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[Berlin] Expulsion du squat rue Ohlauer à Kreuzberg – Appel à manifs et interventions militantes

Entraînement de l’État policier et manœuvres de guerre civile des unités de police extra-légales à Berlin. La direction prend le contrôle de la direction politique du quartier Kreuzberg-Friedrichshain

Un tel titre pourrait facilement être reproché comme une idée follement exagérée de la part des habituels suspects anarchistes du coin. Mais bien sûr, un tel titre est choisi pour être provocateur – et il a l’effet désiré si la situation que nous rencontrons dans l’un des quartiers de Berlin est examinée de plus près. À la lumière des événements urgents, nous demandons du soutien !

La loi martiale a été imposée à Berlin, sans base juridique, sans explication, sans urgence, sans danger imminent et sans directive politique. Il n’y a eu aucune cause précédente pour cette loi martiale. Quelqu’un suggère que la légitimité n’est pas reconnaissable. Maintenant un ancien Etat décline tandis qu’un nouveau émerge.

Depuis mardi 24 juin 2014, l’école de réfugiés squattée de la rue Ohlauer* dans le quartier de Kreuzberg a été expulsée par plus des 900 unités de police de Berlin et d’autres états fédérales. Selon les journaux, des unités de police avec des mitraillettes étaient en action par mesures de sécurité. L’expulsion a été consciemment conduite pendant le Festival Fusion. La police montre toujours une présence massive.

La police et ses dirigeants politiques ne sont plus simplement une institution d’exécution, qui agit sur ordres, mais un acteur indépendant qui développe sa propre dynamique. La voiture de presse de la police émet des déclarations politiques d’autorité révoltante. La presse reproduit des déclarations de la police – et non pas celles des politiciens. La police prend en charge les tâches politiques – même la formation de l’opinion publique. La presse reproduit ces déclarations – donc la presse répand le conte de fées de “vacances volontaires» des réfugiés.

Par ailleurs, combien de «volontarisme» existe quand 900 policiers armés cognent à la porte et amènent le bus pour l’expulsion? Ce type de «volontarisme» inculque la terreur si l’on relie d’autres considérations historiques ou d’autres parties du monde où ce «volontarisme» est rentré et rentre en vigueur. En fait, une mesure d’état de la police a été délivrée sans autorisation d’expulsion ou base juridique. Il est maintenant temps pour les avocats d’agir sur la base des structures justes et démocratiques.

Mais d’autre part: 40 personnes refusent de quitter le bâtiment. Plus précisément: le toit. Avec de bonnes raisons, comme l’expulsion «volontaire» de la Oranienplatz occupée cette année qui a conduit à 10 arrestations – 10 personnes qui ont été placées en rétention en attente d’expulsion, malgré l’assurance du gouvernement de l’État fédéral que cela n’arrivera pas. Pendant ce temps, un réfugié du Soudan sur le toit a menacé de se suicider vu qu’il allait mourir au Soudan de toute façon.

Afin d’empêcher la solidarité directe entre les gens, les quartiers et blocs adjacents sont fermés depuis ce mardi 24 juin  L’accès est seulement autorisé pour ceux qui peuvent prouver qu’ils vivent dans le secteur. Beaucoup de magasins différents ont connu de lourdes pertes d’argent. Les magasins sont fermés. De la boutique de kebab au marchand de vin. La rue principale est bloquée. Espace extra-légale. Afin de détruire les moyens de communication entre les occupants sur le toit et les soutiens qui ne peuvent pas atteindre le bâtiment, la police déploie actuellement des brouilleurs.

La maire du quartier, Hermann (les Verts) est devenu invisible. C’est peu probable qu’elle ait été expulsée vers le stade de football mais plutôt qu’elle collabore avec la police. Elle est elle-même retranchée derrière la police. Mais notre colère et notre rage viendront s’abattre sur elle.

Panhoff, le membre du conseil vert des bâtiments et de la construction a également été identifié en tant que protagoniste. Déjà, les squatters de « Franz-Künstler-Street » ne veulent plus négocier avec lui parce qu’il utilise une stratégie dilatoire avec ses promesses vides. Bien sûr, il se pourrait aussi que son administration ne le suive pas quand il s’agit de la promesse d’installer des douches. Les douches ont été l’un des problèmes de l’école – qui a conduit à la mort d’une personne lors d’un combat. Si les gens de l’école avaient soupçonné que les engagements promis ne seront pas respectés, les sympathisants et eux auraient installé les douches eux-même il y a bien longtemps. Une fois encore, il est devenu évident que la collaboration avec l’ennemi politique n’a que des inconvénients. Panhoff a déclaré que l’évacuation était «volontaire», même s’il sait qu’il n’existe pas de base légale. Seulement la police parle à juste titre d’expulsion – mais d’une «volontaire». Cette subtilité n’est utilisée que pour être protégé contre de possible plaintes juridiques.

Panhoff est un Vert – notre rage et notre colère s’abattront sur les responsables de ce sale parti. Mais il serait injuste de ne pas s’attaquer au CDU (les chrétiens-démocrates) et au SPD (les sociaux-démocrates) avec la même intensité. Le CDU pour sa haine envers les réfugiés, qui exige le siège d’un quartier à travers la figure peu chrétienne de Henkel. Le SPD qui partage le gouvernement avec le CDU est devenu un acteur actif dans la stratégie de «diviser pour régner» qui fonctionne sur l’intégration et la déportation des réfugiés. Cette sale mafia était principalement responsable de la division des réfugiés à Oranienplatz. S’ils imaginent pouvoir se la couler douce pendant que les responsables du Parti des Verts se cachent dans leur fête d’été pathétique, ils se trompent lourdement.

Cet appel est émis par des groupes non-parlementaires issus de locataires, du mouvement antifa et d’autres projets menacés, vu que les soutiens des réfugiés ont à peine le temps de se soucier au sujet de l’organisation des espaces de couchage, entre autres.

Nous nous invitons à mener des actions locales et à travers le monde, fermes et massives, contre les partis politiques nommés et la police. Nous appelons à attaquer les institutions qui représentent la politique répressive envers les réfugiés. Toute notre rage et notre colère s’abattront sur eux. Et aussi vite que possible, tant que l’école est encore contestée, que les rues sont encore bloquées.

Nous appelons le Festival Fusion à se mettre d’accord pour une courte déclaration de solidarité au nom de toutes les personnes présentes et qui sera lu partout.

Et nous rendrons deux fois la disgrâce à cette occasion.

Retrait immédiat et inconditionnel de la police de l’immeuble, du quartier et des rues.

Reconnaissance immédiate des réfugiés comme faisant partie de notre société – sans condition

Combattons pour l’école de la rue Ohlauer comme espace de vie auto-déterminé pour 70 réfugiés et comme centre pour réfugiés internationaux.

Agissons vite, mais agissons furieusement.

Source

2806-01

Note:
*L’occupation de cette école a débuté il y a environ un an et demi: Emission de Sans-Papiers Ni Frontières du 1er novembre 2013 à écouter/télécharger ici

Appel international contre la délation

pigeoncamerasAu sein de l’éventail d’expériences de lutte et de façons de vivre l’anarchie, la complicité, la confiance et les liens d’affinité sont des codes fondamentaux pour construire et développer une confrontation vis-à-vis du système de domination et de contrôle qui puisse avoir la moindre possibilité de porter des coups qui fassent vraiment mal. De nombreux groupes d’action et collectivités anarchistes ont ainsi tissé des réseaux d’affinités et se solidarisent avec les luttes de communautés libres ou qui résistent à la civilisation. Après avoir relu notre histoire, et observé des cas comme ceux de Bolivie ou celui d’el grillo [voir Caso Bombas] au $hili, ou encore la pression judiciaire à l’encontre des camarades qui résistent au Grand Jury aux États-Unis, nous nous inquiétons de savoir comment serait-il possible de vivre une affinité en portant le stigmate de la délation à nos côtés. Comment étendre la révolte avec le soupçon établi dans nos cœurs ?

La prison court dans nos veines.

