C’est à partir d’elles, et non à partir de vous, que je tracerai mes règles de conduite. Je veux vivre ma propre vie. Les esclaves et les laquais me terrifient. Je hais ceux qui dominent, et ceux qui se laissent dominer me rendent malade. Celui qui fléchit avant que ne le touche le fouet ne vaut pas mieux que celui qui le tient. J’aime le danger, et l’inconnu, l’incertain, me séduit. Je suis remplie d’un désir pour l’aventure, et je me foues de la réussite. Je hais votre société de bureaucrates et d’administrateurs, de millionnaires et de mendiants. Je ne veux pas m’adapter à vos coutumes hypocrites ni à vos fausses courtoisies. Je veux vivre mon enthousiasme dans l’air pur et frais de la liberté. Vos rues, planifiées, torturent mon regard, et vos bâtiments uniformes font bouillir mes veines d’impatience. Et c’est assez pour moi. Je suivrai mon propre chemin, en accord avec mes passions, en me transformant sans cesse, et demain, je ne veux être la même qu’aujourd’hui. Je fais mon chemin et je ne laisse pas mes ailes se faire couper par les cisailles de personne. Je ne partage rien de votre moralisme. Je vais de l’avant, éternellement passionnée et brûlant du désir de me donner au monde, à la première vrai personne qui m’approche, au voyageur avec des vêtements déguenillée. Mais pas au doctrinaire qui voudrait endoctriner ma conscience avec des formules et des règles. Je ne suis pas une intellectuelle ; je suis un être-humain – une femme qui sent une grande vibration devant l’impulsion de la nature et les mots amoureux. Je hais toutes les chaînes, tous les obstacles ; j’aime marcher seule, nue, laisser ma chair être caressée par les rayons du soleil voluptueux. Et, oh, vieil homme ! J’aurai si peu de préoccupation lorsque ta société brisera en milles morceaux et que je pourrai finalement vivre ma vie ».
– « Qui es-tu, petite fille, fascinante comme un mystère et sauvage comme l’instinct ? »
– « Je suis l’Anarchie. »
Émile Armand, Anarchiste individualiste français
Olga Ekonomidou
Membre de CCF-FAI
Prison pour femme de Korydallos, Grèce
Note de Contra Info : Evi Statiri a été libérée (avec des lourdes mesures préventives) le 2 octobre.
Le 30 octobre les neufs anarchistes arrêté-e-s deux jours avant en Catalogne sont passé-e-s devant le juge à l’Audencia Nacional pour la deuxième phase de l’opération Pandora. Au final huit d’entre eux/elles ont été remis-es en liberté (dont 6 sous caution) et un se trouve en détention préventive.
Ici bas son adresse. Écrivez-lui, soutenez-le, qu’il sache qu’il n’est pas seul.
Enrique Costoya Allegue
CP Madrid V Soto del Real
Ctra M-609, km 3,5 Módulo 15
28791 Soto del Real (Madrid)
Nous nous sommes déjà croisés, ici rue du Pré-Saint-Gervais, où depuis mai, se situe la bibliothèque anarchiste La Discordia. Certains parmi vous sont passés nous rencontrer, d’autres ont reçus des tracts et des journaux sur la Place des Fêtes ou à Belleville, d’autres encore sont devenus ou sont en train de devenir des habitués de la bibliothèque. La semaine dernière, un dispositif de surveillance, avec une caméra rivée sur notre porte a été trouvé à l’intérieur de l’école d’en face (puis documenté et détruit), installé par les services « anti-terroristes » de la DGSI, avec la bénédiction et la discrétion de la direction de l’école.
Ainsi, depuis juillet, tous (nous, le personnel de l’école, les gens du quartier, ceux qui vont chercher leurs enfants à l’école) avons été filmés par des barbouzes. Quand nous entrions ou sortions de la bibliothèque, quand vous entriez ou sortiez de chez vous, quand vous veniez chercher vos enfants à l’école… Qu’en pensez vous ? Et que doit-on penser d’une école, « Plaisir d’enfance », qui laisse filmer ses voisins sans broncher, qui prête aimablement ses locaux à des espions inconnus pour y installer une caméra planquée ?
Au lieu de s’excuser face à nous tous qui vivons dans ce quartier et aussi face à vos enfants, qui sont accueillis dans un établissement qui laisse ses portes grandes ouvertes aux barbouzes, que fait la direction de l’école ? Nous apprenons dans la presse qu’ils ont déposé une main courante au commissariat, et pour couronner le tout, que ce n’est pas à cause de l’intrusion de la DGSI, mais « à cause de l’intrusion des militants dans l’établissement » (Libération de ce samedi 10 octobre). Ils avaient pourtant obtenu un rendez-vous avec la directrice financière et administrative Muriel Emery, qui a fini par tourner à la « négociation » téléphonique avec François Figueroa, trésorier, pour se voir confirmer qu’une certaine « Annie », la directrice générale, avait donné l’autorisation explicite à des espions, engageant ainsi la responsabilité de toute l’école, de placer un dispositif technologique de surveillance de pointe en direction de la bibliothèque anarchiste d’en face, branchée à l’électricité de l’école, et connectée à son réseau wifi pour envoyer les images en direct au QG de l’antiterrorisme à Levallois-Perret.
Les responsables de cette école, parait-il, fervents défenseurs de méthodes pédagogiques qui entendent « favoriser l’autonomie de l’enfant » (dans un monde où l’autonomie est un crime), nous montrent bien ce qu’ils valent, au fond. La leçon du jour pour vos élèves : « Avec l’Etat, soyez toujours de bons collaborateurs, avec la police de bons délateurs – respectez toujours l’uniforme des assassins ». Une idée de l’autonomie qui n’est pas piquée des hannetons.
