Tag Archives: Italie

[Italie] Solidarité active avec les compagnon-nes anarchistes emprisonné-es

“Arme-toi et sois violent-e, magnifiquement violent-e, afin que tout explose… Arme-toi et combats le terrorisme, fous le feu, conspire, sabote… sois violent-e… naturellement violent-e, librement violent-e”
Mauricio Morales (Punky Mauri), combattant anarchiste mort en action le 22 mai 2009

Journées de solidarité internationale du 16 au 22 mai 2014

dans l’attente du procès contre les compagnon-nes anarchistes Mattia, Claudio, Niccolò et Chiara (accusé-e-s de terrorisme après une attaque contre le chantier du TAV au Val Susa, dans la nuit du 13 au 14 mai 2013) ;

en solidarité avec les compagnons anarchistes Alfredo et Nicola (emprisonnés pour avoir causé des blessures au patron d’Ansaldo Nucleare, Roberto Adinolfi) ;

en solidarité avec les compagnons anarchistes Gianluca et Adriano (incarcérés, accusés d’attaques incendiaires contre des banques, des multinationales de l’énergie –ENI, ENEL– et des usines qui exploitent la terre).

Solidarité révolutionnaire avec tous les combattants !

Des anarchistes.

Collaboration du Chat Noir Émeutier

Rome : Présentation du projet éditorial Croce Nera Anarchica

Des feux de révoltes continuent à illuminer les ténèbres d’un monde autrement tourné vers l’anéantissement de l’individu et l’esclavage homologué : ces pages sont destinées à attiser ces feux et à en allumer de nouveaux.

L’un des seuls avantages donnés par la recherche paroxystique de l’information globale est de découvrir que même aux antipodes il y a des cœurs qui battent au même rythme que les nôtres et qui arment des mains habiles à faire beaucoup plus que taper sur un clavier. La course vers l’abîme de la société technologique est à chaque fois plus forcenée, mais les combattants du monde entier suivent le pas et, au risque d’être écrasés par un monstre si gigantesque, tentent de l’entraver et de le faire tomber à terre. C’est maintenant le moment de se retrousser les manches et d’en faire toujours plus.

Avec cette tension nous avons décidé de donner vie à une nouvelle Croix Noire Anarchiste. Nous entamons ce parcours avec la conscience de vivre à une époque où il est toujours plus facile de payer le prix fort pour avoir le choix de continuer à défendre certaines idées et pratiques, mais nous avons toujours soutenu que la résignation est complicité et – bien que nous ne soyons pas de ceux qui estiment que « la plume vaut autant que le fusil » – il semble désormais évident que même au sein du dénommé mouvement anarchiste se soit créée une intolérable homogénéité de pensé, que les pratiques qui sont liées apparaissent toujours plus comme le résultat d’une vente au rabais et que par conséquent il est indispensable de faire entendre une autre voix. Nous rompons le silence assourdissant de ces dernières années, conscient du fait que certaines voix, dont nos propres voix, sont restées trop longtemps sans se faire entendre.

Cette nouvelle Croix Noire Anarchiste nait avait l’objectif spécifique de devenir un gymnase d’idées avec pour plus petit dénominateur commun la centralité de la pratique destructrice : ça ne suffit plus d’utiliser la définition « action directe », vu qu’elle semble avoir pris le sens de « tout et son contraire »…

Nous laisserons évidemment le plus d’espace possible à la contribution des compagnons qui ont fini entre les mailles de la répression, sans nous réduire à une sorte de croix rouge repeinte, mais en soutenant par tous les moyens la poursuite de leur parcours de lutte.

Le but du projet, qui ne devra jamais prendre les aires ou la forme de l’assistencialisme, est de relancer certaines idées et par conséquent certaines pratiques.

Nous espérons que, en partant de ces bases, se crée un réel débat qui ne tombe jamais dans la misère partisane, mais qui soit plutôt vivant au point de s’allumer jusqu’à l’affrontement, parce que nous sommes fatigués du tiède et hypocrite « tout va bien ».

Nous avons décidé de mettre le bulletin au format papier, plus tangible et durable que l’avance rapide du réseau, en gardant quand même le blog correspondant, avec la fonction fondamentale de volant et d’instrument plus rapide pour la diffusion des nouvelles et des communiqués d’actions et de répression. Nous ne voyons pas le choix de la forme physique du journal comme un stérile fétiche nostalgique, mais comme la conviction que nous ne pouvons pas continuer à déplorer les préjudices destructeurs de la société technologique et à ignorer comment même nous, anarchistes, nous nous laissons réduire à de simples « usagers » d’un monde toujours plus virtuel dans lequel même les luttes rentre dans le mécanisme idiot d’avoir plus de « succès » en fonction du nombre de « j’aime » qu’elles reçoivent…

De plus, nous avons décidé de recréer un lieu physique où se rencontrer, se confronter et trouver de nouveaux complices. Nous nous attendons à recevoir de nombreuses contributions, ainsi que des critiques, et nous ferons notre possible pour créer des occasions de présenter le bulletin et pour enfin se regarder à nouveaux dans les yeux pendant qu’on parle de ce qui continue d’être notre désir le plus ardent : la destruction de l’existant qui nous anéanti et la joie de contribuer à son effondrement.

Bencivenga occupé
Via Bencivenga 15, Roma

En italien ici

Paris : Concert en solidarité avec les inculpé.e.s du 9 décembre de la lutte No TAV

Le 9 décembre dernier, quatre compagnons ont été arrêtés à Turin et à Milan. Ils sont accusés d’avoir participé à une attaque incendiaire du chantier de la TAV (TGV italien) en Val Susa. Ils ont été incarcérés pour acte terroriste avec des engins mortels ou explosifs, détention d’armes de guerre et destruction. Sous de telles accusations la détention préventive peut être longue. Ils passeront en procès le 14 mai.

L’argent récolté au concert servira à leur envoyer des mandats et à les soutenir financièrement face à une procédure coûteuse.

La discussion avant le concert sera l’occasion de revenir sur les derniers événements et sur des années de lutte contre la TAV en Val Susa et ailleurs, à laquelle beaucoup de personnes de ce côté-ci des Alpes se sont intéressées et ont participé.

Le terroriste c’est l’Etat !
Liberté pour Chiara, Claudio, Niccolò, Mattia !
Liberté pour tou-te-s !

Flyer

Le Transfo est un espace occupé depuis novembre 2012. De nombreuses activités s’y déroulent, inscrites dans la lutte et l’ouverture. Tous les événements y sont gratuits ou à prix libre. Une partie du Transfo est déjà expulsable tandis que d’autres sont encore en procédures. Il veulent nous expulser, on se laissera pas faire !

Gênes, Italie : Attaque du siège de la Ligue du Nord

Province de Gênes – Les vitres du siège local de la Ligue du Nord ont été défoncées comme geste minime de solidarité avec tous les retenus dans les CIE et tous les inculpés de la lutte contre l’Etat et ses tentacules. Pour Guccio*

* NdT : Le compagnon Guccio, connu pour s’être impliqué activement dans la lutte No TAV, a fait le choix de nous quitter récemment en laissant deux lettres.

Berne, Suisse : Action de solidarité avec la lutte No TAV

En solidarité avec le mouvement No TAV, nous avons accroché une banderole sur l’ambassade d’Italie à Berne.

Les terroristes sont ceux qui dévastent et détruisent vies et espaces dans lesquels nous vivons.
Combattons le capital ! Luttons contre l’Etat !

Liberté pour Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia !
Marco libre !

Le terroriste c’est l’Etat !

La banderole dit en italien: « No TAV – Chiara, Claudio, Mattia, Niccolò libres ! Le terroriste c’est l’Etat – Liberté pour tou-te-s ! »

Source : ch.indymedia (22 février 2014)

Italie : Lettre de Niccolò Blasi depuis la prison de Turin

Turin, 22 janvier 2014, prison des Vallette

J’écris à tous les compagnons de lutte, aux NoTAV des vallées et des villes, à ces jeunes voyous exalté-e-s qui en février 2012 envahissaient l’A32 et à celles et ceux, moins jeunes, qui en 2005 déjà se frayaient un chemin à coups de bâtons à l’intérieur des grilles du chantier. Je vous écris pour abattre la distance qui nous sépare aujourd’hui, pour faire que ce moment se transforme en une occasion de continuer à mieux nous connaître, pour lancer et recevoir des points de réflexions.

Quand j’habitais encore à Pesaro, avant de déménager à Turin, j’entendais les parents de mes camarades d’école parler de grande vitesse et de NoTAV. Les bien-pensants disaient qu’il ne s’agissait que de “4 montagnards”, et que ceux-ci n’allaient pas durer bien longtemps. Arrivé à dix-huit ans dans la capitale piémontaise, je compris que les comptes ne changeaient pas : en 2010, je me suis rapproché de la Val di Susa, rendu curieux par les récits qui m’en arrivaient depuis les presidi [endroits physiques, occupés ou non, où se retrouvent les NoTAV et autour desquels s’organise la lutte : chalets, campements, etc., NdT] et des nuits sans sommeil à attendre l’arrivée des pelleteuses. Il était clair que ces “montagnards” étaient soit pourvus d’une résistance physique inhumaine, ou bien qu’ils étaient beaucoup plus de 4 et bien organisés !

