Quelques mots écrits par des anarchistes de Pandora avant leur arrestation :
Pour celles et ceux qui luttent, la solidarité n’est pas un concept vide, éloigné de notre capacité offensive et des conflits qui se développent au sein même de la lutte.
Pour celles et ceux qui luttent, la solidarité n’est pas une « affaire » qui n’émerge que lors de « moments » répressifs concrets, parce que la répression n’est pas un « moment », sinon une part inévitable et permanente des mécanismes de l’État contre celles et ceux qui se rebellent.
Pour celles et ceux qui luttent, la solidarité entre celles et ceux qui se soulèvent contre la misère quotidienne est une constante qui permet de créer et de maintenir des liens combatifs qui brisent le cercle du harcèlement, de l’isolement, de la prison et/ou de l’immobilisme.
Pour celles et ceux qui luttent, la solidarité transcende les frontières imposées, pour les déborder et les détruire à travers l’agitation et l’action.
Pour celles et ceux qui luttent, le sens de la solidarité cherche à faire s’évanouir la solitude de l’enfermement, livrer une bataille contre l’oubli de nos compagnon-ne-s enfermé-e-s par les États, mettre en lumière la logique du pouvoir qui cherche à les conduire à l’abandon.
Pour celles et ceux qui luttent, la solidarité cherche à se traduire en véritable intention qui génère des gestes de rébellion qui délivrent les nôtres.
Pour celles et ceux qui luttent, personne ne devrait être seul-e, ni en prison, ni dans la taule à ciel ouvert dans laquelle nous vivons.
Pour celles et ceux qui luttent, tout reste à décider, tout reste à faire. Prenons l’initiative…
Pour tous les compagnons et toutes les compagnonnes qui continuent avec fierté de parier pour la rupture de toutes les chaînes.
La continuité de la lutte dépend de chacun-e, dépend de tou-te-s, jusqu’à ce que plus un mur ne soit encore debout.
Le 20 décembre 2014, tout comme à Barcelone et dans plusieurs villes de la péninsule ibérique, nous voulions montrer un signe clair de notre solidarité. Le 16 décembre, 11 anarchistes ont été arrêtés à Barcelone et à Madrid, dont 7 ont été incarcérés et les 4 restant placés en liberté surveillée.
Malgré la pluie et la neige, le message était clair. Même si nous ne sommes pas attardés longtemps sous les mauvaises conditions météorologiques. Nous ne voulons pas oublier la colère que nous avons ressenti ces jours-ci. Nous ne voulons pas oublier que, malgré la distance, nous nous sentons proches des prisonniers. Des tracts ont été distribués parmi les passants et lus aussi au mégaphone.
Environ 50 personnes se sont rassemblées à Kottbusser Tor, au cœur de Kreuzberg à Berlin.
Liberté pour tous les prisonniers !
Pour que la solidarité se propage !
Le 30 décembre 2014, l’anarchiste Nikos Maziotis, membre de Lutte Révolutionnaire, a été transféré depuis la prison de Diavata aux prisons de type C de Domokos.
Le 2 janvier 2015, Dimitris Koufontinas (membre de l’organisation 17 Novembre) et l’anarchiste Kostas Gournas (Lutte Révolutionnaire), tous deux condamnés pour participation à organisation armée, ont été transférés depuis la section spéciale des prisons féminines de Koridallos à celles de Domokos.
La même matinée ont également été transférés depuis les prisons de Koridallos les anarchistes Yannis Naxakis et Grigoris Sarafoudis, condamnés pour le braquage à main armée dans la commune de Pyrgetos (près de Larisa), ainsi que pour leur supposée participation à une organisation de lutte armée (Conspiration des Cellules de Feu). Le transfert de Grigoris Sarafoudis s’est fait malgré le fait qu’il soit actuellement confronté à un autre procès, dans lequel il est accusé du braquage de Filotas (près de Florina), qui se poursuivra au sein de la cour spéciale des prisons de Koridallos ce mois-ci.
Entretemps, d’autres prisonniers ont été transférés vers les prisons spéciales de Domokos entre le Nouvel An et aujourd’hui.
Des mises à jour viendront donner plus d’informations.
Le lundi 29 décembre, autour de 18 heures, plus de trente personnes sont allées manifester devant l’ambassade espagnole contre l’incarcération des 7 anarchistes détenu-e-s au cours de l’Opération Pandora en Espagne.
Le matin du 30 décembre 2014, le compagnon Nikos Maziotis a été transféré dans les prisons de type C de Domokos, ce qui n’est autre qu’une tentative de les inaugurer de manière officielle.
En réflexe, nous sommes sorti-e-s cette même nuit pour vandaliser le bâtiment du Conseil Légal de l’Etat – Bureau Judiciaire de Veria avec tags et peinture, en plus de saboter 4 distributeurs de billets.
Lutte contre les prisons aux côtés des compagnon-ne-s incarcéré-e-s.
Nous apprenons avec rage que le compagnon Nikos Maziotis, membre de Lutte Révolutionnaire, a été transféré le 30 décembre 2014 depuis les prisons de Diavata à celles de haute sécurité de Domokos. Le compagnon, qui est le premier prisonnier anarchiste à être transféré dans les nouvelles prisons de type C, est seul dans l’un des modules de ces cachots démocratiques. Comme l’Assemblée de Solidarité avec les Prisonnier-e-s Politiques et les Combattant-e-s Poursuivi-e-s et Incarcéré-e-s en fait circuler l’information, le compagnon garde un bon moral.