Au passage, les « fameux » policiers qui se sont présentés à la direction de Plaisir d’Enfance début juillet ne répondent même plus au numéro de téléphone qu’ils ont laissés. Ils ont peut-être peur du scandale qui plane sur eux depuis que nous avons trouvé la caméra qui nous (et vous) espionnait et que la nouvelle est sortie, malgré nous, dans la presse ? Parce que cette caméra, quoique nous ait dit mardi dernier la direction de l’école, a été posée illégalement. Et on constate que lorsqu’on découvre leurs sales magouilles, les barbouzes se cachent (et laissent leurs petits collaborateurs dans le pétrin). Ils font les morts, ce qui leur va bien.
Celles et ceux d’entre-nous qui ont rendu visite à l’école mardi avaient privilégié pour première option le dialogue, probablement avec des illusions (certes fortement angéliques…) basées sur l’épithète « Montessori » que l’école s’attribue (cette méthode d’éducation dite « ouverte », souvent associée aux idées « libertaires »…). Et nous nous sommes retrouvés face à un ridicule déni et des assertions philosophiques creuses sur la légalité, ainsi que des mensonges sans vergogne sur la présence « onirique » d’une réquisition judiciaire fantoche (dont nous attendons toujours d’en voir la couleur, si toutefois elle existe vraiment). À l’adresse de la direction : si jamais vous la retrouvez, vous saurez où nous l’envoyer, à l’adresse précise que vous avez donné consciencieusement aux gardiens de la paix, qui ne se priveront pas d’en profiter pour nous harceler et menacer l’existence de ce lieu ; une bibliothèque anarchiste, faite par des gens qui refusent d’être filmés, fichés et séquestrés par l’État, que ce soit « légal » ou « illégal », une distinction qui n’apporte ni n’enlève rien au ressentiment de cette vie barbelée.
Et que la direction ait pensé « que c’était pour filmer des dealers» (Libération), ou pour filmer des anarchistes, ou encore qu’elle ne pense point (vos versions divergent…) ne nous intéresse pas. L’espionnage et le flicage sont des pratiques inacceptables, qui qu’elles touchent et peu importe le but qu’elles servent. Nous promettons de donner la mauvaise pub qu’elle mérite à « cette fameuse école Montessori qui travaille avec les services secrets contre une bibliothèque anarchiste ». Nous comptons bien informer le quartier, nos voisins communs et toutes les personnes sensibles au flicage comme à la judiciarisation de nos vies de ce qu’il s’est passé.
Aux salariés de l’école : Nous n’avons rien contre vous a priori, choisissez votre camp et positionnez vous explicitement face aux choix de la direction. Nous sommes ouverts à la discussion, à la solidarité, à l’entraide entre voisins (promis, on vous préviendra si on retrouve un dispositif d’espionnage contre vos locaux) et même au débat. On pourrait même pardonner à votre kéké d’avoir cru qu’il était le seul à avoir fait du Karaté au collège. Nous aimerions partager avec vous plus que cette amère expérience, sous la chape de plomb de la Raison d’État. Nous pourrions par exemple nous renseigner mutuellement sur les raisons et les modalités de ces surveillances, partager des informations, etc. Nous sommes ouverts tous les lundis à partir de 16h, discutons-en.
La révolution ne sera pas « vidéosurveillée ».
Le 9 octobre 2015,Quelques bibliothécaires de la discorde.
Bibliothèque anarchiste La Discordia
45, Rue du Pré Saint-Gervais, 75019 Paris.
Après la décision du conseil judiciaire compétent qui a approuvé la désincarcération d’Evi Statiri, nous avons décidé d’annuler la manifestation appellée pour le mardi 6 octobre, et nous appelons à une assemblée le même jour à 19 heures à Polytechnique (bâtiment Gini) pour l’organisation d’une mobilisation le dimanche 11 octobre autour des grandes mesures restrictives imposées à Evi.
Les mesures restrictives qui accompagnent la décision de désincarcération d’Evi Statiri, après 19 jours de grève de la faim, consistent en un régime spécial de captivité, auquel nous nous opposons. Malgré la perspective de cette désincarcération, nous ne baissons pas notre garde et ne laissons personne face à cette condition, pour préférer nous y confronter de manière collective. Nous n’oublions pas les persécutions de l’entourage familial et proche des prisonnier-e-s continuent, et nous continuons de lutter pour qu’elles prennent fin.
CONTRE L’IMPOSITION DES MESURES RESTRICTIVES
ARRET IMMEDIAT DES PERSECUTIONS CONTRE LA FAMILLE ET LES AMI-E-S DES PRISONNIER-E-S POLITIQUES
QUE PERSONNE NE SOIT SEUL-E ENTRE LES MAINS DE L’ETAT
Il y a maintenant un an que le compagnon Gabriel Pombo Da Silva a été transféré au centre pénitentiaire de Topas (Salamanque). Il continue d’y résister à la dure expérience de la privation de liberté (après déjà plus de 30 années passées derrière les barreaux), mais aussi aux divers dispositifs que l’administration pénitentiaire ne cesse de perfectionner au mieux de ses intérêts et de ceux de ses commanditaires.
La prison de Topas a été créée dans le cadre du programme de construction d’une vingtaine de maxiprisons promulgué au début des années 90 par le gouvernement PSOE de Felipe González. À la même époque, le sinistre et socialiste directeur de l’AP, Antoni Asunción, introduisait la directive interne régissant les régimes FIES.
La prison de Topas a donc les caractéristiques de ces nouvelles usines d’incarcération de masse – en Espagne, le nombre de personnes emprisonnées a doublé en 20 ans, passant en gros de 35 000 à 70 000 entre 1991 et 2011.