Je ne savais même pas exactement à quoi allaient servir les sondages, mais tout ce bouillonnement m’enthousiasmait et je m’y jetai la tête la première. Maintenant, il ne m’en reste que quelques fragments qui parcourent ma mémoire : le froid incrusté dans les os et la grappa de six heures du matin pour tenir bon jusqu’au changement de tour à l’Interporto de Susa ; les charges de police au milieu des bois et les boules de neige contre les boucliers. Et puis la police, encore, mais sur la SS24 cette fois, qu’un blocage organisé par des gens énervés avait obligé à retourner à la caserne en passant par Bardonecchia. Des mois plus tard, pendant une manifestation à Turin, j’avais entendu un flic marmonner à un autre, à propos de cette soirée-là : “on a mis plus de trois heures à rentrer à la maison”. Avec un peu de recul, et en repensant aux blocages d’après la chute de Luca, j’aurais aimé leur répondre “vous vous en tirez bien, soyez contents de ne pas y être restés la journée ” !

A cette époque, il y avait beaucoup de gens. Pas énormément, mais bien réparti-e-s, chaque personne avait une responsabilité directe ou son action à réaliser pour mettre en marche ce mécanisme qui cherchait à se concentrer et à tenter de différentes façons de s’approcher et de gêner les machines. Le quotidien se transformait, parce que les journées étaient toutes entières tournées vers cet objectif, chacun-e se sentait protagoniste à sa façon et comprenait quel réaction en chaîne aurait provoqué le fait de repartir, de faire un pas en arrière.

Cet hiver de lutte, qui n’a été pour moi qu’une mise en bouche, avait des caractéristiques que j’allais retrouver à une échelle beaucoup plus grande au cours des périodes qui suivirent, jusqu’à aboutir à l’extraordinaire mélange de pratiques de l’été 2011.

Il serait très utile de les dépoussiérer aujourd’hui pour affronter les défis qui se plantent devant nous en ce qui concerne le futur immédiat, mais le parquet ne semble pas être de cet avis. Si le mouvement a fait des pas de géant au cours de la dernière période en accueillant le sabotage en tant que pratique légitime de qui se rebelle contre les projets imposés par l’État, ce dernier a décidé, à travers cette enquête, d’attaquer un important bagage d’expériences accumulées au cours des ans, en en redéfinissant les contours et en en déformant le contenu. Ils parlent d’“organisation paramilitaire”, de “subdivisions des rôles”, de “hiérarchies” et de “groupes spécialisés”, les mêmes termes avec lesquels ils se réfèrent à la façon de conduire leurs guerres, et qui naturellement ne nous appartiennent en rien.

Contre cela, cela fait depuis 2010 que celles et ceux qui luttent ont compris que pour repérer une colonne de fourgons ou une pelleteuse, ou encore un bout d’une excavatrice, il suffit de se placer dans un bar, sur un balcon ou aux angles des rues qu’ils parcourent tous les jours et de regarder dans la bonne direction. A partir de là, le tam-tam d’appels suivra son cours, sans ordres ni commandants. Cela fait depuis 2010 que l’on se parle pour comprendre les exigences des un-e-s et les capacités des autres, entre qui peut prendre sa journée de travail et qui est disposé à sécher l’école, qui a des enfants assez grands pour ne plus avoir à s’en préoccuper et qui est là simplement parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Dormir à la belle étoile n’a jamais été un problème si les circonstances l’exigeaient, mais ce n’est pas vraiment pour ça que l’on peut parler de ninjas super-entraînés. Ces expériences se sont enrichies avec les années, et avec elles toutes les personnes qui y ont participé ou contribué d’une façon ou d’une autre.

Certain-e-s sont né-e-s dans la vallée et ont appris à lutter ici, et d’autres sont venu-e-s pour lutter et ont appris à marcher. Quelles que soient les personnes qui sont descendues vers le chantier cette soirée de mai, elles ne seront certainement pas plus spéciales que toutes celles qui ont grandi en s’opposant à la construction de ce train, justement parce qu’elles ne pourraient que puiser dans ce même bagage.

Non satisfaits de cette blague, les deux procureurs passent du coq à l’âne en lançant des sentences contre les NoTAV comme s’il s’agissait de torpilles, et dégainent un concept digne d’un cours de formation pour flics (mais de la première leçon) : contrôle du territoire. Un contrôle qui serait, selon leurs propres mots dans un passage fumeux de leur dossier, pratiqué par les franges violentes du mouvement.

Peut-être auraient-ils oublié le fait que n’importe qui luttant en Val Susa, plutôt que de contrôler, refuse d’être contrôlé-e ? De telle façon que les seules franges violentes qui poursuivent cet objectif sont ces messieurs et ces mesdames en uniforme ou en casque bleu, qui foncent dans leurs bolides de haut en bas et de bas en haut à travers la vallée. Depuis 2011 et jusqu’à aujourd’hui, des milliers de personnes ont rôdé sur les sentiers autour du chantier. Je me rappelle d’un tir à la corde constant pour arracher des bouts de bois qui puissent être parcourus librement, sans que de sales types en cagoule et en tenue de camouflage ne te barrent la route, en te pointant éventuellement le pistolet en pleine tête sans aucune raison, comme quelques NoTAV pourraient le raconter.

Août 2011 a été sué jour après jour : il fallait construire le presidio de Clarea. Mais les check-points sous l’autoroute, à l’entrée du chemin de terre, étaient asphyxiants. Malgré ça, quelqu’un a eu la brillante idée de proposer une rencontre quotidienne à Chiomonte pour regrouper une cinquantaine de personne et faire la traversée tous et toutes ensemble, pour que les arrestations et les identifications soient beaucoup plus difficiles à réaliser. Ce qui fonctionna, et permit que le matériel arrive jusqu’à la Baita, tandis que les personnes soumises à des interdictions de territoire pouvaient se déplacer de façon plus légère. Dans les moments de bonne humeur se montaient des banquets, qui s’achevaient souvent en véritables fêtes et qui se rendaient sous cette autoroute pour démolir de façon toujours plus improbable ces monstres de fer et de ciment que l’on appelle jerseys.

Leur concept de “contrôle” se voit démenti par une réelle connaissance diffuse du territoire que possèdent celles et ceux qui s’opposent. Celle-ci, ajoutée à l’inventivité et à la nécessaire détermination, a toujours été insaisissable pour les flics et les enquêteurs.

Ces gens tentent d’établir une présence massive et un œil indiscret sur les routes de toute la vallée, se déplaçant selon leur bon plaisir. Il y a quelques mois, un jeune me parlait du niveau de militarisation de Susa et, tandis qu’il le décrivait, cela me rappelait les histoires d’un ami tunisien à propos de l’assaut militaire de Gafsa lors des révoltes de 2005. A cette époque, lui et d’autres plus jeunes s’étaient retirés dans les montagnes, tandis que d’autres étaient restés résister en ville. Je ne connais pas bien l’histoire, mais dans ses souvenirs, quelques-uns avaient pris des coups de fusil tirés par les hommes en camouflage. Nous savons tous qu’à ce difficile “hiver” tunisien allait suivre un fleurissant printemps de révolte qui allait faire trembler le bassin méditerranéen dans son ensemble.

Bien sûr, nous autres n’avons pas ces prétentions, et nous nous contenterons de ne pas avoir nos montagnes percées et d’inutiles stations pharaoniques à Susa. Les outils pour continuer à lutter sont là. La créativité aussi.

Nous, entre-temps, nous résistons avec la tête de mule que ce mouvement nous a toujours inspiré. Nous espérons seulement que vous n’irez pas trop vite et que nous pourrons être dehors quand il sera temps de boucher ce trou à Clarea avec les ruines du chantier….et tant qu’à faire, avec un peu d’autoroute aussi.

Liberté !

Chaleureusement,
Niccolò

Pour lui écrire (Niccolò a été tranféré à Alessandria fin janvier) :

Niccolò Blasi
Casa di Reclusione, via Casale San Michele 50, IT-15100 Alessandria (Italie)

Italie : Lettre de Claudio Alberto (20/1/2014)

Prison des Vallette, Turin, 20 janvier 2014

Salut à tous et à toutes,

Depuis le 9 décembre, je suis enfermé dans le bloc D de la prison de Turin avec Niccolò et Mattia, tandis que Chiara est dans le bloc F [tous les quatre ont été transféré-e-s dans d’autres prisons d’Italie fin janvier], privé-e-s de nos proches comme des luttes auxquelles nous participons en-dehors, de nos montagnes comme de nos quartiers.