Il est inévitable qu’une dissidence sérieuse et une vie anarchiste conséquente aient tôt ou tard à assumer une position vis-à-vis de la prison, que ce soit pour le simple fait que nous ayons des camarades enfermé-e-s aux quatre coins du monde ou parce que nous-mêmes risquons d’être détenu-e-s. Risques qui ne devraient pas être assumés seulement par celles et ceux qui sont aujourd’hui connu-e-s comme insurrectionalistes, mais par toute personne qui se soit déjà rendue à une manifestation, une révolte ou qui ait décidé que son opposition au système devait devenir action. En ce sens, la prison est une réalité qu’il est impossible de nier et, en conséquence, son refus radical devrait lui aussi être quelque chose d’irréfutable et non-négociable. Ce rejet radical s’appuie sur la base de la non-délation, et rien d’autre. Il s’agit de ne dénoncer personne. Aussi simple et radical que ça, parce que seule cette posture personnelle individuelle peut renforcer une collectivité en confrontation avec le pouvoir.

Appel contre la délation.

Se rendre “responsable” d’une position antagoniste envers la domination passe par bien plus que la signature d’un quelconque communiqué ou la “reconnaissance” plus ou moins publique d’actions déterminées qui, en essence, suppose la même logique de rendre quelque chose d’identifiable par la police. Et si l’anonymat, l’attention et les ombres font partie de nos responsabilités envers nous-mêmes, il nous est aussi indispensable de faire attention aux autres, et aujourd’hui en particulier des caméras, des yeux vigilants et, oui, de la société aussi.

Nous faisons donc cette invitation à l’analyse, à la mémoire critique, à l’action et à la propagande qui, au-delà de réduire cette lutte à une raillerie publique envers les délateurs, pointe plutôt vers une propagation constante de nos idées antagonistes et à la solidarité interne entre camarades pour nous renforcer les un-e-s les autres au sein de notre préparation en tant que personnes en lutte contre la domination, avec des liens solides qui nous permettent de mettre en jeu notre vie et notre liberté dans des environnement d’affinité et de confiance, que nous nous connaissions personnellement ou non.

Attaquer les caméras de vidéo-surveillance, les magasins qui les vendent et les centres qui les produisent, propager les idées de solidarité basée sur la non-délation, lutte contre la délation sociale et carcérale.

Pour la destruction des valeurs citoyennes policières !

Nous partageons une contribution des compagnons de l’Allemagne pour attaquer les caméras de vidéo-surveillance, ici (en espagnol).

traduit de l’espagnol

Brésil : Nuits blanches et ciels étoilés

fireLa Coupe du Monde au Brésil et les soubresauts internationaux de l’insurrection.

La Coupe du Monde n’est pas une question de foot. Si un pays est candidat pour l’organisation de cet événement, c’est parce que le foot remplit aujourd’hui la même fonction que le spectacle des gladiateurs dans la Rome antique, mais également parce que c’est une occasion inespérée pour l’Etat organisateur de faire avancer à pas de géant son développement économique et son rayonnement politique. La Coupe a un coût monstrueux, néanmoins le retour sur investissement promet presque à coup sûr d’être juteux. Le Brésil, considéré comme une des grandes puissances économiques mondiales, compte bien gravir encore des échelons en organisant la Coupe et les Jeux Olympiques.

Cliquez ici pour le PDF

[Bruxelles, Mai 2014] Ne restons pas les bras croisés

Ce tract a été distribué en marge d’une mobilisation à Bruxelles contre le renforcement du contrôle sur les chômeurs. Comme cette mobilisation rassemblait toute la faune et la flore de la récupération politique et syndicale, absorbant toute expression autonome possible de rage et de rejet, on a choisi de s’écarter de cette mise-en-scène ennuyante et d’aller distribuer le tract ailleurs dans la ville.

Cliquer sur l’image pour lire le tract en PDF.

Source : La Cavale / Traduction grecque ici.

[Mexique] Comment la solidarité aide le Système Techno-industriel

La solidarité qu’implante le S.T. vise toujours son bon développement. C’est l’une de ses valeurs et c’est le moteur que toute civilisation doit avoir pour se maintenir sur la ligne du progrès. Sans cette solidarité, la société qui se fixe à des lignes morales établies comme « acceptables » s’effondrerait. C’est pour cela que le système pousse les personnes à être aimables, tolérantes, à accepter l’égalité et la paix dans le cadre de ses principes. Pourquoi ? Pour que le système continue à fonctionner.

Cette solidarité peut être classée comme « solidarité promiscue ou indiscriminée », puisqu’elle ne met pas l’accent sur tel ou tel groupe sociale déterminé, c’est-à-dire que cette solidarité est applicable à toutes les personnes en général.

Le fait que plus de personnes se solidarisent avec des « groupes vulnérables » (comme les homosexuels, les femmes battues, les afro-américains chômeurs, les malades en phase terminale, les personnes enfermées, les enfants en danger, les immigrés défavorisés, les indigènes isolés, etc.) convient largement au système, parce que de cette manière les bons comportements de ces personnes se perpétuent laissant place à une convivence moralement pacifique au sein de cette société.

Si un groupe d’individus ou une personne ne rentre pas dans cette solidarité indiscriminée et ne la porte pas à la pratique, elle est vue comme un inadapté, un antisocial, ou, encore pire, un malade mental. Pour quelle raison ? Parce que son comportement et sa conduite sont antagoniques à la société qui l’entoure. C’est pour cette raison que l’inadapté actif est un danger pour ce système. C’est une menace qu’il existe des personnes qui n’acceptent pas ses valeurs, et décident de faire le contraire de ce que le système promeut. Continue reading [Mexique] Comment la solidarité aide le Système Techno-industriel

[Espagne] L’Anarchie est innévitable

En novembre 2013, cinq compagnon-ne-s anarchistes sont arrété-e-s à Barcelone accusé-e-s de l’attaque contre le basilique del pilar à Saragosse et d’appartenir à une organisation terroriste. Cette organisation serait, d’après la presse et le juge d’instruction de l’affaire, le « Commando Insurrectionnel Mateo Morral, appartenant aux Groupes Anarchistes Coordonnés, branche espagnole de la FAI/FRI (Fédération Anarchiste Informelle/Front Révolutionnaire International) ». Comme nous le savons, sur ces cinq compagnonnes, deux (Mónica et Francisco) se trouvent actuellement en prison, et tous ont les mêmes charges.

La police, l’Audience Nationale, la presse, l’Etat… perdent leur temps en cherchant des « organisation terroristes anarcho- insurrectionnalistes ». Ca ne sert à rien d’essayer de trouver des structures, des coordinations, des groupes ou des fédérations où frapper, puisque le vrai problème pour le système, et s’il ne le sait pas nous le lui disons, ce n’est pas une structure quelconque, mais les propres idées anarchistes et les individus rebels en personne.

Nous ne nions pas l’importance de se coordonner, de se connaitre, de communiquer, de tisser des liens, formels ou informels. Ce que nous disons purement et simplement c’est qu’en chaque individu existe la graine de la rébellion. Dans les idées anarchistes, et dans leur pratique, existe le germe qui détruira tout pouvoir. Tant qu’existera l’Etat ou n’importe quel type d’autorité il y aura des idées anti-autoritaires et des individus anarchiques disposés à en finir avec cette autorité.

Tant qu’il restera un-e seul-e anarchiste la lutte continuera. L’Etat peut toujours accuser qui il veut de ce qu’il veut et pointer ou essayer d’effrayer notre mouvement, nos structures et nos compagnonnes, ça ne lui servira à rien. Ca fait déjà longtemps que c’est ce qu’il essaye de faire. Dans cette tâche, l’Etat a été particulièrement lourd pendant l’année qui vient de s’achever. La presse a été particulièrement insistante avec le danger anarchiste, avec les attentats, avec les violents anti-systèmes qui infiltrent les manifestations. Le mécontentement est semé. Le germe de la rébellion existe et nous, anarchistes, continuerons à diffuser nos idées, nos manières de nous mettre en rapport (dans lesquelles l’autorité n’est pas admise), nos pratiques et nous continuerons à chercher des complicités avec tous ces opprimés qui veulent se libérer de leurs chaines ou qui essayent simplement de lutter contre ce qui les exploite chaque jour.