Un des critères de cette modernisation consistant à éloigner les établissements carcéraux des centres urbains, celle de Topas a donc été construite en rase campagne. Cela répond à plusieurs objectifs : planquer le plus possible ces lieux de misère ; séparer davantage encore les personnes emprisonnées de leurs proches, obligé-es de parcourir de longs kilomètres pour la moindre visite – coup de chance (?!), contrairement à la plupart des autres taules, Topas se trouve au bord d’une route nationale desservie par une ligne de bus, un “luxe” qui permet d’éviter la punition collective de coûteux trajets ou de la marche forcée.
Cet éloignement est également destiné à réduire les manifestations de solidarité dans les quartiers telles qu’elles ont pu exister par le passé, notamment lors de mouvements à l’intérieur, ainsi qu’à rendre les évasions extrêmement difficiles.
Ce programme de nouveaux établissements pénitentiaires est ainsi venu répondre aux vagues de luttes, d’émeutes et d’évasions qui ont régulièrement secoué les prisons espagnoles des années 70 jusqu’aux années 90. Rassemblant en leur sein différents types de détention (maison d’arrêt, centrale etc.), il s’agit de prisons de sécurité maximale, équipées entre autres de portes automatiques, de systèmes de contrôle informatisés de plus en plus sophistiqués et d’une multitude de dispositifs de haute technologie.
La taille et l’architecture de ces prisons permettent d’enfermer dans chacune d’entre elles plus d’un millier de prisonnier-es, tout en les séparant au gré des nécessités et des expérimentations de la gestion carcérale. Elles sont en effet divisées en différents bâtiments autonomes les uns des autres avec leur cour de promenade, leurs parloirs, leur cantine. Tout type de rencontres entre les détenu-es des différentes unités étant soigneusement évité, ils et elles n’ont que très peu de moyens de savoir ce qui se passe dans le reste de la détention, ce qui réduit d’autant les possibilités de luttes, voire d’émeutes, d’ampleur. Pour empêcher tout « regroupements dangereux », il est aussi très facile de déplacer un prisonnier d’un bâtiment à l’autre sans avoir recours au transfert dans une autre taule – même si la dispersion reste un moyen efficace de punir les prisonnier-es et leurs proches. Après 5 transferts depuis son arrivée en Espagne, Gabriel a par exemple déjà pu découvrir 5 modules internes différents à Topas.
Cette organisation reposant à la fois sur la massification et l’atomisation contribue donc à poursuivre la sale guerre en brisant les liens de solidarité ou en encourageant rivalités et embrouilles dans un contexte de misère affective et économique. Histoire d’en rajouter une couche dans la pénurie et la course à la survie, la dernière trouvaille en date de Topas a consisté à réduire les possibilités de mandats à deux par mois, à effectuer uniquement par les familles ou l’avocat …
Parallèlement à ce modèle architectural s’est aussi développé le concept moderne de traitement scientifique des prisonnier-es. Cobayes modernes, ils et elles sont en effet classifié-es selon une interminable liste de régimes, degrés et phases. Cette mise en cases qui se veut extrêmement pointue est effectuée par tout un panel de spécialistes (les dites « équipes techniques » ou « trucologues » comme ironise Gabriel qui refuse de se soumettre à leur examen : psychologues, sociologues, pédagogues et autres travailleurs sociaux…) selon des critères essentiellement comportementaux et disciplinaires. Ce qui porte le doux nom de “traitement individualisé” revient à scruter à la loupe le comportement de chaque prisonnier-e, pour établir son profil et le traitement à lui appliquer. En termes moins choisis, il s’agit d’appuyer là où ça fait mal – sachant que cette bureaucratie est aussi déterminante pour les permis de sortie et les conditionnelles. Tout cela passe évidemment par la constitution d’énormes bases de données et par un contrôle au plus serré.
Au delà des interrogatoires réguliers prévus par ces bataillons d’experts, la surveillance au quotidien est assurée par différents moyens : le système de caméras omniprésentes et les rapports d’incidents distribués par les matons sont malheureusement souvent efficacement secondés par le contrôle des co-détenu-es.
Les modules dits de « respect maximum » soi-disant de « la vie en commun » sont un exemple extrême de cette cogestion. Les prisonnier-es qui y entrent s’engagent de fait à respecter et à faire respecter par les autres non seulement le règlement de la taule, mais en prime un code de bonne conduite élaboré par la division elle-même. Sous couvert d’assemblées de bilan, ils et elles participent activement à leur propre enfermement et au règne de la balance qui a tendance à se généraliser, c’est sans doute ça la réinsertion…
Bien entendu, l’ensemble du système fonctionne sur la stratégie de la carotte et du bâton : récompenses pour celles et ceux qui de différentes manières font preuve de leur bonne volonté à l’égard de l’administration pénitentiaire, tandis que les régimes fermés, l’isolement et la plupart des régimes FIES sont destinés à punir les prisonnier-e-s « conflictuel-les » et viennent entériner les diagnostics ou pronostics de dangerosité sociale.
Le FIES 3 attendait les compagnon-nes Francisco et Mónica dès leur incarcération. Gabriel, pour sa part, a été placé en FIES 5 alors qu’il se trouvait à A Lama, et cette décision a déjà été reconduite plusieurs fois par l’administration de Topas. Egalement considérée comme rebelle, Noelia Cotelo vient à son tour d’arriver à Topas où elle immédiatement été mise à l’isolement. Elle est toujours en FIES 5. Entre autres mesures spéciales, cela implique concrètement que toutes les communications écrites ou orales sont lues, photocopiées, écoutées et enregistrées et qu’elles peuvent être censurées sur des critères pour le moins flous de “contenu subversif” ou d’”atteinte à la sécurité ou au bon fonctionnement de la taule”. En l’occurrence, c’est quasiment l’ensemble des publications de caractère anarchiste destinées au compagnon qui sont retenues, y compris quand elles répondent au critère obligatoire et déjà sélectif de porter ISBN et mention de l’imprimeur. D’où sa demande de ne pas joindre de lettre à ce genre d’envoi qui se voit entièrement refusé. Sa correspondance est aussi soumise à la limitation de 2 lettres maximum à envoyer par semaine, sans compter les retards ou les disparitions « inexpliqués » de courriers, pour le faire taire et l’isoler davantage sans doute.