Les juges, soumis à la volonté du Parquet, nous ont affublé-e-s de l’appellation de “terroristes”, et le DAP (Département de l’Administration Pénitentiaire) nous a donc classifié-e-s AS2 [Alta Sicurezza – Haute Sécurité, NdT]. La Haute Sécurité est une infamie à l’intérieur de l’infamie qu’est déjà la prison, puisqu’elle t’interdit d’avoir le moindre contact avec les autres prisonniers “de droit commun”, en plus d’autres limitations qui vont de la réduction des parloirs à la porte blindée de la cellule fermée en permanence, ou encore à l’impossibilité d’accéder aux activités alternatives (bibliothèque et gymnase). La censure nous pèse beaucoup, toute notre correspondance est ouverte et lue par un maton qui en envoie ensuite une copie au juge, ce qui fait que les lettres que nous recevons sont en retard d’au moins 20 jours lorsqu’elles nous parviennent. Les gardiens justifient ce retard en se lamentant du manque de personnel pour faire face aux piles de courrier que nous recevons, alors que des hommes pour nous surveiller, ils n’en manquent pas. Que les choses soient claires, si j’ai voulu décrire nos conditions de détention, ce n’est pas parce que nous nous sentons plus persécutés que d’autres prisonniers, mais bien parce que je pense qu’il est utile pour qui n’est pas habitué aux vexations de la prison de pouvoir connaître ce qu’est la Haute Sécurité. Dans tous les cas, la prison sera toujours une merde, quelle que soit sa forme.

Voir les feux d’artifice d’un rassemblement autour de la prison et écouter les cris et les slogans de tant de compagnon-ne-s avec qui nous avons lutté est une grande bouffée d’air frais.

Au cours de l’audience de réexamen des charges, le procureur s’est plaint de la réaction qui a suivi nos arrestations. Indigné, il a décliné au juge une longue série d’actions faites en notre solidarité, dont certaines dont nous n’avions jusque là aucune idée. Une scène surréaliste. Ceux-ci doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas arrêter des gens en pensant que leur geste n’aura aucune conséquence. Pourquoi devrait-on accepter d’être privé-e d’une personne qui hier encore était à nos côtés ? Ces dernières années, les No TAV ont souvent eu maille à partir avec la justice, et aujourd’hui presque plus personne n’y croit. Du reste, la lutte et les pratiques expérimentées dans la Vallée, dans toute leur diversité, ont démontré qu’il existe un abysse entre éthique et légalité.

Notre affaire est seulement la dernière d’une longue série, mais il m’importe tout de même de m’attarder un peu sur l’article 270 sexies (finalité de terrorisme), qui se trouve être la pierre angulaire qui tient toute l’enquête du 9 décembre. Nous quatre sommes accusé-e-s du sabotage du 14 mai dernier à la Maddalena, un fait que les procureurs eux-mêmes ne qualifieraient pas d’attentat terroriste s’il n’était le contexte d’intimidation et de violence dans lequel il a eu lieu. La sabotage de mai – et une myriade d’autres actes illégaux ces deux dernières années – viendrait de la décision d’une partie du mouvement (laquelle, ce n’est pas spécifié) d’empêcher la construction du TAV.

Si l’Italie devait abandonner le projet du Lyon-Turin, elle aurait à souffrir de graves préjudices économiques et d’image en Europe, comme ils disent. Quiconque s’oppose à la construction du TAV commet donc un acte qui porte en quelque sorte préjudice au pays et, selon l’article 270 sexies, les conduites causant de graves dommages au pays doivent êtes considérées comme étant des conduites terroristes.

En suivant cette logique, si, au cours d’une manifestation, une personne occupe une base militaire où les États-Unis veulent installer leurs antennes qui propagent des ondes dangereuses pour la santé de la population qui vit aux alentours, celle-ci poursuit une finalité terroriste puisque l’Italie subirait un grave préjudice en terme d’image dans ses rapports internationaux avec les États-Unis.

Ces deux dernières années, les épisodes qui s’intègrent dans ce dessein terroriste seraient au nombre de 111 selon les procureurs, des sabotages d’engins des entreprises qui travaillent sur le chantier de Chiomonte aux inscriptions dans les toilettes à Nichelino, des affrontements avec la police à un poulet mort trouvé devant chez Esposito [sénateur du Partito Democratico, pro-Tav, NdT], d’une banderole accrochée devant la maison du maire de Susa aux poubelles brûlées pendant une fête paysanne à Sant’Antonino. Ils ont oublié les cambriolages, et puis aussi les incendies dans les bois. Les magistrats oublient que les retards de la construction du TAV ne sont pas seulement dus aux actions des deux dernières années. S’il ne sont parvenus à faire qu’un “trou” à Chiomonte, c’est du fait de la force et de la détermination d’une lutte populaire qui dure depuis plus de vingt ans.

Le 8 décembre 2005, et je n’y étais malheureusement pas, des dizaines de milliers de personnes sont descendues sur le plaine de Venaüs pour détruire les engins de chantier. Bien évidemment, tous des terroristes.

Ils nous les ont toutes faites, pour détruire le mouvement. Ils ont mis en place des tables rondes, acheté des administrateurs, écrit toutes sortes de saloperies dans les journaux, avant d’en venir aux matraques et aux lacrymogènes. Ils ont essayé d’en criminaliser certain-e-s en voulant diviser les bons des méchants, et maintenant ils dépoussièrent le terrorisme. Mais quelques temps après, ils n’en sont que plus mécontents et pathétiques.

Il est curieux de noter comment certains qui nous accusent aujourd’hui de “terrorisme” sont les mêmes qui dans les années 70 ont utilisé la même arme pour annihiler l’un des mouvements révolutionnaires les plus extraordinaires et complexes d’Europe, qui avait rendu concrets les rêves et les désirs de tant de personnes. La lutte No TAV, toutes proportions gardées, a brisé cette chape de plomb sociale qui pesait sur ce pays depuis plus de trente ans, en démontrant non seulement qu’il est possible de s’opposer à qui prétend dévaster le territoire sur lequel nous vivons, mais aussi que lutter est beaucoup plus agréable que la vie qu’ils nous imposent de mener au quotidien. Je me souviens d’un retraité de Bussoleno qui racontait qu’il s’était battu toute sa vie pour ne pas faire d’heures supplémentaires et que maintenant, il lui fallait être éveillé 24 heures sur 24 pour attendre l’arrivée des pelleteuses.
Après avoir vécu la Libre République de la Maddalena ou après avoir construit une barricade au Vernetto, on ne peut plus retourner à la vie “normale” comme si rien ne s’était passé. Ces ruptures improvisées parlent à d’autres luttes et ouvrent de nouvelles possibilités. Et ce n’est certainement pas en enfermant quelqu’un à clé qu’il pourront prévenir de nouvelles occasions de se manifester et de nouvelles révoltes.

Le moment est délicat, car ils savent que s’ils veulent ouvrirent les chantiers à Susa, le mouvement doit être réduit en morceaux et redimensionné. C’est pour cette raison qu’il est important de continuer de marcher vers Clarea et de ne jamais laisser les troupes d’occupations dormir tranquilles, comme il a été fait. Le jour – ou la nuit – où ils décideront d’ouvrir un nouveau chantier dans la Vallée, ils le feront en déployant un grand nombre d’hommes et d’engins, convaincus de nous impressionner et de nous annihiler de leur force. Ils nous faudra être vigilant-e-s et garder nos chaussures toujours prêtes et graissées. Conscient-e-s que celles et ceux qui se rebellent auront par nature toujours plus d’idées de qui a décidé de vivre sous les ordres d’un supérieur.

Aucun dispositif n’est impossible à abattre, les blocages peuvent être contournés, les grillages découpés et les blocs de ciment renversés.
On a encore de quoi s’amuser.

Je vous embrasse fort, à toutes et tous les No TAV.

Saluez Giacu de ma part.

A sarà düra !… pour eux, évidemment.
Claudio

Pour lui écrire (Claudio a été tranféré à Ferrara fin janvier) :
Claudio Alberto
Casa Circondariale, Via Arginone, 327, 44122 Ferrara (Italie)

Italie : Lettre de Chiara Zenobi (20/1/2014)

Prison des Vallette (Turin), 20 janvier 2014

Si je pouvais choisir, je resterai exactement là où je suis.

Sur les sentiers de la Vallée, dans les rues de Turin, avec mes compagnons, ou me reflétant dans les yeux de femmes et d’hommes qui me sont inconnu-e-s, à apprendre à écouter, à choisir d’attendre, à courir plus vite.

Je me trouverai là où l’on découvre la saveur douce et intense de la lutte, de quelqu’un qui te tient la main lorsqu’elle tremble et se jette de tout cœur contre les obstacles. Là où la solidarité embrasse, chaude, permanente et tenace, et permet à qui est isolé-e de ne pas se sentir seul-e, de libérer la passion de qui est enfermé-e et de remplir la pièce de présences amies.