En ce qui nous concerne, avec les moyens que nous avons à notre disposition, nous ne nous arrêterons pas avant de faire des prisons de type C la tombe du Pouvoir.
Le 22 décembre 2014, le tribunal d’Athènes de la rue Degleri a unanimement acquitté de toutes les charges les 65 migrants accusés de la révolte du centre de rétention d’Amygdaleza en août 2013. Cependant, la cour a rejeté une motion des avocats de la défense qui demandait des compensations pour plusieurs migrants ayant été placés en détention provisoire sur des accusations non retenues.
Comme beaucoup d’entre vous le saurez, au cours de l’Opération Pandora du mardi 16 décembre, l’appareil répressif de l’Etat a donné l’assaut à plusieurs maisons et locaux anarchistes, emportant avec lui 11 compagnon-ne-s, frères et soeurs et ami-e-s, en les accusant d’appartenir à une prétendue “organisation terroriste”… Après le cirque juridico-médiatique de l’arsenal antiterroriste que nous connaissons déjà, 4 seront relâché-e-s en “liberté” avec charges et les 7 autres entreront en prison préventive, venant s’ajouter à la liste de compagnon-ne-s déjà séquestré-e-s dans les prisons du monde.
C’est pour cette raison que, entre beaucoup d’autres choses, l’Athénée Anarchiste de Poblesec ouvrira ses portes tous les vendredi dès 19 heures pour servir de point d’information et de rencontre. Il y aura aussi une bouffe vegan.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons être fort-e-s, ne pas baisser la tête et lutter jusqu’à ce que nos compagnon-ne-s soient avec nos. Nous ne nous laisserons pas faire, nous n’avons pas peur. La seule chose que font leurs coups est de nous rendre plus fort-e-s.
Jusqu’à la destruction de la dernière des cages.
En solidarité, avec tout l’amour et toute la rage !
Une semaine après leur condamnation, Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia ont été placé-e-s en assignation à résidence avec toutes les restrictions. Ils sortent donc de prison mais il leur est interdit de voir toute personne n’étant pas domiciliée dans la même maison.
D’autre part, Lucio a lui aussi, comme Francesco et Graziano, été transféré dans la section AS2 de la prison de Ferrara.
Si vous souhaitez leur écrire, leur adresse est :
Francesco Sala
Graziano Mazzarelli
Lucio Alberti
c/o C.C. via dell’Arginone, 327
44100 Ferrara
Italia
Une fresque dans le centre de Maldonado, en Uruguay, en solidarité avec les compagnon-ne-s arrêté-e-s récemment par l’Etat espagnol ; nous étendons évidemment notre solidarité à tou-te-s les prisonnier-e-s en lutte dans le monde.
La caisse Kaliméro de solidarité avec les prisonnier-e-s de la guerre sociale envoie des mandats à Brahim chaque mois.
Pour participer, envoyer de l’argent, demander des informations ou pour être tenu-e au courant des prochains rendez-vous et s’inscrire sur la mailing list de la caisse : kalimeroparis@riseup.net
Pour écrire à Brahim : (Pour l’argent il faut passer par Kaliméro car, au-delà d’une certaine somme reçue dans le mois, les flics se servent pour les dommages et intérêts.)
Brahim Eloua 413615G, Bât D5, MAH, 7 avenue des Peupliers 91705 Ste Geneviève des bois cedex (France)
La seule chose à propos de laquelle tous étaient certains en ce qui concerne le procès du « compresseur », c’est qu’il ferait cas d’école.
Les docteurs de la loi en étaient sûrs, eux qui auraient eu d’autres sentences de Cassation à citer dans leurs raisonnements pour conforter leurs propres thèses.
Les avocats en étaient sûrs, eux qui n’avaient jamais affronté une accusation aussi créativement formulée.
Et puis les journalistes (et la chose est vraiment notable), qui ont été les premiers à utiliser le mot terrorisme dans un contexte aussi populaire que l’est le mouvement No TAV.
Avec autant de nouveautés, on comprend bien comment on est en train d’assister à Turin, au-delà d’un procès, à une expérience répressive de grande portée.
Que les recours avancés par les mouvements soient déclassés par le Pouvoir en place vers de simples questions d’ordre public, il n’y a là rien de nouveau en soi… Depuis Spartacus, il n’a pas été de subversif qui n’aie été traité en tant que criminel.
Mais le glissement conceptuel vers une idée de terrorisme englobant tout que cette enquête veut mettre en place mérite, je crois, une certaine attention.
Aujourd’hui, dans les nouvelles formes de l’économie globale des flux, l’État a perdu tout résidu de cet adjectif « social » qu’il avait souvent utilisé, lors des décennies précédentes, comme contre-poids de la répression. Son rôle se réduit à celui de gendarme d’une société toujours plus fragmentée et toujours moins gérable. Mais un Pouvoir qui sait gouverner seulement à travers l’instrument jacobin de la peur est pris de panique pour chaque petite virgule ne se trouvant pas bien à sa place et qui pourrait menacer son ordre. Et c’est pour cela qu’il a une faim incessante d’outils répressifs toujours plus nombreux.
Au sein de la société de la communication, la forge de ces outils réside dans le discours de la Peur véhiculé par les médias.