Au recours envoyé par Gabriel, le juge de vigilancia de la région a répondu par la confirmation du placement en FIES, avec cette phrase qui ne manque pas de saveur : « Il résulte des rapports reçus et du contenu des surveillances de communications effectuées depuis qu’il se trouve dans ce centre pénitentiaire qu’il continue de mener une lutte anarchiste et antisystème contre le régime et les institutions, encourageant ses proches et ses amis à lutter ». Cela en dit long sur ce que l’Etat attend du compagnon : renoncer à ce qu’il pense et à ce qu’il est ; le harcèlement et les sales jeux y compris sur sa date de sortie de prison (les recours juridiques sont toujours en cours) visent sans doute à cela et n’y sont manifestement pas parvenus.
Le fonctionnement et la fonction de la prison viennent à nouveau nous rappeler qu’elle est le reflet en plus dense de la société qui la produit et qui en a besoin. Du plus bas au plus élevé des échelons, les rouages qui assurent le maintien des institutions et de l’ordre établi, nécessitent et exigent la soumission du plus grand nombre. Il faut briser les individus et éradiquer les possibilités de luttes. Le consentement peut être acheté à coups de bons et de mauvais points, de quelques miettes, de drogues légales et illégales ou tenté d’être arraché par la violence plus directe, car tous les moyens sont bons aux yeux des puissants, démocrates ou pas.
L’« humanisation » des prisons vendue par le pouvoir et la propagande médiatique cache en réalité la tentative de dépersonnalisation et de dépossession totale, tout comme leur prétendue « paix sociale » n’est qu’une guerre plus ou moins larvée.
Dehors comme dedans, c’est bien ces engrenages qu’il s’agit de briser, ainsi que toutes les chaînes, physiques, psychologiques et technologiques. Seules la révolte et la lutte permettront d’en finir avec les rapports fondés sur la domination et d’assouvir nos désirs de liberté.
A bas la société carcérale, l’Etat et toute autorité !
Août 2015, des anarchistes solidaires
Pour écrire au compagnon :
Gabriel Pombo Da Silva
CP Topas-Salamanca
Ctra N-630, km 314
37799 Topas (Salamanca)
Espagne
A 30 jours du début de la grève de la faim de la Coordination Informelle de Prisonniers en Résistance
Nous saluons par le feu l’initiative de lutte des compagnons de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance, à 30 jours du début de leur grève de la faim, qui nous démontrent que le combat frontal contre l’État-Capital continue encore à l’intérieur de la prison, et que celui-ci ne fait que prendre une autre forme.
Hier dimanche 26 juillet, un paquet explosif a détoné dans la succursale de Banamex sur l’avenue Revolucion, entre les rue Mixcoac et Barranco del muerto, et par cette action nous revendiquons la lutte de nos compagnons. La critique-pratique de la totalité du capital revêt diverses formes, depuis la lutte à l’intérieur de la prison, au sabotage diffus, aux barricades que dressent des compagnon-ne-s dans différentes régions du territoire contrôlé par l’État mexicain pour défendre la Terre, la vie même et les multiples formes que connait l’associationnisme prolétaire dans la lutte de rue, la solidarité et la lutte sous toutes ses formes.
Nous envoyons une forte étreinte de combat aux compas Julian Barron Lopez, Jose Santiago Hernandez et Fernando Barcenas. Nous nous souvenons également du compa Luis Fernando Sotelo, les actions de solidarité devront continuer sur tous les fronts.
Jusqu’à la destruction totale des prisons ! Pour l’appropriation de la vie humaine ! Guerre à l’État-Capital !
Tous en rang. C’est ainsi qu’ils nous veulent, du premier au dernier souffle. En rang dans les salles de classe, aux caisses des supermarchés, au boulot ; en file sur la route, devant les guichets de la bureaucratie, aux urnes… jusqu’à en arriver à la dernière rangée, celui des tombes au cimetière. Toute une existence traînée ainsi – les muscles ne se contractent que pour s’agenouiller, les cœurs ne désirent que la marchandise – dans la sécurité d’une taule.
Car c’est bien à des taules que ressemblent nos villes, où tout espace est reprogrammé pour être surveillé, contrôlé, patrouillé. Les habitants sont comme des détenus escortés par l’exploitation capitaliste et menottés par les obligations sociales, toujours sous l’œil de la vidéosurveillance ; tous avec la même illusion de s’évader en consommant les sensations finement calculées qu’émettent les écrans omniprésents.
Cette société carcérale promet le bien-être, mais ne maintient que les massacres, comme le démontrent les rêves naufragés de ceux qui tentent d’y entrer et les corps bombardés de ceux qui se soulèvent à ses portes. Qui prend la liberté de ne pas mendier et de frayer sa propre route, aura à faire à une armée de politiciens, magistrats, gendarmes et journalistes.
Si à Bruxelles une nouvelle maxi-prison est en construction, à Athènes on impose un régime spécial aux prisonniers combattants ; si à Paris on pose la première pierre du nouveau Palais de Justice, à Zurich et à Munich d’autres monstrueux Centres de Justice et de Police sont au menu ; si les pouvoirs se mettent d’accord au-delà des frontières pour appliquer des stratégies contre-insurrectionnelles, les laboratoires de recherche et l’industrie sécuritaire passent à une vitesse supérieure pour fabriquer la paix sociale. Et partout, de l’Espagne en passant par l’Italie et la Grèce, la répression s’abat sur quiconque est entaché du crime le plus intolérable : en finir avec l’obéissance et inciter les autres à en faire autant.