Je me suis quelques fois demandée si je ne devrais pas me contenter du privilège de la citoyenneté, de pouvoir avoir de façon presque sûre une maison, éventuellement un enfant, et une façon ou une autre de mettre du pain sur la table. Mais quand j’ai découvert que la liberté et l’humanité étaient d’autres choses que ça, quand tu te rends compte que les uniques moteurs de la politiques et des groupes de pouvoir sont le privilège et le pillage, il est trop tard pour faire marche arrière. Tu es déjà entré dans un autre monde, et ce monde est celui dans lequel je me trouve maintenant.

Il n’existe pas ici d’espace pour ceux qui mesurent leur propre valeur morale sur la base de codes et de lois. Foutre à la rue qui ne peut plus payer de loyer ou dans des camps qui n’a pas de papiers, produire des déchets nucléaires, sauver le capital et distribuer la misère, militariser et détruire les territoires. Tout cela au nom de la loi, selon la démocratie. Tout, même la dissension, à condition qu’on ne se mette pas véritablement en travers de la réalisation des plans inexorables du progrès et du profit.

Mais lorsque trop de grains de sable enrayent l’engrenage, si une personne, une place ou une population deviennent imprévisibles et efficaces, il devient possible d’entendre le tintement des lames qui s’aiguisent. Pour défendre les propriétés publiques et privées, le corps des lois gonfle tous ses muscles. Si l’on descend dans la rue le mauvais jour (ou le bon ?), on peut ramasser, en plus des pavés, le rocher de la Dévastation et Pillage [« Devastazione e Saccheggio », article issu des codes de lois fascistes et qui a servi a réprimer les manifestants de Gênes en 2001 ou encore ceux de Rome en 2011, NdT]. Si l’on assume une pratique radicale conte le système social, le couperet de l’Association Subversive (ou parfois, avec un peu plus de fantaisie, de l’Association de Délinquants[Associazione a Delinquere]) est prompt à tomber. Pour tout le reste, on garde préparée la cage du Terrorisme. N’importe quelle opposition réelle qui cause des dommages et ralentisse l’avancée des projets, et finalement, n’importe quelle action ou lutte efficaces pourraient finir par être redirigées vers cette catégorie de répression. L’objectif est relativement aisé à identifier : une punition exemplaire pour quelqu’un, un avertissement lancé à tou-te-s les autres.

Bien sûr, l’idée de toutes ces années de prison évoquées par ces mots tord l’estomac de façon pire que ne le ferait un étau. Mais il est beaucoup plus douloureux de s’imaginer inertes, à contempler le monde dévasté pour les bénéfices de quelques-uns. De nous, qui avons appris la différence entre juste et légal et savouré le goût de reprendre les rues et les bois, ils n’obtiendront pas grand chose par la menace de la prison. Et ils ne réussiront pas non plus à nous tromper avec la valeur symbolique de leurs accusations, parce que nous savons d’où nait la terreur, et que nous en connaissons les matraques, les gaz, les grillages. Et les armées, les armes, les barres.

Nous ne devons pas avoir peur. La peur, laissons-la respirer à ceux qui vivent blindés dans une existence consacrée à la défense de leurs privilèges et de leurs pillages.

Moi, dans cette cage, je sens mes poumons pleins de la liberté que j’ai apprise à aimer en luttant, sur les sentiers et dans les rues.

Et comme moi, beaucoup d’autres. Vous. Solidaires, complices et inarrêtables.

Chiara

Pour lui écrire (Chiara a été transférée à Rome fin janvier) :
Chiara Zenobi
Casa Circondariale Rebibbia, via Bartolo Longo, 92, 00156 Roma (Italie)

Rome : Barrage en solidarité avec les quatre arrêtés le 9 décembre

En solidarité avec les compagnons arrêtés le 9 décembre 2013, accusés d’actions contre la ligne grande vitesse, le lundi 27 Janvier, en début de soirée, un groupe d’une vingtaine d’anarchistes a interrompu la circulation sur la rocade à proximité de la nouvelle gare Tiburtina, qui sera bientôt consacré au TAV.

En ralentissant le trafic avec des fumigènes et des torches sur une autoroute, nous avons placé des bennes sur la route attachées ensemble avec du fil d’acier, à laquelle nous avons accroché une banderole en solidarité et contre les conditions d’isolement dans lesquelles les prisonniers révolutionnaires se trouvent actuellement. Enfin, les bennes à ordures ont rapidement pris feu !

Salutations à tous les prisonniers révolutionnaires !
Liberté pour tous !
Le terroriste c’est l’État !

Collaboration du Chat Noir Émeutier

Italie : Sur la répression à Turin

Ce texte a été écrit avant les dernières arrestations du 9 décembre 2013.
Place nette ?

« Place nette ». Ainsi pourrait s’appeler, si elle avait un nom, l’opération que depuis avril dernier préfecture et parquet de Turin mènent contre des compagnons qui vivent et luttent principalement dans les quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo. Pourrait parce que, à la différence d’autres opérations judiciaires avenues ailleurs contre des anarchistes aux noms plus ou moins fantaisistes (Ardire, Mangiafuoco, Thor, Ixodidae, Outlaw, etc.) dans ce cas, les juges turinois ont, au moins pour le moment, choisi une autre voie. Plus discrète et anonyme, et qui pourtant ajoute quelques ingrédients à la recette de la répression en Italie.

Pas de « grosse enquête » qui implique un grand nombre de compagnons et les charge d’un délit associatif soutenu, la plupart du temps, par différents délits spécifiques, mais beaucoup d’enquêtes plus petites avec des chefs d’inculpations spécifiques pour lesquelles sont demandées et obtenues des mesures judiciaires de différents types. Non pas que ‘la grosse enquête » ait disparu de la projectualité de la préfecture : celle-ci continue probablement d’être proposée régulièrement et sans vacarme à la magistrature, car d’un côté elle justifie l’infinie prolongation des écoutes téléphoniques et ambiantes contre les compagnons, et de l’autre elle représente une carte à garder toujours prête. Pour donner un exemple turinois : le coup de filet de février 2010 avec lequel on accusait des participants à « l’assemblée antiraciste » de la ville d’association de malfaiteurs a été déclenchée tout juste deux mois après l’échec de frapper certains d’entre eux avec la surveillance spéciale. Les deux procédures avaient été montées parallèlement, une dans l’ombre et l’autre à la lumière du soleil : l’une ayant échoué, l’autre a été relancée. Évidemment nous ne saurions dire avec exactitude quelles cartes ont en main préfecture et tribunal en ce moment, ni plus comment ils les joueront cette fois (si l’une est l’alternative à l’autre, ou si l’une prépare le terrain de l’autre, par exemple). Mais nous pouvons identifier les particularités innovantes de ces dispositifs répressifs quand ils apparaissent.

Dans notre cas, par exemple, un quelconque délit de rébellion – imputé pour avoir tenté d’empêcher la police d’embarquer un ami ou un compagnon – assaisonné d’autres accusations comme blessures, violence ou vol avec violence selon le goût des juges, est repêché après quelques semaines et grâce à l’entente entre préfecture, procureur et juge d’instruction transformé en prison, résidence surveillée, obligation ou interdiction de territoire, signatures, selon le goût des juges. Les épisodes reprochés sont en général assez légers c’est pourquoi les mesures de détention (prison et résidence surveillée) prennent fin assez rapidement, mais pas les autres mesures qui, moins restrictives, sont scellées par des clauses plus flexibles, qui permettent une plus grande « insouciance » aux juges et reste ainsi en vigueur pendant des mois.

Pour qui a eu la « chance » de ne pas avoir été chassé de la ville, mais de s’être vu appliqué l’obligation de rester sur le territoire de Turin ou d’y signer, les juges adoptent actuellement un autre stratagème : au premier nouveau délit constaté la mesure peut être aggravée et transformée en prison ou résidence surveillée. La situation de Marianna et de Simona –incarcérées une première fois pour l’occupation de l’Unep, libérées immédiatement avec une obligation de signature puis ré-incarcérées parce qu’elles ont continué à participer à des initiatives et donc à être accusées de nouveaux délits– est exemplaire. Mais il n’est pas strictement nécessaire que le nouveau délit soit identique, ou même seulement similaire, à celui pour lequel elles étaient obligées à Turin, comme le démontre par ailleurs, plus récemment, la situation de Niccolò, qui, déjà soumis à une obligation de rester sur le territoire pour rébellion, a été arrêté pour vol et donc incarcéré suite à une aggravation de la mesure. Une fois découvert le mécanisme et des opérations similaires se succédant les unes aux autres, la préfecture a réussi à éloigner une quinzaine de compagnons des luttes turinoises aux moyens d’expulsions et d’interdiction de territoire. Continue reading Italie : Sur la répression à Turin

Italie : Perquisitions et incarcérations pour activité à visée terroriste à Turin et Milan

Le 9 décembre à 5 heures, la DIGOS (police politique italienne) a perquisitionné l’Asilo Occupato et l’occupation de Via Lanino à Turin, ainsi que l’appartement d’un compagnon à Milan. Ils recherchaient trois personnes accusées d’avoir participé à une attaque contre le chantier du TAV en Val Susa dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. Les trois personnes ont été incarcérées à la prison des Vallette à Turin, où se trouvait déjà Niccolò, quatrième personne mise en cause dans cette histoire. Tous les quatre sont accusés selon la presse « d’activité à visée terroriste ». Des nouvelles bientôt.