Lentement, mais constamment, les manifestations, les recours, les idées, les actions et n’importe quel acte qui mette en lumière une alternative à l’existant se teinte d’une inquiétante couleur criminelle-offensive qui met en danger sa sécurité.
Et voilà que, lentement, on fait tomber des affirmations toujours plus infamantes et effrayantes, jusqu’à en arriver au terrorisme ; mot qui, après le 11 septembre, a fait enregistrer beaucoup de ventes aux journaux, prêts à l’utiliser au moindre soupçon. On sait en effet que rien ne vend plus que les émotions et le sensationnalisme. Et le terrorisme réussit à faire confluer les deux sous un unique terme.
Jusqu’à il y a quelques années seulement, le « terrorisme » était un terme que l’on associait uniquement à des attentats aveugles contre la population civile (dont la plus célèbre, comme c’est étrange, fut orchestrée à l’usage et au bénéfice de ceux qui voulaient un tournant réactionnaire…). Mais nous voyons toujours plus souvent comment le terme est utilisé avec désinvolture par les soi-disant organes d’informations et, parallèlement, toujours plus souvent, comment les héroïques appareils de l’Antiterrorisme sont voués à élargir leur champ d’action, jusqu’à inclure récemment les expulsions de maisons occupées.
Comme on l’a dit, en ces temps incertains et de crise, le moindre signe d’insubordination doit être sévèrement réprimandé, et toute hypothèse d’organisation alternative de la vie, par rapport à celle en vigueur, devient immédiatement scandaleuse. Et, comme on l’a vu, la réponse du Pouvoir face à tout cela est hystérique, décomposée et vindicative.
Un comportement semblable de la part d’une institution est le signe le plus évident d’à quel point celle-ci a peu à offrir à ses sujets, sinon l’incessante reproduction d’elle-même.
Celles et ceux qui ont à cœur l’émancipation humaine et croient en des communautés tenues ensemble par la solidarité mutuelle et par les affects personnels, ont peu à partager avec ceux qui croient à une société d’individus rangés et tenus ensemble par la peur du prochain et par des liens économiques de convenance.
Terrorisme et Victimisme (son double spectaculaire) sont des concepts utiles pour ceux qui veulent gouverner, avec le peu de moyens encore à disposition, le marasme social qu’est devenu la société grâce à l’action incontestée d’un capitalisme de vol et de pillage.
Le paradigme économique libéral a créé la (triste) organisation sociale actuelle, qui a besoin d’une violence quotidienne contres les exclus des bénéfices de son économie pour se perpétuer, ainsi que d’un permanent sens de l’incertitude (qu’il a lui-même contribué à créer) qui rende les gens plus disponibles à l’obéissance.
Voilà ce que nous offre l’existant.
Celles et ceux qui pensent que l’économie est un moyen pour pourvoir aux nécessités matérielles et non un outil d’enrichissement par expropriation, celles et ceux qui pensent que l’affectivité dépasse les schémas rigides de la famille, celles et ceux qui pensent qu’une horloge n’est pas un outil pour découper le cadavre de journées toujours égales, et en définitive celles et ceux qui croient en l’alternative scandaleuse de l’émancipation humaine, doivent sentir l’urgence de s’organiser pour donne vie aux rêves qui les alimentent et pour créer une alternative réelle qui puisse résister à l’écroulement des ruines d’une réalité misérable.
A exactement un an des arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, et à un peu plus d’une semaine des réquisitions énoncées contre eux, l’accusation de terrorisme est désormais aussi portée contre Lucio, Francesco et Graziano. En prison depuis juillet, les trois n’étaient accusés jusqu’ici “que” de détention et de transport d’armes de guerre, de dégradations par incendie et d’autres délits mineurs, auxquels s’ajoutent ce matin les articles 280 et 280bis : l’attentat à finalité terroriste. Cette déplaisante surprise a été accompagnée de la perquisition de leurs cellules, avec mise sous scellés de diverses choses, le tout incluant aussi le blocage des parloirs. Un parent et une amie autorisé-e-s de façon régulière ont en effet été repoussé-e-s ce matin, et informé-e-s qu’ils devront requérir de nouvelles autorisations. Nous ne savons pas encore si, comme cela a été le cas pour les 4, les parloirs seront bloqués pour un certain temps, ou s’il s’agira dans ce cas seulement d’une brève suspension. Sur le moment, il n’est pas non plus possible de prévoir où et quand les trois seront transférés, puisque l’accusation de terrorisme prévoit un régime de détention de Haute Sécurité.
Pour sortir, enfin, de ce qui ce passe dans les salles des tribunaux et dans les instituts pénitentiaires, plusieurs centaines de personnes ont parcouru et bloqué les routes de Val Susa ces derniers jours, pour les libération des sept compagnon-ne-s en prison. Dans la nuit de dimanche, un long et bruyant cortège a traversé la ville de Susa, en s’arrêtant en particulier devant l’hôtel Napoleon où, à l’aide de fumigènes et de bruits de métal, a été dérangé le repos des forces de l’ordre qui y sont logées. Le jour suivant, le 8 décembre, anniversaire de la bataille de Venaüs en 2005, deux groupes de manifestant-e-s ont tenté d’atteindre la zone du chantier depuis deux endroits distincts. Un groupe s’est retrouvé à Giaglione et est parvenu, par les sentiers, à contourner les barrages des forces de l’ordre et à rejoindre le chantier, où tout le monde a battu sur les grilles. Le groupe qui s’était donné rendez-vous à la Centrale de Chiomonte s’est trouvé face à un blocage des forces de l’ordre sur le pont en face du portail de la Centrale et a donc décidé de remonter vers la nationale 24, qui a été bloquée durant plusieurs heures. D’autres gens se sont dirigés vers la gare la plus proche, où le passage d’un TGV a été bloqué par l’occupation des voies. A la fin de l’après-midi, un gros groupe de manifestant-e-s est retourné vers la Centrale, où a commencé un long battage de métal, qui n’a cependant pas trouvé de succès auprès des forces de l’ordre, qui ont répondu avec des canons à eau et des lacrymogènes.