Les grandes œuvres de la répression ne rencontrent pas qu’applaudissements, silences, ou lamentations. Parfois elles se heurtent à une hostilité résolue. C’est le cas par exemple pour la plus grande prison belge en voie de construction, projet dont l’histoire est déjà parsemée d’actions directes contre tous ceux qui y collaborent, des institutions publiques aux entreprises privées. De la peinture aux pierres, des marteaux aux flammes, des destructions aux sabotages, un univers d’attaque déchire tout code pénal, tout calcul politique, toute complaisance avec l’État. Si les défenseurs de l’ordre veulent l’étouffer, c’est que cette soif de liberté peut devenir contagieuse. Partout.
L’être humain n’est pas né pour rester en rang, la tête basse, en attente d’un permis de vivre. Relever la tête, armer le bras et défier le pouvoir – c’est là que commence la vie, en faisant sauter tous les rangs.
Ces mots sont mes premiers mots publics à travers l’internet suite à la sentence de 7 ans et 61 jours prononcée contre moi pour tentative d’homicide et vol simple. De nombreuses personnes croient que Angry était mon partenaire, ou que j’ai eu une relation avec lui, chose que je démens totalement. C’était un compagnon précieux avec qui j’ai partagé un nombre infini d’idées et de ressentis. Il était anarchiste et nihiliste et je revendique la vengeance de son assassinat comme acte politique, car je croirai toujours que sa mort n’était pas un hasard. N’oublions pas que TVN a mis l’emphase sur cet acte comme « héroïque », et qu’il n’y aurait même pas eut d’assaut manqué.
Même si je n’ai pas tiré sur le même qui a appuyé sur la gâchette et rechargé son pistolet pour l’achever, l’acte est clair et le message aussi, gardiens : vous ne pouvez pas continuer à tuer nos sœurs et nos frères, ni à risquer vos vies pour un salaire de misère ni pour aucun montant! Demandez-vous ce que vous surveillez, qui sont vos patron.e.s, à qui appartient l’argent que vous protégez avec vos vies!
Je ne crois pas en la justice.
Les prisons et tout le système juridique sont faites par les gens riches, puissants, et uniquement pour préserver leurs propriétés et leur ordre social de mort. Les policier.e.s, les juges, les procureur.e.s, les gendarmes se prêtent à cela et deviennent donc sans aucun doute mes ennemis.
En tant qu’individu.e, il y a des choses que l’on ne peut laisser passer quand il s’agit de l’État et du pouvoir qu’il exerce sur chacun.e. L’emprisonnement, l’assassinat, le vol de nos vies au profit du bien être de quelques un.e.s, c’est du terrorisme d’État. Comme ce que vivent aujourd’hui Nataly Casanova, Guillermo Durán, Juan Flores et Enrique Guzmán, qui sans aucune preuve accréditant une quelconque participation dans les explosions à la bombe, sont mis.es en cause et incarcéré.e.s en tant que terroristes avec un spectacle médiatico-juridique, risquant des condamnations qui leurs couteront leurs vies ; tout comme l’assasinat du compagnon Angry, alors que le gardien-militaire-privé a été mis là le jour même de l’assaut pour tuer, il a été envoyé pour faire « ce travail » et il y a des gens derrière tout ça. Pourquoi la justice dégueulasse ne punit pas ce gardien?
Voilà ce qu’est la terreur d’État, lorsque la mort d’une personne est légitimée pour la protection de la propriété privée ; quand on emprisonne des pauvres pendant des dizaines d’années pour des actes qui sont incomparables à la dévastation de la terre depuis des siècles ; on ne peut comparer cela non plus à comment la dictature a implanté le néolibéralisme par la force en tuant, en torturant, en faisant disparaitre des gens. Ceux qui l’on fait ont des prénoms et des noms et vivent encore, travaillent encore, marchent dans les rues, comme le maudit Labbé, qui a été libéré sous caution de 500,000 misérables pesos. Je ne crois pas non plus qu’il devait aller en prison.
Mais alors…que se passe-t-il avec ces terroristes? Que se passe-t-il avec les Angelini et les Matte qui laissent tous les peuples du sud sans eau et sans forêt ?
C’est Bachelet, ou le Pouvoir Exécutif qui les maintiennent à travers leurs décrets et leurs lois qui les protègent et contribuent à les rendre toujours plus riches. Et aux dépens de qui ? De communautés entières qui ne peuvent semer à cause des sècheresses, obligées de travailler pour eux jusqu’à mourir à la tâche. Ça c’est du terrorisme !
Que les médias de communication manipulent les évènements et l’information, qu’ils mettent des programmes machistes dégueulasses dans lesquels les femmes sont des objets et les hommes sont des patrons ; en plus de faire appel aux citoyen.ne.s à collaborer avec la police dans la capture de gens pauvres, de voleur.euse.s, ou en lançant des programmes grossiers comme « 133 », les fameux « cazanoticias », transformant les voisin.e.s en policier.e.s, en tortionnaires ou en espion.e.s, alors que les politiciens-voleurs, comme avec le cas Cascadas, le cas Penta ou jusqu’au propre fils de la présidente Bachelet, ni un seul œuf ne leur a été lancé ; tou.te.s sont libres, sain.e.s et sauf.ve.s. Tous prennent part à l’oligarchie chilienne, à l’État et au pouvoir.
On ne peut, en tant qu’individu.e avec une volonté propre, naturaliser l’omnipotence de la loi qui les préserve et encore moins protéger leurs propriétés et leur argent. Les conduites sociales sont régies par les personnes mêmes. L’État est une structure mentale soutenue par la force publique, par la police $hillienne, par la gendarmerie et par qui reconnait leur travail comme nécessaire.