Toute notre solidarité avec Francisco, Mónica et les autres accusées de Barcelone.

Toute notre solidarité avec les compagnons anarchistes de Galice arrêtés en Janvier, accusés d’avoir attaqué un siège patronal.

Toute notre solidarité avec les compas arrêtées dans les diverses manifestations et révoltes aux quatre coins de l’état espagnole et du reste du monde.

Toute notre solidarité avec nos prisonniers et avec toutes les emprisonnées rebelles qui se battent pour leur dignité.

Respect et honneur au compagnon Sebastián Oversluij, mort au Chili, et pour toutes les personnes tombées dans la lutte contre l’autorité aux quatre coins du globe, tout au long de l’histoire.

Toujours fermes, toujours anarchistes. Contre toute autorité, comme l’ont dit d’autres compagnonnes avant nous, l’anarchie est inévitable.

Groupes Anarchistes Coordonnés
Mars 2014

« Avalanche – Correspondance anarchiste » – numéro 1 – mars 2014

cliquez sur l’image pour lire le numéro un (mars 2014)

“profitons-en pour faire un appel chaleureux à tous les compagnons qui se reconnaissant dans le projet d’Avalanche, de correspondance anarchiste internationale, d’y contribuer de la manière qu’elles estiment la plus adéquate ; a côté de nombreuses autres occasions et possibilités, nous espérons que ce projet offre une espace pour resserrer les liens et se propulser réciproquement dans la lutte anarchiste, au-delà des frontières”

Le numéro zéro ici. Pour des exemplaires, veuillez envoyer un mail à correspondance@riseup.net

AVALANCHE Correspondance anarchiste | Anarchist Correspondence

Bruxelles : Une journée noire à Anderlecht, allumons les torches!

Vendredi 17 janvier 2014. Encore une journée noire à Bruxelles. Dans l’après-midi, des policiers en civil de la zone Bruxelles Capitale-Ixelles pénètrent dans un immeuble près de la Porte d’Anderlecht. Munis d’un trousseau de clés “confisqué sur une personne arrêtée”, ils montent au deuxième étage et ouvrent la porte de l’appartement. Quelques instants plus tard, Maria Chidiri se retrouve morte sur le pavé de la rue. Elle aurait tenté de s’échapper par la fenêtre et aurait fait une chute fatale en s’agrippant à l’antenne parabolique qui se serait décrochée. La police refuse tout commentaire sur l’affaire, le parquet se limite à un laconique « elle était innocente dans cette affaire ». Il y a pourtant une chose à dire : Maria Chidiri a été assassinée par les larbins du pouvoir.

Alors, qu’elles se taisent, les autorités ! Qu’elles ferment leur sale gueule pleine de mensonges, leur version cherchant comme d’habitude à couvrir leurs mains qui assassinent. Mais nous, non ! Pas question de se taire ! A nous maintenant de crier, de crier notre rage et notre révolte contre ce monde qui tue au nom du contrôle et du pouvoir.

Inspirons profondément et crachons du feu. Les contrôles dans les rues se multiplient, les forces de l’ordre sont déterminées à imposer leur loi à tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas s’y tenir, les entrepreneurs et les dirigeants investissent massivement dans de nouveaux projets de construction pour laminer les quartiers populaires. Tout cela fait partie d’une même logique, d’un même projet pour Bruxelles : faire régner l’ordre, appeler et forcer tout le monde à marcher au pas de l’économie et du pouvoir, étouffer la révolte qui couve. La torture systématique dans les commissariats bruxellois va de paire avec une ville entièrement placée sous vidéosurveillance. La construction prévue de la plus grande prison de Belgique sur le sol bruxellois n’est qu’un autre volet de la guerre que le pouvoir mène aux pauvres, une guerre qu’il mène également en implantant des logements de luxe dans les quartiers populaires comme en militarisant les transports en commun. Si le pouvoir est bien conscient de ce qu’il est en train de faire, à nous d’être aussi conscient du choix qui se présente : ou se laisser faire ou se battre.

L’heure n’est peut-être pas à l’affrontement frontal avec le pouvoir, mais face à la guerre qu’il a entrepris contre le Bruxelles d’en bas, il faut reprendre l’initiative. Certains diront peut-être que nous sommes trop peu à vouloir et à oser se révolter, mais en fait, la question n’est pas là. Si le pouvoir tisse partout son filet de contrôle, il est pourtant loin d’être tout-puissant. Quand l’ennemi se présente en masse et occupe le territoire, comme tout pouvoir doit logiquement le faire pour faire courber l’échine aux opprimés, il faut agir en partisans. En somme, agir en petits groupes, mobiles et créatifs, pour saboter les projets du pouvoir. Mettre le feu aux chantiers qui annoncent la venue du pouvoir et du fric. Couper les câbles de la vidéosurveillance. Transformer les poubelles et les véhicules d’entreprises en autant de foyers de révolte. Débusquer les patrouilles de police isolées et vulnérables. Provoquer du désordre dans la routine quotidienne de la misère et de l’économie, comme faisaient ces vieux saboteurs qui coupaient l’électricité, sabotaient les chemins de fer et les métros, érigeaient de petites barricades sur les axes routiers pour bloquer la circulation. Mais également, créer des espaces là où s’est possible, pour se parler et se coordonner dans la lutte contre le pouvoir. Créer des espaces auxquels le pouvoir n’a pas accès, comme des marécages où ses troupes ne peuvent que s’embourber. C’est d’air aussi dont on a besoin, d’air frais et vigoureux si on veut que le vent de la révolte souffle.

Solidarité avec toutes celles et tous ceux qui se battent contre le pouvoir. Dans les quartiers comme dans les prisons, dans les centres fermés comme dans les rues.

Pour en finir avec ce monde qui tue et exploite au nom de la loi et du fric, ne nous taisons plus et partons à l’assaut.

Pour l’insurrection.

(Tract distribué dans le quartier d’Anderlecht, Bruxelles)

Une nouvelle publication anarchiste et internationale : « Avalanche – Correspondance anarchiste »

cliquez sur l’image pour lire le numéro zéro (décembre 2013)

Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.

AVALANCHE Correspondance anarchiste | Anarchist Correspondence

Italie : Sur la répression à Turin

Ce texte a été écrit avant les dernières arrestations du 9 décembre 2013.
Place nette ?

« Place nette ». Ainsi pourrait s’appeler, si elle avait un nom, l’opération que depuis avril dernier préfecture et parquet de Turin mènent contre des compagnons qui vivent et luttent principalement dans les quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo. Pourrait parce que, à la différence d’autres opérations judiciaires avenues ailleurs contre des anarchistes aux noms plus ou moins fantaisistes (Ardire, Mangiafuoco, Thor, Ixodidae, Outlaw, etc.) dans ce cas, les juges turinois ont, au moins pour le moment, choisi une autre voie. Plus discrète et anonyme, et qui pourtant ajoute quelques ingrédients à la recette de la répression en Italie.

Pas de « grosse enquête » qui implique un grand nombre de compagnons et les charge d’un délit associatif soutenu, la plupart du temps, par différents délits spécifiques, mais beaucoup d’enquêtes plus petites avec des chefs d’inculpations spécifiques pour lesquelles sont demandées et obtenues des mesures judiciaires de différents types. Non pas que ‘la grosse enquête » ait disparu de la projectualité de la préfecture : celle-ci continue probablement d’être proposée régulièrement et sans vacarme à la magistrature, car d’un côté elle justifie l’infinie prolongation des écoutes téléphoniques et ambiantes contre les compagnons, et de l’autre elle représente une carte à garder toujours prête. Pour donner un exemple turinois : le coup de filet de février 2010 avec lequel on accusait des participants à « l’assemblée antiraciste » de la ville d’association de malfaiteurs a été déclenchée tout juste deux mois après l’échec de frapper certains d’entre eux avec la surveillance spéciale. Les deux procédures avaient été montées parallèlement, une dans l’ombre et l’autre à la lumière du soleil : l’une ayant échoué, l’autre a été relancée. Évidemment nous ne saurions dire avec exactitude quelles cartes ont en main préfecture et tribunal en ce moment, ni plus comment ils les joueront cette fois (si l’une est l’alternative à l’autre, ou si l’une prépare le terrain de l’autre, par exemple). Mais nous pouvons identifier les particularités innovantes de ces dispositifs répressifs quand ils apparaissent.