La journée s’est achevée comme ça, et tout le monde s’est donné rendez-vous le 17 décembre, jour du rendu du procès.
A 09 heures dans l’Aula Bunker pour saluer Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò et, dans l’après-midi, à 17h30, sur la place du marché de Bussoleno pour décider quoi faire après le verdict de la Cour d’Assise.
– Il y a 4 ans, le matin d’un 8 décembre*, la frayeur s’est emparée des coeurs libres qui marchent de par le monde et qui luttent pour la destruction totale des geôles et des prisons qui enferment les pauvres et les rebelles du monde entier.
– La rage est devenue incontrôlable et un mouvement spontané émerge dans tous les coins du pays… Pour la première fois se visibilise la douleur faite mort… mort massive de 81 personnes prisonnières, enfermées dans les prisons de la démocratie, enfermées par une société de classes qui affirme son pouvoir dans l’exploitation, la soumission et la répression… Peu à peu, en un peu plus de deux semaines, dans les différents centre de détention du pays sont nés des mouvements massifs de révolte et de rejet de l’indolence complice de l’État et de ses sicaires gardiens de gendarmerie… Avec le temps, ces mouvements se sont dilués, mais la douleur de la perte et l’atrocité du massacre est resté tatouée dans la mémoire de lutte et dans la Résistance Subversive de ceux qui comme nous vivent la prison en tant que résultat de notre décision de combattre la normalité capitaliste, sa paix sociale, sa société carcérale…
– Aujourd’hui, après qu’ai été prononcée l’impunité et l’immunité des matons directement responsables de ce massacre par la justice du pouvoir, il ne nous reste que la voie autonome de la conscience et de l’action anticarcérale qui avance en construisant notre capacité d’autodéfense contre les agressions constantes, les répressions et les tortures que nous vivons à l’intérieur des prisons, naturalisées comme autant de pratiques normales ; quand elles ne sont en vérité que les manifestations de l’abus et du châtiment appuyés par le silence et l’indifférence de masse.
– Par ces brèves – mais pleines de sens – paroles, nous voulons exprimer notre solidarité directe avec toutes les familles qui ont perdu leurs êtres chers en prison du fait de la responsabilité directe des surveillants et des juges… Nous souhaitons saluer de tout notre respect celles et ceux qui s’organisent et luttent contre le présent et se rebellent contre toute forme d’autorité…
– Parce que la lutte contre la prison se fait ici et maintenant
– Parce qu’il n’existe aucune prison ni aucun châtiment qui soient capable d’en finir avec les pratiques et les idées de Rébellion et de Subversion
– Parce qu’aucune chaîne et aucune prison de haute sécurité ne dureront pour toujours !!
– TANT QU’IL Y AURA DE LA MISERE, IL Y AURA DE LA REBELLION !!
– Prisonniers de la guerre sociale : DE RETOUR DANS LA RUE !!
Freddy Fuentevilla, prisonnier subversif
Carlos Gutiérrez Quiduleo, prisonnier subversif mapuche
Marcelo Villarroel S., prisonnier libertaire
Juan Aliste Vega, prisonnier subversif
Prison de Haute Sécurité/Santiago-Chili
Dimanche. 7. Déc. 2014
*Note de Contra Info : Le 8 décembre 2010, 81 détenus ont été tués par la gendarmerie chilienne dans la prison de San Miguel.
Plus d’information (en espagnol) sur ce massacre sur le blog 81 razones x luchar.
Vendredi 28 et samedi 29 novembre : deux journées contre le système carcéral, sa brutalité et sa normalité.
Nous avons été poussé-e-s par une affaire mise en lumière par Maurizio Alfieri, détenu dans la prison de Spoleto, qui il y a quelques semaines nous faisait parvenir la nouvelle d’un énième homicide d’État, celui d’un prisonnier qui a trouvé la mort en prison le 25 juin 2013, dans la maison de redressement de Terni.
Nous avons pensé que nous ne pouvions pas laisser cette dénonciation de Maurizio rester lettre morte, lui qui s’est en plus exposé dans cette affaire, comme dans d’autres, personnellement, en faisant sortir encore une fois les noms et prénoms des responsables directs.
Mais de cette mort, comme de toutes les autres morts des otages de l’État dans ses prisons, dans ses casernes, dans les cellules de ses tribunaux, c’est le système entier qui en est responsable.
Vendredi après-midi, nous nous sommes rendu-e-s près du siège central du DAP (département de l’administration pénitentiaire) de Rome, avec pour but d’interrompre la routine de leur travail habituellement non dérangé.