Nous n’avons pas besoin d’État ni de Gouvernement. L’effondrement de l’esclavage moderne, de la reprise en main de nos vies par l’assaut et le renversement de leurs privilèges est entre nos mains. Ne travaillons plus pour eux, ne reconnaissons pas d’autorités, puisque nous savons que la démocratie fait partie d’un show médiatico-mental afin de maintenir intactes leurs si précieuses richesses, sans que personne n’y touche ou les dérange. Leur paix sociale et leur ordre public traite de cela…de la peur qu’ils ont de tout perdre, parce que sans pauvre il n’y a pas de riche, sans État il n’y a pas de loi, sans patriarcat il n’y a pas d’autorité ni de domination. La liberté de vivre autonome est entre nos mains, sans maître ni patron, ni horaires. Nous valorisons notre volonté, nous sommes capables de nous éloigner du matérialisme, des marchandises, de la consommation ; redevenons sages, écoutons de nouveau les vieux et vieilles, les enfants. Laissons de côté les rôles binaires qui génèrent les dépendances et les hiérarchies dans les relations et soyons nous-mêmes sans préjugés. Nous n’avons besoin ni d’un père, ni d’un homme, ni d’un État qui nous protège, la créativité et la connaissance sont des capacités innées qui conforment notre être, nous pouvons nous auto-suffire avec ce que nous donne la terre, nous n’avons pas besoin de plus. Recommençons à sentir, à observer notre intérieur, reconnectons-nous avec la vie, avec la nature, en apprenant de nos ancêtres. La technologie et la science ne sont pas en notre faveur, elles appartiennent aussi aux riches. Monsanto en est l’exemple évident : en utilisant la biotechnologie pour transformer des semences et des plantations agricoles, en les rendant résistantes à un pesticide unique (cancérigène) qui leur appartient aussi, en prenant le contrôle absolu des plantations de fruits et de légumes, c’est-à-dire la base de notre alimentation.
Cela se produit également avec la sylviculture et les plantations de pins et d’eucalyptus, qui sont des matières importantes pour l’exportation et donc l’une des principales sources de richesse, la monoculture de ces espèces requiert un pesticide spécifique pour affronter les maladies, ayant déjà été transformées biochimiquement pour être résistantes à celles-ci, ainsi qu’à tout types de températures, demandant de plus grandes quantités d’eau qu’une forêt vierge, contaminant et stérilisant la terre.
Ils expérimentent avec nos corps en inventant des maladies et en nous vendant les antidotes a travers la mafia pharmaceutique et leurs collusions flagrantes.
Sans cesse séduits à travers la publicité (tromperie) a consommer certains aliments pour « la bonne santé » comme le lait (viols répétés), la viande (cadavres) ou les œufs, encourageant la marchandisation en masse de la viande animale, en centre de torture et de maladie pour ces êtres (comme Agrosuper, Superpollo ou quelconque abattoir).
L’oligarchie soutenue par l’État est le terroriste.
Nous comprenons que l’idée de consommer et de posséder est vide, que cela n’a rien a voir avec la vie et la sagesse de comprendre que nous sommes une part de l’univers et que nous ne pouvons pas continuer à être des participants de l’immense dommage que les puissants font à la planète sur laquelle nous vivons, tout est pour leurs privilèges. Si nous sommes conscient.e.s de cela nous pouvons les arrêter et récupérer notre autonomie, notre volonté individuelle, notre sensibilité, la fertilité de la terre et de nos corps, la joie de vivre sans misère affective ni sexuelle, jouissant du chaos des flux de relations libres et de la nature sauvage.
Sans regret, savoir qu’il y a encore des cœurs inquiets, rebelles et autonomes et que d’autres continuent de naître me réjouit, des êtres qui ne se laissent pas séduire par la marchandise du néolibéralisme et de la démocratie. Je vous porte toujours dans mon esprit et dans mon cœur. D’ici je vous serre fortement dans mes bras, sachez que vos actes nous rendent plus fort.e.s et illuminent les journées.
La solidarité dans toutes ses formes nous maintient de pied ferme, pour cela je salue les jeunes de Villa Francia et les compagnon.ne.s toujours prêt.e.s à la confrontation à coups de poing et coups de pieds contre la police à chaque audience de ce procès judiciaire dégueulasse, dont plusieurs ont finis matraqué.e.s ou prisonnier.e.s. Sachez que vous êtes de valeureux.ses guerrier.e.s. Je remercie mes frères et sœurs qui n’ont jamais arrêté de venir me visiter et de me cuisiner des bons plats. Je vous aime beaucoup et vous me manquez.
Tout mon respect à l’équipe de défense juridique. L’outil que vous avez choisi d’utiliser sort les compagnon.ne.s de prison. Ce sont des actions concrètes dans la confrontation des forces…une arme. Salutations affectueuses et solidaires à Freddy, Marcelo, Juan, Carlos, Hans, Alfredo, Alejandro et Nicolas, séquestrés dans les cages de l’État Chilien. Affection complice à la Tato et à Javier, force à Natalia, Juan et Guillermo, alors qu’ils et elles en sont à 45 jours en grève de la faim liquide, force à Enrique Guzman; tout mon appui dans cette dure bataille.
Solidarité et respect aux gens de la terre dans le Wallamapu !
Solidarité avec les prisonniers à travers le monde !
Contre la société patriarcale techno-industrielle !
Contre l’État, l’oligarchie et toute forme de domination !
Pour la destruction de toutes les cages !
Coeur, volonté, mémoire, intuition et instinct! Confiance en soi !
Ana, Luisa, Manuel, Alen, je vous aime infiniment. SOL MALEN PRISONNIÈRE NIHILISTE
INCARCÉRÉE DANS LE MODULE 2 DE LA PRISON SAN MIGUEL
Je voudrais transmettre quelques mots vers l’extérieur en tant qu’anarchiste et en estimant valides les multiples postures et visions que l’anarchisme peut adopter, celles-ci étant toutes de validité égale lorsqu’elles cherchent la destruction du pouvoir, de l’autorité et de l’Etat. Je crois qu’en cela réside la beauté de nos idées et, selon moi, toutes ces voies peuvent cohabiter et confluer de façon conjointe en vue de cette libération totale tellement désirée.