Dans notre cas, par exemple, un quelconque délit de rébellion – imputé pour avoir tenté d’empêcher la police d’embarquer un ami ou un compagnon – assaisonné d’autres accusations comme blessures, violence ou vol avec violence selon le goût des juges, est repêché après quelques semaines et grâce à l’entente entre préfecture, procureur et juge d’instruction transformé en prison, résidence surveillée, obligation ou interdiction de territoire, signatures, selon le goût des juges. Les épisodes reprochés sont en général assez légers c’est pourquoi les mesures de détention (prison et résidence surveillée) prennent fin assez rapidement, mais pas les autres mesures qui, moins restrictives, sont scellées par des clauses plus flexibles, qui permettent une plus grande « insouciance » aux juges et reste ainsi en vigueur pendant des mois.

Pour qui a eu la « chance » de ne pas avoir été chassé de la ville, mais de s’être vu appliqué l’obligation de rester sur le territoire de Turin ou d’y signer, les juges adoptent actuellement un autre stratagème : au premier nouveau délit constaté la mesure peut être aggravée et transformée en prison ou résidence surveillée. La situation de Marianna et de Simona –incarcérées une première fois pour l’occupation de l’Unep, libérées immédiatement avec une obligation de signature puis ré-incarcérées parce qu’elles ont continué à participer à des initiatives et donc à être accusées de nouveaux délits– est exemplaire. Mais il n’est pas strictement nécessaire que le nouveau délit soit identique, ou même seulement similaire, à celui pour lequel elles étaient obligées à Turin, comme le démontre par ailleurs, plus récemment, la situation de Niccolò, qui, déjà soumis à une obligation de rester sur le territoire pour rébellion, a été arrêté pour vol et donc incarcéré suite à une aggravation de la mesure. Une fois découvert le mécanisme et des opérations similaires se succédant les unes aux autres, la préfecture a réussi à éloigner une quinzaine de compagnons des luttes turinoises aux moyens d’expulsions et d’interdiction de territoire. Continue reading Italie : Sur la répression à Turin

[Bruxelles] Texte extrait de Salto, subversion & anarchie, n° 3

les révoltes . . .

A t t a q u e

Comme un compagnon le résumait plutôt bien, il faut deux choses pour agir : des idées et des moyens.

Développer et comprendre ses idées, critiquer les préjugés et les lieux-communs, saisir le sens de son hostilité contre le monde qui nous entoure. Conquérir l’espace et le temps pour réfléchir, une chose qui devient toujours plus difficile dans ce monde ; discuter et approfondir avec quelques compagnons. Ne pas céder à la facilité et à la superficialité ; ne pas reculer devant les efforts qu’exigent la réflexion et l’approfondissement. Faire les choses vite ne va souvent pas de pair avec faire les choses bien. Découvrir les affinités ; vivre les ruptures inévitables ; tourner le dos à l’intégration, sa tromperie et ses promesses. Être cohérent et vaillant avec ses idées, avoir confiance en soi-même pour être capable de faire confiance à d’autres compagnons. Et ensuite, se décider à agir : composer la mosaïque de la compréhension et de la volonté pour passer à l’attaque.

A partir de là, il faut affronter des questions plus pratiques. Où puis-je assaillir et attaquer l’ennemi par surprise ? Où se trouve cet ennemi aujourd’hui, comment ne pas tomber dans le piège des fantômes et des images que le pouvoir exhibe autour de soi ? Pour frapper bien, il faut comprendre à travers quel temps et quel espace l’on se meut. Il faut être à l’affût pour saisir l’occasion en plein vol, mais sans attendre. L’attaque est une chose très sérieuse, mais elle est un jeu. Un jeu où les règles sont déterminées par la compréhension et la volonté des assaillants. On ne peut pas espérer que tout tombe du ciel d’un coup, il faut faire les efforts nécessaires pour étudier les moyens d’attaque à notre disposition, les aspects techniques de l’objectif à détruire, les pratiques pour détourner la surveillance. L’ennemi ne fait pas de cadeaux, l’attaque est une question d’intelligence rebelle et de volonté insurgée.

Rester encore sur la défensive signifie enterrer un peu plus la possibilité d’une transformation révolutionnaire, chaque jour pendant lequel la domination se maintient. Il s’agit de prendre l’initiative et de passer à l’assaut. Non pas pour prouver quoi que ce soit au pouvoir, ni pour attirer les projecteurs des metteurs-en-scène de la politique et de la représentation sur soi, mais pour frapper et détruire les structures et les hommes qui incarnent l’autorité. Comme un courant souterrain qui sape les édifices millénaires de la domination.

Si organisation il y a besoin, ce n’est qu’une simple question technique, une organisation des tâches pratiques. Les groupes d’attaque sont autonomes et indépendants, une garantie à ce que la créativité subversive ne puisse être réduite à un schéma unilatéral et figé, meilleure défense aussi contre les tentacules de la répression, meilleure situation imaginable pour rester agiles et imprévisibles. Uniquement à partir d’une telle autonomie, la coordination informelle et agissante est imaginable et souhaitable ; une coordination qui coïncide avec des perspectives et des projets partagés. Les petits groupes de feu ne sont pas séparés dans l’ensemble des activités révolutionnaires, ils en font partie. Ils nagent comme des poissons dans l’océan de la conflictualité sociale. L’archipel des groupes de combat autonomes livre une guerre diffuse qui échappe à tout contrôle, représentation et encerclement par la domination.

Personne ne peut croire que la révolution sociale et la subversion seraient uniquement l’œuvre des groupes d’action. Ils ne sont ni plus, ni moins que ce qu’ils sont et ce qu’ils sont capables de faire : un peu de levure dans la fermentation sociale, un peu de courage et de détermination face à la résignation et la collaboration, quelques suggestions par rapport à l’identification de l’ennemi et des destructeurs acharnés et passionnés. Mais individuellement, c’est la grande aventure d’une vie conçue comme révolte, le doux sentiment de palper parfois la cohérence entre ce que nous pensons et ce que nous faisons. La révolte, c’est la vie.

Rennes : Soirée de soutien aux anarchistes mexicains incarcérés

Le 2 octobre, une manifestation en commémoration du massacre du 2 octobre 1968 s’est tenue à Mexico. Elle a été rejointe par les profs en grève qui occupent la place principale de Mexico et de nombreuses organisations anarchistes. La manifestation, cernée par un dispositif policier impressionnant, s’est changée en émeute durant laquelle de nombreux camarades ont été arrêtés.
11 d’entre eux ont été emprisonnés, dont 8 furent finalement libérés une semaine après sous caution.
Certains sont toujours derrières les barreaux, faute de pouvoir payer la caution ou voyant leur demande rejetée pour “récidivisme”.

Pour un soutien financier (notamment pour payer les cautions d’un prix exorbitant), mais aussi et surtout pour un soutien moral international et une diffusion locale de l’information libre et de la solidarité, nous organisons une soirée de soutien ce vendredi 8 novembre.

5 groupes sont programmés:
– Angie Blue (chant et piano)
– Téméraire (Hip hop)
– Les Fausses Notes (punk musette)
– Shock (punk)
– Glook Machine, Peter Poch et Jimmy Spliff (mix rocksteady)

A l’élaboratoire (17 bis rue du Chardonnet), à partir de 21H. Entrée: 1 euro minimum. Les bénéfices seront reversés à la Cruz Negra Anarquista Mexico.

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Uruguay : La liberté jusqu’à l’excès

Le 14 août 2013, des émeutes éclatent lors d’une manifestation à Montevideo en Uruguay. Se déroulant chaque année, cette manifestation avait lieu pour commémorer la mort de l’étudiant Liber Arce, assassiné par la police en 1968. Sont attaqués des symboles de l’État, du capital et de la religion (des distributeurs de billets, des banques, des bâtiments du gouvernement, des églises, des magasins de luxe, des restaurants …). Après la manifestation, deux anarchistes sont arrêtés par des flics qui étaient infiltrés dans le cortège. Les compagnons ont été inculpés mais relâchés.