Devant l’entrée du bâtiment, revêtus de leur équipement anti-émeute, un groupuscule de flics (trois camionnettes et un blindé) aux ordres d’un grand nombre de DIGOS, et aux fenêtres ceux qui estiment peut-être n’être que de « simples » employés… A tous ceux là a été adressé le cri d’ASSASSINS, répété pendant presque trois heures d’affilée, et interrompu seulement par les voix amplifiées de qui a voulu rendre hommage, avec toute sa haine, à l’infâme occupant de ce bureau.
Du DAP et de ses « simples » employés dépendent les vies des détenus et des détenues, et donc leur mort aussi. Et tout ce qui se passe entre les deux.
A la différence de ce à quoi nous nous attendions nous aussi, cette initiative a également représenté un certain intérêt auprès des gens qui se retrouvaient à passer par là ce vendredi après-midi, et qui y passent peut-être tous les jours. Des histoires de vie qui s’entrecroisent, des récits inattendus de vies recluses, des souvenirs de souffrance et des désirs de vengeance qui ont fait que nous ne nous sommes pas senti-e-s seul-e-s face à ce lieu et aux pontes du système de répression italien. Des phrases peintes sur les murs d’enceinte étaient également là pour rappeler aux passant-e-s que ceux qui travaillent au DAP sont des ASSASSINS.
Samedi après-midi, la direction prise a été celle de la prison de Spoleto, où Maurizio est détenu dans la section d’isolement, à cause de son insubordination.
La présence devant cet institut de peine en solidarité avec les détenus a aussi été l’occasion de soutenir la révolte qui avait porté en septembre dernier à la publication d’un document signé par 77 détenus de cette prison pour dénoncer à l’extérieur les conditions de vie auxquels ils sont contraints (dans lequel ils se considèrent « traités pire que des animaux »).
Durant tout le rassemblement, on a également battu contre le portail de la prison. Les interventions au micro ont reçu des réponses de l’intérieur, et probablement même des sections en régime 41 bis – la prison dure en Italie – grandement peuplée dans cette prison.
Comme conclusion au rassemblement, les murs de Spoleto ont été les protagonistes d’une série de tags qui disaient en gros : FEU AUX PRISONS – SOLIDARITE AVEC LES DETENUS ET LES DETENUES EN LUTTE – AVEC MAURIZIO ALFIERI – NON AU 41BIS
“On nous disait, vous vaincrez quand vous vous soumettrez. Nous nous sommes soumis et nous avons trouvé la cendre.”
Aujourd’hui, 4 décembre 2014, nous avons occupé l’immeuble de la Confédération Générale des Travailleurs Grecs, en solidarité avec l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos. L’anarchiste Nikos Romanos est un ennemi conscient du régime. Il a choisi de lutter activement contre l’État et le Capital, a l’intérieur comme à l’extérieur des prisons.
Ceux qui cherchent son annihilation ou sa reddition forcée sont :
Le gouvernement qui, étant loyal aux ordres du Capital local et international, impose l’application des memorandums, d’une politique dure d’austérité économique et de dévalorisation de notre force de travail.
L’État qui impose un régime d’exception pour pallier au consentement social et pour que s’établisse la peur. Les camps de concentration pour migrant-e-s, les prisons de type C, les arrestations et les humiliations de femmes « séropositives », la répression violente des manifestations, les tortures, l’occupation policière à Skouries et l’attaque des mobilisations étudiantes forment l’image d’une Grèce-forteresse.
Le firmament de la politique répressive est aujourd’hui le cas de l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos. A travers son extermination, l’État recherche la neutralisation des projectualités révolutionnaires : de l’auto-organisation, de la résistance, de la solidarité.
De ces projectualités qui peuvent faire détonner l’offensive sociale et de classe, la révolution.
La lutte de Nikos Romanos n’a pas à voir qu’avec la concession des sorties d’étude. C’est une barricade contre les prisons de type C, les nouvelles conditions de détention, l’annulation des droits qui avaient été conquis par le sang des prisonnier-e-s. C’est une barricade contre l’avancée assassine de l’État et du Capital. Pour toutes ces raisons, nous nous plaçons aux côtés de notre compagnon et nous montrons solidaires de sa lutte.
LUTTE JUSQU’A LA VICTOIRE OU LUTTE JUSQU’A LA MORT
Le 4 décembre 2014, à huit heures du matin, le bâtiment de la direction de l’Institut Technologique d’Athènes a été occupé en solidarité avec l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos, et avec les anarchistes Yannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis, eux aussi en grève de la faim.
Le compagnon Yannis Michailidis est en grève de la failm depuis le 17 novembre, par solidarité avec son compagnon et frère Nikos Romanos. Actuellement, Yannis est interné sous forte surveillance policière dans l’hôpital de Tzaneio, au Pirée. Ci-dessous la traduction de sa dernière lettre du 4 décembre :
J’écris ces lignes pour exprimer l’émotion qu’a suscité en moi la grande mobilisation solidaire multiforme des compagnon-ne-s en-dehors des murs.
Pas seulement parce qu’elle a jusqu’ici dépassé toutes mes attentes en terme de taille, de créativité, d’organisation-coordination, de persistance et d’agressivité, avec des occupations de bâtiments d’État et capitalistes d’importance cruciale, de chaînes de télévision et de radios, avec des rassemblements et des manifestations organisées dans presque toutes les grandes villes du territoire, avec des attaques contre les forces répressives et des attaques guérilleras de toutes sortes. Parce que c’est ce qui brise la solitude de ma cellule et me fait sourire, parce que la nuit de mardi, je n’étais pas prisonnier, j’étais parmi vous et je sentais la chaleur des barricades brûlantes.