Leur écrire :
Chiara Zenobi, Niccolò Blasi, Claudio Alberto, Mattia Zanotti
Casa Circondariale/Casa di Reclusione “Lorusso e Cutugno”
via Maria Adelaide Aglietta 35, ΙΤ-10151, Torino Le Vallette (TO), Italia/Italie

LIBERTÉ POUR TOU-TE-S

COMMUNIQUES DE SOLIDARITÉ :

Que souffle encore le vent de la délivrance
Solidarité avec Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio

Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, une trentaine d’anonymes no tav a attaqué le chantier de la Grande Vitesse en Val Susa, endommageant des équipements. Une action rapide et précise qui avait démontré, une fois de plus, que le camp retranché de la Clarea n’est pas inviolable, en faisant flotter de nouveau le doux vent de la délivrance. L’action a été défendue publiquement, dans une assemblée populaire à Bussoleno, par le mouvement no tav.

Aujourd’hui, 9 décembre, la police politique, sur ordre des parquets de Turin et Milan, a incarcéré quatre compagnons (il y aurait trois autres inculpés) pour « attentat à finalité de terrorisme », accusés d’avoir pris part à l’action de mai. Tout cela huit ans après l’invasion et les dégradations de masse du chantier de Venaus.

Comme c’est arrivé tant d’autres fois (y compris en Val Susa il y a quelques mois), l’État accuse de « terrorisme » ceux qui résistent à ses projets dévastateurs, à ses chantiers militarisés, à ses gaz, à son fil barbelé, à ses « zones rouges », à ces matraques. Nous nous fichons de savoir si Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio ont participé ou non à l’action contre le chantier de Chiomonte.

Ce que nous savons c’est qu’à l’annonce de l’attaque nous avons exulté comme tant d’autres, dans la Vallée et pas seulement.

Ce que nous savons c’est que les châtaigniers centenaires abattu par les bulldozers à la Clarea sont une blessure ouverte, qui brûle.

Ce que nous savons c’est que le terroriste est celui qui affame, exploite, dévaste et bombarde et certainement pas celui qui s’oppose au massacre environnemental, qui se bat pour un monde sans profit et sans pouvoir. Ce que nous savons c’est que Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio sont nos amis et compagnons, généreux et combatifs toujours en première ligne dans les luttes, à Turin, à Milan, en Val Susa et partout où leur tête et leur cœur les appellent.

Ce que nous savons c’est que nous les voulons libre tout de suite, dans les rues et sur les sentiers avec nous.

Ce que nous savons c’est que ces arrestations n’arrêteront pas la lutte contre la grande vitesse et le système qu’elle incorpore et défend. Dans et autour du mouvement no tav est née et s’est diffusée une solidarité qui a toujours su répondre aux manœuvres répressives (chaque fois préparées par la machine de guerre médiatique), généralisant ses propres raisons et ses propres pratiques. Ni innocents, ni coupables. Qu’aucun chantier de l’injustice – avec ses mille excroissances – ne se sente à l’abri. « Nous préférer vous fâchés ».

Troupes d’occupations, politiciens et journalistes : les terroristes c’est vous ! Liberté pour Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio !

Anarchistes de Rovereto et de Trento.
_

Lundi 9 décembre, sur mandat des procureurs Padalino et Rinaudo du parquet de Turin, des perquisitions ont été effectuées et quatre compagnons ont été incarcérés à Turin et à Milan. Les faits qui leur sont reprochés concernent l’attaque du chantier du TAV de Chiomonte qui s’est déroulée la nuit du 13 au 14 mai 2013. Les chefs d’accusations sont lourds : articles 280 et 280bis (« attentat à finalité terroriste, acte de terrorisme avec engins mortels et explosifs, détention d’armes de guerre, dégradations »).

Beaucoup se rappelleront de cet épisode, quand des anonymes étaient apparus dans la nuit, avaient causé des dommages significatifs au chantier puis disparu comme ils étaient arrivés.

C’est bien en relation avec cet épisode qu’une assemblée publique, appelée par le mouvement No Tav à Bussoleno revendiqua le sabotage comme possibilité pratique, utile et nécessaire à la lutte No Tav. On rappela alors les classiques de la non-violence active (Capitini, Gandhi, Mandela) en faveur du sabotage, d’autres auront rappelé les différents scénari de lutte, de celle des différents peuples sous occupation militaire aux actions contre le nucléaire, de la lutte partisane à l’immense bagage de la tradition ouvrière.

Malgré le terrorisme médiatique mis alors en scène, les sabotages ne s’arrêtèrent pas, recueillant une sympathie diffuse dans toute l’Italie. Les derniers remontent à quelques jours au détriment de plusieurs entreprises collabos à Turin. […] À suivre : l’ouverture de dossiers d’enquêtes pour terrorisme à l’encontre de militants No Tav de la Vallée ( avec les perquisitions qui s’ensuivent ) des rencontres bien publicisées entre les « équipes antiterroristes » des parquets des différentes villes et aujourd’hui les menottes. […] Dans la ligne de mire il n’y a pas seulement quatre compagnons généreux que nous connaissont bien et que nous aimons, il y a une vallée entière qui se bat. Développer les potentialités de cette lutte est notre réponse.

A sarà düra.

Compagnonnes et compagnons de Milan.

Spoleto, Italie : À propos de la mort du camarade anarchiste Damiano Corrias

Avec ces quelques lignes, nous vous annonçons l’horrible nouvelle de la mort de Damiano Corrias le 26 Septembre 2013, à l’ âge de 31 ans. Il était l’un des enfants de la ville de Spoleto arrêtés le 23 Octobre 2007, lors de la dite “Opération Brushwood”, accusé de terrorisme.

L’heure n’est pas aux théories du complot , ou, pire encore, à l’ésotérisme (c’est la seconde mort , après celle de Fabrizio Reali* , sur les cinq jeunes hommes arrêtés).

En dépit d’être le jour de sa mort et , qui plus est , au cours de ces heures terribles , nous élevons notre malédiction jusqu’au ciel contre ses poursuivants ; contre les carabinieri du ROS, sous la direction du chef général Giampaolo Ganzer, qui vendait des armes à feu et de la drogue. Contre l’ex-président de l’Umbria, Maria Rita Lorenzetti, qui a passé quelques semaines en résidence surveillée en raison d’accusations de corruption.

Contre le dandy esthète de Pérouse, le procureur de la République qui signe n’importe quelle commande du ROS , même avec des erreurs typographiques telles que : ” la doctoress COMODI. ” La bête de Pérouse , qui a demandé six ans de prison pour Damiano , pour de la peinture sur un mur !

Et, malgré cela, il ne s’est pas rendu.

Il a fait le DJ pour toutes les fêtes dans les montagnes organisées par les anarchistes à Spoleto, avec beaucoup d’autres teufs plus ou moins politiques.

La dernière fois qu’il a battu le pavé, c’était le 23 Juin 2012, au cours de la manifestation de solidarité avec les anarchistes arrêtés pendant “l’Opération Ardire”, il a écrit des slogans merveilleux sur les murs tout au long de la nuit. Juste sous le nez de Comodi. Nous sommes sûrs que, de sa tombe, il lui lance un dernier doigt d’honneur.

ADIEU DASCHIA

daschia1
Ciao Daschia – Ils payeront tout

Damiano et Fabrizio assassinés : dans quel sens ?

Bien sûr, nous n’avons pas encore la preuve d’un assassinat, au moins dans le sens dont l’entendent les patrons de la répression et de leurs experts techniciens. Mais c’est évidemment un homicide volontaire par ceux qui veulent détruire une vie uniquement parce que quelqu’un a osé protester avec de la peinture contre un représentant du régime. Nous aimerions réfléchir sur les très belles paroles du frère de Damiano à ses funérailles : « Je veux croire que ton cœur s’est arrêté à cause de trop de joie, et non en raison de toute la douleur que tu as vécu toute ta vie”, mais n’oublions pas “les mensonges d’une justice qui est forte avec les faibles et faible devant les forts. ” la même justice, dans nos paroles, qui, le jour même de l’enterrement de Damiano relâchent Lorenzetti après une deux semaines en résidence surveillée. Vous êtes corrompus = quelques jours en résidence surveillée, vous écrivez sur un mur contre les politicards corrompus = 6 ans de prison. C’est votre justice!

C’est pourquoi , voulant croire que son cœur s’est arrêté en raison d’une trop grande joie, et non en raison de trop de douleur , nous ne pouvons pas nous empêcher de considérer toutes ces crapules comme des assassins, ceux qui l’ont arrêté pour avoir protesté avec de la peinture contre le pouvoir. Les disparitions de Damiano et Fabrizio étaient des homicides politiques au plus haut sens du mot «politique», au sens où Comodi a passé des années à mettre en pratique son intention de détruire l’ensemble du mouvement anarchiste. Pour tuer.