Le 24 août, sur le chemin vers une autre manifestation de commémoration (à l’hôpital El Filtro, où il y a eu un mort en 1994 lors d’affrontements entre des flics et des manifestants qui essayaient d’empêcher que de présumés membres de l’ETA soient expulsés vers l’Espagne), 12 anarchistes sont arrêtés par les services secrets de renseignement, le département des opérations spéciales et Interpol. Les compagnons sont emmenés au commissariat où ils sont photographiés et interrogés sur la manifestation du 14 et leur participation à des groupes anarchistes. Tout cela est accompagné de coups, d’insultes, de menaces de torture et de viol. Un compagnon est menacé avec une arme. Personne n’a été conduit devant le juge et le même soir, tout le monde est relâché sans accusation.

Le 29 août, une compagnonne qui réside en Uruguay doit se rendre au service d’immigration. Là, elle est arrêtée par la police sur ordre des services de renseignement. Le lendemain, une autre anarchiste est poussée dans une voiture de police et conduite au commissariat. Les deux compagnonnes sont interrogées à propos de leur participation au mouvement anarchiste. Elles sont toutes les deux relâchées sans accusation le 30 août.

Entre temps, plusieurs textes sont sortis autour de ces coups répressifs. En beaucoup d’endroits à Montevideo, des tracts ont été distribués et une manifestation a été prévue. A Buenos Aires (Argentine), la compagnie de ferry qui navigue à Montevideo et l’ambassade d’Uruguay ont reçu des visites nocturnes de solidaires.

Voici une traduction du texte qui est apparu dans un journal d’agitation local et sur le blog du journal Anarquía.

La liberté jusqu’à l’excès 

« Que nos paroles aillent de pair avec ce que nous faisons, et que les autres apprennent à le prendre en compte … »

Si c’est la banque qui me tient endetté, moi et ma famille, si elle garde l’argent qu’elle rend nécessaire pour vivre et ensuite le retire de ceux qui en ont le plus besoin, pourquoi est-ce que je devrais la respecter, pourquoi est-ce que je ne devrais pas l’attaquer ? Une vitrine vaut-elle plus que de montrer la nocivité de l’argent ?

Si c’est l’église qui vit du mensonge, si elle est responsable d’avoir maintenu pendant des siècles et aujourd’hui encore, des milliers de personnes sous la soumission de son autorité et d’avoir imposé une morale ajustée aux intérêts des puissants, pourquoi est-ce que je ne crierais pas contre elle, pourquoi est-ce que je ne briserais pas ses vitres ? Des vitres valent-elles plus que la liberté des gens ? Continue reading Uruguay : La liberté jusqu’à l’excès

Allemagne : Sur les événements récents à Hambourg

Voici un article du bulletin anarchiste “Wut im Bauch” (« Rage au ventre », distribué seulement en format papier) à propos des événements récents à Hambourg. Il y a aussi un court compte-rendu de la « promenade sauvage » contre le contrôle, qui s’est passé récemment. Les textes en allemand et en anglais.

Hors de contrôle

Durant les derniers mois, à Hambourg il y a eu une vaste campagne de répression d’état et de contrôle. Certains de ces événements méritent d’être examinés de plus près. Les quelques exemples donnés ici ne sont qu’une petite sélection de la répression quotidienne, mais ils donnent une image précise des évènements récents et devraient être compris comme des expériences par les gardiens de l’ordre. Ils veulent créer un climat de peur permanente et  de respect intact envers leur ordre, afin d’assurer son bon fonctionnement.

Démasquons et menaçons les « zones de danger »
Ce qui est depuis longtemps déjà la réalité à St. Georg autour de la Hansaplatz, et à St. Pauli (autour de Reeperbahn, le quartier chaud de Hambourg) a, depuis le premier juin 2013, gagné le quartier Schanzen. Une zone de danger permanent a été établie, et les flics sont autorisés à effectuer des contrôles à tout moment, à tout endroit. Les scénarios liés à ça et leurs effets sont clairement visibles dans le quartier St. Georg. Des groupes importants de flics sont spécifiquement là pour contrôler et  harceler ceux qui sont indésirables, par exemple ceux qui ne peuvent rien se payer ou ceux qui sont exclus sur la base de la pensée raciste. Ce qui se passe ici, sous le prétexte de la sécurité, est facile à révéler.

À St. Georg les travailleuses du sexe doivent être éliminées et les personnes plus faibles socialement, c’est-à- dire financièrement, devraient être déplacées afin de développer le secteur et le rendre plus rentable. Dans le cas du quartier Schanzen les objectifs sont les mêmes, mais la zone dangereuse ici est principalement orientée vers le milieu de la drogue, et contre ceux qui sont « migrants d’apparence », et donc, par des motifs racistes, automatiquement associés. Soyons clairs : les flics n’ont pas besoin d’une justification spéciale pour les contrôles. S’il y a le moindre doute, la loi est de leur côté. Les zones de danger remplacent les grandes démonstrations de pouvoir et les campagnes ciblées de répression par le harcèlement et le contrôle permanent.

Ne tolérons rien
Le 11 juillet en soirée, sur Holstenstraße, un affrontement entre des jeunes et la police a eu lieu. Encore une fois, les flics avaient contrôlé un petit groupe de jeunes et, selon des critères racistes clairs les personnes qui ne rentrent pas dans le tableau de la police ont été harcelées. Sur cette fin de soirée ils se sont défendus et se sont affrontés avec la police, entraînant des blessures et des arrestations. Les habitants ont exprimé leur solidarité et ont donc émis un doute sur l’image acceptable de l’application de la loi. Dans les jours suivants il y avait une atmosphère de tension autour de la Holstenstraße. Les soirées suivantes, des groupes de centaines de personnes se sont rassemblées en grands groupes, en partie pour montrer leur solidarité. Les flics ont occupé les environs et faisant des va-et-vient dans la même rue à une minute d’intervalle, avec des flics en civil prêts à être déployés au cas où. Des éclats de rage ont suivi. Continue reading Allemagne : Sur les événements récents à Hambourg

Sans relâche – A propos des récents coups répressifs contre les anarchistes et antiautoritaires sur le territoire belge

Sans relâche

A propos des récents coups répressifs contre les anarchistes et antiautoritaires sur le territoire belge

Petit rappel des faits

Depuis plusieurs années, différents coups de pression contre des anarchistes et des antiautoritaires sur le territoire belge se sont succédés. Les perquisitions qui ont eu lieu en septembre 2013 dans cinq domiciles à Bruxelles, Gand et Louvain en sont le dernier épisode. Fin mai, trois autres domiciles et la bibliothèque anarchiste Acrata avaient déjà été perquisitionnés. Ces initiatives de la juge d’instruction Isabelle Panou se situent dans le cadre d’une enquête pour « organisation terroriste, association de malfaiteurs et incendies volontaires », ouverte en 2008. Mais les forces répressives ne se sont pas limitées à ces perquisitions. A plusieurs reprises, elles ont cherché à recruter des mouchards pour espionner les activités d’anarchistes et d’anti-autoritaires. Elles ont eu recours aux « méthodes d’enquête extraordinaires », cachant notamment une caméra de vidéo-surveillance à l’intérieur de l’appartement de deux anarchistes bruxellois. Elles effectuent également des surveillances, dressent des rapports sur « la menace anarchiste », organisent des tracasseries administratives pour compliquer la vie des compagnons, passent des informations sur des individus à d’autres polices dans le monde, lancent des convocations pour des interrogatoires, publient de calomnies dans la presse etc. Plusieurs compagnons ont aussi fait de courts séjours de quelques semaines derrière les barreaux. Bref, en plaçant tous ces faits dans un cadre plus large, on comprend aisément que la répression cherche par plusieurs biais à freiner ou paralyser les pensées et les actes qui visent à détruire ce monde d’autorité. Cela ne nous amène néanmoins pas à parler d’un lourd climat répressif comme ce qu’on peut voir dans d’autres pays. Soyons clair sur ce point : c’est loin d’être le cas. De toute façon, il n’y a rien d’étonnant ou de particulier au fait que les forces de l’ordre aient des intentions malveillantes vis-à-vis des ennemis de l’autorité.