Parce qu’indifféremment du résultat, l’existence même de ce front de lutte est une victoire en soi, autant pour sa perspective immédiate que pour l’héritage qu’il laisse derrière lui.
Je sais très bien que les milliers de compagnon-ne-s qui s’impliquent dans cette bataille enclenchée par Nikos avec de nombreuses préoccupations, mais aussi avec beaucoup de détermination, ont d’énormes différences de perceptions et de pratiques de lutte, autant entre eux que nous en avons entre nous. Mais à travers de la diversité fleurit le développement. Et il s’agit exactement du sens de la solidarité anarchiste, elle connecte sans identifier, elle unit sans homogénéiser. Et lorsqu’elle s’oriente vers l’action, elle fonctionne.
Lorsque les grands médias du mensonge clament que tant que la grève de la faim continue, il y a un problème de sécurité nationale, je me rends compte qu’aucune lutte n’est perdue, et le vide que laissent les pensées détruites par le désespoir provoqué par l’inertie étendue de la condition asphyxiante de l’enfermement, se colorent de nouveau de sens, l’insurrection est toujours d’actualité.
Nos rêves seront leurs cauchemars.
L’anarchie combative s’est réveillée et rugit.
Pour Nikos : Tiens bon, mon frère, tu leur as bien gâché la fête jusqu’à présent. Toi, tu ne te rends pas, ce sont eux qui vont plier. Je reste a tes côtés jusqu’à la victoire finale.
Pour Athanasiou, ministre de la justice : Je crève de faim. Si tu assassines Nikos, la seule chose qui pourra satisfaire cette faim sera ton cou.
J’essaie de transcrire sur un bout de papier les derniers résidus de pensée structurée à propos des récents évènements et sur le nouveau refus de ma demande de sortie d’étude de la prison.
Lors des premiers jours de la grève, j’ai dit lors de mon intervention pendant l’assemblée solidaire qui a eu lieu à l’École Polytechnique que la réponse négative de Nikopoulos, qui depuis longtemps se dit incompétent pour décider sur l’affaire, est le début d’une stratégie de l’État qui a pour objectif de m’exterminer. Cette estimation politique est totalement confirmée : en premier lieu par l’ordre de la procureur des prisons de Koridallos, Evangelia Marsioni, de m’alimenter par la force, action qui représente un véritable viol et qui a conduit à la mort, entre autres, de Holger Meins en Allemagne et aussi de membres des GRAPO en Espagne. Les médecins de l’hôpital ont eu la dignité de jeter ces ordres de l’administration pénitentiaire à la poubelle et ont refusé de pratiquer un tel crime d’État.
Après avoir recouru à un conseil judiciaire en-dehors de la prison (une démarche légale que choisissent beaucoup de détenu-e-s lorsque le conseil de la prison rejette leurs demandes), cela s’est aussi soldé par un refus qui se base sur le fait que la décision de Nikopoulos les limite, ce qui est justement la même décision contre laquelle a été fait le recours.
Pour celles et ceux qui ont un peu de perception politique, l’intervention du ministère de la justice, un jour avant que ne se tienne le conseil, a été un ordre clair de rejeter ma demande, et je vais expliquer pourquoi :
Dans le communiqué publié par le ministère de la justice, il est indirectement mentionné le fait qu’Athanasiou, le ministre de la justice, n’est pas compétent pour décider à ce propos, et il est également écrit plus bas dans le même document : « Les sorties d’étude ne peuvent être concédées que par le conseil compétent de la prison, où préside le fonctionnaire de la magistrature, tandis que les mis en cause doivent obtenir l’approbation de la division judiciaire qui a ordonné leur détention préventive ».
C’est-à-dire que le ministre annule, purement et simplement, la validité de mon recours. Tout cela est accompagné de la proposition absurde pour suivre les classes par vidéoconférence, au lieu des sorties, et cela n’a aucun sens, puisque certains ateliers exigent la présence physique obligatoire. De plus, cela ouvre la voie pour que les conseils de prison abolissent complètement les sorties d’étude, étant donné qu’on connaît bien leur peur d’assumer leurs responsabilités, et pour que la solution de la vidéoconférence puisse être appliquée à tou-te-s les prisonnier-e-s.
Dans la même ligne, d’ici peu de temps, même les visites de nos familles se feront par le biais d’écrans, pour des raisons de sécurité, tout comme nos procès. La technologie au service de la « correction » et de la justice. Progrès humain ou fascisation… l’Histoire en jugera.
A ce point, il convient de mentionner également le rôle du juge spécial Eftichis Nikopoulos, qui dès le début de ma grève de la faim a obéi à des ordres politiques clairs reçus de ses supérieurs politiques du ministère de la justice. Et pour ça, tous le disent responsable. En compensation de cette tâche, il sera promu au Tribunal Suprême d’Areios Pagos, tout comme cela s’est passé pour son prédécesseur Dimitris Molas, qui avait dirigé des dizaines de campagnes répressives contre les anarchistes. Il jouit à présent du salaire ronflant de l’élite judiciaire d’Areios Pagos. Un hasard ? Je ne le pense pas.
En ce qui me concerne, je repousse toute possibilité de reculer et je réponds par la LUTTE JUSQU’A LA VICTOIRE OU LA LUTTE JUSQU’A LA MORT.