Je veux exprimer ma haine, ma répulsion et mon mépris pour tout ce qui englobe l’Etat, le pouvoir, l’autorité, et en particulier l’outil d’annihiliation appelé prison, dont l’un des principaux représentants utilisés est l’isolement.
J’ai toujours soutenu l’idée que les anarchistes devaient se préparer et assumer le fait qu’à n’importe quel moment peut arriver le jour de passer en prison et, selon moi, il s’agit de simple logique puisque si l’on veut détruire l’Etat, celui-ci essayera de faire en sorte de te faire enfermer pour t’annuler, te paralyser et te détruire. Mais malgré tout cela, ils n’y parviendront pas. Cependant, si ça ne t’arrive jamais, pour telle ou telle raison, ça vaut mieux pour tout le monde.
Je voudrais dire que je suis dans une bonne forme physique et mentale. Je continue de penser comme avant d’entrer et, si cela était possible, je me sens plus ferme dans mes idées, la tête bien haute et fier de ce que nous sommes. Je suis comme je me comporte et me relationne dans la théorie et la praxis, et toujors avec autocritique, afin de pouvoir continuer de grandir, car nous ne cessons jamais d’apprendre. Et avec ce que je viens d’exprimer, je ne me sens ni meilleur ni pire que personne
Je veux transmettre force et courage aux compagnons, compagnonnes et affinités et vous dire avec toute la force et toute la rage que j’ai que la lutte est le seul chemin. A travers ces coups, la répression cherche à ce que le milieu anarchiste et affinités prenne peur et se paralyse et s’en tienne à ne faire qu’un travail d’assistance de ceux qui ont été pris. Ne permettez pas que cela se produise et restez fermes dans vos projets, et ne doutez pas de continuer à dire ce que vous êtes et ce que vous pensez.
Jusqu’à parvenir à la véritable libération totale ! Que la solidarité ne soit pas que parole écrite !
MORT A L’ETAT ET VIVE L’ANARCHIE !
Du Centre Pénitentiaire de Soto del Real, printemps 2015
11 mai 2015 : Action de graffiti et de tracts dans les faubourgs de Melbourne pour les compagnon-ne-s anarchistes endurant la répression dans les donjons de l’Etat chilien. Des slogans ont été peints pour Nataly, Juan et Guillermo – en grève de la faim depuis le 13-14 avril – et pour Tamara Sol Vergara et Natalia Tato Collado. Des tracts ont été collés à propos du cas de Tamara Sol Vergara et la grève de la faim de Nataly, Juan et Guillermo.
L’histoire de la George Jackson Brigade, groupe armé révolutionnaire et anti-autoritaire, est une histoire belle et sulfureuse, un récit de courage et de détermination méconnu et passionnant. Mais il ne serait pas intéressant d’en livrer un tableau hagiographique parfait, qui sonnerait bien faux. Dans cette Petite histoire de la George Jackson Brigade, nous explorerons l’histoire de ce groupe armé qui a opéré dans la région de Seattle au milieu des années 70, contre le système carcéral d’abord, mais aussi contre le capitalisme et la domination en général. Nous en profiterons également, à travers les parcours atypiques de ses membres, pour explorer quelques expériences rares de gangs de prisonniers homosexuels et transgenres, composés d’anarchistes et autres rebelles contre le sexisme, l’homophobie, les pratiques et la culture du viol et de l’esclavage sexuel dans le milieu carcéral, ainsi que contre toutes les prisons.
84 pages – format 11,8 cm x 17,5 cm
4€ (3€ à partir de 5 ex.).
Frais de port : 2€ pour un ex. + 1€ par ex. supplémentaire
Quelques compagnon-ne-s révolutionnaires enfermé-e-s dans les prisons du pouvoir ont lancé ensemble un communiqué/appel, dans lequel il est clairement dit de laisser voler l’imagination et d’agir de la façon qu’il nous plaît, dans une perspective de confrontation claire contre toute forme d’autorité entre le 10 et le 20 avril.
Diverses initiatives ont été organisées dans cette région : propagande, activités et action, et l’un des principaux rendez-vous était, selon nous, la manifestation appelée par la Coordination Anticarcérale La Fuga, qui a fait un appel ouvert à une marche en plein centre de Santiago pour le 17 avril, jour lors duquel se commémore le « Jour international du/de la prisonnier-e politique », en plus plus de répondre à l’appel à la mobilisation réalisé par les prisonnier-e-s subversif-ve-s.
La manifestation était programmée à 19 heures. Les compagnon-ne-s arrivent petit à petit au point de rendez-vous, au croisement de Ahumada et Alameda, et autour de 19h30 les compagnon-ne-s de la coordination lisent un texte pour donner le ton initial de la marche : des cris et de nombreux tracts lancés brisaient le quotidien de la citoyenneté et de la police, qui s’en tenait à regarder de loin.
Nous étions plus de 150 personnes, groupes organisés, collectifs et individualités criant pour les compagnon-ne-s en prison. Beaucoup ont commencé à taguer des slogans sur le parcours de la manifestation, des compagnon-ne-s collaient des autocollants dans tous les sens, des centaines et des centaines de tracts ont été lancés dans les rues et les supermarchés, dérangeant les sales gardes et citoyen-ne-s qui profitent de leur misère dans ces centres de la consommation.
Beaucoup portaient des banderoles qui se référaient aux compagnon-ne-s en prison et en grève de la faim, d’autres avec des messages de confrontation contre l’État/Capital.