L’enquête vise vraisemblablement un certain nombre de luttes, d’agitations et d’initiatives, de plus ou moins forte intensité : la lutte contre la prison et la solidarité avec les mutineries dedans ; celle contre la construction du nouveau centre fermé à Steenokkerzeel et la machine à expulser ; les initiatives et attaques contre les veines de la ville-prison (construction de nouvelles lignes de train rapide RER autour de Bruxelles et transports en commun en général) ; l’agitation contre les huissiers, contre l’OTAN et sa présence à Bruxelles, contre les institutions européennes et les eurocrates ; ou encore la lutte contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles…

Où-en sommes nous ?

Si on peut se triturer les neurones pour analyser les manœuvres répressives de l’État, cela nous intéresse davantage de continuer à porter notre attention sur ce que nous pensons, ce que nous voulons et comptons faire pour critiquer ce monde de marchandises et de pouvoir, pour encourager la remise en question et le refus, pour diffuser la révolte contre tout ce qui nous opprime. En effet, au long de ces années, des luttes ont vu le jour, même si elles ont souvent été menées dans des conditions pas nécessairement très favorables et entourées par les marasmes de la résignation. Des idées corrosives ont été diffusées, discutées et partagées, des centaines d’actions, d’attaques et de sabotages – de toute forme, mais toujours hostile au pouvoir – ont parsemé des parcours de lutte et de révoltes. Des complicités ont été nouées, des solidarités se sont exprimées, des affinités se sont approfondies et à quelques reprises, on a pu voir le béton de l’oppression et de la soumission se fissurer.

Il va de soi que l’approfondissement et l’affûtage des idées anarchistes dans ces contrées n’ont pas échappé à l’attention des chiens de garde. La critique de la fixation quantitative et du fétichisme de l’organisation formelle, le refus de toute médiation et de toute représentation politique ont contribué à faire naître des espaces informels, affinitaires et autonomes, où les idées cherchent à aller main dans la main avec la pratique et l’offensive. C’est ainsi que des compagnons ont commencé à frayer, chacun et chacune, leur propre chemin pour affronter la domination, combattant les logiques politiciennes, refusant la paralysie de l’attente et armant leurs cerveaux et leurs mains pour détruire ce qui est juste intolérable. C’est la liaison passionnelle et individuelle entre idées et volontés, entre désirs et critiques qui les pousse à agir pour frapper les structures et les hommes de la domination au moment et de la manière qui leur semblent justes et opportuns, prônant en même temps le sabotage et l’attaque comme des moyens à la portée de toutes et de tous qui veulent se battre pour la liberté. Parfois ces compagnons ont rencontré, dans les rues ou dans des révoltes partagées, d’autres rebelles, d’autres réfractaires qui se battent à leur manière contre ce qui les opprime. Si le pouvoir pourrait bien avoir peur de quelque chose, c’est sans doute de la possibilité d’une contamination toujours plus vaste, d’idées et de pratiques ; de la reconnaissance réciproque entre rebelles et révoltés ; de la rencontre entre les différentes rébellions (dans les prisons, dans les quartiers, dans les camps de travail, dans les centres fermés, dans les camps d’éducation, dans les camps de récréation,…) qui perturbent encore de temps en temps le cauchemar d’une vie passée à bosser, consommer, subir et dormir. Continue reading Sans relâche – A propos des récents coups répressifs contre les anarchistes et antiautoritaires sur le territoire belge

Quelques lignes sur le TAP (Trans Adriatic Pipeline)

Un bref résumé

Le gazoduc ou méthanoduc TAP (Trans Adriatic Pipeline) devrait parcourir environ 900 km, partant de la Mer Caspienne pour atterrir dans le Salento [extrémité Sud des Pouilles, NdT], sur le rivage de San Foca (province de Lecce), pour transporter du gaz naturel. Fin juin, le consortium de Shah Deniz en Azerbaïdjan, composé entre autres de British Petroleum, Total et Statoil, a fait son choix en faveur du Tap, le préférant au projet Nabucco qui aurait dû parcourir la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie et l’Autriche. Le projet Tap, holding composé de Axpo (suisse), E.On (allemand) et Statoil (norvégien), a été considéré d’intérêt stratégique par le gouvernement italien et l’Union Européenne et approvisionnera le marché européen du gaz.

Quelques questions

L’opposition au Tap, comme à n’importe quelle nuisance, tout comme une lutte contre une prison, constitue une « lutte partielle » classique ; partielle, pour être clairs, pris non pas dans une acceptation négative, mais dans le sens de la définition d’un aspect particulier. Mais avoir un horizon plus vaste dans tout ce que nous faisons et dans les luttes que nous menons, essayer d’identifier le pouvoir et l’autorité, de n’importe quel type et dans toutes leurs configurations, et tenter de nous y opposer, voilà le but que nous nous posons . Notre perspective devrait être à la base de notre action, une pensée qui nous accompagne en permanence en plus d’un mode d’approche des luttes. Quand on s’oppose à la guerre, à des nuisances, à une prison, à la répression, à l’exploitation, à l’autorité, à la morale, il faudrait toujours garder à l’esprit tous ces aspects et essayer d’avoir une vision d’ensemble. Un exemple : quand on s’oppose à une centrale nucléaire, on s’oppose à la nuisance qu’elle représente, à la destruction irréversible de l’environnement, mais ce que l’on a à l’esprit c’est aussi l’usage qui sera fait de cette énergie nucléaire, son utilisation pour continuer à reproduire un système économique et industriel d’exploitation, ou à perpétuer la vie super-technologique et super-contrôlée des villes à la mesure des marchandises plutôt qu’à la mesure de l’homme. Cet exemple, qui peut être valable dans beaucoup d’autres cas, pose un problème. Peut-on s’occuper d’une lutte en sectorisant, en séparant, en différenciant ? Continue reading Quelques lignes sur le TAP (Trans Adriatic Pipeline)

Quelques idées sur le mouvement zapatiste

En parlant du mouvement zapatiste on pourrait  croire que c’est un mouvement contemporain sans racines dans le passé. Cependant le zapatisme tel que nous le connaissons aujourd’hui est en réalité une récupération du mouvement dirigé par Emiliano Zapata au début du XX° siècle, durant la période de la guerre civile connue comme la Révolution Mexicaine.

Sous la devise de “la terre est à celui qui la travaille“, Zapata avait réuni plus de 27 mille hommes et femmes, la majorité des indigènes et paysans du sud du pays, dans l’Armée Libératrice du Sud afin qu’ils luttent pour la récupération des terres qui avaient été confisquées par des notables et des grands propriétaires terriens, un point que le gouvernement soi disant révolutionnaire de Francisco I Madero n’avait pas voulu inclure dans son plan de gouvernement, ce qui lui valut une rupture avec eux. Cette rupture implique que les zapatistes, à travers le plan Ayala, ne le reconnaissent pas (et les deux présidents suivant ) et construisent un mouvement autonome du pouvoir étatique qui perdure formellement jusqu’à 1919 (année de l’assassinat de Zapata), mais qui informellement continue d’être en vigueur pendant tout le XX° siècle.