Dans tous les cas, si l’État m’assassine par sa posture, le sieur Athanasiou et ses amis resteront dans l’Histoire en tant que bande d’assassins, instigateurs de la tortures et de l’assassinat d’un prisonnier politique. Espérons seulement que quelques esprits libres fairont justice au juste de leur justice à leur manière.
Pour terminer, je souhaite envoyer toute ma complicité et mon amitié à toutes celles et touts ceux qui se positionnent à mes côtés avec tous les moyens possibles.
Et deux mots pour mes frères, Yannis, hospitalisé lui aussi, Andreas, Dimitris et de nombreux autres.
La lutte vit aussi de ses pertes, puisque nous devons cheminer avec la mort sur les voies vers une vie digne, en mettant tout en jeu pour pouvoir tout obtenir. La lutte continue à coups de poing contre le couteau, encore et toujours.
Le tout pour le tout !
Tant que nous vivons et respirons, que vive l’anarchie !
Le 6 décembre, nous nous retrouverons dans les rues de la rage.
Mes pensées déambuleront dans les rues connues.
Parce qu’il vaut la peine de vivre pour un rêve, même si son feu te brûle.
Et comme nous-autres le disons bien, de la force !
Nikos Romanos
P.S. : Il est évident que je ne peux contrôler les automatismes sociaux qui sont provoqués. Évidemment, j’ai dégagé SANS DIALOGUER tout ceux de Syriza et autres vendeurs d’espoirs qui sont apparus, et je répète que j’ai officiellement signé mon refus de recevoir tout type de sérum.
Le 2 décembre 2014 a eu lieu une manifestation en solidarité avec le compagnon anarchiste Nikos Romanos, prisonnier en grève de la faim depuis le 10 novembre, pour l’obtention des sorties d’étude. Des milliers de personnes ont participé au cortège dont une partie s’est dirigée vers l’Ecole polytechnique occupée.
Pour nous, le sol occupé de l’Ecole Polytechnique d’Athènes n’a pas de valeur en soi. Au contraire, c’est une autre pièce de la mosaïque de la dignité et de la résistance contre tous ceux qui veulent faire de la société un cimetière. C’est une pièce de la mosaïque de résistance contre le totalitarisme contemporain qui étend son pouvoir sur nos vies ; des anarchistes qui s’engagent dans une grève de la faim aux mobilisations contre les prisons de très haute sécurité, ou encore aux grévistes de la faim syriens, enfin à tous ceux qui luttent pour la dignité et la liberté dans le monde entier.
Nous appelons toutes les personnes en lutte à prendre toutes les initiatives nécessaires pour la victoire du gréviste de la faim Nikos Romanos: de l’occupation d’université aux blocages des activités de production, aux ruptures de l’omertà médiatique, aux attaques contre les gardiens de l’ordre.
Soulevons-nous au niveau des exigences de notre temps face à la répression étatique, contre les logiques qui veulent faire de nous des spectateurs passifs et des électeurs. Solidarité inconditionnelle à Nikos Romanos, en grève de la faim depuis le 10/11, et aux compagnons en grève de faim solidaires, Yannis Michailidis (depuis le 17/11), Andreas-Dimitris Bouzoukos et Dimitris Politis (tous les deux depuis le 1/12).
DEUXIEME MARCHE AUX FLAMBEAUX CONTRE LA PRISON DE PONENT et soutien aux prisonniers et à leurs proches victimes de tortures.
Salut à tou-te-s !
Cette année, la marche aux flambeaux contre la prison de Ponent, à Lleida, aura lieu samedi 6 décembre. Rendez-vous à 19 heures Plaza de Europa (Lleida), dans le passage au-dessus des voies du train.
Dans l’après-midi, à l’heure du café (16h30), on fera une discussion d’information à propos de la situation des compagnons anarchistes prisonniers Francisco Solar et Monica Caballero à l’Ateneo Libertario “L’Arrel” de Lleida (C/ Comptes d’Urgell, 31), suivi d’un débat sur “actions de solidarité anticarcérale”.
Parce qu’il existe tellement de raisons de dire NON aux prisons ! Ni à Ponent, ni nulle part ailleurs !
Le 24 novembre 2014, l’anarchiste prisonnier Nikos Romanos, en grève de la faim depuis le 10 novembre, a été transféré en urgence depuis les prisons de Koridallos à l’hôpital Gennimatas, au 154 de l’avenue Mesogeion. Un rassemblement de solidarité a été appelé pour le jour d’aujourd’hui, 25 novembre, à 17 heures, devant l’hôpital.
En octobre 2014, l’anarchiste Panagiotis (Panos) Michalakoglou et un autre compagnon ont été placés en détention provisoire. Ils ont été arrêtés ensemble le 1er octobre à Kolonaki, dans Athènes, accusés de possession aggravée d’armes et de détention illégale d’explosifs (une grenade). De là, Michalakoglou a affirmé sa responsabilité en ce qui concerne les armes à feu trouvées au cours du raid policier dans sa maison, et a exprimé clairement que son ami et compagnon M.V. n’avait rien à voir avec l’affaire. A la mi-octobre, Michalakoglou a été transféré à la prison de Nigrita, près de Serres (où la détenue Ilia Kareli a été assassinée par les matons), et l’autre compagnon à la prison d’Aghios Stefanos, à Patras. Les mots suivants sont de Panos Michalakoglou.