Nous allons nous arrêter là, pour l’instant. Nous laissons aux lecteurs le soin et l’intélligence d’évaluer si Manuela Comodi se bat uniquement contre le «crime», si en réalité, elle aime vraiment certains aspects de la philosophie anarchiste comme elle le prétend, ou si elle fait bien plutôt partie d’une machine de guerre qui veut détruire quiconque se rebelle contre l’État maléfique, fusse avec une bombe de peinture.

Dans tous les cas …

Que Comodi laisse les morts en paix.

Les ami-e-s de Damiano et Fabrizio

* Trois semaines après son arrestation , Fabrizio a été libéré. Comodi n’avait aucune preuve pour demander un procès. Cela dit , elle n’a pas fait classer l’affaire et , pendant de nombreuses années, les avocats ont demandé l’officialisation du dépôt afin de demander aux bâtards du bureau du procureur de Pérouse une compensation. Néanmoins, il n’y a eu aucun résultat. Enfin, Fabrizio est décédé le 23 Juin 2010. Il aimait l’alcool et, à l’âge de 40 ans, une complication intestinale a pris sa vie.

sources: i, ii

Rome, Italie : DAB saboté en solidarité avec les arrêté-e-s de la révolte du 15 octobre 2011

Rome, octobre 2013

Un distributeur automatique de billets (DAB) d’une agence Banca Popolare di Milano a été rendu inutilisable, en solidarité avec les arrêté-e-s de la révolte du 15 octobre 2011…

Solidaires et complices.

Attaquons le capital partout !

Source | Collaboration du Chat Noir Émeutier

[Italie] Nicola Gai : L’urgence de l’attaque

tumblr_mt58crwJGM1r4v59po1_1280
Si leurs lois limitent notre liberté, nos actions limiteront leurs vies.

Le site Anarchici ferraresi a publié un document intéressant de Nicola Gai issu du dernier numéro de « Terra Selvaggia » de juillet 2013. Le texte expose de nombreux problèmes (les freins imposés et auto-imposés à l’action, l’urgence de frapper l’ennemi, les rapports entre compagnons dans les luttes et les assemblées, etc) auxquels il serait souhaitable de trouver au plus vite un remède, afin de trouver de nouveaux et toujours plus incisifs débouchés pratiques dans l’attaque destructive contre la domination.

Le fait que nous vivons dans un monde de merde où l’État et le capital nous imposent, le plus souvent sans encombre, toutes sortes de monstruosités est désormais établi. Pourtant, il est certain que seule une infime minorité de la population cherche à s’opposer, de manière plus ou moins consciente, à la suppression de chaque espace d’autonomie et de liberté qui rend la vie digne d’être vécue. Partie de cette petite minorité, nous anarchistes, conscients de l’urgence de détruire ce qui nous opprime : pourquoi ne sommes-nous pas plus déterminés et incisifs ?

Un des freins les plus grands et les plus sérieux à notre action est sûrement la peur de mettre réellement notre vie en jeu. Ceci est un aspect central de la lutte révolutionnaire, trop souvent insuffisamment abordé, parce que qu’il nous contraint à nous retrouver face à nous-mêmes et à nos faiblesses. Nous exaltons les soi-disant « petites actions », facilement reproductibles, qui n’effraient sûrement pas les « gens » et même si nous sommes conscients de l’urgence et de la nécessité de l’attaque destructrice du système autoritaire-technologique, nous sommes peu enclins à nous mettre en jeu jusqu’au bout, à nous considérer en guerre et à agir en conséquence.

Il est certainement plus facile de se retrouver ensemble à des centaines ou milliers de personnes pour défendre un territoire menacé par une certaine éco-monstruosité, que seuls à en attendre le concepteur devant sa porte. Je ne parle pas de courage, chacun de nous ressent de la peur et met en œuvre ses stratégies pour la contrôler et la gérer ; même celui qui participe à une dite « lutte sociale » risque la prison ou d’être blessé (il y en a des centaines d’exemples), je pense que ce n’est pas là qu’est la distinction, mais dans quelque chose de plus compliqué, à savoir la décision d’entreprendre des pratiques de lutte qui ne prévoient aucune possibilité de médiation avec le pouvoir, qui expriment le refus total de l’existant.

Nous participons à des assemblées dans lesquelles nous avons l’illusion de contribuer à prendre des décisions, même si en général nous adhérons à ce qui est suggéré par les compagnons les plus charismatiques ; inévitablement le compromis se fait toujours vers le bas, d’ailleurs il faut toujours avancer tous ensemble (à chaque fois) et n’effrayer personne. Nous avons l’illusion de contribuer à un projet commun même si trop souvent il n’est pas le nôtre ; le fait de nous retrouver « au milieu des gens » nous donne l’illusion d’œuvrer concrètement à l’insurrection prochaine. Continue reading [Italie] Nicola Gai : L’urgence de l’attaque

Quelques lignes sur le TAP (Trans Adriatic Pipeline)

Un bref résumé

Le gazoduc ou méthanoduc TAP (Trans Adriatic Pipeline) devrait parcourir environ 900 km, partant de la Mer Caspienne pour atterrir dans le Salento [extrémité Sud des Pouilles, NdT], sur le rivage de San Foca (province de Lecce), pour transporter du gaz naturel. Fin juin, le consortium de Shah Deniz en Azerbaïdjan, composé entre autres de British Petroleum, Total et Statoil, a fait son choix en faveur du Tap, le préférant au projet Nabucco qui aurait dû parcourir la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie et l’Autriche. Le projet Tap, holding composé de Axpo (suisse), E.On (allemand) et Statoil (norvégien), a été considéré d’intérêt stratégique par le gouvernement italien et l’Union Européenne et approvisionnera le marché européen du gaz.

Quelques questions

L’opposition au Tap, comme à n’importe quelle nuisance, tout comme une lutte contre une prison, constitue une « lutte partielle » classique ; partielle, pour être clairs, pris non pas dans une acceptation négative, mais dans le sens de la définition d’un aspect particulier. Mais avoir un horizon plus vaste dans tout ce que nous faisons et dans les luttes que nous menons, essayer d’identifier le pouvoir et l’autorité, de n’importe quel type et dans toutes leurs configurations, et tenter de nous y opposer, voilà le but que nous nous posons . Notre perspective devrait être à la base de notre action, une pensée qui nous accompagne en permanence en plus d’un mode d’approche des luttes. Quand on s’oppose à la guerre, à des nuisances, à une prison, à la répression, à l’exploitation, à l’autorité, à la morale, il faudrait toujours garder à l’esprit tous ces aspects et essayer d’avoir une vision d’ensemble. Un exemple : quand on s’oppose à une centrale nucléaire, on s’oppose à la nuisance qu’elle représente, à la destruction irréversible de l’environnement, mais ce que l’on a à l’esprit c’est aussi l’usage qui sera fait de cette énergie nucléaire, son utilisation pour continuer à reproduire un système économique et industriel d’exploitation, ou à perpétuer la vie super-technologique et super-contrôlée des villes à la mesure des marchandises plutôt qu’à la mesure de l’homme. Cet exemple, qui peut être valable dans beaucoup d’autres cas, pose un problème. Peut-on s’occuper d’une lutte en sectorisant, en séparant, en différenciant ? Continue reading Quelques lignes sur le TAP (Trans Adriatic Pipeline)

Trento, Italie : vive la révolte en Turquie

riotcops-taksim-11-june-2013

L’histoire est longue, comme pour les humiliations que la classe des pauvres subit depuis des temps immémoriaux, autant en Turquie comme n’importe où ailleurs.

Et puis, l’imprévu. À Istanbul, sur la place Taksim, une centaine de personnes s’opposent à la destruction d’un parc avec ses six cent platanes. Un peu d’espace et de verdure au milieu des vitrines, des banques, des marchandises et des touristes. La violence de la police au cours de l’expulsion du parc est brutale . Mais la répression, cette fois, fait que la rage déborde. La révolte explose dans tout le pays, contre le premier ministre Erdogan, contre le terrorisme d’État, contre les conditions de vie chaque fois plus misérables. Des milliers de personnes retournent sur la place, jour après jour, encore et encore, malgré les blessés, les arrestations, les morts. Masque à gaz sur le visage et pierres dans les mains, les rebelles ont tous les âges et toutes les raisons du monde. Pour nous rappeler qu’Istambul est au coin de la rue, à deux pas de chez nous, certains rebelles de la place Taksim écrivent aux No TAV de la Val de Suse et chantent Bella Ciao.

Les politiciens et journalistes locaux font semblant de s’indigner de la brutalité de la police turque, pour les canons à eau et les lacrymogènes utilisées contre la foule. Certaines méthodes, évidemment, sont bien en Val de Suse mais pas en Turquie.

Pour Erdogan, les rebelles sont tous « terroristes ». Un nom qui sert ici pour criminaliser les minorités rebelles et révolutionnaires, là-bas il s’applique à une grande partie de la population.