Le premier janvier 1994, le jour commence avec en gros titres dans tous les journaux : Trois mille indigènes qui s’appellent eux-même Armée Zapatiste de Libération Nationale, prennent la tête de sept communes au Chiapas. Ils lancent une déclaration de guerre contre le gouvernement et annoncent leur intention d’arriver jusqu’à la capitale du pays. Le soulèvement dura 12 jours, durant lesquels de nombreuses personnalités (religieuses, intellectuelles, culturelles), collectifs, organisations, individus … demandent l’arrêt de l’affrontement. Continue reading Quelques idées sur le mouvement zapatiste

Note sur les manifestations et révoltes au Brésil

Au cours des dernières semaines de grandes manifestations se sont répandues dans les rues, avenues et autoroutes de plusieurs villes du Brésil. Discutables, manipulatrices et policières, les nouvelles divulguées par les mass médias ne coïncident pas avec les faits, actions et motivations observées dans les rues. Écrit collectivement dans le cadre du Réseau Anticapitaliste et non Partisan d’Information Politique (RAAIP), le récit qui suit nous présente une perspective informative et libertaire de ces manifestations. Cet effort de communication autonome a comme objectif d’informer des individus et organisations libertaires d’autres pays, de faire en sorte que soit connu publiquement certains antécédents de ces manifestations, l’indignation collective face à la violence étatique, la manipulation médiatique des faits, et la lutte des peuples contre l’injustice sociale et l’exploitation au Brésil.

Brazil Soccer Confed Cup Protests

Contexte

Au cours des dernières années les élites brésiliennes ont fait la promotion d’une série d’actions pour consolider le passage en force de leur projet de capitalisme/étatisme national. En ayant comme référence les politiques de développement de pays comme la Chine et l’Afrique du Sud, à travers des coopératives public-privées, l’État fait la promotion de différents programmes d’accélération de la croissance (PACs) en accord avec l’Initiative pour l’Intégration de l’Infrastructure Régionale Sud Américaine (IIRSA). Pour mener à bien ce programme ils déboisent des zones de forêt chaque fois plus grandes, ils construisent des barrages sur des grands fleuves pour générer l’énergie pour des zones industrielles grâce à des grosses centrales hydroélectriques. La construction d’infrastructures pour la promotion de l’industrialisation lourde se fait une fois de plus au détriment des populations dans le besoin et des peuples indigènes expulsés de leurs territoires. Les transports de passagers et de marchandises au Brésil dépendent en grande partie des combustibles fossiles qui sont chaque fois plus chers. Tous les ans les prix des aliments augmentent. Les politiques de production du biodiesel promues par le gouvernement mènent le pays à une crise alimentaire sans précédent. Chaque fois plus de terres cultivables utilisés pour l’alimentaire sont destinées à la production de biocombustibles. Dans beaucoup de villes, capitalistes et étatistes profitent de la hausse des combustibles pour surtaxer annuellement les transports publics qu’ils contrôlent. Ces trois dernières années la spéculation immobilière a aussi connu une augmentation jusqu’à 15O% dans les prix de location et terrains urbains. Comme résultat, un pourcentage chaque fois plus significatif de la population ne peut pas faire face aux dépenses basiques.

Les cas de corruption sont extrêmement courants au Brésil. Les gouvernants augmentent leurs salaires et bénéfices arrivant à dépasser jusqu’à dix fois le salaire minimum qui est de 650 reals (équivalent à 220€).

Cela fait plus d’une décennie que les mass médias ont commencé à faire de la propagande autour de l’idée de la Coupe du Monde au Brésil comme source de grands bénéfices pour toute la population. Dans le discours diffusé, la coupe serait la meilleure manière de “relancer  l’économie, créer des emplois et stimuler le tourisme “. Dans la pratique, rien au delà de la réalité. La Coupe du Monde a servi de fusion pour le développement des politiques de contrôle, de distraction des masses et d’ingénierie sociale. Des milliers de familles sont expulsées de leurs maisons pour laisser place aux travaux d’infrastructures de la coupe qui se réduisent a des politiques de gentrification et de spéculation immobilière. Dans ce contexte des lois ont été approuvées, comme la PL 728/2011, qui établit l’état d’exception durant la Coupe, créant des corps spéciaux pour protéger les intérêts de la FIFA et de la CBF, criminalisant et persécutant les mouvements sociaux et dissidences politiques, définissant comme terroriste n’importe quelle manifestation publique d’indignation ou de mécontentement. Continue reading Note sur les manifestations et révoltes au Brésil

Turquie : ça n’est que le début, continuons

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Il s’agit d’une révolte

Les projets d’aménagement urbain menacent depuis longtemps les espaces de vie des habitants d’Istanbul. Démolitions de bidonvilles en premier, puis 63 millions de mètres carrés de forêts à être saccagés pour construire le troisième pont, des centres commerciaux construits les uns après les autres, hôtels de luxe, et pendant ce temps le projet s’est poursuivi, le prochain était le parc Gezi. Les habitants d’Istanbul ont continué à résister à tous ces projets qui menacent la vie. Jusqu’à ce que des pelleteuses viennent au parc Gezi et déracinent les arbres; Jusqu’à ce qu’une « poignée de marginaux » revendiquent les arbres et leurs ombres et disent : « Ne déracinez pas les arbres, ne construisez pas de centre commercial dans le parc Gezi». Cette manifestation a été présentée comme un action « écologique et pacifique », jusqu’à ce que la police déclenche une opération tôt le matin et étouffe de gaz la zone du parc. L’État doit avoir «beaucoup» à en tirer car il essaie de réprimer cette protestation pacifique aussi durement qu’il le peut. La violence policière a augmenté au cours des derniers mois, et les manifestants se sont exposé à elle de façon inespéré. Des députés des partis d’opposition et des artistes sont venus au parc Gezi pour protester contre cela et pour soutenir les résistants, mais ils ont aussi eu leur part de terreur d’État.

Au premier jour de la démolition, l’État ne pouvait pas obtenir ce qu’il voulait à cause de cette situation. Les manifestants sont restés dans le parc Gezi pour la nuit. On ne sait pas s’ils s’attendaient à une attaque le lendemain matin, mais tous les manifestants ont été jetés hors du parc au cours de la descente de police à l’aube. La police a brûlé des tentes, des couvertures et des affaires des manifestants. Les vidéos de manifestants exposés à des tirs de grenades lacrymogènes en continu et violemment arrêtés réveillent la rage dans chacun de ceux qui les regardent.

Bien sûr, cette rage n’est pas une rage pour une seule manifestation. Cette rage a été accumulée, accumulée à cause de la violence policière croissante.

Ce sont les attaques avec des grenades lacrymo, matraques et armes à feu qui ont créé cette rage. C’est l’interdiction du Ier mai , l’assaut sur Dilan Alp, et la mort de Şerzan Krut, Metin Lokumcu, Aydin Erdem … ce qui a créé cette rage est bien plus que quelques jours. C’est l’oppression croissante, les restrictions, la censure, l’exploitation économique … Ce qui a créé cette rage c’est l’État qui exerce dangereusement son pouvoir sur les gens, sans relâche et sans remettre en cause sa légitimité.

Ceux qui attribuent le « soulèvement populaire » à une forme d’action post-moderne devrait jeter un regard lucide sur ce fait. Les gens sont venus spontanément dans les rues parce qu’ils ont ressenti fortement l’oppression sociale, politique et économique. Ces événements ne sont ni une lutte de quelques jours comme le disent les médias de masse aveugles et sourds, ni influencés par des «groupes marginaux» comme les chefs du pouvoir d’État l’affirment.

Il est temps de lever le rideau tiré devant les yeux. Il s’agit d’une révolte. C’est la réponse du peuple contre le terrorisme d’État, la violence policière et l’exploitation capitaliste. C’est la fin de la légitimité du nouveau pouvoir d’État qui avait gagné l’amour des autres États, des institutions internationales et des multinationales. Continue reading Turquie : ça n’est que le début, continuons

Grèce: Texte de Tasos Theofilou depuis la prison de Domokos

Le texte suivant a été écrit seulement 24 heures avant la fabuleuse évasion de la prison de Trikala le 22 mars 2013.

Il y a probablement un intérêt à commenter les 2 dernières tentatives d’évasion de prisons de haute-sécurité en Grèce : l’une de la prison de Trikala avec un hélicoptère, l’autre de la prison de Malandrino avec un petit coup de bluff.

Dans le premier cas il est clairement apparu que la police, afin de renforcer le principe de tolérance zéro, n’a pas hésité à ouvrir le feu et à mettre en danger la vie de douzaines de personnes, en invoquant l’intention d’empêcher une évasion, acte qui constitue un délit…

Dans le deuxième cas, on a vu qu’un prisonnier pouvait réussir en faisant passer un simple dispositif radio pour une bombe télécommandée, quand les mécanismes d’application de la loi savent qu’il ne plaisante pas avec sa liberté. Et même s’il n’a finalement pas réussi à s’échapper, il a gardé sous pression tout le personnel de la prison pendant 24 heures, avec la détermination comme seule arme.