Le point final était sur la Plaza de Armas, et on a commencé à y lire différents communiqués de compagnon-ne-s révolutionnaires, qui ont contribué à la journée à travers des textes d’histoires et de totale dignité combattante. On a continué à crier des slogans pour chaque compagnon-ne en prison et en souvenir des 81 personnes assassinées dans la prison de San Miguel, il y a déjà 5 ans. Différent-e-s compagnon-ne-s de diverses tendances idéologiques ont contribué avec des prises de parole, qui se retrouvaient toutes dans la lutte contre la prison.
Après plusieurs minutes, la marche a commencé à se rendre vers le point de rendez-vous (Ahumada / Alameda), des cris pleins de mémoire ont envahi chaque espace et on a ramené dans la rue Claudia, Jhonny, Maury, Angry… nos compagnon-ne-s renaissent dans chaque action contre le pouvoir. Les âmes commençaient déjà à s’exalter, des anonymes lançaient des bombes sonores sur le parcours de la marche, ce qui provoquait une ambiance tendue et euphorique.
En arrivant au croisement d’Ahumada et Alameda, la police était déjà préparée à défendre toute avancée des compagnon-ne-s. Celles et ceux qui avaient convoqué ont remercié l’assistance et il a été mis fin à ce moment de rencontre, de propagande, d’agitation et de mémoire. La police a cru que l’événement était terminé… Mais non, autour de 22 heures, un grand nombre d’anonymes se sont réuni-e-s à une intersection d’Alameda et ont coupé tout le trafic de véhicules avec des barricades et des banderoles, accompagnées de cris pour la libération de nos compagnon-ne-s en prison et en mémoire de nos mort-e-s au combat.
Force et solidarité avec les prisonnier-e-s en grève de la faim !!
Face à la société carcérale, ni silence ni oubli, seulement la lutte !!
A travers un communiqué émis la nuit du 18 avril 2015, les compagnons Antonis Stamboulos, Giorgos Karagiannidis, Fivos Harisis, Argyris Ntalios, Grigoris Sarafoudis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Dimitris Politis et Yannis Michailidis, membres du Réseau des Combattants Prisonniers (DAK), ont annoncé la fin de leur grève de la faim, considérant qu’une bonne partie de leurs revendications avaient été partiellement accomplies après le vote du nouveau projet de loi au parlement :
– Le cadre législatif qui détermine le fonctionnement des prisons de type C a été retiré.
– Abolition de la condition aggravante d’action réalisée avec les caractéristiques faciales couvertes (« loi de la cagoule ») pour les cas d’arrestations lors des manifestations, mais elle est maintenue en cas de braquage (bien que la peine minimale qui s’ajoute à celle pour braquage, si on a les caractéristiques faciales couvertes, chute de 10 à 5 ans).
– Présence d’un expert indépendant dès la première phase de prélèvement du matériel génétique (mais la prise violente d’ADN conserve cependant son caractère obligatoire).
– Les prisonnier-e-s qui ont passé 10 ans en prison et dont le degré de handicap dépasse les 80% pourront être sortis de prison pour accomplir le reste de leur condamnation en assignation à résidence en portant un bracelet électronique, ce qui ouvre la voie à la libération de Savvas Xiros (dont le degré de handicap a atteint 98%).
FORCE ET RECUPERATION RAPIDE AUX COMPAGNONS DU RESEAU DES COMBATTANTS PRISONNIERS
Note de Contra Info : Natalia Collado et Javier Pino ont été arrêté-e-s le 7 avril, peu après l’incendie d’un bus de l’entreprise Transantiago dans le secteur de la Gare Centrale de Santiago. Le 10 avril, Natalia et Juan ont été placé-e-s en prison préventive, accusé-e-s de posage et d’activation d’engin incendiaire dans un transport public, sous le coup de la loi de contrôle des armes.Ami-e-s, compagnon-ne-s, famille et affinités.
A travers quelques paroles que j’ai pu échanger avec quelques personnes (parce que je suis jusqu’à présent en isolement et ne sait presque rien des choses qui se passent), j’ai été mise au courant de la semaine d’agitation qui se réaliise entre le 10 et le 20 avril en solidarité avec les prisonnier-e-s anti-autoritaires, surtout celles et ceux de longue peine. A ce propos, je voudrais poser dans ces lignes quelque chose sur la solidarité, et précisément sur la solidarité avec les compagnon-ne-s en prison.
J’ai pensé il y a quelques temps, et avec l’expérience vécue cela se fait plus clair, que lorsqu’un-e compagnon-ne passe en prison et finit par être un-e prisonnier-e, son premier soutien est soi-même, ses convictions, ses pensées, ses idées, ses sensations, et son amour propre, son individualité, qui est fondamentale à l’heure de se confronter à un endroit aussi laid et décadent que l’est la prison : nous sommes nous-mêmes la source de notre force. Mais il se passe que nos ouïes et nos yeux tombent d’un coup sur des gestes, des initiatives, des actions pour nous, et ce moment-là pendant lequel on ressent comme une étreinte, la poitrine se gonfle et que sort un immanquable sourire, est le moment où se transcendent les murs de la prison et toute cette individualité du ou de la prisonnière. On se remplit alors de plus de force et de réaffirmation. Je comprends ce moment comme une complicité, parce que nous savons que nous continuons la lutte.
Je me joins à l’appel en cours et j’appelle à la solidarité avec les prisonnier-e-s de tous les territoires que luttent et se prennent position contre toute autorité. Toute mon affection et ma force à celles et ceux qui affrontent de longues peines, et dont les années n’annihilent ni les idées, ni les sentiments. N’oublions pas non plus que la prison, produit humain, affecte actuellement d’autres êtres. Des animaux enfermés et torturés pour la complaisance humaine.
J’en finis en envoyant tout mon amour à mes ami-e-s, compagnon-ne-s, famille et aux filles dans la lutte antipatriarcale.
Tato (Natalia Collado)
Depuis la section 1, prison de san miguel
Dimanche 12 avril.