D’abord ça a été le Nord de l’Afrique qui s’est soulevé : on le sait, c’est le « tiers Monde ». Ensuite, la Grèce : là-bas on dit que c’est différent. Après l’Islande, l’Angleterre, et même la social-démocrate Suède. Et le Brésil, où la misère et les homicides de la part de l’État ne peuvent plus continuer d’être cachés derrière le Spectacle des mondiaux du football.

Pendant que dans le monde, « l’anomalie » commence à être la résignation et pas la révolte, en Turquie des jeunes et vieux continuent de se battre. Avec rage, courage et joie.

Pendant que vous et nous nous demandons qu’est-ce qui devrait encore arriver en Italie pour que saute le bouchon de la patience, pour que la plainte rentre dans la rue ouverte de la rébellion, nous voulons répondre aux frères et sœurs de Turquie.

Parce que, si vous ne l’aviez pas compris, ça nous parle à nous aussi.

Des anarchistes 

[Italie] Culmine: Aux anarchistes de la région chilienne

Comme cela vous est arrivé avec le “Caso Bombas”, cela nous arrive maintenant à nous avec “l’opération Ardire”. Ces jours-ci nous avons appris que, entre autres choses, nous faisons l’objet d’une enquête pour le soi-disant “financement des anarchistes chiliens”.

La vérité c’est qu’à l’époque nous avons mis notre compte à la disponibilité, en forme de solidarité concrète avec nos compagnon-ne-s qui subissent les représailles de l’État chilien. Nous l’avions fait avec un communiqué public et nous n’hésiterons pas à le refaire. Ils ne pourront jamais empêcher la solidarité concrète entre anarchistes, ni par les grilles, ni par les quartiers de haute sécurité.

Une accolade rebelle
Elisa et Stefano
14.02.2013

Elisa di Bernardo
c/c Rebibbia Femminile, Via Bartolo Longo 92, 00156 Roma, Italia

Stefano Gabriele Fosco
Via Casale 50/A, 15122 San Michele (AL), Italia

Gènes, Italie : Affiche pour la manifestation en solidarité avec Alfredo et Nicola

CONFLIT ET RÉPRESSION

Le 7 mai 2012 est attaqué à Gènes un des patrons du nucléaire, Roberto Adinolfi, directeur administratif d’Ansaldo Nucleare, une des entreprises du groupe Finmeccanica, qui, en plus de faire des recherches dans le nucléaire, vend des technologies aux dictatures les plus impitoyables, conçoit et produit des équipements pour le contrôle social et la répression, mais aussi des armes de destruction massive. L’attaque armée a été revendiquée par un noyaux de la FAI (Fédération Anarchiste Informelle). Suite aux enquêtes menées par les unités anti-terroristes (DIGOS et ROS), des perquisitions sont effectuées et deux anarchistes de Turin, Alfredo et Nicola, sont accusés d’être les auteurs de cette action. Le procureur Silvio Franz du parquet de Gênes (celui qui a classé sans suite l’enquête sur la mort de Carlo Giuliani en disant que “le pistolet* était le seul moyen idoine pour arrêter l’agression”) a notifié deux ordonnances successives d’incarcération préventive et a inscrit une troisième personne dans le registre de l’enquête [mise en examen]. Alfredo et Nicola sont encore détenus dans l’infâme prison de Sanremo, en régime d’isolement total, où ils subissent une mesure arbitraire de saisie de leur correspondance.

Il est évident que l’État Démocratique, dans sa chasse aux sorcières, mène une stratégie répressive avec pour but d’annihiler à tous les niveaux ceux qui sont considérés comme des épines dans le pied des détenteurs du pouvoir, et d’intimider tous ceux qui osent se rebeller en menaçant la paix sociale, garantie essentielle de la mise en œuvre des plans des patrons et politiciens. La répression agit au quotidien contre nous de différentes manières, des plus infimes aux plus évidentes. La répression s’exprime à travers l’employeur qui décide de l’emploi du temps de nos vies ; à travers l’école qui nous apprend la bonne voie pour rester dans le rang ; à travers la psychiatrie qui taxe nos particularités de maladies pour les écraser avec les médicaments des multinationales ; à travers les caméras de vidéo-surveillance qui contrôlent, surveillent et analysent nos mouvements  et habitudes ; à travers la guerre que les militaires ont déclaré dans nos rues contre pauvres ; à travers la télévision et la publicité qui nous vendent un monde fictif et fabriquent des rêves de fiction impossibles qui nous éloignent de la possibilité d’une vie digne d’être vécue, nous aliénant de nos besoins réels, de nos douleurs et de nos joies.

Et c’est quand tout cela n’est pas suffisant contre ceux qui ne baissent pas la tête, qui ne veulent pas vivre à l’intérieur des limites imposées, que la répression prend sa forme la plus cruelle : la prison. L’emprisonnement est souvent suivi par l’isolement, qui vise à annihiler les personnes et leur dignité et à les éloigner des rapports et des luttes, sociales et individuelles.

Ce qu’ils ne peuvent nous enlever, qui reste et, si nous le voulons, restera toujours, exclusivement entre nos mains, c’est la pratique de la solidarité. Le seul véritable obstacle insurmontable pour les projets de domination/profit des patrons et la stratégie répressive des appareils d’État.

Répétons, sans risque de nous en lasser, que les seuls véritables terroristes sont les États, les multinationales, les armées, ceux qui planifient des grands travaux dévastateurs, des centrales nucléaires et des instruments de destruction. Donnons notre solidarité à Alfredo et Nicola devant la prison de Sanremo où ils sont incarcérés.

MANIFESTATION SAMEDI 17 NOVEMBRE
15H00 À LA PRISON DE SANREMO
EN SOLIDARITÉ AVEC NICOLA ET ALFREDO
 
SOLIDARITÉ AVEC TOUS LES REBELLES – POUR LA LIBERTÉ DE TOUS/TES

* Celui du flic qui a tiré sur Carlo et l’a tué (Ndt).

Source : 1, 2 et 3

Traduit en collaboration avec Cette Semaine


Dans la matinée du 12 novembre Alfredo Cospito a été transféré de Sanremo à la prison d’Alessandria, alors que Nicola Gai était toujours détenu en isolement à Sanremo. Le 14 novembre, Nicola Gai a été transféré dans une autre prison (inconnue jusque là).

Alfredo Cospito
Carcere San Michele, strada Casale 50/A, IT-15122 Alessandria

Affiche en solidarité avec les compagnons italiens frappés par la répression

C’est l’étincelle qui est dans l’air, mais l’étincelle qui cherche la poudrière…

LIBERTÉ POUR LES COMPAGNONS-NNES FRAPPÉ-E-S PAR LA RÉPRESSION

Le terroriste c’est l’État. Liberté pour les rebelles du G8 condamnés.
Le feu de Gènes brûle encore…

Solidarité avec les compagnons-nnes frappé-e-s par la main répressive lors des opérations Ardire (13 juin), Mangiafuoco (8 août), Ixodidae (27 août) et Thor (1 septembre)

Source

Italie, affiche contre la répression : Au bord du précipice

Au bord du précipice

Le chômage augmente, les prix augmentent, les salaires diminuent, de nouveaux et anciens impôts pillent les poches de ceux qui ont moins alors que les privilèges des puissants deviennent encore plus odieux, les espaces de liberté diminuent et de lâches abus sont perpétrés au nom de la sécurité. Les prisons et les rues se remplissent d’une armée de nouveaux pauvres, tandis que l’argent et le pouvoir se concentrent entre politiciens, banquiers et multinationales toujours plus arrogantes qui ravagent des populations entières avec des guerres et des désastres écologiques, juste pour faire tourner l’économie et s’enrichir.

“Bandits et rebelles, nous vous casserons les reins”

La peur d’une contestation indomptable et sauvage comme celle en Grèce effraye les classes dirigeantes qui commencent à déclencher des attaques préventives, dans l’espoir d’endiguer le fleuve en pleine crise sociale. La si chère démocratie permet la dissidence en son sein, le même cadre avec lequel elle enferme ceux qui passent les frontières, opprime les classes les plus défavorisées, tue ceux qui ne peuvent se défendre, empoisonne ceux qui travaillent dans ses usines, affame et exploite ceux qui travaillent pour elle. Le terrain de la démocratie et du capital est un enclos où les gens ne sont que du bétail, bœufs dociles emmenés à l’abattoir. Gare à celui qui se plaint pendant qu’il est marqué au fer rouge, gare à celui qui rue pendant qu’on lui arrache ses dents, gare à celui qui tente de franchir la clôture. Sous le fascisme, l’État a inventé un crime spécial (l’article 270bis, toujours en application) : il suffit de seulement penser à se coaliser contre lui pour récolter prison et vexations. D’un bout à l’autre de l’Italie, 4 opérations différentes se sont succédées en 3 mois, conduisant à l’incarcération d’une dizaine d’anarchistes, enquêtant sur une centaine d’autres et perquisitionnant une centaine de domiciles. Sans oublier les lourdes peines prononcées en véritables représailles contre les manifestants du G8 de 2001 ou les incarcérations préventives d’opposants au TAV.