Hier soir, vendredi 21 novembre 2014, après que j’ai demandé de voir le chef des surveillants Yannis Dimou peu avant l’horaire de fermeture de la prison, j’ai été appelé via haut-parleurs à me rendre dans son bureau. A peine entré, j’ai exigé que mes demandes soient satisfaites ; j’ai été très clair sur le fait que dans le cas contraire, je refuserais de réintégrer ma cellule et d’y être enfermé. Cela m’a permis d’obtenir ma première requête, à savoir mon transfert dans une autre aile de la prison (de la C2 à la C1). Pour le reste (qu’on me fournisse en vêtements, livres, lecteur MP3, textes politiques et nouvelles), il s’est engagé à le faire, en suivant la procédure réglementaire dès à présent.
Cette expérience m’a fait réaliser qu’en prison, l’ennemi n’est pas seulement l’administration, mais aussi souvent les prisonniers eux-mêmes, ceux qui baissent la tête et font des compromis en plus de, plusieurs fois, tenter de prévenir qu’une mobilisation se mette en marche ou qu’une mutinerie ait lieu.
Quelle est la conclusion à tout ceci ? Si vous ne revendiquez pas ce qui vous revient, vous êtes définitivement écrasé. Comme dans la société, quiconque baisse la tête en prison sera toujours vaincu-e.
Je ne ferai pas un pas en arrière, jusqu’à ce que mes revendications soient satisfaites.
Rien n’est fini, tout continue.
Panos Michalakoglou
22 novembre 2014
Aile C1 de la prison de Nigrita, Serres
(Quelques mots de Mónica Caballero depuis la prison de Brieva, novembre 2014)
Les dates qui viennent s’approchent chargées de sentiments intenses. D’un côté, ce sera l’anniversaire de l’irréparable perte de Sebastián en décembre, et maintenant, en novembre, un an a passé depuis mon arrestation.
Je me souviens du moment où ils m’ont appris le décès de Sebastián, ça a été comme une douche froide (une mauvaise compagnonne lors des froides nuits madrilènes). La perte de n’importe quel compagnon-ne est toujours un événement horrible, et je peux aujourd’hui revoir ce fait et me sentir fière d’avoir eu un compagnon aussi digne.
Se souvenir de nos frères et de nos sœurs est un exercice nécessaire pour nous, qui construisons une réalité différente. Si nous ne le faisions pas, il ne resterait que de nombreuses fiches policières et des reportages de ces charognards de journalistes. La chute d’un-e anti-autoritaire dans cette guerre contre l’ordre établi ne peut pas être qu’un moment de tristesse. Il nous appelle aussi à suivre son exemple et, dans mon cas, c’est une immense joie que je ressens en me souvenant de qui a refusé de se soumettre et est parti à l’assaut du ciel.
Même si il peut sembler qu’on se répète, Angry vit dans notre mémoire.
Les distances nous sépare, le sentiment nous réunit.
Je profite de ce moment, lors duquel les souvenirs m’émeuvent, pour faire une brève analyse de ma situation. Commençons par un retour sur ce qui a conduit à ma détention.
Le 13 novembre 2013, la police m’a arrêtée avec mon compagnon et trois autres personnes. Ils nous accusent d’avoir placé l’engin explosif qui a détonné en octobre 2013 dans la Basilique du Pilar à Saragosse, de conspiration en vue de commettre un second attentat, qui selon eux aurait du avoir lieu dans le monastère de la vierge de Montserrat, à Barcelone, et d’appartenance à bande armée. Tout cela est inclus dans la loi antiterroriste.
L’organisation à laquelle on nous accuse d’appartenir est le commando insurrectionnel Mateo Morral, groupe qui s’est attribué deux actions à l’explosif : l’une dans la cathédrale de l’Almudena (Madrid), et celle du Pilar (Saragosse).
Bizzarement, l’accusation inclut aussi l’appartenance à la FAI-FRI et aux GAC (groupes anarchistes coordonnés), alors que les revendications de ces explosions ne mentionnent à aucun moment ces sigles.
L’une des motivations les plus décisives dans les actions des appareils répressifs espagnols a été les informations fournies par leurs pairs chiliens. Depuis que nous avons mis le pied sur le sol Ibérique (Francisco et moi), la police chilienne a fait tout son possible pour se venger du ridicule qu’est devenu le « caso bombas », lors duquel nous avons tous deux été absous. Les mots de Sebastián Piñera, qui était président du Chili au moment de notre arrestation, adressés au Ministre de l’Intérieur espagnol confirment ce que je dis.
L’accusation à laquelle Francisco et moi devons faire face va au-delà de savoir si nous sommes les auteurs matériels des faits. Bien que les appareils judiciaires ne le reconnaîtront jamais, l’accusation est totalement politique, puisque la seule certitude qu’ils ont est que nous sommes anarchistes. Je n’ai jamais renié les idées que je propage, et c’est ce qu’ils veulent punir.
Je ne baiserai pas leur croix de repentance, j’avance tranquille d’avoir la certitude du fait que je lutte pour les idéaux les plus nobles, et qu’ils n’en finiront pas avec les idées et les pratiques anti-autoritaires.
En armant notre chemin, sans transiger ni négocier.
Nous n’arrêteront pas avant d’en avoir fini avec toutes les cages.
Mort à l’État, et vive l’anarchie !