Mais ce qui importe vraiment dans ces 2 évènements, c’est l’altération de la signification de l’évasion, et sa transformation en une question individuelle du prisonnier. Jusqu’à la fin des années 90, révolte et évasion étaient 2 concepts presque interdépendants. Une révolte dans une prison était habituellement le résultat d’une tentative d’évasion de masse. Les détenus tentaient de fuir ensemble, certains réussissaient à s’échapper, d’autres dans leur tentative étaient blessés par les balles des flics, le reste était obligé de retourner à l’intérieur, et ils mettaient le feu à la prison. Les causes de cette altération doivent être recherchées, d’une part dans le perfectionnement de la technologie et de l’architecture répressives, d’autre part dans l’individualisme sans précédent des prisonniers contemporains.

Les prisons modernes sont conçues pour le maximum de sécurité, utilisant à la fois des méthodes physiques et électroniques. Il y a des caméras de surveillance à chaque coin de chaque aile de prison, qui sont parfaitement carrées et dépourvues de tout élément naturel. Il y a des portes sécurisées qui ne s’ouvrent que depuis les salles de contrôle. Un autre détail important est que de nos jours le toit, refuge élémentaire des révoltés de prison, n’est presque plus accessible d’aucune manière.

De plus, la composition de la population carcérale a elle-même changé durant la dernière décennie, ce qui a aussi largement changé la perception qu’ont les prisonniers. La population carcérale n’est pas composée de criminels assoiffés de sang ou de hors-la-loi romantiques. Elle est constituée de migrants d’Afrique et d’Asie qui dans la plupart des cas ne savent ni parler grec, ni pourquoi ils sont en prison. Elle est composée de toxicomanes, dont la place devrait être l’hôpital. Elle est constituée de petits délinquants effrayés et de créanciers, la nouvelle tendance dans les prisons grecques. Elle se compose aussi de parrains et de voyous du monde de la nuit qui, en échange de quelques privilèges, maintiennent un équilibre entre corruption et paix sociale dans les prisons grecques.

Les relations entre les prisonniers sont fausses, hypocrites à en avoir la nausée, et diplomatiques; un jeu de domination qui agit comme un frein à la construction de relations de confiance, une réalité réduisant par conséquent tout esprit combatif qui demanderait de la solidarité. Les prisonniers sont divisés selon les pays et les races, selon les courtes ou les longues peines, selon les différentes infractions qu’ils ont commis, selon les conflits personnels découlant souvent de la drogue ou de petits intérêts personnels, ce qui détruit tout esprit communautaire qui aurait pu être créé entre eux. En fin de compte, tout prisonnier qui veut faire valoir sa liberté est encouragé à le faire seul ou avec quelques amis. Les solutions collectives semblent être d’un romantisme désuet appartenant aux années 90.

Et pourquoi tout cela est-il important ?

Parce que la prison n’est pas le reflet de la société. C’est plutôt le terrain sur lequel sont condensés toutes les fonctions, valeurs, traditions, déontologie et problèmes de la société. En regardant et en analysant ce qui se passe à l’intérieur, chacun est à même d’interpréter l’inertie sociale en dehors des murs.

Les hélicoptères pour les évasions de prison sont à la fois spectaculaires et légitimes, mais les flammes de la révolte en prison sont encore plus belles. Nous ne devons pas cesser de rendre hommage à ceux qui ont réussi ou mêmes tenté de s’évader, mais nous ne devons pas oublier que le but ne doit pas seulement être de s’envoler au-delà des murs, mais de danser sur leurs ruines.

Anastasios K. Theofilou
Aile E1, prison de Domokos

le 21 mars 2013

France : Message de solidarité de personnes de la ZAD et d’ailleurs

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Message de solidarité de personnes de la ZAD et d’ailleurs (France), une zone occupée contre la construction d’un aéroport international et la métropolisation.

Nous avons eu écho, non sans plaisir, des réactions dans plein de pays en solidarité avec les expulsions du mois de décembre à Athènes ; États-Unis, Inde, Angleterre, Canada, Australie, Japon, Chili… et également des nombreuses actions, et manifestations à travers la Grèce.

En dépit des différences de contexte entre ici et ailleurs, les mêmes mécanismes de répression s’abattent sur toutes celles et ceux qui luttent contre l’imposition de ce que doivent être nos vies, qui veulent une liberté qui a une saveur autre que la triste liberté de survivre dans leur compétition mondiale en fermant sa gueule.

Nous voulions exprimer notre soutien à tout les lieux auto-gérés, véritables viviers d’expérimentation où se diffusent et se dessinent les idées et perspectives anti-autoritaires dans de multiples domaines. C’est entre autres, au sein de ces espaces politiques, sociaux et culturels que se développent et se répandent les idées subversives par les rencontres et les innombrables activités qui s’y déroulent : théâtre, cantines et concerts de soutien, discussions, jardins collectifs occupés… Et aussi par le rapport à la conflictualité qui s’y déploie lorsque l’État décide de faire le ménage.

Ces lieux autours desquels s’organisent des luttes pour un monde sans frontière, ni pouvoir et autour desquels gravitent de nombreuses personnes exclues ou ne voulant plus vivre dans leurs schémas aliénants.

1 Expulsion : 10 Nouvelles occupations ! Continue reading France : Message de solidarité de personnes de la ZAD et d’ailleurs

Renzo Novatore, “Le rêve de mon adolescence”

Que la sagesse des lâches pourris ne se moque ni ne se scandalise de l’idiote chasteté des demoiselles bien comme il faut.

Je suis une adolescente précoce qui après un long voyage accompli à travers les labyrinthes phosphorescents des profondeurs les plus effrayantes remonte vers le sommet pour chanter au soleil la sacrilège et superbe chanson de ma vie encore jeune et libre. Quelqu’un m’a dit : “Tu seras femme, tu seras épouse, tu seras mère ! …”

Et j’ai répondu par la question suivante : que veut dire femme, épouse, mère ? Je ne dirai pas ici ce que l’on m’a répondu ; je sais juste qu’en y pensant j’en ri, j’en ris encore. L’Amour compris comme une mission ? La femme épouse et mère ?

Non non non ! Je ne serai pas épouse, je ne serai pas mère ! Ma révolte ne peut s’arrêter à mi-chemin ni tomber dans l’erreur. Ma révolte -en plus de le faire contre la famille -lance aussi ses dards contre la nature. Je ne veux pas être épouse, je ne veux pas être mère. Non, non, non !

* * *

Hier soir je me suis déshabillée devant le miroir et je me suis regardée longuement. J’ai vu mon corps de chair entouré d’une onde de lumière qui avait de petits frémissements. Je ne sais pas bien pourquoi, mais je me suis adorée…

Les tétons durs se dressaient superbement sur les seins, trésors de blancheur laiteuse. Mon ventre lisse et rond me donnait l’impression d’être quelque chose de modelé dans l’ivoire le plus fin de la main miraculeuse d’un artiste divin.

J’avais des boucles blondes de cheveux ondulant dans les courbes du dos et les yeux aux paupières humides légèrement entourées de violet et de noir. Le duvet couronnant la basse rondeur de mon ventre ressemblait à une aile d’or sur le dos sacré des anges du ciel. Ma bouche rouge ressemblait à une grenade mûre, ouverte aux caresses blondes du soleil.
Je me suis approchée du miroir et j’ai embrassé avec passion le reflet de mes lèvres…

Je ne sais pas si dans ma vie j’ai déjà désiré avec autant d’intensité qu’hier soir quand j’ai désiré être moi-même un homme pour laisser tomber sur le lit ce corps blanc virginal que le mystère me montrait dans le miroir limpide.
Mais l’idée de l’étreinte m’a donné une autre idée.

Chaque cause a son effet… Continue reading Renzo Novatore, “Le rêve de mon adolescence”