“Nous luttons, vous votez”

Nos compagnons, amis et proches, ne sont pas surpris par le traitement qui leur est infligé, ils savent qu’ils sont punis uniquement pour avoir eu le courage de sortir de l’enclos. Pendant que des troupeau apeurés beuglent leur désaccord entre une pétition, une élection et un sit-in, quelques individus à eux seuls informent, démasquent et attaquent les structures criminelles du système. Les banques criminelles brûlent, les agences de recouvrement des impôts affameuses sautent en l’air, les industriels éco-assassins s’effrayent. Pendant que des troupeaux demandent une loi, un travail, une laisse à leur boucher, des communautés alternatives basées sur l’autogestion, l’entraide, le refus de la délégation naissent dans les vallées rebelles de la domination des puissants. Des poignées d’individus, qui très souvent ne se connaissent même pas, agissent selon leur habileté et possibilité, qui en écrivant un message sur un mur, sur internet ou sur un tract, qui en ralentissant et sabotant les structures qui font de la vie un enfer.

“Nous ne demandons pas de futur, nous nous emparons du présent”

Nous ne sommes pas naïfs et nous savons qu’un fossé énorme, fait de souffrance et de ruines fumantes, sépare ce système d’exploitation et de haine d’une société sans esclaves ni maîtres, sans dieux ni religions, sans États ni nations. Mais en prendre acte ne suffit pourtant pas. Pour ne pas en être des complices plus ou moins conscients, on doit agir pour reprendre le contrôle sur nos vies, et que ceux qui se sentent en sécurité maintenant ne se leurrent pas : le sol est glissant au bord du précipice, et il n’y a nulle part où trouver refuge. Prendre position maintenant, individuellement, sans attendre délégations, partis, syndicats, médias, avant-gardes et masse, toutes ces vieilleries désormais ridicules du siècle passé, peut faire la différence, parce que c’est seulement dans la lutte pour la liberté que la vie devient digne. Le présent est un laboratoire où expérimenter ce qui adviendra ; sans présent, tout appel au futur est un cri vide qui se perd, muet, dans l’espace sourd.

Liberté pour notre frère Peppe Sghigno. Liberté pour tous les compagnons en prison !
Solidarité avec Gimmy et tous les compagnons en cavale poursuivis par les États !!
Solidarité avec tout ceux qui dans le monde combattent par l’action directe l’oppression de l’État et du capital !!
Arrêtons l’acharnement thérapeutique auquel est soumis cette société mourante, mettons un terme à ses souffrances, foutons par terre le système !!

Sources : 1, 2 / L’affiche en pdf

Affiche traduite en collaboration avec Cette Semaine

Argentine : Attaque incendiaire contre une camionnette de l’Ambassade d’Italie à Buenos Aires

Les défenseurs de l’ordre qui soutiennent le système ont donné un nouveau coup contre les compagnon(ne)s anarchistes en Italie, la énième opération répressive, avec une série de perquisitions qui cherchent à en finir avec les pratiques rebelles que les insurgés du monde continuent d’étendre solidairement pour des idées de liberté qui sont bienvenues pour les autres compagnon(ne)s, avec les particularités que chacun a dans la région où se développe la lutte.

On a réussi à coordonner une forme d’agir qui porte ses fruits pour ceux qui croient qu’il n’y a rien à attendre pour passer à l’action et attaquer de multiples façons l’autorité qui s’impose dans chaque coin de la planète.

La critique que nous pouvons faire sur l’efficacité de nos coups contre l’État et le Capital mondial est valide, pourvu qu’elle ait pour objectif l’extension de l’insurrection, pas seulement dans l’augmentation du pouvoir de la force dont nous disposons mais aussi avec l’agilité et de ce fait la constance avec laquelle nous allumons d’inespérés foyers de résistance devant les avancées continues de la domination sous toutes ses formes.

Nous nous rendons responsables de la volonté de générer le chaos et la destruction dans la ville de Buenos Aires, pour cela nous avons brûlé des voitures à Recoleta le 25 et 26 août.
Le 2 septembre à 2 heures nous avons brûlé une camionnette de l’Ambassade d’Italie en face de sa forteresse et poste de sécurité.

Ami(e)s de la Terre / Fédération Anarchiste Informelle

Suisse : Le camarade anarchiste emprisonné Marco Camenisch en grève de la faim

Le 15 août, les ami-e-s et sympathisant-e-s de Marco Camenish ont annoncé que le camarade emprisonné mènera une grève de la faim limitée du 20 août au 10 septembre, dans le cadre de la dernière construction anti-anarchiste en Italie (opération “Ardire”), mais aussi en raison d’une série de tracasseries humiliantes chaque jour à la prison Lenzburg.

Mail de contact du groupe de solidarité: knast-soli (at) riseup (dot) net

Adresse de la prison: Marco Camenisch, PF 45, Justizvollzugsanstalt Lenzburg, Ziegeleiweg 13, CH-5600 Lenzburg District, Schweiz / Suisse

Solidarité et force pour Marco !

Traduit de l’anglais par Le Chat Noir Émeutier

Barcelone, Espagne : Actions en réponse à l’appel contre la répression

Voilà quelques slogans et une banderole qui sont apparus dans la métropole de Barcelone dans la nuit du 10 août dans le contexte de l’appel lancé par Contra Info à des actions de propagande contre la répression.

Prisons, Centres de Rétentions, descentes et frontières pour construire la richesse européenne. Ni fascisme ni démocratie : Anarchie
Liberté pour les anarchistes italiens. La justice des riches c’est de la pure merde.
Un poing levé pour les compagnons emprisonnés. Contre tous les États. Pour l’anarchie.
Au Mexique, Chili, Italie ou Grèce, les rebelles ne sont pas seuls.

Athènes, Grèce : Actions de contre-information

Dans le contexte de l’appel de Contra Info pour dix jours d’actions contre la répression nous avons menés les actions suivantes jusque maintenant :

VOUS NE FEREZ PAS CE QUI VOUS EST COMODE* AVEC NOS COMPAGNONS – SOLIDARITÉ POUR NOS COMPAS – DE LA MERDE POUR L’OPÉRATION ARDIRE, ITALIE (* jeux de mots avec le nom de l’inquisiteur Manuela Comodi)

Nous avons mis une banderole sur la place d’Exarchia en solidarité avec les anarchistes poursuivis dans le cadre de l’opération répressive “Ardire” qui a été lancé par les autorités italiennes le 13 juin 2012. Si les carabiniers et procureurs pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec la vie de nos compagnons, ils se trompent lourdement. Ils nous trouveront en face d’eux : en Italie, Suisse, Allemagne, Grèce et partout où ils osent étendre leurs tentacules.

À la grille principale de l’École Polytechnique sur la rue Patission nous avons accroché une banderole contre les Jeux Olympiques de Londres, maintenant en cours. On peut y lire : “Écrasons les OlymPORCS et les branleurs capitalistes – Incendie et feu sauvage pour les idéaux olympiques –  Brûle, Londres, brûle”… Les idéaux olympiques puent l’argent, la militarisation et la répression. Nous n’oublions pas les compagnons, qui, malgré le super-spectacle mis en place par les flics, militaires et médias de masse, vont de l’avant et crachent à la face de la société de consommation. N’oublions pas aussi la Coupe du Monde de 2014 et les Jeux Olympiques de 2016 à Rio de Janeiro tout comme le besoin d’organiser un campagne internationale contre les déplacements de populations opprimés qui vivent dans les favelas brésiliennes.

Sur le pont pédestre au-dessus d’une autoroute principale dans le centre d’Athènes, nous avons placé une banderole en solidarité avec les membres emprisonnés de la Conspiration des Cellules de Feu – Fédération Anarchiste Informelle / Front Révolutionnaire International. Leur courage et détermination nous rendent plus forts. De par ce simple geste nous leur envoyons nos salutations révolutionnaires les plus chaleureuses.

Nous avons aussi peint des slogans en solidarité avec les anarchistes emprisonnés et persécutés à travers le monde. Nous envoyons toute notre force à Luciano Pitronello dont le procès est en cours ces jours-ci à Santiago de Chili, à Mario López, incarcéré dans les cellules de la démocratie mexicaine et à Felicity Ryder qui est aujourd’hui en cavale, poursuivi dans la même affaire que son frère captif Mario.

En réponse à l’appel pour des actions pour l’affaire de la mort du réfugié Soudanais Nourredin Mohamed à Calais le 7 juillet 2012, nous avons fait des pochoirs sur les murs d’Exarchia. Dans le cas de Noureddin se réfléte celui de milliers d’immigrants anonymes et de réfugiés qui perdent leurs vies en tentant de pénétrer l’impénétrable Forteresse Europe. Nous n’oublions ni ne pardonnons. Feu à toutes les frontières !

Ces actes symboliques qui se tinrent les trois premiers jours d’août à Athènes sont du moins notre contribution à une guerre faisant rage chaque jour dans les rues. Les jours d’actions contre la répression continuent…

En avant compagnons ! En arrière balances !